Pravda, 6 octobre 1951

Que pensez-vous du bruit soulevé ces jours-ci dans la presse étrangère à l’occasion de l’essai d’une bombe atomique en Union soviétique ?

Staline. En effet, il a été procédé récemment chez nous à l’essai d’un des types de la bombe atomique. L’expérimentation de bombes atomiques de différents calibres se poursuivra également à l’avenir d’après le plan de défense de notre pays contre une attaque de la part du bloc agressif anglo-américain.

E. N. Yakovenko : "Héros du travail socialiste" - 1951

Diverses personnalités des Etats-Unis d’Amérique sonnent l’alarme à propos de l’essai d’une bombe atomique et clament que la sécurité des Etats-Unis d’Amérique est menacée. Y a-t-il un fondement quelconque à cette alarme ?

Staline. Cette alarme est dépourvue de tout fondement. Les personnalités des Etats-Unis d’Amérique ne peuvent ignorer que l’Union soviétique est non seulement contre l’emploi de l’arme atomique, mais encore pour son interdiction, pour la cessation de sa fabrication.

Comme on le sait, l’Union soviétique a exigé à plusieurs reprises l’interdiction de l’arme atomique, mais elle s’est heurtée, chaque fois, à un refus de la part des puissances du bloc Atlantique.

Cela signifie qu’en cas d’agression des Etats-Unis contre notre pays, les milieux gouvernants des Etats-Unis d’Amérique feront usage de la bombe atomique.

C’est précisément cette circonstance qui a contraint l’Union soviétique à se doter de l’arme atomique afin de recevoir les agresseurs dans la plénitude de ses moyens.

Naturellement, les agresseurs voudraient que l’Union soviétique se trouve désarmée en cas d’agression de leur part contre elle. Mais l’Union soviétique n’est pas de cet avis et pense que c’est dans la plénitude de ses moyens qu’elle doit recevoir l’agresseur.

Par conséquent, si les Etats-Unis ne pensent pas attaquer l’Union soviétique, il faut considérer l’alarme des personnalités des Etats-Unis d’Amérique comme sans objet et simulée, car l’Union soviétique ne pense pas attaquer les Etats-Unis d’Amérique ou quelque autre pays à quelque moment que ce soit.

Les personnalités des Etats-Unis d’Amérique sont mécontentes de ce que le secret de l’arme atomique soit détenu non seulement par les Etats-Unis d’Amérique mais par d’autres pays également et, en premier lieu, par l’Union soviétique.

Elles voudraient que les Etats-Unis d’Amérique aient le monopole de la fabrication de la bombe atomique, que les Etats-Unis d’Amérique aient la possibilité illimitée d’intimider les autres pays et d’user de chantage à leur égard.

Mais quelle raison ont-elles, en somme, de penser ainsi, et quel droit ?

L’intérêt du maintien de la paix exige-t-il un tel monopole ?

Ne serait-il pas plus exact de dire que le contraire est vrai, que c’est précisément l’intérêt du maintien de la paix qui exige en premier lieu la liquidation de ce monopole et, ensuite, l’interdiction absolue de l’arme atomique ?

Je pense que les partisans de la bombe atomique ne pourront consentir à l’interdiction de l’arme atomique que dans le cas où ils verront qu’ils n’en détiennent plus le monopole.

Que pensez-vous du contrôle international de l’arme atomique ?

Staline. L’Union soviétique est pour l’interdiction de l’arme atomique et pour la cessation de sa fabrication. L’Union soviétique est pour l’établissement d’un contrôle international afin que la décision sur l’interdiction de l’arme atomique, sur la cessation de la fabrication de cette arme et sur l’emploi exclusivement à des fins civiles des bombes atomiques déjà fabriquées soit observée de la façon la plus stricte et la plus consciencieuse.

L’Union soviétique est précisément pour un tel contrôle international.

Les personnalités américaines parlent également de «contrôle», mais leur « contrôle » entend non la cessation de la fabrication de l’arme atomique mais la continuation de cette fabrication, et cela en des quantités correspondant à la quantité de matières premières dont disposent tels ou tels pays.

Par conséquent, le « contrôle » américain entend non l’interdiction de l’arme atomique mais sa légalisation et sa légitimation.

Par là même se trouve légalisé le droit des fauteurs de guerre d’exterminer au moyen de l’arme atomique des dizaines et des centaines de milliers d’habitants paisibles.

Il n’est pas difficile de comprendre que ce n’est pas un contrôle mais une parodie de contrôle, que c’est là tromper les aspirations pacifiques des peuples.

On comprend que ce « contrôle » ne peut satisfaire les peuples attachés à la paix, qui exigent l’interdiction de l’arme atomique et la cessation de sa fabrication.


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