Q. Qu’avez-vous pensé en apprenant que les GRAPO étaient inclus dans la fameuse liste des « organisations terroristes » par les Etats membres de l’UE?
R. En vérité, nous ne fûmes pas surpris. Depuis notre naissance (1975) comme Organisation, nous fûmes toujours sous le feu du fascisme. Quoique les porte-paroles du régime ont tâché de nous discréditer et d’occulter notre propre existence, au final la réalité s’est imposée: le fait qu’aujourd’hui, du jour au lendemain, nous nous vîmes inclus dans la « liste noire » des impérialistes yankees, parrains et protecteurs des fascistes espagnols, suppose toute une reconnaissance de l’échec de la politique d’extermination portée à l’extrême à l’encontre de nos militantes et de ceux et celles des autres organisations du Mouvement Politique de Résistance.
Finalement, ils se sont vus obligés d’admettre qu’ils n’avaient pas réussi à nous achever, que nous continuons là et que nous représentions toujours un véritable danger pour leurs intérêts. Et cela non pas tant pour la quantité de nos actions, que pour leur qualité, pour leurs liens avec les aspirations contestataires du mouvement populaire, pour être aussi déterminées qu’elles et pour le choix du meilleur moment politique pour les exécuter, recherchant toujours à affaiblir le régime et à élever la conscience des masses.
En outre, les stratèges yankees connaissent parfaitement le caractère anti-impérialiste de notre Organisation, puisqu’en diverses occasions leurs intérêts et leurs installations militaires dans notre pays ont été attaqués par nos commandos en solidarité avec les peuples souffrant de leur agression. Ils savent aussi que nous avons toujours continué à établir des liens internationalistes et des contacts avec d’autres organisations et mouvements qui luttent résolument contre le fascisme et l’impérialisme dans leur pays respectif. Pour cela ils se sont décidés à nous donner ce traitement « de faveur ».
Q. Ça fait plus d’un an que nous n’avons pas lu un communiqué de votre Organisation. Si ce n’est que, de temps en temps, les journaux vous attribuent telle ou telle action laissant paraître que vous vous trouves dans une phase que nous allons appeler « Guadiana oculto ». À quoi est du ce silence ? Ça a quelque chose à voir avec l’arrestation à Paris de 2 membres de votre Direction ?
R. C’est certain, qu’en ce moment, nous n’avons rendu public aucun communiqué, mais de la même que depuis l’arrestation d’une partie de notre Direction nous n’avons pas arrêté d’agir.
Quand une arrestation affecte le « Commando Central » il y a toujours des sections de l’infrastructure qui subissent d’importants dégâts. La majorité des actions que nous avons réalisées durant cette période (expropriation d’argent et d’armes) était dirigée dans le but de réparer les dits dégâts et de remettre sur pied les sections affectées, en même temps que nous mettions en place la restructuration de l’Organisation qui était déjà prévue avant les arrestations et que nous nous renforcions avec l’incorporation de nouveaux combattants.
Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que, ce qui est fondamental, nous avons pansé les blessures que nous avait infligée la répression et que nous sommes en bonnes conditions pour répondre aux nécessités du Mouvement Politique de Résistance.
A ne pas traiter d’une façon spectaculaire nos actions menées jusqu’au bout, on peut avoir l’impression qu’effectivement nous sommes inactifs. Cependant, l’état fasciste lui est au courant de nos actions qui le font souffrir directement et il est enragé d’être pleinement conscient de la préparation militaire de nos commandos et de dégâts que ceux-ci peuvent lui causer au moment que nous déciderons opportun. Nous donnons pour exemple, l’expropriation de fonds à Santander, en novembre dernier. Durant l’affrontement de nos combattants avec la Guardia Civil et autres forces répressives, ces dernières prirent peur, n’étant pas capables d’éviter le retrait ordonné du commando.
G. Comment insérer l’exécution d’un policier à Madrid il a un peu plus d’un an dans le type d’action faites dernièrement, liées à votre reformation ?
Ce fut un fait ponctuel lié à l’escalade de la répression du régime. C’était dans un contexte de poursuite à l’encontre du Mouvement de Résistance Antifasciste et de son avant-garde et de l’état d’exception à peine caché en Euskal Herria ; l’incarcération à Paris d’une partie de notre « Commando Central » et de la Direction du PCE(r) venait de se produire et il était nécessaire de montrer au régime qu’il ne nous avait pas affaibli et que son objectif d’en finir avec la lutte armée de Résistance était encore une fois voué à l’échec.
Cependant, nous maintenons très clairement que nous ne nous laisserons pas piéger par la police qui avec ses provocations désire nous amener sur ce terrain aussi défavorable qu’est l’affrontement direct avec les forces répressives ; nous savons que la lutte armée, par elle seule, ne peut actuellement faire reculer la nouvelle marée fasciste. Ça nécessite une apogée des luttes ouvrières et populaires, une augmentation de leur radicalité et de l’affrontement contre le régime pour l’isoler encore plus et contribuer à l’affaiblir.
Il en découle que nos actions n’ont pas été dirigées dans le but de donner une réponse à toutes ces violences, sinon de garantir la continuité de la lutte armée de Résistance et le renforcement de l’Organisation dans le but de nous trouver dans les meilleures conditions pour attendre les tâches que l’évolution de la situation, dans le futur, exigera de nous.
Q. Que pensez-vous des actions du 11 septembre à NY et Washington ? Quels changements se sont produits dans le monde depuis cette date ?
Les attaques au cœur de l’impérialisme yankee sont une conséquence logique de la politique de génocide qui s’est transformé pour finir en une véritable guerre de rapine avec l’asservissement d’une multitude de nations et de peuples sur toute la planète.
Prenant comme prétexte les actions du 11 Septembre, les impérialistes ont déchainé une véritable chasse aux sorcières dans leur pays respectif pour anéantir l’opposition des travailleurs à leur politique militaire d’agression. La fascisation accélérée des états impérialistes s’est vue renforcée par l’approbation de nouvelles lois répressives, authentiquement d’exception, qui ont fait de ces pays de véritables bagnes pour les travailleurs. Depuis le 11 Septembre, plus de mille détenus « suspects de terrorisme » ont disparu dans les prisons yankees, en Grande Bretagne fut approuvé l’internement sans ordre judiciaire, le massacre des révolutionnaires dans les prisons turques continue, en France les détentions de militants basques augmentent ainsi que leur remise entre les mains des tortionnaires espagnols, etc.
Dans le cas de notre pays, dû à la perpétuation du fascisme après la mort de Franco, tout ce processus fut beaucoup plus aigu.
Il n’y a qu’à prendre comme exemple les continuelles incarcérations d’ouvriers et de jeunes antifascistes, la croissante illégalisation de tous ces partis, organisations, associations qui luttent pour les libertés authentiquement démocratiques, qui dénoncent la répression et qui encouragent la solidarité avec ses victimes, etc. En définitif, la criminalisation plus large de tous les mouvements sociaux qui s’affrontent avec cette situation de manque de libertés et d’authentique terreur.
Quoi qu’il en soit, nous sommes en guerre et, pour revenir au 11 Septembre, les peuples ont le droit de se défendre contre l’agression impérialiste et sont obligés de le faire s’ils veulent survivre.
Q. Comment cette situation de guerre dans laquelle nous vivons affecte vos projets en tant qu’organisation de guérilla située au cœur de l’impérialisme ?
L’Espagne est en plein dans la guerre. Ses troupes sont déjà déployées dans les Balkans et en Afghanistan. L’alignement du régime avec le bloc agressif commandé par les yankees l’amène à accentuer sa politique de surexploitation des travailleurs avec vues d’amplifier son appareil répressif et son complexe militaro-industriel. L’argent destiné à financer les nouveaux projets d’armements va être tirer encore une fois des tripes et du sang des travailleurs et nous savons déjà ce que cela signifie : plus de chômage, de misère et de répression. Et la jeunesse va être utilisée comme chair à canon. Tout cela va stimuler la résistance du mouvement populaire.
Notre position est très claire : nous ferons tout ce que nous pourrons pour que le régime fasciste espagnole ne réussisse à gagner ne serait-ce qu’une bataille de cette guerre. Tous les projets que nous tenons à bout de bras actuellement sont dirigés à accumuler des forces et des expériences, à consolider les infrastructures de l’Organisation et de ses commandos pour développer la lutte armée de guérilla avec vues d’affaiblir l’appareil politique et militaire du régime, de l’isoler politiquement et d’accélérer le processus de sa déroute, dans le même temps avec nos actions nous appuyons le mouvement des masses, étendant la résistance armée aux secteurs de plus en plus divers de la population.
Dans cette tâche nous n’allons pas lésiner sur les forces et les sacrifices, puisque nous sommes convaincus que c’est l’unique manière d’arriver forts au moment où l’état fasciste et impérialiste espagnol se trouvera affaibli à l’extrême par le propre développement de la guerre et l’action de guérilla.
A ce moment-là, les conditions, actuellement défavorables pour le mouvement populaire, auront changé, toute la haine accumulée des travailleurs et des peuples des nationalités opprimées sera à l’apogée, alors nous pourrons nous lancer à l’offensive, nous fusionnant avec le mouvement insurrectionnel général des masses étendues, avec son avant-garde politique au front, pour, tous ensemble, renverser l’état fasciste et implanter la République Populaire.
Q. Devant cette situation de militarisme croissant et d’augmentation de la répression dans notre pays, que diriez-vous aux jeunes qui sent ceux qui subissent le plus directement cette situation ?
Effectivement, aujourd’hui la majorité des mouvements de jeunes (nationalistes, squatteurs, insoumis, antifascistes, anti-impérialistes, etc.) a subi une répression croissante qui cherche à les démoraliser, les poussant à l’impuissance la plus absolue et à sa neutralisation. Le régime ne leur permet pas, sous cette « légalité sécuritaire », la plus minime manifestation d’opposition à la fascisation croissante. Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil à l’illégalisation des organisations politiques, aux manifestations super surveillées, aux expulsions policières des lieux occupés l’un après l’autre, au bâillonnement des radios libres, à la criminalisation de la presse alternative et aux montages « anti-terroristes » de tout type qui augmentent et se finissent devant l’Audiencia Nacional.
A ne pas tarder, juste pour distribution d’un fanzine, ils ne vont pas te perdre de vue.
Devant tout cela il est nécessaire d’adopter une position conséquente d’affrontement au régime, de ne pas reculer dans la résistance, mais déjà sous d’autres formes d’organisations et de méthodes de lutte hors du contrôle de la flicaille et tenant compte de la situation et de la guerre qui s’approche. Il faut intensifier la lutte d’une manière plus décidée et radicale, étendre le sabotage à la machine belliqueuse qui se met en marche, combattre toutes les tendances à la démoralisation et au pacifisme et nous préparer sur tous les terrains pour ne pas nous laisser conduire comme des moutons à l’abattoir.
Sur ce chemin de lutte, nous allons rencontrer et apporter à ce mouvement tout l’appui qui est à notre portée.
Par la propagande de notre Parti, le PCE(r), vous avez déjà vu que nous répétions les appels aux travailleurs, à la jeunesse en particulier, à ce qu’ils vous apportent tout type d’aide et d’appui. Maintenant que vous avez la parole, pourriez-vous dire concrètement ce que vous avez besoin comme type d’aide, quel appui pratique peut vous être donné ?
Les GRAPO nous ne tombons pas du ciel. Nous faisons partie de ce mouvement étendu de résistance qui s’affronte quotidiennement avec le régime, de ce mouvement dont nous nous nourrissons et duquel sortent les nouveaux combattants. D’ici, nous lançons un appel à renforcer les liens entre ce mouvement et la guérilla.
En premier lieu, toute anti-fasciste, anti-impérialiste et démocrate conséquente qui veut combattre le fascisme avec les armes à la main, indépendamment de son idéologie, a une place dans notre Organisation. Sans la lutte armée révolutionnaire il est impossible de mettre en déroute le fascisme. Cette lutte, pour triompher, nécessite l’implication de tous/toutes.
Depuis ton zine, ton quartier, ta ville, tu peux te transformer en œil et oreille de la guérilla, nous faire parvenir une multitude d’informations auxquelles, à plusieurs reprises, nous n’avons pas accès, vues les conditions de rigoureuse clandestinité dans laquelle se développe notre activité. Des données sur des entrepreneurs, des flics, des militaires… Où vit tel ou tel tortionnaire, exploiteur ou balance, où loge-t-il, quelles sont ses habitudes … Où y a-t-il un objectif économique (banques, fourgons, entrepreneurs…) qui nous permette d’exproprier des fonds pour intensifier et développer le combat…
En définitive, nous avons besoin de collaborateurs de tout type, pour petite on insignifiante que puisse être l’aide qui te parait utile à la guérilla, elle est nécessaire, puisque la lutte révolutionnaire est l’araire de tous/toute. Le fait que to te limites à demeurer dans « l’expectative » seul le régime peut en tirer bénéfice. Si pour avoir balancé un cocktail molotov sur une agence intérimaire ils t’enferment à vie, réfléchis si ça ne vaut pas la peine de faire quelque chose de plus…