L’Espagne au début du 20ème siècle

A la différence de la France, l’Angleterre, qui ont connus une révolution démocratique permettant à la bourgeoisie de développer le capitalisme et d’abolir la féodalité, l’Espagne s’est empêtrée de la manière la plus absolue dans les rapports sociaux féodaux.

Si en 1869 suite à la pression populaire une charte libérale fut instaurée, dès 1876 une constitution conservatrice la remplaça, expression du compromis entre la bourgeoisie et l’aristocratie.

L’Espagne est ainsi caractérisée par le « caciquisme », la domination locale des féodaux.

Mais le retard dans la formation du capitalisme ne permit pas à l’Espagne de se développer; en 1898 elle perdit ainsi ses dernières colonies (Cuba, Porto Rico et les Philippines) et échoua dans sa tentative (1909-1925) de s’implanter solidement dans le Nord marocain (bien qu’aujourd’hui subsistent encore des enclaves).

L’aristocratie devait trouver un moyen pour moderniser son économie sans perdre ses privilèges : ce fut la voie tracée vers le fascisme.

En raison du retard économique, de l’analphabétisme massif, les mentalités paysannes individualistes prédominaient dans les masses populaires, qui ne devenaient industrielles que lentement, mais solidement : les grèves étaient nombreuses et solides (comme à Barcelone en 1855 ou en 1909).

En 1917 des insurrections armées éclatèrent dans les Asturies et dans la région de Bizkaye (pays basque), qui furent réprimées par l’armée et des formations paramilitaires.

Les deux principales organisations révolutionnaires étaient alors le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, marxiste, fondé en 1879, relié au syndicat UGT – Union General de Trabajadores fondé en 1888, la seconde étant le syndicat CNT – Confederacion National del Trabajo, anarcho-syndicaliste, fondé en 1910.

La révolution d’Octobre 1917 influença massivement ces deux organisations, de manière très différente.

La CNT a initialement soutenu inconditionnellement la Russie Soviétique.

A son deuxième congrès de décembre 1919, la CNT décide que ses ouvriers syndiqués dans les usines d’armement ne fabriqueront aucune arme destinée à la lutte contre la Russie et s’engage à déclarer la grève générale si des troupes sont envoyées contre l’armée rouge.

Le PSOE avait pris la même décision un peu auparavant.

Ces décisions se font dans le contexte du 21 mai 1918, date à partir de laquelle le pouvoir est passé à Barcelone dans les mains d’un cartel d’une junte militaire de défense.

En fait, si le PSOE et l’UGT ont une attitude hésitante par rapport à l’Internationale Communiste (IC) créée en mars 1919, tel n’est pas le cas ni de la Fédération des Jeunesses Socialistes, qui décide à son Vème congrès d’appuyer l’IC, ni de la CNT, qui décide en décembre 1919 à son congrès au Théâtre de la Comédie de Madrid d’adhérer à l’IC et à l’Internationale Syndicale Rouge.

La fondation du Parti Communiste d’Espagne

L’incapacité des partisans de l’IC à casser la direction réformiste amène la majeure partie de la Fédération des Jeunesses Socialistes à décider de fonder elle-même le Parti Communiste d’Espagne, le 15 avril 1920.

Le PCE est majoritairement ouvrier, les membres âgés de moins de 25 ans, beaucoup dans la région de Madrid. « Renovación », journal des jeunesses, devient « El Comunista », le parti est organisé notamment autour de Merino Gracia, Luis Portela, José Illescas, Eduardo Ugarte, Emeterio Chicharro, Ricardo Marín, Rito Esteban, Tiburcio Pico y Juan Andrade.

En avril 1921, au congrès du PSOE les partisans de l’IC quittent le parti pour fonder le PCOE, le Parti Communiste Ouvrier Espagnol, autour de figures historiques du PSOE et de l’UGT : Antonio García Quejido, Virginia González, Isidoro Acevedo y Facundo Perezagua.

Le PCOE est très fort dans la région de Bizkaye et des Asturies, où la quasi-totalité des militants socialistes les rejoignent.

L’IC fait se fusionner les deux partis, le 14 novembre 1921 après un « acte de fusion » en le Parti Communiste d’Espagne, qui tient son premier congrès en mars 1922 et le second en juillet 1923.

Mais le comité central n’est pas élu démocratiquement; l’IC chapeaute les nominés afin de tenter un équilibre entre les tendances gauchistes issues de l’ancien PCE et celles centristes du PCOE.

La CNT, confrontée à la répression et à une interdiction en 1921, n’avait pu participer à la conférence de décembre 1920, mais au fur et à mesure informée de la conception bolchevik subordonnant le syndicat au Parti Communiste, elle rejette l’IC ainsi que ses propres délégués plus ou moins autoproclamés et favorables à l’IC, qui par la suite rejoindront le trotskysme.

Naturellement, le PCE est lui favorable à la fusion de la CNT et de l’UGT; la dimension des deux organisations est incomparable : le syndicat visant le communisme libertaire ayant à peu près un million d’adhérents, tandis que le jeune PCE, qui est un parti avec des conditions d’adhésion très strictes, n’en a que quelques centaines. Il est très implanté dans les Asturies et au pays basque, où il mène de nombreuses grèves dures en 1922 et 1923.

Le putsch de 1923 et la dictature de Primo de Rivera

Le 13 septembre 1923, alors qu’en Espagne comme dans toute l’Europe le mouvement révolutionnaire reflue, a lieu un putsch mené par le général Primo de Rivera.

C’est surtout en Catalogne que les interventions de l’Etat réactionnaire seront fortes, avec de nombreuses interventions paramilitaires.

Le PCE dirige la lutte des mineurs de la Bizkaye (pays basque), qui ira jusqu’à l’affrontement armé. A l’opposé, les syndicats (UGT, CNT) décident de s’abstenir d’aller à l’affrontement.

Le putsch est inspiré du modèle italien ; Primo de Rivera est très clairement l’homme des grands propriétaires terriens et de l’oligarchie financière.

Ce qui ne va pas sans contradiction interne, la concurrence jouant entre les partisans du statu-quo féodal et les forces bourgeoises voulant un capitalisme non entravé.

Immédiatement des organes de la CNT (la fédération madrilène ainsi que la fédération des groupes anarchistes) font un communiqué commun avec le PCE, appelant à mettre de côté les divergences face à la dictature militaire et désirant former un comité d’action contre la guerre et la dictature avec le PSOE et l’UGT, qui refusent, choisissant de collaborer avec l’Etat sur certains points. Les syndicats dirigés par les communistes sont expulsés de l’UGT

La répression est effectivement très importante.

La CNT, elle, recule devant la pression, suspendant en octobre 1923 son existence ainsi que sa presse.

Cette décision est rejetée, notamment à Barcelone et Séville, où de nombreux syndicats continuent sous une autre forme, mais la CNT n’existe globalement plus sous une forme organisée jusqu’à l’avènement de la république en 1931.

Le jeune PCE est lui pour un temps quasiment anéanti par la répression, seul subsiste symboliquement le journal « Antorcha » (le flambeau), notamment après les nombreuses arrestations et fermetures systématiques des locaux en novembre 1923.

Dans ces années de dictature, le Comité Central doit de plus subir la critique de la fédération de Catalogne et des Baléares, dont les principaux cadres sont Joaquín Maurín, issu de l’extrême-gauche, et Andreu Nin, issu du courant de la CNT favorable à l’IC.

Se mène alors une lutte parallèle menée à celle au sein de l’IC, en conséquence de quoi le Comité Central démissionne à la conférence nationale de novembre 1924, au profit d’un CC provisoire à laquelle participe l’opposition.

L’IC forme alors début 1925 une commission spéciale pour aider le PCE et l’organiser dans la clandestinité.

En mai 1925 une conférence se tient en France à Ivry et forme un Comité Exécutif, avec une direction installée à Paris. En décembre a lieu une conférence nationale avec les représentants des cinq fédérations, des JC et de l’IC.

Le PCE analyse alors la dictature de Rivera, le fascisme, mais le PCE a des divergences importantes avec l’IC: le PCE sous-estime fondamentalement les survivances féodales en Espagne. Toute la relation avec l’IC va être problématique en raison de cette différence d’analyse de la base économique de l’Espagne.

Quant au mouvement anarchiste, durement affaibli par la non existence pratique de la CNT, il n’échappe pas au débat politique.

Une contradiction se développe entre la direction de la CNT, favorable à une légalisation afin de pouvoir concurrencer l’UGT et conquérir l’hégémonie dans les masses, et ceux qui défendent le principe du refus de la politique ainsi que la nécessité d’en rester à une position révolutionnaire intransigeante.

Ces derniers vont s’unir et en 1927 se forme en son sein la FAI − Federación Anarquista Ibérica, qui regroupe différentes fédérations dans le but affirmer de donner telle ou telle impulsion politique à la CNT.

Organisée clandestinement, elle est structurée de manière confédérale, comme la CNT, regroupe des groupes affinitaires d’une dizaine de personnes en Espagne et au Portugal; l’idée d’une FAI date de 1923, elle est initialement celle du militant anarchiste portugais Manuel Joaquim de Sousa

La situation devient difficile pour l’oligarchie, qui doit accélérer la réorganisation du pays.

Mais la résistance populaire est immense; 1927 est une année de grèves économiques et politiques dans les Asturies, au Pays Basque, en Andalousie et en Catalogne.

Une lente réorganisation des syndicats commence, parallèle à une montée de lutte contre la dictature. A son 3ème congrès, le PCE considère que l’ennemi principal est l’aristocratie terrienne et que l’objectif est une révolution démocratique, première étape à la révolution socialiste, guidée par la classe ouvrière et la paysannerie.

Le PCE défend de fait la ligne de la révolution ininterrompue de l’Internationale Communiste, ligne combattue par le trotskysme, partisan de la « révolution permanente ».

En 1930, le roi d’Espagne Alphonse XIII se débarrasse du dictateur Primo de Rivera, au pouvoir depuis le coup d’état militaire de 1923 : la dictature vacille et il s’agit d’éviter une vague révolutionnaire.

A la conférence de Pampelune, en fait menée clandestinement à Bilbao, le PCE réaffirme son objectif de faire chuter la monarchie. Le roi espère en fait avoir assez d’influence pour assurer la victoire électorale des monarchistes. Mais le rapport de force de ne va pas en ce sens.

En avril 1930 les grévistes sont 50.000, ils sont 200.000 en septembre, 250.000 en octobre et 600.000 en novembre. Les élections municipales du 12 avril 1931 donnent alors une large majorité dans les villes aux républicains; le Roi Alphonse XIII est alors contraint à l’exil et la République est proclamée le 14 avril 1931.

La naissance de la République

Des élections législatives ont lieu le 28 juin et une Constitution démocratique est adoptée le 9 décembre 1931.

Alcala Zamora est élu Président de la République. La Constitution fait de l’Espagne une « République des travailleurs de toutes les classes », un « Etat intégral, compatible avec l’autonomie des Municipalités et des Régions ». La séparation de l’Eglise et de l’Etat est proclamée, les Jésuites interdits, un statut d’autonomie donnée à la Catalogne, les titres de noblesse abolis. Le rouge, le jaune et le violet sont les couleurs du drapeau de la République.

Quelle est la situation de l’Espagne en 1931? Le pays compte 24 millions d’habitants, dont la moitié d’analphabètes. La misère touche 8 millions de personnes.

De fait, 2 millions d’agriculteurs sont sans terre alors que 20.000 personnes possèdent la moitié de l’Espagne.

Ainsi à Séville 72% des terres sont aux mains de 5% de propriétaires.

Le clergé est constitué de 31.000 prêtres, 20.000 moines et 60.000 religieuses. Il existe 5000 couvents.

L’armée compte 23.000 officiers, 499 généraux et 578 généraux, pour une armée de 80.000 hommes.

La république a des fondements très conservateurs.

Dans ses deux premières années, la répression fera 400 morts, 3.000 blessés, 9.000 arrêtés, 160 déportés, 160 saisies de journaux ouvriers (et 4 de journaux d’extrême-droite).

Le général Mola, responsable de l’Intérieur, a créé une section d’enquête spéciale destinée à attaquer le PCE, alors qu’en 1931 il ne compte que 800 membres.

Le PSOE appuie inconditionnellement le nouveau régime, ne lui servant que d’appui dans les masses et sans jamais chercher à le renforcer face à la haute bourgeoisie.

A l’opposé du PCE, il ne soutient pas le droit à l’autodétermination du pays basque, de la Catalogne et de la Galice. De plus, l’armée ayant intervenu au Maroc est particulièrement réactionnaire, rien n’est fait contre elle.

La lutte continue de manière âpre dans toute l’Espagne.

De grandes grèves menées conjointement par le PCE et les anarchistes ont lieu à Séville en 1931-32.

Fin 32 début 33 se développe un grand mouvement paysan d’appropriation des terres, surtout en Andalousie.

Les mouvements sont soutenus par le PCE et naturellement combattu par le PSOE, le premier considérant qu’ils renforcent la république, le second qu’ils les sapent. Parallèlement, la FAI développe une lutte contre les forces de police et pour les paysans, de manière non centralisée, au grand dam du PCE, qui l’accuse d’épuiser le mouvement populaire sans avoir d’objectifs clairs.

Le PCE critique ainsi à la fois le PSOE, qui n’attaque pas l’aristocratie terrienne de fait encore au pouvoir, alliée à la bourgeoisie industrielle et financière, et le mouvement anarchiste qui attaque l’Etat de manière éparse.

Le PCE tient alors son 4ème congrès en mars 1932, qui décide d’imposer une redéfinition.

1932 est également l’année de création du Parti Communiste de Catalogne, naturellement appuyé par le PCE, qui à l’opposé du PSOE et de la CNT soutient les mouvements nationaux catalan, basque et galicien.

Cela est d’autant plus important que 45% du prolétariat de l’Etat espagnol est en Catalogne.

Si auparavant il s’agissait de lutter contre la dictature, désormais il s’agit pour le PCE faire de la classe ouvrière le moteur de la révolution démocratique et de faire du parti un parti de masse, à l’opposé de nombreuses tendances sectaires issues de la période passée.

Il obtient un premier grand succès en jouant un rôle essentiel dans l’écrasement de la tentative de putsch de Sanjurjo en août 1932.

Mais le fascisme est fort, profite de la victoire nazie en Allemagne.

Il existe trois tendances principales:

– la filiale germano-italienne qu’est la Falange Espanola de la JONS (Juntas de Ofensiva Nacional Syndicalista), consistant en des groupes contre-révolutionnaires armés;

– les monarchistes de plus en plus tentés par une solution fasciste ;

– les droites catholiques, dont Accion Popular qui sera en 1933 le noyau fondateur de la CEDA (Confederacion Espanola de Derechas Autonomas), parti central de la contre-révolution de type clérical-fasciste.

Les radicaux de Alejandro Lerroux s’orientent également de plus en plus vers les droites après avoir été partisan de la république et au gouvernement ; Lerroux est qualifié de « dernier pirate de la Méditerranée » pour son opportunisme le plus complet.

De fait le 16 mars 1933 le PCE lance un appel au PSOE, à l’UGT, la FAI, la CNT affirmant que l’ennemi central devait être le fascisme. Le PCE commence alors à développer des structures de front antifasciste ainsi que des organisations féminines.

Aux élections de novembre 1933, la droite l’emporte.

Le mode de scrutin favorisait les grands blocs et ainsi la réaction, mais malgré tout le PCE recueille 400.000 voix (contre 60.000 en juillet 1931).

Elle engage aussitôt une politique de réaction, menée par le gouvernement formée par l’alliance des radicaux et de la CEDA.

Les grèves économiques et politiques se succèdent, que ce soit en solidarité avec le prolétariat autrichien écrasé par le fascisme en 1934 en mars ou contre la proposition d’alliance militaire proposée par la France en avril, contre différents meurtres de jeunes socialistes et communistes, etc.

C’est une période où la base du parti socialiste se radicalise, notamment sous l’impulsion de la jeunesse socialiste.

Caballero, auparavant représentant de l’aile la plus à droite, devient dans le PSOE le représentant d’un courant gauchiste.

A la proposition de front du PCE, le PSOE répond par une proposition d’alliances ouvrières, acceptée par le PCE.

La situation s’accélère qui plus est avec pour la première fois la rentrée au gouvernement de ministres de la CEDA au gouvernement en octobre 1934.

Cette rentrée provoque des réactions vives chez les socialistes, la Izquierda Republicana (gauche républicaine), l’Union Republicana, l’Izquierda Radical Socialista (gauche radicale socialiste), le Partido Republicana Federal, le Partido Republicana Conservator et les patriotes catalans est basques.

Le PCE propose immédiatement à la grève générale, mais le PSOE rejette la proposition, remettant en cause ses propres engagements, alors que la CNT refuse également de suivre le mouvement.

Mais la grève commencée dès le 4 gagne toute l’Espagne le 5, se transformant en lutte armée au pays basque, à Madrid et en Catalogne, et en insurrection armée dans les Asturies.

Dans les Asturies, les anarchistes étaient rentrées dans les alliances ouvrières et paysannes formées par le PCE et le PSOE, à l’encontre des décisions de leur direction. Le mouvement y est écrasé dans le sang, par les troupes africaines de Franco.

Les événements d’octobre 1934 vont avoir un impact décisif.

Le PCE passe dans l’illégalité, cette fois sans aucun problème et mène une vaste campagne anti-répressive, avec un énorme succès. En mars 1935 est formé un comité d’aide aux prisonniers, avec le PCE, le PSOE, les jeunesses socialistes, communistes, républicaines, le secours rouge, la fédération du tabac et les radicaux-socialistes.

Un vaste mouvement de protestation est alors lancé contre les peines de morts et lorsque 20 dirigeants sont graciés la CEDA provoque une crise de gouvernement, le quittant pour y revenir début mai. Sont alors mis à la tête de l’armée les généraux les plus réactionnaires.

Le PCE propose alors la formation d’un bloc populaire, dont les lignes principales sont :

– démission du gouvernement et dissolution des Cortes (le parlement) ;

– élections avec garantie de libre expression pour les partis de gauche ;

– libération des prisonniers politiques, amnistie, abolition de la peine de mort :

– rétablissement des libertés démocratiques ;

– confiscation des terres des grands propriétaires et redistribution gratuites aux paysans et ouvriers agricoles ;

– rétablissement du statut spécial de la Catalogne et droit à l’auto-détermination de la Catalogne, du Pays Basque et de la Galice ;

– baisse des impôts des paysans, petits-commerçants, artisans et industriels ;

– Amélioration des conditions de vie ;

– épuration de l’armée des éléments fascistes et dissolution des organisations fascistes.

Le Frente

Le PSOE et la gauche républicaine refusent les propositions du PCE, mais d’autres organisations républicaines suivent les communistes, ainsi que certains syndicats de l’UGT, formant en 1935 le premier organisme du Frente Popular. Pendant toute l’année 1935 les velléités de putsch se précisent, mais les dénonciations faite par le PCE sont rejetées comme « inventions de Moscou » par le PSOE.

Le 2 juin 1935 le PCE tient son premier meeting public à Madrid, où est présenté le front populaire.

Toute l’année, le PCE développe l’ensemble de sa politique en ce sens.

Le succès est tel que l’ensemble des jeunesses socialistes travaillent avec le PCE.

Le même mois se forme le Parti Communiste d’Euzkadi, partie intégrante du PCE dont il forme un peu plus de la majorité.

C’est un grand succès dans la mise en avant des droits nationaux basques.

Le congrès de l’Internationale Communiste appelant à former des fronts populaires ajoute à l’écho du PCE ; l’UGT intègre les syndicats de la Confederacion General del Trabaja Unitaria, dirigés par les communistes et compte 1.5 millions d’adhérents.

Le PCE a 9 organes légaux, 15 clandestins, 18 périodiques pour le parti.

L’organe central du PCE, Bandera Roja (drapeau rouge) tire à 17.000 exemplaires à l’été 1935 (contre 5.000 en 1934).

Lorsqu’à l’automne 1935 le gouvernement se déchire dans ses contradictions, des nouvelles élections se montrent inévitables.

Tout ouvre la voie pour un bloc populaire, grâce au travail du PCE.

Les socialistes sont obligés de suivre pour un accord pour eux purement électoral, mais qui ouvre d’énormes perspectives à la base. Les masses – dont 30.000 des leurs sont prisonniers politiques – poussent au front. L’abstentionnisme et le refus de la politique de la CNT s’effondrent.

Aux élections de février 1936, le Frente obtient ainsi la majorité des voix et des sièges: 268 députés (158 républicains, 88 socialistes, 17 communistes) députés contre 205 pour le centre et la droite.

Quelle est la situation des communistes au moment de la victoire du Frente ?

Entre 1931 et 1936, le PCE a énormément grandi. S’il est faible numériquement, c’est un parti de cadres, organisé et expérimenté.

Au 4ème congrès de mars 1932 (où participent 101 délégués représentant 100.000 travailleurs), le PCE comptait 11.800 membres contre 1.500 une année auparavant (l’Unión de Juventudes Comunistas 6.000 contre 400); en 1935 il y aura 19.200 membres. En février 1936 il en a 30.000, un mois plus tard 50.000, en avril 60.000, en juin 84.000, début juillet 100.000. Début 1937 le chiffre sera de 200.000, au milieu de l’année 1937 le chiffre approchera le million.

Par comparaison, l’aile organisée politiquement de la CNT, la FAI, avait à la mi-1936 environ 39.000 militants.

De plus, en avril 1936 a lieu la fusion officielle des jeunesses socialistes avec avec les jeunesses communistes, pour donner la Juventud Socialista Unificada, comme jeunesse du PCE.

Le 23 juillet sera également formé le PSUC, le Partido Socialista Unificado de Cataluna, membre de l’Internationale Communiste et fusion de quatre partis : le PC de Catalogne, la section catalane du PSOE, l’Union Socialiste et le Parti Prolétaire.

Le 1er mai 1936, 600.000 personnes défilent à Madrid dans les comités du Front Populaire lancés à l’initiative du PCE.

Dans ce moment de progression de la conscience de masse, la CNT à son congrès de Saragosse (mai 1936) adopte une motion ne laissant aucun doute sur sa conception de l’action syndicale :

« Une fois conclue la phase violente de la révolution, seront déclarés abolis la propriété privée, l’Etat, le principe d’autorité, et par conséquent les classes qui divisent les hommes en exploiteurs et exploités, oppresseurs et opprimés. Une fois la richesse socialisée, les organisations de producteurs enfin libres se chargeront de l’administration directe de la production et de la consommation ».

Depuis février, le PCE fait tout une campagne pour que l’armée soit épurée, armée dominée par les fascistes et les monarchistes.

Mais le refus d’aller jusqu’au bout des républicains de gauche amena un putsch des généraux prenant comme prétexte l’exécution du dirigeant monarchiste Calvo Sotelo le 13 juillet 1936, exécuté par des policiers en réponse au meurtre de l’un des leurs, socialiste, par les fascistes.

Les enterrements donneront lieu à des affrontements armés entre la police et des milices fascistes autour du cimetière de Madrid.

Le putsch des généraux

Le putsch est organisé par les généraux « africains » ; leurs troupes sont moins composées de paysans comme les armées en Espagne même, et les troupes d’élite y sont plus nombreuses.

Mais leur opération échoue dans les 2/3 du pays, les putschistes ne contrôlant que le nord-ouest du pays ainsi que le Maroc.

Franco déclare le 17 juillet l’état de guerre dans toutes l’Espagne depuis les îles Canaries.

Le 19 juillet, c’est la communiste Dolores Ibarruri dite « La Pasionaria » qui du balcon du ministère de l’intérieur à Madrid tient son fameux discours : « No Pasaran ! », ils ne passeront pas.

Le texte résume toute la stratégie communiste de front populaire (il est disponible sur le site : ici).

Obligé de constater l’échec du putsch, les généraux proclament le 23 juillet à Burgos la formation de la « Junta de Defensa Nacional » et la formation d’une administration pour la « zone nationale. »

Le 3 octobre sera formé un « gouvernement civil », pour la forme en raison de l’état de guerre.

L’Espagne est alors séparée en deux parties distinctes, avec deux gouvernements. La situation reste au départ très instable.

Le premier ministre Casares Quiroga passe la journée du 18 au téléphone pour savoir où en est son administration dans tout le pays. Mais de fait les rebelles contrôlent Pamplona, Saragossa, Oviedo, Salamanca, Avila, Segovia, Cadiz. Le 19 ils prennent Séville, l’une des villes les plus importantes du Sud. Le même jour a lieu à Barcelone les Olympiades populaires, en refus des jeux olympiques de l’Allemagne nazie.

L’ensemble de la marine reste républicaine, à l’exception des 3/4 des officiers.

Le gouvernement républicain est isolé; les démocraties bourgeoises ne le soutiennent pas.

L’Angleterre a convaincu la France de ne pas intervenir, la France ferme d’ailleurs sa frontière le 8 août.

Tout repose sur les organisations ouvrières et progressistes.

Le 9 septembre aura d’ailleurs lieu à Londres la réunion de 23 pays confirmant leur non-intervention. Seuls le Mexique et l’URSS donnent leur soutien à la République, ainsi que les Partis Communistes du monde, notamment celui de Chine.

Les généraux Mola et Franco, eux, de leur côté, profitent des infrastructures et du soutien militaire du Portugal de Salazar, qui envoie 15.000 hommes en renfort.

Les rebelles disposent d’à peu près 300.000 hommes.

En plus de la compagnie américaine TEXACO qui fournit le gaz et le pétrole de manière illimitée à crédit, il y a le soutien matériel de l’Allemagne et de l’Italie.

L’Italie fasciste envoya en Espagne quelques 75.000 soldats (50.000 hommes présents en même temps), ainsi que 650 avions, 150 chars, et quantité de canons, mortiers et munitions.

Les soldats allemands furent 16.000 (10.000 en même temps) dont 5.000 de la redoutable Légion Condor. Autre aide allemande : 600 avions, 200 chars, du matériel d’artillerie (200 canons) et des instructeurs militaires.

L’Eglise catholique, à part au Pays Basque, soutient également Franco ; le 14 septembre le pape attaquera le gouvernement républicain pour sa « haine satanique de Dieu ».

Le premier objectif des rebelles sera d’unifier leurs zones sud et nord, ce qui sera fait en septembre.

En septembre les rebelles occupent Irun, San Sebastian et Tolède.

Franco, lui, se déclarera chef de l’Etat le 1er octobre 1936, à la mort accidentelle du général Sanjurjo.

La République face au fascisme

Le putsch oblige naturellement la république à se réorganiser.

Le 4 juillet le nouveau gouvernement est formé par Caballero.

Il est composé de 6 socialistes, 4 républicains, 2 communistes, 1 républicain catalan et 1 patriote basque.

En octobre, l’indépendance est accordée à la République basque.

Cette évolution pose un problème clair à la CNT, dont beaucoup refusent une armée centralisée et prône une organisation fédérale et une organisation dans la tradition des guerres de guérilla qui se sont déroulées en Espagne.

A cela s’ajoute le refus par une importante partie de la CNT de reconnaître même l’Etat espagnol.

Ainsi, dès juillet 1936, le mot d’ordre de grève générale s’était transformé en mouvement de collectivisation en certains endroits de la Catalogne et dans une partie importante de l’Aragon, où un demi-million de personnes étaient concernées par les collectivisations rurales.

Un grand prestige touchait Durruti, qui à la tête des milices anarchistes avait combattu les rebelles et permis la collectivisation des terres en attaquant les propriétaires terriens, en Aragon et à Saragosse.

Mais les communes se distinguaient naturellement en dimension et en richesse.

Des déséquilibres apparaissaient très vite.

Le fonctionnement était très bureaucratique : les échanges entre communes devaient être avalisés par le comité de la commune, même pour des choses élémentaires.

De plus, il était possible pour les paysans de choisir un type d’exploitation de type familial, sans par contre pouvoir exploiter le travail d’autrui ni bénéficier des services collectifs. Le salaire était familial, empêchant ainsi la libération de la femme.

Le gouvernement catalan entérina le mouvement de collectivisation, mais envoya des contrôleurs afin de pousser à une planification organisée. Le mouvement des communes libres n’était en fait pas un mouvement de collectivisation de la richesse, mais d’appropriation des terres.

Il s’agit d’un mouvement paysan typique; la collectivisation était en fait une nécessité pour les paysans. La fédération des communes en tant qu’organe est purement administrative, il n’y a pas de droits au niveau national et tout est géré localement.

Le mouvement paysan n’assume ainsi pas la libération de la femme à part là où le mouvement politique est le plus avancé et affronte les traditions patriarcales, ni la lutte des nations basque, catalane, galicienne.

Il est un mouvement anti-politique; dans la mesure où en fait il accomplit une égalité formelle (mais non à l’échelle nationale) entre les individus il défend l’esprit démocratique bourgeois tel qu’il a été celui des premiers colons européens de l’Amérique du Nord, tout en assumant une lutte de classe contre les grands propriétaires terriens, dont il abolit la propriété et le pouvoir.

Ceci n’a rien d’étonnant. De fait,

« le libéralisme est prêt à reconnaître la lutte de classe jusque dans le domaine de la politique, mais à une condition : que l’organisation du pouvoir d’Etat ne fasse pas partie de son champ d’action. Il n’est pas difficile de comprendre quels intérêts de classe de la bourgeoisie engendrent cette déformation libérale de la notion de lutte de classe »
(Lénine, La conception libérale et la conception marxiste de la lutte de classe).

La rationalité l’emporte néanmoins dans l’ensemble du mouvement populaire des collectivisations.

A l’opposé de la fraction ultra-gauchiste opposée à toute liaison avec l’Etat, la majorité comprend qu’il faut s’organiser à l’échelle de la république.

Et en septembre, la réunion nationale de la CNT choisit de soutenir un gouvernement national unifié sur les plans administratifs et militaires, avec un service militaire obligatoire.

Les organisations anarchistes participent au gouvernement régional catalan, et le 4 novembre 1936 quatre anarchistes deviennent ministres du gouvernement national : Frederica Montseny, Juan Garcia Oliver, Juan Lopez and Joan Peiro.

Il est évident que la participation de la CNT au gouvernement est en contradiction absolue avec les principes de l’anarcho-syndicalisme et du syndicalisme révolutionnaire, et la CNT sera vivement critiquée au niveau international par les anarchistes, anarcho-syndicalistes et syndicalistes-révolutionnaires, qui récusent toute forme étatique.

Pierre Besnard, l’une des figures du syndicalisme révolutionnaire français du début du siècle et de l’opposition à toute politique, avait ainsi théorisé dans « Les syndicats ouvriers et la révolution sociale » toutes les formes de grève générale nécessaires contre tout pouvoir, qu’il soit fasciste ou d’extrême-gauche.

La conception de Pierre Besnard est utile pour saisir le point de vue anarcho-syndicaliste quant à la question militaire.

A l’opposé de la conception d’armée rouge des communistes, les anarcho-syndicalistes refusent toute armée organisée de manière permanente.

« Y a-t-il moyen, en quelques heures, de mettre debout une armée de force égale à celle dont dispose le gouvernement ?

Y a-t-il, même si cette condition est remplie – et c’est impossible – moyen d’outiller cette armée de façon telle qu’elle soit supérieure en valeur offensive à celle de l’adversaire?

Poser ces questions équivaut, je pense, à les résoudre.

Il faudra donc, à l’instant même où les ouvriers, puis les paysans, s’empareront des moyens de production et d’échange, que ceux des marins et des soldats qui seront gagnés à la cause de la révolution s’emparent des navires, des dépôts d’armes et de munitions, des arsenaux, en un mot, de tout l’armement que le capitalisme a fabriqué et constitué pour sa défense.

Il n’y a pas d’exemple dans l’histoire de tous les pays, qu’il en ait été autrement.

Toujours l’armée et souvent la marine ont joué les premiers rôles. Sans elles, rien à faire ».

On voit ainsi qu’à l’opposé des communistes et de leur armée rouge, les anarcho-syndicalistes et syndicalistes-révolutionnaires ne prévoient pas avant la victoire finale de la révolution de force organisée militairement de manière centralisée. Cela est également valable pour les principes de défense de la révolution.

« Un travailleur doit donc être susceptible à tout instant d’abandonner l’outil pour le fusil et être en état, le péril vaincu, de quitter le fusil pour l’outil.

De cette façon, la classe ouvrière sera en mesure de faire face à toutes les attaques. C’est ainsi que, pour vaincre un péril local ou régional, il suffira aux syndicats de mobiliser pendant le temps nécessaire, un certain nombre de travailleurs armés ayant à leur disposition tout le matériel moderne. »

Ces lignes écrites après la première guerre mondiale sont un véritable regret d’une situation telle que pouvaient la vivre les premiers colons d’Amérique du Nord, ou une société paysanne féodale idéale – c’est-à-dire sans propriétaires terriens – où tout un chacun pourrait s’improviser soldat, paysan, etc.

Chose naturellement impossible dans une société moderne, d’où la victoire inéluctable des forces démocratiques républicaines sur les formes arriérées proposées par la CNT.

Les Brigades Internationales, formées par l’Internationale Communiste

Le 6 octobre, l’URSS affirme au comité de non-intervention que, puisque le Portugal, l’Allemagne et l’Italie ne se plient pas à la non-intervention, elle ne le ferait pas non plus. Le 7 octobre l’Internationale Communiste forme ainsi les Brigades Internationales, qui seront composées d’à peu près 35.000 hommes d’environ 50 nationalités.

XIème Brigade, formée le 22 octobre 1936

– bataillon Edgar André (composé d’Allemands, du nom de l’ouvrier portuaire membre du PC d’Allemagne torturé à mort par les nazis en 1936)

– bataillon Commune de Paris (composé de Français et de Belges)

– bataillon Dombrowski (composé de Polonais, de Hongrois et de Tchèques, du nom de Jaroslaw Dombrowski, polonais insurgé contre la Russie qui mourra sur les barricades de la Commune de Paris de 1871)

Autres bataillons de la XIe :

– Hans-Beimler (composé d’allemands, du nom du membre du KPD emprisonné à Dachau, s’enfuit un jour avant son exécution, rejoint les Brigades Internationales comme commissaire politique, meurt au front)

– Douze-Février (composé d’Autrichiens, le nom vient de la date du putsch fasciste en Autriche en 1934)

XIIème Brigade, formée le 1er novembre 1936

– bataillon Thälmann (composé d’Allemands, du nom du secrétaire général du Parti Communiste d’Allemagne emprisonné par les nazis)

– bataillon Garibaldi (composé d’italiens, du nom du républicain italien)

– bataillon André Marty (composé de Français et de Belges, du nom du leader de la mutinerie de l’armée française de la mer Noire en 1919, lui-même sera dans les Brigades)

XIIIème Brigade, formée en décembre 1936

appelée aussi bataillon Dombrowski

– bataillon Louise Michel (composé de Français et de Belges, du nom d’une des figures de la Commune de Paris)

– bataillon Tchapaiev (composé de Yougoslaves, du nom du commandant de l’armée rouge russe en 1919)

– bataillon Henri Vuillemin (composé de Français, du nom d’une figure communiste française)

Elle sera reformé plus tard avec les bataillons Dombrowski, Palafox et Rakoski (du nom de Mathias Rakoski, chef historique communiste ukrainien) ainsi qu’Adam Miskiewicz (composé de Polonais et d’autres slaves, du nom du poète national polonais)

XIVème Brigade, formée le 2 décembre 1936

appelée également brigade la Marseillaise

– bataillon sans nom

– bataillon des neuf nationalités

– bataillon Vaillant Couturier

– bataillon La Marseillaise

– bataillon Henri Barbusse (du nom de l’écrivain communiste français)

A cette Brigade composée de Français s’ajouteront à un moment les:

– bataillon Domingo Germinal (composé d’Espagnols)

– bataillon Pierre Brachet (composé de Français et de Belges)

– bataillon Ralph Fox

– bataillon Six Février (composé de Français et de Belges, de la date du 6.12.1934 marquée par une émeute fasciste à Paris)

XVème Brigade, formée en janvier 1937

– bataillon Dimitrov (composé de Yougoslaves, de Polonais et de Tchèques, du nom du chef communiste bulgare)

– bataillon sans nom (composé de Britanniques)

– bataillon Abraham Lincoln (composé de Nord-américains, du nom du républicain américain)

– bataillon Mackenzie-Papineau (composé de Canadiens, du nom de deux républicains canadiens historiques du 19ème siècle)

– bataillon Spanish Bataillon (composé de Sud-américains)

– Bataillon Georges Washington (composé de Nord-américains, du nom du républicain américain)

– bataillon Galindo (composé d’Espagnols)

A côté des 5 brigades existaient également des « Brigadas Mixtas » ainsi que de petites unités internationales à l’intérieur même de l’armée républicaine.

On retrouve ainsi la 129ème brigade, qui sera dissoute en 1937 lorsqu’on s’aperçoit qu’elle est infiltrée par les partisans du POUM, mais aussi la « brigada de las 40 naciones » formée le 8 février 1938 à majorité polonaise, tchéquoslovaque et yougoslave, composée entre autres des bataillons Masaryk (du nom du républicain tchéquoslovaque), Dimitrov et Dure Djakovich.

Les Brigadistes possédaient un organe de presse, « El Voluntario de la Libertad », organisé par le responsable italien du commissariat politique, Luis Longo « Gallo », mais disposaient également d’une infrastructure sanitaire (cliniques, personnels…) organisée par un envoyé des PC des USA et du Canada : Norman Bethune.

Norman Béthune va être le premier à systématiser la transfusion sanguine lors des interventions sur les fronts militaires. Après la guerre d’Espagne il organisera les soins de l’armée rouge chinoise.

Aujourd’hui encore tous les révolutionnaires d’Allemagne connaissent les chansons d’Ernst Busch, du Parti Communiste d’Allemagne, qui a consacré un très large répertoire aux Brigades Internationales et à la guerre d’Espagne, sujet très important en Allemagne chez les communistes en lutte contre l’Etat nazi.

Le 10 octobre c’est la formation de l’armée populaire, l’armée de la République espagnole. Les milices anarchistes sont incorporées dans l’armée populaire, de la même manière des conseils municipaux républicains remplacent les comités révolutionnaires locaux là où ils avaient été formé uniquement par la CNT.

Madrid tient bon et les débuts de la guerre

Les premiers chars soviétiques arrivent le 27 octobre à Madrid ; les T-26 partent directement au front.

Le 2 novembre, alors que depuis la veille l’aviation franquiste commence à fondre sur Madrid dont la défense extérieure a été brisée, les avions soviétiques interviennent.

Le 6 novembre, craignant la chute de Madrid, le gouvernement s’installe à Valence.

Alors que la ville est pratiquement abandonnée par la République, le général Miaja organise la résistance, composée principalement de communistes, notamment du qiunto regimento, bataillon antifasciste issu d’une milice antifasciste du PCE.

Alors que la veille Franco avait annoncé qu’il écouterait le lendemain la messe à la cathédrale, ce sont les rouges qui lisent les télégrammes de félicitation pour sa victoire.

Le 5ème régiment, composé de 30.000 hommes et organisé initialement par le PCE, tient bon, soutenu le 9 par une première Brigade Internationale de 2.000 hommes ainsi que par une autre colonne formée par le PSUC. Madrid est sauvée, le prestige énorme pour les communistes, qui se sont systématiquement tenus à la mise en avant du Front Populaire.

Le 14 novembre, c’est la colonne de 3.000 hommes conduite par l’anarchiste Durruti qui arrive à Madrid après avoir quitté Saragosse.

Il meurt le 19 novembre, alors qu’il ne restait plus que 400 hommes qu’il allait relancer à l’assaut. Son enterrement à Barcelone rassemblera plusieurs centaines de milliers de personnes.

Le 23 novembre, Franco abandonne l’espoir d’une prise rapide de Madrid et une victoire éclair.

De fait les contradictions commencent à se développer.

La CNT et une partie de l’UGT veulent remplacer le gouvernement par une gestion syndicale, sans le PCE, les partis républicains et une partie du PSOE. Le PCE et le PSOE commencent alors à avoir des relations plus organisées, d’autant plus que la CNT commence un mouvement d’expropriation.

Le 17 décembre est officialisé par le gouvernement républicain formé un « Consejo de Aragon » formé en Octobre et les collectivisations continuent. Sont niés l’Etat républicain, l’armée populaire; les communes libertaires passent au premier plan et sont autonomes économiquement.

S’ensuit une énorme bataille politique entre les forces républicaines, et finalement l’Etat républicain réinstaure sa légitimité en Aragon.

Le PCE et le PSUC avaient particulièrement attaqué le refus d’organiser des sections régulières de l’armée populaire, refus présenté comme une aide à l’ennemi, et systématiquement poussé à la participation des anarchistes au gouvernement. La CNT accepte alors l’armée régulière, le principe des grades, uniformes, etc. ainsi que la centralisation de l’organisation de l’économie et de la guerre.

La FAI prend la forme d’un parti politique classique, à l’exception d’une petite fraction de la CNT-FAI qui se regroupe sous le nom des « amis de Durruti », dont la participation à la FAI est refusée.

Ce groupe, lancé par les faïstes Carreno, Pablo Ruiz, Eleuterio Roig et Jaime Balius, est hostile à l’intégration dans l’armée régulière et à la participation de la CNT au gouvernement.

Il est assez proche du POUM et à ce titre objet de méfiance autant du PCE que des anti-marxistes.

Publiant le journal « Amigo del pueblo », il n’a un impact que faible, sauf au moment des journées de mai à Barcelone puis une petite période suivant ces journées. Il disparaît à l’été 1937.

En février a lieu la bataille de Jarama, où les républicains perdent 15.000 hommes en 20 jours, mais où l’offensive fasciste est bloquée.

Au début du mois l’aviation rebelle n’avait pas hésité à bombarder les 100.000 personnes fuyant la ville de Malaga. La ville prise sera l’objet de massacres et de mutilations horrifiant même l’armée italienne; les viols seront comme dans toute la guerre par les rebelles, systématiques.

En mars les rebelles bénéficient à Guadalajara de 30.000 soldats italiens, disposant de 250 tanks, 70 avions ainsi que 180 pièces d’artillerie, mais échouent devant les Brigades Internationales.

Le même mois a lieu la militarisation de la dernière milice anarchiste indépendante, la « colonne de fer ».

Le 31 mars commence une offensive rebelle dans le nord avec 50.000 hommes et bombardements du pays basque. Le 26 avril ce sera le bombardement trois heures durant de Guernica, la ville des libertés basques, par la légion condor allemande.

Mai 1937 : le conflit République / anti-étatistes

En mai ont lieu des événements capitaux. Alors que les combats sont d’une intensité extrême sur les fronts d’Euzkadi et de Madrid, une rumeur court dans tout Barcelone le 3 mai quant à l’entrée en action d’une 5ème colonne au sein même du front populaire. La tension est extrême ; déjà les manifestations du 1er mai avaient dû être interdites.

Tout part alors des événements autour de la centrale téléphonique.

La centrale téléphonique de Barcelone était d’une importance capitale. Par elle passait toutes les communications du gouvernement, ainsi que les communications vers l’étranger.

Gérée par la CNT et l’UGT, le gouvernement affirmait que leur gestion était mauvaise, des communications écoutées, interrompues, commentées par les téléphonistes, et avait décidé de leur contrôle. Les policiers furent accueillis militairement, la CNT et le POUM disposant de très nombreuses armes qui avaient été cachés.

Immédiatement des barricades se forment à Barcelone; le 4 mai le POUM et une partie des anarchistes de la CNT-FAI occupent tous les bâtiments du gouvernements, des partis et les commissariats.

La production d’armes est arrêtée, ainsi que le ravitaillement du front. Le journal du POUM la Batalla appelle à la révolution, alors que depuis Valencia les dirigeants de la CNT appelle à arrêter l’insurrection, d’autant plus que les insurgés rappellent des troupes du front pour protéger Barcelone.

Arrive alors à Barcelone les principaux responsables de la CNT: la ministre de la santé Frederica Montseny (également une des responsables de la FAI), le ministre de la justice Garcia Oliver (lui aussi membre de la FAI) et le secrétaire général de la CNT Mariano Vázquez, qui font cesser les combats.

Mais une fraction refuse; le 5 mai les « amis de Durruti » (qui ont alors de 4 à 5.000 membres) affirment que le pouvoir ne doit passer que par la CNT-FAI et le POUM.

Leur proposition de prise de pouvoir se conclut par leur exclusion de la CNT.

Une seconde grande bataille politique interne a lieu alors dans les forces républicaines.

S’appuyant sur les trotskystes du POUM, le chef du gouvernement Largo Caballero tente de former un nouveau gouvernement excluant les communistes, chose catégoriquement refusée par le PSOE qui affirme qu’il ne participerait pas à un gouvernement sans le PCE. Le PCE accuse le POUM d’être à l’origine des affrontements de début mai, de putschisme, et exige sa dissolution.

Le POUM, avec quelques dizaines de milliers d’adhérents et des dirigeants exclus du PCE pour positions droitières, se considère comme héritier de Lénine et de l’URSS mais mène un combat acharné contre le PCE et le front antifasciste.

Il est pour l’accomplissement immédiat de la révolution socialiste et ainsi pour supprimer les partis républicains qualifiés de bourgeois et contre-révolutionnaires. Le POUM mène ainsi campagne contre le drapeau républicain, contre l’armée républicaine qualifiée d' »armée d’automates », etc. Il est soutenu par des cadres trotskystes venus du monde entier.

Le POUM tient ainsi un discours ultra-gauchiste, affirmant qu’il ne faut compter que sur les forces syndicales et le POUM pour mener la révolution.

Son comité central dirigé par Andrés Nin (ancien secrétaire national de la CNT avant 1917) dit ainsi en 1937 que

« La campagne menée avec les mots d’ordre « gagner d’abord la guerre, faire ensuite la révolution » et « tout pour et par la guerre » cachait l’intention de noyer la révolution afin de pouvoir, une fois les mains libres, négocier une paix « blanche ». »
(La signification des journées de mai face à la contre-révolution).

Le POUM montre son caractère trotskyste en soutenant qu’il faut allier tous les partis mais nier les droits d’expression politique du PCE, du PSUC et des républicains, c’est-à-dire de fait saboter le front antifasciste.

« Il faut opposer le Front Ouvrier Révolutionnaire au Front Populaire Antifasciste, synonyme de collaboration de classe et de politique contre-révolutionnaire. POUR LA DEFENSE DE LA REVOLUTION ! POUR LE GOUVERNEMENT OUVRIER ET PAYSAN ! » (La signification des journées de mai face à la contre-révolution)

Après les journées de mai, où le POUM a clairement cherché au terme de provocations l’affrontement avec le PCE, le front populaire dissout le POUM, qui est sans cesse attaqué politico-militairement par le PCE; le POUM est alors finalement liquidé. Le PCE est il vrai devenu une force majeure; en mai 1937 il a un million d’adhérent (la CNT a trois millions de syndiqués).

C’est alors Negrin qui forme le nouveau gouvernement, composé de 3 socialistes, 2 communistes, 2 républicains, 1 patriote catalan et 1 patriote basque.

De fait, le PSOE et le PCE se son rapprochés; l’objectif du PCE est d’arriver à la fusion. Les bases des syndicats CNT et UGT sont partagés. Néanmoins, la CNT refuse de participer au gouvernement national (tout en restant dans le gouvernement catalan).

Ce qui n’empêche qu’au niveau international le mouvement anarchiste se déchire.

En juin 1937 la Fédération Anarchiste française dénonce très violemment la position de la CNT espagnole et charge très durement ses leaders dans un numéro spécial de « Terre libre », publié par des personnalités historiques comme André Prudhommeaux et Voline.

Mais la base de la CNT, comme celle de l’UGT, est favorable à une participation à la république.

Une année plus tard, la CNT y participera finalement.

La république unifiée contre le fascisme

La situation correspond pour le PCE, dans la grille de lecture marxiste-léniniste, à la défense d’une république de type nouveau, dirigé contre l’aristocratie terrienne et le capital monopoliste.

La révolution socialiste n’est pas à l’ordre du jour; une position décriée par les gauchistes et une fraction des anarchistes.

Il s’agit dans cette phase de supprimer le féodalisme, de donner la terre aux paysans, mais pas de rompre avec les alliés de la lutte anti-fasciste que sont la petite-bourgeoisie et les bourgeoisies des nations opprimées. Le PCE pousse à l’unité des gouvernements républicain, de la généralité catalane et du gouvernement autonome de d’Euzkadi, repoussant les velléités de la bourgeoisie nationale au séparatisme au moment où le Front doit être centralisé.

La situation militaire est néanmoins terriblement difficile. En juin, c’est Bilbao qui est prise par les rebelles en raison d’une série de trahisons permettant aux rebelles de détruire toute la défense puis même d’une rébellion. En conséquence, une contre-offensive est menée à Brunete, non loin de Madrid, en juillet.

Y participent 50.000 hommes des Brigades Internationales, avec 100 tanks soviétiques et 100 avions soviétiques (soit la moitié des forces aériennes soviétiques.)

C’est à cette occasion que meure le 9 juillet le commandant du bataillon Abraham Lincoln Oliver Law, membre du Parti Communiste des USA, premier afro-américain ayant la charge de diriger une force militaire organisée. Si la retraite de l’armée basque a pu être soutenu, le 19 juillet les troupes républicaines sont tout de même obligées de reculer devant la puissance de feu rebelle.

Le gouvernement républicain continue sa réorganisation; le 10 août le « Consejo de Aragon », administration anarchiste parallèle en Aragon, est dissoute.

Le 24 août, visant la reprise de Saragosse, les républicains lancent une offensive sur les villes de Belchite et Quinto, fortement défendues par 7.000 miliciens fascistes.

Mais le 26 le front basque s’écroule, Santander est prise, 60.000 hommes de l’armée républicaine et basque fait prisonniers. L’Etat basque cesse d’exister. Des quantités très importantes d’armes sont saisies, mais les rebelles empêchent les Anglais, sous contrôle italien, d’embarquer les réfugiés comme le prévoyait un accord.

En octobre, ce sont les Asturies qui tombent. La guérilla continuera néanmoins dans le maquis jusque dans les années 1960.

Le 20 octobre Gijon est prise, la population massacrée.

Les rebelles contrôlent tout le nord du pays. Ils ont perdu 100.000 hommes, les républicains 250.000.

Le 1er octobre l’UGT avait expulsé de ses rangs Largo Caballero qui attaquait systématiquement l’unité avec le PCE.

Le front républicain se resserre et rejette toute critique.

Le 21 octobre le gouvernement s’installe à Barcelone, dernière région industrielle encore sous contrôle républicain. Le 2 novembre le gouvernement basque en exil s’y installe également, invité par la Catalogne.

En décembre 1937, l’armée populaire lance une grande offensive et reprend la capitale provinciale à Teruel le 7 janvier 1938, au moment où l’on s’attendait à ce que Franco mène une offensive sur Madrid.

C’est un grand succès pour les républicains, que l’on voyait dans une situation insoutenable, et un véritable désastre pour les rebelles.

Mais ils ont le soutien germano-italien, alors que la frontière française empêche toujours le passage des armements soviétiques. Les rebelles reprennent Teruel le 22 février, et lancent une grande offensive qui brise la défense républicaine en Aragon et dans une partie de la Catalogne. La population de Teruel qui ne s’est pas enfuie est massacrée par les rebelles.

En décembre 1937 l’Association Internationale des Travailleurs, l’Internationale syndicale anarcho-syndicaliste, décide de suspendre toute critique de la CNT dans les organes du mouvement.

En janvier 1938 la CNT tient son congrès national concernant les questions économiques. Pour la première fois le comité national a préparé auparavant ses propres positions et sa décision d’unifier les positions idéologiques officielles de la CNT dans sa propre presse ne rencontre aucune opposition. La CNT se centralise de fait, au grand dam de l’opposition mené par de certains membres de la FAI.

Le 18 mars 1938 la CNT approuve ainsi un document de programme unifié avec l’UGT.

Le pacte marque la reconnaissance de la primauté de l’Etat central sur tous les aspects de l’économie déjà collectivisée.

Les contradictions entre la direction majoritaire de la CNT et la FAI se font de plus en plus dures, d’autant plus qu’en mai la CNT rentre au gouvernement, malgré l’opposition de la FAI.

La CNT est en manque d’imploser à son congrès d’Octobre, d’autant plus que va se former dans l’année un comité exécutif du mouvement libertaire, sorte de direction centrale de la CNT, de la FAI et des jeunesses libertaires.

Le tournant militaire et la défaite

En avril c’est la catastrophe. Les rebelles atteignent l’océan le 15, divisant en deux la république.

Negrin annonce alors un programme en 13 points, consistant en un retour à la société d’avant la guerre civile, pour gagner un maximum de monde.

Le 3 juin une page héroïque dans la vallée de Bielsa.

Feignant une retraite, les 8.000 hommes de la 43ème division attendent dans leurs tranchées les 15.000 rebelles et lancent une offensive lorsque ceux-ci sont à quelques mètres.

Obligés par la suite de reculer suite aux bombardements de la légion condor jusqu’à la frontière française des Pyrénées, toute proche, seul 411 soldats acceptent de rester en France, 6.889 soldats décident de retourner dès que possible se battre en Espagne.

De fait, l’armée républicaine a encore 750.000 soldats.

Mais elle fait face à l’armée régulière italienne (100.000 hommes), à 60.000 mercenaires marocains et 1 million de soldats de l’armée franquiste, appuyée par l’aviation allemande ultra moderne.

En juin les rebelles lancent l’offensive dans le Levant, elle est battue par la contre-offensive de l’Ebre menée par les républicains.

L’objectif des fascistes était Valence, Barcelone et Madrid étant encore trop protégées.

100.000 soldats républicains traversent la rivière Ebre pour couper les lignes fascistes.

C’est une victoire, mais de courte durée: il n’y plus de munitions, alors que les troupes rebelles bénéficient d’un renforcement constant et d’un appui aérien énorme. Bientôt 200 avions rebelles interviendront en même temps, c’est la première fois dans une guerre moderne.

Le 21 septembre, le chef du gouvernement Negrin annonce alors à la société des nations le retrait de tous les volontaires étrangers de l’armée républicaine.

Il espère ainsi que la pression sera suffisante pour forcer un retrait des troupes germano-italiennes et portugaises.

Il considère que les 500.000 soldats républicains pourraient tenir seuls face aux rebelles sans l’intervention étrangère.

Les Brigades Internationales défilent donc dans les rues de la république, acclamées par la foule. C’est La Pasionaria qui le 15 novembre 1938 tient le discours d’adieu.

Les Brigades Internationales quittent donc l’Espagne le 21 octobre, mais ne peuvent aller au Mexique pourtant prêt à les accueillir : le comité de non-intervention supervisé pour les Anglais bloque les ports républicains et la France ferme ses frontières. Le 9 octobre avait commencé une « semaine mexicaine », pour saluer le seul pays avec l’URSS qui a soutenu la république.

La situation est quasi désespérée. La guerre approche en Europe et les républicains espèrent que l’Angleterre et la France vont commencer à les appuyer.

En décembre a lieu l’offensive rebelle contre la Catalogne, la ligne de front républicaine s’est effondrée sur l’Ebre.

La mobilisation est totale en Catalogne, l’état de guerre est proclamée dans toute la république pour la première fois.

Les rebelles concentrent toutes leurs forces sur la Catalogne, bastion communiste, alors que ce sont les autres républicains qui dominent la région de Madrid à Valence.

Barcelone est prise le 26 janvier, 35.000 personnes sont massacrées les premières semaines.

Le 9 février toute la Catalogne est aux mains des rebelles. 500.000 personnes fuient vers la frontière française.

Le 10 février les rebelles contrôlent toute la frontière avec la France.

Dans les rangs républicains l’esprit de capitulation prédomine totalement, sauf chez Negrin et le PCE.

Des affrontements ont lieu à Catagena, qui profitent bien entendu aux fascistes.

Le 5 mars a lieu un putsch visant à exclure les communistes et Negrin et ouvrir des négociations avec les rebelles, formant un « conseil de défense national ».

Le 6 mars les communistes sont arrêtés.

Le 7 est proposé à Franco une capitulation conditionnelle.

Celle-ci est refusée.

Les affrontements armés continuent dans tout Madrid.

Le putsch a été appuyé par les anarchistes, avec à leur tête Cipriano Mera.

Militant de la CNT bâtiment et vétéran de l’insurrection des Asturies de 1933, Mera deviendra le chef d’une milice anarchiste en 1936 puis lieutenant-colonel et enfin commandant du 4ème corps d’armée dans la région du centre après son rôle dans la bataille de Guadalajara en mars 1937.

Il fut l’un des partisans les plus actifs de l’introduction de la hiérarchie et de la discipline dans l’armée.

Il fit des déclarations fracassantes comme quoi la guerre finie il redeviendrait simple maçon.

Ce qu’il fit en effet en France après une période de prison à la chute de la république.

Les putschistes continuent les négociations avec les rebelles et poussent la population à capituler.

Le 28 mars les rebelles entrent dans Madrid sans rencontrer de résistance.

Des 25 millions d’Espagnols, 2 millions sont en prison. Les fascistes ont exécuté pendant la guerre 200.000 personnes (les républicains 20.000), puis 200.000 de 1939 à 1943.


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