[extraits principaux]
Ce dont nous avons besoin, c’est d’une «… discussion ouverte, solidaire et critique − et cela tout particulièrement dans une période comme celle d’aujourd’hui, où il y a tant de questions et de proclamations d’efficacité sociale −, afin d’apprendre les un/e/s des autres, de trouver des voies ! » (Norbert Hofmeier, prisonnier de la résistance).
Nous trouvons difficile de saisir de manière complète les contradictions politiques qui ont amené à la scission d’une partie des prisonnier/e/s de nous. Il n’y a rien à tirer de slogans bornés comme « apolitiques » ou « liquidation », ou encore des dénonciations.
La séparation d’une partie des prisonnier/e/s vis-à-vis de ce que nous avons dit et fait a toujours été plus clair ces deux dernières années. Leurs propres conceptions et ce qu’ils/elles veulent eux/elles mêmes n’a pas été et n’est pas clair pour nous. A cela s’ajoute que beaucoup de leurs propos étaient extrêmement contradictoires et extensibles.
Les contenus politiques ont été oublié avec la scission d’un « deal » qui n’a jamais eu lieu et les débats qui s’en sont suivis. Pour cette raison nous exprimons encore une fois certaines pensées, de quoi il a consisté et consiste politiquement.
Cela nous étonne qu’aujourd’hui il vienne comme révélation et critique que nous n’ayons aucune stratégie, alors que depuis avril 1992 nous voulons une discussion où de nouvelles conceptions soient développées pour le futur d’une politique révolutionnaire.
Nous sommes partis du fait que les résultats d’une discussion, c’est-à-dire une redéfinition, ne pouvaient être gagnés que d’une discussion commune et ne pouvait pas être anticipé (par nous).
La critique avance que cela pourrait être aujourd’hui l’affaire d’un groupe de développer, comme qui dirait « de l’extérieur », une conception et de la faire passer à d’autres. Et cela sans viser la transformation de nous et d’autres, dont on ne parle même plus.
Nous partons comme auparavant du fait qu’une nouvelle conception et l’organisation future doit refléter les expériences et discussions des domaines les plus différents de la résistance. Il est absurde de penser que justement un groupe illégal pourrait amener à lui seul une conception globale du monde.
Tous ceux/Toutes celles qui se retrouvent dans une redéfinition doivent prendre leur responsabilité ; évidemment nous aussi.
Par « contre-pouvoir par en bas » nous avons amené un début de conception, nous voulions donner une direction. Nous partons du fait que l’orientation, « unité des révolutionnaires », était beaucoup trop étroite.
Non seulement la vue qui concerne le développement nécessaire des luttes, mais aussi ce qui concerne une compréhension globale de la situation. Cela n’est pas possible dans la concentration exclusive dans l’organisation révolutionnaire, même si cela en reste une condition.
Nous avons besoin d’un mouvement émancipateur, qui n’est pas seulement dans la situation de lutter contre la stratégie des dominants, mais en plus capable de développer une alternative, de construire une contre-force sociale, qui à partir de la conscience de soi oppose ses propres conceptions d’une vie digne de l’être humain à la négativité et la destruction du système capitaliste.
Un mouvement émancipateur doit mener les conflits contre tous les rapports d’oppression, comme les contradictions de classe, le racisme, le sexisme, afin d’en arriver a leur abolition par la lutte.
Il s’agit de la construction d’un contre-pouvoir qui développe non seulement la volonté mais aussi la capacité d’imposer ses buts contre le pouvoir du capital.
Nous ne partons pas de conditions qui feraient de la construction d’un contre-pouvoir social par en bas une chose facile en Allemagne. La conscience de la gauche est elle aussi, définie par la vie dans la métropole.
Il est souvent facile ici de mener des luttes sectaires plutôt que d’introduire les efforts et la volonté pour développer des bases communes et s’organiser. Quand les Indigènes du Chiapas disent : « ce peuple est né rebelle et plein de dignité », cela n’exprime pas notre vie/nos sentiments ici. Mais un regard simplement arrogant ou résigné « des autres » n’exprime que le fait d’abandonner sa propre histoire : ici personne ne naît révolutionnaire.
Et il est catastrophique de laisser le « bas » [de la société] aux fascistes. Aujourd’hui la gauche n’est pas existentiellement absente parce qu’il n’y a pas de gauche, mais parce qu’elle ne cherche pas à développer une force commune.
Nous avons dit qu’une politique révolutionnaire se doit d’être en mesure de lutter (victorieusement) pour des changements concrets. Cela n’a rien à voir avec une politique de réforme basée sur l’intégration [au système].
Il s’agit pour nous d’un processus d’appropriation qui ne sera terminé que par le renversement total des rapports dominants (au moins dans sa première étape).
Ce n’est pas seulement la situation des peuples au Sud et à l’Est qui montre que cela est nécessaire. Le développement politique rapide et destructeur, social et écologique rend là aussi cela existentiel.
Partout dans le monde les révolutionnaires (se) posent te devoir de pouvoir développer un contre-pouvoir social. Une base pour un long souffle pour la révolution mondiale.
Un processus d’appropriation qui commence aujourd’hui déjà dans les conditions de domination globale du capital et qui doit être imposé et défendu contre elles.
« Le pouvoir n’est pas conquis, il est construit » (Eleuterio Fernandez Huidobro, dit Nato, Tupamaros).
Les camarades des trois continents [Afrique-Asie-Amérique latine] soulignent qu’ils/elles voient le développement en Allemagne comme une menace pour les peuples à l’échelle du monde.
Aujourd’hui la tâche prioritaire de la politique internationaliste de la gauche en Allemagne ne peut être que : développer le rapport de force ici et dans cette société de telle manière qu’il nous soit favorable.
Ceci est réclamé de nous par des camarades des trois continents, et ils/elles ont raison. C’est là que commence l’internationalisme. C’est notre responsabilité.
La responsable qui consiste à construire une contre-force efficace qui (s’)amène (dans une) situation où non seulement les fascistes et les racistes sont stoppés dans la rue, mais aussi où la bête « Allemagne » ne peut pas amener, dans te cadre de l’OTAN, de l’ONU et du marché mondial, ses armées à défiler.
La radicale d’une gauche internationaliste ne se réalisera pas dans les déclarations de volonté et les slogans seulement radicaux en parole ; nous ne serons radicaux/radicales que lorsque nous aurons réussi à devenir un facteur efficace, dans une lutte partout dans le monde pour de vrais changements, pour la vie des « masses mondiales », une lutte internationale pour la dignité humaine.
Cela est existentiel.
Ce processus ne pourra devenir réalité que si le contenu social de nos luttes est identifiable. Une lutte émancipatrice ne peut pas que transporter le « contre », la négation, mais doit développer une alternative.
A la folie du capitalisme, à la barbarie du marché, de l’utilisation des êtres humains et de la nature, doit être opposé le sens social du contre-projet orienté vers les personnes et la nature. Et ainsi rendu compréhensible le sens social des luttes révolutionnaires.
La lutte pour la révolution sociale est en contradiction avec toutes les formes de domination, avec le pillage des peuples, avec le racisme et le sexisme.
L’appropriation de la vie sociale générale, la liberté d’une organisation par soi-même de sa vie dans le monde, au lieu de la soumission à la logique de l’utilisation du capital, ne peut être obtenu que par la lutte contre tes rapports dominants.
Il ne s’agit pas de manière de vivre alternative, qui s’arrange avec te système. Cela n’a aussi rien à voir avec le « prépolitique ». Le « social » est le noyau de la révolution.
Nous sommes arrivés avec le développement de ces dernières années jusqu’à la scission à un bas niveau : nous n’avons pas réussi à amener les expériences de 23 années de lutte dans ce processus, ensemble, comme connexion politique prisonnier/e/s-RAF.
C’est une défaite. La connaissance sociale de notre lutte, nous sommes encore plus loin que les années passées − et ce la RAF comme les prisonnier/e/s. Cela doit être modifié, et amènera de nouveaux élans.
Le dernier mot à ceux/celles qui ont fait progresser d’un grand pas par leur lutte, dans la lutte de par le monde pour une révolution sociale :
« encore domine le vent d’en haut, le vent d’en bas vient, et après vient la tempête. Cela sera ainsi. Lorsque la tempête s’apaise, lorsque la pluie et le feu laisse la terre en paix, alors le monde ne sera plus ce monde mais quelque chose de mieux » (EZLN, Mexico, Août 1992)