Ernst Busch, Bertolt Brecht et Hans Eisler sont trois artistes allemands indissolublement liés par des dizaines d’années de travail commun dans le domaine du théâtre et de la chanson. Tous trois appartiennent à la même génération de combattants pour un art révolutionnaire authentiquement novateur et historiquement significatifs.

Ernst Busch en 1946

Ernst Busch en 1946

« L’art commence là où il y a une tendance » disait Vladimir Maïakovski. L’art de Bush-Brecht-Eisler est entièrement tendancieux et idéologiquement orienté. Rappelons-nous la pièce de Brecht « Galilée », la musique d’Eisler et Busch dans le rôle principal.

Rappelons-nous des dizaines de belles balades et chansons des mêmes auteurs qui sont entrées dans le patrimoine de l’art populaire. Le meilleur et inimitable interprète de ces chansons a été et reste Ernst Busch que Brecht, pourtant avare de louanges, qualifiait d’« artiste génial ». Et le compositeur Eisler, qui a travaillé côte à côte avec Busch pendant de nombreuses années, a écrit :

« Il n’y a pas sur terre un seul homme qui chanterait ces chansons mieux que Busch. Il les chante si bien parce qu’il les comprend… »

Oui, Busch comprend bien ce qu’il chante et pourquoi il chante. Pour lui, chanter, c’est apporter aux auditeurs un message de poids, une image musicale ciselée, indissolublement liée à ce message.

Ernst Busch est né le 22 janvier 1900 dans la ville de Kiel dans la famille d’un ouvrier du bâtiment. Il commence à travailler à l’âge de 15 ans dans une usine, en qualité d’apprenti ajusteur. Ses dons de comédien et de chanteur sont remarqués de bonne heure, et dès le début des années 20, il devient comédien professionnel. Il joue dans le célèbre théâtre berlinois d’Ervin Piscator, tourne des films, participe aux premières représentations de l’« Opéra de quatre sous ».

Busch cumule son travail au théâtre et au cinéma avec des apparitions dans les « cabarets rouges », les clubs ouvriers et les meetings où il interprète des chansons politiques le plus souvent sur des paroles de Brecht et une musique de Hans Eisler.

Voici justement « Solidaritätslied » (Chant de la solidarité), écrit par Bertolt Brecht, mis en musique par Hanns Eisler et chanté par Ernst Busch :

Cliquez sur l’image

Le poète, le compositeur et le chanteur ont des buts communs, un langage commun et ils ont créé un style de chanson, qui a exercé une profonde influence sur l’art de la chanson contemporaine non seulement en Allemagne, mais aussi chez de nombreux peuples d’Europe et d’Amérique.

Lors de la prise du pouvoir par les nazis, tous trois furent contraints, comme bon nombre d’éminents intellectuels allemands, de quitter le pays. Commence alors pour Ernst Busch, une période de dures épreuves.

Après la prise du pouvoir par les nazis, Ernst Busch est recherché par les SA, mais réussit à leur échapper. Il quitte l’Allemagne avec sa femme Eva Zimmermann, d’abord pour la Hollande. Par la suite, il séjourne en Belgique, en Suisse, à Paris, à Vienne et finalement en Union soviétique, où, en 1935, il collabore au film « Kämpfer » de Gustav von Wangenheim.

En 1937, il part en Espagne rejoindre les Brigades internationales. Il combat le fascisme par ses chansons, devant les membres des Brigades ou à Radio Madrid.

Ernst Busch quitte l’Espagne en juillet 1938 et retourne en Belgique où il participe à des émissions de radio, donne des concerts et enregistre des disques.

Il est arrêté à Anvers le 10 mai 1940 et déporté en France, où il est interné jusqu’en 1943 au camp de Saint-Cyprien puis au camp de Gurs (alors Basses-Pyrénées, actuellement Pyrénées-Atlantiques).

Il réussit à s’évader mais est de nouveau arrêté à la frontière suisse par la gendarmerie française qui le livre à la Gestapo. S’ensuivent deux autres années terribles dans les prisons hitlériennes de Berlin et de Brandebourg.

La libération longtemps attendue vint enfin au printemps de 1945, apportée par l’Armée rouge soviétique victorieuse.

Peu de temps après la libération, Busch revient à Berlin. Il est à nouveau à son poste de combat : il réadhère  au Parti communiste ; il joue dans le nouveau théâtre de Bertolt Brecht, le Berliner Ensemble, dans les pièces « Le cercle de craie caucasien » et « Mère courage », et crée le personnage inoubliable de Galilée dans la pièce « La vie de Galilée ».

On entend à nouveau à Berlin la voix du chanteur-tribun qui interprète des chansons politiques antifascistes, des chansons qui invitent le peuple allemand à un travail créateur pacifique.

A partir de 1960, Ernst Busch travaille inlassablement pour enregistrer son répertoire immense de chansons. Dans la série Aurore de la firme berlinoise Deutsche Schall, sont sortis près de trente albums, contenant l’enregistrement de plus de 250 chansons révolutionnaires de combat, satiriques, politiques, qui constituent d’après le projet de Busch une sorte de « Chronique en chansons de l’Europe du XXe siècle ».

Ernst Busch est décédé le 8 juin 1980 dans l’ancienne République Démocratique Allemande devenue révisionniste. Il est enterré au cimetière de Pankow, Kurt Fischer Strasse, à Berlin.


Revenir en haut de la page.