Publié dans Unité Rouge n° 72, le 21 juin 1976

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Ce n’est qu’aujourd’hui que nous prenons connaissance d’un document intitulé : « 2ème Conférence nationale de l’UC(ML)B » émanant de la clique Nejszaten-Minet. Ces individus, qui continuent à abuser du nom de notre organisation après leur trahison et après la scission survenue le 30 mars, tentent ainsi de jeter de la confusion à propos de l’UC(ML)B et de sa ligne politique. Ils apportent cependant eux-mêmes la preuve de leur escroquerie, en révisant, selon leurs conceptions anarchistes et putschistes, la plate-forme politique que l’UC(ML)B a adopté à l’unanimité à la Ière Conférence nationale, en avril-mai 1975.

Une attaque contre le marxisme-léninisme et le mouvement communiste international

La soi-disant Conférence a prétendu apporter l’amendement suivant à la plate-forme politique de l’UC(ML)B (art.24) :

« Ce retard (politique, théorique et organisationnel du mouvement marxiste-léniniste sur les besoins et les désirs du prolétariat) a été provoqué essentiellement par la trahison du parti social-démocrate et du parti communiste, préparée de longue date par des comploteurs sociaux-fascistes agitant le drapeau rouge pour en usurper la direction, aidés par des arrivistes bourgeois, avec la complicité d’opportunistes et s’appuyant sur l’aristocratie ouvrière, la petite bourgeoisie et le Lumpenproletariat. Pour préparer idéologiquement la classe ouvrière à la révolution socialiste et pour démasquer les traitres à la tête des partis et organisations ouvrières, il est indispensable de mener la révolution idéologique sous la forme d’une large mobilisation des masses afin de démasquer l’hypocrisie de la démocratie bourgeoise et de ses agents et de propager la nécessité de la dictature du prolétariat. »

Appliquant leur géniale découverte du « complot universel » à tout le mouvement ouvrier européen, Nejszaten-Minet écrivent dans le « Communiqué » sur la soi-disant Conférence :

« Un amendement à la plate-forme de l’UC(ML)B l’a enrichie théoriquement sur le rôle des comploteurs social-fascistes dans la dégénérescence des partis d’Europe et sur-la méthode pour vaincre les comploteurs et leur ligne : la révolution idéologique ».

Nejszaten-Minet tendent ainsi à substituer, dans les questions fondamentales de la lutte de classes et de la révolution, une conception anarchiste à la conception scientifique du marxisme-léninisme. Par la même occasion, ils s’attaquent directement au mouvement communiste international.

L’amendement est le résumé du texte provocateur « De l’audace et c’est la révolution ; hésiter et c’est la défaite », dont il reprend la substance. Il appelle la même critique radicale.

Le marxisme-léninisme enseigne que la victoire de la révolution dépend d’un ensemble de conditions, tant objectives que subjectives. L’acuité des contradictions entre exploiteurs et exploités (situation de crise, de guerre) et la préparation idéologique du prolétariat et de son parti, en sont plus marquantes. Le degré d’influence du révisionnisme et du réformisme est un facteur important qui intervient dans ces conditions. Cette influence des chefs de file traîtres du mouvement ouvrier a une base objective : la corruption d’une partie de la classe, l’aristocratie ouvrière, achetée par les surprofits de l’impérialisme. A son tour, elle constitue un frein à la prise de conscience révolutionnaire des masses ouvrières : c’est pourquoi la liquidation de l’influence bourgeoise sur le prolétariat est une tâche essentielle des communistes. Lénine écrivait qu’« il est impossible de conquérir le pouvoir politique (…) aussi longtemps que cette lutte (contre le réformisme) n’a pas été poussée jusqu’à un certain degré. » (t.31, p.47).

Tout cela est l’abc. Mais Nejszaten-Minet prétendent réviser ces vérités en faisant de la question du réformisme et du révisionnisme une question de personnes ; selon eux, si la révolution n’a pas encore triomphé en Europe occidentale, cela serait dû à l’action menée « de longue date » par des « comploteurs sociaux-fascistes agitant le drapeau rouge ». Ces conspirateurs, ces blanquistes de la contre-révolution, sont pour N-M le dernier mot ; l’explication profonde du retard du mouvement révolutionnaire dans nos pays. L’« enrichissement théorique » que constitue, selon eux, cette clé magique qui doit ouvrir l’accès au pouvoir, n’est qu’une révision particulièrement grossière et imbécile du marxisme-léninisme et de l’histoire du mouvement ouvrier et communiste.

Nejszaten-Minet « complètent » et « concrétisent » cette « théorie » en prétendant découvrir et avoir découvert déjà des comploteurs au sein de la direction de la plupart des partis communistes (marxistes-léninistes). Le Rapport d’activité du Comité central de juin 1975 à avril 1976 présenté à la soi-disant Conférence fait allusion à cela : « Le mouvement communiste international (marxiste-léniniste) se développe, malgré le sabotage des comploteurs révisionnistes camouflés en son sein ». En accusant ainsi tout le monde et personne, sans pouvoir avancer la moindre preuve de leurs pires allégations, Nejszaten-Minet se sont lancés dans une tentative criminelle visant à discréditer et à diviser le mouvement communiste international.

La « révolution idéologique » de la clique N-M est une parodie crapuleuse de la Grande Révolution culturelle prolétarienne en Chine. Le prolétariat et le peuple travailleur chinois ont démasqué et chassé les dirigeants traîtres infiltrés à la tête du Parti et de L’Etat. Cette victoire révolutionnaire a été acquise grâce à l’élévation du niveau de conscience politique et idéologique des masses, à leur connaissance approfondie des deux lignes, à l’assimilation toujours meilleure du marxisme-léninisme, réalisée sous la conduite du PCC. Qu’est-ce que la misérable clique dont nous devons parler ici peut bien avoir de commun avec cette glorieuse révolution ?

S’en prendre à une politique en concentrant l’offensive sur ses représentant, et disqualifier ces individus au moyen d’attaques personnelles, cet « enrichissement théorique et pratique » n’est pas autre chose que la vieille démagogie anarchiste et fasciste. De pareille conceptions ne mènent et ne peuvent mener qu’à une politique aventuriste de coup de force et d’attentats, de campagne de calomnie et de scandales. Cette politique contre-révolutionnaire est promise à un échec complet.

Une politique scissionniste effrénée

La soi-disant Conférence serait, à en croire la clique, une « étape importante vers la fondation du Parti et vers la révolution ». Elle doit annoncer « le Congrès de fondation du Parti », pour septembre prochain. La « tâche » à remplir d’ici là, vis-à-vis du mouvement marxiste-léniniste, est de rallier tous les marxistes-léninistes du pays dispersés dans AMADA, Lutte Communiste et la fraction Pollet » (c’est-à-dire l’UC(ML)B, NDLR). La clique affirme, en effet, avoir établi, preuves à l’appui, que les dirigeants des trois organisations marxistes-léninistes sont, bien entendu, des « comploteurs » ! « AMADA n’a jamais été une organisation marxiste-léniniste », écrivent Nejszaten-Minet dans ce qu’ils intitulent « Unité Rouge, n°72 ».

Ainsi est rejetée en quelques mots la ligne de l’UC(ML)B pour l’unification des communistes et la reconstruction du parti ; ainsi est reniée la lutte de cinq années pour l’unité, que Nejszaten et Minet avaient eux-mêmes activement menée et dirigée à la tête de notre organisation. Ils ont « résolu » le problème, en le supprimant. Ils se sont alignés sur les pires positions scissionnistes, s’estimant la « seule » organisation communiste du pays et traitant tous les dirigeants communistes de « comploteurs » notamment parce qu’ils ont mis en accusation leur propre anarchisme, leur propre social-fascisme.

N-M ont assez d’aplomb pour se réclamer toujours encore de la ligne de l’UC(ML)B. Ils écrivent notamment dans leur Rapport d’activité : « La Ière Conférence nationale de l’UC(ML)B fut une victoire décisive de la ligne révolutionnaire marxiste-léniniste sur les lignes révisionniste, dogmatique et opportuniste au sein du mouvement marxiste-léniniste. » Or, la question principale qui a toujours opposé, au sein de notre mouvement, les communistes conséquents de l’UC(ML)B aux autres organisations marxistes-léninistes a précisément été la question de l’unité. La plate-forme de l’UC(ML)B prévoit que :

« La tâche centrale de la reconstruction du Parti communiste (marxiste-léniniste) de Belgique se réalisera par l’unification des organisations marxistes-léninistes. » (art.28). Cet article s’oppose aux conceptions sectaires d ‘AMADA et de LC qui soumettent l’unification des communistes à des « conditions » de leur crû. Aujourd’hui N-M dénoncent ces organisations avec lesquelles l’UC(ML)B recherche l’unité.

Le scissionnisme de N-M ne s’est pas exercé seulement à l’égard d’AMADA et de LC. Les coups les plus sensibles ont été portés contre l’UC(ML)B elle-même.

Nejszaten-Minet sont démasqués devant l’ensemble du mouvement marxiste-léniniste. La grande majorité de l’UC(ML)B − environ 84 % des membres − les a rejetés avec dégoût. Pour l’essentiel, la victoire du communisme sur l’anarchisme est donc acquise. La minorité qui demeure encore actuellement sous l’emprise de la clique est presque entièrement concentrée à Liège. Nejszaten fait grand cas de l’adhésion à sa cause d’ouvriers révolutionnaires issus de grandes usines. Cette adhésion de quelques éléments est réelle et s’explique par les antécédents anarchistes ou le manque de formation communiste de ces ouvriers honnêtes que la clique a réussi à tromper. Une démagogie gauchiste entretient cet état de choses.

Opposer systématiquement au sein de l’organisation les camarades ouvriers aux membres d’origine petite-bourgeoise ; créer des contradictions entre les différents centres régionaux, baptisés pour la circonstance « centre ouvrier » ou « centre petit-bourgeois » : ces manœuvres, parmi d’autres, ont permis à la clique de provoquer des antagonismes artificiels au sein de l’UC(ML)B et, aujourd’hui, d’entretenir chez certains l’illusion qu’elle est l’avant-garde de la révolution en Belgique.

La destruction de la conscience communiste des militants

Ce qu’est en réalité la lutte de la clique contre les « comploteurs » et les « arrivistes », la soi-disant Conférence en donne un exemple, à propose de « l’arriviste » L.B.

Le Communiqué parle de l’« épuration » du « 1er suppléant du Comité central », dont elle aurait découvert « la nature arriviste », alors qu’il « venait de capituler ouvertement et d’apporter un soutien objectif à la ligne des comploteurs ».

L’accusation qui est portée contre lui est, comme d’habitude, à effet rétroactif et doit discréditer son passé politique tout entier : « (il) n’a jamais apporté qu’un soutien de façade à la ligne d’UC, dans le but de préserver ses privilèges de cadre. »

Nejszaten et Minet ont obtenu des « aveux » complets − ce qui démontre sinon le bien-fondé de l’accusation, du moins l’efficacité de la méthode.

Cette méthode est exposée en détail par les acteurs eux-mêmes, la clique et ses victimes consentantes : les manœuvres qu’ils attribuent aux « comploteurs » et aux « arrivistes » sont exactement celles qu’ils trament eux-mêmes. Le portrait qu’ils font des prétendus « comploteurs » du mouvement marxiste-léniniste n’est ainsi que leur propre miroir.

Manoeuvre n°1 : traiter toutes les contradictions de façon antagonique.

C’est la tactique qui est attribuée par L.B. à Eric Pollet à son égard, notamment en 1972 (lutte contre le fractionnisme), en 1973 (critique des erreurs commises à Caterpillar), en 1974 (critique des erreurs commises à Bouffioulx).

Manoeuvre n°2 : écarter les contradictions politiques au profit des questions personnelles, en traitant ces questions en termes de morale, de défauts ou de faiblesses. Les problèmes idéologiques et psychologiques − parmi lesquels l’attitude observée envers la clique (soumission ou révolte) joue un rôle décisif deviennent des questions politiques, des questions « de ligne ». Une fois le « point faible » de l’accusé trouvé, la clique procède à un matraquage en règle, afin d’intimider sa victime, de la briser et de se la soumettre.

Luce Minet déclare hardiment :

« La lettre de L.B. est sur la ligne des comploteurs : les positions ne sont pas prises en fonction de la ligne politique (coupe les personnes de la ligne). Quelle ligne suit Pollet ? Quelle ligne suivent Michel et Luce ? » Mais elle-même dans la suite de sa tirade, ne pipe pas un mot sur quelle que « ligne politique » que ce soit et ne cesse d’accabler L.B. au moyen d’accusations de « morale communiste » etc., qui ne sont d’ailleurs pas autrement précisées.

L.B. lui-même abonde dans le même sens. Au point de vue politique nous apprenons qu’il a eu à certains moments des lueurs de conscience : « je me suis trouvé d ‘accord, écrit-il, avec la formule d’Eric : ‘Nous mettrons fin à tout ce délire gauchiste’. Je n’osais pas le dire (!), mais je trouvais que ce que Luce faisait, c’était du délire gauchiste … » Cette « erreur » est autocritiquée par des considérations de ce genre : « Je manifeste à l’égard de la ligne une opposition grave. Je remets complètement en cause l’histoire de l’organisation et de ses dirigeants… » « J’ai rencontré des difficultés quand j’ai fait passer les difficultés personnelles avant les questions politiques, quand je ne me suis plus appuyé sur les camarades du Centre pour m’aider et quand je n’ai pas fait confiance au Comité central. Bref, quand je me suis écarté de la ligne. »

Manoeuvre n ° 3 : Si l’accusé résiste, il est traité en ennemi, en « comploteur ». S’il cède, c’est-à-dire, s’il accepte de se laisser démoraliser et de se laisser submerger par le sentiment de sa « culpabilité », il participe à sa propre répression et il se fait le complice de la clique pour charger d’autres « comploteurs ». C’est ce deuxième processus qu’a suivi L.B. et qu’il a suivi jusqu’au bout.

– la démoralisation et la « culpabilisation » : « Le fond du texte, c’est le désespoir, la remise en cause de tout ce que nous avons fait pour reconstruire le Parti. » « Le découragement prit le dessus », etc. « Je me sentais dans la peau d’un comploteur. Je me sentais perdu, isolé, sans confiance en personne. »

– l’auto-répression : « Je pense que les mesures qui s’imposent vont de soi :

1) je dois poursuivre mon bilan autocritique et celui du Centre, en me basant sur la ligne et en faisant confiance au CC.

2) je dois m’appuyer sur la classe ouvrière et aller travailler en usine.

3) je demande de ne pas être proposé comme candidat à la suppléance du Comité central. »

– le procès d’autres « comploteurs ».

L. B. révise toute l’histoire de TPT-UC(ML)B jusqu’en 1975 de façon à créer l’illusion d’une lutte larvée, cachée entre Nejszaten-Minet-Bertrand et le « dogmatique », le « comploteur » Eric Pollet. Il invente un monde sinistre où la lutte idéologique, la critique et l’autocritique se ramènent à des questions de dépendance, de servitude.

Il écrit : « Dans tous les cas, il s’agit de rapports d’inégalité, où le supérieur exploite des faiblesses (connues par lui) chez l’inférieur pour lui faire perdre toute indépendance, toute confiance dans la pratique, dans son jugement, dans les masses et se le soumettre comme un instrument docile. On crée ainsi deux mondes : celui des chefs et celui des soumis… » L.B. a ainsi livré lui-même la clé de tout le système de destruction mis en œuvre par la clique à laquelle il a été assez lâche pour se soumettre entièrement avant de s’en faire le complice.

L.P.


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