La période 1945-1948 a consisté en la bataille pour la victoire du front organisé par les communistes, front des progressistes devant paver la voie à la démocratisation générale de la société et par là même permettre l’affirmation du socialisme.

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Les chiffres sont clairs : grâce à la progression de l’après-guerre, les communistes sont 800 000 en Pologne, 750 000 en Hongrie (contre 150 000 en 1945), 710 000 en Roumanie, 510 000 en Bulgarie… et surtout 2,5 millions en Tchécoslovaquie.

Dans ce dernier cas, cela donne quasiment 23 % de la population totale, ou encore un adulte sur trois, et pratiquement 50 % de la population active.

C’était en quelque sorte le renversement de la situation d’avant-guerre, où l’État soutenait la réaction et où la social-démocratie était en mesure de bloquer les communistes. De fait, la progression communiste est irrésistible, et cela malgré les innombrables complots qui se sont montés dans chaque pays, avec bien sûr le soutien massif des pays capitalistes.

Pour cette raison est décidée l’union des progressistes, avec comme ligne la fusion des communistes et des socialistes. A chaque poussée communiste suit la capacité à l’union avec les socialistes, pour cimenter le bloc progressiste face à la réaction.

En Hongrie, aux élections d’août 1947, les résultats sont de 22 % pour les communistes, contre 15 % aux sociaux-démocrates, 15 % au parti des petits propriétaires, 9 % au parti national paysan, alors que font une quinzaine de % le parti de l’indépendance ainsi que la démocratie chrétienne.

La droite du Parti Socialiste mobilise au même moment dans la rue contre le régime, amenant l’aile gauche à la rupture, et en juin 1948 a lieu la fusion avec les communistes.

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En Tchécoslovaquie, c’est un socialiste de gauche, Zdeněk Fierlinger, qui a été le premier chef du gouvernement du nouveau régime. Toutefois, en novembre 1947, c’est la droite qui l’emporte dans le Parti Socialiste ; Zdeněk Fierlinger est remplacé à la direction par Bohumil Lausman lors du congrès de Brno.

Cela provoque une crise, et en février 1948, le Parti Communiste avait quitté le gouvernement, pour mieux revenir cependant avec un nouveau gouvernement qui comprend une majorité progressiste (12 communistes et 3 sociaux-démocrates pour 24 ministres en tout), alors que les communistes voient chaque jour plus de 20 000 personnes rejoindre leur rang.

Durant l’été 1948 le parti social-démocrate fusionna avec le Parti Communiste, qui lança des mouvements populaires, capables de briser la tentative conservatrice de bloquer la progression révolutionnaire.

Le processus fut le même dans les autres pays. En Roumanie, les communistes et les socialistes fusionnent le 23 février 1948, en Bulgarie cela a lieu le 11 août 1948, en Pologne le 15 décembre 1948.

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Parallèlement à ce processus, les pays s’affirment finalement comme ayant une constitution progressiste. La Bulgarie devient ainsi une république populaire en décembre 1947, tout comme la Roumanie en avril 1948. C’est le cas de la Tchécoslovaquie en juin 1948, de la Hongrie en août 1949, de la Pologne en juillet 1952. L’Allemagne dite de l’Est devient quant à elle une « république démocratique », en octobre 1949, puisque le pays est encore coupé en deux ; le terme définit la partie de l’Allemagne qui est démocratique, par opposition à la partie soumise aux pays impérialistes, principalement l’impérialisme américain, constituant depuis avril 1949 la « république fédérale ».

En septembre 1947 se tint également une première réunion communiste, en Pologne à Szklarska Poręba. On y retrouve les Partis Communistes de France et d’Italie, le Parti Communiste (bolchévik) de l’URSS ainsi que ceux des pays de l’Est européen.democraties_populaires_front_et_fusion_des_progressistes__5.jpg

Parmi les absents par rapport à l’Europe ainsi qu’à l’importance de chaque Parti, il faut compter ainsi le Parti Communiste de Chine et le Parti Communiste de Grèce, tous deux en pleine guerre civile. Les communistes d’Allemagne dit de l’Est sont également absents, la réunification de leur pays étant encore l’objectif (RFA et RDA n’existent pas encore alors). La seule absence ainsi notable est celle des communistes d’Albanie.

A cette conférence fut fondé le Bureau d’information des Partis Communistes et Ouvriers, comme organe de liaison de ces Partis Communistes ; en français, le terme utilisé pour le désigner sera « Kominform ».

Un journal est publié : « Pour une paix durable, pour une démocratie populaire » ; y seront publiés des articles des différents Partis Communistes, ainsi que les résolutions. Il sera notamment interdit en janver 1951 par le gouvernement français, le forçant à reparaître sous un autre nom, « Paix et démocratie ».

Le contexte est en effet celui de la « guerre froide » ; l’impérialisme exerce une pression énorme, diffusant un anti-communisme massif. Le dirigeant communiste italien Palmiro Togliatti est victime d’un sabotage de sa voiture ; le dirigeant communiste belge Julien Lahaut est assassiné devant chez lui.

Les réunions du Bureau d’information permettent ainsi de renforcer l’unité, alors qu’un premier défi se pose, avec la question yougoslave.


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