ETA, organisation basque socialiste révolutionnaire de libération nationale, souhaite, par ce communiqué, faire part à la société basque de ses réflexions sur la situation dans laquelle se trouve plongé le Pays basque à la veille des élections du premier mars pour le parlement autonome de Gasteiz.

Les élections autonomiques antidémocratiques qui auront lieu le premier mars en Alava, Biscaye et Guipuzcoa seront une escroquerie et une énorme fumisterie politique. L’État espagnol a fait un pas de plus dans sa stratégie fasciste pour incarcérer l’indépendantisme et l’exclure des centres de pouvoir.

A compter du deux mars, le parlement de Gasteiz sera à la fois antidémocratique et plus espagnol que jamais. Ce sera le parlement du fascisme, constitué avec la même légitimité démocratique que les municipalités franquistes d’autrefois, drapeau espagnol compris. C’est là le « changement » apporté par le PSOE.

Dans la guerre contre le Pays basque, le PSOE se montre sans complexe pour doubler le PP à sa droite. N’ayant pu noyer le Pays basque en 30 ans d’autonomisme et de fractionnement territorial ainsi que d’exclusion de l’indépendantisme de toutes les institutions, le PSOE a décidé de s’obstiner dans cette voie.

L’apartheid politique a pour objectif d’empêcher que se concrétise par la voie de l’indépendance la possibilité d’un changement de la situation que connaît notre pays. C’est la Gauche Indépendentiste qui détient les clés de cette option, et ce sont ces clés qu’on veut faire disparaître une fois pour toutes en mettant au rebut la Gauche Indépendantiste.

Quoi qu’il ait pu dire au cours de la campagne électorale et dans les meetings, c’est le PNV qui a le plus intérêt à la mise hors-la-loi de la Gauche Indépendantiste. Pas seulement parce que cela va lui ouvrir la possibilité d’avoir quelques sièges de plus au parlement de Gasteiz, mais parce que la Gauche Indépendantiste est l’unique obstacle réel qui se dresse sur la route des intérêts occultes du PNV et de son pari politique.

Pour le PNV, l’ennemi, c’est l’indépendantisme, qui a fait échouer la dilution de ce pays dans la mare de l’autonomisme et du régionalisme ; qui évente son affairisme, sa corruption et ses turpitudes ; qui se dresse point par point face à son projet de droite ; qui a dénoncé l’escroquerie de la « consultation » ; qui, au bout du compte, a constitué durant 30 ans un obstacle à son pari autonomiste.

Le président du bureau politique du PNV Iñigo Urkullu, devant l’offensive du fascisme espagnol, devant l’illégalisation et les graves atteintes portées à nos droits civils et politiques à nous, les Basques, se montre à nous main dans la main avec l’État.

Le prouve de la façon la plus éclatante l’appui apporté au budget prévisionnel du gouvernement fasciste de l’Espagne. Sans le collaborationnisme du PNV, l’État ne pourrait pas développer son pari de tailler en pièces la Gauche Indépendantiste.

La mise hors-jeu de la Gauche Indépendantiste à l’occasion de ces élections, le PSOE l’a décidée en accord avec le PNV ; cela s’est fait grâce au cadeau fait par les dirigeants du PNV de tout ce qui relève de leur autorité – en témoignent les matraquages de la Police Autonome de l’Espagne ainsi que la censure et la marginalisation auxquelles se livre EiTB.

Devant cette situation, les comportements que nous font voir, sous la houlette du PNV, les partis EA, IU et Aralar, en tant que partis abertzale, sont proprement honteux.

Pendant qu’hypocritement ils dénoncent en termes mous la situation antidémocratique, privilégiant la chance que leur donne l’illégalisation de gonfler leurs forces et leurs opportunités électorales, ils en arrivent à donner à cette campagne un air de normalité. En annonçant ce qu’ils feraient s’ils arrivaient à la Présidence, comme si de rien n’était, et dans le but de pêcher les voix de la Gauche Indépendantiste.

Le Pays basque se trouve depuis 10 ans au terme du cycle de l’autonomie. C’est depuis lors que l’avenir du Pays basque se trouve entravé. Notre pays a deux options, ou entamer le cheminement vers l’autodétermination ou réintégrer un nouveau cycle de l’autonomisme espagnol. Voilà les options et les risques.

Les chances, elles résulteront de l’union des forces qui sont pour la souveraineté du Pays basque. La chance viendra de l’élargissement de la voie tracée par ceux d’entre nous qui voulons conduire ce pays, en dépassant le cycle autonomique, jusqu’à une autre scène nationale et démocratique. Les risques, ils se situent dans la tentative que veut effectuer le PNV, avec le PSOE, d’entrer dans un nouveau cycle autonomique.

Nous qui sommes pour le Pays basque, nous qui sommes pour l’indépendance, nous avons une nouvelle chance, après 30 années, en refusant avec détermination un nouveau « statut » et un nouvel « amejoramiento », de faire faire quelques pas à ce pays dans la voie de son indépendance.

Devant la tentative qu’est en train d’effectuer le PNV pour faire entrer une nouvelle fois notre pays dans un nouveau cycle autonomique, devant la décision de tourner le dos une fois de plus au cri du front des patriotes, nous, les abertzale, nous avons un défi historique : celui de vaincre de la façon la plus nette le PNV en tant que représentant de ce pays.

En fait, l’histoire récente le montre, chaque fois que ce pays se trouve à l’heure de faire un saut vers l’indépendance dans sa situation structurelle, le PNV est un obstacle aussi grand que les États ennemis. Il en a été ainsi à l’époque de Chiberta, d’Alger et de Lizarra, et il en a été ainsi également lors du dernier processus de négociation.

Pensant défendre les intérêts du patriotisme, le PNV veut placer dans une démarche autre le choix d’un véritable changement vécu par ce pays.

Les explications d’Urkullu, et les orientations du PNV, montrent clairement dans quelle direction ils ne veulent pas amener ce pays : celle qui va vers l’indépendance.

Par contre, tenant la main de l’État, ils creusent leur sillon dans la partition, dans les affaires, et dans l’annihilation de l’indépendantisme. Ils baptisent maintenant cela l’ « entente politique ». Mais son seul nom, c’est la « subordination politique ». Ils seraient plus honnêtes si, dans les meetings, au lieu de crier : « Vive Euskadi libre ! », ils criaient : « Vive Euskadi soumis ! »

Le Statut de La Moncloa et le parlement de Gasteiz sont nés, voilà 30 ans, de la réforme espagnole avec deux finalités claires : constituer des obstacles sur la voie de l’indépendance du Pays basque, par une partition en deux entités, subordonnées à l’Espagne, du Pays basque ; et structurer le goût du PNV pour l’argent et pour le pouvoir. Durant ces 30 dernières années, ces finalités sont demeurées de plus en plus clairement liées l’une à l’autre. Pour le PNV, désormais, « Euzkadi », c’est l’Alava, la Biscaye et le Guipuzcoa.

Aussi facilement qu’ont été oubliés le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule, ils ont vendu la Navarre à l’occasion de la réforme de l’Espagne. Le pari en faveur du « vivre à l’aise en Espagne » a induit pour notre pays des conséquences désastreuses : la déstructuration et la partition. Le PNV, dans cette opération, s’est montré droit et loyal pendant les trois décennies.

Lors du processus de 1998, nous avons été nombreux à comprendre que le PNV avait procédé à une remise à jour de sa réflexion. Mais sa trajectoire des dix dernières années, et ses pratiques au cours de ces derniers temps, nous font penser qu’il n’en est rien.

Le PNV n’a pas changé. Ibarretxe a promis trois fois qu’il allait procéder à une consultation afin que les citoyens des trois provinces décident de leur avenir. Il a jeté aux quatre vents sa déclaration selon laquelle c’était là son engagement : et c’est le vent qui a emporté ces paroles. Ce qui a crevé les yeux, c’est que c’était une escroquerie, un mensonge.

Le PNV est sur le déclin. C’est dans l’échec du pari politique fait il y a 30 ans que résident les fondements de ce déclin. Le Statut est mort, il est un obstacle à la marche de ce pays vers son indépendance. Pour les ambitions du PNV, il s’est également transformé en une source tarie.

Mais devant cette lecture, les projets du PNV, eux, ne sont pas orientés vers la satisfaction de nos souhaits, à nous, les abertzale, ils ne sont pas tournés vers la souveraineté de ce pays… Le pari, c’est de rouvrir à nouveau le robinet autonomique selon les besoins du PNV.

Que ce pays entre à nouveau dans le gouffre d’un nouveau Statut, ce serait une trahison historique grave. Ce peuple ne le pardonnerait pas, et il ne l’admettra pas. Le PNV veut nous mener du Statut de La Moncloa de 1977 au « Statut de Ferraz » de 2009. Les dirigeants de Sabin Etxea savent que la mise en place d’un nouveau statut serait la tombe du Pays basque, que cela aurait pour conséquence la pérennisation du conflit.

Si le PNV venait à franchir ce pas, si le PNV, en franchissant cette ligne rouge, venait à permettre que ce pays s’aventure sur la voie d’un nouveau cycle autonomique, il serait la cause de la condamnation des opportunités de liberté pour ce pays.

La responsabilité pleine et entière des conséquences que pourrait avoir une telle démarche de sa part en reviendrait au PNV. Nous lançons aux adhérents du PNV et à sa base un appel solennel à ce qu’ils ne laissent pas les dirigeants de leur parti commettre une nouvelle trahison.

Le PNV et le PSOE ont passé un accord préalable. Déjà avant la fin de la législature autonomique, ils étaient en train de gouverner discrètement de concert, les gouvernements de Gasteiz et de Madrid s’appuyant mutuellement. C’est précisément pour cela qu’en ce qui concerne l’avenir du Pays basque, l’enjeu des élections de mars est nettement moindre que ne le disent Ibarretxe et Patxi Lopez.

Les dirigeants de Ferraz et de Sabin Etxea, après les élections, resserviront le même plat froid qu’il y a 30 ans à ce pays pour ce qui est de l’Alava, de la Biscaye et du Guipuzcoa. Le premier mars, le seul vote « nul » pour ce qui est des votes en faveur de l’indépendance, de la souveraineté, ce sera le vote pour le PNV.

Parce qu’après plus d’un siècle d’existence pour lui, et à la suite de l’exercice du pouvoir par lui pendant 30 ans, il demeure clair que le seul choix qui soit « nul », c’est celui du PNV.

Le premier mars, nous qui voulons un scenario démocratique, nous qui croyons en un Pays basque libre, nous avons un rendez-vous dans le combat pour notre pays.

Un rendez-vous pour dénoncer dans les urnes cette nouvelle agression antidémocratique, pour revendiquer l’autodétermination et pour dénoncer le pari en faveur d’un nouveau Statut. L’avenir appartiendra au Pays basque, notre patrie est en lutte !

Vive le Pays basque libre ! Vive le Pays basque socialiste ! En avant jusqu’à l’obtention de l’indépendance et du socialisme !

En Pays basque, février 2009

Euskadi Ta Askatasuna


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