6. Cela introduit une autre question : la Ligne de Masses de l’Organisation, à savoir la question du Programme de Transition au Communisme, de ses Formes Conjoncturelles et de ses Formes Immédiates.

Sans un Programme de Transition au Communisme, qui explique les objectifs sociaux de la guerre, il n’est pas possible de localiser toutes les composantes prolétariennes qui y sont objectivement intéressés.

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Ce programme, d’autre part, ne naît pas de rien, mais de dix années de luttes prolétariennes, de critique pratique et radicale de l’usine et de la formation sociale capitaliste, il dispose de grandes lignes qui ont été esquissées dans son contenu essentiel, que nous pouvons résumer ainsi :

– réduction du temps de travail : travailler tous, travailler moins ; libération massive du temps social et construction des conditions sociales pour son utilisation évoluée ;

– recomposition du travail manuel et du travail intellectuel, de l’étude et du travail, pour chaque individu et pour tout son temps de vie ;

– renversement de l’exercice du pouvoir et des flux de conception de la finalité collective, à tous les niveaux de la vie sociale :

– restructuration de la production, du rapport homme-nature, sur la base des valeurs d’usage collectivement définis et historiquement possibles ;

– remise à plat de notre formation sociale suivant les principes d’un internationalisme prolétarien effectif.

Les conditions d’un tel programme est le dépassement des rapports capitalistes de production, de la production fondée sur la valeur d’échange.

Il n’y aucun rapport avec l’utopie. Il s’agit ici d’un programme qui, comme le dirait Marx, « ne laissent pas intacts les fondements de la maison », étant déjà entièrement mûri quant à ses fondements.

Il s’agit d’un programme continuellement amené des luttes des sujets prolétaires les plus conscients, qui rompent violemment avec les tendances immanentes et conservatrices du développement capitaliste et se placent de manière antagonique avec l’État.

Il s’agit malgré tout d’un programme incomplet qui recherche dans la lutte révolutionnaire son identité la plus mature. La croissance du pouvoir prolétarien coïncide avec cette recherche et il revient à toutes les organisations révolutionnaires de le faire progresser. C’est la tâche décisive du fait d’agir en tant que Parti dans cette conjoncture !

C’est une tâche difficile, parce qu’il s’agit de recomposer le prolétariat métropolitain en une entité unitaire de transformation sociale, il faut garder les yeux ouverts sur la multiplicité présente des figures le composant et qui historiquement ont construit des parcours séparés, voire même des « identités » séparées.

Cela doit être qui plus est traduit, pas à pas, en un Programme Politique Générale de Conjoncture interne, faisant grandir les conditions subjectives et les niveaux organisationnels nécessaires, dans la prospective du passage à la Guerre Civile Anti-impérialiste de Longe Durée.

La lutte révolutionnaire est fait en même temps contre l’État impérialiste et le mode de production qu’il défend, et pour le communisme.

Un Programme Politique condensant les aspirations fondamentales et s’articulant par rapport aux secteurs variés du prolétariat métropolitain est ainsi un programme de destruction et de construction.

Comme l’affirme Mao Zedong :

« Sans destruction, pas de construction. Détruire signifie critiquer, signifie faire la révolution. Pour la destruction, il est nécessaire de raisonner; raisonner c’est construire. La destruction venant en premier lieu, elle sera tout naturellement accompagnée de la construction. »

La mise au point d’un programme politique général de conjoncture pour la transition à la guerre civile est indispensable afin de consentir à l’initiative « du Parti » dans chaque secteur spécifique du prolétariat métropolitain visant à les articuler de manière homogène dans un programme politique immédiat et par là unir les masses dans un dessein stratégique unitaire, dans un projet commun de construction du Pouvoir Rouge.

Prospero Gallinari et Renato Curcio

Prospero Gallinari et Renato Curcio

Le programme politique général doit synthétiser, avec des mots d’ordre efficaces et clairs, la contradiction principale dans la présente conjoncture, sur laquelle est portée toute la force concentrée du Parti, des organismes révolutionnaires de masse et du mouvement des masses révolutionnaires.

Le programme politique immédiat doit plutôt individuer les aspects spécifiques, particulier, que la contradiction principale assume pour chacun des secteurs du prolétariat métropolitain.

La relation entre le Programme Général et le Programme Immédiat n’est pas celle d’une séparation, mais vit plutôt une dialectique précise. Cela signifie que, conjoncture après conjoncture, le premier vit sa réalisation et sa concrétisation dans le second, aussi bien que dans la pratique directe du Parti, des organismes révolutionnaires de masse et du mouvement des masses révolutionnaires.

Le programme immédiat n’est pas, comme l’imaginent les spontanéistes, la représentation immédiate des intérêts les plus urgents que chaque secteur prolétarien a la nécessité de résoudre. Cela exprime plutôt les intérêts réels, stratégiques, que les rapports de pouvoir conquis consentent à mettre à l’ordre du jour.

Ce n’est pas non plus comme l’imaginent les économiques une plate-forme revendicative. En d’autres termes, le programme immédiat ne privilégie aucunement la lutte économique, la résistance aux capitalistes pour dire comme Engels, à la lutte politique, lutte qui a comme objectif spécifique le pouvoir politique, le pouvoir d’État.

Marx et Lénine se sont exprimés clairement à ce sujet :

« Le mouvement politique de la classe ouvrière a naturellement pour but final la conquête du pouvoir politique pour elle, et pour cela est naturellement nécessaire une organisation préalable de la classe ouvrière, organisation ayant atteint un certain point de son développement et issue directement de ses luttes économiques. » [Karl Marx, Lettre à F. Bolte, 23 novembre 1871]

Et Lénine d’ajouter :

« Il ne suffit pas de dire que la lutte des classes devient réel, conséquente, développée, seulement quand elle embrasse le champ politique… Le marxisme reconnaît que la lutte de classe est complètement mature, « nationale », seulement non seulement elle embrasse la politique, mais de la politique l’élément essentiel : la structure du pouvoir d’État.»

Il est encore un point qu’il est bien d’éclaircir : celui sur le rapport entre la lutte économique et la lutte politique. Tous les économistes ont toujours effectué une grande confusion à ce sujet, dérivant directement de l’économie la politique de la classe. Mais la lutte politique n’est pas, comme l’a dit Lénine, seulement une « forme plus développée, ample et active de la lutte économique.

Elle a un objectif spécifique : l’État.

Il ne s’agit pas non plus de « donner à la lutte économique un caractère politique » mais d’affirmer le primat de la lutte politique sur la lutte économique. Cela veut dire, hier comme aujourd’hui, que « les intérêts essentiels, décisifs, de la classe, ne peuvent seulement solidifiés par la transformation politique radicale ».

Marx encore une fois :

« …tout mouvement dans lequel la classe ouvrière s’oppose aux classes dominantes en tant que classe et cherche à les contraindre par la pression de l’extérieur est un mouvement politique.

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Par exemple, la tentative de forcer des capitalistes, au moyen de grèves, etc., dans telle ou telle usine ou branche d’industrie, à réduire le temps de travail, est un mouvement purement économique ; au contraire, le mouvement ayant pour but de faire édicter une loi des huit heures, etc., est un mouvement politique.

Et c’est ainsi que partout les mouvements économiques isolés des ouvriers donnent naissance à un mouvement politique, c’est-à-dire un mouvement de la classe pour réaliser ses intérêts sous une forme générale, une forme qui possède une force générale socialement contraignante.

Si ces mouvements supposent une certaine organisation préalable, ils sont tout autant à leur tour des moyens de développer cette organisation.

Là où la classe ouvrière n’est pas encore allée assez avant dans son organisation pour entreprendre une campagne décisive contre la force collective, c’est-à-dire la force politique des classes dominantes, elle doit en tout cas être éduquée en vue de cela par une agitation continue contre l’attitude hostile à notre égard qu’observent en politique les classes dominantes.

Dans le cas contraire, elle reste aux mains de celles-là une balle à jouer. » [Karl Marx, Lettre à F. Bolte, 23 novembre 1871]

Le programme politique immédiat doit être compris comme Programme de Pouvoir qui exprime un rapport de pouvoir, qui a comme objectif le pouvoir étatique.

Pour cela, elle constitue l’esprit révolutionnaire qui fait vivre l’organisation du pouvoir de la classe, les Organismes Révolutionnaires de Masse, outre la contingence, outre l’immédiat, outre la partialité, se mouvant entre la dialectique décisive entre révolution et contre-révolution.


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