11. DÉSARTICULER L’ETAT IMPÉRIALISTE
Dans la Résolution de la direction stratégique des Brigades Rouges de février 1978, il est déclaré que :
« Le principe tactique de la guérilla dans cette conjoncture est la désarticulation des forces de l’ennemi.
Désarticuler les forces de l’ennemi signifie porter une attaque dont l’objectif principal est encore celui de mener la propagande pour la lutte armée et sa nécessité, mais avec le principe tactique de la phase suivante commençant déjà – la destruction des forces de l’ennemi.
Une telle attaque doit propager la ligne politique de l’avant-garde politico-militaire et en même temps désarticuler la nouvelle forme que l’État impérialiste va assumer ».
Les nouvelles tâches imposent un approfondissement de cette thèse.
Soutenir que l’aspect principale de l’initiative guérillera dans la conjoncture actuelle de transition est encore la propagande armée, ne signifie poser des limites d’intensité et de forme aux attaques armées.
Cela signifie plutôt dire que la cible de ces attaques – pour sa fonction objective dans les appareils de la contre-révolution impérialiste, pour la particularisation et la précision de son choix, pour son contenu symbolique, pour la résonance avec les attentes de larges couches du prolétariat – doit prêter à la clarification, avec le maximum de limpidité, le Programme Politique Général.
Mais cela n’est pas le seul aspect du problème.
Les déterminations essentielles de la propagande armée dans cette conjoncture sont, en fait, au nombre de deux :
* La désarticulation efficace des dispositifs centraux de transmission du pouvoir, c’est-à-dire ces charnières qui sont les centres nerveux qui permettent à la bourgeoisie impérialiste d’élaborer ses projets économiques, politiques, de contrôle social, et de les traduire en pratique contre-révolutionnaire.
* L’agrégation efficace du Mouvement Prolétaire de Résistance Offensive, c’est-à-dire la capacité de favoriser le travail partidaire en direction d’une accumulation toujours plus vaste des forces révolutionnaires organisées et de leur mobilisation autour des mots d’ordre du Programme Politique Général et du Programme Politique Immédiat, avec l’objectif de désarticuler les liaisons plus périphériques de tous les instruments qui transmettent- imposent le pouvoir bourgeois.
12. La désarticulation des « dispositifs centraux » et des « liaisons périphériques » au moyen duquel la bourgeoisie impérialiste élabore, transmet et impose ses projets de domination et de développement et développe ses pratiques contre-révolutionnaires, ce n’est pas une somme d’actions militaires, mais un art très difficile qui exige des stratégies spécifiques pour chaque secteur particulier d’exercice du pouvoir.
Notre expérience a enseigné l’importance d’effectuer chacune de ces stratégies spécifiques de désarticulation par Campagne.
En général, par Campagne, nous entendons une action offensive diversifiée, qui frappe à différents niveaux la chaîne du pouvoir, qui s’étend dans l’espace, qui se prolonge dans le temps, qui est centrée sur une cible principale et est liée à la tension profonde, latente ou manifeste, qui bouillonne dans le prolétariat métropolitain.
Surmonter la phase des actions plus ou moins liées c’est se Mouvoir par Campagne, répondre à la nécessité précise de cette conjoncture particulière, et c’est une acquisition inévitable de la guérilla dans les métropoles.
Se Mouvoir par Campagne veut dire certaines choses précises qui peuvent être résumées de la manière suivante :
– relier l’initiative partidaire en tant que telle à l’intérieur et au point culminant du Mouvement Prolétaire de Résistance Offensive ;
– traduire en pratique de combat offensive, organisée et continue le potentiel révolutionnaire dispersée à l’intérieur de la classe ouvrière et dans les différents secteurs du prolétariat métropolitain ;
– donner la continuité à l’initiative de l’avant-garde, de façon à permettre une accumulation élargie des effets de désarticulation et pousser au niveau maximum le processus d’usure, de scission et de désagrégation du pouvoir ennemi.
Notre expérience a enseigné que la Continuité est le facteur décisif.
Ouvrir un Front de Combat avec quelques actions ou une Campagne signifie, en fait, lancer une directive, susciter une attente, promouvoir dans le tissu moléculaire de la classe des discussion intenses sur la signification stratégique et tactique des coups portés, et donc laisser se perdre le discours déclenché aboutit de manière inévitable au sens d’une autocritique politique. Comme si l’on disait : nous nous sommes déployés sur une ligne de combat erronée et pour cette raison, nous l’avons abandonnée.
La continuité de l’action ne signifie pas pour autant porter « un coup après l’autre ». Il s’agit bien plutôt de donner aux campagnes le rythme des vagues, afin d’accumuler les effets de la propagande, les effets de désarticulations et les effets d’usure par vagues successives.
Nous voulons dire, en bref, qu’une fois ouverte, un front de combat ne doit plus être abandonné et notre action partidaire doit consister en promouvoir, diriger et organiser des Campagnes offensives par vagues successives, de telle sorte que soit concentrée toute la force accumulée aux différents niveaux du système de pouvoir prolétarien et de la projeter, suivant des stratégies adéquates et spécifiques, contre les cibles-hommes, lieux, repaires, structures qui matérialisent la contradiction qu’il nous intéresse de frapper dans la conjoncture.