Nous republions cet article des camarades du Parti Communiste de France (mlm) qui, comme toujours avec le PCF (mlm), est d’une grande utilité et d’une grande exemplarité. Et parce qu’il est juste de dire qu’en Belgique aussi l’extrême-gauche anarcho-trotskyste est incapable de comprendre que les islamistes sont le produit de la féodalité, et non le résultat d’un complot américano-sioniste, il est aussi exemplaire quant la situation ici.
Ce document met en lumière la situation terrible qui prévaut au Bangladesh, pays semi colonial / semi-féodal littéralement submergé par la terreur islamiste, ou tous les progressistes courent de terribles dangers.
Il nous permet de réaffirmer notre solidarité internationaliste avec nos camarade du Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste du Bangladesh pour qui en tant que « communistes-athées » le danger est probablement plus important encore.
Il nous permet enfin de nous positionner par rapport à des gens se prétendent maoïstes alors qu’ils ne connaissent ni le matérialisme dialectique, ni la thèse de Mao à propos du féodalisme et du capitalisme bureaucratique.
Au Bangladesh ces derniers jours, un policier a été assassiné par un groupe affilié à l’État islamique, groupe ayant déjà tué un coopérant italien et un agriculteur japonais, ainsi que deux autres personnes dans une attaque à la bombe contre le principal mausolée chiite du pays.
Mais c’était un groupe relié à Al-Qaïda qui a attaqué samedi dernier deux bureaux de maison d’édition à Dhaka, tuant Faisal Arefin Dipan, chef des éditions Jagriti Prokashoni, blessant grièvement le responsable des éditions Suddhaswar, Ahmedur Rashid Tutul, considérés comme « athées et blasphémateurs », alors que quelques heures auparavant le blogueur américano-bangladeshi Avijit Roy avait été assassiné.
Ces meurtres suivent les assassinats d’autres blogueurs, qui font partie d’une liste de 84 « blogueurs athées » considérés comme ennemis. Ananta Bijoy Das en mai, Washiqur Rahman Babu en Mars, Avijit Roy en Février … ont été littéralement tués à la hache.
L’objectif est facile à comprendre : il s’agit de réprimer le point de vue démocratique et matérialiste. Comme les Lumières ne peuvent progresser en raison de la base semi-coloniale semi-féodale du pays, c’est une révolution démocratique qui avance, avec beaucoup de détours.
De façon intéressante, dans le même temps, il y avait une courte polémique parmi certains faux « maoïstes » sur la nature de l’Etat islamique. Nous disons « faux », parce que ces gens voulant être maoïstes ne connaissent ni le matérialisme dialectique, ni la thèse de Mao à propos du féodalisme et du capitalisme bureaucratique.
Tout a commencé avec le PMLI, le Parti marxiste-léniniste d’Italie. Existant depuis le mouvement de 1968 en Italie, principalement dans la ville de Florence, il est très légaliste, payant même la municipalité pour avoir ses affiches dans la ville ; bien sûr, il considère que les Brigades Rouges sont des assassins, etc.
Dans le discours d’ouverture de son secrétaire général à la cinquième session plénière du cinquième comité central à Florence le 11 octobre 2015, il a été dit :
« Une sainte alliance impérialiste est née pour combattre et détruire l’Etat islamique luttant contre l’impérialisme. Bien sûr, le PMLI ne peut pas en faire partie.
Notre positionnement naturel est avec ceux qui luttent contre l’impérialisme, qui est l’ennemi commun de tous les peuples du monde.
L’État islamique ne veut pas que l’impérialisme soit le maître de l’Irak, de la Syrie, du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et centrale, de l’Afghanistan et du Yémen. Nous ne le voulons pas non plus, par conséquent, nous ne pouvons que le soutenir (…).
Un immense fossé nous sépare de l’État islamique dans les domaines de l’idéologie, de la culture, de la tactique et de la stratégie, et nous ne sommes pas d’accord avec toutes ses méthodes de combat, les actions et les objectifs. Mais nous avons un point essentiel en commun : la lutte sans faille contre l’impérialisme.
Ce point, à l’heure actuelle, transcende toute autre différence qui peut exister, et c’est le pivot de notre alliance anti-impérialiste de fait ».
Suivant cela, le Partido Comunista (ML) de Panamá a publié un document de sa direction exprimant sa solidarité avec la ligne du PMLI et en défense du Marxisme-Léninisme pensée Mao Zedong.
Entretemps, il y a eu une lettre ouverte au Partido Comunista (ML) de Panamá par le Comité de Construcción del PC maoísta de Galiza, dénonçant sa position au sujet de l’Etat Islamique.
Mais cela a-t-il été fait sur la base d’une étude du féodalisme ? Absolument pas. Comme d’habitude dans la culture « marxiste-léniniste », quand quelque chose n’est pas considéré comme positif, alors ce ne peut être que le produit d’un complot.
Le Comité de Construcción del PC maoísta de Galiza dit ainsi :
« Qualifier un gang criminel fanatique religieux d’ « anti-impérialiste » est ignorer que ce groupe de criminels et de mercenaires sont simplement un outil de l’impérialisme yankee, du sionisme et du féodalisme d’Arabie saoudite. »
De manière intéressante, dans le document le mot « féodalisme » est employé seule fois : pour désigner le régime saoudien. Mais qu’en est-il des autres pays?
Est-il si difficile de comprendre que les islamistes sont le produit de la féodalité, et non le résultat d’un complot américano-sioniste?
Bien sûr, les islamistes sont également utilisés par les forces impérialistes, par les États expansionnistes, comme nous l’avons vu en Afghanistan, chaque pays soutenant une faction différente.
Et peut-être que c’est difficile à voir parce que les islamistes sont une réaction à la modification de la base économique du pays par l’impérialisme, proposant un romantisme anticapitaliste.
Néanmoins, il est faux de comprendre cela seulement par une perspective nationale / anti-nationale. C’est la question féodale qui doit être comprise. Sans cela il n’y a pas de réel maoïsme, et nous voyons encore une fois que le maoïsme a été correctement porté par Gonzalo et le Parti Communiste du Pérou.
Sans cela vient le subjectivisme, considérant une chose comme nationale ou anti-nationale c’est-à-dire anti-impérialiste ou pro-impérialiste, quand en réalité, c’est simplement réactionnaire en tant que relevant de la féodalité…
Récemment, à la fin des années 2000, c’est ce subjectivisme qui a causé la scission dans l’International League of Peoples’ Struggles (ILPS), exprimant les différents points de vue des maoïstes d’Inde et des Philippines quant à la lutte devant être mené par ce front anti-impérialiste.
Tous deux ont toujours défendu la ligne du front « anti-impérialiste », mais quand un responsable des maoïstes des Philippines a pris la décision tout seul d’aller à Beyrouth, c’était trop… étant donné que le « Forum international pour la résistance, l’anti-impérialisme, la solidarité entre les peuples et les alternatives » là-bas était organisé par une émanation du Hezbollah, le « parti de Dieu » au Liban, en présence de représentants du ministère iranien de l’information.
Jose Maria Sison et le Parti Communiste des Philippines ont défendu leur ligne, comme ils l’ont toujours fait : un front peut être fait avec pratiquement n’importe qui. L’ILPS a justifié sa ligne de la manière suivante :
« Elle a réussi à frustrer les tentatives d’une poignée de sectaires pseudo-maoïstes à saper l’unité de la Ligue et isoler la Ligue dans un coin idéologique obscur anarchiste ou même trotskyste de déni du rôle majeur des Etats et pays anti-impérialistes et de leurs contradictions avec les puissances impérialistes. »
Selon le maoïsme, il n’y a pas d’« Etats anti-impérialistes ». La position du Parti Communiste des Philippines est fausse, car elle oublie la question féodale. La ligne des camarades indiens, qui considèrent de manière unilatérale les islamistes comme anti-impérialistes, est, elle aussi, erronée.
La polémique entre le PMLI, le Partido Comunista (ML) de Panamá et le Comité de Construcción del PC maoísta de Galiza est également fausse, parce que de la même manière ils oublient le féodalisme.
Sans compréhension de la situation du féodalisme dans les pays opprimés, il n’est pas possible de comprendre les luttes de classe et alors le développement du fanatisme religieux apparaît comme un « complot » quand en réalité il est le produit de la nature du pays lui-même.
Ici des documents sont très utiles :
[PCMLM Bangladesh] – PCF – MLM : Le rapport entre semi-colonialisme et semi-féodalisme