AGNOSTICISME (du grec (Les termes grecs ne sont pas reproduits ici)] − inconnaissable). Théorie idéaliste affirmant que le monde est inconnaissable, la raison humaine limitée et incapable de rien connaître au-delà des sensations. Elaboré au XVIIIe siècle par Hume (V.) et par Kant (V.). L’agnosticisme atteint son plein développement dans la seconde moitié du XIXe siècle et à l’époque de l’impérialisme.
Dans son livre « Matérialisme et empiriocriticisme » (V.), Lénine a clairement montré l’opposition irréductible du matérialisme à l’agnosticisme. Il y a dénoncé la nature réactionnaire du machisme, l’une des plus virulentes expressions de l’agnosticisme, et battu ses émules à plate couture.
Parlant des deux tendances en philosophie, Lénine écrit : « Il y a d’abord celle qui considère que les sens nous donnent une reproduction fidèle des choses, que nous connaissons ces choses mêmes, que le monde extérieur agit sur nos organes des sens. Tel est le matérialisme que l’agnostique répudie. Quel est donc le fond de la tendance de ce dernier ? C’est qu’il ne va pas au-delà des sensations ; qu’il s’arrête en deçà des phénomènes, se refusant à voir quoi que ce soit de « certain » au-delà des sensations. Nous ne pouvons rien savoir de certain de ces choses mêmes (c’est-à-dire des choses en soi…), telle est la déclaration très précise de l’agnostique. Ainsi, le matérialiste affirme… l’existence des choses en soi et la possibilité de les connaître.
L’agnostique n’admet même pas l’idée des choses en soi et affirme que nous ne pouvons en connaître rien de certain » (« Matérialisme et empiriocriticisme », M. 1952, p. 113). C’était là le point de vue de Hume et de Kant ainsi que de nombreux autres philosophes idéalistes, parmi lesquels Comte (V.) et Spencer (V.).
L’agnosticisme se manifeste sous diverses formes. Alors que Kant reconnaît l’existence objective des « choses en soi » (V.) tout en niant la possibilité de les connaître, Hume et d’autres agnostiques vont jusqu’à nier l’existence objective des choses parce qu’il est impossible, à leur avis, d’en connaître rien de certain.
Dans son livre « Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande » (V.) et dans plusieurs autres ouvrages, Engels a fait une critique approfondie de ces deux points de vue. L’agnosticisme est une des manifestations du scepticisme (V.) en gnoséologie. L’agnostique est un sceptique car il met en doute la possibilité de connaître les « choses en soi », le caractère objectif de la connaissance, l’existence du monde extérieur, etc. L’agnosticisme est largement répandu dans la philosophie bourgeoise contemporaine.
Ce qui le distingue, c’est la renonciation totale à la connaissance scientifique, à la pensée logique ; il prône le mysticisme, l’irrationalisme, etc. L’origine sociale de l’agnosticisme réside dans la tendance des classes exploiteuses à limiter la science, parce que la science véritable soutient tout ce qui est nouveau et se développe, et combat ce qui est périmé et meurt. Les agnostiques cherchent à détourner les travailleurs de la connaissance des lois objectives de la société, lois qui conduisent nécessairement au communisme.
L’activité pratique dans la vie sociale réfute l’agnosticisme. Qu’il s’agisse de la nature ou de la société, la connaissance scientifique s’étend et s’approfondit sans cesse. Il n’y a pas de limites absolues à la connaissance humaine. Il n’y a pas dans la nature de choses inconnaissables. Il y a seulement une différence entre ce qui est déjà connu et ce qui ne l’est pas encore, mais le sera grâce à la science et à la pratique.