Nous, Centre MLM[B], devons à la fois :

– Prendre clairement position idéologiquement et politiquement dans les débats qui traversent le mouvement communiste maoïste international, pour arborer les idées justes et condamner les idées fausses, pour barrer la route au centrisme, au révisionnisme et à l’opportunisme.

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– Garder une démarche scientifique, éviter que des traits subjectivistes par ailleurs légitimes, comme la haine de la trahison et l’enthousiasme révolutionnaire, n’altèrent nos capacités d’analyse. Nous sommes très loin du Népal. Nous sommes pleins de respect et d’admiration pour l’héroïque guerre populaire menée pendant dix ans par le PCN(m), et cela nous oblige à formuler des critiques qu’avec la plus absolue des certitudes.

Aussi, par rapport aux diverses prises de position concernant les derniers développements au Népal, le Centre MLM (B) expose que :

1° Le PCN(m) [pas encore « Unifié » avec le Mashal] a mené pendant dix ans une longue et dure guerre populaire suivant les principes du marxisme-léninisme-maoïsme. Affirmer que tout entier, du premier au dernier de ses cadres, du premier au dernier de ses militants, il a sombré dans le révisionnisme le plus pourri, serait un point de vue anti-scientifique. « Un se divise en deux ». Il ne peut pas ne pas y avoir lutte de lignes entre les forces révolutionnaires et les forces révisionnistes. La question est de savoir les distinguer.

2° Les documents qui reflètent la lutte de ligne dans le PCNU(m) sont nombreux et différents. Nous voyons ainsi s’exprimer de manière critique, en incarnant des positions chaque fois particulières, des dirigeants comme Gaurav, Kiran, Badal, Bassanta etc. Nous constatons à la lecture de ces document que pas un seul de ces dirigeants ne remet en cause la décision d’avoir suspendu la guerre populaire avec les Accord de Paix de 2006. Les débats portent la gestion de cette suspension et les conséquences de ces Accords, et plus crucialement sur le statut et l’avenir des combattants et des armes de l’Armée populaire.

3° L’existence ou non d’une « fraction rouge » est une question qui ne peut être tranchée que sur base de la résolution de cette question politique fondamentale : quelle est la ligne de démarcation entre les concessions tactiques acceptables et la trahison des principes de la guerre populaire. Ce n’est que sur base de cette analyse que l’on pourra dire si telle ou telle fraction est une « fraction rouge » ou si elle n’est qu’une fraction révisionniste opposée à la ligne révisionniste hégémonique de Prachanda.

4° Une suspension tactique de la guerre populaire ne nous parait pas automatiquement et fatalement une trahison. Même la guerre populaire en Chine a connu des trêves, dictées par des conditions particulières. Nous pouvons imaginer (sans rien en savoir exactement) par exemple que le rapport de forces (par exemple la certitude d’une intervention de l’armée indienne) justifiait cette suspension. Même l’intégration provisoire de l’APL dans l’Armée nationale pouvait se prévaloir du précédent de l’intégration de l’Armée rouge chinoise dans l’Armée nationale du 2e Front uni anti-japonais. En soi, les Accord de Paix de 2006 nous semblaient inquiétants, mais ils ne nous paraissaient pas contenir fatalement et obligatoirement la liquidation du projet révolutionnaire.

5° Nous pouvons donc imaginer que des forces authentiquement révolutionnaires dans le PCN(m) aient accepté les Accords de Paix en sous-estimant le poids et l’influence du révisionnisme prachandiste dans le Parti. En ce sens, les Accords de Paix étaient une erreur non pas en raison d’une mauvaise analyse du rapport de forces entre le PCN(m) et le vieil Etat (et son allié indien), mais en raison d’une mauvaise analyse du rapport de force entre les courants révolutionnaires et révisionnistes dans le PCN(m).

6° Ce qui, pour nous, est forcément une trahison des principes de la guerre populaire, c’est le désarmement des forces révolutionnaires, ou leur passage sous une autorité supérieure à celle du Parti communiste. Pour reprendre l’exemple historique, les troupes rouges intégrées à l’Armée nationale étaient restées sous la direction du Parti. A tout moment (et d’ailleurs c’est ce qui s’est produit, le Parti pouvait « commander aux fusils »). En outre, il n’avait jamais été question de désarmer les forces révolutionnaires. Voilà quelle est pour nous la « ligne de démarcation ».

C’est ce que disait en novembre 2006 le camarade Azad, porte-parole du Comité Central du Parti Communiste de l’Inde (Maoïste), assassiné par les forces de la réaction en juillet 2010 :

« L’ensemble des expériences de la révolution mondiale a démontré à maintes reprises que sans l’armée populaire il était impossible pour le peuple d’exercer le pouvoir. Rien n’est plus atroce pour l’impérialisme et les réactionnaires que les masses armées et c’est ainsi ils acceptent avec plaisir n’importe accord pour désarmer celles-ci. En fait, désarmer les masses a été le refrain constant de toutes les classes dominantes réactionnaires depuis l’émergence même d’une société divisée en classe. Les masses désarmées sont une proie facile pour les classes réactionnaires et les impérialistes qui vont jusqu’à effectuer des massacres, comme l’a montré l’histoire.

Azad

Azad

Le Comité Central du PCI(Maoïste), en tant qu’un des détachements du prolétariat mondial, avertit le PCN(Maoïste) et le peuple du Népal devant le grave danger inhérent à l’accord de dépôt des armes et les appelle à reconsidérer leurs tactiques à la lumière des amères expériences historiques.

L’accord entre les Maoïstes pour faire partie du gouvernement intérimaire ne peut pas transformer le caractère réactionnaire de la machine d’État qui sert les classes dominantes exploiteuses et les impérialistes. L’État peut être l’instrument dans les mains soit des classes exploiteuses soit du prolétariat mais il ne peut pas servir les intérêts des deux, ceux-ci s’affrontant complètement.

C’est le principe de base fondamental du Marxisme qu’aucun changement de base du système social ne peut être amené sans destruction de la machine d’État. Des réformes d’en haut ne peuvent amener aucun changement qualitatif dans le système social exploiteur, quel que soit la manière dont on pourrait considérer comme démocratique la nouvelle Constitution, et même si les Maoïstes deviennent une composante importante du gouvernement.

C’est une complète illusion que de penser qu’un nouveau Népal pourrait être construit sans détruire l’État existant.

(…)

Notre Comité Central affirme de manière cristalline au PCN(M) et au peuple en général qu’il ne peut pas y avoir de démocratie authentique dans aucun pays sans la prise du pouvoir d’Etat par le prolétariat, et que la soit disant démocratie multiparti ne peut amener aucun changement essentiel dans la vie du peuple.

Appelle les partis maoïstes et les peuples d’Asie du Sud à persister dans la voie de la guerre populaire prolongée comme montrée par le camarade Mao.

Nous appelons également de nouveau le PCN(Maoïste) à reconsidérer ses tactiques présentes qui sont en fait en train de modifier le fondement même de la direction stratégique de la révolution au Népal, et à se retirer de leur accord avec leur gouvernement du Népal pour le dépôt des armes de l’APL vu que cela rendrait le peuple sans défense face aux attaques des réactionnaires. »

7° Nous constatons que loin de « reconsidérer ses tactiques présentes qui sont en fait en train de modifier le fondement même de la direction stratégique de la révolution au Népal » le PCNU(m) a fait un nouveau pas en se dessaisissant des clés de ces dépôts d’armes. Les Accords de paix de 2006 prévoyaient certes l’intégration des forces révolutionnaires avec les effectifs du vieil état (sur base de 50/50) mais ils prévoyaient la préservation de ces forces et leur maintien sous l’autorité du Parti – et certainement pas un désarmement unilatéral.

La dérive révisionniste au Népal s’exprime dans d’autres domaines (démantèlement d’organisations populaires, question des terres confisquées, etc.), mais parce qu’il rend impossible la relance de la guerre populaire, le désarmement de l’APL relève de la trahison pure et simple des principes du marxisme-léninisme-maoïsme, une trahison avec laquelle aucun accommodement n’est possible, que ce soit au nom de la « préservation de l’unité » ou pour n’importe quelle autre raison.

CONTRE LE RÉVISIONNISME ET LE CENTRISME : VIVE LE MARXISME LÉNINISME MAOÏSME !

POUR UNE NOUVELLE INTERNATIONALE COMMUNISTE FONDÉE SUR LE MARXISME LÉNINISME MAOÏSME : EN AVANT !

Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste [Belgique]
28 février 2012


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