Clarté (PCMLB) Semaine du 22 au 28 novembre 1968
La notion de liberté du bourgeois est le droit de tout faire pour maintenir le pouvoir qu’il détient encore et amplifier ses profits.
– Le droit de fermer les entreprises pour les reconcentrations capital-profit.
– Le droit de détruire les vestiges du passé pour investir en tours-profit.
– Le droit d’abattre les arbres pour l’urbanisme-profit.
– Le droit d’enlaidir nos cités par la publicité-profit.
– Le droit de polluer l’air par le pétrole-profit.
– Le droit de casser nos oreilles par le yé-yé-profit.
– Le droit d’altérer notre santé par l’alimentation-profit.
– Le droit de nous empoisonner par la pharmacie-profit.
– Le droit d’aliéner la notion du beau par l’art-profit.
– Le droit de nous faire chanter par les assurances-profits.
– Le droit (et le culot) de nous faire voter pour un parlement-profit.
Cette « liberté » engendre fatalement des contradictions dont la classe ouvrière fait les frais.
Et… quand les travailleurs se fâchent contre ces atteintes à leur totalité, et quand ils organisent leur lutte pour abolir la domination capitaliste, la meute argentée (des honnêtes gens) se met à gueuler à lèse-liberté. Les matraques ne sont pas loin !
La répression se fait plus ignoble encore quand elle prend les formes subtiles de l’art.
Rappelez-vous, ce n’est pas tellement loi, la position de la bourgeoisie (au nom de la liberté) lors des événements de Tchécoslovaquie.
Le « Pourquoi-Pas ? » dénature le sens historique des événements pour orienter l’émotion légitime des masses devant le crime révisionniste contre le mouvement ouvrier révolutionnaire et celui qui fut un de ses grands dirigeants, Joseph Staline.
La bourgeoisie trouve toujours des « talents » à sa dévotion pour donner l’image suggestive de sa haine de classe.
Il ne suffit pas à la bourgeoise de se cantonner dans son rôle infect d’exploiteur, il lui faut cette sensation quotidienne de supériorité culturelle nécessaire à sa « justification ».
Les artistes conscients de leur rôle historique refusent de servir cette race de seigneurs, refusent le rôle abject de valet de classe. Cette attitude courageuse de la plupart de nos créateurs d’art se traduit trop souvent par le geste puéril de l’honneur outragé.
Il faut aller plus loin !
Les artistes conscients aujourd’hui doivent poser l’acte révolutionnaire du choix du camp.
Par leur art ils doivent participer au combat que supportent les travailleurs.
Ils doivent traduire en clair la notion d’une liberté du peuple de pouvoir disposer de toutes les richesses qu’il produit y compris celles de la production culturelle.
Le groupe social des créateurs d’art dans son entité de travailleurs culturels subit directement les contre-coups de l’art-profit.
L’Etat bourgeois est son ennemi direct et quotidien. Tous les projets culturels du gouvernement restent dans l’axe art-profit.
Il est illusoire de croire à une collaboration possible au profit d’un art au service de la communauté des artistes.
L’antagonisme de classe en art n’est pas une figure de rhétorique et la seule manière d’effacer cette contradiction et ses conséquences,
C’EST LA LUTTE !
Sans cette résolution positive nos artistes resteront dans la stagnation et l’oubli.
D’autre part, le seul fait d’envisager la situation sous l’angle de l’affrontement inévitable classe contre classe implique pour les artistes l’option d’une optique de créativité nouvelle « ouvrant les plus larges horizons ».
Etre d’avant-garde en art ne peut se séparer de l’avant-garde sociale révolutionnaire !
Rappelons-nous que les œuvres les plus réussies du peintre David se situent dans l’exaltation révolutionnaire de 1793.
Camarades artistes, le temps des tours d’ivoire est définitivement révolu.
Notre Parti vous propose la perspective de sortir de l’impasse stérile dans laquelle vous maintient la « liberté » bourgeoise.
Ensemble nous pouvons briser les chaînes de l’art-profit.
Seul, vous resterez des parias !
Venez nous voir, écrivez-nous, rejoignez nos rangs.
VERMILLON