Même si ce domaine reste à approfondir de manière formidable, il est possible d’affirmer les éléments essentiels de la compréhension matérialiste dialectique de cette question.
Le mouvement de la matière s’appuie sur la matière elle-même et ce mouvement passe par le reflet, l’écho, réalisé dans la matière elle-même.
Il ne s’agit donc pas que de constater l’existence de ces formes miroir, mais d’en saisir la signification, car la vie repose justement sur les molécules « miroirs ». La science n’utilise pas cette expression, ce qui est regrettable ; au sens strict, il faudrait parler de molécules – reflet, de molécules – miroirs.
L’idée est la suivante, pour bien cerner la question. Prenons OOO comme symbole d’un miroir.
Si on prend un carré, on voit qu’on la même image de part et d’autre, ce qui donnerait si l’on veut :
■ OOO ■
On a la même chose d’un côté comme de l’autre. Il en va de même pour un disque, un triangle, car il suffit d’en changer simplement l’orientation pour retrouver la même chose. Ainsi, on a :
► OOO ◄
On s’aperçoit qu’il suffit de tourner (ou de retourner en trois dimensions) le triangle à gauche pour obtenir celui de droite, vue dans le miroir.
Imaginons maintenant qu’il y ait non pas simplement une forme, mais plusieurs, en liaison les unes avec les autres. On aurait par exemple pareillement :
▲– ■ – ▲ OOO ▲– ■ – ▲
On a ici ce qui à gauche strictement qui est équivalent de ce qui à droite.
Or, la vie utilise des molécules où ce qu’on a à gauche n’est pas l’opposé de ce qu’il y a à droite, mais l’inverse. Prenons un exemple :
main gauche OOO main droite
On a beau tourner sa main gauche dans tous les sens, on obtiendra jamais l’équivalent d’une main droite, et inversement. C’est pareil pour les pieds.
Il y a des molécules qui ont un axe de symétrie et dont le « miroir » est un équivalent strict… Et des molécules dont le miroir est comme « tourné » à l’envers. C’est cela qu’a découvert Louis Pasteur.
Reste toutefois à établir la signification de cela. De fait, l’absence de symétrie propre à certaines molécules, leur nature « miroir », tout cela relève du mouvement de la matière et il est très intéressant de voir que les scientifiques, par méconnaissance du matérialisme dialectique, se heurtent ici à un problème fondamental.
En effet, la main gauche est l’inverse de la main droite, et inversement. Du point de vue matérialiste dialectique, cela signifie que l’une est l’écho de l’autre, son reflet dans la matière.
L’évolution est, si l’on veut, la formation par reflet dans la matière. Le rapport de « l’original » à son reflet relève d’un saut qualitatif effectué pour la formation de ce reflet : il est donc dialectique.
C’est pour cela par exemple qu’on a une main plus forte qu’une autre, et non deux équivalents.
Le matérialisme dialectique affirme que la matière est en mouvement, que ce mouvement imprime la matière, produisant des échos, des reflets, avec une interaction dialectique, une transformation, et ainsi de suite à l’infini, éternellement.
En ce sens, la découverte des molécules miroirs est un pas en avant dans la compréhension du mouvement matériel. Il en va de même pour la découverte récente des neurones-miroirs, qui s’activent lorsque quelqu’un en face de soi fait la même chose. C’est là encore une trace, si l’on veut, de la construction de la matière par elle-même, par le mouvement, par le reflet.
Cependant, en l’état actuel des choses, les scientifiques bourgeois ne connaissent pas la dialectique. Ils raisonnent en termes de cause-conséquence, correspondances-symétrie. Ils disent donc que ce qui relève de la chiralité est asymétrique, car sans « miroir » on n’obtient pas l’opposé, les deux opposés étant appelés énantiomères (enantios signifiant opposé en grec).
Le souci est qu’ainsi, ils ne font que déplacer la symétrie, ce qui les bloque.
Ils cherchent une symétrie dans une molécule et s’il n’y en a pas, ils l’admettent. Cependant, ils utilisent alors le principe du miroir-plan pour découvrir la forme pouvant s’apposer à celle-ci, tout comme une main gauche peut s’apposer à une main droite.
Or, ce faisant, ils ne font que déplacer la symétrie. Dans leur raisonnement, la main droite est symétrique non pas en soi, ce qu’ils voient bien, mais finalement par rapport à la main gauche. C’est si l’on veut la même approche que ceux pour qui prolétariat et bourgeoisie sont symétriques et liés « statiquement ».
Il y a toutefois un problème fondamental à cela. En effet, une molécule non chirale peut connaître des modifications et devenir chirale. Le résultat obtenu est alors un mélange dit racémique, c’est-à-dire avec autant de forme lévogyre que de forme dextrogyre. Cela n’est vrai cependant qu’en-dehors du monde du vivant.
Le monde du vivant existe à travers de clefs bien précises, qui sont ces molécules chirales. Les acides aminés sont ainsi forcément de type L, les sucres présents dans l’ADN forcément de type D.
La nature ne connaît pas la symétrie avec des équivalents, elle penche toujours dans une direction bien particulière.
Pour prendre un exemple simple et parlant, il suffit de regarder le jeu d’échecs ou un match de football. Il y a autant d’éléments de part et d’autres : dans les deux cas, c’est un jeu entièrement symétrique.
Mais justement, afin de gagner (plus précisément : pour qu’un saut se produise), il fait ouvrir un espace dialectique et casser relativement la symétrie. Cela est fait en ouvrant le jeu de manière différente aux échecs, en faisant sortir telle ou telle pièce d’abord, de sacrifier des pièces (ce qui est la méthode des joueurs les plus éprouvés), ou bien au football en mettant trois, quatre ou cinq joueurs en défense, de changer de tactique en cours de jeu, etc.
On déséquilibre ainsi la dimension symétrique, afin de provoquer un décalage favorable, une issue productive.
La vie s’appuie sur cette démarche.