En développant la culture soviétique, l’URSS a entraîné l’ensemble de ses peuples dans le mouvement. En Azebaïdjan, c’est Uzeyir Hadjibeyov (1885–1948) qui fut le héraut de son peuple.

Un peuple qui disposait déjà d’une immense richesse musicale. Il y a ainsi le mugham, une musique sur la base d’un chant et d’instruments traditionnels qui vise à fournir toute une tonalité à travers l’improvisation modale (comme les ragas indiens et plus particulièrement le makam turc, le maqâm arabe, le radif perse).

On a ensuite l’ashik, l’amoureux, consistant en un barde chantant des épopées. Cette forme est historiquement très présente en Arménie et en Azerbaïdjan.

On a ensuite le tasnif, un type de ballade s’appuyant sur la culture persane.

Lorsque son pays intégra l’URSS en 1920, Uzeyir Hadjibeyov établit un rapport au Commissariat d’enseignement de la République Socialiste Soviétique d’Azerbaïdjan concernant l’inauguration de l’Académie de Musique et le Conservatoire public. Il a ensuite été recteur du conservatoire national azerbaïdjanais, fondateur de l’orchestre des instruments traditionnels et du chœur national, directeur de l’Institut des Beaux- Arts de l’Académie des Sciences.

Il avait composé l’hymne national à l’indépendance du pays en 1918, il composa ensuite celui de la la République Socialiste Soviétique d’Azerbaïdjan. La différence de mise en perspective est marquante ; l’hymne communiste est particulièrement entraînant et sa dimension est formidable.

Il rejoignit le Parti Communiste d’Union Soviétique (bolchevik) en 1938 ; il fut artiste du peuple de l’URSS, décoré de l’ordre de Lénine, député du Soviet Suprême de l’URSS.

L’URSS a ici galvanisé celui qui fut le grand porte-parole musical de la culture azérie ; son opéra Leyli et Medjnoun, en 1908, se situe entièrement dans cette perspective. C’est un véritable monument de la culture mondiale.

L’opéra Keroglou, monté en 1937 à Bakou puis en 1938 à Moscou, est l’apothéose de son travail. Cela conte une révolte populaire contre Hassan–khan, dans l’Azerbaïdjan des 16-17e siècles ; l’épopée de Koroghlou est très célèbre dans les peuples de culture turque.

Uzeyir Hadjibeyov résume ainsi son approche :

« J’ai l’objectif de créer un opéra national selon la forme, en profitant des acquisitions de la culture musicale moderne… [le personnage de] Keroglou est un ashik, et il est chanté par les ashiks.

C’est pourquoi, le style dominant de l’opéra est le style ashik… Tous les éléments, propres à une œuvre lyrique — aires, duos, ensembles, récitatifs — sont présents dans l’opéra « Keroglou ». Mais ils sont construits sur la base des modes de la musique folklorique d’Azerbaïdjan. »

Uzeyir Hadjibeyov a de fait une réputation mondiale depuis 1913 et son opérette Archine mal alan, jouée dans 187 pays, traduite en 75 langues, étant un succès à Moscou, Paris, New York, Londres, Le Caire, ainsi que particulièrement en Pologne.

Uzeyir Hadjibeyov est ainsi une des plus hautes figures du réalisme socialiste en musique ; il formule cette approche de manière magistrale dans la préface du recueil La musique d’Azerbaïdjan Soviétique pendant la Grande Guerre Patriotique :

« La stylisation superficielle d’une œuvre musicale la prive d’authenticité, de sincérité et, en général, de valeur esthétique et artistique sans lui donner, cependant, de véritable tonalité nationale.

À mon avis, le problème se résout tout à fait autrement. Chaque nation demande à ses compositeurs de créer des œuvres, aussi complexes soient-elles, en langue musicale proche et maternelle.

Pour cela, il est demandé au compositeur de connaître cette langue à la perfection. »

Voici un autre exemple de son immense œuvre, avec sa symphonie de la caravane.


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