A l’heure actuelle, l’impérialisme, les réactionnaires de tous les pays et les révisionnistes yougoslaves cherchent, par tous les moyens, à saboter l’unité des peuples du monde, plus particulièrement celle du camp socialiste et du mouvement communiste international, dans l’intention d’entraver le développement triomphal de la lutte de tous les peuples pour la paix mondiale, la libération nationale, la démocratie et le socialisme ; les communistes de tous les pays et l’humanité progressiste tout entière ressentent une profonde inquiétude devant les atteintes toujours plus graves portées à l’unité du mouvement .communiste international et demandent instamment que, sur la base des Déclarations de Moscou de 1957 et de I960, les divergences soient aplanies, l’unité soit renforcée et qu’il y ait unité contre l’ennemi.
Nous avions espéré que, se tenant dans de telles circonstances, le Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne se conformerait aux deux Déclarations de Moscou, contribuerait au renforcement de l’unité du camp socialiste et de l’unité du mouvement communiste international. La République démocratique allemande se trouvant sur le front occidental du camp socialiste et face à la menace du militarisme de l’Allemagne de l’Ouest, qui est soutenu par l’impérialisme américain, sa lutte aurait dû être dirigée contre l’ennemi commun ; il n’y avait aucune raison de renouveler les incidents qui affligent les nôtres et réjouissent l’ennemi.
Malheureusement, ce qui s’est passé à ce Congrès est allé à l’encontre de ce que nous désirions.
Le Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne s’est surtout distingué par le fait que d’une part, on y a beaucoup parlé de cesser les attaques entre partis frères et de renforcer l’unité, et d’autre part, que l’on y a continué à attaquer avec une extrême brutalité le Parti communiste chinois et d’autres partis frères, que l’on a encore approfondi les divergences et porté préjudice à l’unité ; d’une part, on y a beaucoup parlé d’adhésion aux deux Déclarations de Moscou, et d’autre part, on y a entrepris ouvertement la réhabilitation de la clique Tito, renégat du marxisme-léninisme, on y a violé ouvertement les Déclarations de Moscou.
Quand le chef de la délégation du Parti communiste chinois, invitée à assister à ce Congrès, cita et exposa dans son allocution la critique du révisionnisme yougoslave faite par la Déclaration de Moscou de 1960, le président exécutif du Congrès l’empêcha à plusieurs reprises de poursuivre, tandis que, sous cette orchestration, des huées, des sifflets, ainsi que des piétinements retentissaient dans la salle. C’est là vraiment, pour le mouvement communiste international, un phénomène étrange et à peine croyable.
Le président du Congrès éleva même une « protestation » après l’allocution du délégué du Parti communiste chinois. Il déclara « rejeter avec la plus grande fermeté » la critique du révisionnisme yougoslave par le délégué chinois et la décrivit comme « allant à l’encontre des normes habituelles régissant les rapports entre partis communistes et partis ouvriers révolutionnaires ».
Par la suite, le journal soviétique Izvestia attaqua le délégué du Parti communiste chinois pour sa critique du révisionnisme yougoslave, prétendant qu’elle était « totalement inadmissible ».
Le Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne a posé aux communistes du monde entier des questions aussi graves que celles-ci : Veut-on oui ou non l’unité du mouvement communiste international ? Recherche-t-on l’unité réelle ou la veut-on fictive ? Cette unité doit-elle être établie sur la base des Déclarations de Moscou ou sur celle du programme révisionniste yougoslave, ou est-ce « l’unité » sur autre chose encore ? En d’autres mots, veut-on en fin de compte, aplanir les divergences et renforcer l’unité ou élargir les divergences et créer la scission ?
Les communistes chinois, tous les marxistes-léninistes et l’humanité progressiste tout entière ont en commun le désir de sauvegarder l’unité et de s’opposer à la scission ; d’assurer une unité authentique et de s’opposer à l’unité fictive ; de défendre la base commune de l’unité du mouvement communiste international et de s’opposer à toute activité de sape contre elle ; de sauvegarder et de renforcer l’unité du camp socialiste et l’unité du mouvement communiste international sur la base des Déclarations de Moscou.
Le Parti communiste chinois a toujours estimé que l’unité du camp socialiste et celle du mouvement communiste international sont les sûrs garants de la victoire de la révolution des peuples de tous les pays, de la victoire de la lutte contre les impérialistes et leurs valets, de la victoire de la lutte pour la paix mondiale, la libération nationale, la démocratie et le socialisme, de la victoire du communisme dans le monde. Cette unité a pour base le marxisme-léninisme et l’internationalisme prolétarien, ainsi que les Déclarations de Moscou de 1957 et de 1960. Ces deux documents, d’une grande portée historique, adoptés à l’unanimité par les partis communistes et ouvriers, constituent le programme commun du mouvement communiste international.
L’unité ne peut être renforcée, l’unité authentique ne peut être obtenue qu’en s’en tenant strictement à ces documents ; les enfreindre ne peut que porter atteinte à l’unité, aboutir à une unité fictive. Défendre résolument les principes révolutionnaires et les principes régissant les rapports entre partis frères et entre pays frères, tels qu’ils sont définis dans les Déclarations de Moscou, combattre implacablement toute parole et tout acte allant à rencontre des Déclarations, tel est le devoir sacré de tous les communistes du monde.
Le Parti communiste chinois a œuvré inlassablement pour la sauvegarde et le renforcement de l’unité du camp socialiste et de l’unité du mouvement communiste international. En 1956, l’impérialisme, les réactionnaires de divers pays et le révisionnisme yougoslave ont déclenché une campagne antisoviétique, anticommuniste sur le plan mondial et manigancé une rébellion contre-révolutionnaire en Hongrie. Le Parti communiste chinois et d’autres partis frères ont riposté par une lutte résolue, défendant ainsi le marxisme-léninisme et le camp socialiste.
Aux Conférences de Moscou de 1957 et de 1960, le Parti communiste chinois et les partis frères ont, par leurs efforts communs et après d’amples consultations, élaboré la ligne de conduite commune du mouvement communiste international et fixé les principes régissant les rapports entre partis frères et pays frères.
Au cours de ces deux Conférences, nous avons mené la lutte qui s’imposait contre certaines tendances incorrectes et défavorables à l’unité, et dans certaines questions, nous avons passé les compromis jugés nécessaires, contribuant ainsi à l’accord unanime auquel parvinrent les Conférences.
Au XXIIe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique en 1961, pour la première fois se produisit un grave incident un parti frère, en l’occurrence le Parti du Travail d’Albanie, était attaqué publiquement et nommément au congrès d’un autre parti et la délégation du Parti communiste chinois exprima résolument son opposition et formula sincèrement un conseil. Nous avons fait remarquer alors que cette pratique « ne contribuait en rien à l’unité ni à la solution du problème. On ne peut considérer comme une attitude marxiste-léniniste sérieuse celle d’étaler devant l’ennemi les controverses entre partis frères et pays frères. Pareille attitude ne fera qu’affliger les nôtres et réjouir l’ennemi.
Le Parti communiste chinois espère sincèrement que les partis frères entre lesquels existent controverses et divergences s’uniront à nouveau sur la base du marxisme-léninisme, sur la base du respect mutuel, de l’indépendance et de l’égalité ».
Il est regrettable que les efforts déployés par nous n’aient pu empêcher les relations soviéto-albanaises de se détériorer par la suite. Nos bonnes intentions ont même fait l’objet de reproches répétés de certaines gens.
En avril 1962, animé du désir de défendre les principes régissant les rapports entre partis frères et pays frères et de renforcer l’unité, le Parti communiste chinois a soutenu activement les propositions faites par des partis frères en vue d’apporter une détente dans les relations, d’améliorer l’atmosphère, et il a fait savoir officiellement dans une lettre adressée au parti frère intéressé qu’une conférence des représentants des partis communistes et ouvriers de tous les pays devait être convoquée afin d’aplanir les divergences et de renforcer l’unité par des débats et consultations en toute camaraderie.
Nous avons également fait ressortir qu’en attendant la convocation de cette conférence, les partis frères devaient accomplir un important travail préparatoire, notamment cesser d’attaquer un autre parti frère à la radio et dans la presse, dans le but de créer des conditions favorables à la réunion et d’en assurer le succès.
Nous déplorons vivement que les propositions, fort positives, faites par le Parti communiste chinois et d’autres partis frères n’aient pas trouvé d’écho chez le parti frère intéressé et que, au contraire, la pratique allant à rencontre des principes régissant les rapports entre partis frères et pays frères, en particulier la manière d’agir indigne qui consiste à se servir du congrès d’un parti pour attaquer publiquement et nommément d’autres partis frères, soit tombée de mal en pis.
Aux récents Congrès de plusieurs partis frères, on a continué à attaquer le Parti du Travail d’Albanie, on a attaqué également le Parti communiste chinois et, à un de ces Congrès, on a attaqué aussi le Parti du Travail de Corée.
Le courant qui va contre les deux Déclarations de Moscou et mine l’unité du mouvement communiste international a atteint de nouveaux sommets au 6ème Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne.
Là, on s’est employé de plusieurs côtés à couvrir la clique révisionniste yougoslave, tandis que les délégués des partis frères ayant critiqué le révisionnisme yougoslave conformément à la Déclaration de Moscou de 1960 ont été traités d’une façon qui n’a rien à voir avec la camaraderie, d’une façon tout à fait brutale. Cette manière d’agir est extrêmement grossière et ne sert à rien. Aux yeux de certains camarades, il est intolérable et illicite de s’en tenir aux principes de la Déclaration de Moscou de 1960, qui a été adoptée à l’unanimité par les partis frères, tandis que le révisionnisme yougoslave, critiqué par cette même Déclaration, devrait être bien accueilli et être licite.
Ces mêmes camarades, d’une part, attaquent sans retenue les camarades qui s’en tiennent au marxisme-léninisme, et d’autre part font tout pour s’unir avec des révisionnistes achevés ; d’une part ils cherchent par tous les moyens à ôter aux délégués des partis frères qui s’opposent au révisionnisme yougoslave la possibilité de prendre la parole, d’autre part ils applaudissent ceux qui ont trahi le marxisme-léninisme. Que cette situation inqualifiable soit le résultat d’un plan minutieusement préparé, ne fait qu’en accroître la gravité.
Nous nous voyons dans l’obligation de déclarer avec tout le sérieux exigé que le mouvement communiste international se trouve à un tournant critique.
Les deux Déclarations de Moscou qui constituent la base commune de l’unité des partis communistes et ouvriers sont en grand danger d’être déchirées ouvertement. L’unité du camp socialiste et l’unité du mouvement communiste international sont gravement menacées.
A l’heure actuelle, dans le mouvement communiste international, l’attitude à adopter envers le révisionnisme yougoslave ne constitue pas un problème mineur, mais un problème majeur ; c’est une question qui concerne non pas la partie mais le tout ; ou on s’en tient au marxisme-léninisme ou on fait cause commune avec le révisionnisme yougoslave ; ou on base l’unité sur les Déclarations de Moscou ou on base « l’unité » sur le programme révisionniste yougoslave ou sur autre chose encore. Ce problème touche à l’unité, et il s’agit ou bien de renforcer réellement celle-ci ou de n’en parler que du bout des lèvres, tout en créant, en fait, la scission. En fin de compte, il s’agit ou de se conformer rigoureusement aux Déclarations de Moscou ou de les déchirer.
La Déclaration de Moscou de 1960 dit très clairement :
« Les partis communistes ont condamné à l’unanimité la variante yougoslave de l’opportunisme international, qui est une expression concentrée des ‘théories’ des révisionnistes contemporains.
Ayant trahi le marxisme-léninisme, proclamé par eux périmé, les dirigeants de la Ligue des Communistes de Yougoslavie ont opposé à la Déclaration de 1957 leur propre programme révisionniste et anti-léniniste. Ils ont opposé la L.C.Y. À tout le mouvement communiste international, ont détaché leurs pays du camp socialiste, l’ont fait dépendre de la soi-disant ‘aide’ des impérialistes, américains et autres, et ont mis ainsi le peuple yougoslave en danger de perdre les conquêtes révolutionnaires qu’il avait acquises au prix d’une lutte héroïque.
Les révisionnistes yougoslaves se livrent à des agissements subversifs contre le camp socialiste et le mouvement communiste mondial. Sous prétexte de mener une politique en marge des blocs, ils déploient une activité qui porte préjudice à l’unité de toutes les forces et de tous les Etats pacifiques. Les partis marxistes-léninistes ont toujours pour tâche impérieuse de dénoncer les dirigeants des révisionnistes yougoslaves et de lutter énergiquement pour préserver le mouvement communiste et le mouvement ouvrier des idées anti-léninistes des révisionnistes yougoslaves.»
La position du Parti communiste chinois vis-à-vis du révisionnisme yougoslave est exactement celle définie dans la Déclaration de Moscou de 1960, la position qui est et doit être celle de tous les partis marxistes-léninistes.
Cette position est diamétralement opposée à celle des révisionnistes yougoslaves. Ceux-ci sont fondamentalement opposés à la Déclaration de Moscou de 1957 et également à la Déclaration de Moscou de 1960 ; de plus, ils opposent leur programme révisionniste au programme commun des partis communistes et ouvriers de tous les pays.
Dans le programme de la Ligue des Communistes de Yougoslavie, la clique Tito nie l’antagonisme fondamental existant entre le camp socialiste et le camp impérialiste, préconise l’adoption de la position « super-bloc » ; elle rejette la doctrine de la révolution prolétarienne et de la dictature du prolétariat, en prétendant que :
« l’intégration pacifique » des pays capitalistes dans le socialisme est possible ; ils qualifient la propriété du peuple entier dans les pays socialistes de « capitalisme d’État » ; ils prétendent en outre que le marxisme-léninisme est « périmé »».
Comme l’eau l’est avec le feu, tout ceci est incompatible avec les thèses marxistes-léninistes des deux Déclarations de Moscou.
Dans le communiqué de la neuvième session plénière du Comité central de la Ligue des Communistes de Yougoslavie, publié après la Conférence de Moscou de 1957, c’est-à-dire en décembre 1957, il est dit :
« La session plénière considère que la délégation, poursuivant la ligne politique du Comité central de la Ligue des Communistes de Yougoslavie, a eu raison de ne pas assister à la Conférence des 12 Partis communistes et ouvriers des Pays socialistes et de ne pas signer la Déclaration de cette Conférence, qui contient des points de vue et appréciations en contradiction avec les points de vue de la Ligue des Communistes de Yougoslavie et considérés par elle comme incorrects. »
Quant à la Déclaration de Moscou de 1960, la clique Tito l’a attaquée avec plus de virulence encore.
C’est Vlahovic lui-même, délégué de la clique Tito, accueilli par certains avec un enthousiasme tenant du délire au Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne, qui déclarait, en février 1961, à la réunion élargie du Comité exécutif central de la Ligue des Communistes de Yougoslavie :
« La Conférence de Moscou a suivi une ligne recherchant des compromis entre divers points de vue et tendances, une ligne ‘de création de modèles, de nivellement mécanique et d’établissement de règles tactiques uniformes pour la lutte’, de sorte que, dans cette Déclaration, les points de vue et les tendances reflétant des courants sociaux contemporains objectifs dans le monde ont été confondus avec des concepts bureaucratico-dogmatiques, dont l’exemple le plus évident réside dans l’attitude adoptée envers la Yougoslavie socialiste ».
A propos de la Déclaration de Moscou de 1960, la résolution adoptée au cours de cette réunion de février 1961 de l’organe central de la L.C.Y. disait : « La Déclaration de Moscou ne peut qu’avoir des conséquences préjudiciables non seulement pour la cause du socialisme mais aussi pour les efforts en faveur du renforcement de la paix mondiale. »
Est-il juste ou non de critiquer le révisionnisme yougoslave ? La question ne faisait, en fait, aucun doute dans les rangs du mouvement communiste international. La position de principe du Parti communiste chinois, qui est l’opposition résolue au révisionnisme yougoslave, fut approuvée par d’autres partis frères. Ainsi, on se souvient qu’en juin 1958, le camarade Khrouchtchev disait au VIIe Congrès du Parti communiste de Bulgarie :
« Les camarades chinois et les autres partis frères ont eu raison de soumettre à une critique approfondie les propositions révisionnistes contenues dans le projet de programme de la Ligue des Communistes de Yougoslavie. »
On se souvient encore que, lors du précédent Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne, c’est-à-dire lors du Ve Congrès qui eut lieu en juillet 1958, il n’y eut pas de divergences entre les partis communistes et ouvriers sur la question de savoir si le révisionnisme yougoslave devait ou ne devait pas être critiqué. Le camarade Khrouchtchev déclara alors :
« Les points de vue anti-marxistes, anti-léninistes des dirigeants yougoslaves ont été soumis à une critique de principe approfondie par le Parti communiste chinois, le Parti socialiste unifié d’Allemagne et tous les autres partis frères. Dans les décisions prises par leurs organismes dirigeants et dans les articles de la presse du Parti, tous les partis ont adopté une position claire et nette et condamné ces points de vue, en accordant une attention des plus grandes à leur analyse critique. Et ceci est juste. »
Il déclara également :
«…quand les personnalités yougoslaves déclarent qu’elles sont des marxistes-léninistes et se servent uniquement du marxisme-léninisme comme d’un manteau pour induire les crédules en erreur et pour les écarter de la voie de la lutte de classes révolutionnaire indiquée par Marx et Lénine, elles veulent arracher des mains de la classe ouvrière l’arme de classe la plus aiguisée. Qu’elles le veuillent ou non, les personnalités yougoslaves aident l’ennemi de classe du peuple travailleur, et en échange, elles obtiennent des prêts ; en échange, les impérialistes font l’éloge de leur politique ‘indépendante’, ‘super-bloc’, que les forces réactionnaires utilisent pour tenter de saper notre camp socialiste ».
Il ajouta :
« Dans leurs discours et documents officiels, les dirigeants yougoslaves ont avancé ouvertement des points de vue révisionnistes incompatibles avec l’essence révolutionnaire du marxisme-léninisme. Ils ont nettement adopté une ligne schismatique, révisionniste, et par là, ils aident les ennemis de la classe ouvrière dans leur lutte contre le communisme, dans la lutte des impérialistes contre les partis communistes et contre l’unité du mouvement ouvrier révolutionnaire international ».
Et de poursuivre :
« Dans son essence, le programme des dirigeants yougoslaves est une mauvaise version d’un jeu de plates-formes révisionnistes des social-démocrates de droite. Les dirigeants yougoslaves ne suivent donc pas la voie de la doctrine révolutionnaire du marxisme-léninisme ; ils suivent la voie frayée par les révisionnistes et les opportunistes de la IIe Internationale ? Bernstein, Kautsky et autres renégats. En fait, ils ont maintenant fait cause commune avec la progéniture de Karl Kautsky, son fils Bénédict…»
Nous ne pouvons comprendre pourquoi certains camarades, qui avaient adopté une position juste sur la critique du révisionnisme yougoslave, ont maintenant viré de 180 degrés !
Il a été dit que ceci serait dû au fait que « les dirigeants yougoslaves ont éliminé beaucoup de ce qui était considéré comme des erreurs ». Malheureusement, la clique Tito elle-même n’a jamais admis avoir commis quelque erreur ; il ne pourrait donc être question d’en « éliminer ». Subjectivisme il y a, effectivement, lorsqu’on s’obstine à affirmer que la clique Tito a « éliminé » ses erreurs. Nous voudrions demander à ceux qui défendent la clique Tito d’écouter plutôt ses propres déclarations !
Dès avril 1958, Tito déclarait au VIIe Congrès de la Ligue des Communistes de Yougoslavie :
« Si quelque côté que ce soit attend de nous que nous renoncions à nos positions de principe dans les questions internationales et intérieures, il ne fait que perdre son temps. »
En 1959, Kardelj, autre dirigeant de la clique Tito, écrivait plus carrément encore dans une brochure :
« II semble à présent que les critiques ne cessent de nous proposer ce à quoi ils se sont mis à renoncer, et qu’ils critiquent en nous ce qu’ils se sont mis à accepter. »
Tout dernièrement, à Belgrade en décembre 1962, Tito déclarait à sa descente du train qui le ramenait d’Union soviétique :
« II est tout bonnement superflu et ridicule de discuter comment la Yougoslavie pourrait maintenant changer sa politique. Nous n’avons nul besoin de changer notre politique. » Et il ajoutait quelques jours après : « J’ai dit là-bas [en Union soviétique] qu’il n’est pas possible que la Yougoslavie change sa politique étrangère. »
Ces déclarations de Tito et de Kardelj constituent un déni catégorique d’un quelconque changement de la ligne et de la politique révisionnistes de la clique Tito. Effectivement, elle n’a pas du tout changé. Et que font ceux qui racontent à dessein que la clique Tito a « éliminé beaucoup de ce qui était considéré comme des erreurs », sinon débiter des mensonges !
Ces derniers temps, certains ont parlé abondamment de ce que leurs vues coïncidaient, dans de nombreux problèmes, avec celles de la clique Tito ou s’en rapprochaient. Nous voudrions demander : puisqu’il n’y a eu aucun changement dans la ligne et la politique révisionnistes de la clique Tito, est-ce à dire que ceux ayant parlé de la sorte se sont rapprochés davantage de la ligne et de la politique révisionnistes de la clique Tito ?
Ce qui est particulièrement surprenant, c’est que certains ont affirmé carrément que les Déclarations de Moscou constituent une « formule stéréotypée ». Ceux-là ne permettent à aucun parti frère de démasquer et de condamner le révisionnisme yougoslave. Ils prétendent que quiconque persiste à le condamner « emploie la loi de la jungle du capitalisme » et « adopte la même morale de » la jungle ». Nous voudrions demander : où veut-on en venir lorsqu’on qualifie de « formule stéréotypée » et de « loi de la jungle du monde capitaliste » la Déclaration de Moscou de 1960, accord réalisé dans l’unanimité par 81 partis frères ? Veut-on déchirer les Déclarations de Moscou ?
S’il y a « morale de la jungle » à condamner le révisionnisme yougoslave conformément à la Déclaration de Moscou de 1960, comment qualifier la morale de ceux qui vont à rencontre des Déclarations de Moscou et veulent littéralement « égorger » un parti frère et un pays frère ?
Nous avons aussi remarqué que le camarade Togliatti est allé jusqu’à dire :
« Cela justifie amplement la position que nous et d’autres avons prise à l’égard des camarades Yougoslaves en corrigeant, parce qu’elle était fausse sur ce point, la résolution de 1960 » [Déclaration de Moscou adoptée à l’unanimité par les 81 partis frères ? Note de la Rédaction].
Nous voudrions demander de quel droit le camarade Togliatti déclare fausse telle ou telle partie de la Déclaration de Moscou de 1960 adoptée à l’unanimité par les partis frères des différents pays ? De quel droit « corrige » t-il à sa guise ou déchire-t-il à sa guise un accord international solennel ? Si un ou plusieurs partis peuvent « corriger » à leur guise les accords réalisés à l’unanimité par tous les partis communistes et ouvriers, quels principes seraient à observer en commun ?
De toute évidence, certains traitent avec mépris des documents solennels adoptés à l’unanimité par le mouvement communiste international ; ils refusent de s’en tenir à des documents portant leur signature et, de plus, ils insultent ceux qui s’y conforment. C’est de la pure perfidie.
Ici, nous tenons à souligner que ceux qui font tant de zèle pour réhabiliter la clique Tito cherchent, avec la question yougoslave, à pratiquer une brèche pour, ensuite, mettre en pièces les deux Déclarations de Moscou.
Si cette tentative devait aboutir, cela reviendrait à dire que la critique du révisionnisme yougoslave faite, durant toutes ces années, par les partis communistes et ouvriers est fausse, et que la clique du renégat Tito a raison ; cela reviendrait à dire également que les deux Déclarations de Moscou sont erronées et que le programme révisionniste yougoslave est juste ; cela reviendrait à dire que les principes fondamentaux du marxisme-léninisme sont dépassés, qu’on ne doit plus combattre le révisionnisme moderne, et, à plus forte raison, le considérer comme le principal danger menaçant le mouvement communiste international ; cela reviendrait à dire qu’il faut emboîter le pas à la clique Tito et « faire cause commune avec la progéniture de Karl Kautsky, son fils Bénédict ».
S’il en était ainsi, la stratégie et la tactique du mouvement communiste international devraient être complètement modifiées, et la ligne capitulationniste du révisionnisme devrait être substituée à la ligne révolutionnaire du marxisme-léninisme. S’il en était ainsi, quelle base commune les partis communistes et ouvriers des divers pays auraient-ils encore pour s’unir ? N’est-ce pas là chercher délibérément à scinder le mouvement communiste international ?
A l’heure actuelle, les partis communistes et ouvriers ont pour devoir impérieux de défendre les Déclarations de Moscou, de sauvegarder et renforcer, sur la base des deux Déclarations, l’unité du camp socialiste et l’unité du mouvement communiste international. Nous sommes fermement pour l’unité basée sur les Déclarations de Moscou et résolument contre l’ «unité» basée sur le programme révisionniste yougoslave ou sur autre chose encore. C’est dans ce sens que le Parti communiste chinois déploiera inlassablement ses efforts, de concert avec tous les autres partis frères.
La cause du prolétariat a toujours eu un caractère international. Les communistes de tous les pays doivent s’unir dans la lutte commune pour faire triompher cette cause commune. Sans la solidarité et l’unité basées sur l’internationalisme prolétarien, aucun pays ne peut remporter ni consolider la victoire dans sa cause révolutionnaire.
La seule voie juste pour sauvegarder et renforcer cette unité ne peut qu’être celle du respect des principes régissant les rapports entre partis frères et entre pays frères, tels qu’ils sont définis dans les Déclarations de Moscou.
Ces principes sont : L’union basée sur le marxisme-léninisme et l’internationalisme prolétarien, l’entraide et l’appui mutuel, l’indépendance et l’égalité en droits, et l’unanimité des vues par voie de consultations. Appliquer consciencieusement ou non les principes régissant les rapports entre partis frères et entre pays frères, voilà le premier critère qui permet de juger si un communiste défend réellement ou non l’unité du mouvement communiste international.
Tous les partis frères sont liés par les Déclarations de Moscou, ces deux documents de valeur internationale adoptés à l’unanimité par les partis communistes et ouvriers. Ceux-ci ont pour devoir de les respecter et non pas de les violer.
Modifier les Déclarations de Moscou ou les proclamer nulles et non avenues est un droit que ne peut s’arroger un parti ni des partis, quels qu’ils soient. Au sein du mouvement communiste international, les résolutions de n’importe quel parti frère, qu’elles soient justes ou erronées, n’engagent que ce seul parti, quelle que soit l’importance de la position qu’il assume et du rôle qu’il joue.
Suivant les principes définis dans les Déclarations de Moscou, imposer le programme, les décisions, l’orientation ou la politique d’un parti à d’autres partis frères est chose inadmissible ; de même, les propos, irresponsables et contradictoires, qu’un dirigeant d’un parti tient un jour, puis un autre, ne peuvent être considérés comme des principes sacro-saints ; ni peut-on exiger des autres partis frères qu’ils s’y soumettent ; ni peut-on, de façon tout arbitraire, bouter tel ou tel parti frère hors du mouvement communiste international ou y introduire un renégat du marxisme-léninisme, par la seule volonté d’un parti ou de plusieurs partis.
Etant donné que la situation internationale est complexe et évolue rapidement, étant donné que les conditions dans lesquelles se trouve chacun des partis frères diffèrent grandement, les divergences d’opinions sur tel ou tel problème sont inévitables entre les partis frères des divers pays.
L’important, lorsque des divergences surgissent entre partis frères, c’est que ceux-ci doivent, suivant les principes régissant les rapports entre partis frères, tels qu’ils sont définis dans les Déclarations de Moscou, aplanir ces divergences et parvenir à l’unanimité des vues par voie intérieure et par consultations engagées sur un pied d’égalité ; il ne faut absolument pas divulguer ces divergences, face à l’ennemi, ni utiliser la presse et d’autres instruments de propagande pour attaquer publiquement les partis frères, et encore moins utiliser le congrès d’un parti dans ce même but. Il est évident que si l’on attaque publiquement aujourd’hui un parti frère et demain un autre, il ne peut être question de l’unité du mouvement communiste international.
Nous estimons que parler, d’une part, de cesser les attaques, tout en continuant, d’autre part, à en lancer, n’est absolument pas une attitude digne d’un communiste honnête. Comme l’a souligné le chef de la délégation du Parti du Travail de Corée à ce Congrès du Parti socialiste unifié d’Allemagne :
« Tout en parlant beaucoup, au cours de ce Congrès, qui n’est pas une conférence internationale des partis frères, de l’arrêt des controverses publiques portant sur les divergences de vues et du renforcement de l’unité, des divergences de vues entre partis frères ont été une fois de plus soulevées, et en particulier on a adressé des critiques unilatérales contre le Parti communiste chinois. Une telle attitude ne peut être considérée, à notre avis, comme amicale et digne de camarades. Elle ne conduit pas à l’unité et à la solidarité que nous voulons tous. »
Un bon geste utile à l’unité vaut mieux que mille paroles vides de sens sur l’unité. Il est temps de s’arrêter au bord du précipice ! Agir avec retard vaut mieux que ne pas agir. Nous espérons de tout cœur que le parti frère qui a déclenché les attaques mettra ses actes en accord avec ses paroles, qu’il prendra l’initiative de revenir à la voie des consultations inter-partis sur un pied d’égalité et aux principes régissant les rapports entre partis frères et entre pays frères, définis dans les Déclarations de Moscou.
Le Parti communiste chinois est profondément conscient de la responsabilité qui lui incombe dans la sauvegarde et le renforcement de l’unité du camp socialiste et du mouvement communiste international. Comme par le passé, nous n’épargnerons aucun effort pour apporter notre contribution dans ce domaine.
Le Parti communiste chinois a préconisé encore et encore que soit convoquée une conférence des représentants des partis communistes et ouvriers de tous les pays, que tout le monde se retrouve autour de la table dans une atmosphère sereine pour qu’à l’issue d’amples débats menés en toute camaraderie, les points ! De vue respectifs soient mis en harmonie, les divergences aplanies et l’unité renforcée sur une base nouvelle. Nous désirons, de concert avec tous les partis frères, prendre toutes les mesures qui permettront d’apporter la détente dans les relations et qui seront utiles au renforcement de l’unité, en vue d’assainir le climat et de créer les conditions nécessaires à la convocation d’une conférence des partis frères.
L’impérialisme et tous les réactionnaires, dont les Etats-Unis sont le chef de file, se débattent furieusement et tentent vainement d’entraver et d’inverser le courant de l’époque, de faire obstacle à la libération des nations et peuples opprimés et de saper le camp socialiste. Face à l’ennemi, nous, communistes, devons-nous unir plus étroitement que jamais et mener plus fermement encore la lutte commune.
Les propos et les actes préjudiciables à la lutte contre l’impérialisme et les réactionnaires des différents pays, à la lutte révolutionnaire des peuples, et à l’unité des communistes et celle de tous les peuples révolutionnaires, ne peuvent être approuvés par les communistes du monde entier, ni par le prolétariat et le peuple travailleur de tous les pays, ni par les nations et peuples opprimés, ni par tous ceux qui luttent pour la défense de la paix mondiale. L’unité du camp socialiste et l’unité du mouvement communiste international sont la source de notre force et l’espoir des nations et peuples opprimés. Plus nous sommes unis, plus les peuples du monde se réjouissent et sont encouragés. Plus nous sommes unis, plus nous sommes à même d’accroître la confiance en la victoire des peuples révolutionnaires et de frapper puissamment l’impérialisme et les réactionnaires de tous les pays.
Nous ne devrions pas décevoir l’attente des peuples du monde entier. Nous devons nous en tenir à l’unité, nous opposer à la scission. Nous devons avoir une unité authentique, combattre l’unité fictive. Unissons-nous sur la base du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien, sur la base des deux Déclarations de Moscou !