La délégation soviétique à la 28e session de l’Assemblée générale de l’O.N.U. a avancé récemment un projet de résolution sur la soi-disant « réduction des budgets militaires », demandant aux « membres permanents du Conseil de Sécurité de l’O.N.U. de réduire leurs budgets militaires de 10 pour cent dans la prochaine année fiscale à partir des niveaux de 1973 » et « d’utiliser une partie des fonds ainsi obtenus pour aider les pays en voie de développement ».
La délégation soviétique a proposé avec le plus grand sérieux du monde que le projet de résolution soit inscrit à l’ordre du jour de la présente session de l’Assemblée générale comme une question « importante et urgente ». Elle alléguait que l’adoption de cette proposition par l’Assemblée générale signifierait une « importante mesure pratique vers la réduction de la course aux armements » et se vantait qu’il s’agissait là d’une preuve de la « grande sollicitude » de l’Union soviétique à l’égard des pays en voie de développement, etc., etc.
Ce projet de résolution des révisionnistes soviétiques n’a rien de nouveau. Pendant les dix années où Khrouchtchev était au pouvoir, les révisionnistes soviétiques, à plusieurs reprises, ont lancé de semblables propositions.
En 1958, à la 13e session de l’Assemblée générale de l’O.N.U., l’Union soviétique proposa officiellement que les quatre puissances, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Union soviétique et la France, réduisent leurs dépenses militaires de 10 à 15 pour cent pour « aider » les pays sous-développés.
En 1962, l’Union soviétique et les Etats-Unis avancèrent une « déclaration conjointe sur l’affectation des fonds économisés grâce au désarmement à des fins pacifiques ».
A la « réunion pour le désarmement général et la paix mondiale » tenue en juillet de la même année, Khrouchtchev appela à affecter 8 à 10 pour cent de la totalité des dépenses militaires de par le monde à « l’aide aux jeunes Etats nationaux ».
En 1964, à la réunion de la Commission des Dix-huit sur le Désarmement tenue à Genève, l’Union soviétique lança un mémorandum proposant entre autres un « accord entre les pays sur la réduction des budgets militaires de 10 à 15 pour cent ». En fait, la comédie de la réduction des dépenses militaires n’était pas une invention de Khrouchtchev.
Déjà en 1899, lors d’une conférence de paix réunie à La Haye, le ministre des Affaires étrangères de la Russie tsariste avait proposé de maintenir le statu quo des forces armées et des budgets militaires pour une période de cinq ans.
En outre, depuis les années 50, certains pays impérialistes vieux style ont avancé diverses propositions sur la réduction des dépenses militaires.
Et la dernière proposition de désarmement soumise par les révisionnistes soviétiques à l’Assemblée générale est toujours la même camelote, mais dans un nouvel emballage, une reprise de la comédie du désarmement montée par Khrouchtchev et les anciens tsars.
En effet, dans chaque pays le budget militaire relève du secret de la défense nationale. Comme l’Union soviétique a proposé de réduire ses dépenses militaires de 10 pour cent, la première chose que l’on voudrait savoir, c’est comment évaluer les budgets militaires et combien l’Union soviétique dépense chaque année à des fins militaires.
L’Union soviétique publie chaque année les chiffres de ses dépenses militaires. C’est vrai, mais ces chiffres sont totalement trompeurs, et ce n’est un secret pour personne. En réalité, les dépenses militaires réelles de l’Union soviétique sont de plusieurs fois supérieures aux chiffres publiés.
Cela a été reconnu sans détour par Khrouchtchev. Selon les chiffres officiels publiés par l’Union soviétique, les dépenses militaires soviétiques de 1959 devaient être de 9,3 milliards de roubles, soit à peu près 10 milliards de dollars.
En septembre de la même année, dans un discours télévisé aux Etats-Unis, Khrouchtchev a admis que les dépenses militaires annuelles de l’Union soviétique « frôlent 25 milliards de dollars », soit 1,5 fois de plus que les chiffres publiés. Le Washington Post a rapporté que deux économistes de Léningrad avaient révélé que « les dépenses de la défense soviétique sont 4 ou 5 fois plus grandes que celles officiellement reconnues ».
D’après certaines données, il a été estimé en Occident que les dépenses militaires annuelles de l’Union soviétique au cours de ces dernières années avaient atteint 60 ou 70 milliards de dollars. Quelle distance entre ces chiffres et le chiffre officiel de 17,9 milliards de roubles (soit 20 milliards de dollars) publié par l’Union soviétique !
Dans ces circonstances, comment calculer les 10 pour cent à réduire ? Rien d’étonnant qu’après que la délégation soviétique eut formulé sa proposition de réduction de 10 pour cent à l’Assemblée générale, un diplomate de l’Occident se soit demandé : « Comment pouvons-nous savoir combien les Soviétiques ont dépensé pour la défense ? »
Depuis des années, les révisionnistes soviétiques claironnent chaque jour le désarmement et avancent chaque année des propositions, alors que leurs dépenses militaires s’élèvent toujours et que leur ambition hégémonique devient démesurée. Brejnev a ouvertement clamé : « la question de la défense nationale vient avant toute autre chose dans notre travail » et une « grande partie des fonds » « sera affectée à la défense nationale » afin que la « capacité défensive [soviétique) soit maintenue au niveau le plus élevé ».
Prenons comme exemple les chiffres officiels, beaucoup minimisés, des dépenses militaires soviétiques : en 1958, quand l’Union soviétique proposait à la 13e session de l’Assemblée générale de l’O.N.U. que les quatre puissances, y compris les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, réduisent leurs dépenses militaires de 10 à 15 pour cent, les dépenses militaires soviétiques officiellement reconnues étaient de 9,3 milliards de roubles.
Mais en 1964, lorsque le gouvernement soviétique, à la conférence de Genève de la Commission des Dix-huit sur le Désarmement, avança son mémorandum sur la réduction des dépenses militaires, le chiffre officiel des dépenses militaires soviétiques s’était élevé rapidement à 13,3 milliards de roubles.
En six ans, les dépenses militaires soviétiques, loin d’avoir été réduites, avaient augmenté de 40 pour cent ! Cette année, quand l’Union soviétique a relancé à la présente session de l’Assemblée générale sa vieille proposition sur la réduction de 10 pour cent des dépenses militaires, celles-ci, d’après le rapport budgétaire du ministre soviétique des Finances, se sont maintenues encore au niveau record des 17,9 milliards de roubles, soit un accroissement de 90 pour cent par rapport à 1958. Est-ce là la « sincérité » du gouvernement soviétique au sujet du désarmement ?
Les immenses dépenses militaires de l’Union soviétique sont le résultat inévitable de ses efforts frénétiques tendant à l’expansion des armements et à la préparation à la guerre dans la dispute pour l’hégémonie mondiale.
Au cours des dix et quelques dernières années, l’Union soviétique a dépensé une centaine de milliards de dollars rien que pour les armements nucléaires. A présent, le nombre de ses missiles balistiques intercontinentaux est supérieur de plus de 40 fois à celui de 1960. En 1972, le nombre des sous-marins nucléaires équipés de missiles balistiques avait augmenté de 4 fois par rapport à 1968.
Le tonnage des bâtiments de guerre soviétiques a presque doublé ces dix dernières années. Il est d’environ trois millions de tonnes. Selon les statistiques, rien qu’en 1970, l’Union soviétique a dépensé 3 milliards de dollars pour la construction de bâtiments de guerre ; ce chiffre dépasse les dépenses des Etats-Unis aux mêmes fins dans la même année.
A présent, les révisionnistes soviétiques accélèrent leur course aux armements nucléaires, multiplient les essais nucléaires souterrains, développent intensément la production expérimentale de missiles téléguidés à têtes multiples indépendantes, et améliorent sans cesse la qualité de leurs armes stratégiques.
Récemment, le journal soviétique Krasnaya Zvezda a déclaré ouvertement que « faire tous les efforts pour renforcer la capacité de combat des forces armées soviétiques » est devenu « une des tâches les plus importantes » de l’Union soviétique, et que l’Union soviétique « est prête à mener une guerre qui recourrait à n’importe quelle arme ». L’expansion frénétique des armements et les intenses préparatifs en vue d’une guerre des révisionnistes soviétiques augmentent inévitablement leurs dépenses militaires. Donc, pas question de réduction.
Evidemment, la récente proposition des révisionnistes soviétiques sur la réduction des dépenses militaires est une supercherie à cent pour cent. Leur but est de créer une fausse impression de « détente » et d’endormir les peuples du monde pour camoufler leur expansion accélérée des armements ainsi que leur lutte pour l’hégémonie mondiale.
Ce faisant, ils tentent aussi de duper certaines gens et de farder leur hideux visage déjà mis à nu dans le tiers monde afin d’y masquer leur infiltration et leur expansion.
C’est pourquoi la proposition des révisionnistes soviétiques a été accueillie par des railleries de la part des représentants de beaucoup de pays dès sa sortie. Un représentant africain a touché le vif du problème : « C’est une comédie de désarmement à la Khrouchtchev. »
Un autre représentant africain a dit que la proposition soviétique était une « supercherie soigneusement élaborée ». Des diplomates occidentaux estiment également que la proposition soviétique est simplement un « geste de propagande ».