La Fraction Armée Rouge – Rote Armee Fraktion – a été une guérilla urbaine active pendant 28 années en Allemagne de l’Ouest, puis en Allemagne après la réunification. De 1970 à 1998, elle a mené de nombreuses actions, au nom de la révolution mondiale, avec comme objectif de frapper l’impérialisme.
Il est commun de parler de « trois générations. » La première a été très célèbre en Europe de l’Ouest, sous le nom médiatique et impropre de « bande à Baader », « groupe Baader – Meinhof », du nom des deux figures dirigeantes d’alors, Andreas Baader et Ulrike Meinhof.
Cette première génération, qui a lancé le processus en 1970, a eu un grand retentissement en Allemagne de l’Ouest, où l’Etat a réagi dans une panique générale et instauré une série de lois ultra-répressives. Cependant, les erreurs idéologiques aboutiront à l’échec de la proposition stratégique, dans ce qui a été appelé la « défaite de 1977. »
La seconde génération a repris le relais, mais en se recentrant sur la « scène anti-impérialiste » née de l’action de la RAF et rassemblant plusieurs milliers de personnes sympathisantes. Le point culminant de la démarche fut le « document de 1982 » appelant à l’union de la « résistance » et de la guérilla, comme identité révolutionnaire dans les métropoles.
Les nombreuses arrestations marquèrent l’échec de la « seconde génération », dont la dirigeante a été Brigitte Mohnhaupt, avec également Christian Klar.
Une troisième génération prit alors le relais, sur laquelle la police n’est parvenue à avoir aucune information, ni à identifier personne. Après avoir prolongé la ligne anti-impérialiste de 1982, la RAF fut confrontée à la disparition extrêmement rapide de toute la scène anti-impérialiste durant la période 1988-1989.
Après avoir tenté de développer une nouvelle stratégie formulée en 1992, elle prit la résolution de s’autodissoudre.
La RAF est née d’activistes de la seconde moitié des années 1960, années qui ont en Allemagne de l’Ouest été particulièrement marquées par ce qui a té appelé le mouvement étudiant.
L’Allemagne de l’Ouest avait, en effet, interdit le Parti Communiste d’Allemagne et procédé à de massives interdictions de travail comme fonctionnaires pour les communistes. La loi de 1972, par exemple, a amené 3,5 millions de candidats pour l’enseignement à se voir espionner, avec en conséquence 11 000 actions judiciaires, 2 200 procédures disciplinaires, 1 250 interdictions professionnels et 265 licenciements.
De plus, l’Allemagne de l’Ouest avait, à l’opposé de l’Allemagne de l’Est, massivement intégré les anciens nazis dans l’appareil d’État ; idéologiquement, l’anticommunisme était un moteur essentiel et populaire, appuyé bien entendu et par ailleurs par la collaboration étroite, voire la soumission, à l’impérialisme américain.
Dans ce cadre, qui est celui de la « reconstruction » du pays après la seconde guerre mondiale impérialiste, la social-démocratie et les chrétiens-démocrates s’unirent en décembre 1966 pour former un gouvernement, profitant de 90 % des voix.
Seule la nouvelle génération étudiante était capable de rompre culturellement avec l’idéologie dominante ; elle profitera pour cela de Rudi Dutschke, théoricien et idéologue d’un marxisme anti-impérialiste semi-léniniste, dirigeant de ce qui deviendra l’APO (opposition extraparlementaire).
L’APO est né surtout du prolongement de la situation très tendue issue du 2 juin 1967, lorsqu’au cours d’une manifestation contre la venue du Shah d’Iran à Berlin-Ouest un jeune, Benny Ohnesorg, est exécuté par la police.
Le point culminant est alors, à la Pâques 1968, le grand congrès à Berlin-ouest contre la guerre du Vietnam et pour la révolution mondiale. Rudi Dutschke est alors à l’apogée, et le 11 avril un fasciste le blessera grièvement à la tête de trois coups de pistolet, alors que l’ensemble de la presse, surtout celle du millionnaire Springer et son tabloïd « Bild Zeitung », menait une propagande intense contre l’extrême-gauche.
C’est dans ce cadre qu’a lieu un élément déclencheur le 2 avril 1968, une bombe incendiaire explose dans la nuit dans deux grands magasins de Francfort, le « Kaufhof » et le « Schneider », en protestation contre « le génocide au Vietnam. »
Deux jours plus tard furent arrêtés Andreas Baader, Gudrun Ennslin, Thorwald Proll, Horst Söhnelein, les trois premiers partant en France pour éviter une peine de trois ans de prison, après avoir fumé le cigare au procès le 31 octobre 1968, en référence au Che.
Andreas Baader rencontrera alors des dirigeants de la Gauche Prolétarienne et proposera la lutte armée comme stratégie.
Parallèlement, Ulrike Meinhof qui était la responsable de la principale revue de gauche appelée « Konkret » et était une intellectuelle de gauche reconnue, prit le parti de l’action menée contre les deux grands magasins.
C’est ainsi que se forma le noyau dur de la future Fraction Armée Rouge, principalement autour de Baader et de Meinhof. Baader était une sorte de blouson noir et Meinhof une intellectuelle de gauche ; leur position était culturellement à mi-chemin entre la scène marxiste-léniniste arborant Mao Zedong et la scène des « rebelles du hasch », des expériences de vie en commun à plusieurs, etc.
En février 1970, Baader est finalement arrêté lors d’un contrôle de permis. Il est cependant libéré de manière armée le 14 mai 1970, lors de son travail surveillé dans un institut de questions sociales.
C’est la naissance de la RAF, sous forme d’un appel à fonder l’armée rouge par la résistance armée en s’appuyant sur la jeunesse maltraitée par les institutions et sur les couches les plus pauvres, puisqu’une partie de la population est paralysée par « la consommation, les crédits, les contrats-logements.»
Les activistes de la RAF vont alors s’entraîner en Jordanie dans un camp de l’organisation palestinienne Fatah, avant de mener des actions pour se procurer du matériel : attaque de deux banques le 29 septembre 1970 à Berlin-ouest, effraction nocturne 16 novembre 1970 dans la mairie de Neustadt puis le 21 novembre à Lang-Gons afin de se procurer des tampons officiels et des passeports, attaque le 15 janvier 1971 de deux caisses d’épargne à Kassel.
La RAF produit alors en avril 1971 son premier document stratégique, intitulé « Le concept de guérilla urbaine. »
L’idée de base est simple : l’Allemagne de l’ouest est un pays où les révolutionnaires sont faibles, alors que la bataille pour la révolution mondiale fait rage. Il est donc tactiquement correct de reprendre la méthode des Tupamaros en Uruguay et de pratiquer la guérilla urbaine pour être en mesure de participer à la lutte mondiale, malgré les faiblesses existantes.
Culturellement, c’est le nœud gordien des activistes de la RAF et cela le restera toujours, jusqu’au bout. Cependant, d’autres valeurs viennent se greffer dessus. Il y a tout d’abord le fait que cette tactique de la guérilla urbaine se voit intégrer dans le concept de « Guerre populaire. »
La RAF assume ici une orientation maoïste, qu’elle n’assume pas ailleurs puisque l’URSS est considéré comme « bloquée » dans la construction du socialisme en raison de l’échec de la révolution mondiale, et non comme social-impérialiste.
La RAF adopte ici le point de vue guévariste de l’URSS comme « base arrière » et elle a d’ailleurs le même concept d’avant-garde non pas idéologique (comme pour le maoïsme) mais subjective, comme Guevara.
La RAF se pose comme lieu de passage dans l’illégalité, pour participer à la bataille révolutionnaire sur un plan mondial : ce n’est pas l’Allemagne de l’Ouest le véritable lieu des contradictions, et ce qui est déterminant est la décision individuelle, personnelle, le choix de la rupture.
Lorsque le 17 janvier 1972 a lieu un échange de coups de feu au cours d’un contrôle de police, la police affirme qu’Andreas Baader était dans la voiture et une campagne de presse monstre se développe autour du thème selon lequel « les terroristes sont partout. »
La réponse de la RAF est un nouveau document, en avril 1972. Dans « Fraction Armée Rouge – guérilla urbaine et lutte de classe », la RAF analyse la grève des travailleurs du secteur chimique, la militarisation de la lutte de classe, l’actualité objective de te question sociale, les liens entre les trusts et l’État, les différents réformismes, la possibilité et la fonction de la guérilla urbaine.
C’est une tentative de poser la stratégie de la guerre populaire, en analysant la société. Les actions se situent par contre immédiatement sur le terrain anti-impérialiste. Le 11 mai 1972, le commando Petra Schelm, du nom d’une militante de la RAF exécutée par la police le 15 juillet 1971, attaque à la bombe le QG du 5e corps US à Francfort.
Le lendemain, deux bombes explosent a la direction de la police d’assurance d’Augsbourg, alors qu’à Munich une explosion a lieu sur le parking de la police criminelle (10 blessés et 100 voitures totalement détruites).
Le 16 mai 1972 a lieu l’attaque à l’explosif contre le juge Buddenberg, à Karlsruhe, accusé par le commando Manfred Grashof de la RAF de la narcotisation forcée de la prisonnière Carmen Roll et des conditions d’isolement. Le commando exige l’application de la convention des droits de l’homme (Genève) et de la charte des Nations-unies en ce qui concerne le droit des prisonniers.
Le 19 mai 1972, deux bombes explosent dans la maison d’édition du grand trust Springer, suite à l’attaque par une autre guérilla ; le « mouvement du deux juin. » Il y a 34 blessés dont de nombreux travailleurs, malgré qu’à deux reprises pourtant des appels téléphoniques aient prévenu de l’action.
Enfin, le 24 mai 1972, la RAF attaque à l’explosif le QG du corps de l’année US stationnée à Heidelberg, et détruit l’ordinateur central coordonnant tes bombardements au nord-Vietnam.
Une semaine après, le quotidien « Die Welt » appartenant à Springer annonce que la RAF se propose de faire sauter une série de bombes dans la ville de Stuttgart, la RAF est aussi accusée de vouloir lancer des roquettes sur les stades lors des matchs de football, de vouloir prendre des enfants en otage, de vouloir empoisonner l’eau potable…
Finalement, Andreas Baader. Holger Meins et Jan-Carl Raspe sont arrêtés le 1er juin 1972 lors d’une opération spéciale, avec 300 policiers équipés de pistolets mitrailleurs, un tank, dans un garage de la banlieue de Francfort. Raspe et Meins sont blessés, Baader l’est également, grièvement dans un échange de coups de feu.
Deux semaines après, Ulrike Meinhof et Gerhard Müller sont arrêtés dans une maison de la banlieue de Hanovre. D’autres arrestations suivent : Gudrun Ennslin est arrêtée le 7 juin à Hambourg, Brigitte Monhaupt le 9 juin à Berlin-Ouest, Irmgard Möller et Klaus Junschke le 7 juillet à Offenbach.
En novembre, la RAF renforce alors son orientation anti-impérialiste subjectiviste, aux dépens de la guerre populaire, avec « L’action de septembre noir à Munich – à propos de la stratégie de la lutte anti-impérialiste. »
La RAF y salue l’action du commando palestinien lors des jeux olympiques en Allemagne et affirme que les métropoles impérialistes sont bloquées par l’opportunisme produit par les médias et la consommation de masse, le 24 heures sur 24 du capitalisme.
La RAF se pose alors comme pointe du combat dans les métropoles, et de fait face à une répression terrible, marquant l’opinion publique ouest-européenne. Le 17 janvier 1973, 40 activistes de la RAF commencent en prison une grève de la faim, notamment en soutien à Ulrike Meinhof.
Celle-ci, auparavant dans « l’aile morte » d’une prison de Cologne (sa description de la privation sensorielle dans les cellules d’isolement a fait date), est placée le 9 février 1973 dans une cellule isolée d’une prison masculine où elle peut entendre des bruits humains. L’Etat cesse de livrer de l’eau aux grévistes de la faim, et la grève prend fin le 12 février.
Une nouvelle grève a lieu le 8 mai, avec 80 activistes de la RAF, afin d’obtenir les mêmes droits que les autres prisonniers ; l’eau est de nouveau enlevée à certains et la grève se termine le 29 juin 1973.
Le 10 septembre 1974 commence le début du procès contre Ulrike Meinhof ; elle est condamnée à huit ans de prison, alors que Horst Mahler, un avocat qui a tenté de produire sa propre ligne de la RAF, puis s’est dissocié, ne fera que six années de prison au lieu de quatorze (il finira par rejoindre l’extrême-droite durant les années 1990).
Durant ce procès, Ulrike Meinhof pose la base idéologique stratégique guévariste de la RAF, dans son discours le 13 septembre : « Sur la lutte armée et la défensive de la contre-révolution par la guerre psychologique contre le peuple. »
La RAF existe alors en prison et en dehors de celle-ci. Du 13 septembre 1974 au 5 février 1975 a lieu une troisième grève de la faim, alors que Holger Meins meurt dans des conditions terribles.
Son avocat, qui a pu finir par le voir le 9 novembre 1974 après de nombreuses démarches, raconte ainsi : « Holger Meins est amené sur un brancard par deux gardiens. Ils déposent te brancard tout près de la porte ouverte, à côté de deux cartons renfermant des dossiers de sa défense et une bouteille d’eau, puis ils se retirent.
Holger Meins a les yeux clos, il n’est pas capable de se remuer, il ne peut même pas replier ses jambes. C’est un squelette. Un mètre quatre-vingt-cinq environ. Quarante-deux kilos seulement. Ils lui ont bourré les pantalons de papier. Holger ne peut plus parler. Il peut difficilement murmurer quelques mots en s’interrompant. Pendant plusieurs instants, il ne semble pas entendre. »
La réponse de la RAF arrive trois jours après, avec l’exécution du président du tribunal de grande instance de Berlin, Von Drenkmann, puis le 21 novembre 1974 avec une bombe devant le domicile de Gerd Ziegler, juge du tribunal de Hambourg.
Alors que des prisonniers sont libérés suite à une action de la guérilla du mouvement du deux juin, la RAF prend l’initiative avec l’occupation de l’ambassade d’Allemagne de l’ouest dans la capitale suédoise, Stockholm, le 24 avril 1975.
A la revendication de la libération de 26 personnes répond l’attaque policière, entraînant la mort d’Ulrich Wessel et le transport immédiat de Siegfried Hausner qui était grièvement blessé et qui mourra le 4 mai à la station intensive de la prison de Stammheim.
Le chanceler Schmidt lance alors le 25 avril 1975 : un appel général aux citoyens dans le combat contre la RAF. C’est le point culminant de l’offensive étatique, alors que s’ouvre dans la foulée, le 21 mai 1975, le procès d’Andreas Baader, de Gudrun Ennslin, de Jan-Carl Raspe et encore d’Ulrike Meinhof, dans une annexe de la prison de Stuttgart-Stammheim, annexe spécialement construite pour l’occasion.
Le procès va vite se dérouler sans les prisonniers, trop malades pour être présent, alors que l’État lance la procédure comme quoi tout parti politique doit jurer fidélité à la constitution.
Surtout, est liquidée la grande figure de la RAF : Ulrike Meinhof est retrouvée « suicidée » dans sa cellule, le 9 mai 1976 ; le 24 mai, la « loi anti-terreur » est mise en place.
La RAF est alors un tournant : la liquidation d’Ulrike Meinhof fait qu’est joué le tout pour le tout ; la fuite en avant est complète, avec une pression énorme de l’État.
Le 1er juin 1976 a lieu un attentat contre le quartier général des forces américaines à Francfort, avec 16 blessés, alors que le 10 juin 1976 a lieu un attentat contre l’avocat Langner, défenseur d’un membre de la RAF, Margaret Schiller, avec un mort et cinq blessés.
En octobre 1976, le procureur annonce son réquisitoire dans lequel il considère les inculpés comme des prisonniers de droit commun et réclame la réclusion à perpétuité pour chacun d’eux ; les prisonniers de leur côté font une nouvelle grève de la faim en janvier 1977 en réponse à la révélation des écoutes de la prison de Stammheim.
Une nouvelle grève est lancée le 30 mars 1977, avec comme revendication le regroupement par groupes de 15 à 20 personnes et des garanties minima sur les prisonniers de guerre.
Le 7 avril 1977, le procureur Buback est exécuté à Karlsruhe par un commando de la RAF, et le 28 avril 1977 Andreas Baader, Gudrun Ennslin et Jan-Carl Raspe sont condamnés à la détention à vie.
Les prisonniers continuent la grève de la faim, jusqu’à ce que le 30 avril 1977, le ministre de la justice de la région du Bade-Wurtemberg promet le regroupement.
La répression, elle, continue d’avoir des succès : Günter Sonnenberg et Verena Becker sont arrêtés le 3 mai 1977 à Singen, après un échange de coups de feu avec la police, Gunter Sonnenberg finissant grièvement blessé, puis le 5 mai sont arrêtés Knut Folkerts et Jonas Thimme (qui n’était pas membre de la RAF et mourra plus tard dans une bombe explosant trop tôt, le 20 janvier 1985).
L’espoir d’un regroupement est là, cependant : le 22 juin 1977 commence une grève de la faim de Lutz Taufer, Kari-Heinz Dellwo, Bernd Rössner et Hanna Krabbe pour être regroupés avec les autres à Stammheim, suivant ainsi une grève avec les mêmes buts commencés par Verena Becker et Sabine Schmitz le 24 mai.
La machine est toutefois enclenchée et s’emballe : le 11 juillet 1977, Klaus Croissant, avocat d’Andreas Baader, demande l’asile politique à la France, alors que le 30 juillet 1977, Jurgen Ponto, président de la Dresdner Bank, est exécuté à Bad Hombourg.
Et finalement, le 8 août 1977, à la suite d’une provocation des gardiens, une partie des prisonniers de Stammheim, qui avaient été amené pour constituer des « groupes capables d’interactions sociales » conformément aux promesses du ministre de la justice, sont transférés dans d’autres prisons.
L’isolement est rétabli, une nouvelle grève de la faim est lancée.
L’échec de la lutte pour le regroupement est patent et le 23 septembre 1977, les détenus de Stammheim cessent leur grève de la faim devant l’inflexibilité de l’État.
Mais l’arrière-plan de cet arrêt est la bataille de 1977. Le 25 août 1977, un attentat contre les bureaux du procureur fédéral Rebman à Karlsruhe est déjoué, mais le 5 septembre 1977, Hans Martin Schleyer est enlevé par le commando Siegfried Hausner.
« Patron des patrons », c’est-à-dire chef des fédérations patronales allemandes, Hans Martin Schleyer avait milité aux jeunesses hitlériennes et avait été actif comme commissaire politique dans la SS ; en 1963 il faisait partie du conseil de direction de Daimler-Benz (Mercedes).
C’est la première étape de la bataille de 1977, que l’État entend ne pas perdre, procédant à des enquêtes massives : contrôle des identités et des voitures, des camions, des personnes entre 20 et 35 ans sur Interpol, vérification des factures d’électricité, etc.
Et, chose importante, les contacts avec les prisonniers de la RAF deviennent impossibles, tandis que le 31 septembre 1977, Klaus Croissant est arrêté à Paris, extradé et condamné à deux ans et demi de prison.
Un saut qualitatif est effectué avec le détournement d’un avion de la compagnie allemande Lufthansa, rempli de touristes pour Palma de Majorque, par le commando palestinien Martyr Halimeh, exigeant la libération des prisonniers de la RAF.
L’Etat allemand a un boulevard pour présenter la RAF comme une menace pour le peuple et pour prendre l’initiative. Le 18 octobre 1977, l’avion est pris d’assaut, trois membres du commando palestinien sont tués et un quatrième grièvement blessé.
Et on retrouve « suicidés » dans leur cellule Andreas Baader, Gudrun Ennslin et Jan-Carl Raspe, alors qu’Irmgard Möller est elle grièvement blessée de coups de couteaux.
Le lendemain, Schleyer est retrouvé dans le coffre d’une Audi 100 à Mulhouse, en France et le surlendemain le chancelier Schmidt peut expliquer à sa manière les événements et mettre en avant la République Fédérale Allemande ; le 28 octobre est instaurée une nouvelle loi anti-terroriste ciblant les ennemis de la république.
La répression est complète : Willy-Peter Stoll est littéralement exécuté par la police lors de son arrestation le le 6 septembre 1978 à Düsseldorf.
Durant l’hiver 1977/1978, les débats se lancent dans une scène anti-impérialiste proche de la RAF, présente notamment à Hambourg, Berlin-ouest et Francfort et formée au fur et à mesure des actions de la RAF et des grèves de la faim.
Cette scène est proche des autonomes et en forme une composante organisée cependant indépendamment ; elle commence elle-même à mener des actions illégales très nombreuses, notamment contre des bases américaines.
Les « anti-imps » considèrent que la lutte armée dans la métropole impérialiste, sur la base de l’internationalisme prolétarien, permet la constitution d’une identité authentiquement révolutionnaire. La RAF se positionne elle aussi directement dans la continuité de la ligne anti-impérialiste qui a triomphé en son sein, aux dépens de toute considération sociale-révolutionnaire ouest-allemande.
Le 25 juin 1979, le commando Andreas Baader de la RAF attaque à l’explosif la voiture du général Haig, haut responsable de l’OTAN, celui-ci survivant. Le 4 mars 1980, la maison américaine est occupée en solidarité avec la guérilla, pour la construction du « front anti-impérialiste en Europe de l’ouest. »
Le 17 mai 1980 a lieu une manifestation contre l’isolement et les cellules de déprivation sensorielle, et le 2 juin 1980, une partie de la guérilla du mouvement du 2 juin se dissout, pour continuer la lutte « dans la RAF, en tant que RAF », le reste procédant à son autodissolution.
Le 16 avril 1981, Sigurd Debus, qui est issu de groupes armés proches de la RAF (qu’il rejoint ensuite en prison), meurt lors d’une grève de la faim, étant depuis le 19 mars nourri de force et contre son gré et sa résistance.
Le 31 août 1981, le commando Sigurd Debus de la RAF attaque le quartier général de l’US air force en Europe, à Ramstein, avec comme mots d’ordre « attaquer les centres, les bases et les stratèges de la machinerie militaire américaine », « développer la résistance contre la destruction en front pour la révolution en Europe », « Mener la lutte dans la métropole ensemble avec les révolutionnaires du tiers-monde. »
Le 15 septembre 1981, le commando Gudrun Ennslin exécute le général Kroesen, responsable dans l’armée US et dans l’Otan et la RAF annonce : « La guérilla ouest-européenne ébranle le centre impérialiste. »
La RAF, en 1982, dispose donc d’un soutien qui, à défaut d’être populaire comme au début des années 1970 – la défaite de 1977 a refermé cette possibilité – est organisé et dispose d’un haut niveau idéologique.
La scène anti-imps dispose de réseaux, les « infoladen » font circuler les documents, et la RAF dispose ainsi de portes d’entrée par l’intermédiaire de différents cercles militants.
Elle propose alors une stratégie combinée, dans un document publié en mai 1982 : « Guérilla, résistance et front anti-impérialiste.»
La guérilla, c’est la RAF, la résistance, c’est la scène des « anti-imps. » Le « Front anti-impérialiste », c’est l’assemblage subjectif et se voulant devenant objectif de toutes les résistances révolutionnaires en Europe de l’ouest ; un slogan « anti-imps » dit ainsi « IRA, RAF, Brigaden, ETA – eine Front in Westeuropa » (IRA, RAF, Brigades (rouges), Eta – un seul front en Europe de l’Ouest), un autre explique que « die Front ensteht – als kämpfende Bewegung » (Le front se forme comme mouvement combattant).
Cette proposition stratégique dispose d’un large écho militant, comme le montre la grande manifestation des autonomes et anti-impérialistes contre le sommet de l’OTAN le 18 juin 1982, l’existence la radio pirate « Guerre à la guerre impérialiste », la manifestation nationale à Krefeld le 25 juin 1983 contre la propagande guerrière de l’OTAN et la grande rencontre à laquelle doivent participer le président américain Georges Bush, le chancelier Helmut Kohl et plus de 1000 congressistes.
Le Front parvient à se développer, malgré les arrestations de Christian Klar et de Brigitte Monhaupt (c’est elle que l’on voit sur la fameuse photographie avec « Mao – Art » écrit sur le mur). Il est considéré que Monhaupt a été la dirigeante de la RAF, et que Klar a écrit le document sur le « Front » de 1982.
Lors de leur procès, ils rendirent public le 4 décembre 1984 un document intitulé « Explication au sujet de 1977 », où Monhaupt et Klar considèrent que la RFA a jeté le masque en 1977 : elle est un État dans la continuité du nazisme et est un outil de l’OTAN.
Or, comme l’impérialisme est un système mondial, alors l’internationalisme prolétarien est la seule idéologie valable et s’exprime dans la guérilla. Ce qui n’était qu’un aspect de la démarche de la RAF à l’origine devient l’identité même de la RAF.
C’est l’abandon de la ligne de « victoire à la guerre populaire » et d’un horizon révolutionnaire populaire, au profit d’une activité d’une avant-garde se choisissant subjectivement dans les métropoles ; tout se joue mondialement et même des mouvements de libération nationale comme l’IRA ou ETA auraient finalement désormais comme contenu la révolution sociale elle-même.
La scène anti-impérialiste suit cette ligne dont la stratégie est d’être contre la stratégie de l’impérialisme.
En décembre 1984 (et jusqu’à la mi-février) a lieu une nouvelle grève de la faim des prisonniers pour l’application de la convention de Genève ; le 18 décembre 1984 a lieu une tentative d’action contre la shape school, école de formation des cadres de l’armée US ; le 29 décembre 1984 a lieu l’incendie d’un bureau des services secrets US (military intelligence detachment-bataillon) et le lendemain a lieu l’attaque à l’explosif d’une station émettrice de l’armée US à Heidelberg.
Les actions de ce type sont nombreuses et la scène anti-impérialiste connaît son apogée, avec de vastes campagnes de soutien aux prisonniers de la RAF.
De son côté, la RAF a entamé un processus de travail l’organisation française Action Directe, aboutissant à un communiqué commun en janvier 1985, où est défendue la même ligne : « Nous déclarons : il est aujourd’hui nécessaire et possible d’ouvrir dans les centres impérialistes une nouvelle phase du développement de la stratégie révolutionnaire authentique, et l’une des conditions à ce saut qualitatif est de créer l’organisation internationale du combat prolétarien dans les métropoles, son noyau politico-militaire : la guérilla ouest-européenne. »
Le 1er février 1985, le commando Patsy O’hara de la RAF exécute Zimmerman, patron des patrons dans l’industrie aéronautique, et le 25 janvier Action Directe (AD) exécutait Audran, plus haut responsable de l’armement en France.
Puis le 8 août 1985, un commando commun RAF / AD, appelé commando George Jackson, attaque l’Air Base qui est le plus grand aéroport militaire américain en-dehors des USA.
L’action contre l’Air Base a été le premier grand trouble dans la scène anti-impérialiste. La raison est qu’un sergent US, Edward Pimmental, a été « dragué » puis exécuté, afin d’obtenir sa carte pour pénétrer dans la base.
Cette exécution d’un soldat a été considérée comme étant une nouvelle stratégie, qu’il n’était ni possible de suivre, ni même souhaitable, et la RAF a été obligée en janvier 1986 de procéder à une autocritique, « parce qu’une telle action ne peut qu’être définie politiquement et stratégiquement et que le développement subjectif de la résistance ici et la situation objective n’y correspondent pas. »
Cela n’empêcha pas le succès, du 31 janvier au 4 février 1986, du « Congrès de la résistance anti-impérialiste et anticapitaliste en Europe de l’ouest » à Francfort, avec pratiquement 3000 personnes de toute l’Europe de l’Ouest.
Mais ce fut un premier avertissement, un premier raté révélant la fuite en avant de la ligne anti-impérialiste, d’autant plus que la seule dynamique est le combat contre le « complexe militaro-industriel » et l’OTAN, ce qui signifie que la RAF se place ouvertement dans une ligne considérant l’Union soviétique comme jouant un rôle positif.
Des contacts furent également pris avec la République Démocratique Allemande afin qu’une dizaine de membres puissent quitter la RAF pour s’installer là-bas (ils se feront rattraper après 1989). Des contacts existaient de fait déjà, la RAF étant proche du FPLP et avait donc une porte ouverte vers le KGB et la Stasi, les services secrets soviétiques et allemands.
Le 9 juillet 1986 a lieu l’exécution de Beckurts, responsable de la recherche et des techniques chez Siemens et de la « commission de travail à l’énergie atomique » dans l’union des industriels allemand, par le commando Mara Cagol (fondatrice des Brigades Rouges en Italie) de la RAF.
La scène anti-impérialiste poursuit ses activités. On a notamment, le 8 septembre 1986, le bâtiment de services secrets s’occupant des politiques qui est attaqué par « l’unité combattante Christos Tsoutsouvis », puis le 15 septembre 1986 sont attaqués des bâtiments où sont conçus des chasseurs de l’aviation militaire, par « l’unité combattante Anna Maria Ludmann. »
Le 10 octobre 1986, c’est le directeur politique du ministère des affaires étrangères, von Braunmühl, qui est exécuté par le commando Ingrid Schubert de la RAF.
Le 16 novembre 1986, ce sont les bâtiments centraux d’IBM qui sont détruits par « l’unité combattante Hind Alameh » et le 19 décembre 1986 « l’unité combattante Rolando Olalia » attaque une société de soutien aux investissements dans le tiers-monde.
Le 20 décembre 1986 a lieu une grande manifestation en défense de la Hafenstrasse, rue de Hambourg, dont les maisons sont occupées ; l’un des mots d’ordre est « Un seul front – regroupement des prisonniers ; libération de Günther Sonnenberg ; la Hafenstrasse reste ! » La Hafenstrasse sera brutalement criminalisée, et même accusée d’être la base de la RAF. Le lendemain, « l’unité combattante Mustafa Aktas (Celal) » attaque la fondation Friedrich Ebert.
Mais l’année 1987 marque le tassement de la scène anti-impérialiste. Elle est à la veille de son effondrement.
Le 20 septembre 1988, l’attaque contre Tietmeyer, secrétaire l’Etat du ministère des finances, par le commando Khaled Aker de la RAF, échoue. La revendication de l’action est accompagnée d’un document unitaire avec les Brigades Rouges, qui est très dense mais ne sera plus jamais mentionné ni par la RAF ni dans aucune archive à son sujet en Allemagne, alors qu’en Italie elle sera une référence brigadiste importante.
S’il est difficile de savoir pourquoi, il est en tout cas clair que la scène anti-impérialiste s’est littéralement effondrée en 1988. Il reste toutefois des gens, et en 1989, lors de la 10e grève de la faim des prisonniers de la RAF en février 1989, la Hafenstrase sera attaquée par 1000 policiers pour casser la résistance et il y a encore un large mouvement de soutien aux prisonniers.
Mais ce soutien provient plus d’une partie du mouvement autonome dont est proche ce qui reste des anti-imps, qui ne forment de leur côtéplus du tout une scène indépendante et organisée. Il n’y a, de fait, en 1989, plus d’anti-imps au sens strict.
Des centaines de personnes se sont évaporées et la chute du mur de Berlin a définitivement refermé ce qui a été une sorte de parenthèse. La RAF est, à partir de 1988, absolument seule. Elle tente alors de prendre l’initiative, en frappant « haut. »
Le 30 novembre 89, c’est le chef de la banque allemande, Herrhausen, qui est victime d’un attentat à l’explosif revendiqué par le commando Wolfgang Beer de la RAF ; le 27 juillet 1990, c’est Neusel, expert en répression de soulèvement (au sein du « TREVI ») et secrétaire d’État du ministère de l’intérieur, qui est attaqué sans succès par le commando José Manuel Sevillano (prisonnier des GRAPO en Espagne, mort lors d’une grève de la faim).
Dans le communiqué de cette action, la RAF explique que « l’impérialisme a gagné la guerre froide » et que la chute « du bloc socialiste et ainsi de sa fonction historique pour le processus de libération des trois continents a conduit à une nouvelle stabilisation du bloc formé par le pouvoir impérialiste. »
La RAF tente alors de se repositionner : en raison de la guerre du golfe, elle mitraille le 14 février 1991 l’ambassade US à Bonn, et le 1er avril 1991 elle exécute Rohwedder, chef de la « Treuhand » qui est l’organe de privatisation et de dégraissage des entreprises de l’ex-RDA, avec le commando Ulrich Wessel.
Cependant, cette poursuite de la ligne anti-impérialiste ne correspond plus à la situation, ni même aux activistes de la RAF, qui tentent alors de se réorganiser, une dernière fois.
La première étape de la réorganisation est l’annonce, le 10 avril 1992, de l’arrêt de l’escalade militaire contre l’État : la RAF annonce qu’elle cessera de frapper des membres de l’économie ou de la politique.
Cette annonce a été largement critiquée par d’autres groupes armés et leurs prisonniers (PCEr en Espagne, Collectif Wotta Sitta en Italie, CCC en Belgique), mais sur la base de l’interprétation erronée d’une « capitulation » de la RAF.
En réalité, la RAF mettait un terme à la ligne anti-impérialiste comme seul aspect, ce qui signifiait retrouver le chemin initial, sans avoir pour autant les moyens de faire cela seule.
La RAF produit ainsi un long texte très travaillé, intitulé « Nous devons trouver du neuf » et publié en août 1992. Elle y propose un « mouvement d’appropriation sociale », qui s’appuierait sur d’un « contre-pouvoirs par en-bas. »
Surtout, elle présente un réalisme social très net : « Aujourd’hui beaucoup ont peur de l’existence, la destruction du social dans la société en est arrivée à une nouvelle dimension, l’explosion de l’autodestruction, de la violence des gens entre eux/elles.
Du manque d’espoir et de l’absence de perspective pour en arriver à des changements positifs, de plus en plus de gens se réfugient dans l’alcool et la drogue, et les taux de suicides augmentent.
La frustration, la peur et l’agression se dirigent vers soi-même ou vers d’autres qui sont encore plus bas dans la hiérarchie sociale.
Ce sont les nazis contre les gens d’autres couleurs, d’autres nationalités, les homosexuels et les lesbiennes, l’accroissement de la violence contre les femmes, tes enfants et tes personnes âgées.
Les campagnes médiatiques contre les réfugiéEs et le matraquage des antifascistes dans les rues montrent clairement les intérêts de l’État et du Capital à canaliser les mécontentements croissants dans une mobilisation raciste et réactionnaire.
A rencontre de cela il est difficile de cerner là possible de développer et imposer des réponses ayant du sens, et justes, dans la construction de liens solidaires et d’auto-organisation par en bas, partant de la réalité de la vie quotidienne des gens (…).
La destruction du social est une des bases essentielles pour te pouvoir et la continuation du système capitaliste. Un contre-pouvoir n’existera que s’il propose une alternative à la normalité des dominants dans cette société et au système.
Cela signifie essentiellement : opposer une organisation à la destruction du social, l’aliénation et le chacun pour soi, et en arriver à des espaces sociaux où la solidarité soit vaste et d’où beaucoup prennent en main la responsabilité de développements sociaux – ce que nous appelons processus d’appropriation sociale.
De cela vient une force d’attraction, car la lutte pour le social entre les gens est l’alternative sensible à la solitude dans le système, aux fascistes (…). La voie de la libération passe par le processus d’appropriation sociale, qui deviendra une partie de la nouvelle lutte internationale pour te bouleversement. »
La RAF est, en fait, devenue authentiquement social-démocrate, dans le sens positif et historique qu’on pouvait donner à ce terme dans les années 1930 en Espagne ou en Allemagne à la fin du 19e siècle.
L’affirmation du nouveau positionnement démocratique se fait le 30 mars 1993, lorsque le commando Katharina Hammerschmidt fait sauter la superprison en construction de Weiterstadt à l’aide de plusieurs centaines de kilos d’explosifs, faisant environ 60 millions d’euros actuels de dégâts.
Cette action, authentiquement social-démocrate car démocratique et réformiste, est largement appréciée à l’extrême-gauche.
Cependant, les prisonniers de la RAF se sont divisés depuis l’annonce d’avril 1992, et l’action menée à Weiterstadt est interprétée par une partie d’entre eux comme « apolitique » voire comme une réponse positive à l’initiative du ministre Kinkel, proposant en janvier 1992 une libération progressive des prisonniers en échange d’un arrêt de la lutte armée.
L’autre partie des prisonniers considère quant à elle que le projet de la RAF comme ayant échoué de toutes manières. C’est alors qu’a lieu en juin 1993 l’arrestation de Brigitte Hogefeld et l’exécution en même temps de Wolfgang Grams.
La rupture devient alors totale entre la majorité des prisonniers de la RAF et la RAF, en novembre 1993 ; en mars 1994 la RAF affirmera qu’il n’a jamais été question d’un « deal » avec l’État.
En août 1994 a lieu une grève de la faim d’une semaine de la majorité des prisonniers de la RAF, avec un certain succès. La dernière structure de solidarité restant véritablement était alors le « Angehörigen Info », une brochure paraissant de 1989 à 2009 (305 numéros au total) et portée par les familles des prisonniers de la RAF elles-mêmes.
La RAF vit donc sa proposition incomprise ; elle était bien devenu réformiste, mais en assumant la démarche d’une révolution totale de la vie réelle, en continuité à la critique de la vie quotidienne du départ.
Elle ne fut comprise ni des marxistes mécanistes qui n’y virent qu’un réformisme plat appelant à une vie alternative, ni par les prisonniers dont tout le parcours avait été le front anti-impérialiste. En conséquence de quoi, la RAF publia en avril 1998 un document annonçant son auto-dissolution.
Elle aura perdu au cours de son histoire plus d’une vingtaine d’activistes, tandis qu’elle a coûté la vie par ses actions à 34 personnes.
Birgit Hogefeld, arrêtée en 1993, fut libérée en conditionnelle en juin 2011, comme dernière prisonnière de la RAF. Christian Klar fut quant à lui libéré en conditionnelle en décembre 2008, après 26 années de prison, et Brigitte Monhaupt un peu plus tôt, en mars 2007.
La RAF rentrait alors dans l’histoire, comme expérience révolutionnaire au sein des métropoles impérialistes.