Un ICBM ne transportant pas d’ogives nucléaires a donc été employé, tôt le matin du 21 novembre 2024. La cible était une usine de missiles nommée Yuzhmash dans la ville de « Dnipro », en Ukraine, qui a un peu moins d’un million d’habitants (la population a baissé de moitié depuis la fin de l’URSS).

La ville a été fondée par l’impératrice de Russie Catherine II sous le nom de Ekaterinoslav, prenant pour quelques temps ensuite le nom de Novorossiisk (« Nouvelle-russe »). L’URSS a renommé la ville Dnipropetrovsk, en référence au fleuve Dniepr et au révolutionnaire communiste ukrainien Grigori Petrovski. En 2016, le régime fasciste ukrainien a renommé la ville Dnipro.

Un ICBM, c’est un missile balistique dont la fonction est très précise : celle de transporter plusieurs ogives nucléaires. On l’envoie à 1200 km de hauteur, il va à une vitesse suffisamment basse pour ne pas être mis en orbite, puis il retombe, en deux minutes, libérant plusieurs ogives.

Le lancement par la Russie de ce missile intercontinental sur l’Ukraine « serait une escalade claire » de la part de Vladimir Poutine, a déclaré un porte-parole de la Commission européenne, Peter Stano. Et d’ajouter, « Il est évident qu’une telle attaque constituerait une nouvelle escalade de la part de Poutine ».

Deux personnes ont été blessées dans ce que l’armée de l’air ukrainienne a qualifié d’attaque menée ce matin par la Russie contre la ville ukrainienne de Dnipro avec neuf missiles, dont un missile ICBM. L’attaque a, selon la même source, causé des dégâts matériels limités. Ce dernier point relève bien entendu d’une information classifiée. Il dès lors impossible de la prendre pour argent comptant.

Le Kremlin a déclaré mardi que la frappe contre l’Ukraine avec le nouveau missile balistique  avait été menée pour avertir l’Occident que Moscou répondrait aux initiatives des États-Unis et de la Grande-Bretagne visant à permettre à Kiev de frapper la Russie avec leurs missiles ATACMS et Storm Shadow.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué au lendemain de la déclaration du président Vladimir Poutine selon laquelle Moscou avait tiré le nouveau missile – l’Oresnik (noisetier en français) – sur une installation militaire ukrainienne, que la Russie n’était pas obligée d’avertir les États-Unis de la frappe, mais a néanmoins informé les États-Unis 30 minutes avant le lancement.

« Le discours d’hier (du président Poutine) était très, très exhaustif, clair, logique », a déclaré le porte-parole de la présidence russe aux journalistes. « Nous n’avons donc aucun doute que l’administration actuelle à Washington a eu l’occasion de se familiariser avec cette déclaration et de la comprendre. »

Voici le déclaration du président Vladimir Poutine :

Je voudrais informer le personnel des forces armées de la Fédération de Russie, les citoyens de notre pays, nos amis dans le monde entier et ceux qui continuent à se faire des illusions sur la possibilité d’infliger une défaite stratégique à la Russie des événements qui se déroulent aujourd’hui dans la zone où se déroule l’opération militaire spéciale, à savoir [la situation] après l’utilisation d’armes de longue portée fabriquées par l’Occident sur notre territoire.

Poursuivant l’escalade du conflit en Ukraine provoquée par l’Occident, les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN ont déjà annoncé qu’ils autorisaient l’utilisation de leurs systèmes d’armes de précision à longue portée sur le territoire de la Fédération de Russie.

Les experts savent bien, et la partie russe l’a souligné à plusieurs reprises, qu’il est impossible d’utiliser de telles armes sans l’implication directe de spécialistes militaires des pays qui les produisent.

Le 19 novembre, six missiles opérationnels-tactiques ATACMS de fabrication américaine et, le 21 novembre, au cours d’une attaque combinée de missiles, des systèmes Storm Shadow de fabrication britannique et HIMARS de fabrication américaine ont frappé des installations militaires sur le territoire de la Fédération de Russie – dans les régions de Briansk et de Koursk.

À partir de ce moment, comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises, le conflit régional en Ukraine provoqué par l’Occident a pris une dimension mondiale.

Nos systèmes de défense aérienne ont repoussé ces attaques. Par conséquent, les objectifs manifestement fixés par l’ennemi n’ont pas été atteints.

Une fois de plus, je tiens à souligner en particulier que l’utilisation de telles armes par l’ennemi n’est pas en mesure d’affecter le déroulement des opérations de combat dans la zone d’opération militaire spéciale.

Nos troupes progressent avec succès sur toute la ligne de contact. Toutes les tâches que nous nous sommes fixées seront accomplies.

En réponse à l’utilisation d’armes à longue portée américaines et britanniques, les forces armées russes ont lancé, le 21 novembre dernier, une frappe combinée sur l’une des installations du complexe défense-industrie ukrainien.

Dans des conditions de combat, elles ont également testé l’un des plus récents systèmes de missiles russes à moyenne portée, en l’occurrence un missile balistique à configuration hypersonique non nucléaire.

Nos ingénieurs en missiles l’ont baptisé « Oreshnik ». Les essais ont été couronnés de succès et l’objectif du lancement a été atteint. Sur le territoire ukrainien, dans la ville de Dniepropetrovsk, l’un des complexes industriels les plus importants et les plus connus depuis l’époque de l’Union soviétique, qui produit encore aujourd’hui des équipements de missiles et d’autres armes, a été touché.

Nous développons des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée en réponse aux projets des États-Unis de produire et de déployer des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée en Europe et dans la région Asie-Pacifique.

Nous pensons que les États-Unis ont commis une erreur en mettant unilatéralement fin au traité sur l’élimination des missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée en 2019 sous des prétextes fallacieux.

Aujourd’hui, les États-Unis ne se contentent pas de produire de tels équipements, mais, comme nous pouvons le constater, ils ont réglé les questions liées au déploiement de leurs systèmes de missiles avancés dans différentes régions du monde, y compris en Europe, lors d’exercices d’entraînement pour leurs troupes. En outre, au cours de ces exercices, elles s’entraînent à les utiliser.

Permettez-moi de vous rappeler que la Russie s’est volontairement et unilatéralement engagée à ne pas déployer de missiles de moyenne et de courte portée tant que les armes américaines de ce type n’apparaîtront dans aucune région du monde.

Je le répète : nous procédons à des essais réels du système de missiles Oreshnik en réponse aux actions agressives des pays de l’OTAN à l’encontre de la Russie. La question de la poursuite du déploiement de missiles à moyenne et courte portée sera décidée par nous en fonction des actions des États-Unis et de leurs satellites.

Nous déterminerons les cibles des nouveaux essais de nos derniers systèmes de missiles en fonction des menaces qui pèsent sur la sécurité de la Fédération de Russie.

Nous nous considérons autorisés à utiliser nos armes contre les installations militaires des pays qui autorisent l’utilisation de leurs armes contre les nôtres, et en cas d’escalade des actions agressives, nous répondrons de la même manière décisive et en miroir.

Je recommande aux élites dirigeantes des pays qui envisagent d’utiliser leurs contingents militaires contre la Russie d’y réfléchir sérieusement.

Il va sans dire que lorsque nous choisirons, si nécessaire et à titre de mesure de rétorsion, des cibles à frapper par des systèmes tels que « Oreshnik » sur le territoire ukrainien, nous proposerons à l’avance aux civils et demanderons également aux citoyens des États amis qui se trouvent sur place de quitter les zones dangereuses.

Nous le ferons pour des raisons humanitaires, ouvertement, publiquement, sans craindre l’opposition de l’adversaire, qui reçoit également ces informations.

Pourquoi aucune crainte ?

Parce qu’il n’existe aujourd’hui aucun moyen de contrer de telles armes.

Les missiles attaquent des cibles à une vitesse de Mach 10, soit 2,5 à 3 kilomètres par seconde.

Les systèmes de défense aérienne actuellement disponibles dans le monde et les systèmes de défense antimissile créés par les Américains en Europe ne peuvent pas intercepter ces missiles, c’est impossible.

Je voudrais souligner une fois de plus que ce n’est pas la Russie, mais les États-Unis qui ont détruit le système de sécurité internationale et qui, en continuant à se battre et à s’accrocher à leur hégémonie, poussent le monde entier vers un conflit mondial.

Nous avons toujours préféré et sommes désormais prêts à résoudre tous les différends par des moyens pacifiques. Mais nous sommes également prêts à faire face à toute évolution des événements.

Si quelqu’un en doute encore, c’est en vain : il y aura toujours une réponse.

Il va de soi que de tels propos montrent également à quel point aucun accord n’est possible. Avec le nationalisme ukrainien, la superpuissance américaine a trouvé un allié parfait.

Et maintenant, ce sont les pays européens qui vont prendre le relais du soutien militaire au régime ukrainien. La narration est déjà installée en ce sens.

Il y a là la dimension terrifiante du risque de confit nucléaire. Mais dans tous les pays, dont la Belgique, les opinions publiques sont passives et l’acceptent, l’ensemble la Gauche est d’accord, ou s’en moque, ou prétend très rarement le refuser, mais sans jamais être capable de faire autre chose que dénoncer les « Américains ».

Alors qu’il faut affirmer le défaitisme révolutionnaire, la défaite de son propre impérialisme !


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