PRINCIPES GÉNÉRAUX

1. Le 3e Congrès de l’Internationale Communiste, conjointement avec la 2e Conférence Internationale des Femmes Communistes, confirme l’opinion du 1e et du 2e Congrès relativement à la nécessité pour tous les partis communistes d’Occident et d’Orient de renforcer le travail parmi le prolétariat féminin, et en particulier l’éducation communiste des grandes masses des ouvrières qu’il faut entraîner dans la lutte pour le pouvoir des soviets ou pour l’organisation de la République Ouvrière Soviétique.

Pour la classe ouvrière du monde entier et par conséquent pour les ouvrières, la question de la dictature du prolétariat devient primordiale.

L’économie capitaliste se trouve dans une impasse. Les forces productives ne peuvent plus se développer dans le cadre du régime capitaliste. L’impuissance de la bourgeoisie à faire renaître l’industrie, la misère grandissante des masses laborieuses, le développement de la spéculation, la décomposition de la production, le chômage, l’instabilité des prix, la cherté de la vie disproportionnée aux salaires, provoquent une recrudescence de la lutte de classes dans tous les pays. Dans cette lutte, Il est surtout question de savoir qui doit organiser la production d’une poignée de bourgeois et d’exploiteurs, sur les bases du capitalisme et de la propriété privée, ou de la classe des vrais producteurs, sur la base communiste.

La nouvelle classe montante, la classe des vrais producteurs, doit, conformément aux lois du développement économique, prendre en mains l’appareil de production et créer les nouvelles formes économiques. C’est ainsi seulement qu’on pourra donner leur développement maximum aux forces productrices que l’anarchie de la production capitaliste empêche de donner tout le rendement dont elles sont capables.

Tant que le pouvoir est entre les mains de la classe bourgeoise, le prolétariat est impuissant à rétablir la production. Aucune réforme, aucune mesure, proposées par les gouvernements démocratiques ou socialistes des pays bourgeois ne seront capables de sauver la situation et d’alléger les souffrances insurmontables des ouvriers, car ces souffrances sont un effet naturel de la ruine du système économique capitaliste et persisteront tant que le pouvoir sera entre les mains de la bourgeoisie. Seule la conquête du pouvoir par le prolétariat permettra à la classe ouvrière de s’emparer des moyens de production et de s’assurer ainsi la possibilité de rétablir l’économie dans son propre intérêt.

Pour avancer l’heure de la rencontre décisive du prolétariat avec le monde bourgeois expirant, la classe ouvrière doit se conformer à la tactique ferme et intransigeante préconisée par là troisième Internationale. La réalisation de la dictature du prolétariat doit être à l’ordre du jour. C’est là le but qui doit définir les méthodes d’action et la ligne de conduite du prolétariat des deux sexes.

Partant du point de vue que la lutte pour la dictature du prolétariat est à l’ordre du jour du prolétariat de tous les Etats capitalistes et que la construction du communisme est la tâche actuelle dans les pays où la dictature est déjà entre les mains des ouvriers, le 3e Congrès de l’Internationale Communiste déclare que, aussi bien la conquête du pouvoir par le prolétariat que la réalisation du communisme dans les pays qui ont déjà renversé l’oppression bourgeoise ne sauraient être accomplies sans l’appui actif de la masse du prolétariat et du demi-prolétariat féminin.

D’autre part le Congrès attire une fois de plus l’attention des femmes sur le fait que sans l’appui des Partis Communistes, les initiatives ayant pour but la libération de la femme, la reconnaissance de son égalité personnelle complète et son affranchissement véritable ne sont pas réalisables.

2. L’intérêt de la classe ouvrière exige en ce moment avec une force particulière l’entrée des femmes dans les rangs organisés du prolétariat combattant pour le communisme ; il l’exige dans la mesure où la ruine économique mondiale devient de plus en plus intense et intolérable pour toute la population pauvre des villes et des campagnes et dans la mesure où, devant la classe ouvrière des pays bourgeois capitalistes, la révolution sociale s’impose inévitablement, tandis que devant le peuple laborieux de la Russie Soviétique se dresse la tâche de reconstruire l’économie nationale sur de nouvelles bases communistes. Ces deux tâches seront d’autant plus facilement réalisées que les femmes y prendront une part plus active, plus consciente et plus volontaire.

3. Partout où la question de la conquête du pouvoir surgit directement, les partis communistes doivent savoir apprécier le grand danger que présente dans la révolution les masses inertes des ouvrières non entraînées dans le mouvement des ménagères, des employées, des paysannes non affranchies des conceptions bourgeoises, de l’Eglise et des préjugés, et non rattachées par un lien quelconque au grand mouvement de libération qu’est le communisme. Les masses féminines de l’Orient et de l’Occident non entraînées dans ce mouvement constituent inévitablement un appui pour la bourgeoisie, et un objet pour sa propagande contre-révolutionnaire. L’expérience de la révolution hongroise, au cours de laquelle l’inconscience des masses féminines a joué un si triste rôle, doit servir d’avertissement au prolétariat des pays arriérés entrant dans la voie de la révolution sociale.

La pratique de la République Soviétique a montré à l’œuvre combien est essentielle la participation de l’ouvrière et de la paysanne tant à la défense de la République pendant la guerre civile que dans tous les domaines de l’organisation soviétique. On sait l’importance du rôle que les ouvrières et les paysannes ont déjà joué dans la République Soviétique, dans l’organisation de la défense, dans le renforcement de l’arrière, dans la lutte contre la désertion et contre toutes les formes de la contre-révolution, du sabotage. etc.

L’expérience de la République Ouvrière doit être apprise et utilisée dans les autres pays.

De tout ce que nous venons de dire résulte la tâche immédiate des Partis Communistes : étendre l’influence du Parti et du communisme aux vastes couches de la population féminine de leur pays, au moyen d’un organe spécial fonctionnant à l’intérieur du Parti et de méthodes particulières permettant d’aborder plus facilement les femmes pour les soustraire à l’influence des conceptions bourgeoises et à l’action des partis coalitionnistes, pour en faire de véritables combattantes pour l’affranchissement total de la femme.

4. En imposant aux Partis Communistes d’Occident et d’Orient la tâche immédiate de renforcer le travail du Parti parmi le prolétariat féminin, le 3e Congrès de l’Internationale Communiste montre en même temps aux ouvriers du monde entier que leur affranchissement de l’injustice séculaire, de l’esclavage et de l’inégalité, n’est réalisable que par la victoire du communisme.

Ce que le communisme donnera à la femme, en aucun cas, le mouvement féminin bourgeois ne saurait le lui donner. Aussi longtemps qu’existera la domination du capital et de la propriété privée, l’affranchissement de la femme n’est pas possible.

Le droit électoral ne supprime pas la cause première de l’asservissement de la femme dans la famille et dans la société et ne lui donne pas la solution du problème des rapports entre les deux sexes. L’égalité non formelle, mais réelle de la femme n’est possible que sous un régime où la femme de la classe ouvrière sera la maîtresse de ses instruments de production et de répartition, prenant part à leur administration et portant l’obligation du travail dans les mêmes conditions que tous les membres de la Société travailleuse ; en d’autres termes, cette égalité n’est réalisable qu’après le renversement du système capitaliste et son remplacement par les formes économiques communistes.

Seul, le communisme créera un état de choses dans lequel la fonction naturelle de la femme, la maternité, ne sera plus en conflit avec les obligations sociales et n’empêchera plus son travail productif au profit de la collectivité. Mais le communisme est en même temps le but final de tout le prolétariat. Par conséquent la lutte de l’ouvrière et de l’ouvrier pour ce but commun doit, dans l’intérêt de tous les deux, être menée en commun et inséparablement.

5. Le 3e Congrès de l’Internationale Communiste confirme les principes fondamentaux du marxisme révolutionnaire suivant lesquels il n’y a point de questions « spécialement féminines » ; tout rapport de l’ouvrière avec le féminisme bourgeois, de même que tout appui apporté par elle à la tactique de demi-mesures et de franche trahison des social-coalitionnistes et des opportunistes ne fait qu’affaiblir les forces du prolétariat et, en retardant la révolution sociale, empêche en même temps la réalisation du communisme, c’est-à-dire l’affranchissement de la femme.

Nous n’atteindrons au communisme que par l’union dans la lutte de tous les exploités et non par l’union des forces féminines des deux classes opposées.

Les masses prolétariennes féminines doivent dans leur propre intérêt soutenir la tactique révolutionnaire du Parti Communiste et prendre la part la plus active et la plus directe aux actions des masses et à la guerre civile sous toutes ses formes et sous tous ses aspects, tant dans le cadre national qu’à l’échelle internationale.

6. La lutte de la femme contre sa double oppression : le capitalisme et la dépendance familiale et ménagère doit prendre, dans la phase prochaine de son développement, un caractère international se transformant en lutte du prolétariat des deux sexes pour la dictature et le régime soviétique sous le drapeau de la III° Internationale.

7. En dissuadant les ouvrières de tous les pays de toute espèce de collaboration et de coalition avec les féministes bourgeoises, le 3e Congrès de l’Internationale Communiste les prévient en même temps que tout appui fourni par elles à la II° Internationale ou aux éléments opportunistes qui s’en rapprochent ne peut que faire le plus grand mal à leur mouvement. Les femmes doivent toujours se rappeler que leur esclavage a toutes ses racines dans le régime bourgeois. Pour en finir avec cet esclavage, il faut passer à un ordre social nouveau.

En soutenant les Internationales II et 2 1/2 et les groupes analogues, on paralyse le développement de la révolution, on empêche par conséquent la transformation sociale en éloignant l’heure de l’affranchissement de la femme.

Plus les masses féminines s’éloigneront avec décision et sans retour de la IIe Internationale et de l’Internationale 2 1/2, plus la victoire de la révolution sociale sera assurée. Le devoir des femmes communistes est de condamner tous ceux qui craignent la tactique révolutionnaire de l’Internationale Communiste et de s’appliquer fermement à les faire exclure des rangs serrés de l’Internationale Communiste.

Les femmes doivent encore se rappeler que la IIe Internationale n’a même pas essayé de créer un organisme destiné à la lutte pour l’affranchissement total de la femme. L’union internationale des femmes socialistes, dans la mesure où elle existe, a été établie en dehors du cadre de la IIe Internationale, sur la propre initiative des ouvrières.

La IIIe Internationale a formulé clairement, dès son premier congrès en 1919, son attitude sur la question de la participation des femmes à la lutte pour la dictature du prolétariat. C’est sur son initiative et avec sa participation que fut convoquée la première conférence des femmes communistes et qu’en 1920 fut fondé le secrétariat international pour la propagande parmi les femmes, avec représentation permanente au Comité Exécutif de l’Internationale Communiste. Le devoir des ouvrières conscientes de tous les pays est de rompre avec la IIe Internationale et avec l’Internationale 2 1/2 et de soutenir fermement la politique révolutionnaire de l’Internationale Communiste.

8. L’appui que donneront à l’Internationale Communiste les ouvrières et les employées doit se manifester tout d’abord par leur entrée dans les rangs des Partis Communistes de leurs pays. Dans les pays et dans les Partis où la lutte entre la IIe et la IIIe Internationale n’est pas encore terminée, le devoir des ouvrières est de soutenir de toutes leurs forces le parti ou le groupe qui suit la politique de l’Internationale Communiste et de lutter impitoyablement contre tous les éléments hésitants ou ouvertement traîtres, sans tenir compte d’aucune autorité. Les femmes prolétaires conscientes luttant pour leur affranchissement ne doivent pas rester dans un parti non affilié à l’Internationale Communiste.

Tout adversaire de la IIIe Internationale est un ennemi de l’affranchissement de la femme.

Chaque ouvrière consciente d’Occident et d’Orient doit se ranger sous le drapeau révolutionnaire de l’Internationale Communiste. Toute hésitation des femmes du prolétariat à briser avec les groupements opportunistes ou avec les autorités reconnues, retarde les conquêtes du prolétariat sur le champ de bataille de la guerre civile, qui prend le caractère d’une guerre civile mondiale.

MÉTHODES D’ACTION PARMI LES FEMMES

Partant des principes ci-dessus indiqués, le 3e Congrès de l’Internationale Communiste établit que le travail parmi le prolétariat féminin doit être mené par les Partis Communistes de tous les pays sur les bases suivantes :

1. Admettre les femmes à titre de membres égaux en droits et en devoirs à tous les autres dans le Parti et dans toutes les organisations prolétariennes (syndicats, coopératives, conseils des anciens des usines, etc.)

2. Se rendre compte de l’importance qu’il y a à faire participer activement les femmes à toutes les branches de la lutte du prolétariat (y compris sa défense militaire), de l’édification des nouvelles bases sociales, de l’organisation de la production et de l’existence selon les principes communistes.

3. Reconnaître la maternité comme une fonction sociale, prendre et appliquer toutes mesures nécessaires à la défense de la femme dans sa qualité de mère.

Tout en se déclarant énergiquement contre toute espèce d’organisation séparée de femmes au sein du Parti, des syndicats ou des autres associations ouvrières, le 3e Congrès de l’Internationale Communiste reconnaît la nécessité pour le Parti Communiste d’employer des méthodes particulières de travail parmi les femmes et estime utile de former dans tous les Partis Communistes des organes spéciaux chargés de ce travail.

En cela le Congrès est guidé par les considérations suivantes :

1. l’asservissement familial de la femme non seulement dans les pays bourgeois capitalistes, mais même dans les pays où existe déjà le régime soviétique, dans la phase de transition du capitalisme au communisme.

2. la grande passivité et l’état politique arriéré des masses féminines, défauts expliqués par l’éloignement séculaire de la femme de la vie sociale et par son esclavage dans la famille.

3. les fonctions spéciales imposées à la femme par la nature elle-même, c’est-à-dire la maternité et les particularités qui en découlent pour la femme, avec le besoin d’une plus grande protection de ses forces et de sa santé dans l’intérêt de toute la société.

Ces organes pour le travail parmi les femmes doivent être des sections ou des commissions fonctionnant auprès de tous les Comités du Parti, à commencer par le Comité Central et jusqu’aux comités de quartier ou de district. Cette décision est obligatoire pour tous les Partis adhérant à l’Internationale Communiste.

Le 3e Congrès de l’Internationale Communiste indique comme tâches des Partis Communistes à accomplir par l’intermédiaire des sections pour le travail parmi les femmes :

1. Éduquer les grandes masses féminines dans l’esprit du communisme et les attirer dans les rangs du Parti.

2. Combattre les préjugés relatifs aux femmes dans les masses du prolétariat masculin, en renforçant dans l’esprit des ouvriers et des ouvrières l’idée de la solidarité des intérêts des prolétaires des deux sexes.

3. Affermir la volonté de l’ouvrière en l’utilisant dans la guerre civile sous toutes ses formes et aspects, éveiller son activité en la faisant participer aux actions de masses, à la lutte contre l’exploitation capitaliste dans les pays bourgeois (contre la cherté de la vie, la crise du logement et le chômage), à l’organisation de l’économie communiste et de l’existence en général dans les républiques soviétiques.

4. Mettre à l’ordre du jour du Parti et des institutions législatives les questions relatives à l’égalité de la femme et à sa défense comme mère.

5. Lutter systématiquement contre l’influence de la tradition, des mœurs bourgeoises et de la religion, afin de préparer la voie à des rapports plus sains et plus harmonieux entre les sexes et à l’assainissement moral et physique de l’humanité travailleuse.

Tout le travail des sections féminines devra être fait sous la direction immédiate et sous la responsabilité des comités du Parti.

Parmi les membres de la commission ou de la direction des sections devront figurer aussi, dans la mesure du possible, des camarades communistes hommes.

Toutes les mesures et toutes les tâches qui s’imposent aux commissions et aux sections des ouvrières devront être réalisées par elles, d’une manière indépendante, mais dans les pays des Soviets par l’intermédiaire des organes économiques ou politiques respectifs (sections des Soviets, Commissariats, Commissions, Syndicats, etc.) et dans les pays capitalistes avec l’aide des organes correspondants du prolétariat (syndicats conseils, etc.).

Partout où des Partis Communistes ont une existence légale ou semi-légale, ils doivent former un appareil illégal pour le travail parmi les femmes. Cet appareil doit être subordonné et adapté à l’appareil illégal du parti dans son ensemble. Là, comme dans l’appareil légal, chaque Comité doit comprendre une camarade, chargée de diriger la propagande illégale parmi les femmes.

Dans la période actuelle, les syndicats professionnels et de production doivent être pour les Partis Communistes le terrain fondamental du travail parmi les femmes, tant pour les pays où la lutte pour le renversement du joug capitaliste n’est pas encore terminée que dans les républiques ouvrières soviétiques.

Le travail parmi les femme doit être mené dans l’esprit suivant : unité dans la ligne politique et dans la structure du parti, libre initiative des commissions et des sections dans tout ce qui tend à procurer à la femme sa complète libération et égalité, ce qui ne saurait être pleinement obtenu que par le Parti, en entier. Il ne s’agit pas de créer un parallélisme, mais de compléter les efforts du Parti par l’activité et l’initiative créatrices de la femme.

LE TRAVAIL POLITIQUE DU PARTI PARMI LES FEMMES DANS LES PAYS DE RÉGIME SOVIÉTIQUE

Le rôle des sections dans les républiques soviétiques consiste à éduquer les masses féminines dans l’esprit du communisme en les entraînant dans les rangs du Parti Communiste ; il consiste encore à développer l’activité, l’initiative de la femme en l’attirant dans le travail de construction du communisme et en en faisant un ferme défenseur de l’Internationale Communiste.

Les sections doivent par tous les moyens faire participer la femme à toutes les branches de l’organisation soviétique, depuis la défense militaire de la République jusqu’aux plans économiques les plus compliqués.

Dans la République Soviétique, les sections doivent veiller à l’application des décisions du 3e Congrès des Soviets concernant la participation des ouvrières et des paysannes à l’organisation et à la construction de l’économie nationale, ainsi qu’à tous les organes dirigeants et administratif, contrôlant et organisant la production.

Par l’intermédiaire de leurs représentants et par les organes du Parti, les sections doivent collaborer à l’élaboration de nouvelles lois et à la modification de celles qui doivent être transformées en vue de l’affranchissement réel de la femme. Les sections doivent faire preuve d’initiative particulière pour le développement de la législation protégeant le travail de la femme et des mineurs.

Les sections doivent entraîner le plus grand nombre possible d’ouvrières et de paysannes dans les campagnes pour l’élection des Soviets et veiller à ce que parmi les membres de ceux-ci et des Comités Exécutifs soient aussi élues des ouvrières et des paysannes.

Les sections doivent favoriser le succès de toutes les campagnes politiques et économiques menées par le Parti.

C’est encore le rôle des sections de veiller au perfectionnement et à la spécialisation du travail féminin par l’expansion de l’enseignement professionnel, en facilitant aux ouvrières et aux paysannes l’accès des établissements correspondants.

Les sections veilleront à l’entrée des ouvrières dans les commissions pour la protection du travail fonctionnant dans les entreprises et au renforcement de l’activité des commissions de secours et de protection de la maternité et de l’enfance.

Les sections faciliteront le développement de tout le réseau d’établissements publics comme orphelinats. blanchisseries, ateliers de réparations, institutions d’existence sur les nouvelles bases communistes, allégeront pour les femmes le fardeau de l’époque de transition, amèneront leur indépendance matérielle et feront de l’esclave domestique et familial la libre collaboratrice du créateur des nouvelles formes de vie.

Les sections devront faciliter l’éducation des femmes membres des syndicats dans l’esprit du communisme par l’intermédiaire des organisations pour le travail parmi les femmes, constituées par les fractions communistes des syndicats.

Les sections veilleront à ce que les ouvrières assistent régulièrement aux réunions des déléguées d’usines et de fabriques.

Les sections répartiront systématiquement les déléguées du Parti comme stagiaires dans les différentes branches de travail : soviets, économie nationale, syndicats.

DANS LES PAYS CAPITALISTES

Les tâches immédiates des commissions pour le travail parmi les femmes sont déterminées par les conditions objectives. D’une part : la ruine de l’économie mondiale, l’aggravation prodigieuse du chômage, ayant pour conséquences particulières la diminution de la demande de main-d’œuvre féminine et l’augmentation de la prostitution, de la cherté de la vie, de la crise du logement, de la menace de nouvelles guerres impérialistes ; d’autre part : les incessantes grèves économiques dans tous les pays, les tentatives renouvelées de soulèvement armé du prolétariat, l’atmosphère de plus en plus étouffante de la guerre civile s’étendant sur le monde entier, tout cela apparaît comme le prologue de l’inévitable révolution sociale mondiale.

Les commissions féminines doivent mettre en avant les tâches de combat du prolétariat, mener la lutte pour les revendications du Parti Communiste, faire participer la femme à toutes les manifestations révolutionnaires des communistes contre la bourgeoisie et les socialistes coalitionnistes.

Les commissions veilleront, non seulement à ce que les femmes soient admises avec les mêmes droits et les mêmes devoirs que les hommes dans le Parti, dans les syndicats et dans les autres organisations ouvrières de lutte de classes, en combattant toute séparation et toute particularisation de l’ouvrière, mais encore à ce que les ouvrières soient élues à l’égal des ouvriers dans les organes dirigeants des syndicats et des coopératives.

Les commissions aideront les grandes masses du prolétariat féminin et des paysannes à exercer leurs droits électoraux aux élections parlementaires et autres en faveur du Parti Communiste, tout en faisant ressortir le peu de valeur de ces droits tant pour l’affaiblissement de l’exploitation capitaliste que pour l’affranchissement de la femme, et en opposant au parlementarisme le régime soviétique.

Les commissions devront aussi veiller à ce que les ouvrières, les employées et les paysannes prennent une part active et consciente aux élections des soviets révolutionnaires, économiques et politiques de délégués ouvriers. Elles s’efforceront d’éveiller l’activité politique chez les ménagères et de propager l’idée des Soviets particulièrement parmi les paysannes.

Les commissions consacreront la plus grande attention à l’application du principe « à travail égal, salaire égal ».

Les commissions devront entraîner les ouvrières dans cette campagne par des cours gratuits et accessibles à tous et de nature à relever la valeur de la femme.

Les commissions doivent veiller à ce que les femmes communistes collaborent à toutes les institutions législatives, municipales, pour préconiser dans ces organes la politique révolutionnaire de leur parti.

Mais tout en participant aux institutions législatives, municipales et aux autres organes de l’Etat bourgeois, les femmes communistes doivent suivre strictement les principes et la tactique du Parti. Elles doivent se préoccuper non pas d’obtenir des réformes sous le régime capitaliste, mais de tâcher de transformer toutes revendications des femmes laborieuses en mots d’ordre de nature à éveiller l’activité des masses et à diriger ces revendications sur la route de la lutte révolutionnaire et de la dictature du prolétariat.

Les commissions doivent dans les Parlements et dans les municipalités rester en contact étroit dans les fractions communistes et délibérer en commun sur tous les projets relatifs aux femmes. Les commissions devront expliquer aux femmes le caractère arriéré et non économique du système des ménages isolés, le défaut de l’éducation bourgeoise donnée aux enfants, en groupant les forces des ouvrières sur les questions de l’amélioration réelle de l’existence de la classe ouvrière, questions soulevées par le Parti.

Les commissions devront favoriser l’entraînement dans le Parti Communiste des ouvrières, membres des syndicats, et les fractions communistes de ces derniers devront détacher dans ce but des organisateurs pour le travail parmi les femmes agissant sous la direction du Parti et les sections locales.

Les commissions d’agitation parmi les femmes devront diriger leur propagande de telle sorte qu’elles obtiennent que les femmes prolétaires répandent dans les coopératives l’idée du communisme et, en pénétrant dans la direction de ces coopératives, arrivent à les influencer et à les gagner, étant donné que ces organisations auront une très grande importance comme organes de répartition pendant et après la révolution. Tout le travail des commissions doit tendre vers ce but unique : le développement de l’activité révolutionnaire des masses afin de hâter la révolution sociale.

DANS LES PAYS ÉCONOMIQUEMENT ARRIÉRÉS (L’ORIENT)

Le Parti Communiste de concert avec les sections doit obtenir dans les pays à faible développement industriel la reconnaissance de l’égalité en droits et en devoirs de la femme dans le Parti, dans les syndicats et dans les autres organisations de la classe ouvrière.

Les sections et les commissions doivent lutter contre les préjugés, les mœurs et les habitudes religieuses pesant sur la femme et mener la propagande parmi les hommes aussi.

Le Parti Communiste et ses sections ou commissions doivent appliquer les principes de l’égalité des droits de la femme dans l’éducation des enfants, dans les rapports familiaux et dans la vie publique.

Les sections chercheront appui pour leur travail avant tout dans la masse des ouvrières travaillant à domicile (petite industrie), des travailleuses des plantations de riz, de coton et autres, en favorisant la formation partout où elle est possible (et en premier lieu parmi les peuples de l’Orient vivant dans les confins de la Russie Soviétique), d’ateliers corporatifs, de coopératives de petite industrie, et en facilitant ainsi partout l’entrée des ouvrières des plantations dans les syndicats.

Le relèvement du niveau général de culture de la masse est un des meilleurs moyens de lutte contre la routine et les préjugés religieux répandus dans le pays. Les commissions doivent donc favoriser le développement des écoles pour adultes et pour enfants et en rendre l’accès facile aux femmes. Dans les pays bourgeois, les commissions doivent mener une agitation directe contre l’influence bourgeoise dans les écoles.

Partout où il est possible de le faire, les sections et les commissions doivent mener la propagande à domicile, elles doivent organiser des clubs d’ouvrières et y attirer celle-ci, et en général les éléments féminins les plus arriérés. Les clubs doivent être des foyers de culture et d’instruction et des organisations modèles montrant ce que peut faire la femme pour son propre affranchissement et son indépendance (organisation de crèches, de jardins d’enfants, d’écoles primaires pour adultes, etc.).

Chez les peuples menant une vie nomade il faudra organiser des clubs ambulants.

Les sections doivent, de concert avec les Partis, dans les pays de régime soviétique, contribuer à faciliter la transition de la forme économique capitaliste à la forme de production communiste, en plaçant l’ouvrière devant cette réalité évidente que l’économie domestique et la famille, telles qu’elles étaient jusqu’à présent, ne peuvent que l’asservir tandis que le travail collectif la libérera.

Parmi les peuples orientaux vivant en Russie Soviétique, les sections doivent veiller à ce que soit appliquée la législation soviétique égalisant la femme dans ses droits par rapport à l’homme et défendant ses intérêts. Dans ce but, les sections doivent faciliter aux femmes l’accès aux fonctions de jurés dans les tribunaux populaires.

Les sections doivent également faire participer la femme aux élections aux Soviets, et veiller à ce que les ouvrières et les paysannes entrent dans les Soviets et les Comités Exécutifs. Le travail parmi le prolétariat féminin de l’Orient doit être mené sur la plate-forme de la lutte de classes. Les sections révéleront l’impuissance des féministes à trouver une solution aux différentes questions de l’affranchissement de la femme ; elles utiliseront les forces intellectuelles féminines (par ex. les institutrices) pour répandre l’instruction dans les pays soviétiques de l’Orient. Tout en évitant les attaques grossières et sans tact aux croyances religieuses et aux traditions nationales, les sections et les commissions travaillant parmi les femmes de l’Orient, devront nettement lutter contre l’influence du nationalisme et de la religion sur les esprits.

Toute l’organisation des ouvrières doit être basée, en Orient tout comme en Occident, non pas sur la défense des intérêts nationaux, mais sur le plan de l’union du prolétariat international des deux sexes dans les tâches communes de classe.

La question du travail parmi les femmes d’Orient, étant de grande importance et en même temps présentant un nouveau problème pour les partis communistes, doit être détaillée par une instruction spéciale sur les méthodes de travail parmi les femmes de l’Orient, appropriées aux conditions des pays orientaux. L’instruction sera adjointe aux thèses.

MÉTHODES D’AGITATION ET DE PROPAGANDE

Pour accomplir la mission fondamentale des sections, c’est-à-dire l’éducation communiste des grandes masses féminines du prolétariat et le renforcement des cadres des champions du communisme, il est indispensable que tous les Partis Communistes d’Orient et d’Occident s’assimilent le principe fondamental du travail parmi les femmes, qui est celui-ci : « Agitation et propagande par le fait ».

Agitation par le fait veut dire avant tout : action pour éveiller l’initiative de l’ouvrière, détruire son manque de confiance en ses propres forces et, en l’entraînant au travail pratique dans le domaine de l’organisation et de la lutte, pour lui apprendre à comprendre par la réalité que toute conquête du Parti Communiste, toute action contre l’exploitation capitaliste, est un progrès soulageant la situation de la femme. « De la pratique à l’action, à la reconnaissance de l’idéal du communisme et de ses principes théoriques », telle est la méthode avec laquelle les Partis Communistes et leurs sections féminines devront aborder les ouvrières.

Pour être réellement des organes d’action et pas seulement de propagande orale, les sections féminines doivent s’appuyer sur les noyaux communistes des entreprises et des ateliers et charger, dans chaque noyau communiste, un organisateur spécial du travail parmi les femmes de l’entreprise ou de l’atelier.

Avec les syndicats, les sections devront entrer en rapports par l’intermédiaire de leurs représentants ou de leurs organisateurs, désignés par la fraction communiste du syndicat et menant leur travail sous la direction des sections.

La propagande de l’idée communiste par le fait consiste, dans la Russie des Soviets, à faire entrer l’ouvrière, la paysanne, la ménagère et l’employée dans toutes les organisations soviétiques, en commençant par l’armée et la milice et en finissant par toutes les institutions visant à l’affranchissement de la femme : alimentation publique, éducation sociale, protection de la maternité, etc. Une tâche particulièrement importante, c’est la restauration économique sous toutes ses formes, à laquelle il faut entraîner l’ouvrière.

La propagande par le fait dans les pays capitalistes tendra avant tout à entraîner l’ouvrière dans les grèves, dans les manifestations et dans l’insurrection sous toutes ses formes, qui trempent et élèvent la volonté et la conscience révolutionnaires, dans toutes les formes du travail politique, dans le travail illégal (particulièrement dans les services de liaison) dans l’organisation des samedis et des dimanches communistes, par lesquels les ouvrières sympathisantes, les employées apprendront à se rendre utiles au Parti, par le travail volontaire.

Le principe de la participation des femmes à toutes les campagnes politiques, économiques ou morales entreprises par le Parti Communiste sert également le but de la propagande par le fait. Les organes de propagande parmi les femmes auprès des Partis communistes doivent étendre leur activité dans des catégories de plus en plus nombreuses de femmes socialement exploitées et enchaînées dans les pays capitalistes et, parmi les femmes des Etats soviétiques affranchir leur esprit enchaîné par des superstitions et des survivances du vieil ordre social. Ils devront s’attacher à tous les besoins et à toutes les souffrances, à tous les intérêts et à toutes les revendications par lesquelles les femmes se rendront compte que le capitalisme devra être écrasé comme leur ennemi mortel et que les voies doivent être frayées au communisme, leur libérateur.

Les sections doivent mener méthodiquement leur agitation et leur propagande par la parole, en organisant des réunions dans les ateliers et des réunions publiques soit pour les ouvrières et employées de différentes branches d’industrie, soit pour les ménagères et pour les travailleuses de toutes branches, par quartiers, rayons de la ville, etc.

Les sections doivent veiller à ce que les fractions communistes des syndicats, des associations ouvrières, des coopératives élisent des organisateurs et agitateurs spéciaux pour faire le travail communiste dans les masses féminines des syndicats, coopératives, associations. Les sections doivent veiller à ce que dans les Etats Soviétiques, les ouvrières soient élues aux conseils d’industrie et à tous les organes chargés de l’administration, du contrôle et de la direction de la production. Bref, les ouvrières doivent être élues à toutes les organisations qui, dans les pays capitalistes, servent aux masses exploitées et opprimées dans leur lutte pour la conquête de pouvoir politique ou, dans les Etats Soviétiques, servent à la défense de la dictature du prolétariat et à la réalisation du communisme.

Les sections doivent déléguer des femmes communistes éprouvées dans les industries, les plaçant comme ouvrières ou comme employées là où un grand nombre de femmes travaillent, comme cela est pratiqué en Russie Soviétique ; on installe aussi ces camarades dans de grandes circonscriptions et centres prolétariens.

Suivant l’exemple du Parti Communiste de la Russie Soviétique, qui organise des réunions de délégués et des conférences de déléguées sans parti, lesquelles ont toujours un succès considérable, les sections féminines des pays capitalistes doivent organiser des réunions publiques d’ouvrières, de travailleuses de toutes sortes, paysannes, ménagères, réunions qui s’occupent des besoins, des revendications des femmes laborieuses et qui doivent élire des comités ad-hoc, approfondir les questions soulevées en contact permanent avec leurs mandataires et les sections féminines du parti. Les sections doivent envoyer leurs orateurs prendre part aux discussions dans les réunions des partis hostiles au communisme.

La propagande et l’agitation au moyen des réunions et d’autres institutions semblables doivent être complétées par une agitation méthodique et prolongée poursuivie dans les foyers. Toute communiste chargée de cette besogne devra visiter tout au plus dix femmes à domicile, mais elle devra le faire régulièrement, au moins une fois par semaine et à chaque action importante des Partis Communistes et des masses prolétariennes.

Les sections doivent créer et répandre une littérature simple, convenable, de brochures et feuilles volantes de nature à exhorter et à grouper les forces féminines.

Les sections doivent veiller à ce que les femmes communistes utilisent de la manière la plus active toutes les institutions et moyens d’instruction du Parti. Afin d’approfondir la conscience et de tremper la volonté des communistes encore retardataires et des femmes laborieuses s’éveillant à l’activité, les sections doivent les inviter aux cours et discussions du Parti. Des cours séparés, des soirées de lecture et de discussion pour les ouvrières seules, peuvent être organisés seulement en cas d’exception.

Afin de développer l’esprit de camaraderie entre ouvrières et ouvriers, il est désirable de ne point créer de cours et d’écoles spéciales pour les femmes communistes ; dans chaque école du Parti, il doit obligatoirement y avoir un cours sur les méthodes du travail parmi les femmes. Les sections ont le droit de déléguer un certain nombre de leurs représentantes aux cours généraux du Parti.

STRUCTURE DES SECTIONS

Des commissions pour le travail parmi les femmes seront organisées auprès des comités régionaux et de district et enfin auprès du Comité Central du Parti.

Chaque pays décide lui-même des membres de la section. C’est de même au parti des différents pays qu’est donnée la liberté de fixer selon les circonstances le nombre des membres de la section appointés par le Parti.

La directrice de la section devra être en même temps membre du Comité local du Parti. Au cas où ce cumul ne se rencontrerait pas, elle devra assister à toutes les séances du Comité avec voix délibérative sur les questions concernant la section des femmes, et voix consultative sur toutes les autres questions.

Outre les tâches générales énumérées ci-dessous, incombant aux sections et aux commissions locales, elles seront chargées des fonctions suivantes : maintien de la liaison entre les différentes sections de la région et avec la section centrale, réunions d’information sur l’activité des sections et des commissions de la région, échange d’informations entre les différentes sections de la région et avec la section centrale, réunions d’information sur l’activité des sections et des commissions de la région, échange d’informations entre les différentes sections, fourniture de littérature à la région ou province ; distribution des forces d’agitation, mobilisation des forces du Parti pour le travail parmi les femmes ; convocation au moins deux fois par an de conférences régionales des femmes communistes, des représentantes des sections à raison de une à deux par section, enfin organisation de conférence d’ouvrières et de paysannes sans-parti.

Les sections régionales (de province) se composent de cinq à sept membres, les membres du Bureau sont nommés par le Comité correspondant du Parti sur présentation de la directrice de la section ; celle-ci est élue de même que les autres membres du comité de district ou de province à la conférence correspondante du Parti.

Les membres des sections ou des commissions sont élues à la conférence générale de la ville, du district ou de la province, ou encore sont nommées par les sections respectives en contact avec le Comité du Parti. La commission Centrale pour le travail parmi les femmes se compose de 2 à 5 membres dont une au moins est payée par le Parti.

Outre toutes les fonctions énumérées plus haut pour les sections régionales, la Commission centrale aura encore les tâches suivantes : instructions à donner aux localités et à leurs militantes ; contrôle du travail des sections, répartition, en contact avec les organes correspondants du Parti, des forces menant le travail parmi les femmes, contrôle par l’intermédiaire de leur représentant ou de leur chargé de pouvoir des conditions et du développement du travail féminin sur la base des transformations juridiques ou économiques nécessaires dans la situation de la femme ; participation des représentants, des chargés de pouvoir, aux commissions spéciales étudiant l’amélioration de l’existence de la classe ouvrière, de la protection du travail, de l’enfance, etc. ; publication d’une « feuille » centrale et rédaction de journaux périodiques pour les ouvrières ; convocation au moins une fois par an des représentantes de toutes les sections provinciales, organisation d’excursions de propagande à travers tout le pays, envoi d’instructeurs du travail parmi les femmes ; entraînement des ouvrières a participer dans toutes les sections à toutes les campagnes politiques et économiques du Parti ; liaison permanente avec le secrétariat international des femmes communistes et célébration annuelle de la journée internationale de l’ouvrière.

Si la directrice de la section des femmes auprès du Comité Central n’est pas membre de ce Comité, elle a le droit d’assister à toutes les séances avec voix délibérative sur les questions concernant la section, avec voix consultative sur toutes les autres. Elle est ou bien nommée par le Comité Central du Parti ou bien élue au congrès général de ce dernier. Les décisions et les arrêts de toutes les commissions doivent être confirmés par le Comité respectif du Parti.

LE TRAVAIL À L’ÉCHELLE INTERNATIONALE

La direction du travail des Partis Communistes de tous les pays, la réunion des forces ouvrières, la solution des tâches imposées par l’Internationale Communiste et l’entraînement des femmes de tous les pays et de tous les peuples dans la lutte révolutionnaire pour le Pouvoir des Soviets et la dictature de la classe ouvrière à l’échelle mondiale, incombent au secrétariat international féminin auprès de l’Internationale Communiste.

Le nombre des membres de la Commission Centrale et le nombre des membres avec voix délibérative sont fixés par le Comité Central du Parti.


**Résolution concernant les relations internationales des femmes communistes et le secrétariat féminin de l’Internationale Communiste

(adoptée dans la séance du 12 juin, après le rapport de la camarade Kollontaï et après l’amendement de la camarade Zetkin.)

La 2e Conférence Internationale des Femmes Communistes propose aux partis communistes de tous les pays d’Occident et d’Orient de faire élire par leur Section Centrale Féminine, suivant les directives de la IIIe Internationale, des correspondantes internationales. Le rôle de la correspondante de chaque parti communiste est, comme les « directives » l’indiquent, d’entretenir des rapports réguliers avec les correspondantes internationales des autres pays ainsi qu’avec le Secrétariat International Féminin de Moscou qui est l’organe de travail de l’Exécutif de la IIIe Internationale. Les Partis Communistes doivent fournir aux correspondantes internationales tous les moyens techniques et toutes les possibilités de communiquer entre elles, et avec le secrétariat de Moscou. Les correspondantes internationales se réunissent une fois tous les six mois pour délibérer et échanger des vues avec les représentants du Secrétariat Féminin International. Cependant, en cas de nécessité, ce dernier peut réunir cette conférence en tout temps.

Le Secrétariat International Féminin accomplit, d’accord avec l’Exécutif, et en contact étroit avec les correspondantes internationales des différents pays, les tâches fixées par les « directives ». Ce qu’il doit surtout faire, c’est hâter, dans chaque pays, par le conseil et l’action, le développement du mouvement féminin communiste – encore faible – et donner une direction unique au mouvement féminin de tous les pays d’Occident et d’Orient, provoquer et orienter sous la direction et avec l’appui énergique des communistes, des actions nationales et internationales de nature à intensifier et à étendre sous la poussée des femmes la lutte révolutionnaire du prolétariat. Le Secrétariat Féminin International de Moscou devra s’adjoindre en Occident un organe auxiliaire afin de s’assurer une liaison plus étroite et plus régulière avec les mouvements communistes féminins de tous les pays. Cet organe aura à faire les travaux préparatoires et supplémentaires pour le Secrétariat International, c’est-à-dire qu’il sera purement exécutif, et n’aura pas le droit de décider quoi que ce soit. Il est lié par les décisions et les indications du Secrétariat Général de Moscou et de l’Exécutif de la IIIe Internationale. Avec l’organe auxiliaire de l’Europe Occidentale, doit collaborer au moins une représentante du Secrétariat Général.

Pour autant que la constitution et le champ d’activité du Secrétariat ne sont pas fixés par les « directives », ces questions seront réglées par l’Exécutif de la IIIe Internationale d’accord avec le Secrétariat Féminin International, de même que la composition, la forme et le fonctionnement de l’organe auxiliaire.


**Résolution concernant les formes et les méthodes du travail communiste parmi les femmes

(adoptée dans la séance du 13 juin, après le rapport de la camarade Kollontaï.)

La 2e Conférence Internationale des Femmes Communistes tenue à Moscou déclare :

L’écroulement de l’économie capitaliste et de l’ordre bourgeois reposant sur cette économie, de même que le progrès de la révolution mondiale font de la lutte révolutionnaire pour la conquête du pouvoir politique et pour l’établissement de la dictature une nécessité de plus en plus vitale et impérieuse, pour le prolétariat de tous les pays où ce régime règne encore, un devoir qui ne pourra s’accomplir que lorsque les femmes laborieuses prendront part à cette lutte d’une manière consciente résolue et dévouée.

Dans les pays où le prolétariat a déjà conquis le pouvoir d’Etat et établi sa dictature sous la forme des soviets, comme en Russie et en Ukraine, il ne sera pas à même de maintenir son pouvoir contre la contre-révolution nationale et internationale et de commencer l’édification du régime communiste libérateur, aussi longtemps que les masses ouvrières féminines n’auront pas acquis la conscience nette et inébranlable que la défense et l’édification de l’Etat doivent être aussi leur œuvre.

La 2e Conférence Internationale des Femmes Communistes propose par conséquent aux partis de tous les pays conformément aux principes et aux décisions de la IIIe Internationale de se mettre à l’œuvre avec la plus grande énergie afin de réveiller les masses féminines, de les rassembler, de les instruire dans l’esprit du communisme, de les entraîner dans les rangs des Partis Communistes, et de renforcer constamment et résolument leur volonté d’action et de lutte.

Pour que ce but soit atteint, tous les partis adhérant à la IIIe Internationale doivent former dans tous leurs organes et institutions, à commencer par les plus inférieurs, jusqu’aux plus élevés, des sections féminines présidées par un membre de la direction du parti, dont le but sera le travail d’agitation, d’organisation et d’instruction parmi les masses ouvrières féminines, et qui auront leurs représentants dans toutes les formations administratives et directrices des partis. Ces sections féminines ne forment pas des organisations séparées ; elles ne sont que des organes de travail chargées de mobiliser et instruire les ouvrières en vue de la lutte pour la conquête du pouvoir politique, et aussi en vue de l’édification du communisme. Elles agissent dans tous les domaines et en tout temps sous la direction du parti, mais possèdent aussi la liberté de mouvement nécessaire pour appliquer les méthodes et formes de travail et pour créer les institutions qui sont réclamées par les caractères spéciaux de la femme et sa position particulière toujours subsistante dans la société et dans la famille.

Les organes féminins des partis communistes doivent toujours avoir conscience, dans leur activité, du but de leur double tâche :

1. Entraîner des masses féminines toujours plus nombreuses, plus conscientes et plus fermement décidées dans la lutte de classe révolutionnaire de tous les opprimés et exploités contre le capitalisme et pour le communisme.

2. En faire après la victoire de la révolution prolétarienne, les collaboratrices conscientes et héroïques de l’édification communiste. Les organes féminins du parti communiste doivent dans leur activité se rendre compte que les moyens d’agitation et d’instruction ne sont pas les discours et les écrits, mais qu’il faut également apprécier et utiliser comme les moyens les plus importants : la collaboration des femmes communistes organisées dans tous les domaines de l’activité – lutte et édification – des partis communistes ; la participation active des femmes ouvrières à toutes les actions et luttes du prolétariat révolutionnaire, aux grèves, aux insurrections générales, aux démonstrations de rue et révoltes à main armée.


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