
Tous à la bibliothèque. Chaque ouvrier agricole, chaque agriculteur collectif se doit de fréquenter la bibliothèque ! – janvier 1919
THEORIE DU RETOUR CYCLIQUE DE L’HISTOIRE. Théorie idéaliste créée par le penseur italien Vico (V.). Selon cette théorie, la société humaine passe par trois stades principaux : le divin, l’héroïque et l’humain. Par âge divin, Vico entendait l’enfance de l’humanité, c’est-à-dire la société primitive.
L’étape suivante, — âge héroïque ou adolescence, — est celle des Etats aristocratiques. L’humanité atteint le troisième stade dans la période de sa maturité, lorsque, après l’abolition des privilèges de caste, s’établit une égalité bourgeoise, formelle. Ensuite commence la désagrégation de la société, et l’histoire de l’humanité retourne à son stade initial.
Rejetant les éléments progressifs de la théorie de Vico (l’idée du progrès social, le déterminisme historique, etc.), la philosophie et la sociologie réactionnaires contemporaines redonnent vigueur à l’idée fausse du retour continuel de l’humanité vers son point de départ. Cette thèse est devenue l’arme idéologique des avocats du régime capitaliste qui rêvent de faire tourner à rebours la roue de l’histoire.
Les ennemis jurés de la classe ouvrière, les prédécesseurs des fascistes tels que Nietzsche (V.) et Spengler (V.) s’en firent les protagonistes. Nietzsche parlait du « retour éternel » des choses, de la répétition de ce qui a existé et a disparu pour toujours. Spengler annonça le « déclin de l’Occident » et la résurrection de l’âge primitif.
De nos jours, cette théorie est préconisée par certains idéologues de l’impérialisme. Ainsi, Vansittart, politicien et sociologue réactionnaire, prêche la « théorie » du mouvement à reculons, selon laquelle l’humanité, après une certaine progression, marche à rebours. Ross cultive des idées similaires et s’évertue à « prouver » qu’après l’instauration du capitalisme aucun nouveau progrès de la société n’est possible.
Harrington publia des livres où, partant de la théorie du retour cyclique de l’histoire, il affirme que l’humanité actuelle reviendra inéluctablement au moyen âge et à la domination de l’Eglise catholique. Le néo-thomiste Maritain a lancé le mot d’ordre du « retour au moyen âge ». Cette théorie réactionnaire est combattue par les savants progressistes.
Le matérialisme historique démontre scientifiquement la progression de la société que régit la loi de correspondance nécessaire entre les rapports de production et le caractère des forces productives (V.). De la commune primitive au socialisme et au communisme en passant par l’esclavage, la féodalité et le capitalisme — tel est le mouvement ascendant de la société.
Ce développement se réalise au cours de la lutte entre le nouveau et l’ancien, entre ce qui meurt et ce qui naît.
L’ancien, le périmé a beau résister : l’avenir appartient au nouveau, au progressif. Témoins, les succès de l’édification communiste en U.R.S.S., la construction du socialisme dans les pays de démocratie populaire, la victoire de la révolution populaire en Chine.
THEORIE ET PRATIQUE. La question du rapport entre la théorie et la pratique est une des questions fondamentales de la science marxiste en général, de la théorie marxiste de la connaissance, en particulier. Le marxisme considère la théorie et la pratique dans leur liaison indissoluble et leur interaction, en reconnaissant à la pratique le rôle décisif.
Par pratique, on entend l’ensemble des activités humaines en vue de créer les conditions indispensables à l’existence de la société. Pour le marxisme, la pratique est avant tout l’activité matérielle, la production, car l’existence même de la société, la vie des hommes en dépendent.
Un des plus importants éléments constitutifs de la pratique, c’est l’activité révolutionnaire des classes, des groupes sociaux, dans le but de supprimer les régimes sociaux caducs, de leur substituer des systèmes nouveaux, avances, favorables au progrès de la société. L’expérience scientifique est aussi une forme de la pratique.
La théorie naît sur la base de la pratique, elle est le résultat d’une généralisation de l’expérience pratique des masses. Sans pratique point de théorie scientifique. La pratique pose des problèmes auxquels la théorie est appelée à répondre.
Pour le marxisme, il n’y a pas de théorie se suffisant à elle-même. Seule une théorie liée à la pratique, au service de la pratique et vérifiée par la pratique, plonge ses racines dans la vie.
De là, la thèse marxiste selon laquelle « le point de vue de la vie, de la pratique, doit être le point de vue premier, fondamental de la théorie de la connaissance » (Lénine : « Matérialisme et empiriocriticisme », M. 1952, p. 156).
Les besoins de la pratique ont toujours joué un rôle déterminant pour le progrès des sciences. Ainsi, les besoins des peuples cultivateurs et éleveurs, les besoins de la navigation font naître l’astronomie et les mathématiques.
Le développement des villes, des chantiers, du trafic, etc., engendre la mécanique. C’est surtout après le moyen âge, avec l’apparition et le progrès de la production capitaliste que les sciences s’épanouissent. « Si, après la sombre nuit du moyen âge, les sciences renaissent brusquement avec une force insoupçonnée et grandissent avec la rapidité du miracle, nous devons ce prodige derechef à la production » (Engels : « Dialectique de la nature », P. 1952, p. 185).
Dans la société socialiste, l’activité pratique des hommes délivrés de l’esclavage capitaliste donne libre cours au progrès de la science. Le socialisme signifie un élargissement sans précédent de toutes les sphères de l’activité humaine.
L’essor impétueux de l’industrie, la réorganisation de la petite économie paysanne en une grande agriculture socialiste richement dotée de la technique moderne, la transformation planifiée de la nature à une échelle encore jamais connue, etc., tout cela pose à la science des problèmes grandioses.
Ainsi, les conquêtes de la doctrine mitchourinienne (V.) s’expliquent par sa liaison avec la pratique nouvelle de l’édification kolkhozienne, avec les besoins de la grande agriculture socialiste. Il en est de même pour la physique, la chimie, la géologie, etc.
Engendrée par l’activité pratique des hommes, la théorie exerce à son tour une influence énorme sur la pratique, et découvre aux hommes des perspectives nouvelles. Ainsi, la théorie marxiste-léniniste est la généralisation de l’expérience du mouvement ouvrier de tous les pays.
D’autre part, il n’y a point de pratique révolutionnaire sans théorie révolutionnaire.
Ce qui fait la force du marxisme-léninisme, c’est qu’en généralisant la pratique révolutionnaire, l’histoire de la société, il révèle la connexion des phénomènes, les lois objectives du développement, la marche des événements présents et futurs, prévoit, pour des années, les tendances fondamentales de l’évolution sociale, ce qui permet au parti communiste de tracer des plans rigoureusement scientifiques d’activité pratique.
Ainsi donc, la théorie et la pratique se complètent et s’enrichissent l’une l’autre. La théorie devient sans objet si elle n’est pas liée à la pratique révolutionnaire, et la pratique devient aveugle si elle n’éclaire pas son chemin par la théorie révolutionnaire.
La théorie doit non seulement généraliser la pratique acquise, mais aussi anticiper sur elle, lui montrer la voie à suivre, armer les hommes dans leur activité pratique. Les travaux des grands chefs du prolétariat Marx, Engels, Lénine, Staline en fournissent l’exemple.
Il y avait chez les opportunistes de la IIe Internationale une divergence complète entre la théorie et la pratique. Ils ont vidé la théorie marxiste de son esprit révolutionnaire vivant, l’ont détachée de l’action révolutionnaire des masses pour la réduire à de lamentables dogmes balayés par la lutte révolutionnaire.
L’unité de la théorie et de la pratique a trouvé une expression éclatante dans l’activité du Parti communiste de l’Union Soviétique. Le marxisme-léninisme incarne la théorie et la pratique révolutionnaires dans une unité véritable qui est l’étoile directrice du parti prolétarien.
Le marxisme conçoit l’unité de la théorie et de la pratique d’une façon dialectique en tenant compte des contradictions qui surgissent nécessairement entre les thèses théoriques périmées et les données nouvelles de la pratique. Ces contradictions sont surmontées par la généralisation de la pratique nouvelle, par le réajustement de la théorie à la pratique.
Nos données pratiques ont une limite historique concrète, elles ne sauraient être considérées comme exhaustives. Les conditions historiques nouvelles élargissent l’activité pratique des hommes et exigent la révision de telle ou telle thèse théorique à la lumière des données pratiques nouvelles. La pratique est non seulement la base et la source du progrès de la théorie mais aussi le seul critère scientifique de la véracité de notre connaissance. (V. Critère de la vérité.)
THEORIE EVOLUTIVE, OU THEORIE DE L’EVOLUTION. Darwinisme (V. Darwin).
THEORIE ORGANIQUE DE LA SOCIETE. Théorie bourgeoise réactionnaire qui assimile la société humaine à un organisme biologique et attribue ainsi au régime capitaliste un caractère « naturel » et indestructible.
A l’aide de plates analogies, le sociologue bourgeois anglais Spencer (V.), auteur de la théorie organique de la société, aboutit à la conclusion suivante : de même que l’organisme animal comprend trois systèmes d’organes, — ceux de la nutrition, de la distribution et de la régulation — la société doit se composer de trois classes : la classe laborieuse, nourricière de la société, la classe des marchands qui exerce des fonctions distributives ou d’échange et la classe des capitalistes industriels, qui règle la production.
Le régime capitaliste devient pour Spencer un produit éternel et immuable des lois biologiques et la lutte du prolétariat révolutionnaire contre le capitalisme un élément « antinaturel ».
Faisant l’apologie de l’empire colonial britannique, Spencer affirme que la nature elle-même a fait des Anglais une nation dominante. La théorie organique de la société a été reprise et développée par le sociologue réactionnaire allemand Schäffle qui compare les différents groupes sociaux d’une société divisée en classes aux organes du corps humain.
On distingue différentes variétés de cette théorie : le social-darwinisme (V.), le malthusianisme (V.), le racisme (V.) et autres systèmes antiscientifiques analogues qui justifient et défendent le capitalisme. Ennemi de la classe ouvrière, Nietzsche (V.) a fondé sur cette sociologie sa philosophie réactionnaire.
Le caractère réactionnaire de la théorie organique explique sa popularité parmi les politiciens, philosophes et sociologues de la bourgeoisie actuelle.
Les œuvres des classiques du marxisme-léninisme dénoncent cette conception de la société comme une tentative antiscientifique de transposer les lois de la biologie dans le domaine social. Le marxisme-léninisme a prouvé qu’une telle identification des lois sociales et des lois biologiques est dictée par la volonté des réactionnaires bourgeois d’estomper la lutte du travail contre le capital.
Critiquant le machiste Bogdanov (V.) qui se servait de notions telles qu’ « énergétique sociale », « sélection sociale », etc., Lénine prouve dans « Matérialisme et empiriocriticisme » (V.) que ce sont là des mots creux et met à nu le sens réactionnaire de ces transpositions de notions biologiques dans le domaine social.