THEORIE DES FACTEURS. Théorie bourgeoise très répandue, d’après laquelle le développement de la société est le résultat de l’action mécanique d’une somme de facteurs de la vie sociale (milieu géographique, politique, science, race, morale, etc.), considérés comme indépendants et isolés les uns des autres.
C’est une théorie éclectique qui affirme gratuitement que tout s’explique par l’influence réciproque des phénomènes sociaux : l’économie agit sur la politique, celle-ci agit à son tour sur l’économie, et ainsi de suite.
Le marxisme établit que la production matérielle est la base de la vie sociale, que tous les aspects de la société (régime politique, droit, formes delà conscience sociale) sont fonction de la base économique et changent en même temps que cette dernière.
Cela ne signifie nullement que le marxisme méconnaisse le rôle des institutions politiques, des idées, etc., leur action en retour sur le régime économique.
Le marxisme accorde une importance majeure à tous les éléments de la superstructure sociale. La société forme un tout dont les multiples aspects s’enchaînent et agissent les uns sur les autres.
Mais le développement de la société tout entière et celui de chaque domaine séparé de la vie sociale sont déterminés, en dernière analyse, par le développement et le changement du mode de production des biens matériels (V.).
THEORIE DES HIEROGLYPHES. Théorie idéaliste d’après laquelle les sensations et les représentations de l’homme sont non une copie des choses réelles, mais des signes conventionnels (des hiéroglyphes) sans ressemblance avec elles.
Les adeptes de cette théorie affirment que nos organes des sens ne nous donnent pas une connaissance véridique du monde, que notre conscience ne reflète pas le monde objectif. Cette conception, qui sape notre foi en la possibilité de connaître le monde, conduit directement à l’idéalisme. « L’image suppose nécessairement et inévitablement la réalité objective de ce qu’elle « reflète ».
Le « signe conventionnel », le symbole, l’hiéroglyphe sont des concepts introduisant un élément tout à fait superflu d’agnosticisme » (Lénine : « Matérialisme et empiriocriticisme », M. 1952, p. 269).
L’image ne peut jamais coïncider exactement avec l’objet reflété, mais c’est l’image d’un objet qui existe réellement, et non un signe conventionnel. Lénine a critiqué Plékhanov (V.) pour avoir substitué la théorie des hiéroglyphes à la théorie marxiste du reflet.
En U.R.S.S., cette doctrine était professée par les mécanistes (Axelrod et d’autres). Actuellement, sous des formes diverses, elle est largement répandue dans la philosophie bourgeoise. A la théorie des hiéroglyphes, le matérialisme dialectique oppose la théorie du reflet (V.).
THEORIE DES PROBABILITES. V. Probabilité.
THEORIE DU REFLET. Théorie matérialiste de la connaissance selon laquelle les sensations et notions humaines, y compris les notions scientifiques, reflètent la réalité objective.
Dans sa lutte contre la théorie idéaliste de la connaissance, pour qui le monde matériel est le produit de la pensée humaine, le marxisme a élaboré une gnoséologie (V.) véritablement scientifique dont le principe fondamental consiste à considérer la conscience (V.), la pensée (V.) comme les reflets du monde extérieur existant en dehors et indépendamment de nous.
« Pour Hegel, écrivait Marx, le mouvement de la pensée, qu’il personnifie sous le nom de l’Idée, est le démiurge de la réalité, laquelle n’est que la forme phénoménale de l’idée. Pour moi, au contraire, le mouvement de la pensée n’est que la réflexion du mouvement réel, transporté et transposé dans le cerveau de l’homme » (« Le Capital », L. I, t. 1, P. 1938, p. 29).
L’idéalisme philosophique nie que la pensée soit le reflet d’une réalité objective, indépendante de la conscience ; le reconnaître équivaudrait à admettre le principe matérialiste de l’antériorité de la matière, du monde matériel par rapport à la conscience, à la pensée.
En dépit des données de la science qui établit sans aucun doute possible le fait du reflet de la réalité objective dans la conscience humaine, l’idéalisme défend sa thèse fausse, réactionnaire, prétendant que les objets matériels ne sont que des « complexes » de sensations, que rien n’existe ni ne peut exister en dehors des sensations, que l’homme ne peut savoir s’il existe quelque chose au delà des sensations, que nos concepts et nos représentations ne sont que des signes, des symboles, des hiéroglyphes inventés par l’homme pour des raisons de « commodité », etc.
Ces vues, formulées dès la première moitié du XVIIIe siècle par l’évêque anglais Berkeley (V.), remontent à la surface à la fin du XIXe et au début du XXe siècle (Machisme — V., Empiriomonisme — V., etc.) et dominent la philosophie bourgeoise moderne (Positivisme — V., Positivisme logique — V., Pragmatisme — V., etc.).
Dans « Matérialisme et empiriocriticisme » (V.) Lénine réfute la gnoséologie idéaliste et développe la théorie marxiste du reflet. Il souligne que la gnoséologie du matérialisme dialectique est basée sur la reconnaissance du monde extérieur qui se reflète dans le cerveau humain.
Lénine stigmatise la moindre concession à l’idéalisme et à l’agnosticisme (V.) sur ce point. Ainsi, il critique sévèrement Plékhanov (V.) pour avoir qualifié d’hiéroglyphes les sensations et les notions humaines.
Il montre que toute confusion sur cette question de principe conduit fatalement à l’agnosticisme et à l’idéalisme (V. Théorie des hiéroglyphes), que les sensations et les notions de l’homme sont des copies d’objets et de processus réels. La science ne peut progresser si elle s’écarte de la conception matérialiste de la connaissance.
Pour illustrer cette thèse qui garde entièrement sa valeur à l’étape actuelle du développement de la science et de la lutte contre l’idéalisme, Lénine démontre que la crise profonde de la physique à la fin du XIXe et au début du XXe siècle était provoquée précisément par l’abandon des principes matérialistes.
Les « pitres de la science bourgeoise », — nom donné par Lénine aux professeurs bourgeois accommodant les résultats de la science aux intérêts du fidéisme (V.) et de la religion, — cherchent à discréditer la théorie matérialiste du reflet et à faire croire que les principes et les formules scientifiques, loin de refléter la nature objective, sont des constructions arbitraires de l’esprit.
Aujourd’hui encore, à l’époque de l’aggravation de la crise générale du capitalisme, certaines branches des sciences naturelles subissent, dans les pays capitalistes, une crise profonde due à ce que maints savants refusent d’adopter la théorie matérialiste du reflet, combattent le matérialisme.
D’où des doctrines antiscientifiques telles que le weismanisme-morganisme (V.) en biologie, les nombreuses variétés de l’idéalisme « physique » (V.) moderne, etc.
La théorie marxiste-léniniste du reflet s’inspire des grandes découvertes de la science, notamment de Sétchénov (V.) et de Pavlov (V.). Ces remarquables savants russes ont mis en relief le mécanisme physiologique des processus psychiques et les lois de l’activité nerveuse supérieure ; ils ont démontré que l’activité psychique n’est possible qu’en tant que reflet du monde extérieur agissant sur les organes des sens, sur le cerveau des animaux et de l’homme.
Le marxisme explique comment la réalité objective se reflète dans le cerveau humain. A la différence de la théorie métaphysique des anciens matérialistes qui imaginaient un reflet passif et inerte, le matérialisme dialectique considère le reflet de la réalité objective comme un processus dialectique, actif et contradictoire.
La question de savoir comment s’effectue la connaissance de la vérité objective est très importante pour toutes les sciences, pour tous les domaines du savoir. (V. Connaissance.)
Dans une société divisée en classes, le reflet de la vie sociale dans la conscience humaine revêt un caractère de classe. Les idées et les théories sociales, les vues politiques ont leur origine dans les conditions de la vie matérielle de la société et dans l’existence sociale qu’elles reflètent.