TECHNOCRATES. Adeptes d’un courant réactionnaire en sociologie propre à l’époque de la crise générale du système capitaliste ; propagandistes du capitalisme d’Etat. Cette tendance, apparue aux Etats-Unis, procède de la théorie de l’économiste bourgeois Veblen, et connut une grande vogue dans les années 30 (Scott, Loeb et d’autres).

Des sociétés de technocrates ont surgi aux Etats-Unis et dans les pays impérialistes d’Europe. Leur sociologie a pour « base théorique » la falsification complète des rapports entre la technique, l’économie et la politique. Les technocrates professent la primauté de la technique sur l’économie et la politique.

Au lieu d’une transformation socialiste, révolutionnaire de la société, ils veulent guérir le capitalisme en remettant la direction de toute la vie économique et l’administration de l’Etat aux « techniciens », aux chefs d’industrie.

Estompant le rôle réel des rapports de production dans la vie sociale, rapports qui déterminent la structure de classe de la société et l’objectif de la production, ils assurent que l’anarchie et la désorganisation du capitalisme actuel proviennent de ce que l’Etat est gouverné par des « politiciens ».

La critique hypocrite et démagogique de l’économie et de la politique capitalistes faite par les technocrates, dissimule leur désir de justifier la subordination directe et immédiate de l’appareil d’Etat aux monopoles industriels dont les dirigeants occupent les positions-clés dans les Etats impérialistes d’aujourd’hui.

De nos jours, la sociologie des technocrates revêt un caractère ouvertement militariste. La course aux armements atomiques est présentée par les technocrates comme une confirmation de leur « doctrine » de la primauté de la technique.

Le matérialisme historique et son enseignement sur le rôle décisif du mode de production des biens matériels (V.) dans la vie sociale projettent la clarté de l’évidence sur le mensonge des théories des technocrates.

TELEOLOGIE (du grec […] — fin et […] — discours). Doctrine idéaliste selon laquelle tout dans le monde a été créé par Dieu et tend à une fin. Engels écrit que d’après les téléologiens « les chats ont été créés pour manger les souris, les souris pour être mangées par les chats, et l’ensemble de la nature pour rendre témoignage de la sagesse du Créateur » (« Dialectique de la nature », P. 1952, pp. 33-34).

Les adeptes de la téléologie considèrent, par exemple, que la structure des organismes implique un but interne qui prédétermine l’évolution des plantes et des animaux, que ce but est d’essence spirituelle, déterminé par Dieu, etc. Ainsi on prête à la nature des actes conscients et intentionnels. Le matérialisme dialectique enseigne que seule l’activité humaine poursuit des fins déterminés.

Cependant cette activité, elle aussi, est fonction des conditions objectives de l’existence et, avant tout, des conditions de la vie matérielle de la société (V.). La finalité relative du monde organique est le résultat de la sélection naturelle. (V. Causalité ; Darwin ; Loi.)

TEMPS ET ESPACE. Formes fondamentales de l’existence de la matière. « … Les formes fondamentales de tout être, dit Engels, sont l’espace et le temps et un être en dehors du temps est une absurdité tout aussi grande qu’un être en dehors de l’espace » (« Anti-Dühring », P. 1950, p. 84). Il n’y a pas d’espace et de temps séparés de la matière, des processus matériels.

L’espace et le temps en dehors de la matière ne sont rien d’autre qu’une abstraction vide de sens.

Le matérialisme dialectique a été le premier dans l’histoire de la philosophie et des sciences à poser et à résoudre scientifiquement le problème de l’espace et du temps. Le matérialisme dialectique combat l’idéalisme, qui nie la réalité objective de l’espace et du temps, les considère comme un produit de la conscience, et la métaphysique qui détache la matière des formes de son existence.

Engels a fait la critique des élucubrations métaphysiques de Dühring (V.) qui affirmait qu’au début le monde était à l’état de repos absolu, existait soi-disant en dehors du temps. Partant des indications d’Engels sur l’espace et le temps et généralisant les données nouvelles des sciences de la nature, Lénine a fait faire à l’étude de ce problème un grand pas en avant.

Dans la lutte contre la conception idéaliste des kantiens et des machistes, selon laquelle le temps et l’espace sont des formes de la « sensibilité » humaine, Lénine démontre que la reconnaissance de la réalité objective du temps et de l’espace découle nécessairement de la reconnaissance de la réalité objective existant indépendamment de notre conscience, autrement dit, de la matière en mouvement.

« L’univers n’est que matière en mouvement, et cette matière en mouvement ne peut se mouvoir autrement que dans l’espace et dans le temps » (Lénine : « Matérialisme et empiriocriticisme », M. 1952, p. 196).

Lénine indique que sur ce point le problème gnoséologique fondamental consiste à savoir si l’espace et le temps sont réels ou s’ils ne sont que des produits de la pensée humaine en cours de développement.

En reconnaissant la réalité objective de l’espace et du temps et de leurs reflets dans notre conscience, le matérialisme dialectique permet aux sciences de la nature d’étudier avec fruit leurs propriétés physiques.

Le progrès de la science modifie et approfondit nos idées sur le temps et l’espace. Au XVIIIe et au XIXe siècles, les physiciens, tout en considérant le temps et l’espace comme une réalité objective, y voyaient, à la suite de Newton (V.), des formes extérieures de la matière, indépendantes de la matière et du mouvement.

L’idéaliste allemand Kant (V.) et ses adeptes se dressèrent contre les idées matérialistes de cette époque sur l’espace et le temps. Les découvertes de la science russe, établissant que l’espace et le temps, en tant que propriétés de la matière, sont en liaison régulière avec les propriétés physiques et chimiques des corps matériels, eurent une grande importance pour le progrès des notions scientifiques d’espace et de temps et pour la réfutation des théories métaphysiques et idéalistes.

L’éminent savant russe Lobatchevski (V.) démontra que les propriétés géométriques de l’espace dépendent des propriétés physiques de la matière, s’éleva énergiquement contre les vues idéalistes de Kant et leur porta un coup écrasant ; il réfuta également les interprétations métaphysiques de la géométrie d’Euclide et de la mécanique de Newton et prépara ainsi un terrain propice au développement des notions scientifiques modernes sur l’espace et le temps.

Les travaux du chimiste russe Boutlérov (V.) sur la disposition spatiale des atomes dans les molécules des combinaisons chimiques et les découvertes du grand cristallographe russe Fédorov, qui formula les lois de la disposition spatiale des atomes, des ions et des molécules dans les cristaux, ont encore enrichi les connaissances humaines sur l’espace et le temps, formes d’existence de la matière.

Boutlérov, Fédorov et leurs disciples établirent la dépendance des propriétés spatiales par rapport à la nature physique des corps matériels, mirent en lumière le rôle que joue la disposition spatiale des atomes en ce qui concerne telle ou telle propriété de la matière.

En révélant des propriétés physiques toujours nouvelles de l’espace et du temps, les sciences de la nature confirment la thèse du matérialisme dialectique sur le lien organique qui relie ces formes fondamentales de l’existence de la matière l’une à l’autre et à la matière en mouvement, sur l’interdépendance des formes (l’espace et le temps) et du contenu (la matière).

Ces thèses du matérialisme dialectique trouvent une confirmation éclatante dans la théorie de la relativité (V.) due à Einstein, Lorentz et autres savants et qui est la théorie physique contemporaine de l’espace et du temps.

Du fait que nos concepts de temps et d’espace se modifient, les philosophes et les physiciens idéalistes (V. Idéalisme « physique ») en concluent que la réalité objective de l’espace et du temps est « réfutée ». A ces fins on exploite notamment la mécanique quantique (V.).

Dans l’étude des particules microcosmiques, les physiciens idéalistes proposent de renoncer à l’espace et au temps, qu’ils considèrent comme quelque chose d’irréel et d’inconnaissable.

« Dans la physique classique, écrit Heisenberg, l’investigation se posait pour but de définir les phénomènes objectifs se déroulant dans l’espace et dans le temps… Or, dans la théorie des quanta nous avons affaire à un état de choses tout à fait différent… pour la mécanique quantique, la question n’est point d’établir objectivement les événements de l’espace et du temps. »

En dénonçant les tentatives que font les idéalistes pour réfuter la conception scientifique de l’espace et du temps, formes objectives de la matière en mouvement, le marxisme enseigne qu’on ne doit pas confondre la question de la variabilité des notions d’espace et de temps avec la question gnoséologique de leur réalité objective.

Nos idées sur l’espace et le temps, qui reflètent le temps et l’espace réels, nous en donnent une connaissance relative, incomplète, mais ces vérités relatives composent peu à peu la vérité absolue. Les idéalistes « physiques » confondent ces deux questions et, invoquant la relativité de nos représentations, prétendent réfuter l’objectivité de l’espace et du temps.

En parfait accord avec les sciences de la nature, le matérialisme dialectique affirme que l’espace et le temps existent objectivement, en dehors et indépendamment de notre conscience, et que notre connaissance est de plus en plus conforme « à l’espace et au temps objectifs, qu’elle reflète avec toujours plus d’exactitude et de profondeur » (Lénine : « Matérialisme et empiriocriticisme », M. 1952, p. 211).

THALES de Milet (Asie mineure) (vers 624-547 av. n. è.). Le plus ancien philosophe grec que l’histoire connaisse, fondateur à Milet de l’école du matérialisme spontané. (V. Ecole de Milet.)

THEISME (du grec […] — dieu). Doctrine philosophico-religieuse qui admet l’existence personnelle de Dieu, être surnaturel et raisonnable, créateur du monde. Selon le théisme, Dieu intervient dans la vie quotidienne des hommes et dirige leur activité.

A la différence du déisme (V.), qui nie l’intervention de Dieu dans la nature et la société, le théisme considère tous les phénomènes comme l’accomplissement de la « volonté divine », comme les produits de l’action providentielle de Dieu dans le monde. La philosophie idéaliste fournit des arguments philosophiques pour la défense du théisme.

THEODICEE (du grec […] — dieu, et […], — justice). « Justification de Dieu » : on appelle ainsi les traités philosophico- religieux visant à justifier la contradiction irréductible entre la foi en un dieu plein de bonté et omnipotent et l’existence sur la terre du mal et de l’injustice.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les théodicées ont constitué toute une branche de la littérature philosophique. La célèbre théodicée de Leibniz fut raillée par Voltaire (V.) dans « Candide ». Par leur nature sociale les théodicées sont une tentative de justifier le mal et l’iniquité qui règnent dans la société fondée sur l’exploitation.


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