La matière devient toujours plus complexe, obéissant à la loi du développement qualitatif. Cette complexification procède par bonds qualitatifs et il n’y a pas de retours en arrière possible.

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Comment expliquer alors le fait qu’il y ait des destructions, comme avec les guerres et le réchauffement climatique ? N’est-ce pas en contradiction avec la complexification de la matière ?

De la même manière, ne pourrait-on pas considérer que la dictature du prolétariat est en contradiction avec le fait que la bourgeoisie soit apparue : sa négation ne serait-elle pas un retour en arrière, à un moment où elle n’existait pas ?

Cette question a été d’une grande importance dans le mouvement ouvrier au début du XXe siècle. Karl Kautsky a basculé justement dans cette tendance à relativiser et à intégrer l’ensemble du mouvement de la matière dans un seul ensemble, sans voir le sens des contradictions.

Il pensait par exemple que les bourgeoisies seraient intégrées grâce aux succès du mouvement ouvrier ; la bourgeoisie céderait et serait absorbée. Le révisionnisme de Nikita Khrouchtchev ne dit pas autre chose.

Une réaction erronée à cette conception a été l’ultra-gauchisme, qui consiste à rejeter absolument la bourgeoisie comme réalité historique, à la nier ainsi que ce qu’elle a produit de positif. C’est également une erreur unilatérale.

Le mouvement de la matière étant contradictoire par nature, il produit deux choses : un aspect positif et un aspect négatif. Quand on court, on transpire : la transpiration a une fonction pour le corps, permettant de réguler la température. Cependant, on peut penser que la sueur serait de la matière qui serait perdue.

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Ce serait là un avis erroné, car l’être humain qui court n’est pas séparé de son environnement ; la sueur intègre une fonction dans le système général de la vie sur notre planète. L’être humain n’existe pas de manière isolée et si sa sueur est perdue, ce n’est pas vrai pour tout le monde.

Il en va de même pour les cadavres et à ce titre il est tout à fait erroné tant de les enfermer dans des cercueils que de les incinérer. La matière doit rester dans le cycle de la vie.

Dans cet esprit, il est absurde de parler de valorisation des déchets : au sens strict, la vie ne comprend pas le concept de « déchets ». L’urine et les défécations elles-mêmes appartiennent au cycle organique de la vie.

Il en va de même pour la bourgeoisie. Ce qu’elle a réalisé est conservé ; le mode de production socialiste renverse le mode de production capitaliste, mais il prend sa réalité matérielle comme base. C’est pourquoi il assume également, par exemple, l’héritage culturel démocratique qui a été produit par cette base matérielle. Ce qu’on appelle le gauchisme nie justement la production historique positive qui a pu exister.

Pourquoi alors appeler à exercer la dictature du prolétariat ? Ne peut-on pas penser que la bourgeoisie s’insérerait naturellement dans le mouvement historiquement nécessaire ?

C’est une idée tout à fait logique et à ce titre elle a été produite dans le mouvement ouvrier. Cependant, elle pose mal le problème concernant le développement contradictoire de la matière.

En effet, si la bourgeoisie s’oppose au prolétariat, c’est parce qu’il y a une contradiction entre les deux. On pourrait alors imaginer qu’il suffise que le prolétariat dise à la bourgeoisie quoi faire. Il suffirait de rééduquer et dans l’idée, on pourrait s’imaginer que la bourgeoisie « accepte ». C’est ce que pensait Karl Kautsky et Nikita Khrouchtchev.

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Cependant, il y a une contradiction au sein de la bourgeoisie elle-même. En effet, la bourgeoisie devenue réactionnaire s’oppose à la bourgeoisie progressiste qu’elle a été, de la même manière que le vieillard s’oppose à l’enfant qu’il a été.

La matière ne connaît pas de mouvement vers l’arrière, vers le passé. La bourgeoisie ne peut donc pas se régénérer et redevenir une classe progressiste. Les bourgeois sont nécessairement réactionnaires, conservateurs, rétrogrades. Sur le plan individuel, il faut une longue rééducation par le travail, des révolutions culturelles doivent avoir lieu dans toute la société pour dépasser les conceptions anciennes erronées.

Voilà pourquoi le développement de la matière exige que le nouveau écrase l’ancien, qu’il mette de côté les éléments rétrogrades – c’est le sens de la dictature du prolétariat et cela veut dire effectivement fusiller, mettre en camps de travail, emprisonner. Lénine, Staline et Mao Zedong ont toujours été explicites dessus ; la différence entre socialistes et communistes puisent dans le refus ou l’acceptation de cette nécessité.

Quand donc on considère, après la révolution, qu’un bourgeois doit être rééduqué, on ne considère pas qu’il soit « en trop », mais seulement qu’il est un produit d’une base matérielle passée, périmée et qu’à ce titre il doit s’éteindre historiquement, soit en se mettant de côté en se soumettant, soit en l’éliminant s’il se rebelle.

C’est une question d’adéquation historique et c’est pour cela que la dictature du prolétariat est une période transitoire. La dictature du prolétariat déblaie les anciennes fondations pour en poser de nouvelles.

Après la révolution socialiste, ce qui est produit par un mode de production dépassé – les guerres, les bourgeois réactionnaires, l’écocide, etc. – doit être réfuté comme appartenant à un passé encore présent, mais en train de disparaître. Les anachronismes disparaissent.


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