Les maoïstes apparus dans les années 1960 en Europe occidentale et aux États-Unis ont une ligne unanime : les syndicats sont devenus une composante institutionnelle de la neutralisation de la lutte des classes.

Les syndicats ont comme tâche d’être des points d’ancrages du capitalisme au sein du prolétariat ; c’est un outil de corruption et d’amélioration de l’organisation de la production. Les syndicats accompagnent la déformation, l’abrutissement, l’aliénation des masses dans le cadre d’un capitalisme qui parvient à se développer (avant une future crise générale).

En Belgique, FGTB, CSC et CGSLB, ont été et restent – avec des nuances – de grands bastions syndicaux contre-révolutionnaires ; c’est pourquoi le maoïsme est né, par des structures comme l’UCMLB, la PAP, etc., contre les syndicats.

Il est à ce titre tout à fait révélateur que l’ensemble des faux maoïstes belges des années 1960-1970, comme AMADA-TPO ont été, inversement, et quasi dès leur apparition, favorables aux syndicats.

Aujourd’hui encore, « marxistes-léninistes », trotskystes ou autres représentants de la « Gauche»  du capital, appellent à rejoindre ou à travailler dans les syndicats, qui seraient le bastion d’une certaine forme de « résistance », qui aurait dans ses rangs les éléments les plus combatifs, qui disposerait d’une large base.

C’est là de l’opportunisme de bout en bout. Tout d’abord, parce que les syndicats sont en réalité coupés des masses, étant composée d’opportunistes plus ou moins carriéristes et, dans tous les cas, emprisonnés dans des postures beaufs ridiculisant la classe ouvrière.

Ensuite, parce que les syndicats sont massivement soutenus par les institutions, comme force contre-révolutionnaire totalement opposée à la moindre contestation. Les faux révolutionnaires d’aujourd’hui montrent ici trois choses :

– qu’ils ne sont qu’un appendice historique de l’initiative initialement portée par AMADA-TPO, puis par  le PTB ;

– qu’ils sont totalement coupés de la tradition maoïste, par définition anti-syndicale ;

– que leur seule ligne, néo-révisionniste, est de former un nouveau syndicat, qui irait « jusqu’au bout ».

Cette ligne néo-révisionniste a d’ailleurs aussi comme source justement la ligne « marxiste-léniniste » opposée au maoïsme dans les années 1960-1970, dont le représentant en Belgique était le PCMLB d’obédience hoxhaïste.

L’idée serait de déborder les syndicats lors d’une vague de lutte, pour reformer une nouvelle entité « unitaire », qui s’appellerait X ou Y mais ne serait qu’une sorte de nouveau syndicat.

C’est la ligne du syndicalisme « dur », qui ne comprend rien au besoin de la rupture subjective avec les valeurs dominantes. C’est l’esprit bière-saucisses-merguez vaguement radicalisé et qui s’imagine que Lénine aurait été une sorte de petit fonctionnaire d’un Parti devenant une sorte de super tribun.

C’est tout à fait proche du syndicalisme révolutionnaire et du trotskysme, qui eux aussi raisonnent en termes de « trahison » de la direction syndicale, qu’il serait suffisant de remplacer lors d’un élan social pour libérer la voie à la révolution.

Mais la révolution ne peut pas sortir d’une logique syndicale, seulement de l’antagonisme le plus franc avec les modalités de la reproduction de la société capitaliste. Cela suppose, dans le cadre d’un capitalisme ayant largement développé les forces productives, souligner le caractère primordial de la rupture subjective avec les valeurs capitalistes et les identités qu’elles mettent à disposition.

Que les faux révolutionnaires considèrent de manière unanime que rejoindre ou travailler dans les syndicats est une bonne chose révèlent bien leur faiblesse idéologique et politique, leur intégration aux valeurs dominantes, leur incapacité à la rupture réelle avec les normes dominantes sur le plan de la pratique de la lutte des classes.


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