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Parce que nous partageons entièrement l’analyse des camarades du PCMLM de France, nous reproduisons ici leur « Déclaration 67 » concernant la situation en Grèce après la victoire électorale de SYRIZA.
Dans le cadre de la formation d’un futur gouvernement grec, notons qu’a l’heure où nous publions, SYRIZA se trouve en plein pourparlers avec une formation représentant la droite souverainiste nommée ANEL.
Notons encore que le PTB, après avoir largement soutenu la campagne électorale du KKE (Parti communiste de Grèce révisionniste) salue aujourd’hui opportunément la victoire de SYRIZA ; Peter Mertens allant jusqu’à présenter le PTB comme étant « le SYRIZA de l’Escaut »…
Rien que de très normal dans tout cela, SYRIZA et PTB n’étant rien d’autre que l’expression de la décadence opportuniste.
Il est dès lors facile de comprendre que les gains électoraux engrangés par SYRIZA et le PTB ne permettront jamais le nécessaire écrasement des éléments les plus réactionnaires de la bourgeoisie pillant le pays, tant en Grèce qu’en Belgique !
« L’investissement dans la croissance » ne peut pas être la solution du capitalisme, étant donné qu’il s’agit d’un mode de production moribond. C’est une loi de l’histoire, et le triomphe électoral de SYRIZA en Grèce ne peut pas changer cela.
SYRIZA a gagné avec 35,73% des voix, juste en deçà de la majorité absolue, avec une ligne « anti-austérité » qui n’est que le masque de la modernisation réformiste. Cette situation montre une chose qu’il est très important de comprendre : le réformisme est encore un outil très puissant de la bourgeoisie afin de moderniser le capitalisme à travers la mobilisation des masses et le « keynésianisme ».
Tant que le véritable parti révolutionnaire n’est pas en mesure de proposer aux masses un programme valide, crédible, hautement civilisé, aussi longtemps que les masses ne sont pas conduites dans un processus idéologique où la lutte des classes prend une direction révolutionnaire, le capitalisme va se maintenir par la modernisation réformiste ou bien le fascisme et la guerre impérialiste.
La nature de SYRIZA – la « Coalition de la Gauche Radicale » – est précisément la même que celle du Programme commun réalisé par les centristes de gauche, les socialistes et les révisionnistes « communistes », qui ont remporté en France les élections en 1981. François Mitterrand est devenu alors le président français, il y a eu une nationalisation du secteur bancaire, une « modernisation » des institutions grâce à la décentralisation, et tout cela a seulement aidé le capitalisme pour faire face à la crise d’une meilleure façon.
SYRIZA a le même rôle. Son existence est le produit de l’absence d’alternative révolutionnaire alors que la Grèce connaissait des émeutes importantes en 2008. Tant les réformistes de SYRIZA que les nazis de l’Aube Dorée ont grandi ensuite comme des alternatives internes au système capitaliste.
Les deux ont utilisé une rhétorique nationaliste, le populisme, les appels à la modernisation de l’État, les critiques du « mauvais » capitalisme en particulier et ainsi protégeant le capitalisme en général. Le contenu de SYRIZA est vide si nous regardons la question de la propriété des moyens de production, le rapport à la nature, la culture démocratique.
Il est ici très important de voir d’où vient SYRIZA. C’est maintenant un parti, pour respecter la loi grecque sur les élections, c’est-à-dire gagner plus de sièges ; cela signifie que les partis membres du front ont procédé à leur propre liquidation politique : SYRIZA est l’expression de la décadence opportuniste.
La principale composante de SYRIZA était Synaspismós (« Coalition de la gauche, des mouvements et de l’écologie »), une scission de droite du KKE (Parti communiste de Grèce révisionniste), dont la ligne est pratiquement le même que le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon.
Le DEA (« Gauche Internationaliste des Travailleurs » trotskyste), dont la ligne est la même que le Nouveau Parti Anticapitaliste, est également un élément de SYRIZA unifié, tout comme le KOE (« Organisation Communiste de Grèce », anciennement A/synechia, un fondateur important de SYRIZA), qui prétend se revendiquer Mao Zedong, et « a décidé [en Juillet 2013], comme une étape nécessaire pour le renforcement de SYRIZA et de son expression unifiée, de suspendre sa présence publique autonome ».
Bien sûr, ces structures continuent leur existence en tant que courants dans le parti unifié, parmi d’autres, comme les trotskystes de la Tendance Marxiste Internationale. SYRIZA est un front produit par tous les opportunistes, obéissant à l’appel du capitalisme pour être sauvés grâce à la modernisation.
Tout cela montre l’impossibilité de SYRIZA de mobiliser les masses, les masses qui sont même paralysées à travers les appels populistes de la renégociation de la dette, quand en fait une rupture totale doit être faite avec la haute bourgeoisie, qui prend en Grèce une forme très oligarchique.
Il est très important de voir la capitulation idéologique exprimée par le chef de SYRIZA, Alexis Tsipras, quand il est allé au Vatican en septembre 2014 et a salué le pape François comme le « pape des pauvres », alors qu’il y a quelques jours il a rencontré le patriarche œcuménique Bartholomée Ier, chef de la très riche et ultra conservatrice Église grecque orthodoxe.
Cela montre ici que SYRIZA n’a pas de contenu démocratique, seulement la forme de celui-ci. C’est la bannière de la démocratie populaire qui devrait être levée en Grèce, car doivent être écrasés les éléments les plus réactionnaires de la bourgeoisie pillant le pays, et dans cette lutte un énorme front peut être réalisé dans les grandes masses, pour défendre la culture, la base matérielle de la civilisation.
Les masses qui ont voté pour SYRIZA essaient de trouver une voie en ce sens, mais SYRIZA ne sera pas en mesure de satisfaire leurs besoins. Seule une étude approfondie de la Grèce – son économie, sa culture, son Etat, ses classes – peut permettre de construire une idéologie ouvrant les espaces idéologiques et culturels pour sélectionner les ennemis, calibrer l’agitation et la propagande, développer les luttes de classes suite à une ligne correcte.
L’Etat n’est pas neutre – seule une démocratie populaire peut satisfaire les besoins des masses !
Défendre la culture et le niveau civilisé de la société signifie l’écrasement des classes décadentes menant la société au chaos, à la barbarie !
Les organes de l’État bourgeois sont anti-démocratique et doivent être écrasés par la guerre populaire, seules les masses armées peuvent conduire leur propre destin !
Parti Communiste Marxiste Léniniste Maoïste [France]
Janvier 2015