Le 14 juin 1963, le Parti Communiste de Chine répondait à une lettre du Parti Communiste d’Union Soviétique ; la lettre de réponse devint fameuse comme Lettre en 25 points.
Le huitième point traite de la question de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine, présentées comme « la zone des tempêtes ».
« 8) C’est dans les vastes régions d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine que convergent les différentes contradictions du monde contemporain, que la domination impérialiste est la plus faible, et elles constituent aujourd’hui la principale zone des tempêtes de la révolution mondiale qui assène des coups directs à l’impérialisme.
Le mouvement révolutionnaire national et démocratique de ces régions et le mouvement révolutionnaire socialiste dans le monde sont les deux grands courants historiques de notre époque.
Les révolutions nationales et démocratiques de ces régions constituent une partie intégrante importante de la révolution mondiale prolétarienne de notre époque.
La lutte révolutionnaire anti-impérialiste des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine frappe et mine sérieusement les bases de la domination de l’impérialisme, du colonialisme et du néocolonialisme, elle est une force puissante dans la défense de la paix mondiale de notre temps.
C’est pourquoi, dans un certain sens, l’ensemble de la cause révolutionnaire du prolétariat international dépend en définitive de l’issue de la lutte révolutionnaire menée par les peuples de ces régions, qui constituent l’écrasante majorité de la population mondiale.
C’est pourquoi la lutte révolutionnaire des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine contre l’impérialisme n’est pas du tout une question à caractère régional, mais une question qui concerne l’ensemble de la cause de la révolution mondiale du prolétariat.
Certains nient même la grande portée internationale de la lutte révolutionnaire des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine contre l’impérialisme et, sous prétexte de faire tomber les barrières de la nationalité, de la couleur de la peau et de la localisation géographique, ils essaient par tous les moyens d’effacer la ligne de démarcation entre nations opprimées et nations oppressives, entre pays opprimés et pays oppresseurs, d’étouffer la lutte révolutionnaire des peuples de ces régions ; cela revient en fait à pourvoir aux besoins des impérialistes et à créer une « théorie » nouvelle pour justifier la domination et la poursuite de la politique colonialiste et néocolonialiste des impérialistes dans ces régions.
Cette « théorie » ne vise pas réellement à faire tomber les barrières de la nationalité, de la couleur de la peau et de la localisation géographique, mais à maintenir la domination des « nations supérieures » sur les nations opprimées. Il est tout naturel que cette « théorie » trompeuse se heurte à l’opposition des peuples de ces régions.
La classe ouvrière de chaque pays socialiste et de chaque pays capitaliste doit mettre réellement en application les mots d’ordre de combat de « prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » et « prolétaires de tous les pays et peuples opprimés, unissez-vous ! » ; elle doit étudier l’expérience révolutionnaire des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, soutenir fermement leur action révolutionnaire, et considérer la cause de leur libération comme le soutien le plus sûr pour elle-même, comme son intérêt direct.
Seule cette façon d’agir permet réellement de faire tomber les barrières de la nationalité, de la couleur et de la localisation géographique, et est l’expression du véritable internationalisme prolétarien.
Sans l’union avec les nations opprimées, sans la libération de celles-ci, la classe ouvrière des pays capitalistes d’Europe et d’Amérique n’aura jamais sa libération. Lénine a fort bien dit : « Le mouvement révolutionnaire des pays avancés ne serait, en fait, qu’une simple duperie sans l’union complète et la plus étroite dans la lutte des ouvriers en Europe et en Amérique contre le capital et des centaines et des centaines de millions d’esclaves « coloniaux » opprimés par ce capital. » (Lénine : Le IIème Congrès de l’Internationale communiste)
Actuellement, dans les rangs du mouvement communiste international, certains vont jusqu’à mépriser la lutte libératrice des nations opprimées et à adopter une attitude passive et négative envers elle ; en fait, ils ne font que défendre les intérêts du capital monopoliste, trahir les intérêts du prolétariat et, ce faisant, ils dégénèrent et deviennent des social-démocrates.
L’attitude envers la lutte révolutionnaire des peuples des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine est un important critère qui permet de distinguer ceux qui veulent faire la révolution de ceux qui ne le veulent pas, ceux qui défendent véritablement la paix mondiale de ceux qui encouragent les forces d’agression et de guerre. »