C’est une chose que tout observateur a pu remarquer : les réactions suite à l’attentat de Bruxelles ont été très différentes de celles qui ont suivi celui à Paris contre Charlie Hebdo.
En France, des rassemblements massifs ont exprimé pèle-mêle une véritable angoisse, une vraie compassion, un esprit de solidarité, un refus complet du racisme et de ses simplifications, avec également une naïveté certaine par rapport à la nature des forces policières.
Reste qu’ils ont rassemblé des centaines de milliers de personnes partout dans le pays, donnant naissance à de multiples discussions, ouvrant des espaces de débats de manière prolongée.
Cela est tellement vrai que le régime bourgeois a tout fait pour récupérer le mouvement, afin de renforcer « l’unité nationale » dans un sens réactionnaire, avec notamment le renforcement massif des moyens de contrôle et de surveillance de la population.
En Belgique, on a pu voir que ni l’État ni l’opinion publique n’ont été à la hauteur de l’événement. Ce qu’on peut dire en arrière-plan, c’est que le problème national a paralysé l’esprit démocratique, donnant un élan ininterrompu aux forces du délitement, de l’évitement des problèmes, du communautarisme.
D’une certaine manière, on voit à quel point notre pays souffre, depuis l’assassinat de Julien Lahaut en 1950, de la fin du courant progressiste en faveur d’une république, au sens d’une unité démocratique et populaire.
La monarchie n’est que le masque d’un écrasement de la société pour maintenir un régime stable en faveur des couches dominantes ; on fait coexister les gens pour que la machine marche, le pays est géré administrativement et les masses sont paralysées politiquement, culturellement, idéologiquement.
On a vu le résultat : la « marche contre la peur » prévue pour le dimanche 27 mars a été annulée par les organisateurs.
Ceux-ci n’étaient d’ailleurs pas poussés par les masses, qui en France avait connu une agitation très importante suite à l’attaque contre Charlie Hebdo. Non, ces organisateurs comptaient récupérer un mouvement possible qui apparaîtrait comme en France.
Voilà l’objectif réel qu’avait les autorités de la ville de Bruxelles, avec le bourgmestre social-démocrate Yvan Mayeur, ainsi que le ministre de l’intérieur issu de l’extrême-droite flamande, Jan Jambon.
Au rassemblement qui s’est quand même tenu de manière restreinte, on a pu voir aussi pratiquement 500 fascistes faire irruption en tenue sombre, après avoir été accompagné par la police depuis Vilvorde.
A l’incapacité de faire face aux problèmes politiques et sociaux s’ajoute l’ignominie : la bourgeoisie laisse la Belgique s’effondrer dans l’indifférence, l’absence d’expression, la passivité.
On a pu voir aussi à quel point le manque de gestion des ministères avait contribué à ce que les islamistes puissent s’organiser et agir.
L’État belge, bourgeois et bureaucratique, supportant cette fiction qu’est la monarchie, entretenant les divisions communautaires, est un obstacle au progrès. Il ne peut pas résoudre les problèmes.
Tout Etat bourgeois est en soi une superstructure parasitaire au service des classes dominantes ; en Belgique, il a le triste visage d’une bureaucratie en décomposition, d’une administration réduite à sa plus simple expression.
Les problèmes ne doivent pas être administrés, ils doivent être résolus.
Les problèmes de notre pays doivent être établis et expliqués aux masses, il faut lancer des processus pour qu’elles commencent à les résoudre au moyen des luttes de classes.
Cette dernière ne consiste pas qu’en des revendications économiques : la bataille pour comprendre le sens de l’attentat de Bruxelles relève elle-même de la lutte des classes, dans la mesure où chaque classe a son interprétation, sa vision des choses, ses réponses.
Et la réponse des masses est simple : il faut plus d’unité populaire, davantage de travail pour les jeunes, un Etat qui fonctionne, une culture qui triomphe de la décadence, un progrès général pour le pays.
Tout cela, c’est le socialisme qui l’amènera, en transformant la Belgique comme administration artificielle avec le masque de la monarchie en véritable République unissant les masses par le culture et le travail.
Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste [B]
30 mars 2016