Depuis l’arrestation en 1992 d’Abimael Guzman, connu sous le nom de Gonzalo, l’impérialisme a agi d’une manière très précise. Tout a été fait pour apporter de la confusion à son sujet, pour à tout prix éviter que ses idées se répandent. Voici une explication de la situation.

1. a) Gonzalo est dans les mains de l’ennemi

Quand un communiste est en prison, il est dans les mains de l’ennemi, qui peut mentir et utiliser toutes les méthodes pour soutenir sa propre lutte réactionnaire. A la fin des années 1970, l’Allemagne de l’Ouest impérialiste a par exemple procédé au « suicide » de nombreux membres de la Fraction Armée Rouge.

Ainsi, naturellement, il n’est pas possible de faire confiance à l’ennemi pour savoir quel est le point de vue d’un camarade. Même une présentation publique doit être suspectée de manipulation : le camarade peut avoir été drogué, par exemple. A moins de voir un soutien franc à la contre-révolution, ou au contraire un affrontement avec la réaction, il n’est pas possible de comprendre de manière appropriée la situation.

1. b) Gonzalo n’a été vu publiquement que deux fois depuis son arrestation

La bourgeoisie ne peut pas penser, mais tactiquement elle peut comprendre certains points et apprendre de ses erreurs. En particulier, le meurtre d’Ernesto « Che » Guevara après son arrestation en 1967 en Bolivie a été considéré comme une erreur, puisque cela a été utilisé après par le révisionnisme armé pour développer un culte à son sujet.

C’est pourquoi le premier pas de la réaction a été, le 24 septembre 1992, de placer Gonzalo dans une cage, de le montrer habillé dans un uniforme rayé de prisonnier. Le but était de le montrer comme un fou, mais devant la presse, Gonzalo a levé sa voix et fait un fameux discours, appelant à poursuivre la guerre populaire et à aller au-delà de ce qui n’était qu’un détour.

Les résultats ont été bien sûr très mauvais pour l’impérialisme, et depuis cela, Gonzalo n’a été montré publiquement qu’une fois depuis, le 5 novembre 2004. Devant la presse, Gonzalo a tourné le dos aux juges et a crié des slogans en faveur du Parti Communiste du Pérou et de la lutte armée – les micros ont été coupés, et ensuite la presse n’a plus pu être présente.

2. a) Les « lettres pour la paix »

Du point de vue communiste, rien ne peut être dit sur la situation de Gonzalo. Tout le reste est spéculation, et c’est précisément ce que la réaction a voulu : élever des doutes, la spéculation, la capitulation.

En septembre 1993, le président péruvien Alberto Fujimori a lu des lettres appelant à la paix qui auraient été écrites par Gonzalo. Ensuite, une vague de documents est sortie, signés prétendument par de nombreux cadres du Parti Communiste du Pérou et Gonzalo, appelant à maintenir la lutte mais en changeant la forme, ce qui signifie rejeter la lutte armée et combattre pour un accord de paix.

Cela serait le produit d’une compréhension « stratégique » par la direction en prison, par des séries de conversations. Cela n’était pas du tout présentée comme une retraite, mais comme un saut dans les nouvelles conditions.

2. b) La nature des « lettres pour la paix »

Le problème est facile à comprendre : cet appel pour un accord de paix va dans un sens qui est contraire à ce que Gonzalo a affirmé publiquement une année auparavant. Pas seulement : c’est le contraire de ce que Gonzalo a expliqué la décade précédente.

Un aspect central est ici la négation de l’aspect semi-féodal comme aspect principal (un aspect souligné dans un document commun par les PCMLM du Bangladesh et de France), ou en fait en tant qu’aspect en soi en tant que tel. Comme au Népal, la ligne de la capitulation dit que les intérêts de la classe ouvrière sont soumis à ceux de la nation en transformation, en « modernisation ». Quand l’aspect semi-féodal est nié, la « modernisation » est « justifiée », comme le font les hoxhaistes.

Et bien sûr, c’est exactement conforme à ce que voulait le régime péruvien et la bourgeoisie internationale, qui parlait déjà dans sa presse du cruel et criminel « sentier lumineux ».

3. a) La réaction aux « lettres pour la paix » au Pérou

Au Pérou est apparu ce qui a alors été appelé la LOD, la Ligne Opportuniste de Droite, qui a soutenu les « lettres pour la paix » ; ensuite vint une Ligne Opportuniste de Gauche, et également un parti légal, MOVADEF, qui vient de connaître une répression il y a quelques jours.

Un fait intéressant est ici que nous pouvons voir la même situation que durant la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine : les droitistes prétendent soutenir le dirigeant, les gauchistes le dépasser parce qu’il est montré comme ayant trahi sa propre ligne.

Les communistes authentiques ont fait et font face à une situation très difficile, où la Pensée Gonzalo, dans son aspect national en tant que voie révolutionnaire pour le Pérou, en particulier en connexion avec José Carlos Mariategui, est terriblement combattue par la réaction et ses alliés.

3. b) La réaction aux « lettres pour la paix » au niveau internationale

Au niveau international, le soutien à la guerre populaire au Pérou, qui commençait à devenir vraiment important, s’est pratiquement effondré. Cela a été le Mouvement Populaire Pérou (MPP), généré par le Parti Communiste du Pérou pour le travail à l’étranger, qui a maintenu la flamme, même s’il a fait face à de nombreuses scissions à la fois droitiste (par exemple en Allemagne et en Belgique) et gauchistes (par exemple en Suisse et en France).

Certaines voix ont affirmé que Gonzalo était derrière cela, en particulier le Parti Communiste Révolutionnaire des Etats-Unis. Une conspiration du silence a de toutes manières vaincu de plus en plus dans le Mouvement Communiste International niant Gonzalo et ses enseignements.

4. a) La position du MPP

Le MPP a travaillé de manière étroite avec le Parti Communiste de Turquie (Marxiste-Léniniste) et Rossoperao d’Italie (qui devint le Parti Communiste Maoïste d’Italie), qui ont ensuite abandonné le MPP et Gonzalo pour soutenir la guerre populaire au Népal, et longtemps après que celle-ci se soit effondrée, celle en Inde.

Le MPP est devenu de plus en plus isolé ; en 2013 ; il a travaillé étroitement avec le Parti Communiste d’Equateur – Comité de reconstruction, mais cette nouvelle organisation s’est depuis effondrée. Plus important, le MPP n’a pas mis en avant la question de la Pensée.

Cela vient, selon le PCMLM de France, d’une confusion entre ligne et fraction.

4. b) Soutenir la Pensée

Promouvoir la question de la Pensée a été fait par des organisations d’Afghanistan, du Bangladesh, de Belgique et de France, publiant un document « La pensée-guide de la révolution : le cœur du maoïsme », contenant des questions et des réponses sur des individus qui ont été les porteurs de la Pensée-Guide.

Cette compréhension a été possible par un travail approfondi sur la signification internationale de la Pensée-Guide, qui a deux aspects : l’aspect national, et l’aspect international. Chaque pensée a deux aspects.

Le PCMLM du Bangladesh a récemment affirmé, de manière correcte :

« La Pensée-Guide est reliée à un pays particulier.

Cependant, plusieurs aspects d’une Pensée-Guide peuvent appliqués de manière universelle. Par exemple, le camarade Siraj Sikder a expliqué qu’un pays semi-colonial pouvait avoir une colonie. C’est applicable de manière universelle.

Mais toutes les théories du camarade Siraj Sikder ne sont pas applicables de manière universelle. Dans ce contexte, la Pensée-Gonzalo est la plus avancée après celle du président Mao. Elle définit le terme maoïsme et la théorie de la guerre populaire. Toutefois, nous ne disons pas que toute la Pensée-Gonzalo est applicable de manière universelle. Et, en même temps, la Pensée-Gonzalo ou toute autre Pensée peut se développer elle-même en un « -isme ». »

Pour cette raison, la question de la situation de Gonzalo est une inquiétude centrale pour les camarades au Pérou, parce que c’est directement en liaison avec leur propre Pensée-Guide. Dans les autres pays, c’est secondaire, parce que c’est leur propre Pensée-Guide qui est l’aspect principal – même si cela prend nécessairement en compte, en substance, les aspects universels de la Pensée Gonzalo.


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