Tiré de : La politique du pouvoir des Soviets dans la question nationale en Russie, La Pravda, 10 octobre 1920

« On ne saurait considérer l’autonomie soviétique comme quelque chose d’abstrait et de factice ; à plus forte raison ne saurait-on la considérer comme une simple déclaration, une promesse vaine. L’autonomie soviétique est la forme la plus réelle, la plus concrète d’union de la périphérie avec la Russie centrale.

Nul ne s’avisera de nier que l’Ukraine, l’Azerbaïdjan, le Turkestan, la Kirghizie, la Bachkirie, la Tatarie et les autres régions périphériques, pour autant qu’elles aspirent à la prospérité culturelle et matérielle des masses populaires, ne peuvent se passer d’écoles dans leur langue nationale, de tribunaux, d’administrations, d’organes du pouvoir composés principalement de gens du pays.

Bien plus, la soviétisation effective de ces régions, leur transformation en pays soviétiques étroitement rattachés à la Russie centrale et formant avec elle un État unique sont inconcevables sans une ample organisation des écoles locales, sans la création de tribunaux, d’administrations, d’organes du pouvoir, etc. composés de gens qui connaissent le mode de vie et la langue de la population.

Mais baser les écoles, les tribunaux, les administrations, les organes du pouvoir sur la langue nationale, cela signifie justement réaliser en fait l’autonomie soviétique, puisque celle-ci n’est rien d’autre que la somme de toutes ces institutions quand elles ont revêtu la forme ukrainienne, turkestane, kirghize, etc.

Comment parler sérieusement, après cela, du caractère éphémère de l’autonomie soviétique, de la nécessité de la combattre, etc. ?

De deux choses l’une :

ou bien les langues ukrainienne, azerbaïdjanaise, kirghize, ouzbek, bachkire, etc., sont une réalité effective et, par conséquent, il est absolument nécessaire, dans ces régions, de développer dans la langue nationale l’école, les tribunaux, les administrations et les organes du pouvoir composés de gens du pays, et alors l’autonomie soviétique doit être appliquée dans ces régions à fond et sans réserve ;

ou bien les langues ukrainienne, azerbaïdjanaise et autres ne sont qu’une pure invention ; les écoles et autres institutions dans la langue maternelle sont, par conséquent, inutiles, et alors l’autonomie soviétique doit être rejetée comme un fatras inutile.

Rechercher une troisième voie, c’est faire la preuve de son incompétence en la matière ou de sa navrante étourderie. »


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