Le système capitaliste fut dès son début un système de rapine et d’assassinats massifs. Les horreurs de l’accumulation primitive, la politique coloniale qui, au moyen de la Bible, de la syphilis et de l’alcool, amena l’extermination impitoyable de races et de peuplades entières ; la misère, la famine, l’épuisement et la mort prématurée d’innombrables millions de prolétaires exploités, la répression sanglante de la classe ouvrière lorsqu’elle s’insurgeait contre ses exploiteurs, et enfin la boucherie immense et inouïe qui a transformé la production mondiale en une production de cadavres humains — voilà l’image de l’ordre capitaliste.
Dès le début de la guerre les classes dominantes qui, sur les champs de batailles avaient tué plus de dix millions d’hommes et en avaient estropiés encore bien davantage, ont érigé à l’intérieur de leurs pays aussi le régime de la dictature sanglante.
Le gouvernement tsariste russe fusilla et pendit les ouvriers, organisa des pogromes contre les juifs, extermina tout ce qui vivait dans le pays. La monarchie autrichienne étrangla dans le sang l’insurrection des paysans et des ouvriers ukrainiens et tchèques. La bourgeoisie anglaise assassina les meilleurs représentants du peuple irlandais.
L’impérialisme allemand fit rage à l’intérieur de son pays et les marins révolutionnaires furent les première victimes de cette brute. En France on abattit les soldats russes qui n’étaient pas prêts à défendre les profits des banquiers français.
En Amérique la bourgeoisie lyncha les internationalistes, condamna des centaines parmi les meilleurs prolétaires à vingt ans de travaux forcés, abattit les ouvriers pour faits de grèves.
Lorsque la guerre impérialiste commença à se transformer en guerre civile, et que les classes dominantes, ces malfaiteurs les plus grands que l’histoire du monde ait jamais connus, se trouvèrent menacés du danger immédiat de l’effondrement de leur régime sanglant, leur bestialité devint encore plus cruelle.
Dans sa lutte pour le maintien de l’ordre capitaliste, la bourgeoisie emploie les méthodes les plus inouïes, devant lesquelles palissent toutes les cruautés du moyen-âge, de l’Inquisition et de la colonisation.
La classe bourgeoise, se trouvant au bord de sa tombe, détruit maintenant physiquement la force productive la plus importante de la société humaine — le prolétariat, et s’est démasquée à présent par cette terreur blanche dans toute sa hideuse nudité.
Les généraux russes, cette personnification vivante du régime tsariste. ont tué et tuent encore en masse les ouvriers avec l’appui direct où indirect des social-traîtres. Durant la domination des socialistes-révolutionnaires et des menchéviks en Russie, des milliers d’ouvriers et de paysans remplissaient les prisons et les généraux exterminaient des régiments entiers pour cause de désobéissance.
À présent, les Krasnov et les Dénikine, jouissant de la collaboration bienveillante de l’Entente, ont tué et pendu des dizaines de milliers d’ouvriers, décimé, pour terroriser ceux qui restaient encore, ils laissèrent même pendant trois jours les cadavres pendus à la potence.
Dans l’Oural et dans la Volga, les bandes de gardes-blancs tchécoslovaques coupèrent les mains et les jambes des prisonniers, les noyèrent dans la Volga, les firent enterrer vivant.
En Sibérie, les généraux abattirent des milliers de communistes, une quantité innombrable d’ouvriers et de paysans.
La bourgeoisie allemande et autrichienne ainsi que les social-traîtres ont bien montré leur nature de cannibales, lorsqu’en Ukraine ils pendirent à des potences transportables en fer, les ouvriers et les paysans qu’ils avaient pillés, ainsi que les communistes, leurs propres compatriotes, nos camarades allemands et autrichiens.
En Finlande, pays de la démocratie bourgeoise, ils ont aidé la bourgeoisie finlandaise à fusiller plus de treize à quatorze mille prolétaires et à en torturer à mort plus de quinze mille dans les prisons.
À Helsingfors, ils poussèrent devant eux des femmes et des enfants pour se protéger contre les mitrailleuses. C’est par leur appui que les gardes-blancs finlandais et les aides suédois ont pu se livrer à ces orgies sanglantes contre le prolétariat finlandais vaincu.
À Tammerfors on força les femmes condamnées à mort à creuser elles-mêmes leurs tombes, à Viborg on abattit des centaines de femmes, d’hommes et d’enfants finlandais et russes.
À l’intérieur de leur pays, la bourgeoisie et la social-démocratie allemande, par la répression sanglante de l’insurrection ouvrière communiste, par l’assassinat bestial de Liebknecht et de Luxemburg, en tuant et en exterminant les ouvriers spartakistes, ont atteint le degré extrême de la rage réactionnaire. La terreur massive et individuelle des blancs — voilà le drapeau qui guide la bourgeoisie.
Dans d’autres pays c’est le même tableau qui s’offre à nous.
Dans la Suisse démocratique tout est prêt pour l’exécution des ouvriers au cas où ils oseraient violer la loi capitaliste. En Amérique, le bagne, la loi du lynch et la chaise électrique apparaissent comme les symboles choisis de la démocratie et de la liberté.
En Hongrie et en Angleterre, en Bohème et en Pologne — partout la même chose. Les assassins bourgeois ne reculent devant aucune infamie.
Pour raffermir leur domination ils déchaînent le chauvinisme et organisent par exemple la démocratie bourgeoise ukrainienne, avec le menchevik Petlyura à sa tête ; celle de Pologne avec le social-patriote Pilsudsky et ainsi de suite ; des pogromes immenses contre les juifs qui dépassent de loin ceux qu’organisaient les policiers du Tsar.
Et si la racaille polonaise réactionnaire et « socialiste » a assassiné les représentants de la Croix Rouge russe, ce n’est là qu’une goutte d’eau dans la mer de crimes et d’horreurs du cannibalisme bourgeois décadent.
La « Ligue des Nations » qui, selon les déclarations de ses fondateurs, doit amener la paix, va vers une guerre sanglante contre le prolétariat de tous les pays. Les puissances de l’Entente voulant sauver leur domination, frayant avec des armées de noirs la voie vers une terreur d’une brutalité incroyable.
En maudissant les assassins capitalistes et leurs aides social-démocrates, le premier Congrès de l’Internationale Communiste appelle les ouvriers de tous les pays à rassembler toutes leurs forces pour mettre définitivement fin au système d’assassinat et de rapine en abattant la puissance du régime capitaliste.