Principaux extraits du réquisitoire du procureur lors du procès dit de l’affaire Rajk, Tribunal populaire, Budapest, 16-24 septembre 1949

Les audiences de l’affaire du complot de Laszlo Rajk et de ses complices ont éveillé, à juste titre, un écho puissant dans notre peuple travailleur, chez nos amis étranger et chez nos ennemis étrangers aussi.

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Ce procès a une très grande importance. Je puis affirmer sans exagérer : ce procès est d’importance internationale. En effet, il faut juger des accusés qui n’ont pas seulement levé la main sur le régime de notre République populaire, sur les grandes conquêtes de notre démocratie, mais qui ont été, dans leur activité de conspirateurs, des instruments, des pantins tirés par les ficelles des impérialistes étrangers, ennemis de notre peuple hongrois qui édifie le socialisme.

Ce ne sont pas simplement Rajk et ses complices qui sont assis, là, au banc des accusés, mais aussi leurs incitateurs étrangers, leurs maîtres impérialistes de Belgrade et de Washington.

Quelle est la caractéristique de ce procès ? Cela n’est pas la première fois, honorable Tribunal du Peuple, que des ennemis acharnés de la démocratie Populaire hongroise sont assis au banc des accusés.

Ennemis acharnés de la démocratie populaires Ferenc Nagy et sa bande de conspirateurs l’avaient été aussi, et le Tribunal du Peuple hongrois a prononcé son verdict contre eux. Ennemi acharné de la démocratie populaire hongroise, Jozsef Mindszenty l’a été aussi et il a reçu également le châtiment qu’il méritait.

Laszlo Rajk et ses complices diffèrent de ces autres ennemis de la République ppulaire que le brasde notre justice démocratique a frappés les années précédentes, entre autres parce qu’ils ont érigé la bassesse et l’hypocrisie en système, parce qu’ils n’ont pas attaqué ouvertement en ennemis, mais furtivement, sous le couvert de l’obscurité, en s’introduisant à la dérobée dans le Parti dirigeant de notre démocratie Populaire et dans l’appareil d’Etat de notre République.

Nous nous trouvons en face de reptiles, de serpents sournois et rampants, d’ennemis plus dangereux et plus odieux que jamais il en fût. Ces ennemis de notre démocratie Populaire que nous avons dévoilés et mis hors d’état de nuire, étaient aussi en collusion avec les impérialistes étrangers et se sont efforcés de renverser notre régime.

Laszlo Rajk et ses complices étaient également les valets, les laquais des impérialistes étrangers; mais ce qui les distingue particulièrement, ce qui caractérise particulièrement ce procès criminel, c’est le fait que la clique dirigeante yougoslave — qui, aujourd’hui, tient sous son joug les héroïques peuples yougoslaves et usurpe le pouvoir en Yougoslavie — Tito et sa bande, y figurent en tant qu’intermédiaires, en tant qu’agents principaux des impérialistes étrangers, en tant que groupe d’assaut de l’impérialisme.

Si nous considérons les résultats de ces débats, il est nécessaire de tenir compte des particularités propres à ce Procès criminel.

Honorable Tribunal du Peuple ! Si nous prenons en considération les données, du procès, nous pouvons constater que chacune des affirmations de l’acte d’accusation, chaque donnée de l’enquête sont entièrement prouvées.

Les dépositions des accusés et des témoin.s les résultats des confrontations ont prouvé dans toute son étendue, ont confirmé l’accusation, ont prouvé entièrement l’acte d’accusation.

Tous ceux qui possèdent encore la moindre parcelle d’impartialité doivent reconnaître qu’au cours du procès, la vérité s’est manifestée plus claire que le jour, par la déposition des accusés, et celle des nombreux témoins, par la comparaison multilatérale de ces dépositions, par les preuves matérielles qui ont figuré à ce procès.

Je dois, sous ce rapport, mettre en relief non seulement le fait que les accusés ont eu pleine liberté pour se défendre et qu’ils se sont défendus, mais aussi que les accusés et les témoins, un par un, ont éclairci indépendamment les uns des autres, des détails, toujours nouveaux, les différents aspects d’un même événement; que les confrontations faites par le Tribunal ont éclairci même les nuances de divergence qui, lors de certaines questions de détail, s’étaient produites çà et là dans les dépositions des accusés.

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Voilà pourquoi nous avons obtenu cette image claire du travail abject de ce complot monté par d’infâmes malfaiteurs; ce fut précisément cela, en premier lieu, qui rendit possible de dégager le véritable ensemble des faits au cours du procès, dans. toute son étendue, conformément à la vérité.

Qu’il me soit permis d’attirer l’attention du Tribunal du Peuple sur le fait, qu’en ce qui concerne par exemple la fameuse entrevue de Rajk et de Rankovitch à Paks, en octobre 1948, cinq personnes ont fait des dépositions : en dehors d’Antal Klein, de György Tarisznya et de Rajk.

Pàlffy et Brankov en ont aussi parlé, mais ils ont fait ressortir chacun des, détails, différents détails que l’un d’eux seulement pouvait connaître et nous devons constater que malgré cela, il n’y avait aucune contradiction, ni au point de vue du temps., ni au point de vue des faits, et ce sont justement ces détails, vus sous tous leurs aspects et leur conformité qui prouvent qu’il s’agit bien de la vérité toute pure.

Qu’il me soit permis d’attirer votre attention également sur le fait que le sujet des négociations secrètes de Rajk et de Rankovitcb à Kelebia, en décembre 1947, fut le même que celui des négociations de Palffy et de Nedelkovitch, lors du Congrès des Partisans à Rome.

Cette conformité prouve qu’il s’agissait d’une conjuration étendue, d’un plan immonde, à la réalisation duquel on avait procédé de plusieurs côtés, d’un projet sur lequel les accusés travaillaient, sur l’ordre de leurs maîtres étrangers, en faisant concorder leur action pendant des années.

Je dois encore constater que Rajk et Brankov, par exemple, exposent d’une manière concordante pour l’essentiel, le soi-disant plan stratégique de Tito et des siens, au sujet de la décomposition intérieure des démocraties populaires, leur opposition à l’Union Soviétique et le rôle joué dans ce plan, par les dirigeants traîtres yougoslaves.

Les divergences de nuances, touchant les détails, dans les dépositions de Rajk et de Brankov, prouvent justement le fait que Brankov, tout comme Rajk, ont appris ces projets indépendamment l’un de l’autre et qu’ils les exposent chacun à travers leur propre état d’esprit.

L’essentiel des deux dépositions con-corde quand même. Il appert des dépositions de tous les deux que les objectifs de la clique de Tito étaient les mêmes avant la résolution connue du Bureau d’Information, qu’après la résolution.

Seuls les méthodes et les moyens changèrent après la résolution du Bureau d’Information qui dévoila Tito et les siens. Dans cet ordre d’idées, j’attire aussi votre attention sur le fait que Pàlffy recevait, par l’intermédiaire de ses propres liaisons, des colonels yougoslaves Lozitch et Jokali, les mêmes ordres que ceux que Rajk recevait indirectement ou directement de Rankovitch.

Et s’il y a eu, dans les dépositions de Palffy et de Rajk, quelques divergences insignifiantes sur les détails — ainsi par exemple sur la date fixée pour le coup d’Etat, ou sur le fait de savoir si Rajk pressa ou ajourna le coup d’Etat — ces divergences ne font que prouver la réalité, la véritable existence de ce complot.

Elles démontrent que Rajk, tout comme Palffy, ont exposé ici au procès, ce qu’ils avaient avaient appris indépendamment l’un de l’autre, par leurs propres liaisons yougoslaves.

Au cours du procès, Honorable Tribunal du Peuple, ce ne sont pas seulement les accusations formulées dans l’acte d’accusation, qui ont été prouvées dans toute leur étendue, mais de nouveaux faits importants ont surgi aussi, faits qui n’étaient apparus ni dans l’acte d’accusation, ni au cours de l’enquête.

Ainsi, par exemple, ce qui était nouveau dans la déposition de Brankov, c’est le fait que Tito et les siens ont poursuivi leur travail de destruction, côte à côte avec les services d’espionnage impérialistes, non seulement dans chacun des pays de démocratie populaire, mais aussi dans les pays capitalistes où ils existe un fort mouvement ouvrier et des Partis Communistes possédant une large influence sur les grandes masses.

Un fait nouveau dans la déposition de Brankov a été aussi la révélation du rôle que Tito et les siens avaient l’intention de donner à Anrtal Ban dans le nouveau gouvernement à créer, après la réalisation du coup d’Etat armé, après l’assassinat des hommes dirigeants de la démocratie hongroise.

Nous nette savions pas jusqu’à présent, Brankov ne l’avoua qu’au procès et, en même temps il dévoila les véritables rapports d’Antal Ban avec les milieux dirigeants yougoslaves actuels.

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Il devint manifeste que Tito et les siens voulaient admettre Antal Ban au nouveau gouvernement hongrois, parce qu’il était un ancien espion de la police yougoslave et qu’ils pouvaient ainsi le tenir en main, tout comme les autres, Rajk et Anton Rob.

Par la déposition de Rajk, toute la politique de Tito et des siens, depuis la fin de la guerre, et même dès avant la fin de la guerre, apparaît sous une lumière nouvelle.

A l’audience, Rajk a exposé, sur la base de ses pourparlers avec Rankovitch à Kelebia, que les dirigeants actuels yougoslaves avaient poursuivi, dès le lendemain de la guerre et même durant la guerre, une politique antisoviétique ; qu’au début, on n’avait destiné à la Yougoslavie qu’un rôle de réserve au cours de cette campagne antisoviétique ; et qu’ils ne prirent le chemin de la politique ouvertement antisoviétique qu’au moment où les forces socialistes portèrent un coup après l’autre aux forces de la réaction dans les démocraties populaires et que l’on ne pouvait plus compter sur l’avènement au pouvoir de la réaction dans ces pays.

Tout cela nous était nouveau et tout cela n’a pu être rédigé d’une façon aussi précise dans l’acte d’accusation, d’après les données de l’enquête (…).

Honorable Tribunal du Peuple, il ne suffit pas de connaître les crimes des accusés pour porter un verdict contre eux. Il faut connaître le contenu, les buts et les dessous politiques de ce complot pour apprécier tout le poids des crimes des accusés (…).

Nous devrions, en effet, mettre au banc d’infâmie non seulement les auteurs directs du crime, mais aussi leurs instigateurs. Il est bien vrai qu’en condamnant Laszlo Rajk et sa bande de conspirateurs, le Tribunal du Peuple hongrois condamne également, dans le sens politique et moral, les traîtres de la Yougoslavie, la bande criminelle des Tito, Rankovitch, Kardelj et Djilas.

L’importance internationale de ce procès consiste précisément en cela, que nous condamnons par la même occasion, les traîtres et les déserteurs yougoslaves de la démocratie et du socialisme.

Nous démasquons leur double jeu, leur perfidie, leurs manigances contre la démocratie et le socialisme, leurs projets et leurs actes assassins. Ce procès a démasqué la clique de Tito, le gros des dirigeants actuels de la Yougoslaie, en tant qu’alliés des impérialistes américains, en tant que vulgaires agents des organisations d’espionnage américains (…).

Ces méthodes de gangster sont autant d’accessoires du programme politique des traîtres yougoslaves. C’est sur ce programme politique que l’audience a jeté une lumière crue.

L’essentiel de ce programme politique était de servir l’impérialisme occidental dans sa lutte contre la démocratie et le socialisme, principalement dans l’Europe du Sud-Est. Rajk et Brankov ont exposé le programme de Tito et de sens gens, au sujet de l’hégémonie yougoslave, et de la Fédération balkanique à organiser, sous la direction de la Yougoslavie ; dans cette fédération d’Etats, le rôle dirigeant de la Yougoslavie aurait servi à dresser graduellement ces pays contre l’Union Sociétique et à les livrer aux impérialistes.

Sur la base de ses négociations avec Rankovitch à Abbazia, Kelebia et Paks, Rajk a brossé un tableau exact et complet de la politique et de la tactique de Tito et de ses gens qui voulaient créer un bloc balkanique antisoviétique à la solde des impérialistes.

La politique de la clique de Tito a connu deux phases. Dans la première, alors dans les pays d’Europe orientale, le sort de la lutte entre la réaction bourgeoise et la démocratie populaire n’était pas encore décidé et qu’on pouvait s’attendre à ce que la réaction ait le dessus, Tito et ses gens prirent une attitude réservée, ils ne montrèrent pas encore leur jeu, ils ne se présentèrent pas encore ouvertement comme la troupe d’assaut antisoviétique de l’impérialisme américain.

Ils n’apparurent comme tels, que dans la deuxième phase du développement de l’Europe Orientale, lorsque les forces de la démocratie et du socialisme eurent déjà remporté dans ces pays une victoire décisive et qu’on ne pouvait plus confier eux troupes vaincues de la réaction ouverte le regroupement des forces politiques antisoviétiques et pro-impérialistes.

Ainsi, jusqu’à la résolution du Bureau d’Information, Tito et ses gens entèrent d’entraver, par des moyens soi-disant pacifiques, l’évolution paisible de la démocratie populaire ; ce n’est que plus tard, qu’ils commencèrent à appliquer des méthodes de terrorisme et de putsch (…).

En prononçant la sentence contre Palffy et Korondy, pensez à leurs prédécesseurs,à leurs modèles qu’ils tâchaient d’imiter, aux officiers de Pronay et aux Ostenburg, les assassins de 1919.

En prononçant la sentence contre Brankov, pensez à Rankovitch, au bourreau dont cet homme était un des agents principaux, pensez aux souffrances des patriotes yougoslaves. En prononçant la sentence contre Szönyi, pensez à ses maîtres, les impérialistes américains qui voulaient faire partager au peuple hongrois le sort, les souffrances et le martyre du peuple grec.

Notre peuple exige la peine de mort pour les traîtres, et moi, en ma qualité de représentant du ministère public, je fais mienne cette exigence. Il faut écraser la tête de la vipère qui veut nous mordre. Il faut défendre les conquêtes de notre démocratie, notre indépendance nationale, notre pacifique travail de construction, contre les traîtres et les assassins.

Il faut prononcer un jugement qui apprenne à chaque espion impérialiste et à chaque traître ce qui l’attend s’il ose lever la main sur notre République populaire. Il n’y a qu’un moyen pour se défendre contre les chiens enragés : les abattre.

Le Tribunal du Peuple, en prononçant sa sentence, doit être conscient de son devoir suprême qui est de défendre le peuple contre la cinquième colonne à la solde des impérialistes. L’intérêt du peuple exige l’application de la peine la plus lourde prescrite par la loi à chacun des accusés.


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