Une vidéo on ne peut plus sexiste sur une musique entièrement repompée, de la part de pseudos artistes célébrés par la presse : « Blurred Lines » est un véritable exercice de style de la décadence de la bourgeoisie, une démonstration de son incapacité à produire.

Le texte, bien entendu, est à l’avenant, exprimant le patriarcat et célébrant la tromperie :

« OK now he was close, tried to domesticate you
But you’re an animal, baby, it’s in your nature
Just let me liberate you »

Ce qui donne :

« Ok maintenant, il a été proche, il a essayé de te domestiquer
Mais tu es un animal, bébé, c’est dans ta nature
Laisse moi te libérer »

Il est intéressant de voir comment la chanson utilise la nature pour célébrer des « pulsions » qui ne sont en réalité que l’expression de l’idéologie patriarcale. On retrouve même des animaux dans la vidéo, entre les trois hommes et les femmes nues.

Les femmes sont naturellement assimilées à ces animaux :

<img1370|right>« You the hottest bitch in this place
I feel so lucky »

soit :

« Tu es la chienne la plus chaude ici
Je me sens tellement chanceux »

Ou bien encore, dans le toujours pire :

« Yeah, I had a bitch, but she ain’t bad as you
So hit me up when you passing through
I’ll give you something big enough to tear your ass in two »

Soit :

« Ouais, j’avais une chienne, mais elle n’était pas aussi mauvaise que toi
Alors sonne moi quand tu passes par là
Je te donnerai quelque chose d’assez grand pour diviser ton cul en deux »

Pour en rajouter dans l’esprit dominateur patriarcal, célébrant la tromperie et la violence :

« Nothing like your last guy, he too square for you
He don’t smack that ass and pull your hair like that »

Soit :

« Rien à voir avec ton dernier mec, il est trop carré pour toi
Il ne gifle pas ce cul et tire tes cheveux comme ça »

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Ce n’est cependant pas tout. A ce texte misérable et à la vidéo où des femmes nues se dandinent de manière la plus stupide devant des playboys version James Bond, s’ajoute l’ignominie.

Il n’y a pas que des femmes version mannequins trash faisant des moues devant une inscription « Robin Thicke a une grosse bite ».

La chanson emprunte en effet de manière indubitable au magnifique Marvin Gaye. La chanson « Got to Give It Up » a en effet la même ligne de basse, le tempo de l’expression « got to give it up » correspond pratiquement à ceux de la chanson, et l’ambiance très vivante est pratiquement repompée.

On a ici un cas d’école où des gens totalement dans le subjectivisme s’imaginent s’arracher à l’histoire et pouvoir reprendre ce qu’ils veulent, en prétendant l’individualiser.

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C’est exemplaire de la fragmentation de la pensée bourgeoise, où l’on trompe sans penser tromper, où l’on vole sans penser voler, où tout est tellement fragmenté par refus de l’unité, du matérialisme dialectique, que la prétendue liberté est totale, l’ego démesuré dans sa réappropriation conquérante.

Naturellement, les ayants droits de Marvin Gaye ont vite réagi, alors que de leur côté Robin Thicke, et les autres chanteurs présents dans la chanson (Pharrell Williams & T.I.) prétendent qu’ils n’ont fait que reprendre l’ambiance d’une époque, qu’ils n’ont fait qu’évoquer musicalement un moment.

Ils affirment ne pas avoir utilisé « Got to Give It Up » ce qui, bien sûr, est totalement ridicule. D’autant plus que cette chanson est la préférée de Robin Thicke et que les deux autres chanteurs lui ont proposé d’écrire une chanson similaire, comme il l’avait raconté le mois dernier !

Robin Thicke assume d’ailleurs totalement l’esprit de la vidéo.

Voici ce qu’il dit (la chanson fait également une allusion au haschisch de manière positive, proposant à la jeune femme d’inhaler) :

« Nous avons essayé de faire tout ce qui était tabou. La bestialité, les injections de drogues, et tout ce qui est complètement désobligeant à l’égard des femmes.

Parce que tous les trois nous sommes mariés de manière heureuse avec des enfants, on était comme « Nous sommes les types parfaits pour rigoler de ça ».

Sauf que là où cela ne tient pas est que la réalisatrice de la vidéo est Diane Martel, qui dans une interview raconte que la vidéo est belle, en quelque sorte fun voire féministe, et qui est surprise des propos de Robin Thicke sur la mise en avant de quelque chose de désobligeant (« Peut-être qu’il ne pensait pas quand il a dit cela »).

Diane Martel a, qui plus est, en même temps réalisé la vidéo de We Can’t Stop de Miley Cyrus.

La chanson est une sorte d’éloge post-adolescente de la liberté complète, « on ne peut pas s’arrêter », on fait la fête comme on veut, etc. Un poncif qui a faussement du mal à masquer la misère totale de l’entreprise, sa vanité, sa récupération par un capitalisme voyeur de la misère.

On y retrouve ainsi les mêmes ingrédients ultra-sexistes, l’ancienne chanteuse star de Disney (de Hannah Montana) tentant de mettre en avant un érotisme totalement pathétique, non seulement absolument vulgaire mais où il est terriblement facile de voir comment il s’agit d’une jeune femme totalement perdue (ce sur quoi la vidéo joue absolument).

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Diane Martel a également réalisé deux version de « Blurred lines », mais la seconde n’est pas mieux : on y voit les trois mannequins (Emily Ratajkowski, Jessi M’Bengue et Elle Evans) se promener en culotte et en chaussures, les seins nues, toujours aussi soumises au playboy, avec le même texte et le même refrain « I know you want it » (« Je sais que tu le veux »).

Elles y sont toujours autant passives, réduits à de simples objets, alors que derrière les trois hommes ont la même attitude de « playboy » sûrs d’eux. On peut y voir Robin Thicke recracher la fumée dans le visage de Elle Evans quand celle-ci lui allume « langoureusement » sa cigarette, avec elle qui tousse.

Les arguments de la part de la presse « de gauche » en faveur de la chanson sont pathétiques. Soit il est dit que ce n’est qu’une technique commerciale, et que donc la dimension patriarcale est sans importance, anecdotique, effacée par le charme des chanteurs.

Ou bien la chanson est séparée du texte et de la vidéo, en disant que la chanson est bien mais que la dimension sexiste est nulle. Or, c’est là un point de vue bourgeois, car la forme ne peut pas être séparée du fond.

La chanson « Blurred lines » est entêtante, et cela n’en fait pas une bonne chanson : cela en fait quelque chose qui correspond à la lobotomie commerciale, le petit rythme dansant n’est qu’une version sophistiquée de l’eurodance.

Il suffit d’écouter ce qu’on doit considérer comme l’original de Marvin Gaye pour voir la différence avec ce qui est d’une grande finesse, d’un esprit soul authentique.

Une chanson qui fait l’apologie de la femme passive qui « demanderait » à être « libérée » par le sexe d’un playboy, qui a 140 millions de vue sur youtube, qui est numéro 1 du « hitparade » dans de nombreux pays, ne peut pas avoir de contenu culturel positif. Le matérialisme dialectique enseigne qu’on ne peut pas séparer le fond de la forme.


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