RAISONNEMENT. Forme de la pensée consistant à dégager un jugement nouveau (conclusion) qui découle nécessairement des jugements donnés (prémisses). La connaissance peut être immédiate ou médiate. Certains jugements reflètent la réalité en se fondant sur une observation immédiate. C’est le cas des jugements tirés des données des sens.

Mais la science ne se contente jamais de la connaissance des faits isolés. Une connaissance généralisée, celle des lois de la nature, s’obtient au moyen d’une connaissance médiate, par confrontation de plusieurs jugements aboutissant à des jugements nouveaux (conclusions).

Tout raisonnement comprend au moins une prémisse et une conclusion. Deux conditions sont requises pour que le raisonnement aboutisse à une connaissance exacte : 1° la justesse des prémisses, vérifiée dans la pratique et 2° l’adresse à associer les pensées, les jugements. Si les prémisses sont justes et les lois de la pensée appliquées correctement, le résultat obtenu doit correspondre à la réalité.

Les lois de la pensée sont des lois logiques qui ont une valeur objective. Elles ne peuvent être détruites ou abolies puisqu’elles reflètent des processus objectifs, indépendants de la conscience et de la volonté humaines.

Les lois de la pensée impliquent certaines règles que l’on peut enfreindre en tombant alors dans l’erreur ; mais on ne peut abolir ces lois, car elles reflètent une relation objective entre les choses.

La logique distingue les raisonnements immédiats et médiats. Le raisonnement immédiat découle d’une seule prémisse.

Exemple : tous les métaux sont conducteurs de l’électricité ; donc, certains conducteurs électriques sont des métaux. Tout raisonnement médiat nécessite au moins deux prémisses.

Exemple : tous les organismes unicellulaires se multiplient par division simple ; l’amibe est un organisme unicellulaire ; donc, l’amibe se multiplie par division simple. C’est là un modèle classique de syllogisme.

Depuis Aristote (V.), on entend par syllogisme catégorique un raisonnement où deux propositions appelées prémisses étant posées (dont l’une est universelle affirmative, ou universelle négative), il en découle nécessairement une troisième appelée conclusion.

Le syllogisme est ainsi la forme essentielle de la déduction. Pour que deux jugements puissent former un syllogisme, il est nécessaire qu’ils s’enchaînent par l’intermédiaire d’un terme commun, appelé « moyen terme » (ne faisant pas partie delà conclusion).

Dans l’exemple cité, le moyen terme est constitué par le concept d’organisme unicellulaire. La logique distingue quatre figures du syllogisme catégorique selon la place qu’occupé le moyen terme dans les prémisses — celle de sujet ou de prédicat. La plus usuelle est la première figure consistant à étendre un principe à certains faits isolés qui en relèvent.

Elle est largement appliquée dans la science dont une des tâches essentielles est de grouper des faits autour des lois générales. Ainsi, lors des élections à la IIe Douma d’Etat, Lénine disait : « … la tactique électorale d’un parti ouvrier ne doit être que l’application à un cas particulier des principes généraux de la tactique socialiste du prolétariat » (Œuvres, t. 11, éd. russe, p. 417).

Les agnostiques, les logiciens inductivistes nient la valeur du syllogisme ; ils le jugent incapable de fournir une connaissance nouvelle, affirmant que la majeure implique déjà tous les cas particuliers auxquels elle peut s’appliquer par l’intermédiaire de la mineure.

Ce raisonnement est vicieux, car la majeure est ainsi réduite à une simple totalisation des cas particuliers ; en réalité, dans les formes syllogistiques bien comprises, lu majeure, loin de se borner à additionner des faits isolés, exprime une loi générale. Etendre un principe à des faits nouveaux, c’est contribuer au progrès de la pensée, enrichir la connaissance.

Les constatations contenues dans les prémisses reflètent les rapports des choses dans la réalité matérielle qui nous entoure. En plus de syllogismes catégoriques, la logique étudie les raisonnements hypothétiques et disjonctifs.

Le syllogisme est la forme déductive du raisonnement, qui va du général au particulier. Une autre forme du raisonnement est celle où l’on passe du particulier au général. (V. Induction et déduction.)

RAPPORTS DE FORTUNE. Rapports de propriété, expression juridique des rapports de production (V.).

RAPPORTS DE PRODUCTION. Rapports qui s’établissent entre les hommes au cours du processus de la production sociale des biens matériels. Ne produisant pas isolément, les hommes contractent des rapports déterminés pour agir en commun et pour échanger les fruits de leur travail. La production est toujours sociale.

Le caractère des rapports de production est conditionné avant tout par le comportement des producteurs envers les moyens de production. L’état de ces rapports indique si les moyens de production appartiennent à toute la société, ou seulement à certains individus, groupes, classes qui s’en servent pour exploiter d’autres individus, groupes, classes.

Dans son ouvrage « Les problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S. » (V.) Staline a montré que les rapports de production concernent : « a) les formes que revêt la propriété des moyens de production ; b) la situation des différents groupes sociaux dans la production et leurs relations réciproques ou, pour reprendre l’expression de Marx, « l’échange réciproque de leurs activités », qui découlent de ces formes ; c) les formes de répartition de produits, qui en dépendent entièrement » (M. 1953, p. 82).

Les rapports de production diffèrent suivant les conditions historiques concrètes.

Ils peuvent être des rapports de collaboration et d’aide mutuelle entre des hommes affranchis de toute exploitation. Il en est ainsi avec le socialisme. Ils peuvent être des rapports de domination et de soumission. Il en est ainsi dans les sociétés divisées en classes antagoniques. Ils peuvent être enfin des rapports de transition d’une forme à une autre forme des rapports de production.

Le changement des rapports de production est fonction du changement et du développement des forces productives (V.).

Cependant les rapports de production agissent à leur tour sur l’évolution des forces productives, qu’ils accélèrent ou ralentissent. Les rapports de production ne sauraient retarder longtemps sur la croissance des forces productives, car ces dernières ne peuvent se développer pleinement que si les rapports de production y correspondent.

Dans la société bourgeoise contemporaine la propriété privée capitaliste des moyens de production est en contradiction irréductible avec le caractère social du processus de production. Les rapports de production du capitalisme entravent l’essor des forces productives.

Cette contradiction constitue la base économique de la révolution socialiste. Seule la liquidation des rapports de production périmés et leur remplacement par de nouveaux rapports, conformes au caractère des forces productives, donnent libre cours à l’épanouissement des forces productives.

Les nouveaux rapports de production sont la force principale et décisive du développement de la production. La victoire des rapports de production socialistes dans l’industrie et l’agriculture de l’U.R.S.S. est un exemple frappant du rôle joué par les nouveaux rapports de production.

Les rapports de production socialistes assurent l’essor rapide sans précédent, des forces productives de la société socialiste.

Cependant les nouveaux rapports de production ne sont pas éternellement nouveaux. De moteur du développement des forces productives, ils deviennent à une certaine étape leur entrave. Cela signifie que sous le socialisme également les rapports de production retardent sur les forces productives avancées, et des contradictions surgissent entre les forces productives et les rapports de production.

De là la tâche qui se pose devant le parti communiste et le Gouvernement soviétique : relever à temps les contradictions qui mûrissent et prendre des mesures opportunes afin de mettre en correspondance les rapports de production avec les forces productives, et de surmonter ainsi ces contradictions. (V également Loi de correspondance nécessaire entre les rapports de production et le caractère des, forces productives ; Mode de production des biens matériels ; Socialisme et communisme.)

RAPPORTS SOCIAUX. Rapports qui s’établissent entre les hommes au cours de leur activité commune. On distingue les rapports matériels et les rapports idéologiques. La production des biens matériels est la base de l’existence et du développement de la société humaine.

Il s’ensuit que les rapports économiques sont les plus importants. Les rapports de production (V.) déterminent le caractère de tous les autres rapports sociaux : politiques, juridiques, etc., qui en dépendent.

Cette dépendance permet d’expliquer la marche réelle de l’histoire humaine.


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