[Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique aura donc connu deux « Premier Congrès ». Le premier dont nous publions les documents ci-dessous concerne les militants organisé autour du journal « Clarté » qui dénoncèrent le révisionnisme de Jacques Grippa lors du Congrès de La Louvière, le 19 mars 1967. Le second « Premier Congrès » consiste en la Conférence Nationale de réunification de février 1974, qui aura valeur de Premier Congrès pour les militant organisés jusque là autour du journal « L’Exploité ».]
Prolétaires de tous les pays, nations et peuples opprimés, unissez-vous !
Samedi 1er juillet et dimanche 2 juillet s’est tenu le premier Congrès du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique.
Précédemment trois conférences de militants préparatoires ont eu lieu : en juin 1970, sur les problèmes d’organisation; en octobre 1970, sur la presse du Parti et en octobre 1971, sur le travail militant au sein des entreprises.
La tenue du Congrès a été précédée d’une large discussion dans les organisations du Parti à laquelle, en certaines régions, ont été associés des militants d’organisations de masse de travailleurs ou de jeunes qui reconnaissent la direction du Parti.
Après avoir entendu le rapport politique et le rapport d’organisation, les congressistes les ont discutés en profondeur et ont mis au point le programme et les thèses du Parti. Il y a eu un large apport des organisations de base du Parti. Les deux rapports, le programme et les thèses ont été approuvés à l’unanimité. L’importance du travail en direction des entreprises, de l’organisation léniniste du Parti, du travail de masse et de la constitution d’organisations de masse sous la direction du Parti a été particulièrement soulignée.
Un rapport a été présenté sur les statuts. Les différents articles des statuts ont été établis après discussion et admis à l’unanimité.
Diverses résolutions ont été adoptées à l’unanimité : des messages de salutation au Parti Communiste Chinois et au camarade Mao Tsé-toung, au Parti du Travail d’Albanie et au camarade Enver Hodja, aux Partis et Organisations marxistes-léninistes du monde entier ainsi qu’un texte de solidarité envers le Parti des Travailleurs du Vietnam, le Front National de Libération du Sud-Vietnam, le Front Patriotique Lao et le Front Uni National du Kampuchéa.
Enfin le Congrès, à la suite d’un quatrième rapport, a élu le Comité Central après avoir débattu des candidatures.
Le Congrès a insisté sur l’unité du Parti qui s’est dégagée après une longue et ferme lutte idéologique contre les droitiers et révisionnistes qui sévissaient dans le Parti et avaient pu à certains moments imposer leurs vues. La ligne marxiste-léniniste l’a totalement emporté. Les documents adoptés au Congrès qui déterminent le programme, les statuts et les thèses sont le fruit de la pratique directe et indirecte. Maintenant que ces importants documents ont été adoptés et que la ligne est tracée clairement, il importe de les confronter à la pratique afin, à nouveau, d’approfondir notre effort idéologique et d’améliorer l’efficacité de notre combat.
Le Congrès a été d’un haut niveau politique, marqué constamment par le recours à la critique et à l’auto-critique. Soixante pour cent des congressistes étaient des ouvriers ; les autres étaient des employés, des étudiants et des enseignants. Plus de la moitié étaient âgés de moins de 35 ans et un tiers de moins de 25 ans. Cependant la représentation féminine était insuffisante (25 pour cent).
Il faut souligner le fait importent que le Parti s’est renouvelé et rajeuni considérablement depuis la Conférence de La Louvière en novembre 1967 et que la plus grande partie des militants· ont adhéré au Parti dans la mesure où celui-ci a déterminé une ligne révolutionnaire prolétarienne, s’est lié aux masses et plus particulièrement aux travailleurs.
Il a été décidé de publier les documents du Congrès.
Chers Camarades,
Les militants du Parti ont reçu le projet de thèses. C’est un document copieux qui fait une analyse en profondeur des thèmes principaux que nous border au cours de notre congrès. Il a été discuté par l’ensemble des organisations du Parti et même, en certaines régions, avec l’accord du Comité Central, par les militants d’organisations de masse de travailleurs et de jeunes qui reconnaissent la direction du Parti.
S’il fallait résumer l’essentiel de ce document en quelques lignes, je crois que la seule référence possible serait cette citation extraite de l’historique du 20 mai 1970 du camarade Mao Tsé-toung :
« Le danger d’une nouvelle guerre mondiale demeure et les peuples du monde doivent y être préparés. Mais aujourd’hui, dans Je monde, la tendance principale c’est la révolution ».
L’impérialisme américain, le pire ennemi des peuples, subit des coups très durs
Le capitalisme en est aujourd’hui à son stade suprême, l’impérialisme. Les caractères de l’impérialisme ont été analysés par Lénine voici plus de 56 ans, dans une œuvre que nous devons absolument étudier et réétudier, nous qui sommes quotidiennement aux prises avec l’impérialisme. Cette œuvre, c’est : « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme».
Lénine précisait :
« L’impérialisme est le capitalisme arrivé à un stade de développement où s’est affirmée la domination des monopoles et du capital financier, où le partage du monde a commencé entre les trusts internationaux et où s’est achevé le partage de tout le territoire du globe entre les plus grands pays capitalistes ».
N’oublions jamais ce que Lénine disait de l’impérialisme parce que c’est en recourant sans cesse à cette analyse que nous éviterons de tomber dans les pièges de certains pédants qui veulent faire croire que l’impérialisme américain est sans rival possible ou dans les erreurs très dommageables qui, sous influence révisionniste, tentent à faire croire que certains pays impérialistes moins puissants sont des colonies ou des néo-colonies.
Une des lois les plus importantes énoncées par Lénine est celle du développement inégal du capitalisme. Cette loi, qui est absolue, a conduit à la suprématie de l’impérialisme américain lequel a évincé de la première place l’impérialisme britannique. Pourtant comme celui-ci paraissait puissant voici soixante-dix, soixante ans quand il tenait sous son talon de fer la moitié du monde et était craint, obéi par l’autre moitié ! Qu’en reste-t-il aujourd’hui quand sa monnaie roule à l’abîme, quand il en est à demander son entrée dans la Communauté européenne dans le fol espoir d’échapper à son irrémédiable décadence ?
L’impérialisme américain aura inévitablement le même destin. Certes, il paraît puissant mais c’est vrai qu’il n’est qu’un tigre de papier.
L’impérialisme américain a pris la relève d’Hitler. Il veut contrôler le monde entier. C’est le plus grand exploiteur international, la principale force d’agression et de guerre. li est le gendarme international, le pire ennemi des peuples. Il agresse directement comme, en Indochine ou ·par vassaux interposés comme au Moyen Orient. Il organise des provocations, des coups d’Etat. Il soutient activement des régimes fascistes.
Mais aussi les contradictions se multiplient qui l’ébranlent de fond en comble. Toutes ses provocations, tous ses complots, toutes ses agressions sont autant de cordes qu’il se passe autour du cou. Dans les vastes régions d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie, les peuples se lèvent, passent à l’offensive, remportent des victoires contre l’impérialisme américain, ses complices et ses fantoches.
Il est évident que c’est en Indochine que l’impérialisme américain a subi les coups les plus durs. Jamais nous ne rendrons assez hommage à nos frères, à nos camarades du Vietnam, du Laos, du Cambodge qui vainquent de façon décisive les agresseurs yankees, lesquels pourtant mènent là-bas ln guerre la plus barbare qui soit avec des moyens encore plus criminels que ceux des hitlériens. Jamais non plus, même si leur combat n’en est pas encore au même stade, nous ne rendrons assez hommage aux glorieux combattants de Palestine.
Combien a-t-il raison le camarade Mao Tsé-toung dans son message du 20 mai 1970 quand il conclut :
« L’impérialisme américain a l’air d’un colosse, mais il n’est en réalité qu’un tigre en papier, et il se débat désespérément. Au fond, qui a peur de qui dans le monde actuel ? Ce ne sont pas tes peuples du Vietnam, du Laos, du Cambodge, de Palestine, des autres pays arabes et du reste du monde qui craignent l’impérialisme américain, c’est l’impérialisme américain qui craint les peuples du monde. Au moindre remous, il est pris de panique. Des faits innombrables prouvent qu’une cause juste bénéficie toujours d’un large soutien, tandis qu’une cause injuste en trouve peu. Un pays faible est à même de vaincre un pays tort, et un petit pays, de vaincre un grand pays. Le peuple d’un petit pays triomphera à coup sûr de l’agresseur d’un grand pays, s’il ose se dresser pour la lutte, recourir aux armes et prendre en main le destin de son pays. C’est là une loi de l’histoire ».
Les coups portés par les peuples du monde ont précipité la grave crise de l’impérialisme américain. Celle-ci n’est plus niée par personne, même pas par les économistes et les journalistes bourgeois qui ne reculent pourtant devant aucune manipulation de la vérité.
Les thèses du Parti que nous allons mettre au point analysent les difficultés économiques, financières et monétaires qui assaillent l’orgueilleux impérialisme américain. Nous montrons comment la nouvelle politique économique de Nixon avait conduit à un échec cinglant. Finalement malgré une série de mesures frappant ses « partenaires » et visant à faire payer les frais de la crise aux travailleurs américains, le déclin s’est accentué ; en dépit de toutes les déclarations antérieures, Nixon a dû dévaluer le dollar ! La production industrielle est freinée ; le chômage frappe plus de 5 millions de travailleurs. Le déficit fiscal, le déficit de la balance commerciale, le déficit de des paiements sont à des niveaux jamais atteints auparavant.
Par sa politique économique et sociale, l’impérialisme américain a avivé ses contradictions avec ceux qui étaient ses alliés, comme il a avivé ses contradictions avec son propre peuple.
Les contradictions inter-impérialistes et la Communauté Européenne
Les contradictions au sein du monde capitaliste ont toujours existé. La loi du développement inégal joue pour les monopoles. Les accords, les partages qu’ils concluent sont fonction d’un rapport de force : les plus forts imposent leur volonté. Quand ceux qui sont désavantagés croient avoir une force suffisante, ils posent la question d’un nouveau partage. Les accords conclus deviennent des chiffons de papier, les amis d’hier sont traités en ennemis. C’est la loi de la jungle. Il en est de même pour les pays impérialistes. Ainsi les contradictions s’avivent de plus en plus entre l’impérialisme américain et ceux qui furent longtemps ses alliés inconditionnels comme les impérialismes canadien et japonais.
Mais c’est avec la Communauté Européenne qu’un fait nouveau est apparu.
Je crois que nos thèses ont raison d’insister sur ce sujet car c’est un domaine où il faut combattre le schématisme. S’il est vrai que les promoteurs de l’Europe-Unie, les Churchill, les Spaak, les Monnet, les Schuman avaient en vue de faire de cette Europe-là une Europe américaine ou plus exactement un glacis contre l’URSS de Staline, la loi du développement inégal a également joué en cette occasion.
En France, en Grande-Bretagne, en Allemagne de l’Ouest, les milieux dirigeants, à l’inspiration des monopoles capitalistes en pleine expansion, ont de plus en plus considéré l’Europe à former comme une rivale des U.S.A.
La Communauté Européenne vise à intégrer l’économie de six pays capitalistes avancés (bientôt de dix pays) ; de là elle passera à une unité monétaire, politique et militaire.
Cette puissance impérialiste colossale qui se forme et qui dans une série de domaines dépassera les Etats-Unis, qui a un rythme de développement supérieur à celui des Etats-Unis, ne jouera pas le rôle de satellite de l’impérialisme américain mais au contraire va poser la question d’un nouveau partage du monde. Elle est la rivale des deux super-puissances. C’est cela qu’une analyse scientifique prouve et nous avons dénoncé les slogans d’origines révisionniste que faute de cette analyse, nous avons employé un certain temps. L’Europe qui se forme n’est pas l’Europe américaine, c’est l’Europe européenne mais c’est aussi et fondamentalement l’Europe des monopoles, l’Europe de la réaction.
Ne voir exclusivement dans la Communauté Européenne qui se forme qu’une rivale de l’impérialisme américain et du social-impérialisme soviétique conduirait à des conclusions gravement erronées. La Communauté Européenne n’est pas et ne peut être une alliée dans notre combat. Certes, il est positif qu’elle batte en brèche le partage du monde imposé par la collusion soviéto-yankee mais il est nécessaire de voir le double aspect des choses.
Cela veut dire· que nous devons tenir compte des contradictions qui existe au sein même de la Communauté et qui se manifestent au cours de chacune des conférences européennes. Surtout, le partage du profit s’y fera sur la base de la force. Des rivalités constantes ont éclaté principalement entre l’Allemagne fédérale et la France pour la direction de la Communauté à six. Avec le passage à dix, l’impérialisme britannique pose à son tour sa candidature à la direction.
Or quand les impérialistes s’affrontent, ce sont avant tout les masses populaires qui sont victimes. Mais surtout, l’Europe occidentale en voie d’intégration, nous l’avons dit, est celle des financiers, des industriels et des banquiers, l’Europe du capital, l’Europe de la réaction. Les monopoles n’ont pas d’autres buts, cela est tout de même évident, que ceux d’augmenter leurs profits, de renforcer leur position concurrentielle vis-à-vis de leurs rivaux américain et soviétique. Et nos thèses le soulignent avec netteté : la loi du régime capitaliste n’est pas changée : l’augmentation du profit ne peut se faire que par une exploitation accrue de la classe ouvrière et des autres travailleurs.
Le niveau de vie de la paysannerie travailleuse a baissé de 10 pour cent ; le nombre d’exploitants agricoles est en régression de moitié. Dans les pays de la Communauté, la hausse des prix officiellement avouée est chaque année de six pour cent mais nous savons, par notre propre expérience, que la hausse réelle est bien supérieure. Le chômage ne cesse d’augmenter. Il y a de nombreuses fermetures d’entreprises, des licenciements.
Alors que les monopoles multinationaux prennent une ampleur extraordinaire, ils rationalisent, ils passent délibérément à l’offensive contre les travailleurs. En deux ans, Philips licencie plus de 30.000 travailleurs des divers pays d’Europe occidentale. Les accords AKZO – Union Chimique coûtent l’emploi à plusieurs milliers de travailleurs d’Allemagne occidentale, de Belgique et des Pays-Bas dans le domaine du textile artificiel. La fusion Glaverbel – BSN, c’est fort probable, de graves conséquences au moins pour les travailleurs de l’industrie du verre en Belgique.
Devant cette situation, certains réformistes de « gauche » parlent d’opposer ce qu’ils appellent l’Europe des travailleurs à l’Europe des monopoles. On ne voit pas bien ce que l’intégration des partis social-démocrates, chrétiens-démocrates et révisionnistes, des syndicats jaunes de ces trois tendances au niveau européen apportera aux travailleurs sinon de nouvelles illusions et partant de nouvelles déceptions. Il ne s’agira pas d’autre chose que de la pratique de la paix sociale au niveau d’un ensemble dominé par de puissants monopoles multinationaux, rendus beaucoup plus puissants encore par l’intégration européenne.
La prétendue Europe des travailleurs que mitonnent les réformistes de toute nature ne peut être autre chose qu’un tour de passe-passe pour ligoter les travailleurs. Mais plus il y aura oppression plus il y aura lutte contre l’oppression. Les vastes et dures manifestations d’action directe des paysans travailleurs contre I’« Europe verte» n’ont été qu’un avant-goût des luttes qui répondront aux mesures réactionnaires de l’Europe des monopoles. Les ouvriers, les petits paysans, les employés ne se laisseront pas faire ; ils déclencheront des batailles, de plus en plus importantes mais ils trouveront devant eux un ennemi implacable. L’Europe unie capitaliste, qu’on ne s’y trompe pas, sera l’Europe de la répression et de la contre-révolution.
Le révisionnisme, le social-impérialisme soviétique et les prétentions à une troisième voie
Camarades,
Qui de nous, quand il parle de l’URSS, n’a pas le cœur serré ? L’URSS, le premier pays où la révolution socialiste a triomphé.
L’URSS − un sixième du globe − le premier pays de dictature du prolétariat.
L’URSS, le pays révolutionnaire qui a su écraser l’intervention de 22 pays impérialistes.
L’URSS, le pays qui, grâce au socialisme, a su en trois dizaines d’années passer d’une situation féodale à une situation de pays avancé, le premier pays agricole, le deuxième pays industriel.
L’URSS des bolcheviks, l’URSS de l’Armée Rouge, de Stalingrad, des vingt millions de héros tombés dans la lutte antifasciste.
L’URSS de Lénine et de Staline, de ces géants de la théorie et de l’action communistes à qui nous restons inébranlablement fidèles.
Cette Union des Républiques Soviétiques et Socialistes nous n’oublions pas, nous n’oublierons jamais qu’elle a été le grand espoir des centaines de millions d’ouvriers, de paysans, d’intellectuels du monde entier. Combien d révolutionnaires sont morts en héros en disant leur confiance en l’URSS…
Camarades, il y aura grande joie pour nous tous, pour les révolutionnaire du monde entier quand l’URSS reprendra sa place parmi les puissances socialistes. Mais ce ne sera pas sans un long processus révolutionnaire, sans une lutte armée longue et difficile; sans réaliser la condition fondamentale de toute victoire révolutionnaire : la reconstitution du parti bolchevik.
Car, camarades, que l’on ne s’y trompe pas, le processus est achevé : l’URSS est devenue purement et simplement un État impérialiste dont la nature n’est en rien différente d’un autre État impérialiste. En raison de son grand potentiel économique et militaire, elle pose sa candidature à la domination du monde. Comme l’impérialisme américain est au moins aussi puissant, les deux super-grands composent l’un avec l’autre, se partagent cyniquement le monde mais en même temps, ils sont rivaux et s’affrontent tout aussi cyniquement. Parfois, les révisionnistes soviétiques prennent prétexte de ces divergences pour se donner le gant d’être opposés à l’impérialisme américain mais en fait, quand il s’agit d’affronter la révolution, de museler les peuples, ouvertement ou perfidement, les révisionnistes soviétiques sont dignes des impérialistes américains.
Il faut analyser avec soin ce qui s’est passé et ce qui passe en URSS. D’abord et avant tout parce qu’il est important de savoir comment et pourquoi un État de dictature du prolétariat peut dégénérer, restaurer le capitalisme, se transformer en une puissance impérialiste. Ensuite parce qu’il faut arracher les masques. N’oublions jamais que le social-impérialisme soviétique est un impérialisme qui pour mieux déployer ses crimes et ses turpitudes, se drape dans les plis du drapeau rouge et qu’en raison de la gloire qu’a acquise l’URSS sous la direction de Lénine et de Staline, beaucoup de travailleurs se laissent induire en erreur à ce sujet.
L’URSS est un pays impérialiste, agresseur. Qui peut encore en douter alors que les chars soviétiques écrasent la Tchécoslovaquie, que les bottes des soldats d’une armée qui n’est plus rouge (même pas de nom) martèlent pavés des rues de Bohême, de Moravie, de Slovaquie ? Qui peut en douter alors que les dirigeants soviétiques ont instigué l’agression des réactionnaires contre le Pakistan et leur annexion de la province du Bengale baptisée « libération du Bangladesh » ? Qui peut en douter alors que les dirigeants soviétiques ont organisé des provocations aux frontières de la République Populaire de Chine ? Qui peut en douter alors que la nouvelle bourgeoisie au pouvoir en ce pays ouvre les frontières aux capitaux japonais, français, ouest-allemands, italiens et demain aux capitaux américains ? Qui peut encore en douter alors que des capitaux soviétiques sont investis en Inde, en Égypte, en Iran, au Brésil et dans d’autres pays ? Qui peut en douter quand toute l’économie est basée sur le stimulant matériel et la réhabilite le profit? Le troisième chapitre de nos thèses constitue une analyse sans doute encore partielle du processus de dégénérescence d’un État socialiste et sa transformation en État social-impérialiste, selon le critère Lénine :
« socialisme en paroles, impérialisme dans les faits, transformation de l’opportunisme en impérialisme ».
Mais justement, insistons bien sur ce point, ce socialisme en paroles est quelque chose d’absolument nuisible. Parce qu’il peut égarer certains travailleurs de bonne foi mais aussi parce qu’il donne du socialisme non pas une image heureuse et exaltante mais une image hideuse. Cela nuit à notre combat et au combat de tous les peuples.
Le révisionnisme, c’est la contre-révolution permanente, c’est l’abandon et la négation du marxisme-léninisme ; c’est la dégénérescence et la destruction des partis marxistes-léninistes ; c’est la liquidation de la dictature du prolétariat ; c’est le démantèlement du mouvement communiste international.
C’est pourquoi nous estimons, avec le Parti Communiste Chinois et avec le Parti du Travail d’Albanie, qu’il n’est pas d’alliance possible avec le révisionnisme et que quoiqu’ils disent et fassent, les révisionnistes se sont exclus du front anti-impérialiste, appartiennent tout entiers au camp impérialiste. Staline a dit :
« Il n’y a pas et il ne peut y avoir de ligne ‘intermédiaire’ dans les questions ayant un caractère de principe ».
Et encore
« La ligne ‘intermédiaire’ dans les questions de principe, c’est la ‘ligne’ qui moisit le cerveau, la ‘ligne’ qui couvre tes divergences, la ‘ligne’ qui conduit à la dégénérescence idéologique du parti, la ‘ligne’ qui conduit à la mort idéologique du parti ».
Ce sont les idéologues bourgeois, les opportunistes quand ce ne sont pas les révisionnistes eux-mêmes qui ont créé le mythe d’une « troisième voie », d’un prétendu « troisième communisme » qui se tiendrait à égale distance entre le communisme marxiste-léniniste et le « communisme » révisionniste. Le seul communisme authentique, c’est le marxisme-léninisme et les prétendus autres « communismes » ne sont que des impostures et des idéologies de trahison. Il n’est aucun compromis possible avec le révisionnisme qui est purement et simplement une idéologie bourgeoise, avec le social-impérialisme qui est totalement un impérialisme.
Nous reprenons à notre compte l’appréciation que donnait, en 1966, le camarade Enver Hodja dans son rapport au Ve Congrès du Parti du Travail d’Albanie :
« Dans la lutte contre le révisionnisme moderne, comme du reste sur toutes tes autres questions, l’unique attitude juste est l’attitude de principe. Il n’est pas permis de marchander avec les principes, on ne doit pas s’arrêter à mi-chemin, on ne doit jamais avoir une attitude vacillante et opportuniste pour la défense des principes. La lutte entre le marxisme-léninisme et le révisionnisme est une manifestation de la lutte de classe qui livre entre le prolétariat et la bourgeoisie, entre le socialisme et le capitalisme. Il n’y a pas de milieu dans cette lutte. La ligne du ‘juste milieu’, ainsi qu’il a été prouvé par l’expérience historique de plusieurs années, est la ligne de conciliation des contraires, de tout ce qui est irrémédiablement inconciliable, une attitude instable et provisoire. Cette ligne intermédiaire ne saurait non plus servir à camoufler les déviations des principes marxistes-léninistes, car la lutte contre le révisionnisme, si elle ne s’inspire pas de motifs idéologiques mais uniquement de quelques contradictions économiques et politiques, de bases nationalistes et chauvines, se réduit à un bluff qui ne peut faire long feu. Quiconque s’en tient à cette ligne dans la lutte contre les renégats du marxisme-léninisme risque de glisser lui-même tôt ou tard sur les positions de ce dernier ».
Il s’agit là d’une vérité universelle et qui s’applique à tous les niveaux. Que penser de ces groupes qui proclament leur pureté à tout venant mais qui, sous prétexte de solidarité avec le Vietnam, n’ont pas hésité à s’allier avec des sociaux-démocrates, avec les révisionnistes et les trotskystes ? Où sont les principes de ces grands penseurs ?
Et puisque nous en sommes à l’URSS, pourquoi ne pas en revenir à la question de Staline? Il paraît qu’un de ces groupes ultra-purs et qui veut notre mort parce que nous serions néo-révisionnistes (ce qu’ils ne sont pas les premiers à avoir dit puisque Grippa l’a dit avant eux), un de ces groupes, donc, débat en ce moment de la question de savoir si Staline a été un grand révolutionnaire ou un révisionniste, un criminel, etc. Il est des « purs » qui se trouvent décidément à penser comme Hitler, comme Pie XII, comme Trotsky, comme Khrouchtchev, comme Brejnev. Pour nous, il ne fait pas de doute que Staline a été un des grands théoriciens du communisme, le continuateur de Lénine. Nous sommes à ce sujet totalement d’accord avec les analyses du Parti Communiste Chinois et du Parti du Travail d’Albanie, avec les appréciations des camarades Mao Tsé-toung et Enver Hodja.
Certes, tout ce qu’a fait Staline n’est pas exempt d’erreurs, mais qui n’en ait pas ? Et certaines de ces erreurs ont fait litière au révisionnisme. Mais ces erreurs étaient-elles évitables ? Seuls quelques petits-bourgeois prétentieux qui se croient infaillibles peuvent l’affirmer. Ni le camarade Mao Tsé-toung qui est le plus grand marxiste-léniniste de notre époque, ni le camarade Enver Hodja qui a tant fait pour démasquer le révisionnisme titiste et révisionnisme khrouchtchévien n’ont dit des choses semblables. Et de misérables moucherons pleins de prétention refusent de reprendre ces analyses qui font partie intégrante de la doctrine marxiste-léniniste!
C’est peu de temps après le XXe Congrès du PCUS, le 15 novembre 1956, à la deuxième session plénière du Comité Central issu du huitième congrès du Parti Communiste Chinois que Mao Tsé-toung a fait une analyse aussi courte que profonde :
« A mon avis il y a deux ‘épées’ : l’une est Lénine et l’autre est Staline. Cette épée qu’est Staline, les Russes l’ont maintenant rejetée. Cette épée qu’est Lénine, n’a-t-elle pas été rejetée quelque peu par certains dirigeants soviétiques ? Je pense qu’elle l’a été dans une large mesure. La Révolution d’Octobre est-elle toujours valable ? Peut-elle encore servir d’exemple aux différents pays ? Le rapport de Khrouchtchev au XXe Congrès du PCUS dit qu’il est possible de parvenir au pouvoir par la voie parlementaire ; en d’autres termes, les différents pays n’auraient plus besoin de suivre l’exemple de la Révolution d’Octobre. Cette porte une fois ouverte, le léninisme a été pratiquement rejeté ».
On fait de la question de Staline « une question libre », on est prêt à abandonner une épée. Déjà ne s’allie-t-on pas en certaines actions avec les trotskystes et les révisionnistes ? Déjà ne décrète-t-on pas que l’ennemi principal est le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique et que la tâche primordiale est de le détruire ? Bouffi d’orgueil et de prétention, on court vite, très vite sur le chemin du reniement.
Quant à nous, nous n’hésitons pas à affirmer avec le camarade Mao Tsé-toung, avec le camarade Enver Hodja que la question de Staline est une ligne de démarcation entre les révolutionnaires et les contre-révolutionnaires.
La bourgeoisie belge est une bourgeoisie impérialiste
Camarades,
Le camarade Mao Tsé-toung recommande de savoir distinguer ses vrais amis de ses vrais ennemis, de savoir distinguer la cible principale de la révolution.
Nous n’hésitons pas à dire que la thèse centrale que nous avançons, c’est que la bourgeoisie belge est et demeure impérialiste et qu’en conséquence, il n’est nul compromis possible avec elle. Elle est la cible de la révolution prolétarienne en Belgique.
Cela nous le disons en rupture totale avec les conceptions opportunistes et révisionnistes qui ont prévalu tout un temps dans le mouvement révolutionnaire belge. De 1944 à 1954, le révisionniste Lalmand et ceux qui le suivaient, sous prétexte de lutte pour l’indépendance nationale, contre l’impérialisme américain, cherchaient les conditions d’un essor de l’économie belge dans le cadre de la dictature des monopoles, donc pour le plus grand profit de la bourgeoisie belge impérialiste.
Dans les années qui ont suivi, les médiocres à la Burnelle, Beelen, Drumaux n’ont plus rien dit du tout, se contentant de flotter au fil de l’eau, sages suivistes du PSB et de la FGTB, eux aussi attachés au mythe de la « prospérité économique » qui n’est que la prospérité des coffre-forts.
C’est de façon évidente l’agent révisionniste Grippa qui a développé au maximum le slogan « Belgique, colonie américaine » qui aboutissait à rechercher l’alliance d’une bourgeoisie nationale, qui est en fait impérialiste.
Vous le savez, camarades, c’est un des points au sujet desquels nous avons suivi une ligne fausse. Il a fallu un combat contre le schématisme et le dogmatisme, étudier en profondeur les œuvres de Mao Tsé-toung consacrées à ce problème, en premier lieu, l’« Analyse des classes de la société chinoise » (1926) et les « Préface et postface aux enquêtes à la campagne » (mars – avril 1941), aborder une analyse des classes de la Belgique − analyse que nous n’avons encore que commencée – pour rompre en la matière avec des conceptions révisionnistes.
Bien entendu, les droitiers qui ont sévi dans nos rangs et qui tout un temps ont réussi à imposer leurs vues, étaient porteurs de ces conceptions. Il n’y a pas encore si longtemps que nous avons entendu l’un d’eux soutenir, que nous devrions lutter pour que les subsides gouvernementaux aillent exclusivement aux capitalistes belges afin de les rendre compétitifs vis-à-vis des capitalistes américains et japonais ; c’était pour lui la seule façon de lutter pour l’emploi !
Nous voilà en plein révisionnisme, en plein social-démocratisme, en pleine, collaboration de classe. Car qui croira que la Société Générale, Solvay, la Brufina, le groupe Lambert n’ont pas à leur disposition les milliards nécessaires qui leur permettraient d’investir ? Mais le capitalisme au stade de l’impérialisme est un capitalisme parasitaire et mendiant. Décidément, nous devons dire non et, à ce sujet, nous avons été toujours et nous resterons intransigeants. Les « grandes victoires syndicales» remportées aux ACEC, à Fabelta, à la F.N. et ailleurs, associant les syndicats à la diminution de l’emploi, sont des victoires des capitalistes et des trahisons. Ceux qui acceptent de tels accords sont des ennemis de la classe ouvrière et des travailleurs.
Si l’impérialisme américain s’implante sans arrêt dans les fiefs de la bourgeoisie impérialiste belge y compris en Belgique, il ne faut pas refuser de voir que cette bourgeoisie belge soit directement, soit par le biais des sociétés multinationales, participe au pillage des pays du Tiers-Monde, exploitant des centaine de milliers de travailleurs dans le monde. Vouloir se concilier la bourgeoisie impérialiste belge dans une prétendue lutte contre l’impérialisme américain, c’est du révisionnisme, c’est le gage de la défaite. Certes, toute expansion de l’impérialisme provoque immanquablement une aggravation des contradictions entre les impérialismes, à la fois alliés et rivaux. Nous l’avons dit à propos de la Communauté Européenne, les contradictions inter-impérialistes sont une bonne chose mais c’est une illusion mortelle de croire que dans leur combat, le prolétariat, les peuples peuvent se concilier les faveurs d’un impérialisme quelconque.
Remarquons d’ailleurs que les raisonnements que nous rapportions plus haut visent à justifier non pas une offensive contre l’impérialisme américain mais une capitulation devant le capitalisme belge et devant les difficultés. Accepter la diminution d’emplois, les licenciements ouverts ou déguisés, le chômage, c’est capituler. C’est ce que le capital veut. Il faut avoir le courage de dire aux travailleurs que dans le cadre du régime aucune solution n’est possible et que la seule issue possible, c’est la révolution. C’est difficile sans doute. Cela risque d’entraîner des ennuis. On risque d’être accusé de troubler la paix la paix sociale, de violer les accords paritaires. Mais quand on a vocation de rebouteux du régime capitaliste, on opte pour la contre-révolution.
C’est donc avec raison et au terme d’une juste analyse que les thèses que nous allons adopter disent :
« La bourgeoisie belge est une bourgeoisie impérialiste ; elle appartient au camp impérialiste ; elle n’est pas et elle ne peut être une alliée pour le prolétariat. Elle est notre ennemie et il faut la traiter comme telle. Elle est la cible de la révolution en Belgique ».
La crise du régime et la recherche de diversions par la bourgeoisie
C’est devenu une banalité de dire que la Belgique vit une crise de régime.
Même « La Libre Belgique » ne se prive pas de le dire. Évidemment, la bourgeoisie quand elle parle ainsi ne voit pas cela sous la même optique que nous. Notre époque est celle où l’impérialisme va à son effondrement total et la Belgique impérialiste n’échappera pas au commun destin.
Quand la bourgeoisie admet qu’il y a une crise de régime en Belgique, c’est parce qu’il lui est difficile de cacher la vérité. Mais c’est aussitôt pour proposer quelques cachets d’aspirine qui doivent guérir son cancer généralisé. Ce ne sont pas les remèdes magiques qui manquent. La régionalisation, le fédéralisme, les conseils culturels, la planification souple, la programmation, le contre-pouvoir, les réformes de structure, le contrôle ouvrier, (en régime capitaliste !), le rassemblement des progressistes, cela fait beaucoup de panacées, toutes aussi inefficaces les unes que les autres. Il n’y a rien à faire. La crise générale du capitalisme est irrémédiable. Les médicastres de divers types sont grotesques. Car y a-t-il rien de plus grotesque que ces politiciens qui parlottent, qui complotent, qui chevrottent et qui ne prouvent qu’une chose mais alors avec un exceptionnel éclat : leur irrémédiable impuissance ?
Nous n’éplucherons pas toutes les turlupinades de ces messieurs. Le PSC et le PLP sont de toute évidence des partis bourgeois. Par contre, certains assurent que le PSB est un parti ouvrier. Un parti ouvrier avec à sa tête des administrateurs de monopoles capitalistes !
Mais il est vrai qu’en Wallonie la majorité des ouvriers votent socialiste.
En cette façon, selon les normes de la sociologie bourgeoise, on peut dire qu’il est un parti ouvrier mais alors, on doit le dire aussi du PSC en Flandre !
Si l’on s’en tient au critère marxiste-léniniste, révolutionnaire, le PSB est évidemment un parti bourgeois. Nos thèses rappellent l’analyse de Lénine au sujet de la social-démocratie. Comment ceux qui se réclament de la classe ouvrière peuvent-ils l’oublier ? Nous devons rappeler sans cesse ce grand précepte de Lénine :
« Si elle n’est pas indissolublement liée à la lutte contre l’opportunisme, la lutte contre l’impérialisme est une phrase creuse et mensongère ».
Les sociaux-démocrates sont les commis du capital au sein du mouvement ouvrier.
Devant la faillite de ses partis traditionnels − PSC, PSB, PLP − la bourgeoisie utilise des oripeaux nouveaux pour tenter de duper l’opinion. L’Incapacité du régime à résoudre le problème national a amené la naissance de partis chauvins à base de recrutement petite-bourgeoise : la Volksunie, le Rassemblement Wallon et le Front des Francophones. Ces partis sont fondamentalement des partis du régime. Leur seul espoir est une transformation de la forme de l’État et non de sa nature. Ils veulent le fédéralisme − encore cela n’est-il pas vrai nécessairement du FDF qui se manifeste surtout sur le plan d’une boulimie des petits-bourgeois bruxellois. Mais l’Etat qui aura changé de forme n’en restera pas moins un État de dictature des monopoles.
S’il existe une gauche à la Volksunie, ses racines sont fascistes et plusieurs de ses dirigeants sont liés à la Banque Lambert. Le Rassemblement Wallon a une origine social-démocrate ; les Moreau, les Massart et autres font bon ménage avec les hommes de la Banque de Bruxelles. Le F.D.F., en dépit d’un Moulin de farine révisionniste, est très proche à la fois du groupe Solvay, de la droite catholique et du PLP bruxellois.
Il est un fait dont nous devons tenir compte. C’est que toute une série de jeunes ont été attirés dans ces partis dans la mesure où ceux-ci ont pu prendre visage « contestataire », dans la mesure où ils ont paru dénoncer le train-train et les combines des partis traditionnels. Il faut en outre noter que surtout à Charleroi et dans le Brabant Wallon mais aussi à Liège, le R.W. a conquis un électorat ouvrier. On peut se demander si la V. U. n’a pas fait de même, au moins en partie, dans le Limbourg avec Slegers.
En tout, il faut voir le double aspect des choses. L’existence des partis chauvins revêt un aspect négatif parce qu’il s’agit de partis de diversion, manipulés par les monopoles. Mais le succès de ces partis auprès des jeunes et, dans certains cas, auprès des travailleurs exprime, de façon très déformée, une soif de nouveau, une volonté d’en finir avec un régime odieux. C’est dans la mesure où nous construirons le Parti, où nous saurons le développer, où nous nous lierons aux travailleurs et aux jeunes, que nous pourrons contrer ces formations chauvines, objectivement ennemies de la révolution et prouver à ceux qu’elles ont attiré que le seul chemin pour un véritable changement, y compris pour la résolution du problème national, est celui de la révolution.
Un mot des révisionnistes. Ils peuvent encore faire illusion, tout au moins électoralement, en France et en Italie. En Belgique, ils ne font plus illusion à personne même pas à eux-mêmes. Outre la trahison, ils portent la médiocrité. On peut beaucoup épiloguer sur l’histoire du P. C. Nous exprimons dans nos thèses, que le P.C.B. a commis incontestablement des erreurs mais il a eu de grands moments : les grandes grèves de 1932, 1934, 1936 ; la période d’occupation hitlérienne quand le Parti a su diriger la résistance, a organisé la lutte armée, a édifié des syndicats révolutionnaires. Ce n’est pas peu de chose. Et cela, c’est notre bien à nous. Nous nous y reconnaissons. Or que sont les révisionnistes aujourd’hui ? Un parti en recul constant, sans espoir, dont la seule préoccupation est électoraliste. Quel aveu, n’est-ce pas, que celui de Drumaux protestant auprès de Vranckx qui a essayé de recruter quelques indicateurs en ce parti et disant à ce social-fasciste :
« Je refuse vos allégations relatives au parti communiste. Nous sommes un parti national attaché à la Belgique et à ses institutions ».
Ainsi, le parti révisionniste proclame son attachement aux institutions de l’État de dictature des monopoles ! C’est éloquent !
Parti du régime, le PCB n’a plus d’espoir puisqu’il a des concurrents mieux introduits, ayant mieux réussis, plus efficaces. Et comme il ne conteste plus le régime même verbalement, il ne peut même plus comme avant espérer recevoir les voix des travailleurs mécontents des trahisons trop visibles du PSB : les partis chauvins au moins peuvent encore faire quelque illusion ! Eux plus. C’est pour cela qu’ils s’accrochent au PSB, que là où elles existent encore, leurs cellules d’entreprise sont devenues des annexes de la F.G.T.B. Et certains dirigeants révisionnistes et non des moindres n’ont plus qu’une perspective : la fusion avec le PSB ou plus exactement l’absorption par le PSB.
Puis, ces derniers temps, il y a eu une variante nouvelle qu’il ne faut pas sous-estimer. René Noël, dont on sait qu’il est le perroquet de Jean Terfve, a remporté un appréciable succès électoral dans les communes qui forment aujourd’hui le Grand-Mons. Dans un parti où on ne pense plus qu’aux élections et où celles-ci n’apportent plus que des échecs, ce succès spectaculaire a fait sensation. La pierre philosophale n’a-t-elle pas été découverte sur un terril du dernier charbonnage de Cuesmes que Noël a laissé fermer sans même faire mine de protester ?
Noël a repris l’idée de Collard que le PSB n’a pas su utiliser : ce fameux rassemblement des progressistes qui a même, en son temps, séduit quelques droitiers dans nos rangs. On a vu Noël se mettre bien avec les curés en organisant, aux frais de sa commune, le transport gratuit des élèves des écoles cléricales. On l’a vu supprimer des taxes frappant des industriels. On l’a vu flirter avec des permanents de la C.S.C., du Mouvement Ouvrier Chrétien. Dans la Wallonie industrielle où la déchristianisation de la classe ouvrière est quasi totale, l’Église − tout au moins une fraction de l’Église − a compris combien il pourrait être intéressant de jouer une carte de « gauche ». La J.G.S. du Borinage a été créée par deux prêtres de Quaregnon et le président de la L.R.T. trotskyste est professeur de religion catholique. La liste progressiste de Noël groupe des professeurs d’écoles catholiques, des permanents du M.O.C. et de la C.S.C., en bref une série de fonctionnaires de l’Église ! Ainsi, dans une région ouvrière, foncièrement rouge, l’Église a pu Introduire quelques-uns des siens là où ils n’auraient jamais pénétré sans l’opération menée par Noël − par Noël qui, malgré son étiquette de « communiste », a reçu tous les brevets d’excellent administrateur, d’homme dévoué − en bref, a bénéficié d’une publicité incroyable de la radio, de la télévision, du « Soir », de la « Libre Belgique », de la « Province » (P. L. P.), de la « Dernière heure », de la « Cité », de « Pourquoi pas ? »…
La sympathie dont la bourgeoisie même la plus ouvertement réactionnaire entouré l’opération devrait suffire à montrer sa nature réelle. Mais nous ne devons pas perdre de vue ce qui a fait son succès. D’une part, Noël et la fraction de l’Église qui ont monté cette opération ont misé sur la déconsidération des partis du régime à la façon dont le R.W. l’a fait dans toute la Wallonie. Pour le Grand-Mons, le R.W. a échoué : c’est tout dire. D’autre part, la classe ouvrière dupée par le PSB et par le PCB, trahie par la FGTB et la CSC aspire à l’unité. L’opération « progressiste » révisionniste, c’est une façade d’unité, au service du régime et manipulée par l’Église, mais cela a fait illusion.
A l’heure actuelle, emporté par son succès, Noël ne cache plus guère ce qui depuis quinze ans au moins est son rêve et celui de Terfve : liquider le P.C.B. Il vise à transformer son « Union Démocratique et Progressiste » en parti. Cela se sait parmi le P.C.B. et cela a amené de sérieux remous au Borinage, à Liège et en bien d’autres endroits.
Que va-t-il en advenir ? Feu de paille montais ou opération plus durable?
On verra. Ce qui est certain, c’est que ceux qui ont cru en l’U.D.P. ne sont pas des ennemis. Les travailleurs aspirent à l’unité. Ils ont raison. Mais il est évident que la véritable unité n’est possible qu’en isolant les révisionnistes qui trahissent et les opportunistes qui capitulent. Ici aussi, comme avec les partis chauvins, le régime discrédité essaie de se vêtir de nouveaux oripeaux. L’échec de l’U.D.P. à court ou à moyen terme est certain. Nous accélèrerons son effondrement dans la mesure où nous nous lierons mieux à la classe ouvrière et aux jeunes qui veulent du nouveau et à qui nous devons montrer que le nouveau qu’ils veulent, seule la révolution peut le leur apporter.
Les partis chauvins, l’U.D.P., disons que cela, c’est la carotte que manie le régime mais il y a aussi le bâton. La Belgique est un État démocratique bourgeois. C’est la forme de l’État que la dictature des monopoles préfère parce qu’elle est apte à créer des illusions. Mais nous savons aussi que lorsque la bourgeoisie se sent prise à la gorge, elle n’hésite jamais à violer sa propre légalité. Le régime fasciste, la bourgeoisie n’y recourt que quand elle n’a plus d’autre issue. Soit parce que la révolution menace (Italie mussolinienne, Allemagne hitlérienne) soit parce que le personnel politique de la démocratie bourgeoise, impuissant et corrompu, n’est pas capable de gérer l’État à la satisfaction des monopoles (Portugal, Grèce). Mais entre la démocratie bourgeoise et le terrorisme fasciste, il y a des intermédiaires l’établissement d’un pouvoir fort, la fascisation.
Il y a des degrés dans la fascisation. En France, le processus est déjà fortement engagé. En Belgique, c’est assurément moins avancé. Mais cela progresse et il faut y être attentif. Les arrêtés Vranckx et Major contre les travailleurs immigrés et contre les étudiants étrangers ; la création d’une police anti-jeunes ; le recrutement systématique de mouchards ; le renforcement des innombrables polices (BSR, P.J., Sûreté, police militaire, les polices communales, sans oublier les polices étrangères amenées par le Shape), l’augmentation du budget de la gendarmerie, l’équipement entièrement renouvelé de cette dernière ; la tendance à supprimer l’armée de miliciens pour la remplacer par une armée de métier où les paras sont privilégiés, tout cela ce sont des mesures qui ne peuvent tromper. La police vous ramassera un distributeur de tracts marxistes-léninistes, sera capable de casser allègrement la gueule d’une étudiante qui chaule contre les crimes yankees au Vietnam mais se révèlera singulièrement impuissante devant le banditisme. Les trafiquants de drogue agissent impunément ; il y a quotidiennement plusieurs hold-up et les flics sont incapables de faire quoi que ce soit. Mais contre les révolutionnaires et contre les jeunes, ils sont un peu là.
Depuis deux ans, la justice de classe a fonctionné contre les militants ouvriers et contre les jeunes : procès des mineurs du Limbourg et de la Bacnure, procès des grévistes de Leffe-Dinant, de Caterpillar, procès contre des jeunes qui sont solidaires des grévistes, des paysans en lutte, qui distribuent des tracts marxistes-léninistes ou des tracts anti-impérialistes. Jusqu’à présent les peines sont relativement minimes mais elles visent à créer l’accoutumance. C’est pourquoi nous ne saurions assez alerter l’opinion sur ces procès qui ne sont pas le fait du hasard. C’est un aspect de la fascisation. Et n’hésitons pas à ajouter à ce tableau, la façon dont par le jeu des conventions, patrons et syndicats organisent de concert la mise hors la loi du droit de grève.
Contre la trahison des syndicats jaunes, pratiquons un syndicalisme révolutionnaire
Camarades, nous ne serions pas des communistes si nous n’avions pas conscience que la seule classe révolutionnaire jusqu’au bout, c’est la classe ouvrière. Certaines thèses courent dans les milieux gauchistes, sous l’influence de philosophes réactionnaires comme Marcuse, prétendant que les forces révolutionnaires aujourd’hui sont les couches marginales, essentiellement les étudiants et le lumpenprolétariat. Contre ces déviations objectivement contre-révolutionnaires, il faut étudier, diffuser le capital sixième chapitre du rapport du camarade Enver Hodja au Sixième Congrès du Parti du Travail d’Albanie.
Nos thèses insistent sur l’analyse marxiste-léniniste dans ce domaine. C’est la classe ouvrière qui doit avoir la direction du combat révolutionnaire.
Dans ces conditions, notre Parti attache beaucoup d’importance au travail de masse parmi la classe ouvrière, c’est-à-dire essentiellement au combat syndical. Nous devons insister sur ce problème parce que c’est un domaine dans lequel nous avons dû lutter contre les droitiers qui reprenaient les positions révisionnistes-trotskystes et qui, battus, ont caricaturé les positions du Parti, prétendant que nous voulions passer à la constitution immédiate des syndicats rouges et que nous refusions de tenir compte de ce que représente la FGTB et la CSC. Reprenons donc une fois de plus la position du Parti.
En Belgique, trois syndicats sont reconnus : le syndicat socialiste (FGTB), le syndicat catholique (CSC) et le syndicat libéral. Seuls les deux premiers ont une importance, d’ailleurs à peu près égale, dans l’ensemble du pays. Cependant, la CSC prédomine en Flandre et la FGTB en Wallonie. Le syndicat libéral est très minoritaire.
Les syndicats socialistes sont nés au dix-neuvième siècle dans des conditions difficiles, comme instruments de lutte de classe des ouvriers. Il n’y avait pas de liberté syndicale. Dès lors, les syndicats étaient clandestins ; leurs militants étaient persécutés. Il y a eu à maintes reprises de lourdes condamnations contre des militants syndicaux, contre des ouvriers qui participaient à des piquets de grève. Quand un syndicat était découvert, il était aussitôt « dissous » et son avoir était confisqué.
Quelles qu’aient pu être les nombreuses fautes opportunistes de la social-démocratie en Belgique comme ailleurs, il n’en reste pas moins que la fondation des syndicats socialistes et leur édification a été le fruit d’une lutte dure et souvent héroïque. Dans ces conditions, les ouvriers avaient confiance en leur syndicat qui était pour eux un bien précieux.
Quand il ne fut plus possible d’empêcher le développement des syndicats, la bourgeoisie changea de tactique. Elle suscita des syndicats jaunes. En Belgique, ce fut le fait des syndicats catholiques, créés artificiellement par l’Église au début du siècle. Le but des promoteurs était clair. Et d’ailleurs, en maintes occasions, leur première appellation était : « syndicat chrétien anti-socialiste ». Aussi les ouvriers d’avant-garde combattaient le syndicat chrétien qui était un syndicat au service du patron, dénonçaient les jaunes qui en contrôlaient les rouages. Dès lors, la CSC ne perçait pas sauf dans quelques régions où l’industrie était peu puissante.
Au lendemain de la première guerre mondiale, sous le poids de la lutte, la bourgeoisie dut lâcher une série de réformes : le suffrage universel, la journée des 8 heures, l’instruction obligatoire, la liberté syndicale. Mais la bourgeoisie a su très habilement détourner la portée de ces victoires ouvrières.
Le suffrage universel donne l’illusion aux travailleurs d’avoir quelque chose à dire dans le pays, alors que les véritables et seuls maîtres, ce sont les monopoles capitalistes.
L’instruction obligatoire et l’extension de l’enseignement ont permis une large diffusion de l’idéologie bourgeoise parmi les enfants des travailleurs, visant à former la main-d’œuvre qualifiée, les cadres, les technocrates dont le capital a besoin.
La journée des 8 heures a vu ses effets annulés par les cadences infernales et la pratique de plus en plus courante des heures supplémentaires. En outre, les loisirs commercialisés diffusent une culture bourgeoise décadente et sont en fait un des pires moyens d’abrutissement.
La bourgeoisie s’y entend toujours pour reprendre ce qu’elle doit accorder sous le poids de la lutte.
Au lendemain de la première guerre mondiale, les ouvriers ont salué comme une conquête la liberté syndicale. Il y a eu un afflux considérable des travailleurs vers les syndicats, surtout les syndicats socialistes. C’était là chose normale, même si au sommet, les trahisons des dirigeants étaient innombrables. Mais les syndicats étaient le bien des travailleurs dont ils avaient imposé l’existence à l’ennemi de classe. Il était donc normal que les communistes soient dans ces syndicats avec leurs camarades, qu’ils y militent avec courage et souplesse, dénonçant d’ailleurs en toute occasion les trahisons et les compromissions.
Ce qui n’empêchait pas d’ailleurs l’existence de certaines organisations révolutionnaires, comme les Chevaliers du Travail. Le Parti aurait-il dû et pouvait-il, à l’époque, passer à la construction d’une centrale syndicale de lutte de classe ? Seule l’étude en profondeur de cette époque permettra de répondre à cette question et d’en tirer les leçons pour l’étape actuelle.
Ce qui est certain, c’est que le Parti Communiste, durant l’occupation hitlérienne, lié aux masses comme il ne l’a été à aucune époque de son histoire, a eu une juste position en matière syndicale. Alors que le président du POB (parti socialiste) Henri de Man trahissait, que les syndicats socialistes et catholiques entraient en léthargie, le Parti organisait des syndicats de lutte de classe et de résistance antifasciste : les glorieux Comités de Lutte Syndicale (CLS). Après la guerre, les CLS donnaient naissance à la Confédération Belge des Syndicats Uniques. Pour la première et la seule fois de son histoire, le prolétariat de Belgique disposait d’une centrale syndicale révolutionnaire. Cette centrale, les révisionnistes Lalmand, Terfve et compagnie l’ont littéralement vendue aux syndicats socialistes comme prix de la participation ministérielle. L’absorption des syndicats uniques par les syndicats socialistes allait se faire sous le sigle de la FGTB. Que les travailleurs d’avant-garde n’oublient jamais que sous ces quatre lettres s’abrite une des plus graves trahisons révisionnistes, une des plus dommageables pour la classe ouvrière de notre pays.
On peut dire que depuis cette époque, les syndicats belges ont évolué à un rythme extrêmement rapide vers l’intégration dans le régime qui, ne l’oublions pas, est celui de l’impérialisme pourrissant. Certes, le processus était dans l’entre-deux-guerres mais il allait devenir de plus en plus marquant.
Que constatons-nous ? Les deux grands syndicats se sont rapprochés au d’être réunis dans un front commun et dès à présent le problème de leur fusion est posé par les idéologues de la bourgeoisie. Cela résulte avant tout d’une évolution vers la droite de la FGTB qui, dans ses statuts, se revendique encore de la lutte de classe, dont certains leaders (comme Genet, Lambion, Yerna) utilisent encore un langage radical mais qui, dans les faits, pratiquent la collaboration de classe au même titre que la CSC. Celle-ci a même pu, dans certains cas, se payer le luxe de paraître plus à gauche que la FGTB !
La bourgeoisie a petit à petit intégré la FGTB, la CSC et, bien entendu, le syndicat libéral dans les rouages du régime. Ne citons que quelques exemples. Ces syndicats participent à la direction de la Banque Nationale (la banque des banquiers), de la Société Nationale de Crédit à l’industrie (qui accorde les centaines de millions, les milliards aux capitalistes belges et étrangers investissant dans le pays), de la Société Nationale des Chemins du Fer, de l’Office Belge pour l’Accroissement de la Productivité (de la productivité capitaliste!) etc… On retrouve les syndicats au Comité de Concertation de la Sidérurgie et, si l’on en croit Davister, c’est la FGTB elle-même qui a pris l’initiative d’activer la fusion de Cockerill-Ougrée-Providence et l’Espérance-Loogdoz pour former, sous le nom de Cockerill, un des plus grands monopoles de la sidérurgie européenne !
Les trois centrales syndicales jouent le jeu de la programmation sociale et dos conventions paritaires. On en connaît les données.
Les capitalistes accordent quelques miettes aux travailleurs (cette année, elles ont été bien petites) et les syndicats s’engagent à assurer la paix sociale. Ils interdiront de poser de nouvelles revendications. Ils empêcheront les grèves et si elles éclatent malgré tout, ils les briseront. On sait que dans certains secteurs, les syndicats ont droit à des subsides patronaux s’ils parviennent à empêcher les grèves (0,5 pour cent de la masse salariale en sidérurgie, par exemple). Les syndicats reçoivent des subsides des communautés de l’Europe des monopoles. L’Office Belge pour l’Accroissement de la Productivité intervient pour une partie dans le coût des émissions syndicales de la TV.
Le taux de syndicalisation est très élevé en Belgique. Est-ce le résultat de la combativité des syndicats? Non ! Et la preuve en est le nombre extrêmement élevé de grèves sauvages − c’est-à-dire de grèves qui éclatent malgré l’opposition des syndicats. C’est un phénomène tellement marquant qu’il est devenu un objet d’études (ou plus exactement, de radotage) pour les sociologues bourgeois. Si les luttes partent de la base, sans et contre les syndicats, c’est que les travailleurs savent que pour se battre contre le patron, il vaut mieux se passer d’eux.
Mais c’est le régime bourgeois qui oblige les ouvriers à se syndiquer. Devient-on chômeur ? On a besoin des syndicats pour toucher les allocations, sinon c’est l’attente interminable. Doit-on recourir au tribunal du travail ? On a besoin d’être syndiqué. Dans des entreprises de plus en plus nombreuses, le patron retient d’office les cotisations syndicales sur les salaires ! Dans d’autres, on n’engage que les ouvriers syndiqués. Presque partout, existe le système des primes aux seuls syndiqués. Elles sont supérieures au total des cotisations ! Comment un ouvrier − même le moins conscient − ne serait-il pas syndiqué dans ces conditions ? Il est évident que dans un avenir très rapproché le taux de syndicalisation atteindra cent pour cent en Belgique.
Pourquoi les patrons appuient-ils ainsi les syndicats ? Parce que ceux-ci sont devenus les gendarmes de la paix sociale. Combien de grèves brisées au fil de ces dix dernières années ! Combien de revendications émasculées ! Et surtout n’y a-t-il pas eu le scandale de délégués honnêtes, restés aux côtés de leurs camarades en grève et révoqués de leur mandat par les directions syndicales ? Ainsi pouvaient-ils être frappés légalement par le patron et licenciés ! Cela s’est vu chez Caterpillar, aux Forges de Clabecq, chez Nestor Martin, chez Citroën et en pas mal d’autres endroits. La FGTB, autant et parfois plus que la CSC et que le syndical libéral, est un syndicat jaune. Les trois syndicats existants en Belgique sont des syndicats jaunes.
Voilà la réalité. Que faut-il en conclure ? Il importe d’adopter une position juste et de répudier l’opportunisme de droite et de gauche.
Les opportunistes de gauche concluent de cela qu’il ne faut plus de syndicat du tout, que les syndicats sont un écran entre les travailleurs et le Parti, etc. C’est évidemment faux. Il y a l’avant-garde – le Parti – et la masse. Le parti se lie aux masses, organise les masses. Le syndicat est une organisation de masse, une « courroie de transmission ». Même en régime socialiste, la masse sera en retard sur l’avant-garde et il faudra des organisations de masse. En régime capitaliste, le syndicat est nécessaire.
Les opportunistes de droite, d’une façon plus ou moins franche, se font les défenseurs des syndicats jaunes. Souvent, ils reprennent l’œuvre de Lénine, la « Maladie infantile », mais ils reprennent ce qu’ils veulent bien, tronquent certains chapitres et n’essaient pas d’en appliquer les enseignements à l’époque actuelle, en tenant compte de ce qui a évolué.
Les révisionnistes disent qu’il faut travailler dans les syndicats. Lénine parlait des syndicats réactionnaires. Mais pour eux, la FGTB est progressiste. Tout au plus, y a-t-il quelques dirigeants peu démocrates mais il suffit de demander plus de réunions ! Et pour le reste, les révisionnistes font bon ménage avec les syndicats jaunes dont ils adoptent sans restriction les slogans et les mauvais coups. Jamais ils ne reprendraient à leur compte ce que Lénine disait des Debunne, des Major, des Davister et des Lambion de l’époque qu’il qualifiait d’« aristocratie ouvrière corporative, étroite, égoïste, sans entrailles, cupide, philistine, d’esprit impérialiste, soudoyée et corrompue par l’impérialisme ». Jamais on ne lira ça dans le « Drapeau rouge ».
Pour les trotskystes, les syndicats sont tombés par une sorte de malheur dans les mains de bureaucrates et si l’on se débarrasse des bureaucrates, tout ira pour le mieux. On ne trouve évidemment chez eux aucune analyse do l’intégration des syndicats dans le régime de l’impérialisme pourrissant ni du leur rôle de gendarmes de la paix sociale. Les trotskystes refusent de voir que le seul « succès » qu’ils pourraient remporter, c’est de remplacer une bureaucratie par une autre. Si la bureaucratie est une nuisance, elle peut exister partout chez les capitalistes comme chez les révolutionnaires. Nous devons éliminer la bureaucratie dans nos rangs mais elle n’est pas l’ennemi en soi. Les trois syndicats jaunes sont devenus des rouages du régime. On ne récupère pas les rouages du régime.
Les droitiers qui ont sévi tout un temps dans nos rangs et avaient réussi, par notre manque d’analyse, à imposer leurs vues, défendaient des positions analogues à celles des révisionnistes et des trotskystes. Ils ont fait ainsi beaucoup de mal au Parti. Ce qui est curieux, c’est qu’à l’idée de création d’un syndicat rouge, ils opposent encore une fois la « Maladie infantile » comme si Lénine avait dit qu’on devait se contenter de syndicats jaunes et ne jamais mettre sur pied un syndicat révolutionnaire. C’est là évidemment une injure à Lénine. D’ailleurs, la CGTU en France et les CLS en Belgique ont des titres de gloire impérissables.
Si Lénine insistait sur le travail dans les syndicats réactionnaires (et au bout du compte moins réactionnaires que la FGTB, la CSC ou les syndicats libéraux aujourd’hui), c’est en tenant compte du fait que la classe ouvrière continuait à leur faire confiance. Elle s’y organisait.
Mais aujourd’hui, en Belgique, on en vient au syndicat obligatoire. On est membre d’un syndicat comme on est membre d’une mutualité, par sécurité, mais plus pour pratiquer la lutte de classe. Au contraire, quand les travailleurs veulent vraiment se battre, ils déclenchent des grèves sauvages. Il suffit d’ailleurs que les syndicats s’emparent d’une grève partie sans eux pour qu’elle soit sabotée et qu’elle échoue.
Aujourd’hui, les ouvriers de Belgique sont objectivement inorganisés. Il s’agit donc de créer l’organisation de masse dont ils ont besoin.
Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste estime que dès à présent, il est possible de pratiquer un syndicalisme révolutionnaire, dont la tactique peut varier selon les régions et les entreprises, mais qui vise à longue échéance à créer les conditions de la destruction des syndicats jaunes et de la construction du syndicat de lutte de classe. Les principes suivants doivent être appliqués :
– dénonciation des trois syndicats jaunes comme rouages de l’impérialisme ;
– soutien critique et fraternel des délégués honnêtes ;
– vis-à-vis des revendications justes posées par les syndicats, des grèves organisées par les syndicats, soutien sans restriction en visant à développer la lutte plus loin et à souligner la duplicité et les trahisons des dirigeants syndicaux ;
– profiter au maximum des contradictions et de la concurrence des syndicats du régime comme de celles qui peuvent exister au sein de ces syndicats ;
– si on se trouve dans une région ou dans une entreprise où l’activité syndicale existe dans les faits et non sur le papier, aller aux réunions syndicales, s’y montrer les meilleurs défenseurs des revendications des travailleurs ; dénoncer le rôle des conventions ; montrer le véritable caractère des référendums, armes privilégiées des briseurs de grève.
En tout cas qu’il soit possible dès à présent de faire un véritable syndicalisme révolutionnaire est prouvé par nos camarades du Limbourg militant dans l’organisation Arbeiders Unie (Union des Travailleurs), qui constitue de façon très réelle l’embryon d’un syndicat de type nouveau.
Il faut souligner d’ailleurs avec force que la condition fondamentale pour la création de ce syndicat, c’est l’implantation du Parti aux entreprises. Cependant dès à présent, et quelles que soient les conditions dans lesquelles il se trouve, le militant marxiste-léniniste à l’entreprise agit en syndicaliste révolutionnaire, en ennemi implacable du capitalisme et de ses complices.
A ce sujet, je crois que les analyses que nos thèses font de l’opportunisme dans la classe ouvrière, de la nécessité de lutter pour les revendications immédiates constituent des passages importants.
Je voudrais insister sur une position que « Clarté » a développée beaucoup plus ces derniers temps et qui est la seule réplique possible au muselage de la lutte de classe par les conventions paritaires et les accords de paix sociale.
La lutte de classe n’est pas une guerre en dentelles. C’est une lutte qui doit aller s’amplifiant jusqu’à déboucher sur la révolution. Alors que le capitalisme assassine les ouvriers par les accidents de travail, les cadences infernales ou les fusils des gendarmes, le prolétariat au combat n’a aucun compte à tenir de la légalité bourgeoise, de cette légalité que la bourgeoisie viole si allégrement quand ses intérêts sont en jeu.
Ce sont les dirigeants syndicaux qui signent les conventions avec clauses de paix sociale, pas les travailleurs ! Il est donc juste de multiplier les grèves sauvages !
Les capitalistes n’ont qu’une seule loi, celle du profit. Il faut menacer le profit jusque dans sa base même, la propriété privée ! Que les ouvriers, les autres travailleurs multiplient les occupations d’usines !
Les patrons n’ont qu’un seul souci, leurs coffres-forts. Ils se soucient des machines, du matériel, c’est pour eux ce qu’il y a de plus précieux. Ils se moquent pas mal des travailleurs, de leur santé, de leur vie. Les révélations de « Clarté » au sujet du nombre d’accidents de travail l’ont amplement démontré. Pour nous ce qui compte, c’est l’homme, le capital le plus précieux. Le matériel, c’est au patron. Nous préconisons de généraliser l’abandon de l’outil, cet abandon que le patron craint par-dessus tout.
Les patrons exploitent les travailleurs. Les heures supplémentaires, les cadences de plus en plus fortes jusqu’à devenir infernales font des usines des bagnes. Les prolétaires sont liés à la chaîne de l’exploitation capitaliste. Au tour des travailleurs de lier les patrons à une chaîne ! Les prolétaires français ont montré un excellent exemple : la séquestration des patrons. Popularisons cette idée de la séquestration des patrons !
Camarades, le procès intenté par les ouvriers licenciés des Forges de Clabecq, est devenu, dans une grande mesure grâce à notre Parti (Maître Grégoire, avocat des capitalistes, a dû en faire état) le procès de la paix sociale, des conventions paritaires, de la collaboration de classe. Il a montré avec éclat que dans leur lutte, les ouvriers DEVAIENT violer la légalité bourgeoise. La seule légalité que la classe ouvrière doit respecter, ce sera nulle qu’un jour elle instaurera elle-même, la légalité socialiste. Cela nous devons avoir à cœur de le dire et de le propager.
Le travail parmi les masses et la construction du parti révolutionnaire
Camarades,
Il est normal de rappeler sans cesse l’importance du travail de masse. Le camarade Mao Tsé-toung l’a souligné :
« Recueillir les idées des masses, les concentrer, et les porter de nouveau aux masses, afin qu’elles les appliquent fermement, et parvenir ainsi à élaborer de justes idées pour le travail de direction : telle est la méthode fondamentale de direction ».
Nos thèses ont parlé du travail parmi les femmes et parmi les jeunes. Il y a de grosses lacunes dans le projet. En ce qui concerne le travail parmi les femmes, nos camarades militantes du Limbourg ont fait un apport important qui va nous aider dans notre travail. Nos jeunes marxistes-léninistes de « Barricades » qui sont encore peu expérimentés n’ont pu faire un apport analogue d’autant moins que la préparation du Congrès a coïncidé avec la période d’examens. Ce sont en tout cas deux domaines où nous devrons approfondir notre étude. Il serait bon que tout à l’heure, dans la discussion, des camarades femmes et des camarades jeunes apportent leur contribution. En tout cas, dans un proche délai, le Comité Central devra porter ces problèmes à l’ordre du jour de ses réunions qu’il élargira aux militants concernés.
Camarades,
Les expériences négatives de la Commune de Paris, du soulèvement spartakiste en Allemagne et de mai 1968 en France prouvent que sans un parti révolutionnaire prolétarien, il est impossible de vaincre.
Les expériences victorieuses de la révolution russe, de la révolution chinoise, de la révolution albanaise prouvent qu’avec un tel parti expérimenté, lié aux masses, la victoire est certaine.
Ce sont là des vérités marxistes-léninistes essentielles que les thèses et le programme que nous allons adopter soulignent avec force.
Nous insistons sur le fait que le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique a pour fondement théorique le marxisme, le léninisme, la pensée de Mao Tsé-toung. Cela veut dire, et cela Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao, Enver Hodja nous l’ont maintes et maintes fois répété que notre doctrine n’est pas un dogme mais un guide pour l’action. Il ne s’agit pas de répéter mécaniquement des formules et des expériences venant d’ailleurs mais d’appliquer les enseignements universels du marxisme-léninisme aux conditions concrètes de notre pays et de notre époque.
Il faut insister avec force sur cette idée qui est la clef du marxisme-léninisme que le Parti ne peut se construire qu’à partir des éléments d’avant-garde de la classe ouvrière. La conception que ce Parti ne peut être construit qu’à partir de noyaux petits-bourgeois intellectuels et étudiants, qu’eux seuls sont capables d’éclairer la classe ouvrière est une conception foncièrement révisionniste de mépris de la classe ouvrière. De cette façon, on ne peut construire qu’un parti petit-bourgeois oscillant constamment entre l’opportunisme et l’aventurisme. C’est une conception qui a grand succès parmi des petits-bourgeois savantissimes, bouffis de prétention, qui tètent à la mamelle de l’Université maçonnique de Bruxelles ou qui sont à peine échappé (s’ils le sont) du giron de l’Université catholique de Louvain mais qui n’a aucune chance de succès dans la classe ouvrière. Et c’est tellement vrai que jusqu’à présent les groupes qui répandent ces théories n’ont pas d’ouvriers, que si ceux-ci viennent dans leurs rangs, ils s’enfuient bien vite. Dès lors, ils n’ont pas d’autres ressources que de déguiser des étudiants en ouvriers.
Camarades,
Ayons toujours à l’esprit ce principe que pour bien souligner son importance et nous reprenons dans nos statuts : la révolution est l’œuvre des masses et elle ne se fera pas si celles-ci ne sont pas convaincues de sa nécessité.
Le parti, ses organisations, ses militants doivent bien faire comprendre aux masses la contradiction fondamentale, irrémédiablement antagonique qui existe entre exploiteurs et exploités, entre capitalistes et prolétaires. Notre tâche est d’enseigner la nécessité du combat classe contre classe, d’activer, de guider ce combat.
Je crois, camarades, qu’il faut souligner l’importance de dire partout et toujours la vérité sur le Parti ! Pas de présomption ! Pas de bluff ! Mais de la même façon, pas de fausse modestie, pas de sous-estimation de ce qui a été fait.
Les thèses que nous élaborons marquent où on en est et il est évident qu’on en est au début. Cette idée de début, il faut la souligner parce que je crois que c’est la signification profonde de ce que nous avons dégagé au cours des conférences de militants qui ont préparé notre congrès et au cours de l’élaboration et de la discussion des thèses.
Je ne referai pas dans ce rapport l’examen − le tout premier examen − de l’action du Parti Communiste depuis sa fondation en 1921. Nous n’en sommes d’ailleurs qu’au début de ce travail.
Ce qui est certain, c’est que depuis la fin de la guerre, le P.C.B. a accumulé les fautes opportunistes et a rapidement dégénéré en un Parti révisionniste. Il y a eu les véritables crimes commis à la libération par la clique Lalmand-Terfve qui, pour prix de la participation ministérielle et de l’intégration dans les « délices » du régime, a liquidé la résistance armée, a brisé des grèves, a liquidé la centrale syndicale révolutionnaire, la Confédération Belge des Syndicats Uniques. Puis après la perte des postes ministériels, on est passé au sectarisme le plus plat qui se mariait « agréablement » avec l’électoralisme le plus délirant.
En 1954, lors du XIe Congrès, il y a eu un sursaut parti de la base, une large et profonde discussion avec une volonté réelle de retourner aux sources marxistes-léninistes. Hélas, la faiblesse idéologique était un mal terrible et les manœuvriers s’en sont donnés à cœur joie. Les envoyés de deux partis étrangers, Fajon du P.C. français et Spano du P.C. italien sont intervenus dans le déroulement du congrès avec cynisme et morgue. Et, sous leurs auspices, le Congrès s’est terminé par un compromis entre la clique Lalmand-Terfve et la clique Burnelle-Beelen. Le cours ultra-droitier commençait même si Lalmand et quelques proches n’ont pas su faire le renversement qu’a très bien accompli le funambule Jean Terfve.
Comment tout cela a-t-il été possible ?
Divers facteurs ont joué au fil des mois et des années :
– la clique Lalmand-Terfve a systématiquement écarté la direction arrêtée par les hitlériens et tous les militants ouvriers d’avant-guerre ;
– elle a favorisé à la fin de la guerre l’afflux d’éléments bourgeois et petits bourgeois dans le Parti et dans les organisations de masse, y compris à la direction ;
– des nouveaux militants sont apparus ; beaucoup d’origine bourgeoise ou petite-bourgeoise étaient des carriéristes qui sont disparus bien vite quand cela ne tournait pas selon leurs espoirs ; d’autres étaient des jeunes à qui l’on fermait la bouche par mille moyens et mille manœuvres.
Il faut tenir compte que le processus de la connaissance se fait lentement et non sans contradictions. Que beaucoup de camarades estimaient que le Parti qui fut si grand et si héroïque sous la résistance devait finir par se redresser; cette attente fut vaine parce qu’il n’y a pas de génération spontanée et qu’un Parti qui se trompe ne peut se redresser que par l’action de ses militants. Beaucoup ont eu une conception fausse de la discipline du Parti. On a pour devoir de se révolter quand la direction trahit. Ajoutons qu’il était difficile de se révolter alors que Je Parti subissait des attaques haineuses et multiples à l’époque de la guerre froide.
Mais fondamentalement, s’il n’a pas été possible de mettre fin à cette dégénérescence, c’est à cause de la désespérante faiblesse idéologique du Parti.
En 1963-64, des militants pleins d’enthousiasme ont voulu reconstruire le Parti sur des bases marxistes-léninistes. Le premier dirigeant en était Grippa. Jamais on ne vit une œuvre aussi mal faite, aussi bâclée. Le Parti fut reconstruit à la hâte, sans débat idéologique, à partir d’une organisation bruxelloise et de quelques isolés en Wallonie, sans porter la lutte (sauf à Bruxelles) à l’intérieur du parti révisionniste. Grippa a voulu son Parti tout de suite parce qu’il voulait jouer un rôle planétaire ! Il n’y avait aucune unité : à côté de marxistes-léninistes véritables et de camarades qui voulaient le devenir, il y avait un ramassis d’aventuriers, de trotskystes, de nostalgiques de la direction Lalmand, de révisionnistes du type togliatiste, etc. Grippa disposait d’un Bureau politique à sa dévotion mais les contradictions y abondaient et les complots se succédaient avec successivement comme chefs de file Massoz, Delogne, Trifaux. Le Comité Central était court-circuité, on lui mentait. Mais il a commis la lourde faute de laisser faire sans réagir ; il a tardé à prendre conscience des réalités.
La ligne de ce parti consistait à peindre en rouge tous les slogans des révisionnistes ; les dépenses y étaient effarantes ; il n’y avait aucune organisation. Il existait simplement deux ou trois commandos composés de permanents circulant à travers la Belgique pour y mener une agitation aussi vaine que stérile parce que coupée des masses.
Ce Parti devait s’effondrer et il s’est effondré. Grippa a trahi ouvertement, a montré son hideux visage d’agent révisionniste. Le Comité Central encore que tardivement a eu le mérite de se révolter et de porter la discussion dans les organisations existantes. Des jeunes (une minorité) à Bruxelles se sont révoltés spectaculairement.
Le Comité Central a convoqué en novembre 1967, une Conférence nationale de La Louvière. Quand nous examinons l’œuvre de cette conférence, nous avons le devoir de dire la vérité.
Son immense mérite, je dirai son mérite historique est d’avoir démasqué Grippa aux yeux des marxistes-léninistes, des révolutionnaires et des travailleurs de Belgique et du monde entier, de l’avoir tué politiquement. Mais cette conférence a bien des aspects négatifs. Elle n’a été précédée d’aucun débat idéologique. Il est apparu bientôt que deux ailes s’y affrontaient.
D’une part une aile minoritaire, essentiellement étudiante, petite-bourgeoise, spontanéiste, reprenant les thèses ultra-gauchistes ayant prévalu chez certains personnages troubles durant la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne : plus besoin de Parti, plus besoin de centralisme démocratique, plus besoin de discipline. Tout au plus, certains voulaient bien admettre qu’il fallait un Parti mais pour plus tard.
D’autre part une autre aile qui voulait le Parti mais qui en fait n’était pas unie comme les événements n’allaient pas tarder à le démontrer. Il existait parmi elle des droitiers impénitents qui ne voulaient pas autre chose qu’un Parti révisionniste-bis.
Ce que la Conférence de La Louvière aurait dû faire, c’était condamner la trahison de Grippa et ouvrir le débat idéologique, admettre qu’il soit continué longtemps et à fond. Au lieu de cela nous avons condamné Grippa et voulu continuer. C’était aller au-devant de difficultés énormes.
Il y a eu depuis novembre 1967 jusqu’à aujourd’hui une lutte, lutte d’abord hésitante puis à partir de 1970, lutte intense entre deux lignes dont l’enjeu peut se résumer dans l’alternative : parti marxiste-léniniste ou parti révisionniste-bis.
Vis à vis de l’aile étudiante, spontanéiste, nous n’avons pas provoqué le débat idéologique. Sans doute la rupture était-elle inévitable mais au lieu d’une lutte idéologique, nous sommes allés à une rupture bureaucratique. Or, ces camarades même s’ils se trompaient, voulaient la révolution. Nous avons été contre eux des alliés de droitiers qui ne voulaient pas la révolution et qui n’allaient pas tarder à le prouver. Nous avons là commis une faute qui a été lourde à surmonter.
Les thèses que nous adopterons au cours de ce Congrès soulignent les positions révisionnistes défendues par les droitiers. On les a entendus prôner Je slogan révisionniste-trotskyste de « contrôle ouvrier » en régime capitaliste alors que le véritable contrôle ouvrier ne peut être réalisé qu’en régime socialiste ; on les a vus vouloir répondre favorablement aux propositions de rassemblement des progressistes lancées par Collard ; s’accrocher au fédéralisme comme « solution » au problème national ; s’opposer aux initiatives du parti pour réaliser l’unité des marxistes-léninistes (et certains sont partis sur cette question) ; défendre les positions révisionnistes -trotskystes en matière syndicale ; vouloir institutionnaliser la participation électorale à tout prix ; refuser l’organisation léniniste du Parti (avec chantage au refus de vendre « Clarté »).
La lutte a été longue, dure et difficile. Si on n’avait pas porté la lutte, le Parti serait mort : il n’y aurait plus qu’une amicale de droitiers fatigués, répétant interminablement des slogans sans vie. Au cours de cette lutte, nous nous sommes enrichis considérablement, un effort idéologique a été déployé.
Les thèses, le programme ont été conçus en partant de la pratique directe et indirecte. Il s’agit maintenant de retourner à la pratique. Nous en sommes, répétons-le, au début. Et surtout n’oublions pas l’enseignement de Staline : quand la ligne est déterminée, son succès dépend de l’organisation.
Nous avons perdu des militants. Ceux qui ont adhéré au Parti comme on adhère au Parti révisionniste, en « achetant » en quelque sorte une carte de membre. Ceux qui sont des droitiers, fondamentalement des révisionnistes et qui n’ont rien à faire dans un Parti qui veut la révolution, qui ne craint pas de le dire et surtout pas de la préparer.
Mais il y a aussi vers le Parti un apport nouveau. Des ouvriers nous ont rejoints ou sont en train de nous rejoindre ; ils militent déjà avec nous. Il y a eu un apport de jeunes militants à Mons – Borinage et dans l’ensemble du Hainaut, à Bruxelles, à Liège et à Verviers, dans le Limbourg.
Voyez ce Congrès. La majorité est ouvrière. La majorité a moins de 35 ans ! C’est cela qui est important et qui prouve que nous avons bien travaillé.
Le camarade Mao Tsé-toung a fait une admirable comparaison :
« L’homme a des artères et des veines qui, par l’intermédiaire du cœur, permettent la circulation du sang, et il respire par les poumons, expirant le gaz carbonique et aspirant l’oxygène frais ; c’est rejeter ce qui est altéré et absorber le nouveau pour être plein de dynamisme. De même, un parti prolétarien doit rejeter ce qui est altéré et absorber le nouveau pour être plein de dynamisme. Sans rejet des déchets et absorption du sang nouveau, le Parti ne saurait être dynamique ».
Nous avons rejeté des déchets et nous absorbons du sang nouveau. C’est bon signe.
Un mot encore dans le même ordre d’idée. Il y a dans notre pays, quelques groupes plus ou moins importants qui se veulent ou qui se disent marxiste-léniniste se tiennent à l’écart du Parti et même parfois l’attaquent.
Parmi eux, beaucoup de militants veulent la révolution. Nous devons confirmer totalement notre résolution du Comité Central en date du 6 septembre 1969 sur l’unité des marxistes-léninistes. Elle est juste. Dans deux cas, au Borinage et au Limbourg, nous sommes arrivés à des résultats positifs. Dans d’autres cas, les pourparlers ont échoué.
Mais nous devrons reprendre l’effort vis à vis de groupes, vis à vis de camarades isolés avec le maximum d’esprit fraternel. Vis à vis des camarades qui veulent le Parti, et qui veulent construire le Parti autour de l’avant-garde ouvrière, les rapprochements sont possibles et souhaitables. La publication des documents de notre Congrès constituera certainement une contribution dans ce sens.
Notre Parti fidèle à l’internationalisme prolétarien
Chers Camarades,
Le dernier chapitre des thèses, le dernier point du programme ont trait à l’internationalisme prolétarien. En terminant ce rapport, il faut dire notre fierté d’être les compagnons de combat de ces deux partis marxistes-léninistes d’airain que sont le Parti Communiste Chinois et le Parti du Travail d’Albanie.
Parti Communiste Chinois est le bastion rouge de la révolution mondiale. C’est un parti glorieux, expérimenté, qui a rendu les services les plus précieux à la cause du prolétariat mondial et à la cause de la libération des peuples. Il a démasqué le révisionnisme soviétique et montré sa nature social-impérialiste, A la tête du Parti Communiste Chinois se trouve le plus grand marxiste-léniniste de notre époque, le camarade Mao Tsé-toung.
Celui-ci a enrichi de nouveaux apports capitaux à la science de la révolution. Dans la théorie de l’analyse des classes sociales, de la stratégie et de la tactique de la lutte de classe, dans la conception de la guerre révolutionnaire, dans les domaines de la philosophie, de l’histoire, de la littérature et de l’art, dans beaucoup d’autres domaines, l’apport du camarade Mao Tsé-toung est un enrichissement considérable du marxisme-léninisme. Mais son apport le plus précieux est certainement celui de la théorie et de la pratique de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, cette irruption sans précédent des masses de centaines de millions d’hommes et de femmes, de jeunes et de vétérans dans la vie politique pour arracher les pouvoirs usurpés par une poignée de responsables engagés dans la voie capitaliste, pour écraser ces derniers et en premier lieu le sinistre chef révisionniste Liou Chao Chi. C’est l’entrée en action de centaines de millions d’hommes et de femmes qui se trempent dans une dure lutte de classe, qui s’éduquent dans un combat héroïque, sans relâche, contre le révisionnisme.
La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, c’est le pouvoir aux Comités révolutionnaires à tous les échelons, c’est la continuation ininterrompue de la révolution sous la dictature du prolétariat.
Le Parti du Travail d’Albanie est le phare du socialisme en Europe. On dit parfois que c’est un petit parti parce qu’il est le parti d’un petit pays par la superficie mais c’est un grand parti par tout ce qu’il a apporté à la théorie et à la pratique de la révolution. Par la juste ligne de son Parti marxiste-léniniste, le peuple albanais qui ne comptait alors qu’un million d’habitants, a pu tout seul se libérer de l’occupation nazie et encore libérer une partie du territoire yougoslave. Tout est possible à un petit peuple qui prend les armes et qui est conduit par un juste parti marxiste-léniniste. Le Parti du Travail d’Albanie a joué un rôle prépondérant dans la lutte contre le révisionnisme à l’intérieur de l’Albanie et sur le plan international. Il a d’emblée marqué au fer rouge de l’infamie les trahisons de Tito et de Khrouchtchev. Le discours de son premier secrétaire, le camarade Enver Hodja à la réunion des 81 Partis communistes et ouvriers à Moscou, le 16 novembre 1960, est un classique de la littérature marxiste-léniniste qu’il importe de lire et d’étudier pour mieux combattre le révisionnisme.
Le sixième chapitre du rapport du camarade Enver Hodja au sixième congrès du Parti du Travail d’Albanie, « le marxisme-léninisme, doctrine toujours jeune et scientifique » est une analyse serrée, de portée universelle, une arme acérée contre toutes les falsifications du marxisme-léninisme.
Le grand mouvement entrepris par le peuple albanais, sous la direction de son Parti marxiste-léniniste, pour la révolutionnarisation générale et la trempe de l’homme nouveau, se place également sous le signe de la révolution ininterrompue sous la dictature du prolétariat.
L’unité totale du Parti Communiste Chinois et du Parti du Travail d’Albanie, du camarade Mao Tsé-toung et du camarade Enver Hodja, dans la lutte contre l’impérialisme et le révisionnisme constitue le bien le plus précieux du prolétariat mondial.
Comme il est évident que sous Lénine et sous Staline, la pierre de touche de l’internationalisme prolétarien était la défense inconditionnelle de l’URSS, aujourd’hui, la pierre de touche de l’internationalisme prolétarien, c’est la défense inconditionnelle de la République Populaire de Chine, de la République Populaire d’Albanie et de leur unité totale.
Mais il est certain que nous attachons la plus grande importance à tous les Partis marxistes-léninistes du monde, jeunes partis souvent, qui se construisent et s’édifient dans des conditions difficiles. Rien ne pourra les abattre car ils sont ce qui naît et qui est porteur d’avenir. Nous avons déjà eu beaucoup de contacts avec eux et il s’en est dégagé une grande unité de vue. Il est évident que ces contacts se multiplieront. Plus particulièrement, la constitution de l’Europe des monopoles fait obligation de contacts plus étroits et plus fréquents entre Partis et organisations marxistes-léninistes d’Europe occidentale pour dégager une stratégie et une tactique communes. Cela devrait conduire dans un délai raisonnable à une rencontre de tous les Partis et Organisations Marxistes-Léninistes d’Europe Occidentale.
Camarades,
Les tâches qui se présentent devant nous sont immenses. Notre petit Parti s’est renforcé idéologiquement. C’est un Parti marxiste-léniniste, dont la majorité des membres sont ouvriers et dans lequel les autres travailleurs compris les intellectuels et les étudiants sont à l’aise : non pas des « savants » pleins de suffisance mais des camarades égaux en droits et en devoirs. Notre Parti est un Parti jeune, où plus de la moitié des militants ont moins de 35 ans ; il y a de nombreux jeunes proches de nous, qui s’organisent et qui acceptent la direction du Parti. Mais c’est aussi un Parti où les camarades plus âgés, les vétérans ont leur place pleine et entière.
Ce premier congrès du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique met au point le programme, les statuts, les thèses du Parti. Nous allons retourner vers la pratique et il en résultera de nouveaux enrichissements de la théorie.
Avec dévouement et abnégation, avec l’esprit de servir le peuple et la classe ouvrière, avec audace et décision, nous allons de l’avant. Nous allons devoir surmonter bien des difficultés. Nous devons faire preuve d’initiative. L’ennemi de classe nous frappera et il nous frappera d’autant plus fort que nous avancerons. Sachons utiliser toutes les formes de luttes, légales ou illégales. Ayons conscience que l’ennemi ne reculera devant rien même pas devant le crime. Et pourtant aujourd’hui, nous avons déjà une certitude : quelles que soient les vissicitudes de la lutte, ce sont les communistes qui vaincront.
Vive le premier Congrès du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique !
Vivent le peuple flamand, le peuple wallon, les travailleurs bruxellois, les travailleurs immigrés ! Vive la classe ouvrière, classe dirigeante du combat révolutionnaire !
Gloire au marxisme, au léninisme, à la pensée de Mao Tsé-toung !
Prolétaires de tous les pays, nations et peuples opprimés, unissez-vous !
Camarades,
Le Comité Central m’a chargée du rapport d’organisation. Nous devons constater que l’organisation reste un point faible et que nous rencontrons encore de grandes difficultés pour faire entrer dans les faits la ligne du Parti et les décisions élaborées au cours des trois conférences des militants préparatoires à ce Congrès − conférences qui ont eu lieu au cours des deux dernières années.
Il nous faut analyser les conditions objectives de cette faiblesse et de nos difficultés.
Lors de la conférence de La Louvière en novembre 1967 qui a dénoncé la trahison de Grippa, la presque totalité des camarades présents étaient des camarades qui avaient milité dans Je parti de Lalmand et de Burnelle ensuite dans le parti de Grippa et cela, aussi bien pour les jeunes que pour les plus âgés. Pendant toute cette période de militantisme au sein de partis révisionnistes, tout sentiment révolutionnaire avait été étouffé.
La conférence de La Louvière s’est déroulée dans une confusion totale et sans débat idéologique en profondeur, sans auto-critique réelle. Ce qui réunissait les participants, c’était la défense de la Chine socialiste et du camarade Mao Tsé-toung, calomniés par Grippa − suivant en cela le critère de l’internationalisme prolétarien selon Dimitrov, qui à l’époque actuelle devient :
« La pierre de touche de l’internationalisme prolétarien, c’est la défense inconditionnelle de la République Populaire de Chine et la République Populaire d’Albanie ».
Cela était certainement très important mais c’était bien insuffisant ! Aucune analyse de la situation en Belgique n’a été faite. On doit avoir le courage de dire, parce que l’expérience l’a prouvé, que bien peu de camarades comprenaient les apports de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, assimilaient tout l’extraordinaire enrichissement apporté au marxisme-léninisme par le camarade Mao Tsé-toung.
En fait, la porte du Parti était grande ouverte à tous les courants révisionnistes existants : spontanéistes, opportunistes tant de « gauche » que de droite, charriant les diverses conceptions du sectarisme et du libéralisme.
Ces courants se sont manifestés jusqu’au sein du Comité Central où tout travail devenait difficile sinon impossible. Le Comité Central au lieu de diriger le Parti était devenu un club de discussions stériles et vaines, au niveau idéologique très bas.
Cette situation a duré deux années pendant lesquelles nous avons subi des pertes sévères en effectifs. Nous avons d’abord perdu les étudiants dits du « mouvement » passés sur des positions spontanéistes. Nous avons dit combien cette scission avait été mal faite, sans aucune lutte idéologique, bureaucratiquement et c’était une conséquence de la faiblesse du Comité Central et de son manque d’unité.
Cette situation ne pouvait durer. Déjà une certaine prise de conscience de la fausse ligne du parti en matière nationale était apparue en 1968 au moment du combat pour « Louvain flamand ». Mais l’analyse n’avait pas été poursuivie à cause d’un groupe d’anciens camarades qui de plus en plus optaient pour des positions ultra-droitières, franchement révisionnistes.
Mais Il faut dire que beaucoup de camarades qui ont mené la bataille pour ligne marxiste-léniniste n’avaient pas à l’époque claire conscience de la situation réelle du Parti.
C’était l’époque de la totale inorganisation du Parti, de l’absence de structures seules quelques organisations locales sans vie existaient.
La bataille pour la ligne politique juste, on ne peut lui donner une date de naissance exacte car, malgré toutes les faiblesses que nous dénonçons ici, des camarades conscients ont posé correctement les problèmes. C’est à époque, répétons-le, que nous avons corrigé une ligne petite bourgeoise sur la question nationale, que nous avons adopté une position correcte sur l’unité des révolutionnaires et plus spécialement des marxistes-léninistes.
Mais le grand tournant a été l’année 1970. Elle a commencé avec la grande grève des mineurs du Limbourg. Elle a été celle du long combat des Tubes de Jemappes où le Parti a très bien joué son rôle d’avant-garde, des grèves de Caterpillar, de Michelin, des Forges de Clabecq. Nous nous sommes mêlés à ces combats, même dans des régions où nous n’avions pas alors d’organisation, comme au Limbourg par exemple. C’est dans tous ces combats de classe en écoutant les travailleurs, en nous liant à eux que nous avons beaucoup, beaucoup appris et que nous avons trouvé ou plus exactement retrouvé certaines vérités essentielles.
C’est au contact des travailleurs en lutte, à l’unisson avec eux, que nous avons trouvé la force et la volonté de changer la ligne du parti, de partir au combat idéologique contre l’aile droite du Parti. C’est ainsi que nous avons compris la portée réelle de ce principe léniniste : la nécessité absolue d’organiser le Parti en cellules.
Répétons bien ce principe. Tout membre du Parti DOIT être membre d’une cellule, la seule exception que nous devons tolérer tient au fait que nous sommes un petit Parti et que dans quelques régions rurales ou semi-rurales, certains camarades sont isolés. Encore devrons nous avoir à cœur, pour briser cet isolement, de prévoir des réunions avec eux et une forme spécifique l’organisation.
Mais pour le reste, on n’est pas membre du Parti tant qu’on ne milite pas dans sa cellule de base.
Nous devons évidemment donner la priorité aux cellules d’entreprise puisque c’est à l’entreprise que chaque jour le travailleur subit l’exploitation capitaliste, où il est fort de son nombre et où s’affrontent les deux classes. Notre préoccupation doit être la formation de cellules d’entreprises et, au niveau de l’action de masse, la formation de comités de luttes qui deviendront progressivement des noyaux du syndicat rouge. Mais ces comités de lutte immanquablement s’effondreront s’il n’y a pas de cellules d’entreprises du Parti.
A côté des cellules d’entreprises qui sont essentielles, il doit y avoir des cellules de quartier qui doivent s’occuper aussi des revendications de la population ouvrière dans son sens le plus large et d’aider à la constitution des cellules d’entreprises.
Il faut aussi organiser les cellules dans les organisations de masse où nous militons. Il est évident que nous devons savoir combiner le travail légal et illégal, que nos cellules partout doivent être clandestines surtout dans les entreprises, car c’est là que la répression se fait sentir le plus brutalement.
Camarades,
Il ne faut pas voir que nos insuffisances, que nos défauts. Certes, nous devons être sans complaisance ; nous devons bannir toute présomption mais nous ne devons pas sous-estimer ce que nous avons fait. De même que l’année 1970 a marqué un tournant important dans la lutte entre les deux lignes, l’année 1972 voit un important tournant au point de vue organisationnel. Le Parti se structure selon des normes léninistes.
Des cellules se sont constituées dans plusieurs régions et d’autres sont en voie de construction. Il en résulte un travail intense et notamment des initiatives précieuses dans le travail de masse dans les entreprises et parmi les jeunes.
Le travail de masse parmi les femmes reste encore insuffisant, cependant il est aujourd’hui abordé et là aussi existent les conditions pour un progrès réel.
Depuis la Conférence de La Louvière, le Parti a complètement changé de visage. Il y a un total renouvellement. Si des anciens militants sont restés parmi nous, la plupart de nos militants sont de nouveaux camarades. La double caractéristique du Parti, c’est d’abord que la majorité de ses membres sont des ouvriers ; c’est ensuite que la majorité de ses membres sont jeunes.
Un mot à ce sujet. Nous avons un apport de jeunes appréciables à Bruxelles, à Mons-Borinage, à Charleroi, à Liège, à Verviers, dans le Limbourg. Ces jeunes et d’ailleurs tous nos nouveaux militants sont pleins d’initiative et d’enthousiasme, ils n’ont jamais appartenu à une organisation révisionniste et cela est très important car il faut beaucoup lutter pour se débarrasser des mauvaises habitudes acquises chez les révisionnistes.
Camarades, les progrès idéologiques de notre Parti sont incontestables.
Nos documents sont assurément un apport né d’un débat idéologique très long et très ferme, d’analyses et de recherches. Ils sont le résultat de la pratique directe et indirecte. Mais il est évident que l’organisation du Parti est encore en retard. D’où viennent les difficultés aujourd’hui ?
Elles viennent essentiellement d’une mauvaise direction en matière d’organisation et de la persistance de méthodes incorrectes et de mauvaises habitudes.
Il y a défaut de responsabilité dans le travail, insuffisance du contrôle des tâches, improvisation dans l’accomplissement des tâches.
On a trop bavardé sur l’organisation et pas assez appliqué. En certains endroits les cancans et le libéralisme ont fait beaucoup de tort. Un certain goût du bureaucratisme subsiste. Les réunions manquent de vie et sont insuffisamment préparées. Trop de camarades n’admettent pas la critique et ont peur de l’autocritique.
Camarades,
Nous avons à renforcer notre organisation à tous les niveaux.
Les cellules ont pour tâche fondamentale la réalisation de la politique du Parti ; elles développent dans ce sens les actions de propagande, d’agitation et d’organisation.
Il appartient à la cellule de veiller avec un soin attentif à l’éducation politique de ses membres ; de se lier étroitement aux masses, de discuter de la vie du Parti, de faire des suggestions et des critiques.
La cellule recrute de nouveaux membres et les entraîne dans la lutte. Le Comité Central que nous élirons à la fin de nos travaux doit être une équipe unie sur la ligne du Parti, confiante, ardente. Il faut que, collectivement, cette équipe se sente responsable de l’organisation. Il est nécessaire que tous les camarades du Comité Central aient des contacts avec l’ensemble des régions, soient en permanence mobilisés pour le bon fonctionnement du Parti.
Le Comité Central doit être composé, selon l’expression de Lénine, de révolutionnaires professionnels. Nous ne voulons pas dire par là que chacun doit devenir permanent, cela veut dire qu’il s’agit de militants à cent pour cent. Mis à part ce qui est nécessaire pour la vie professionnelle, ils apportent tout leur temps au Parti. Ils harmonisent leur vie privée avec leur vie militante, un juste repos avec une constante activité révolutionnaire. Les tâches de direction seront réparties mais chacun devra se sentir concerné par le travail de tous.
Le Comité Central devra veiller avec un soin particulier à susciter de nouveaux cadres. Tous ces nouveaux militants, tous ces jeunes enthousiastes devront devenir des responsables de l’organisation. Il faudra les entourer, les aider dans cette tâche. Cela, c’est un travail essentiel.
Camarades, il faut toujours dire la vérité. Ce que nous avons fait est le travail encore modeste d’un petit Parti. Mais il est incontestable que nous avons progressé.
Nous avons progressé quand nous sommes allés aux masses, quand nous nous sommes liés aux masses, quand nous avons écouté les masses.
Je parlais tout à l’heure des luttes de 1970 où nous avons joué un rôle.
Nos mots d’ordres ont été bien accueillis par les travailleurs dans les grèves récentes. « Clarté » reçoit de nombreuses informations d’ouvriers, oralement et par lettres. Tout cela prouve que, quand on est lié aux masses et particulièrement aux travailleurs, on progresse.
Si nous continuons dans cette voie, nous progresserons encore. Si nous ne le faisons pas, nous reculerons.
Mais nous le ferons car chacun de nous est conscient que c’est dans cette direction qu’il faut aller. N’oublions pas que ce travail doit être strictement organisé. Dans son rapport au XVIIe Congrès du Parti Communiste (bolchévik) de l’URSS, le 26 janvier 1934, Staline a souligné l’importance des problèmes d’organisation. Il disait :
« D’aucuns pensent qu’il suffit d’élaborer une juste ligne du Parti, de la proclamer hautement, de l’exposer sous forme de thèses et résolutions générales, et de l’adopter à l’unanimité pour que la victoire vienne d’elle-même, pour ainsi dire spontanément. C’est une grande erreur. Seuls tes bureaucrates et les paperassiers incorrigibles peuvent penser ainsi. En vérité, ces succès et victoires n’ont pas été remportés spontanément, mais dans une lutte acharnée pour l’application de la ligne du Parti. La victoire ne vient jamais d’elle-même, ordinairement on l’arrache. De bonnes résolutions, des déclarations en faveur de la ligne générale du Parti, ce n’est qu’un début : elles ne signifient que le désir de vaincre et non la victoire en elle-même. Après qu’une juste ligne, une juste solution du problème a été donnée, le succès dépend du travail d’organisation, de l’organisation de la lutte pour l’application pratique de la ligne du Parti, du choix judicieux des hommes, du contrôle de l’exécution des décisions adoptées par tes organismes dirigeants. Sans cela la ligne juste du Parti et les justes décisions risquent d’être sérieusement compromises. Bien plus : la ligne politique juste une fois donnée, c’est te travail d’organisation qui décide de tout, y compris du sort de la ligne politique elle-même, de sa réalisation ou de son échec ».
Méditons ces recommandations de Staline. Du vivant de Lénine, il a été le responsable de l’organisation du Parti Bolchévik, de la Révolution d’Octobre. Puis il a dirigé le Parti qui, quoi qu’en disent les ennemis, a remporté d’immenses victoires. Il sait de quoi il parle.
Camarades, nous en sommes au début. Notre premier Congrès est important pour mettre en application la ligne du Parti qui a été élaborée pendant ces deux années.
Le succès dépend du travail d’organisation de chacun de nous dans le Parti, dans les organisations de masse.
C’est une nouvelle étape qui commence. Pour avancer, pour nous renforcer, ayons le plus grand souci de l’organisation.
Que l’organisation soit la préoccupation de chacun de nous !
CHAPITRE 1.
L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN EST LE PIRE ENNEMI DES PEUPLES
1.
C’est de janvier à juin 1916, en pleine guerre impérialiste, à la veille de la Grande Révolution Socialiste d’Octobre, que Lénine écrivait sa capitale analyse : « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme ». La notion d’impérialisme est une notion scientifique qui a été souvent obscurcie. On l’a identifié à l’esprit de conquête, voire au chauvinisme. C’est ainsi que des historiens bourgeois ont pu parler de « l’impérialisme de Jules César », et des politiciens wallingants parlent couramment d’« impérialisme flamand ».
Si nous voulons faire une analyse correcte, il faut retourner aux sources.
Lénine disait :
« Si l’on devait définir l’impérialisme aussi brièvement que possible, il faudrait dire qu’il est le stade monopoliste du capitalisme ».
Voilà qui permet déjà de faire échec aux analyses bourgeoises ou dogmatiques de l’impérialisme.
Cependant Lénine disait lui-même combien cette définition couvrant l’essentiel restait insuffisante :
« Mais les définitions trop courtes, bien que commodes parce que résumant l’essentiel, sont cependant insuffisantes, si l’on veut dégager des traits fort importants de ce phénomène que nous voulons définir. Aussi, sans oublier ce qu’il y a de conventionnel et de relatif dans toutes les définitions en général, qui ne peuvent jamais embrasser les liens multiples d’un phénomène dans l’intégralité de son développement, devons-nous donner de l’impérialisme une définition englobant les cinq caractères fondamentaux suivants :
(1) concentration de la production et du capital parvenue à un degré de perfectionnement si élevé qu’elle a créé les monopoles, dont le rôle est décisif dans la vie économique ;
(2) fusion du capital bancaire et du capital industriel, et création, sur la base de ce « capital financier » d’une oligarchie financière ;
(3) l’exportation des capitaux, à la différence de l’exportation des marchandises, prend une importance toute particulière ;
(4) formation d’unions internationales monopolistes de capitalistes se partageant Je monde ;
(5) achèvement du partage territorial du globe entre les plus grandes puissances capitalistes.
L’impérialisme est le capitalisme arrivé à un stade de développement où s’est affirmée la domination des monopoles et du capital financier, où Je partage du monde a commencé entre les trusts internationaux et où s’est achevé le partage de tout Je territoire du globe entre les plus grands pays capitalistes ».
2.
Une des lois les plus importantes énoncées par Lénine est celle du développement inégal du capitalisme. Il écrit :
« Or, les forces respectives de ces participants au partage du monde varient de façon inégale, car il ne peut. y avoir en régime capitaliste de développement UNIFORME des entreprises, des trusts, des industries, des pays. L’Allemagne était, il y a un demi-siècle, une quantité négligeable, par sa force capitaliste comparée à celle de l’Angleterre d’alors ; il en était de même du Japon comparativement à la Russie. Est-il concevable de supposer que, d’ici une dizaine ou une vingtaine d’années, le rapport des forces entre les puissances capitalistes demeurera inchangé ? C’est absolument inconcevable ».
Les lois du développement inégal du capitalisme ont conduit à la suprématie de l’impérialisme américain. Celui-ci a profité à fond des deux guerres mondiales qui lui ont permis d’éliminer ses rivaux affaiblis par les conflits, principalement ses rivaux britanniques, pour se renforcer et dominer le monde encore capitaliste.
Aujourd’hui, les impérialistes américains ont pris la relève d’Hitler dans ses rêves de domination du monde, mais ils les conduisent plus loin encore. Ils tentent d’établir un empire mondial comme il n’en a jamais existé. Ils veulent contrôler le monde ;
– toute l’Amérique du Nord et toute l’Europe occidentale et pour cela ils comptent sur la pénétration des capitaux, la corruption et des gouvernements dévoués jusqu’à l’inféodation ;
– tous les pays dits du tiers monde (Asie, Afrique, Amérique latine) et pour cela ils utilisent des fantoches, ils interviennent par le fer et par le feu ; ils organisent des complots ; ils soudoient des politiciens ;
– ils visent à renverser les régimes socialistes, à encercler les pays restés fidèles au socialisme, à les agresser.
L’impérialisme américain est devenu le plus grand exploiteur international, la principale force d’agression et de guerre. Il est le rempart principal de la réaction mondiale, le gendarme international. Il est le principal ennemi des peuples.
Son agression contre le Vietnam, le Laos, le Cambodge dépasse en horreur ce que l’hitlérisme avait fait.
Derrière la création de l’Etat artificiel d’Israël au détriment du territoire palestinien, derrière l’oppression fasciste du peuple palestinien par les agresseurs sionistes, c’est encore l’impérialisme américain que l’on trouve.
Et on le trouve encore dans le coup d’État fasciste et militaire d’Indonésie et le massacre d’un million de communistes et d’anti-impérialistes ; on le trouve dans tous les coups d’État réactionnaires, derrière les gouvernements fantoches qui ne subsistent que par la terreur, en Asie, en Amérique latine, en Afrique, ailleurs encore. Il maintient sous sa dépendance le territoire chinois de Taïwan. Il est le soutien des régimes fascistes criminels du Portugal, d’Espagne, de Grèce, de Turquie.
3.
En poursuivant cette politique criminelle, les impérialistes hâtent également la prise de conscience des peuples, leur résistance et ils impulsent ainsi la révolution.
Les impérialistes américains se sont mis en opposition avec les peuples du monde entier, ils sont haïs partout. Dans les vastes régions d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, les peuples se lèvent et c’est à juste titre que le Parti Communiste Chinois a pu dire que ces régions constituent « la principale zone des tempêtes de la révolution mondiale ».
La lutte des peuples de la zone des tempêtes révolutionnaires porte des coups très durs à l’impérialisme américain et mine sérieusement sa puissance. C’est aujourd’hui le front le plus important de la révolution mondiale.
Les coups portés par les peuples du monde, au premier rang desquels les peuples d’Indochine, ont précipité la grave crise de l’impérialisme américain.
Celle-ci n’est plus niée par personne, même pas par les économistes de l’impérialisme américain.
4.
La décadence de l’économie américaine est totale. Pourtant sa puissance paraissait immense, voire inébranlable à certains qui ont inventé la théorie de pactiser avec lui. L’impérialisme américain était le maître du monde capitaliste. Il avait, à la faveur de la seconde guerre mondiale, accumulé une quantité d’or, la plus grande qui soit. Il avait imposé un système monétaire par lequel le dollar est rattaché à l’or et toutes les autres monnaies capitalistes sont accrochées au dollar.
Les investissements de capitaux dans les pays étrangers sont à plus de la moitié américains. La première puissance industrielle du monde, c’est l’industrie américaine. La seconde puissance industrielle du monde, c’est l’industrie américaine à l’étranger.
Pourtant, cette puissance chancelle. La politique d’agression contre les peuples, de gendarme du monde, l’entretien de régimes fantoches, la corruption des classes dirigeantes coûte cher. Les réserves d’or américaines ont fortement diminué. La politique de crédit à l’intérieur et à l’extérieur est ruineuse. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, les réserves d’or des USA étaient évaluées à 24 milliards 600 millions de dollars ; elles sont tombées à 9 milliards 700 millions de dollars. La situation est d’autant plus précaire que les dettes extérieures à court terme s’élèvent à 50 milliards de dollars dont plus de 30 milliards sont contrôlées par des banques d’émissions étrangères et sont convertibles en or à tout moment.
La situation est tellement grave que dans son discours du 16 juillet 1971, Nixon laissait tomber pas mal d’aveux :
« Il y a vingt-cinq ans, nous étions militairement le numéro un dans le monde… Nous avions le monopole des armes atomiques… A l’époque nous étions aussi économiquement, de loin, le numéro un. Les États-Unis d’Amérique produisaient la moitié de tous les produits du monde. En termes de poker, les États-Unis disposaient de tous les jetons. Comparés avec la position où nous nous trouvions immédiatement après la seconde guerre mondiale, les États-Unis font face à un défi dont nous n’avons même pas rêvé ».
5.
Dans l’espoir de redresser la situation, le 15 août 1971, Nixon annonçait une « nouvelle politique économique ». Il édictait une série de mesures spectaculaires : la surtaxe de 10 pour cent sur les importations ; une réduction de 7 pour cent de la taxe d’investissement aux compagnies américaines qui achètent les produits américains ; la suspension de la convertibilité en or du dollar; en outre, une série de mesures étaient prises sur le plan intérieur qui toutes se caractérisaient par la régression sociale − notamment le blocage des salaires. En même temps, le gouvernement faisait savoir qu’il n’était nullement question de dévaluer le dollar et qu’il entendait que les monnaies des pays capitalistes les plus puissants soient « réévaluées » pour redresser la position des marchandises américaines sur les marchés mondiaux.
6.
Le diktat de Nixon a accentué les contradictions qui minent l’impérialisme américain, dans la mesure où il entend faire payer la crise financière et monétaire des USA par les autres pays et par les travailleurs américains. Les remous ont été vifs − on peut même dire violents. Il est fini le temps où tous les pays du monde capitaliste se mettaient au garde-à-vous sans broncher dès que le « boss » yankee donnait ses ordres.
Et la « nouvelle politique économique » n’a rien donné ! Le déclin de l’économie américaine est nettement marqué. D’août 1969 à novembre 1970, la production industrielle américaine a baissé de 7,6 pour cent. De décembre 1970 à juin 1971, il y a eu une quasi-stagnation. En juillet 1971, on a assisté à une baisse de 5,3 pour cent par rapport à l’année précédente. Au cours du premier trimestre de 1971, 2.807 entreprises ont fait faillite, soit 355 en plus que durant la période correspondante de 1970.
La production d’acier a baissé au cours de l’année à tel point qu’elle a atteint son niveau le plus bas depuis 25 ans. En octobre 1971, l’industrie américaine ne fonctionnait qu’à 74,5 pour cent de sa capacité. Le taux de croissance de la production globale des Etats-Unis est passé de 8 pour cent durant le premier trimestre de 1971 à 4,8 pour cent au cours du deuxième trimestre et à 3,9 pour cent au cours du troisième trimestre.
Le chômage est passé de 2.600.000 en décembre 1968 à plus de 5 million pour toute l’année 1971 (et il reste à ce niveau au cours du premier semestre de 1972), soit le record absolu au cours des neuf dernières années.
Le déficit fiscal pour 1972 est d’ores et déjà fixé à quelque 28 milliard de dollars, soit 1.400 milliards de francs belges ! Au cours des années 1970-1971 les prix ont augmenté officiellement de près de 15 pour cent et il est évident que cette hausse des prix porte atteinte aux exportations américaine. Pour la première fois depuis 1893, le commerce extérieur des USA a été déficitaire en 1971. Le déficit de la balance des paiements en 1971 a été de l’ordre de 30 milliards de dollars et le déficit commercial a dépassé les 2 milliards de dollars.
7.
Comme toujours en pareil cas, les réactionnaires n’ont d’autre solution que de faire payer le peuple. Le blocage des prix et des salaires instauré par Nixon s’est traduit par un vrai blocage des salaires mais il n’y a pas eu de blocage des prix. Ceux-ci ne cessent de monter.
Dans ces conditions, les luttes de classes ont redoublé de vigueur. Les grèves des ouvriers et d’autres travailleurs se sont multipliées, notamment celles des dockers, des travailleurs du téléphone, etc. Il s’est agi de grèves longues et dures portant des coups aux monopoles capitalistes.
De puissantes manifestations et démonstrations d’ouvriers, de jeunes, de soldats ont eu lieu contre l’agression en Indochine qui a englouti une somme de 1.500 milliards de francs belges en dix années et qui se termine par un désastre.
Ainsi, les minorités nationales, les Afro-américains, les Portoricains, les Mexicains, etc. ont déclenché et durci leurs luttes qui, partout, ont fait mal l’impérialisme américain.
En fait, Nixon a avivé les contradictions avec son propre peuple.
CHAPITRE II
LES CONTRADICTIONS INTER-IMPERIALISTES
8.
En suspendant la convertibilité en or du dollar, Nixon a voulu forcer les autres pays à garder un dollar amoindri et à « réévaluer » leur monnaie. En fait il a proclamé à la face du monde que la valeur du dollar n’offrait plus aucune garantie. Il en est résulté une invraisemblable pagaille sur le marché des changes, une fuite devant le dollar qui a baissé de valeur d’autant plus rapidement.
En décrétant une taxe de 10 % sur les importations, Nixon a frappé d’autres pays capitalistes qui étaient ses plus fidèles alliés comme le Japon, le Canada, l’Allemagne occidentale, lesquels sont de gros exportateurs vers les États-Unis. La Belgique également a été touchée parce qu’elle exporte vers les États-Unis de l’acier, du verre et des glaces, du ciment, etc.
Mais c’est évidemment le Japon qui était le plus frappé puisqu’un tiers de ses exportations vont vers les États-Unis. Les pertes subies furent fulgurantes : 3 milliards en quelques semaines ; baisse des actions des sociétés capitalistes de 20 % en cinq jours !
Cependant ce diktat s’est retourné contre ses auteurs. Devant les mesures de Nixon, les monopoles japonais ont décidé d’accentuer leur effort de pénétration en Europe occidentale et en Union Soviétique. Ils en ont les moyens. Actuellement le rythme de développement de l’industrie japonaise est plus rapide que celui de l’industrie américaine. Les investissements japonais en Belgique se sont accru plus vite que les investissements américains. L’exportation des marchandises japonaises va augmenter dans toute l’Europe occidentale. Il va certainement en résulter de nouvelles contradictions inter-impérialistes. Mais aussi, dans les milieux capitalistes japonais sont apparus et se sont développé des courants hostiles à l’impérialisme américain. Jusqu’au sein du parti majoritaire, on pose la question d’une révision de la politique étrangère du Japon, jusqu’ici étroitement suiviste de l’impérialisme américain.
9.
Les contradictions des principaux impérialismes se sont manifesté de multiples façons. Engagées dans le processus de construction de l’Europe à dix, la France, l’Allemagne occidentale, la Grande Bretagne ont adopté position commune et fait reculer l’impérialisme américain. Celui-ci a dû dévaluer le dollar de 7,89 % et supprimer la surtaxe de dix pour cent sur les importations ainsi que d’autres mesures protectionnistes. La résistance ouest-européenne a d’ailleurs été conjuguée avec l’opposition du Japon, du Canada à un maître qu’ils avaient jusqu’ici solidement suivi.
Pour la première fois, l’impérialisme américain s’est trouvé devant le bloc de pays capitalistes avancés qui lui ont tenu tête. Quels que soient les avantages temporaires que peuvent apporter une dévaluation sur le plan des exportations (surtout quand elle se double d’une « réévaluation » de monnaies concurrentes). Il s’agit d’un dur échec des monopoles américains.
Au stade de l’impérialisme, l’exportation des capitaux devient plus importante que l’exportation des marchandises. La dévaluation du dollar et la réévaluation des autres monnaies rend moins avantageux et plus difficiles les investissements de capitaux américains en Europe occidentale, au Japon et au Canada. Par contre, les investissements ouest-européens et japonais aux États-Unis sont plus faciles puisqu’avec la même quantité de marks, de livres, de francs, de yens … on a plus de dollars.
Cet aspect a d’ailleurs été souligné tout particulièrement par les monopoles ouest-allemands qui s’en sont réjouis.
10.
Toutefois, en acceptant de « réévaluer » leur monnaie, un certain nombre de pays dont la Belgique ont montré qu’ils n’osaient pas encore aller jusqu’au bout dans leur opposition aux USA. Ils ont eu peur de représailles dans un temps où menace une crise économique. Cette réévaluation » est évidemment un leurre. Celle-ci n’est que relative par rapport au dollar. Elle signifie que les monnaies concernées sont en moins mauvaise posture que le dollar rien d’autre. Si la réévaluation était concrète, cela se marquerait par la diminution des prix. La monnaie n’est qu’un instrument servant à mesurer la valeur. Les marchandises ont évidemment une valeur inchangée. Si la monnaie avait plus de valeur, les prix diminueraient. Mais c’est le contraire qui est vrai. Cela veut dire que, parmi d’autres, le franc belge baisse de valeur. Il est moins malade que le dollar, mais il n’empêche que dans la réalité, il dégringole.
On se trouve en fait devant un des aspects de la crise monétaire du monde capitaliste. Depuis plus de 50 ans, les finances des pays capitalistes se sont placées sous le signe d’une monumentale faillite : inflation, déflation, stabilisation, dévaluation, réévaluation se sont succédé sans jamais rien résoudre. Le franc belge « réévalué » de 1971 vaut deux centimes du franc de 1918 !
Les décisions issues de la conférence des « dix pays les plus riches », les 17 et 18 décembre 1971, ne sont qu’une « solution » partielle, instable, temporaire. Rien n’est résolu puisqu’à été maintenu la non-convertibilité du dollar en or, la position privilégiée du dollar et l’existence de 50 à 60 milliards d’euro-dollars.
Et de fait, à maintes reprises les chroniqueurs financiers ont fait état de baisses spectaculaires du dollar et d’interventions des banques d’émission de divers pays pour empêcher que ces baisses ne tournent à la catastrophe. Ces banques d’émission ont racheté massivement des dollars pour faire monter son cours. Cela ne s’est pas fait par servilité à l’égard des intérêts américains, mais bien par pure panique d’être entraînés à l’abîme en même temps que le dollar.
11.
Nous devons accorder une attention toute particulière aux contradictions inter-impérialistes qui s’expriment dans la constitution de la Communauté Européenne à dix.
Quand après la seconde guerre mondiale fut lancé le slogan de I’« Europe Unie », il le fut par des politiciens réactionnaires : Churchill, Spaak, Schumann, de Gasperi, Monet et quelques autres. Pour ces politiciens, cette Europe-là devait s’inscrire dans une stratégie atlantique contre l’URSS de Staline qui venait de prendre la plus grande part dans la victoire des peuples contre le fascisme allemand et italien. Dans l’idée de ses promoteurs, cette « Europe-Unie » aurait agi comme satellite de l’impérialisme américain.
Cependant, la loi du développement inégal des pays capitalistes a joué inexorablement au détriment de l’impérialisme américain et en faveur des Etats européens. En France, en Grande-Bretagne et même en République Fédérale Allemande, les milieux dirigeants, à l’inspiration des monopoles capitalistes se sentent le vent en poupe, ont de plus en plus considéré l’Europe à former comme une rivale des USA.
Le Marché Commun vise à intégrer l’économie, des six pays capitalistes avancés (maintenant de dix) ; de là, il passera et passe déjà à une intégration politique. On en viendra également à une intégration sur le plan monétaire et même à une intégration militaire. Bien entendu, les grandes monopoles capitalistes n’ont aucunement cure des données nationales ; ils veulent être les maîtres de l’Europe occidentale ; ils veulent imposer aux impérialistes américains et aux social-impérialistes soviétiques un nouveau partage du globe.
12.
De fait, l’Europe des Dix, au fur et à mesure qu’elle s’édifiera, deviendra une rivale très dynamique de l’impérialisme américain en déclin. Il se forme un bloc économique qui a un rythme de développement industriel supérieur à celui des USA, qui a le plus fort commerce extérieur du globe, qui est le plus vaste marché de l’Occident pour l’écoulement des marchandises et qui, du point de vue de la production d’acier et de la plupart des biens de consommation surpassera les deux super-puissances, les États-Unis d’Amérique et l’Union Soviétique. La Communauté des Dix produira plus d’acier, d’étain, de plastiques, d’automobiles, d’énergie nucléaire que les USA et l’URSS ; d’électricité, d’aluminium, de zinc, de textiles artificiels, de camions que l’URSS. Sa flotte marchande sera trois fois plus forte que celle des USA ; sept fois plus forte que celle de l’URSS ; sa flotte pétrolière sera cinq fois plus forte que celle des USA et huit fois plus forte que celle de l’URSS. Sa capacité de raffinage du pétrole est égale à celle des USA et double de celle de l’URSS. Parmi les cinq premiers ports mondiaux on trouve quatre ports européens, New-York occupant la deuxième place (dans l’ordre : Rotterdam, New-York, Marseille, Anvers et Londres).
Le Marché Commun a des réserves d’or et de devises étrangères supérieures à celles des USA.
En 1970, pour la première fois, il y a eu plus d’investissements de capitaux ouest-européens aux USA que de capitaux américains en Europe occidentale. La dévaluation du dollar et la « réévaluation » des monnaies ouest-européennes renforcera cette tendance.
Selon une loi de l’économie capitaliste au stade de l’impérialisme, les monopoles ouest-européens reposent la question du partage du monde ; ils rompent des alliances et en concluent d’autres ; la Communauté Européen s’affirme et conteste la primauté du maître jusqu’ici incontesté, l’impérialisme américain.
13.
Ce qui ne manque pas d’étonner, c’est le refus de certains de voir cette réalité. Staline, peu avant sa mort, avait prévu ce processus d’opposition des pays réduits à une position secondaire au maître, l’impérialisme américain. Dans son livre « Les problèmes économiques du socialisme en URSS, (28 septembre 1952), il écrit :
« En apparence, la sérénité règne partout : les États-Unis d’Amérique ont réduit à la portion congrue l’Europe occidentale, le Japon et autres pays capitalistes ; l’Allemagne de l’Ouest, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, le Japon, tombés dans les griffes des États-Unis, exécutent docilement leurs injonctions. Mais on aurait tort de croire que cette « sérénité » puisse se maintenir pour l’éternité ; que ces pays supporteront sans fin la domination et le joug des États-Unis d’Amérique, qu’ils n’essaieront pas de s’arracher au joug américain pour s’engager sur le chemin de l’indépendance.
Considérons d’abord l’Angleterre et la France. Il est certain que ce sont des pays impérialistes. Il est certain que les matières premières à bon marché et les débouchés assurés ont pour eux une importance de premier plan. Peut-on imaginer qu’ils supporteront sans fin la situation actuelle, quand tes Américains, à la faveur d’une « aide » accordée au titre du Plan Marshall, s’installent dans le système économique de la Grande Bretagne et de la France, système dont ils veulent faire un appendice de l’économie américaine ; quand le capital américain s’empare des matières premières et des débouchés dans les colonies anglo-françaises, préparant ainsi une catastrophe pour les profits élevés des capitalistes anglo-français ? N’est-il pas plus exact de dire que l’Angleterre capitaliste et à sa suite la France capitaliste seront finalement obligés de s’arracher à l’étreinte des États-Unis et d’entrer en conflit avec eux pour s’assurer une situation indépendante et, bien entendu, des profils élevés ?
Passons aux principaux pays vaincus, à l’Allemagne de l’ouest, au Japon. Ces pays mènent aujourd’hui une existence lamentable sous la botte de l’impérialisme américain. Leur industrie et leur agriculture, leur commerce, leur politique extérieure et intérieure, toute leur existence sont enchaînés par le « régime » d’occupation américain. Pourtant, hier encore, c’étaient de grandes puissances impérialistes qui ébranlaient les assises de la domination de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis, de la France en Europe et en Asie. Penser que ces pays n’essaieront pas de se relever, de briser le « régime » des Etats-Unis et de s’engager sur le chemin de l’indépendance, c’est croire aux miracles ».
Ainsi, dès 1952, Staline prévoyait la remise en cause de l’impérialisme américain par les impérialismes rivaux réduits alors pratiquement aux rôles d’appendices. L’analyse de Staline frappe par sa clairvoyance (peu importe que la France ait la première réagi et non la Grande-Bretagne, comme il le croyait). Les contradictions inter-impérialistes ont joué et quelle que soit la puissance de l’impérialisme américain, sa prédominance est remise en jeux.
14.
La constitution d’un Marché Commun à six ne va évidemment pas sans contradictions multiples ; celles-ci augmenteront encore avec le passage au Marché Commun à dix : il y a des divergences graves à propos des problèmes agraires, des questions monétaires, de la politique des impôts, du marché des capitaux, des subventions d’État. Même en admettant que ces contradictions puissent être surmontées, le partage du profit se fera sur la base de la force. Au sein du marché à six, il y a eu des rivalités constantes entre la République Fédérale Allemande et la France pour la direction de la Communauté. Avec le passage à dix, l’impérialisme britannique pose à son tour sa candidature à cette direction.
En outre, les deux super-grands voient d’un mauvais œil la formation de cette Europe des Dix qui entend devenir un troisième super-grand, donc un rival. C’est pourquoi on voit les chefs de file de l’impérialisme américain et du social-impérialisme soviétique multiplier les manœuvres : la séduction succède de à la menace, le chantage au marchandage et vice-versa. C’est pourquoi quoi Nixon a rencontré tour à tour les chefs d’État de France, de Grande-Bretagne, d’Allemagne occidentale, d’Italie. Il ne paraît pas avoir eu beaucoup de succès et c’est ainsi qu’il a été acculé à dévaluer le dollar, malgré toutes les déclarations solennelles précédentes où il disait que cela n’aurait pas lieu.
De leur côté les dirigeants soviétiques ont essayé de séduire les dirigeants français, ouest-allemands, etc. La presse soviétique a maintes fois insisté lourdement sur « le grand potentiel économique que pourraient créer l’URSS et l’Europe réunies ». Au cours du récent congrès du parti révisionniste italien (mars 1972), Amendola, membre du Bureau politique, a préconisé que l’Italie demeure dans le Marché Commun pour le transformer en s’étendant à l’URSS et aux pays de l’Est européen. Quelques jours plus tard, le chef révisionniste français, Marchais, proposait de ne pas en rester aux six ou aux dix mais d’étendre la coopération à « tous les pays européens ». On se trouve donc là devant une tentative du social-impérialisme soviétique de mettre l’Europe des dix à sa remorque. C’est là sans doute le véritable mobile de cette fameuse « conférence de la sécurité européenne » dont parlent sans arrêt les révisionnistes. Mais il est douteux que les appels de sirènes des social-impérialistes soviétiques et de leurs serviteurs aient plus de succès que ceux des impérialistes américains. L’Europe des Dix y verra plutôt la confirmation de son ascension au rang de partenaire égal des deux super-grands.
Les contradictions inter-impérialistes sont une bonne chose, mais la classe ouvrière et les autres travailleurs d’Europe occidentale auraient tort de ne pas voir l’autre aspect de la constitution de la Communauté européenne. Certes, celle-ci, par la force des choses, se dresse contre les deux super-grands et contre l’alliance soviéto-yankee pour le partage du monde, mais elle est l’Europe des financiers, des banquiers et des industriels, l’Europe du capital, l’Europe de la réaction. Le but des monopoles capitalistes ouest européens est d’augmenter leurs profits, de renforcer leur position concurrentielle face à leurs rivaux américains et soviétiques. Or la loi du régime capitaliste n’est pas changée : l’augmentation du profit ne peut se faire que par une exploitation accrue de la classe ouvrière et des autres travailleurs.
Qu’a apporté jusqu’ici l’Europe-Unie ? D’une façon certaine, une baisse de 10 pour cent du niveau de vie de la paysannerie travailleuse ; la diminution de moitié du nombre d’exploitants agricoles. Devant toutes les tares du monde capitaliste, l’Europe-Unie est évidemment impuissante puisqu’elle en est un produit. Dans les pays de la Communauté, la hausse officielle des prix est annuellement de six pour cent ; le chômage ne cesse d’augmenter; il y a de nombreuses fermetures d’entreprises, des licenciements. En deux ans, le monopole multinational Philips a licencié plus de 30.000 travailleurs dans les divers pays d’Europe Occidentale. Les accords AKZO – Union Chimique coûtent l’emploi à plusieurs milliers de travailleurs des textiles artificiels en Belgique, en Allemagne occidentale et aux Pays-Bas. La fusion BSN – Glaverbel aura les plus graves conséquences pour les travailleurs du verre en Belgique.
L’Europe-Unie n’apporte évidemment rien de bon pour les travailleurs. Elle permet aux monopoles de rationaliser dans un sens qui est défavorable aux ouvriers, aux petits paysans, aux employés, etc. Ceux-ci ne se laisseront pas faire, riposteront, déclencheront des batailles de plus en plus importantes, mais ils trouveront devant eux un ennemi qui sera renforcé. L’Europe-Unie capitaliste sera une Europe de la répression et de la contre-révolution.
CHAPITRE III
LE SOCIAL-IMPERIALISME SOVIÉTIQUE
16.
En fait, le social-impérialisme soviétique n’est pas d’une autre nature que l’impérialisme de type classique. Mais il mérite d’être étudié, dénoncé, stigmatisé car c’est un impérialisme qui, pour mieux déployer ses crimes et ses turpitudes, se drape dans les plis du drapeau rouge et qu’en raison de la gloire qu’a acquise l’URSS sous la direction de Lénine et de Staline, beaucoup de travailleurs se laissent induire en erreur à ce sujet.
Dans sa lutte contre les opportunistes et contre les révisionnistes, Lénine a montré que « sans révolution violente, il est impossible de substituer l’Etat prolétarien à l’Etat bourgeois» (voir son livre « L’Etat et la révolution »). Il faut briser la machine d’Etat de la bourgeoisie et instaurer la dictature du prolétariat.
Dans sa « Critique du programme de Gotha », Marx parle de la société socialiste, transition entre la société capitaliste et la société communiste :
« Ce à quoi nous avons affaire ici, c’est à une société communiste, non pas telle qu’elle s’est DEVELOPPEE sur les bases qui lui sont propres, mais au contraire, telle qu’elle vient de SORTIR de la société capitaliste ; une société, par conséquent, qui sous tous les rapports, économique, moral, intellectuel porte encore les stigmates de l’ancienne société des flancs des flancs de laquelle elle est issue ».
Dans sa prestigieuse polémique contre le chef révisionniste de l’époque, « La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky », Lénine écrit :
« La transition du capitalisme au communisme, c’est toute une époque historique. Tant qu’el/e n’est pas terminée, les exploiteurs gardent inéluctablement l’espoir d’une restauration, ESPOIR qui se transforme en TENTATIVES de restauration ».
Dans son « Salut aux ouvriers hongrois », il insiste :
« La suppression des classes est le résultat d’une LUTTE DE CLASSES longue, difficile, opiniâtre, qui, APRES le renversement du pouvoir du capital, APRES la destruction de l’Etat bourgeois, APRES l’instauration de la dictature du prolétariat, NE DISPARAIT PAS (comme se l’imaginent les vulgaires représentants du vieux socialisme et de la vieille social-démocratie), mais ne fait que changer de forme pour devenir plus acharnée à bien des égards ».
Le camarade Mao Tsé-toung a développé ces enseignements. Dans son intervention à la réunion de travail du Comité Central de Parti Communiste Chinois, en août 1962, il a observé :
« La société socialiste s’étend sur une assez longue période historique, au cours de laquelle continuent d’exister les classes et les contradictions de classes et la lutte de classes, de même que la lutte entre la voie socialiste et la voie capitaliste, ainsi que le danger d’une restauration ».
Dans la célèbre « Circulaire» du 16 mai 1966 qu’il a personnellement rédigée, il stigmatise ceux qui ont changé de camp, ont pris la voie capitaliste et sont devenus des ennemis :
« Les représentants de la bourgeoisie qui se sont infiltrés dans le parti, dans le gouvernement, dans l’armée et dans les différents secteurs du domaine culturel constituent un ramassis de révisionnistes contre-révolutionnaires. Si l’occasion s’en présentait, ils arracheraient le pouvoir et transformeraient la dictature du prolétariat en dictature de la bourgeoisie ».
17
La Grande Révolution Socialiste d’Octobre a renversé les classes exploiteuses et instauré la dictature du prolétariat, mais les classes et la lutte des classes n’ont pas cessé d’exister.
La bourgeoisie et les autres classes exploiteuses ont été renversées mais pas entièrement liquidées. A certaines périodes, elles ont repris vigueur, surtout à l’époque de la N.E.P. qui, sous la direction du Parti, a été une période de recul dans l’offensive économique pour s’assurer une base suffisante après la dure période de communisme de guerre. Il est certain que lorsque les classes exploiteuses étaient écrasées dans un secteur, elles s’efforçaient de ressurgir dans un autre.
L’idéologie capitaliste n’étant pas éliminée, surgissant de mille façons, des dirigeants à tous les niveaux du Parti, de l’État, de l’économie, de la culture se laissaient séduire et corrompre, essayaient de se créer des positions privilégiées. Certains devenaient de véritables contre-révolutionnaires et se faisaient les agents des impérialismes et du fascisme.
Tant que Staline a vécu, il a traqué impitoyablement les contre-révolutionnaires qui s’étaient infiltrés dans le parti, dans l’Etat soviétique, les Trotsky, Zinoviev, Kamenev, Boukharine, Radek, Toukhatchevsky, etc…
Cependant, quels qu’aient été les immenses mérites de Staline dans sa lutte contre les représentants de la bourgeoisie, il ne put porter le fer décisivement. Dans une société socialiste, des inégalités subsistent entre secteurs économiques, entre régions, entre individus. Il existe donc les conditions objectives pour que se manifestent toutes sortes de phénomènes négatifs, notamment des phénomènes bureaucratiques. Du vivant de Staline, le Parti n’a pas su empêcher qu’entre le centre révolutionnaire et le peuple se crée graduellement une couche bureaucratique qui les sépare et les empêchent d’agir en parfaite unité. Staline a maintes fois dénoncé la malfaisance de la bureaucratie et d’autres phénomènes négatifs, il a lutté fermement contre les dirigeants qui prenaient la voie capitaliste et contre-révolutionnaire. Mais pour cette lutte, le Parti n’a pas pris suffisamment appui sur la mobilisation permanente de la classe ouvrière et des masses populaires ; c’est ce qui a permis aux éléments les plus retors, les plus hypocrites de passer entre les mailles du filet.
Au cours du dix-neuvième Congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique, en octobre 1952, le dernier qui se tint sous la direction de Staline, il a dénoncé certains phénomènes de dégénérescence et de corruption contre lesquels il importait de lutter. Il s’agissait de véritables manifestations de recrudescence bourgeoise. Si Staline avait vécu, il ne fait pas de doute que sous sa direction, le fer rouge aurait été porté sur cette plaie purulente.
La mort de Staline a servi les sourdes menées des dirigeants indignes qui avaient pris la voie capitaliste et contre-révolutionnaire. Aussitôt, leur chef Khrouchtchev est passé à l’attaque ouverte et par un véritable coup d’État, Il n’est emparé de la direction du Parti et de l’État.
Cet événement douloureux pour tous les communistes, pour tous les révolutionnaires a servi de leçon par la négative. La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine, le processus de révolutionnarisation ultérieure en Albanie, parmi tant d’autres mérites, constituent une réponse adéquate à la menace que fait peser le danger de la contre-révolution révisionniste : une mobilisation permanente des masses.
S’il est légitime pour éviter de retomber dans les mêmes erreurs et pour trouver la juste voie de se demander quelles sont les insuffisances d’une époque et d’analyser ce qui a conduit à une situation désastreuse, il est absolument contraire au marxisme-léninisme de calomnier les dirigeants qui sont nés et qui se sont forgés dans le combat révolutionnaire de la classe ouvrière. Lénine a défendu la mémoire de Bébel et de Rosa Luxemburg attaqués par la bourgeoisie et ses agents opportunistes qui caquètent « dans l’arrière-cour du mouvement ouvrier ».
Il a qualifié ces deux dirigeants d’aigles et il a dit :
« Il arrive parfois que des aigles volent plus bas que les poules, mais tes poules ne parviendront jamais à s’élever à la hauteur des aigles ».
Staline a été un dirigeant révolutionnaire infiniment plus grand que Bébel et Rosa Luxemburg. Et durant toute sa vie, il a été calomnié par les pires chefs de file de la réaction et de la trahison. Quelles monstruosités n’ont pas répandues contre lui Churchill et Mussolini, Trotsky et le pape, Hitler et Degrelle ! Quand Khrouchtchev et les siens ont préparé et réalisé leur coup d’Etat contre-révolutionnaire, ils ont commencé par reprendre à leur compte ces monstruosités qu’ils ont voulu parer de l’étiquette de « communistes ». Ces canailles ont compris que pour réussir dans leur criminelle entreprise, ils devaient commencer par détruire l’apport globalement positif de Staline. C’est pourquoi, nous affirmons avec force que la question de Staline est une ligne de démarcation essentielle entre la révolution et la contre-révolution. Rejeter Staline, c’est rejeter le marxisme-léninisme.
Il y aura bientôt vingt ans que Staline est mort. La bourgeoisie, ses complices révisionnistes et trotskystes ont réussi à cacher la réalité. Beaucoup de jeunes sont venus à la révolution qui ignorent tout de l’apport théorique et de l’œuvre de Staline ou qui n’en ont qu’une vue déformée par l’ennemi de classe. Il est un devoir pour tout le Parti, de ses organisations de base au Comité Central, d’étudier de façon scientifique cet apport théorique et cette œuvre.
18.
Dès que Khrouchtchev et sa bande se furent emparés du pouvoir, les pratiques négatives se sont amplifiées. Les dirigeants d’entreprises considérèrent les entreprises comme leur bien propre. Les kolkhozes furent transformés en propriété de type capitaliste entre les mains de hauts fonctionnaires. Les stimulants matériels aggravèrent le mal. Ce fut la chasse au profit et l’on vit des directeurs licencier des ouvriers trop âgés et des femmes enceintes.
Une couche privilégiée a dominé dans le Parti, l’appareil de l’Etat, les diverses branches de l’économie. Elle s’est approprié des fruits du travail du peuple soviétique. Elle fraude, elle corrompt et elle est corrompue. En fait, elle-même n’est pas homogène et à son sommet s’est imposée une bourgeoisie monopoliste bureaucratique qui a en mains l’appareil d’État et qui exploite à son profit toutes les richesses de la société. Elle a converti la propriété socialiste en propriété de type capitaliste ; l’économie socialiste est devenue une économie capitaliste d’État.
Ainsi est apparu un capitalisme de monopoles avec toutes les contradictions d’une économie au stade de l’impérialisme. Khrouchtchev s’était déjà fait remarquer par une série de mesures qui ont provoqué une crise agricole sans précédent, des difficultés sur le plan industriel, une pagaille dans la planification. Depuis l’arrivée au pouvoir de Brejnev et de ses complices, le cours s’est encore accéléré. L’industrie piétine et décline ; l’URSS devient, du point de vue agricole, tributaire d’autres puissances ; il y a de graves pénuries sur les marchés intérieurs. Cependant l’économie est militarisée et le budget militaire pèse de plus en plus lourdement.
19.
Des capitaux étrangers sont investis en URSS. Krupp, Fiat, Renault, la compagnie Française des pétroles, etc. ont introduit largement leurs capitaux. Les richesses de la Sibérie en charbon et en métaux non-ferreux ont été livrées à des monopoles japonais.
Après une récente visite en URSS où il a eu de « fructueuses conversations » avec Kossyguine, le secrétaire d’État américain au commerce extérieur, Stans, a annoncé que les monopoles américains étudiaient la possibilité d’investir et de participer techniquement à l’exploitation des ressources naturelles de l’URSS. Dans un délai rapproché, les États-Unis pourraient retirer l’équivalent de 50 milliards de francs belges de l’exploitation et de l’importation de gaz naturel soviétique. Des compagnies yankees sont en pourparlers pour la mise en exploitation de réserves de gaz naturel, pour la construction d’un pipeline et pour l’exportation de gaz préalablement liquéfié aux États-Unis. En outre, des capitaux américains vont être investis dans l’exploitation de bois, d’étain, de zinc, de chrome et de titane.
Mais en même temps, le capitalisme d’État monopoleur soviétique exporte des capitaux, s’empare des richesses naturelles dans d’autres pays, notamment en Inde, au Brésil, en Iran, en Égypte, dans plusieurs autres pays d’Afrique et d’Amérique latine.
Les social-impérialistes soviétiques baptisent « aide » ce qui n’est pas autre chose qu’une exportation de capitaux. Ainsi ont-ils exporté dans les pays dits du tiers monde un capital de plus de 6 milliards de roubles (soit au taux de change officiel, 325 milliards de francs belges). Mais ce capital est placé essentiellement dans l’industrie d’extraction. Selon la presse soviétique elle-même, sur 600 projets entrepris par l’URSS dans 34 pays d’Asie et d’Afrique, seulement 6 pour cent concernent l’industrie du traitement des métaux, 3 pour cent l’industrie chimique. Le reste est réservé à l’extraction du pétrole, à la construction des bâtiments et aux services commerciaux.
Ainsi les pays qui « bénéficient » de cette « aide » dépendent de la métropole. Il s’agit non seulement d’une dépendance économique, mais encore d’une dépendance politique et militaire. Grâce aux « aides » militaires, les social-impérialistes soviétiques contrôlent les forces armées et les organes militaires des pays « bénéficiaires » ; ils ont en mains les plans d’entraînement, installent ouvertement ou en secret des bases et bien entendu, introduisent leurs services de renseignements.
En fait, les social-impérialistes soviétiques pillent les richesses nationales des pays « aidés » et visent à les transformer en pays dépendants ou semi-dépendants. Ils mènent une politique d’expansion colonialiste.
Vis-à-vis des pays de l’est européen (ex-démocraties populaires) et de la République « populaire » de Mongolie, Brejnev a développé une série de théories qui visent à les ravaler au statut de pays dépendants et au moins pour deux d’entre eux, la Tchécoslovaquie et la Mongolie, au rang de colonies.
Ces théories sont :
– la souveraineté limitée qui permet au révisionnisme soviétique de décider du destin d’un autre pays en fonction des « intérêts socialistes » ;
– « la communauté socialiste», qui permet, sous prétexte d’unité, d’instaurer le contrôle des pays de l’Est européen et de la Mongolie, par le révisionnisme soviétique ;
– « la division internationale du travail » qui permet au révisionnisme soviétique d’orienter l’économie des pays de l’Est européen et de la Mongolie, au mieux des intérêts de la nouvelle bourgeoisie monopoliste soviétique.
Toutes ces théories et d’autres encore sont des théories propres à des puissances impérialistes. La clique des dirigeants révisionnistes soviétiques est passée au social-impérialisme, selon la définition qu’en donne Lénine dans « Les tâches de la lllème Internationale» « socialisme en paroles, impérialisme dans les faits, transformation de l’opportunisme en impérialisme ».
Au cours des dernières années, les social-impérialistes se sont montrés dignes des impérialistes.
Ils ont agressé la Tchécoslovaquie qui échappait à leur contrôle.
Ils ont commis des intrusions contre l’ile de Tchenpao et d’autres territoires chinois.
Ils ont appuyé le plan Rogers de l’impérialisme américain pour tenter de briser la résistance du peuple palestinien.
Ils fournissent aide économique et armement au gouvernement fasciste en Indonésie, à la clique pro-américaine de Lon Nol au Cambodge.
Ils ont instigué l’agression de la bourgeoisie réactionnaire indienne contre le Pakistan et l’annexion par l’Inde du Pakistan oriental sous le masque de l’« indépendance » du prétendu Etat du Bangla Desh.
La restauration du capitalisme s’est accompagnée d’un processus de dégénérescence idéologique, moral, culturel. L’idéologie bourgeoise est devenue l’idéologie dominante, donnant la première place à l’intérêt personnel, à l’individualisme. La culture bourgeoise domine, le technocratisme fait l’objet d’un culte, les préjugés religieux réapparaissent, la corruption s’étend partout.
20.
Aussi il ne faut-il pas s’étonner si les peuples des pays inféodés au social-impérialisme résistent et se révoltent. Il y a une opposition en URSS, et pas seulement l’opposition de droite dont parlent la presse, la radio et la T.V. bourgeoises. Il y a une opposition populaire, des grèves, des manifestations, une littérature clandestine. Les dirigeants soviétiques se sont couverts de honte en envoyant la police contre des manifestations de soutien à la Palestine ou stigmatisant le colonialisme ; des blindés ont été envoyés contre des grévistes ; des camarades fidèles au marxisme-léninisme ont été arrêtés et torturés.
Dans les pays contrôlés, les révisionnistes soviétiques ou locaux se sont rendus coupables de crimes inexpiables. L’envoi des blindés soviétiques et de l’organisation du Pacte de Varsovie contre le peuple de Tchécoslovaquie ; les massacres des ouvriers polonais par les dirigeants révisionnistes prouvent que les révisionnistes ne reculent devant aucun moyen, même les plus ignobles.
Il n’est pas un pays où les révisionnistes sont au pouvoir qui ne se caractérise par un régime de terreur réactionnaire.
Le camarade Mao Tsé-toung a dit :
« En Union Soviétique, à l’heure actuelle, c’est la dictature de la bourgeoisie, celle de la grande bourgeoisie, une dictature de type fasciste allemand, une dictature de type hitlérien ». (Déclaration du 11 mai 1964).
Mais là où il y a oppression, il y a fatalement lutte contre l’oppression. Les contradictions assaillent le social-impérialisme comme l’impérialisme. En tout cas s’avivent les contradictions entre le social-impérialisme et les peuples qu’il opprime, entre les dirigeants soviétiques et leur propre peuple. Les témoignages mêmes des journalistes bourgeois qui ont visité l’URSS prouvent que le peuple soviétique est resté fidèle à Lénine et à Staline.
Mais la chute du révisionnisme ne sera possible que par une nouvelle révolution et la restauration de la dictature du prolétariat. La révolution dépend de l’aptitude des marxistes-léninistes, des bolchéviks soviétiques à reconstituer leur Parti et à se lier aux masses.
CHAPITRE IV
L’ESSOR DES LUTTES RÉVOLUTIONNAIRES DANS LE MONDE
21.
Le rapport des forces dans le monde a beaucoup changé au cours des dernières années. Il est devenu de plus en plus favorable à la cause de la révolution prolétarienne, à la cause de tous les peuples et de toutes les nations dans le monde ; il est devenu très défavorable aux impérialistes, aux réactionnaires et à leurs agents au sein du mouvement ouvrier, les révisionnistes, les sociaux-démocrates, les démocrates-chrétiens.
Comme l’a indiqué le camarade Mao Tsé-toung dans son historique message du 20 mai 1969 :
« Aujourd’hui, dans le monde, la tendance principale, c’est la révolution ».
22.
Ainsi que nous l’avons montré dans le premier chapitre, c’est sur trois vastes continents que convergent les principales contradictions du monde contemporain : l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine. C’est là que la domination impérialiste est la plus faible, parce que son exploitation féroce, impitoyable a créé les conditions d’un prodigieux soulèvement populaire.
La lutte des peuples de la zone des tempêtes révolutionnaires contre l’impérialisme et la lutte révolutionnaire prolétarienne mondiale sont les deux grands courants historiques de notre époque. Ils sont indiscutablement liés. Les révolutions nationales et démocratiques de la zone des tempêtes révolutionnaires sont partie intégrante de la révolution prolétarienne mondiale. Elles concernent des peuples qui constituent l’écrasante majorité de la population du globe.
C’est un devoir fondamental des révolutionnaires prolétariens du monde entier de soutenir résolument et activement les combats des peuples de la zone des tempêtes révolutionnaires parce que, dans une grande mesure, la cause de la révolution prolétarienne mondiale dépend de l’issue de ces combats.
23.
Cependant, nous ne pouvons pas perdre de vue les contradictions qui existent au sein même des révolutions nationales et démocratiques.
C’est au parti révolutionnaire prolétarien, au parti marxiste-léniniste qu’il appartient de conduire le combat anti-impérialiste, le combat de l’indépendance nationale, la lutte pour aller de la révolution nationale et démocratique à la révolution socialiste.
Les conditions fondamentale de la victoire totale, c’est l’alliance de la classe dirigeante de la révolution, le prolétariat et de la paysannerie travailleuse la base de cette alliance, le parti révolutionnaire prolétarien constituent un large front contre l’impérialisme et ses serviteurs, englobant les intellectuels progressistes, la petite bourgeoisie, la bourgeoisie nationale et même certains rois et féodaux entrés en collision d’intérêts avec l’impérialisme et le colonialisme.
Si le combat anti-impérialiste et anti-colonialiste n’est pas conduit par le parti révolutionnaire prolétarien ou si ce parti se laisse submerger par le révisionnisme, la révolution ne peut aller jusqu’à la révolution socialiste. C’est la bourgeoisie qui prend la direction de la lutte puis de l’Etat et elle mène politique d’exploitation des classes travailleuses. Elle finit par verser dans la collaboration avec l’impérialisme.
Si au contraire, la lutte de libération nationale est menée sous la direction du prolétariat, ayant à sa tête un véritable parti révolutionnaire prolétarien, marxiste-léniniste ; si celui-ci pratique à la fois une politique d’union avec toutes les couches anti-impérialistes et d’opposition au nationalisme bourgeois, alors la révolution nationale et démocratique prend la voie du socialisme.
Il importe d’avoir à l’esprit que sans la direction de la classe ouvrière, sans un parti marxiste-léniniste véritable, il est impossible d’aller au socialisme. Certains pays de la zone des tempêtes révolutionnaires peuvent participer au combat anti-impérialiste, même s’ils se prétendent des républiques populaires, s’ils parlent de socialisme, ils n’en sont pas pour autant des États socialistes puisque le pouvoir y appartient à la bourgeoisie nationale ou à la petite bourgeoisie.
24.
Depuis quelques années, il y a eu une énorme recrudescence des combats ouvriers et populaires en Amérique du Nord, en Australie, en Europe occidentale.
Dans ces pays, les conséquences des contradictions inter-impérialistes frappent principalement la classe ouvrière et les autres travailleurs. Les hausses de prix se font ininterrompues ; les cadences infernales brisent les nerfs et la santé des travailleurs ; la dégradation du salaire réel pousse aux heures supplémentaires; les accidents de travail sont en constante augmentation.
Les travailleurs luttent contre l’exploitation accrue. Devant la trahison des syndicats à direction social-démocrate, révisionniste et social-chrétienne, les travailleurs prennent en main leur propre lutte et déclenchent des grèves sauvages. Le phénomène est d’ailleurs suffisamment caractéristique pour qu’il soit devenu objet d’« études » pour de savants sociologues bourgeois.
Dans ces luttes, la conscience de la classe ouvrière s’avive. De puissants mouvements de masse se déclenchent. Les marxistes-léninistes du monde entier ont salué comme un printemps révolutionnaire la grève et la révolte, en mai 1968, de dix millions d’ouvriers et de dizaines de milliers d’étudiants français. Il s’est agi d’un bond en avant du mouvement révolutionnaire, non seulement en France, mais dans toute l’Europe occidentale.
Ce mouvement culmine en ce moment en France, en Italie, en Grande-Bretagne, en Espagne et en Irlande. En Espagne, la résistance antifasciste est devenue un mouvement de masse où la classe ouvrière joue un rôle dirigeant ; dès à présent, la naissance de la lutte armée est à l’ordre du jour. En Irlande du Nord, un peuple se bat avec détermination pour sa libération.
Dans les pays occidentaux existent et se développent les conditions de la révolution prolétarienne victorieuse.
CHAPITRE V
L’IMPÉRIALISME BELGE, CIBLE DE LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE
25.
Dans son « Analyse des classes de la société chinoise » (mars 1926), le camarade Mao Tsé-toung écrit :
« Le parti révolutionnaire est le guide des masses, et on ne connaît pas d’exemples où la révolution, conduite par le parti révolutionnaire sur une voie qui n’était pas la voie juste, n’ait pas subi de défaite. Pour être sûrs de conduire la révolution sur la voie juste et de remporter à coup sûr la victoire, nous devons nous soucier de rassembler autour de nous nos vrais amis pour attaquer nos vrais ennemis. Et pour distinguer nos vrais amis de nos vrais ennemis, nous devons analyser, dans ses traits généraux, la situation économique des classes qui constituent la société chinoise et leur position par rapport à la révolution ».
On sait l’importance capitale qu’a eue l’analyse des classes dans l’établissement d’une juste ligne prolétarienne et pour combattre puis abattre les lignes fausses qui ont un temps prévalu dans le Parti Communiste Chinois.
Il est donc capital de se poser la question : quels sont nos vrais amis, quels sont nos vrais ennemis ?
Des conceptions opportunistes ont vu le jour dans le mouvement révolutionnaire belge. Ainsi, de 1944 à 1954, à la tête de P.C.B., le révisionniste Lalmand et ceux qui le suivaient, sous prétexte de lutte pour l’indépendance nationale, contre l’impérialisme américain, cherchaient les conditions d’un essor de l’économie belge dans le cadre de la dictature des monopoles, donc pour le plus grand profit de la bourgeoisie belge impérialiste.
Ainsi, l’agent révisionniste Grippa a développé au maximum le slogan de « Belgique, colonie américaine » et recherchait l’alliance d’une bourgeoisie nationale, qui était en fait la bourgeoisie impérialiste belge.
Nous-mêmes, nous sommes tombés dans cette erreur et il a fallu un combat contre le schématisme et le dogmatisme, étudier en profondeur les œuvres de Mao Tsé-toung consacrées à ce problème, en premier lieu « Analyse des classes de la société chinoise» (1926). « Préface et postface aux enquêtes à la campagne » (mars – avril 1941), aborder une analyse des classes de la Belgique pour rompre en la matière avec des conceptions révisionnistes.
26.
Les données fournies par le Ministère des Affaires Économiques, la Banque Nationale, les Instituts de recherches socio-économiques font apparaître les caractéristiques suivantes :
1. – Les investissements de capitaux étrangers en Belgique ne cessent de croître, facilités par la politique gouvernementale de cadeaux multiples aux investisseurs.
2. – Ces investissements étrangers se font essentiellement dans les secteurs nouveaux, en pleine extension.
3. – Depuis quelques années, le rythme des investissements étrangers dans l’industrie belge est plus rapide que celui des investissements belges ; dans certains secteurs, le montant des investissements étrangers est déjà supérieur à celui des investissements de capitaux belges.
4. – De tous les investissements étrangers, ce sont les investissements américains qui sont évidemment les plus importants.
Mais un phénomène important est apparu au cours des dernières années : bien que restant très minoritaires encore, les investissements japonais croissent à un rythme supérieur à tous les autres, même aux investissements américains.
On peut comprendre que devant les investissements de plus en plus considérables de capitaux étrangers, américains surtout ; devant l’influence accrue de l’anti-culture yankee dans notre pays, on réagisse en disant qu’on ne se laissera pas coloniser. Mais il faut aller au fond des choses.
La Belgique est-elle une colonie, c’est-à-dire un pays dont les éléments essentiels de l’économie et du pouvoir politique sont entre des mains étrangères ? La Belgique est-elle une néo-colonie, c’est-à-dire un pays où, derrière une façade d’indépendance politique, les éléments essentiels de l’économie sont entre des mains étrangères ? Si on fait une analyse scientifique comme le demande Mao Tsé-toung, il faut partir de la réalité objective et non manier des slogans.
Référons-nous précisément au contenu de l’« Analyse des classes de la société chinoise ». Le camarade Mao Tsé-toung y définit la Chine comme un « pays économiquement arriéré, semi-colonial ». Il distingue la classe des propriétaires fonciers et la bourgeoisie compradore, la moyenne bourgeoisie (essentiellement la bourgeoisie nationale), la petite bourgeoisie, le semi-prolétariat (parmi lequel il range les paysans pauvres, les artisans et les commis, que nous appellerions les petits employés), le prolétariat et le lumpenprolétariat.
La bourgeoisie compradore est celle qui, dans les pays coloniaux ou semi-coloniaux, se met directement au service des intérêts économiques étrangers. C’est une bourgeoisie essentiellement parasitaire, anti-nationale, opposée au développement technique et industriel, en ce sens qu’elle ne vise qu’à entretenir le pillage colonial de sa propre patrie, dont elle vit. Mao Tsé-toung dit que
« la classe des propriétaires fonciers et la bourgeoisie compradore sont de véritables appendices de la bourgeoisie internationale et dépendent de l’impérialisme quant à leur existence et développement ».
En Belgique qui n’est pas un pays économiquement arriéré, qui est au contraire un pays industriel avancé, il n’y a plus (depuis la Révolution bourgeoise française) de classe des propriétaires fonciers, il n’y a pas de bourgeoisie compradore.
Et la bourgeoisie nationale ?
Mao Tsé-toung déclare
« qu’elle représente les rapports capitalistes de production dans les villes et les campagnes chinoises ».
« Sa plate-forme politique, c’est la création d’un État dominé par une seule classe, la bourgeoisie nationale ».
Cette bourgeoisie est par nature hésitante :
« Elle est inconsistante dans son attitude à l’égard de la révolution chinoise. Quand elle souffre sous les rudes coups que lui porte le capital étranger et le joug que font peser sur elle les seigneurs de la guerre, elle sent le besoin d’une révolution et se déclare pour le mouvement révolutionnaire dirigé contre l’impérialisme et les seigneurs de la guerre ; mais elle se méfie de la révolution quand elle sent qu’avec la participation impétueuse du prolétariat du pays et le soutien actif du prolétariat international cette révolution met en danger la réalisation de son rêve de s’élever au rang de la grande bourgeoisie ».
Plus loin, le camarade Mao Tsé-toung montre que
« la tentative de cette classe de créer un État dirigé par la bourgeoisie nationale est absolument vaine ».
En résumé, dans la Chine d’avant la révolution, semi-coloniale, deux classes dominent : les féodaux et la grande bourgeoisie compradore parasitaire du colonialisme. La bourgeoisie nationale rêve d’instaurer un État de dictature bourgeoise. Elle est prise « en sandwich » : d’une part, elle est elle-même victime du pouvoir des féodaux, des impérialistes étrangers et de leurs parasites qui l’empêchent de se développer et d’accumuler, de constituer des monopoles à son profit et dans cette mesure elle est anti-impérialiste ; d’autre part, elle se heurte au prolétariat et évidemment elle craint la révolution prolétarienne qui l’empêche d’établir sa dictature.
27.
Telle n’est pas la situation en Belgique. L’État n’est pas l’organe de la dictature des féodaux et des compradores ; la Belgique n’est pas un pays colonial ou semi-colonial ; l’Etat belge est l’instrument de la dictature du grand capital monopoliste.
Si nous reprenons les caractéristiques de l’impérialisme qu’a analysé Lénine (voir point numéro 1.), nous observons que la bourgeoisie capitaliste de Belgique revêt toutes les caractéristiques de la bourgeoisie impérialiste.
La Belgique est marquée par la toute-puissance absolue des monopoles et en particulier du capital financier. Un petit nombre d’oligarques domine le pays. Ils sont quelques dizaines. Parmi eux l’Église de Belgique et la famille royale, qui sont parmi les plus importants actionnaires de la Société Générale, le plus puissant monopole financier du pays, un des plus puissants monopoles financiers du pays, un des plus puissants du monde.
A côté de la Société Générale, d’autres monopoles financiers s’imposent :
Solvay, le groupe de Launoit (Cofinindus – Brufina – Banque de Bruxelles), la Kreditbank – Almanij, le groupe Lambert, le groupe Empain, le groupe Coppée et quelques autres moins importants. Tous ces groupes s’interpénètrent d’ailleurs puisqu’on retrouve Solvay à la Société Générale ; que la Société Générale collabore avec la Brufina au sein de maintes entreprises, notamment de Cockerill, maître incontesté de la sidérurgie belge ; que Lambert se retrouve au sein de la Brufina et que les deux groupes semblent aller à la fusion, etc…
Lénine souligne un aspect important du capitalisme à l’époque de l’impérialisme :
« Ce qui caractérisait l’ancien capitalisme, où régnait la libre concurrence, c’était l’exportation des marchandises. Ce qui caractérise le capitalisme actuel où règnent les monopoles, c’est l’exportation des capitaux. »
Il est vrai que si les monopoles étrangers pénètrent de plus en plus l’économie belge, les monopoles belges exportent des capitaux.
Ainsi en est-il, entre autres, de la Société Générale. Elle contrôle la Banque ltalo-belge (à destination de l’Amérique latine), la Banque Belge pour l’étranger (à destination de l’Extrême-Orient, surtout Hong-Kong), la Banque Belgo-Congolaise, la Banque Générale du Luxembourg, la Banco Burney (Portugal), la Belgian-American Banking Corporation et la Belgian-American Bank and Trust Company à New York, la Banque Belgo-Libanaise au Liban, la Compagnie de Gestion et de Banque en Suisse. Elle a des intérêts dans des banques hollandaises, égyptiennes, françaises et dans la fameuse Banque de Paris et des Pays-Bas.
Elle contrôle la Canadian Commerce lnsurance à Toronto (Canada), la Société Hypothécaire de Tanger, l’Agence Belge de l’Etat Africain, la plus grande entreprise sidérurgique luxembourgeoise (l’ARBED, 6 millions de tonne d’acier). On la retrouve chez Ferguson, dans les Ateliers de Strasbourg, chez Sogechin (Congo), chez Minetain (Congo), au Nickel, aux Tréfileries et Laminoirs du Havre, à la Rio Tinto Company (Canada), à la lndussa Corporation (USA), aux AG Altenberg (Allemagne Occidentale), à la Société Minière de Victoria (Espagne), à la Financière Overcor, à la Soparco, à la Nuclear Development Corporation, à la Compagnie de Chemin de Fer de l’Indochine et du Yunnan, à la Métallurgique de Pennaroya, à Aleurope, dans les charbonnages hollandais et ouest-allemands, à la Eerste Nederlandse Cement Industrie, à la lnland Cernent Company (Canada), dans les cimenteries congolaises, dans la Société chimique et routière de la Gironde, Degrémont, à Blanzy-Ouest, à la Société Royale Hollandaise pour la fabrication de papiers, à la Bowater-Scott (Angleterre-USA), à la Tanganyka Concessions, à la Compagnie des Diamants de l’Angola, etc…
Ceci n’est donné qu’à titre exemplatif : il ne s’agit nullement d’une liste complète. Des listes analogues pourraient être dressées pour le groupe de Launoit, pour le groupe Lambert (qui contrôle aux USA un holding particulier pour assurer des investissements dans ce pays), pour Petrofina, etc.
Solvay réussit une sorte de perfection en la matière puisqu’il possède non seulement des filiales dans le monde entier mais qu’en outre il détient un quart du capital des toutes puissantes Imperial Chemical Industries britanniques ; dispose de deux holdings et est le principal actionnaire de l’Allied Chemical Corporation aux USA ; détient des intérêts considérables en France dans la Sapara, dans Rhône-Poulenc, etc…
28.
Certes, pendant les années qui se sont écoulées depuis la fin de la guerre, le développement inégal du capitalisme a conduit à la domination de l’impérialisme américain et à son renforcement. Les contradictions entre les monopoles belges et les monopoles américains ont longtemps tourné à l’avantage de ces derniers. Les gouvernements belges depuis 1944, même ceux à participation « communiste », ont été inféodés plus ou moins ouvertement à l’impérialisme américain, l’on soutenu en toutes circonstances.
Nous avons montré dans le deuxième chapitre que la création du Marché Commun, son extension à l’Europe des Dix, avec la participation active des monopoles belges, expriment des contradictions d’intérêts avec les monopoles américains ; ces contradictions ne se résoudront pas toujours à la faveur de ces derniers.
En Belgique, la concentration de la production et du capital est parvenue à un développement si élevé que se sont constitués des monopoles qui dominent la vie économique. Il y a fusion du capital bancaire et du capital industriel pour former un capital financier ; la vie du pays est dominée par une oligarchie financière toute puissante. Le capitalisme belge pratique sur une grande échelle l’exportation de capitaux qui prend de plus en plus d’importance par rapport à l’exportation des marchandises. Il participe à des unions internationales capitalistes monopolistes pour le partage du monde ; les monopoles belges n’exploitent plus uniquement les travailleurs de Belgique, mais en outre des millions de travailleurs sur tous les continents, non seulement dans les pays du tiers monde, mais encore dans les pays industriels avancés.
La bourgeoisie belge est une bourgeoisie impérialiste ; elle appartient au camp impérialiste ; elle n’est pas et elle ne peut être une alliée pour le prolétariat. Elle est notre ennemie et il faut la traiter comme telle. Elle est la cible de la révolution en Belgique.
CHAPITRE VI.
LA CLASSE OUVRIÈRE, SEULE CLASSE RÉVOLUTIONNAIRE JUSQU’AU BOUT
29.
La contradiction fondamentale de notre époque dans notre pays est celle qui oppose la classe de la bourgeoisie capitaliste à la classe ouvrière. Voici bientôt 125 ans, dans le « Manifeste du Parti Communiste », Karl Marx et Friedrich Engels ont montré :
« Les armes dont la bourgeoisie s’est servie pour abattre la féodalité se retournent aujourd’hui contre la bourgeoisie elle-même. Mais la bourgeoisie n’a pas seulement forgé les armes qui la mettront à mort ; elle a produit aussi les hommes qui manieront ces armes, les ouvriers modernes, les prolétaires ».
C’est la classe ouvrière qui creuse le tombeau de la bourgeoisie capitaliste. C’est elle qui tous les jours, dans les grandes usines, se trouve au face à face avec l’exploiteur, qui se bat contre lui ou ses représentants pour de petites choses ou pour de plus grandes, qui est forte de son nombre. Pour elle, la lutte des classes est une réalité quotidienne et c’est ainsi que se forge la conscience de classe, la conscience révolutionnaire.
Dans « L’État et la Révolution », écrit dans les mois qui ont précédé la Révolution d’Octobre, Lénine écrit :
« La domination de la bourgeoisie ne peut être renversée que par le prolétariat, classe distincte que ses conditions économiques d’existence préparent à ce renversement, et à qui elles offrent la possibilité et la force de l’accomplir. Tandis que la bourgeoisie fractionne et dissémine la paysannerie et toutes les couches petites-bourgeoises, elle groupe, unit et organise le prolétariat. Étant donné le rôle économique qu’il joue dans la production, le prolétariat est seul capable d’être le guide de toutes les masses laborieuses et exploitées que souvent la bourgeoisie exploite, opprime et écrase non pas moins mais plus que les prolétaires, et qui sont incapables d’une lutte indépendante pour leur affranchissement. »
La Belgique est un vieux pays industriel avancé et la classe ouvrière est nettement majoritaire. Elle atteint 55% tant en Flandre qu’en Wallonie, 35 à Bruxelles, plus de 50% dans l’ensemble du pays. Dans les régions industrielles typiques – Borinage, Centre, Charleroi, Liège, Campine – la classe ouvrière atteint même les deux tiers de la population. En outre, la majorité des ouvriers sont occupés dans les grandes entreprises, ce qui leur donne encore plus de force, car il est bien connu que les ouvriers des petites entreprises et plus encore les ouvriers agricoles, parce qu’ils sont isolés, s’organisent beaucoup plus difficilement.
Dans notre pays, la révolution partira des agglomérations industrielles et conquerra ensuite l’ensemble du pays. Il est donc évident que l’effort principal du Parti doit porter vers les ouvriers des grandes entreprises ; l’organisation du Parti dans les principales entreprises des régions industrielles doit être notre objectif numéro un.
30.
La classe ouvrière de Belgique a de grandes traditions de lutte. Depuis cent ans et plus, elle a mené des combats magnifiques, souvent héroïques. Elle a affronté la violence réactionnaire et le sol de bien des cités industrielles est rougi de sang ouvrier. Pendant l’occupation hitlérienne la classe ouvrière, ayant à sa tête les communistes, a dirigé la résistance, y compris la lutte armée.
Mais il est évident qu’il y a dans les rangs de la classe ouvrière une influence de l’idéologie bourgeoise et petite-bourgeoise qui se manifeste notamment par le poids énorme de la social-démocratie et de la démocratie-chrétienne, et dans une beaucoup moins grande mesure, du révisionnisme (qui a cependant un certain poids dans les bassins industriels dans le Hainaut, le Borinage surtout, et à Liège). Nous devons tenir compte de ce phénomène, comprendre sa signification, pour mieux le combattre.
Dans son œuvre « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme », Lénine attache une grande importance à la liaison entre l’impérialisme et l’opportunisme dans la classe ouvrière. Il écrit :
« A noter qu’en Angleterre, la tendance de l’impérialisme à diviser les ouvriers, à renforcer parmi eux l’opportunisme, à provoquer la décomposition momentanée du mouvement ouvrier, est apparue bien avant la fin du dix-neuvième siècle et du début du vingtième siècle… Marx et Engels ont méthodiquement, pendant des dizaines d’années, observé de près cette liaison de l’opportunisme dans le mouvement ouvrier avec les particularités impérialistes du capitalisme anglais ».
Lénine cite quelques extraits de lettres d’Engels. Notamment à Marx, le 7 octobre 1858, Engels écrit :
« En réalité, le prolétariat anglais s’embourgeoise de plus en plus, et il semble bien que cette nation, bourgeoise entre toute, veuille en arriver à avoir, à côté de sa bourgeoisie, une aristocratie bourgeoise et un prolétariat bourgeois. Évidemment, de la part d’une nation qui exploite l’univers entier c’est, jusqu’à un certain point, logique ».
Dans une autre lettre à Marx près d’un quart de siècle plus tard, le 11 aout 1881, Engels parle des « pires trade-unions anglaises » (les syndicats !) « que, tout au moins, elle entretient. »
Un an plus tard encore, le 18 septembre 1882, Engels écrit à Kautsky :
« Vous me demandez ce que pensent les ouvriers anglais de la politique coloniale. La même chose que ce qu’ils pensent de la politique en général. Ici point de parti ouvrier ; il n’y a que des radicaux conservateurs et libéraux ; quant aux ouvriers, ils jouissent en toute tranquillité avec eux du monopole colonial de l’Angleterre et de son monopole sur le marché mondial ».
De cette analyse, Lénine tire les conclusions suivantes :
« Voilà donc, nettement indiquées, les causes et les conséquences. Les causes : 1) l’exploitation du monde par l’Angleterre ; 2) son monopole sur le marché mondial ; 3) son monopole colonial. Les conséquences : 1) l’embourgeoisement d’une partie du prolétariat anglais ; 2) une partie de ce prolétariat se laisse diriger par des hommes que la bourgeoisie a achetés ou que, tout au moins, elle entretient. »
Il est évident que l’impérialisme britannique n’est pas le seul impérialisme et qu’il n’est plus dominant. Lénine observe :
« Ce qui distingue la situation actuelle, c’est l’existence de conditions économiques et politiques qui ne pouvaient manquer de rendre l’opportunisme encore plus incompatible avec les intérêts généraux et vitaux du mouvement ouvrier : d’embryon, l’impérialisme est devenu le système prédominant; les monopoles capitalistes ont pris la première place dans l’économie et la politique ; le partage du monde a été mené à son terme ; d’autre part, au lieu du monopole sans partage de l’Angleterre, nous assistons maintenant à la lutte d’un petit nombre de puissances impérialistes pour la participation au monopole, lutte qui caractérise tout le début du vingtième siècle. L’opportunisme ne peut plus triompher aujourd’hui complétement au sein du mouvement ouvrier d’un seul pays pour des dizaines et des dizaines d’années, comme il l’a fait en Angleterre dans la seconde moitié du 19ème siècle. Mais, dans toute une série de pays, il a atteint sa pleine maturité, il s’est décomposé en fusionnant complètement, sous forme de social-chauvinisme, avec la politique bourgeoise. »
Cela est développé dans le huitième chapitre intitulé : « Le parasitisme et la putréfaction du capitalisme ». Mais dans le dernier chapitre qui étudie « Il place de l’impérialisme dans l’histoire » Lénine revient sur la question :
« Les profits élevés que tirent du monopole les capitaliste, d’une branche d’industrie parmi beaucoup d’autres, d’un paye parmi beaucoup d’autres, etc leur donnent la possibilité économique de corrompre certaines couches d’ouvriers, et même momentanément une minorité ouvrière assez importante, en les gagnant à la cause de la bourgeoisie de la branche d’industrie ou de la nation considérées et en les dressant contre toutes les autres. Et l’antagonisme accru des nations impérialistes aux prises pour le partage du monde renforce cette dépendance. Ainsi se crée la liaison de l’impérialisme avec l’opportunisme ».
31.
En Belgique, la bourgeoisie impérialiste a su faire les concessions apparentes qui dans les faits ont accru son pouvoir par le renforcement d l’opportunisme. Amassant de grands profits par l’exploitation coloniale et néo-coloniale, par l’exportation des capitaux et l’exploitation d’autres peuples, les monopoles belges après des défaites subies dans le cadre de la lutte de classe, ont dû accorder certaines réformes, un « niveau de vie » assez élevé par rapport à celui des masses populaires dans les pays industriellement retardataires. Comme le montre Lénine dans son étude sur « Les divergences dans le mouvement ouvrier européen » (1910) :
« Souvent, pour un certain temps, la bourgeoisie atteint son but au moyen d’une politique libérale, qui est, selon la juste remarque de Pannekoek, une politique « plus subtile ». Une partie des ouvriers, une partie de leurs représentants se laissent parfois tromper par des concessions apparentes. Les révisionnistes proclament que la théorie de la lutte des classes est « périmée », ou commencent à se livrer à une politique qui, pratiquement, est la renonciation à cette théorie ».
La bourgeoisie est habile à transformer les conquêtes de la classe ouvrière en instrument qui renforce son pouvoir.
Ainsi en est-il du suffrage universel. La classe ouvrière et tous les travailleurs ont mené une dure lutte pour la conquête de ce droit démocratique. Au cours de cette lutte, les réformistes du Parti Ouvrier Belge, ont répandu l’idée que la conquête du suffrage universel conduirait automatique et pacifiquement au socialisme, car les travailleurs étant en majorité dans notre pays, ils voteraient tous pour le parti socialiste.
La réalité n’a évidemment pas répondu à l’attente. Mais cela n’a pas dissipé les illusions électoralistes. Les socialistes, les démocrates-chrétiens, les révisionnistes répandent l’idée que le suffrage universel dans un Etat de démocratie bourgeoise est capable de traduire réellement la volonté de la majorité des travailleurs et d’aboutir à l’accomplissement de cette volonté. Tous les marxistes ont dénoncé cette illusion. Marx se gaussait déjà du crétinisme parlementaire. Engels a qualifié le suffrage universel d’instrument de la domination bourgeoise. Lénine, dans son langage percutant, a bien mis cela en évidence :
« Seuls des misérables ou des imbéciles peuvent croire que le prolétariat doit d’abord conquérir la majorité en participant aux votes effectués sous le joug de la bourgeoisie, sous le joug de l’esclavage salarié, et après conquérir le pouvoir. C’est le comble de la stupidité ou de l’hypocrisie ; c’est remplacer la lutte de classe et la révolution par des votes sous l’ancien régime, sous l’ancien pouvoir ». (Salut aux communistes italiens, français et allemands – 10 octobre 1919).
Cependant, ces illusions se sont renforcées. La nécessité, dans l’entre deux guerres, de défendre les libertés démocratiques bourgeoises contre le fascisme, a été l’occasion pour les opportunistes au sein du mouvement communiste de tomber dans le crétinisme parlementaire et électoraliste le plus plat. Cette tendance a été en quelque sorte codifiée par Khrouchtchev dans son rapport public au XXème Congrès du P.C.U.S. :
« Par ailleurs, dans les conditions actuelles, la classe ouvrière de plusieurs pays capitalistes a la possibilité réelle d’unir sous sa direction l’immense majorité du peuple et d’assurer le passage des principaux moyens de production dans les mains du peuple. Les partis bourgeois de droite et les gouvernements qu’ils forment font le plus souvent faillite. Dès lors, la classe ouvrière ralliant autour de soi la paysannerie travailleuse, les intellectuels, toutes les forces patriotiques, infligeant une riposte décisive aux éléments opportunistes, incapable de renoncer à la politique d’entente avec les capitalistes et les grands propriétaires fonciers, est en mesure d’infliger la défaite aux forces réactionnaires et anti-populaires, de conquérir une solide majorité au parlement et de le transformer d’organe de la démocratie bourgeoise en instrument d’une volonté populaire véritable. En ce cas, cet établissement traditionnel pour de nombreux pays capitalistes hautement développés, peut devenir un organisme de véritable démocratie, d’une démocratie pour /es travailleurs ».
Il s’agit ici d’une thèse à cent pour cent social-démocrate. Ce que le P.O.S. défendait avant la première guerre mondiale, les révisionnistes le défendent aujourd’hui. Mais c’est une thèse qui paralyse le combat révolutionnaire de la classe ouvrière. En accordant le suffrage universel sous le poids de la lutte de classe, la bourgeoisie monopoliste belge a créé des illusions supplémentaires et renforcé son pouvoir.
Ainsi en a-t-il été de l’instruction obligatoire et de la prolongation de la scolarité. Il s’est agi incontestablement d’une conquête ouvrière, d’une victoire contre l’ignorance et l’abrutissement résultant de l’exploitation capitaliste. Mais aussitôt, la bourgeoisie monopoliste s’est servie de l’instruction obligatoire et de la prolongation de la scolarité. Tout l’enseignement depuis l’école gardienne jusqu’à l’université diffuse l’idéologie de l’impérialisme et les efforts de quelques enseignants révolutionnaires ou simplement progressistes se révèlent vite dérisoires en face de l’immense conditionnement de l’école bourgeoise : les cours de religion et de morale qui proposent soumission à l’autorité et aux lois bourgeoises ; les cours d’histoire sanctifient les malfaiteurs que sont les rois et les princes ; les cours de mathématiques qui proposent des calculs de prix, de bénéfices et d’intérêts, etc., et cela se développe selon les âges et les classes sociales : les écoles techniques visent à former les ouvriers qualifiés dont le capitalisme a besoin, les cadres moyens et même supérieurs qui seront les garde-chiourmes de l’exploitation ouvrière ; les universités fournissent les technocrate de l’impérialisme. Ainsi une revendication ouvrière victorieuse est devenue un facteur supplémentaire de l’oppression capitaliste.
Il on est de même du droit aux loisirs qui aboutit au plus lamentable conditionnement par le cinéma, la radio, la TV, le disque, le sport professionnel.
Et c’est de cette façon, par les écoles de tout niveau, par les loisirs commercialisés, que l’idéologie bourgeoise est diffusée.
32.
Dans son rapport au Deuxième Congrès de l’Internationale Communiste, le 19 juillet 1920, Lénine encore une fois analysait le problème de l’opportunisme et du révisionnisme. Il disait :
« Ici nous devons nous demander : comment expliquer la solidité de pareils courants en Europe ? Et pourquoi cet opportunisme est-il plus fort en Europe occidentale qu’il ne l’est dans notre pays ? Parce que les pays avancés ont édifié leur culture grâce à l’occasion qu’ils ont de vivre aux dépens de milliards d’hommes opprimés. Parce que les capitalistes de ces pays obtiennent beaucoup plus qu’ils ne seraient capables d’obtenir sous forme de profits résultant du pillage auquel ils soumettent les ouvriers de leur propre pays.
Il a été calculé avant la guerre que les trois pays les plus riches − l’Angleterre, la France et l’Allemagne − obtenaient, en dehors de leurs autres revenus, par la seule exportation de leurs capitaux, de huit à dix milliards par an. (Note : cela correspond au moins à environ 500 milliards de francs actuels).
Il va sans dire que de cette somme coquette, il est possible de prélever au moins un demi-milliard à lancer comme un os à ronger aux leaders ouvriers, à l’aristocratie ouvrière, en vue de les corrompre de différentes manières. Le tout revient précisément à la corruption. Ceci se fait de mille manières différentes : en élevant la culture dans les grands centres, en créant des institutions d’enseignement, en créant des milliers d’emplois agréables pour les dirigeants des sociétés coopératives, pour les chefs des trade-unions (syndicats) et les chefs parlementaires. Ceci se pratique là où existent des rapports modernes, civilisés, capitalistes. Et ces milliards de superprofits sont la base économique sur laquelle s’appuie l’opportunisme au sein du mouvement ouvrier ».
Sous l’influence d’une aristocratie ouvrière privilégiée, le social-démocratisme, le social-cléricalisme, l’anarcho-syndicalisme ont marqué profondément la classe ouvrière. Il en résulte un praticisme étroit et un mépris de la formation idéologique de classe. Dans son ouvrage consacré à l’impérialisme, Lénine déclare nettement :
« Si elle n’est pas indissolublement liée à la lutte contre l’opportunisme, la lutte contre l’impérialisme est une phrasa creusa et mensongère ».
Il appartient donc aux marxistes-léninistes de combattre l’influence pernicieuse de l’idéologie bourgeoise et petite-bourgeoise en montrant dans les faits, à travers la lutte, que la social-démocratie, la démocrate-chrétienne et ce qui n’est plus chez nous que leur annexe, le révisionnisme, sont des idéologies et des formations de l’ennemi de classe. Cela ne se fera pas avec des bavardages prétentieux et des invectives mais en se plaçant résolument au cœur des combats de classe, en s’appuyant sur les magnifiques traditions de combat des travailleurs de Belgique et en poursuivant ainsi un long travail d’action et de formation idéologique.
33.
Dans « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme», Lénine cite parmi les caractéristiques de l’impérialisme « la diminution de l’émigration en provenance des pays capitalistes et l’accroissement de l’immigration, vers ces pays, d’ouvriers venus des pays plus arriérés, où les salaires sont plus bas ». Examinant quelques aspects du phénomène à l’époque où il écrivait, Lénine cite notamment le cas des Etats-Unis :
« Aux Etats-Unis, les immigrants d’Europe orientale et méridionale occupent les emplois les plus mal payés, tandis que les ouvriers américains fournissent la proportion la plus forte de contre-maîtres et d’ouvriers exécutant les travaux les mieux rétribués ».
Le parallélisme avec la situation existant actuellement en Belgique est marquant où sont exploités actuellement des dizaines de milliers de travailleurs venant de pays ou régions à économie retardataire (Espagne, Italie du midi, Yougoslavie, Grèce, Turquie, Afrique du Nord).
Si la bourgeoisie impérialiste belge fait venir des travailleurs immigrés, c’est pour renforcer ses profits. D’une part, l’immigration permet de faire pression sur les salaires vers le bas. Si l’ouvrier belge refuse de travailler pour un trop bas salaire, le patron trouvera facilement, parmi les travailleurs immigrés que l’exploitation forcenée a chassés de chez eux, preneur de ce travail pour un salaire qui leur permet tout juste de sortir de leur misère et d’éviter d’être rejeté du pays.
Il est évident que la bourgeoisie monopoliste essaie de diviser. Elle donne le travail le plus insalubre, le plus dangereux, le plus abrutissant aux travailleurs immigrés. Cela vise à créer parmi la classe ouvrière belge une mentalité d’aristocratie ouvrière. Le travail qualifié, de travail le plus salubre, le moins dangereux, c’est pour les ouvriers belges, qui sont « les plus compétents, les plus habiles, les plus intelligents ». Le travail le plus repoussant, le plus frustre, c’est pour les travailleurs immigrés − considérés, comme moins compétents, moins intelligents et plus abrutis. D’ailleurs, une hiérarchie est créée parmi les travailleurs immigrés eux-mêmes, avec tout en haut, les travailleurs italiens à qui l’on confie les tâches mieux rétribuées, plus responsables et tout au bas, les travailleurs turcs ou nord-africains.
Certains groupements gauchistes d’origine bourgeoise ou petite-bourgeoise sont tombés dans le panneau de cette division voulue par les monopoles capitalistes en considérant la classe ouvrière belge comme une aristocratie ouvrière pratiquement irrécupérable et en orientant leur agitation essentiellement en direction des travailleurs immigrés. C’est là évidemment une position de capitulation devant les difficultés.
Les ouvriers belges et les ouvriers immigrés ont évidemment un exploiteur commun : le capitalisme et avant tout, le capitalisme monopoliste, impérialiste. Il est normal que les ouvriers immigrés soient parmi les plus combatifs car ils sont deux fois exploités : une fois comme ouvriers et une autre fois comme étrangers. Mais il est certain que la classe ouvrière de Belgique a de grandes traditions de lutte. Les deux grèves impressionnantes de portée historique qu’elle a menées en 1950 et en décembre 1960-janvier 1961, ont montré les possibilités combatives de la classe ouvrière; il ne fait pas de doute que, guidée par un véritable parti révolutionnaire prolétarien, elle est capable de renverser la dictature du capital.
34.
Il appartient aux communistes marxistes-léninistes d’être à l’avant-plan de lutte pour les travailleurs immigrés ; contre les lois et arrêtés racistes de Vranckx, de Major ou toutes mesures analogues ; pour l’obtention sans restriction de tous les droits démocratiques qui existent pour les citoyens belges ; pour le droit d’aller et venir ; pour la liberté absolue de travail ; pour l’acquisition rapide et gratuite de la nationalité belge s’ils le souhaitent; pour des logements décents ; pour l’égalité absolue des salaires entre travailleurs des diverses nationalités. A travers cette lutte pour les droits démocratiques, c’est évidemment les perspectives révolutionnaires qu’il faut tracer.
Contre le capitalisme impérialiste installé en Belgique (et qui en maintes occaslons est étranger), les communistes marxistes-léninistes appellent à la lutte unie de tous les prolétaires, de tous les travailleurs quelle que soit leur nationalité. Une seule classe ouvrière unie contre un même exploiteur.
CHAPITRE VII.
LES ALLIES DE LA CLASSE OUVRIERE ET LES ALLIES DE LA BOURGEOISIE IMPERIALISTE
35.
Le camarade Mao Tsé-toung, dans le déroulement de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, a dit :
« Le prolétariat est la classe la plus prestigieuse dans l’histoire de l’humanité, la plus puissante classe révolutionnaire au point de vue idéologique, politique et de la force ; il peut at il doit unir autour de lui l’écrasante majorité afin d’isoler au maximum et d’attaquer la poignée d’ennemis. »
Entre les deux classes fondamentales d’une société capitaliste industrielle avancée, la bourgeoisie impérialiste et le prolétariat, il existe d’autres classes et couches sociales. Certaines sont dans le camp de l’ennemi, d’autre sont des alliées. D’autres encore, selon les circonstances de la lutte et le rapport des forces peuvent devenir des ennemies ou des alliées.
36.
En dessous de la bourgeoisie monopoliste et impérialiste il y a une bourgeoisie non monopoliste. Nous distinguons successivement :
– Une couche de capitalistes non monopolistes, de cadres supérieurs, de grands technocrates qui représentent 4 % de la population en Flandre et en Wallonie, 10 % dans l’agglomération bruxelloise. Les capitalistes non monopolistes sont plus nombreux que les capitalistes monopolistes. Ils peuvent avoir des contradictions d’intérêts avec les monopoles impérialistes mais ce sont des exploiteurs souvent féroces.
Dans cette couche, on retrouve aussi et surtout les directeurs d’entreprises, les gros médecins, avocats et architectes, les ingénieurs principaux, les professeurs d’université qui dominent les facultés où ils enseignent et qui souvent cumulent cette fonction avec des postes élevés dans finance, l’industrie ou l’administration. Ils sont les organisateurs de l’exploitation capitaliste pour le compte des monopoles et ils en profitent largement. Tous leurs intérêts sont liés à la bourgeoisie impérialiste belge dont ils sont solidaires. Ils sont nos ennemis. Mais il peut arriver et il est déjà arrivé qu’ils aient des contradictions d’intérêts avec les monopoles : ce fut le cas jadis de certains directeurs généraux de charbonnages qui, par souci de leurs propres intérêts, s’élevèrent contre la politique de fermeture voulue par les monopoles capitalistes.
Si le prolétariat doit tenir compte de ces contradictions et les exploiter dans l’intérêt de son combat, il ne peut se faire aucune illusion au sujet de gens qui organisent son exploitation et qui en vivent.
– une couche intermédiaire, qui groupe 4 % de la population en Flandre, 5 à 6 % en Wallonie et près de 15 à Bruxelles. Il s’agit de gros commerçants, de patrons d’entreprises de moyennes dimensions, de médecins, d’avocats, d’ingénieurs, de professeurs d’universités, de fonctionnaires de l’appareil d’Etat. De façon directe ou indirecte, ils vivent de l’exploitation des travailleurs. Certains se disent « à gauche », surtout parmi les intellectuels, mais leur « progressisme » les conduit à la social-démocratie et à la démocratie-chrétienne, parfois au révisionnisme. La plupart sont franchement réactionnaire.
– la petite bourgeoisie, qui groupe environ 10 % de la population en Wallonie et à Bruxelles, et 12 % en Flandre. Il s’agit d’une catégorie qui n’est pas homogène. On y trouve des petits patrons, des commerçants, des artisans, des enseignants et certains intellectuels ; les uns ont une vie relativement aisée ; d’autres ont des conditions de vie difficiles et même parfois très difficiles. Ainsi en est-il des commerçants dont certains peuvent avoir une relative prospérité grâce souvent à un labeur acharné, mais dont beaucoup, comme conséquence de la concentration commerciale et de l’extension des grands magasins, sont condamnés à disparaître et voient leurs conditions de vie empirer de jour en jour. Il en est de même des artisans: certaines catégories vivent relativement facilement cependant que d’autres connaissent de grandes difficultés.
La petite bourgeoisie subit l’oppression capitaliste mais, dans sa majorité, elle est très attachée aux notions de propriété et d’« indépendance ». Ce qui fait que très souvent, elle est ballotée : elle se rend compte qu’elle est victime des monopoles et de l’Etat, mais dans son ensemble elle craint la révolution, ce qui en fait une proie pour les organisations réactionnaires dites de classes moyennes ; elle est très perméable aux idées réactionnaires.
Dans le « Manifeste du Parti Communiste» (1848), Marx et Engels caractérisaient déjà ainsi les couches de la petite bourgeoisie :
« Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu’elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices. Bien plus, elles sont réactionnaires elles cherchent à faire tourner à l’envers la roue de l’histoire. Si elles sont révolutionnaires, c’est en considération de leur passage imminent au prolétariat : elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels ; elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat. »
Cependant, les communistes marxistes-léninistes doivent montrer à la petite bourgeoisie, particulièrement aux petits commerçants et aux artisans modestes que le régime capitaliste, tôt ou tard, les acculera à la ruine. Le régime de la propriété privée, y compris de la petite propriété privée, a fait son temps. Il est appelé à disparaître. L’avenir de la petite bourgeoisie est dans une société socialiste où tous les travailleurs seront au servie du peuple. La petite bourgeoisie peut, à travers les luttes populaires, devenir une alliée de la classe ouvrière.
37.
Nous avons voulu considérer à part les paysans. Mais ils ne constituent pas une seule classe, loin s’en faut quoique veulent faire croire souvent leurs organisations réactionnaires d’agriculteurs. A la vérité, dans un pays industriellement avancé comme la Belgique, la paysannerie ne représente qu’une fraction très minime de la population : à peine plus de 5 %. Elle a tendance à disparaître rapidement d’autant plus que le plan Mansholt de l’Europe des monopoles favorise la grande exploitation de type capitaliste et vise à l’élimination de la petite paysannerie.
Dans notre pays, il n’y a pas de propriété de type féodal : la révolution démocratique bourgeoise est faite. Il y a une grande bourgeoisie paysanne : des fermes groupent 40 % des terres. Ces gens sont aussi appelés paysans, mais il est certain qu’ils n’ont absolument rien de commun avec la petite paysannerie ni avec les autres travailleurs. Ce sont des ennemis que le plan Mansholt favorise. Mais cette bourgeoisie paysanne a certaines contradictions d’intérêts avec la bourgeoisie financière et industrielle : depuis des décennies, les prix des produits agricoles sont sacrifiés pour assurer des profits plus élevés aux monopoles de l’industrie alimentaire cependant que les prix des machines agricoles et des engrais sont en hausse constante. Cette situation secondaire de la bourgeoisie agricole la pousse à l’extrême-droite.
La couche moyenne des paysans a une situation très instable dans ce processus ; elle aspire à prendre place parmi la bourgeoisie paysanne ; le plan Mansholt lui offre des crédits, des prêts … mais sauf pour quelques individus, cela ne fera qu’aggraver ses difficultés. Vu l’omnipotence du cléricalisme à la campagne et l’attachement à des organisations paysannes réactionnaires, cette fraction de la paysannerie est une proie pour l’extrême-droite et même pour le fascisme.
La petite paysannerie vit difficilement. Souvent elle est propriétaire d’une partie de son exploitation et locataire d’une autre partie.
Elle est victime des monopoles capitalistes de l’alimentation, des engrais, des machines agricoles ; aussi des intermédiaires qui lui achètent à bas prix ses produits qu’ils revendent très chers. Elle connaît des conditions de vie très dures et le plan Mansholt vise à son élimination pure et simple. Elle se heurte à la toute-puissance des monopoles et à la bourgeoisie paysanne. Une grande partie d’entre elle est liée au Boerenbond, puissante organisation réactionnaire qui, par le jeu du crédit, de la vente de matières premières, d’achat des récoltes, de coopératives, l’enferme dans une étroite dépendance. La petite paysannerie se sent prise à la gorge par ses ennemis de classe et c’est elle qui a donné le caractère revendicatif violent des nombreuses manifestations de 1970 et 1971.
La petite paysannerie a souvent une idéologie réactionnaire, faite d’attachement à I’« exploitation familiale », à l’Eglise, etc… Cependant dans son combat contre ceux qui l’oppriment et qui veulent son élimination, elle prendra et prend déjà conscience que les monopoles, la bourgeoisie paysanne, les organisations réactionnaires paysannes sont des ennemis. Il appartient à la classe ouvrière et plus particulièrement aux communistes marxistes-léninistes de transformer ces alliés potentiels en alliés réels et de les entrainer vers la révolution.
Il y a aussi des ouvriers agricoles. Ils sont surexploités car ils sont peu nombreux et isolés, ils ne bénéficient pas des possibilités d’organisation et de défense de la classe ouvrière des usines. Les ouvriers agricoles appartiennent au prolétariat.
38
En Belgique, parce qu’ils s’agit d’un pays avancé, les employés sont nombreux : 20 % de la population en Flandre et en Wallonie, près d’un tiers à Bruxelles. Mais le mot « employé » est souvent un mot ambigu. Certains administrateurs, des directeurs d’entreprise sont même recensés comme employés ! En fait, il y a différentes couches d’employés très différenciées. La fraction supérieure, très peu nombreuse, aspire à rejoindre les rangs des cadres supérieurs ; elle vit généralement bien et ne se sent rien de commun avec le prolétariat. La fraction moyenne, par son mode de vie et ses conceptions, est proche de la petite bourgeoisie. Mais la plupart des employés, surtout en Flandre et en Wallonie, sont objectivement proches de la classe ouvrière et tous sont exploités. On pourrait reprendre à leur sujet l’appellation qu’utilise le camarade Mao Tsé-toung, le semi-prolétariat.
Les classes dirigeantes font tout pour élargir le fossé entre les employés et les ouvriers. Les employés travaillent dans d’autres locaux mieux aérés, mieux éclairés. Ils sont encouragés à se différencier par le port de vêtements plus élégants. Ils bénéficient d’horaires plus avantageux (ils commencent plus tard, leur journée est moins longue) ; les lois sociales qui les concernent sont plus favorables (retraites, préavis en cas de licenciement, etc). Tout cela vise à créer des contradictions. D’ailleurs, les classes dirigeantes visent aussi à créer des divisions entre employés en accordant quelques « avantages » à ceux du secteur public.
Par cette différenciation, la bourgeoisie parvient dans une certaine mesure à opposer une partie des employés à la classe ouvrière. Un grand nombre d’entre eux pourtant savent et comprennent que tout doit les rapprocher de la classe ouvrière; ils comprennent qu’ils sont exploités par les capitalistes. Si la lutte de classe s’accentue, les petits employés et même ceux de rang moyen comprendront mieux qu’ils sont les alliés naturels de la classe ouvrière, comme la majorité d’entre eux l’ont compris au cours des grandes grèves· de notre histoire.
39.
Il faut parler encore de l’existence d’un lumpenprolétariat, d’un sous-prolétariat d’éléments déclassés, connaissant la misère, mais vivant d’expédients, de rapines, etc… Certes, il s’agit d’un groupe assez mince mais certains groupements gauchistes ont voulu faire de ce lumpenprolétariat le fer de lance de la révolution. Ils s’appuyent ainsi sur les théories à masque de gauche du philosophe réactionnaire Marcuse. Ils se trompent du tout au tout. Marx. et Engels ont montré que le lumpenprolétariat est « un produit passif de la pourriture des couches inférieures de la vieille société ». Certes, il est composé de gens victimes du régime et nous devons en tenir compte, ne pas le repousser mais au contraire tout faire pour le joindre au combat de la classe ouvrière sans oublier, ainsi que le soulignent Marx et Engels, que « ses conditions de vie le disposeront plutôt à se vendre à la réaction ».
40
Les intellectuels ne constituent pas une classe sociale. Même si des changements sont intervenus dans leur rôle, ils ne sont pas, ni en tout, ni en partie, une « nouvelle classe ouvrière ». Les intellectuels se répartissent entre les diverses classes et couches de la société par leur origine et par leur situation sociale et économique. Dès lors, si des couches diverses d’intellectuels et d’étudiants jouent un rôle positif dans le combat révolutionnaire, ils sont porteurs aussi d’une grande confusion idéologique. Souvent les programmes qu’ils proposent et leurs slogans sont frappés d’utopisme ; leur impatience, leur aventurisme, leur spontanéisme ont leur source dans l’idéologie non-prolétarienne dont ils se font porteurs, malgré leur courage et leur enthousiasme révolutionnaire.
Les intellectuels, les étudiants se recrutant dans diverses classes de la société, principalement dans la bourgeoisie et la petite bourgeoisie, se caractérisent par des hésitations politiques et idéologiques. Les communistes marxistes-léninistes doivent affirmer avec force que le rôle dirigeant dans la révolution revient à la classe ouvrière mais il faut, en conséquence, lutter pour amener les intellectuels et les étudiants révolutionnaires sur de justes positions, pour les affranchir de l’influence de l’idéologie bourgeoise et petite bourgeoise.
L’analyse des classes sociales que nous avons entreprise est encore insuffisante. Elle devra être complétée et approfondie en tous domaines et notamment en ce qui concerne les contradictions entre et parmi les classes ut couches sociales. Cet approfondissement ne peut se faire que par la pratique, dans la lutte de classe et dans une liaison plus étroite avec les masque populaires. Une prétendue « analyse de classe » faite en dehors de la pratique , dans des « instituts de recherche », ne peut conduire qu’à des déboires. Ce n’est que par des enquêtes à la base, à travers la lutte quotidiennes, en contact avec les masses que l’on peut avancer dans cette connaissance.
CHAPITRE VIII
LE SOCIALISME EXIGE LA REVOLUTION VIOLENTE ET LA DICTATURE DU PROLETARIAT
41.
Le capitalisme engendre les pires maux.
Chaque jour les prolétaires et les autres travailleurs sont exploités par les capitalistes. Cette exploitation peut être ouvertement brutale ou enveloppée de miel, elle n’en est pas moins révoltante parce qu’elle constitue l’appropriation par les capitalistes de la valeur supplémentaire créée par les ouvriers ou les paysans-travailleurs et l’utilisation dans ce but d’autres travailleurs.
L’ouvrier reçoit un salaire qui sert à entretenir sa force de travail mais qui ne représente qu’une faible partie de la valeur qu’il a créée. Les salaires sont toujours insuffisants. Quand, sous le poids des batailles ouvrières, les capitalistes sont obligés d’accorder des hausses de salaires, celles-ci ne tardent pas à être dévorées par les hausses rapides de prix qui sont devenus une des caractéristiques de l’impérialisme pourrissant. Par son combat, la classe ouvrière a obtenu la réduction de la durée du travail mais parce que les salaires sont insuffisants, les ouvriers sont poussés à effectuer des heures supplémentaires. En même temps, les capitalistes utilisent les techniques scientifiques d’organisation du travail, ce qui entraîne des cadences de plus en plus accélérées jusqu’à devenir infernales.
De la pratique des heures supplémentaires et des cadences à l’américaine résulte un surcroît considérable d’accidents de travail et une augmentation inquiétante des maladies nerveuses.
La production se fait de façon anarchique, selon les seules lois du profit et non en fonction des besoins et du bien-être de la population. Il en résulte des crises de diverses amplitudes. Certes, aucune n’a plus eu le caractère dramatique de celle de 1929-1933 ; les technocrates ont pu en amoindrir les effets, mais il n’empêche que chaque crise, chaque récession coûte cher aux travailleurs et il est certain que les technocrates ne pourront indéfiniment retarder les conséquences inévitables des contradictions mêmes du régime capitaliste.
Le capitalisme, c’est la corruption sur la plus vaste échelle. La religion s’avérant actuellement assez inopérante comme opium du peuple, on en a créé d’autres : la musique pop, le sport professionnel, l’usage de la drogue, la « révolution » sexuelle, etc. Enfin, le capitalisme engendre la pollution de l’air, des eaux, la destruction des sols, des forêts. Il crée les conditions pour tuer toute vie.
Le mal majeur engendré par le capitalisme, ce sont les guerres impérialistes. La loi fondamentale du développement du capitalisme des monopoles, c’est la loi du développement inégal. Les divers monopoles capitalistes, les divers Etats impérialistes ne se développent pas à la même vitesse. Selon leur degré de développement, ils sont obligés d’accepter tel partage du monde, telle situation de fait. Mais dès que leur puissance augmente, ils imposent la question d’un nouveau partage du monde, ou d’une nouvelle situation moins désavantageuse. Comme leurs arguments ne peuvent être que dos arguments de force, avec des moyens de tuerie de plus en plus perfectionnés, la conséquence inévitable ce sont les conflits, les guerres impérialiste. Il faut noter que le capitalisme conduit à la guerre impérialiste par le jeu des contradictions interimpérialistes, mais aussi par ses agressions contre les peuples qui se libèrent. Vis-à-vis des Etats authentiquement socialistes, il pratique une politique belliciste et il n’est pas exclu qu’un jour il veuille sortir d’une situation pour lui de plus en plus désastreuse en déclenchant une guerre contre ces Etats.
Lénine a montré que
« les guerres impérialistes sont absolument inévitables, aussi longtemps qu’existera la propriété privée des moyens de production ».
42.
Le camarade Mao Tsé-toung enseigne :
« Pour ce qui est de la guerre mondiale, il n’y a au tond que deux possibilités : ou c’est la guerre qui provoque la révolution, ou c’est la révolution qui conjure la guerre ».
Les contradictions principales du monde contemporain sont les suivantes :
– contradiction opposant les nations et peuples opprimés à l’impérialisme et au social-impérialisme ;
– contradiction opposant le prolétariat à la bourgeoisie dans les pays capitalistes ou révisionnistes ;
– contradiction opposant les pays impérialistes (y compris l’URSS social-impérialiste) entre eux ;
– contradiction opposant les pays socialistes aux pays impérialistes (Y compris l’URSS social-impérialiste).
L’expérience des deux grandes guerres mondiales montre que si l’impérialisme et le social-impérialisme imposaient une nouvelle guerre mondiale, il en résulterait un développement impétueux de ces contradictions et les peuples du monde entier iraient inévitablement à la révolution.
Cette analyse est en contradiction totale avec la conception révisionniste qui bêle à la paix pour endormir la vigilance des masses et qui tend à faire croire qu’il serait possible d’arriver à la paix définitive à l’intérieur d’un monde où sévit l’impérialisme.
Les marxistes-léninistes savent qu’on ne peut mettre fin à la guerre, qu’on ne peut mettre fin à l’exploitation capitaliste que par le triomphe de la révolution.
C’est pourquoi il faut attacher une importance capitale à la déclaration du camarade Mao Tsé-toung en date du 20 mai 1967 :
« Le danger d’une nouvelle guerre mondiale demeure et les peuples du monde doivent y être préparés. Mais aujourd’hui dans le monde, la tendance principale, c’est la révolution ».
Cette affirmation est amplement démontrée dans les faits. Elle est exaltante ; il est permis de dire aujourd’hui qu’il est possible d’éviter une troisième guerre mondiale parce que quelque chose se révèle plus fort : non des congrès de la paix style mouvement mondial révisionniste de la paix ; non des motions savamment dosées, style UBDP (Union Belge pour la Défense de la Paix, à direction révisionniste) ; ce qui est plus fort, c’est la révolution.
Notons que le camarade Mao Tsé-toung parle de tendance PRINCIPALE en non de tendance générale, comme certains falsificateurs l’ont dit. Il est certain que tous les peuples ne sont pas au même niveau, que pour un certain temps, il faudra encore combiner en Europe occidentale tous les types combat : économique et politique, légal et illégal.
Mais il appartient aux Partis marxistes-léninistes là où ils sont déjà reconstitués et ailleurs aux groupes qui sont en train de le reconstituer de tout faire pour que la tendance principale devienne la tendance générale.
43.
Le premier devoir d’un révolutionnaire est de faire la révolution.
Si nous voulons mettre fin à l’extorsion quotidienne de la plus-value, il faut faire la révolution.
SI nous voulons mettre fin aux salaires insuffisants, à la hausse permanente des prix, et à la pratique capitaliste qui consiste à nous reprendre d’une main ce qu’on est forcé de nous accorder de l’autre, il faut faire la révolution.
Si l’on veut mettre fin à la pratique des heures supplémentaires, à la productivité à l’américaine, aux cadences infernales, il faut faire la révolution.
SI l’on veut mettre fin à la corruption et à la pollution que le régime capitaliste secrète par tous ses pores, il faut faire la révolution.
La seule façon conséquente de défendre l’indépendance nationale, c’est du faire la révolution.
La seule façon conséquente de soutenir la cause de la libération des peuples, et en premier lieu les peuples indochinois et le peuple palestinien en armes, c’est de faire la révolution.
La seule façon d’empêcher une troisième guerre mondiale, c’est de faire la révolution.
La seule façon de battre l’impérialisme américain, le pire ennemi des peuples, ainsi que son complice et rival, le social-impérialisme soviétique, c’est de faire la révolution.
44.
Dans le « Rapport sur l’enquête menée dans le Hounan à propos du mouvement paysan » (mars 1927) le camarade Mao Tsé-toung définit ce qu’est la révolution :
« La révolution n’est pas un diner de gala ; elle ne se fait pas comme une œuvre littéraire, un dessin ou une broderie ; elle ne peut s’accomplir avec autant d’élégance, de tranquillité et de délicatesse, ou avec autant de douceur, d’amabilité, de courtoisie, de retenue et de générosité d’âme.
La révolution, c’est un soulèvement, un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre ».
La question de la révolution violente est une ligne de démarcation entre les révisionnistes et les marxistes-léninistes.
Le problème-clé de la révolution est celui du pouvoir. Dans le régime capitaliste, le pouvoir appartient au capital et, au stade de l’impérialisme, au capital monopoliste. La révolution vise à substituer le pouvoir de la classe ouvrière au pouvoir du capital.
Le pouvoir du capital s’exerce par l’intermédiaire d’un Etat qui en Belgique revêt la forme d’une démocratie parlementaire. Dans son ouvrage : « La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky » (1918), Lénine montre que :
« La démocratie bourgeoise, tout en constituant un grand progrès par rapport au moyen-âge, reste toujours − elle ne peut pas ne pas rester telle en régime capitaliste − une démocratie étroite, tronquée, fausse, hypocrite, un paradis pour les riches, un piège et un leurre pour les exploités, pour les pauvres ».
Le but de la révolution est de s’emparer de l’appareil d’Etat bourgeois, de le détruire et de le remplacer par l’Etat prolétarien.
Jamais les classes exploiteuses n’ont accepté de se retirer pacifiquement de la scène de l’histoire. Dans le même ouvrage, Lénine dit encore :
«… le parti dominant de la démocratie bourgeoise n’accorde la défense de la minorité qu’à un autre parti bourgeois; tandis que le prolétariat, dans toute question sérieuse, profonde, fondamentale, reçoit en guise de protection de la minorité la loi martiale ou les massacres ».
Déjà lorsque de simples grèves l’ébranlent ou la débordent, la bourgeoisie ne recule pas devant le massacre. C’est une constante dans l’histoire sociale de Belgique. Comment croit-on que risquant de perdre son pouvoir, la bourgeoisie monopoliste hésiterait un seul instant à se livrer à un carnage au détriment de la classe ouvrière et des autres travailleurs ?
L’enseignement de Lénine ne fait aucun doute à ce sujet :
« Sans révolution violente, il est impossible de substituer l’Etat prolétarien à l’Etat bourgeois ».(L’Etat et la révolution).
« La révolution est impossible sans la destruction violente de la machine d’Etat bourgeois ».(La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky).
Staline a répondu à la question de savoir s’il était possible de passer au socialisme sans passer par la révolution violente.
« Il est clair que non. Penser que l’on puisse opérer une telle révolution pacifiquement, dans le cadre de la démocratie bourgeoise appropriée à la domination de la bourgeoisie − c’est ou bien avoir perdu la raison et toutes notions humaines normales, ou bien renier brutalement et ouvertement la révolution prolétarienne ». (Les questions du léninisme).
Ceci en arrive à montrer la justesse de la célèbre thèse du camarade Mao Tsé-toung, exprimée dans « Les problèmes de la guerre et de la stratégie» (6 novembre 1938) :
« Chaque communiste doit s’assimiler cette vérité que le pouvoir est au bout du fusil ».
La bourgeoisie le sait bien qui braque contre le prolétariat ses armées modernes, ses paras, ses gendarmes, ses flics, ses juges, ses prisons, ses camps de concentration, ses salles de torture, ses poteaux d’exécution. Le camarade Mao Tsé-toung a raison quand il ajoute dans la même œuvre :
« L’expérience de la lutte des classes à l’époque de l’impérialisme montre que la classe ouvrière et les masses travailleuses ne peuvent vaincre les classes armées de la bourgeoisie et des propriétaires fonciers que par la force des fusils. En ce sens, on peut dire qu’il n’est possible de transformer le monde qu’avec le fusil ».
Il est remarquable que ce principe de base du combat prolétarien a été combattu par les tenants de la fraction opportuniste qui s’est manifestée dans nos rangs. Bien sûr, ils n’osaient pas contester cette thèse qui les aurai démasqués trop crûment, mais ils disaient qu’il ne faut pas dire cela, qu’il faut le savoir mais ne pas le dire, car le dire, ce serait se couper des masses.
A ceux qui ont peur de dire les choses telles qu’elles sont, qui « ont peur de faire peur », il faut répliquer par ce que Marx et Engels soulignaient dans le « Manifeste du Parti Communiste » :
« Les communistes ne s’abaissent pas à dissimuler leurs opinions et leurs projets. lis proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l’ordre social passé. Que les classes dirigeantes tremblent à l’idée d’une révolution communiste ! ».
Engels disait les choses nettement :
« Une révolution est à coup sûr la chose la plus autoritaire qui soit. C’est un acte par lequel une partie de la population impose à l’autre partie sa volonté à coups de fusils, de baïonnettes et de canons, moyens autoritaires s’il en fut ».
Le fait d’avoir proclamé ces vérités marxistes-léninistes n’a pas fait peur au prolétariat russe qui a fait la Révolution d’Octobre, n’a pas fait peur au prolétariat chinois qui a dirigé une ample guerre révolutionnaire. C’est au contraire d’en être conscients qui les a conduits à la victoire.
Certains ont dit qu’il suffit de montrer la lutte des peuples en armes en Indochine, en Palestine, en d’autres endroits pour éduquer les travailleurs dans cette voie. C’est encore une faute opportuniste. Car les révisionnistes, les sociaux-démocrates et d’autres agents de la bourgeoisie ne demandent pas mieux que de dire :
« Bien sûr, en ces pays-là, c’est possible, c’est même la seule voie. Mais dans les pays industriels, c’est impossible ».
Si nous n’éduquons pas la classe ouvrière et tous les travailleurs dans l’idée que «le pouvoir est au bout du fusil» ; si nous ne lui expliquons pas quotidiennement, dans les faits, cette vérité de base ; si nous ne faisons pas dès à présent tout ce qui est nécessaire pour armer les travailleurs à la fois avec l’idéologie et à la fois avec les fusils, nous tomberons immanquablement dans les marécages de l’opportunisme et du révisionnisme. Et si la classe ouvrière n’est pas consciente qu’elle doit prendre les armes, elle ne les prendra pas.
Cela nous devons le faire comprendre à partir de faits concrets, en montrant dans l’exploitation quotidienne que le régime capitaliste engendre les maux les plus exécrables et qu’il n’est possible d’y mettre fin que par les armes.
45.
Les opportunistes et les révisionnistes ont toujours caché et atténué cet enseignement marxiste-léniniste fondamental qu’il n’est pas de régime socialiste possible sans dictature du prolétariat. Dans sa «Critique du programme de Gotha», Marx a dit :
« Entre la société capitaliste et fa société communiste se place la période de transformation révolutionnaire de celle-là en celle-ci. A quoi correspond une période de transition politique où l’Etat ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat ».
Lénine, en lutte contre les opportunistes et les révisionnistes, a montré l’importance du concept de dictature du prolétariat. Dans « L’Etat et la révolution » il précise :
« Quiconque reconnait uniquement la lutte des classes n’est pas pour autant un marxiste. Il peut se faire qu’il ne sorte pas encore du cadre de ta pensée bourgeoise et de la politique bourgeoise. Limiter le marxisme à la doctrine de la lutte des classes, c’est le tronquer, le déformer, le réduire à ce qui est acceptable pour la bourgeoisie. Celui-là seul est un marxiste qui ETEND la reconnaissance de la lutte des classes jusqu’à ta reconnaissance de la DICTATURE DU PROLETARIAT ».
Et dans sa « Préface à l’édition du discours : Comment on trompe le peuple avec le mot d’ordre de liberté et d’égalité », Lénine dit encore :
« La dictature du prolétariat n’est pas la fin de la lutte des classes ; c’est sa continuation sous des formes nouvelles. La dictature du prolétariat c’est la lutte de classe du prolétariat victorieux qui a pris en main le pouvoir politique, contre la bourgeoisie vaincue, mais non anéantie, non disparue qui, loin d’avoir cessé de résister a intensifié se résistance ».
Dans « La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky», il apporte cette précision importante :
« La dictature révolutionnaire du prolétariat est un pouvoir conquis et maintenu par la violence, que te prolétariat exerce sur fa bourgeoisie, pouvoir qui n’est lié par aucune foi ».
Le camarade Mao Tsé-toung a analysé cette notion dans son livre capital : « De la juste solution des contradictions au sein du peuple » (1957). Il définit le contenu de cette dictature :
« Sa première fonction est d’exercer sa répression, à l’intérieur du pays, sur les classes et les éléments réactionnaires ainsi que sur les exploiteurs qui s’opposent à la révolution socialiste, sur ceux qui sapent l’édification socialiste, c’est-à-dire de résoudre les contradictions entre nous et nos ennemis à l’intérieur du pays. Par exemple, arrêter, juger et condamner certains contre-révolutionnaires et retirer pour un temps déterminé aux propriétaires fonciers et aux capitalistes bureaucratiques Je droit de vote et la liberté de parole – tout cela entre dans Je champ d’action de notre dictature. La dictature a une deuxième fonction, celle de défendre notre pays contre les activités subversives et les agressions éventuelles des ennemis du dehors. Dans ce cas, la dictature a pour tâche de résoudre sur le plan extérieur les contradictions entre nous et nos ennemis »
.
Dans la société socialiste, les contradictions de classe continuent à exister et la lutte de classe ne s’éteint pas. Il y a toujours lutte entre les deux voies. Pour empêcher le retour du capitalisme et assurer l’édification du socialisme, il est nécessaire de conduire de façon ininterrompue et jusqu’au bout la révolution socialiste. La dictature du prolétariat est la garantie du développement de la construction du socialisme, la garantie de la défaite de toutes les entreprises de la bourgeoisie.
C’est pourquoi les marxistes-léninistes doivent franchement aborder la question de la dictature du prolétariat, montrer sa nécessité, prouver qu’elle est, comme le montre Lénine,
« un million de fois plus démocratique que n’importe quelle démocratie bourgeoise ».
CHAPITRE IX
LA LIGNE DE MASSE
46.
Il existe un texte capital de Mao Tsé-toung sur la lutte des communistes dans les pays capitalistes avancés. Il se trouve dans « Les problèmes de la guerre et de la stratégie» (6 novembre 1938) :
« La tâche centrale et la forme suprême de la révolution, c’est la conquête du pouvoir par la lutte armée, c’est résoudre le problème par la guerre. Ce principe révolutionnaire du marxisme-léninisme est valable partout, en Chine comme dans les autres pays.
Toutefois, si le principe reste le même, les partis prolétariens placés dans des conditions différentes, l’appliquent de façon différente, conformément à ces conditions. Dans les pays capitalistes, si l’on ne considère pas les périodes de fascisme ni de guerre, les conditions sont les suivantes : à l’intérieur du pays, le féodalisme n’existe plus, le régime est celui de la démocratie bourgeoise ; dans leurs rapports extérieurs, ces pays ne subissent pas d’oppression nationale, ils oppriment au contraire d’autres nations. Eu égard à ces particularités, éduquer les ouvriers et accumuler des forces au moyen d’une lutte légale de longue durée, et se préparer ainsi à renverser finalement le capitalisme sont tes tâches du parti du prolétariat dans les pays capitalistes. Là il s’agit de soutenir une longue lutte légale, de se servir de la tribune parlementaire, de recourir aux grèves économiques et politiques, d’organiser les syndicats et d’éduquer les ouvriers. Là les formes d’organisation sont légales, les formes de lutte, non sanglantes (pas de recours à la guerre). Dans la question de la guerre, le parti communiste lutte contre toute guerre impérialiste menée par son pays ; si une telle guerre éclate, sa politique vise à la défaite du gouvernement réactionnaire de son propre pays. Il ne veut pas d’autre guerre que la guerre civile à laquelle il se prépare. Mais tant que la bourgeoisie n’est vraiment pas réduite à l’impuissance, tant que le prolétariat dans sa grand, majorité n’est pas résolu à entreprendre l’insurrection armée et la guerre civile, tant que les masses paysannes n’en sont pas venues à aider volontairement le prolétariat, cette insurrection et cette guerre ne doivent pas être déclenchées. Et l’lorsqu’elles le sont, il faut commencer par occuper les villes et s’attaquer ensuite aux campagnes, en non le contraire. C’est ce que font tes partis communistes des pays capitalistes, c’est ce que confirme l’expérience de la Révolution d’Octobre en Russie ».
Ce texte est important parce qu’il est une condamnation sans équivoque de l’impatience petite bourgeoise aventuriste et anarchiste qui se pare par fois de l’étiquette « maoïste ».
Si la révolution est un acte de violence, elle ne peut jamais être un acte d’individus coupés des masses, aussi bien intentionnés soient-ils.
C’est encore le camarade Mao Tsé-toung qui, dans la « Causerie pour les rédacteurs du Quotidien du Chansi-Soueiywan» (2 avril 1948), insiste à sujet :
« Si nous tenions à passer à l’offensive alors que les masses n’ont pas encore pris conscience, ce serait de l’aventurisme. SI nous voulions à toute force amener les masses à faire quelque chose contre leur gré, nous échouerions à coup sûr ».
Et dans son rapport au Sixième Congrès du Parti du Travail d’Albanie, le 1er novembre 1971, le camarade Enver Hodja indique :
« La révolution est l’œuvre des masses. Si les masses ne sont pas convaincues de la nécessité de la révolution, si elles ne se préparent pas, ne se mobilisent pas et ne s’organisent pas, aucune révolution ne peut triompher ».
Le travail de masse, une ligne de masse concrète, voilà donc une nécessité vitale pour le parti ouvrier prolétarien.
La participation aux élections et au parlement bourgeois
47.
Dans le texte cité plus haut, le camarade Mao Tsé-toung envisage comme possible la participation aux élections et au parlement bourgeois. On sait que Lénine également recommandait la participation aux élections tout en soulignant qu’il s’agissait d’« une question pas très importante » (Salut aux communistes italiens, français et allemands, octobre 1919). C’est dans « La maladie infantile du communisme, le gauchisme », que Lénine a le plus défendu la participation aux élections et au parlement bourgeois. Il s’agit œuvre écrite dans une situation caractérisée par le reflux général du mouvement révolutionnaire. Même en développant cette position, Lénine soulignait :
« L’action des masses − une grande grève, par exemple − est plus importante que l’action parlementaire TOUJOURS et non pas seulement pendant la révolution ou dans une situation révolutionnaire ».
D’ailleurs, il rappelait qu’il est des circonstances où il est juste de ne pas participer aux élections et au parlement bourgeois. Il disait que
« certes, Il aurait tort celui qui dirait comme autrefois, et d’une façon générale, que, qu’elles que soient les circonstances, le refus de participer aux parlements bourgeois est inadmissible ».
Nous ne sommes plus actuellement dans une situation de reflux général du mouvement révolutionnaire. Nous sommes au contraire dans une période d’un nouvel essor des luttes populaires.
Le parlement et les parlementaires sont grandement discrédités auprès des masses populaires. En outre, les révisionnistes ont pratiqué, depuis un quart de siècle, un crétinisme parlementaire écœurant dont il faut A TOUT PRIX nous démarquer. Toutes les tentatives de participation électorale se sont soldées par des déboires du point de vue de la prise de conscience révolutionnaire.
Nous ne renonçons pas à utiliser la participation aux élections et au parlement bourgeois si les circonstances montrent que cela peut nous être favorable dans notre travail de masse. Cela n’est actuellement pas le cas. Par contre, notre intervention décidée avec nos propres mots d’ordre, dans la récente campagne électorale (octobre-novembre 1971), pour dénoncer la comédie électorale et montrer sa signification, pour dénoncer les turpitudes du régime et montrer que la seule voie juste pour les travailleurs est celle de la révolution prolétarienne, a rencontré un réel succès. Le nombre élevé de demandes de renseignements que nous avons reçues a largement dépassé nos espérances. C’est une leçon que nous ne devons pas oublier : on peut remporter un succès en attaquant l’électoralisme à la faveur de la campagne électorale.
Le travail de masse au sein des entreprises
48.
Dans son travail en direction des entreprises, le Parti vise à la constitution de cellules d’entreprises. Mais il est certain qu’à côté des ouvriers marxistes-léninistes, il en est un nombre beaucoup plus grand qui ne sont pas marxistes-léninistes, qui ne sont pas révolutionnaires et qui pourtant, sont exploités, subissent l’oppression capitaliste et participent donc à la lutte de classe.
Une organisation se mêle quotidiennement à la vie des travailleurs : l’organisation syndicale. Il importe de préciser soigneusement notre position à son égard.
Les syndicats sont apparus très tôt dans l’histoire de la classe ouvrière.
Ils ont été immédiatement en butte à la persécution. Leurs militants ont été emprisonnés, déportés, maintes fois assassinés. Les caisses syndicales plus d’une fois ont été confisquées. On n’en est plus là aujourd’hui. Les dirigeants syndicaux deviennent ministres du roi, régents de la Banque Nationale ; ils banquettent chez Caterpillar. Toute la différence est là.
Si nous voulons avoir une position correcte à l’égard des syndicats, il faut analyser leur rôle actuel, voir ce qui est nouveau, examiner là comme en tout, le double aspect des choses.
Première donnée. Le syndicat, ce n’est pas, ça n’a jamais été et ce ne sera jamais l’avant-garde.
Par rapport à l’avant-garde il a toujours un certain retard, même s’il s’agit d’un syndicat révolutionnaire, même dans les conditions de la dictature du prolétariat.
Deuxième donnée. Cela fait quelque 50 ou 60 ans que les syndicats à direction social-démocrate, autant que les syndicats chrétiens, sont réactionnaires.
Dans « La maladie infantile du communisme » Lénine décrivait ainsi déjà leurs dirigeants :
« une aristocratie ouvrière corporative, égoïste, étroite, sans entrailles, cupide, philistine, d’esprit impérialiste, soudoyée et corrompue par l’impérialisme ».
Cependant, observant que les travailleurs se trouvaient en majorité dans les syndicats, Lénine demandait aux communistes de « travailler là où est la masse ».
Troisième donnée. Nous devons nous demander si les syndicats ont changé qualitativement par rapport à l’analyse qu’en faisait Lénine. Bien entendu, Ils n’ont pas changé dans le sens favorable à la classe ouvrière. Cela ne fait aucun doute. Ils sont devenus purement et simplement des rouages de l’impérialisme. Les syndicats ne sont plus en voie d’intégration, ils sont totalement intégrés dans le régime. Ils sont devenus des pièces de l’Etat bourgeois, au stade de l’impérialisme pourrissant. Ils sont officiellement les partenaires sociaux de la bourgeoisie impérialiste. Ils signent avec elle des conventions en vertu desquelles, contre quelques miettes du gâteau capitaliste, ils garantissent la paix sociale, c’est-à-dire la pacifique exploitation du prolétariat par les monopoles. Ils s’engagent à empêcher les grèves et si elles se déclenchent malgré eux, à les briser. Ils sont devenus des rouages de l’Etat et participent à la gestion et à la direction de la Société Nationale de Crédit à l’industrie, de la SNCB, de la Banque Nationale (la banque des banquiers), du Conseil Supérieur de l’Economie et de dizaines d’autres organismes de l’Etat bourgeois.
Aux ACEC, ils ont célébré comme une victoire le fait de régler avec le patron, la carrière des travailleurs ! A la F.N. et à Fabelta, ils ont « conquis » le droit d’organiser les licenciements pour le compte des patrons. On les a vus, notament chez Caterpillar et aux Forges de Clabecq, relever de leur mandat des délégués honnêtes pour que ceux-ci puissent être « légalement » frappés par les capitalistes !
Ils sont subsidiés par les monopoles sous prétexte de primes aux syndiqués ; ils sont subsidiés par l’Europe des monopoles pour l’organisation de cours de militants (les monopoles savent reconnaître les leurs) ; les émissions syndicales à la TV sont payées en partie par l’Office Belge pour l’Accroissement de la productivité ! On n’avoue pas plus ingénument qu’aujourd’hui les syndicats sont des instruments particulièrement précieux de l’exploitation de la classe ouvrière.
Les syndicats de nos jours sont pires que des syndicats jaunes. Ils sont entièrement, totalement dans le camp de l’impérialisme et ne pas le dire, se taire à ce sujet, c’est se faire complice.
Quatrième donnée. Les marxistes-léninistes dans leur analyse doivent s’appuyer sur les méthodes du matérialisme dialectique et voir le double aspect des choses. A l’heure actuelle, le taux de syndicalisation en Belgique est élevé − et il le reste en Wallonie, même s’il l’est moins en Flandre. Est-ce que les travailleurs sont membres du syndicat parce que celui-ci les sert dans les luttes de classe ?
Bien sûr que non ; ils ne se font guère d’illusions à ce sujet. Mais ils ont besoin du syndicat en cas de chômage, en cas de passage devant le tribunal du travail, pour avoir des indemnités en cas de grève. Puis il y a les primes aux syndiqués. Celles-ci étant supérieures aux cotisations syndicales, cela revient en quelque sorte à ce que le patron paie les travailleurs pour qu’ils soient syndiqués. Enfin dans un nombre de plus en plus grand d’entreprises, on n’a pas de travail si on n’est pas syndiqué. En fait, être membre du syndicat, c’est une sorte d’assurance sociale. On est membre du syndicat comme on est membre d’une mutualité. Plus personne aujourd’hui ne considère les mutualités comme des organes de lutte de classes et pourtant, elles l’ont été. Les syndicats en sont quasiment au même point.
Cependant, quand un travailleur devient militant syndical, c’est en général pour rendre service à ses camarades de travail. Quand il devient délégué, c’est généralement parce qu’il veut se battre : rares sont ceux qui pensent à faire carrière. Mais les délégués sont vite pris dans l’engrenage, dans les rouages syndicaux. Bon gré, mal gré, ils doivent plier. Ceux qui résistent sont souvent expulsés. Malgré tout, il en est qui sont honnêtes, qui veulent servir la classe ouvrière. Ceux-là, nous devons les distinguer des autres, et les soutenir. Nous sommes persuadés qu’ici il faut appliquer le juste principe du président Mao : gagner le centre pour isoler la droite.
49.
Quelles sont les perspectives à tracer dans le domaine syndical ?
Les révisionnistes disent qu’il faut suivre les syndicats, tout au plus règner « plus de démocratie ». Partout où ils ont des délégués − comme au ACEC, chez Cockerill, à la FN, etc., ils se sont montrés les pires conformistes des serviteurs du patron.
Les trotskystes, qui aiment jouer les tranche-montagnes, ont une position analogue en employant des termes plus à gauche. Pour eux, il suffit de nettoyer les syndicats des bureaucrates. Tout le mal est dans la bureaucratie Et on ne va pas plus loin dans l’analyse. Des bureaucrates, il y en a partout, aussi bien chez les capitalistes que dans les organisations ouvrières Ils sont lourds, formalistes, ont peur de ce qui est nouveau. Ils sont des freins. Dans les organisations ouvrières, ils sont une nuisance pour la classe. Mais ce ne sont pas nécessairement des ennemis. Il faut les critiquer, les secouer, certes. Cela est une chose. Il est des dirigeants syndicaux qui sont audacieux, qui savent aller parler aux masses, qui ne sont pas du tout des bureaucrates. Ils savent manœuvrer et trahir. Que l’on se rappelle feu Renard ! Que l’on voie aujourd’hui comment procèdent Davister ou Lambert !
Le manque de sérieux de la proposition trotskyste apparaît dans ce qui net passé à la régionale bruxelloise de la CGSP − enseignement. A la fin de ln grève en janvier 1961, sous la conduite des syndicalistes révisionnistes et trotskystes, Le Grève en tête, on a éjecté les « bureaucrates » syndicaux. La direction a été totalement changée. Elle est aujourd’hui à majorité trotskyste et révisionniste. Pourtant la régionale de Bruxelles a chaque fois appuyé les accords de programmation sociale, ce que ne fait pas la régionale ouvertement droitière de Charleroi. A la fin de l’année scolaire 1970-1971, cette même régionale, avec Le Grève à sa tête, a voté contre la grève des enseignements, voulue par la majorité des régionales. Dans ces conditions, on est en droit de se demander si l’opération trotskyste en définitive, ne consiste pas à remplacer des bureaucrates par d’autres bureaucrates – mais abonnés à « La Gauche ». On ne voit en tout cas pas ce que les travailleurs ont à y gagner.
Parmi les groupements qui se réclament du marxisme-léninisme, de la pensée de Mao Tsé-toung tout en se tenant à l’écart du Parti, il y a souvent pas mal de confusion et d’opportunisme. Pour les uns, c’est du sectarisme, de l’opportunisme de gauche ; pour les autres, c’est de l’opportunisme de droite. Et pour beaucoup, c’est d’aller d’une position à l’autre au gré des circonstances.
Maints groupes d’origine petite bourgeoise, à dominante étudiante, se distinguent par leur sectarisme. Par exemple, ils écrivent, ils chaulent des slogans qui par leur simplisme rebutent les travailleurs. Ecrire « syndicats = patrons » si on n’explique pas ou si les travailleurs n’ont pas vécu une expérience qui le prouve de façon évidente, ça coupe des travailleurs. Mettre dans le même sac le délégué honnête et les directions qui trahissent consciemment, ça coupe des travailleurs. Considérer comme un traître pur et simple le délégué qui est faible devant l’ennemi ou qui se trompe, ça coupe des travailleurs. C’est faux parce que ça ne tient pas compte du double aspect des choses ; c’est sectaire parce que cela tourne le dos à la dialectique.
Parmi ces groupements, il en est un − « Alle macht aan de arbeiders» (AMADA) − qui vient de faire une volte-face spectaculaire. Après avoir vitupéré les syndicats et préconisé la constitution de comités d’action partout, il vient d’adopter des positions qui rejoignent celles des trotskystes !
Prenons le cas d’un autre groupement, le seul d’ailleurs, en dehors du Parti, qui soit à dominante ouvrière. Il s’agit des camarades groupés autour du journal « l’Exploité ». On a vu ses militants jadis chauler des slogans sur les « traîtres syndicaux » qu’ils allaient chasser. On les a vus multiplier les dénonciations de délégués nommément désignés. Mais au bout du compte, ils considèrent eux aussi les syndicats comme récupérables. A tel point que dans une série d’articles publiés en septembre – octobre 1971 ils ont fait un pas à droite ; ils disent par exemple :
« L’organisation syndicale, en effet doit être au service des travailleurs. Elle doit exécuter la volonté de ceux-ci en non l’inverse ».
Et pour cela, il faut soutenir les délégués honnêtes ! Bien sûr, il faut soutenir les délégués honnêtes, mais croire que cela suffit pour éliminer le dirigeants qui trahissent et pour que l’organisation syndicale soit au service des travailleurs, c’est plus que du simplisme, c’est de la naïveté.
C’est refuser de voir la réalité de l’intégration des syndicats comme instruments de la dictature des monopoles. C’est adopter la position des révisionnistes et des trotskystes qui croient les premiers qu’il suffit qu’il y ait plus d’assemblées, les seconds qu’il suffit de balayer les dirigeants ou plus exactement les « bureaucrates », pour que l’organisation syndicale d’aujourd’hui soit au service des travailleurs, pour qu’elle exerce la volonté des travailleurs !
51.
Quelle est la perspective des marxistes-léninistes ? Dans les 21 conditions d’adhésion à l’Internationale Communiste dont on sait qu’elles ont été rédigées en 1920 par Lénine, on lit au point 10 :
« Un parti appartenant à l’Internationale Communiste est tenu de lutter opiniâtrement contre l’« internationale » » des syndicats jaunes d’Amsterdam. Il doit faire une propagande obstinée parmi les ouvriers syndiqués pour la rupture avec elle. Il doit, par tous les moyens, soutenir le rassemblement international an voie de réalisation des syndicats rouges adhérant à l’Internationale Communiste ».
Là-dedans, il y a des enseignements précieux : rupture avec les syndicats d’une internationale qui était juste un peu moins corrompue que la CISL aujourd’hui ; constitution de syndicats révolutionnaires. Ce qui était vrai l’époque de Lénine est encore plus vrai aujourd’hui que les syndicats sociaux-démocrates ont changé qualitativement et sont devenus des rouages de l’impérialisme pourrissant.
Dans le texte intitulé : « Problèmes de la guerre et de la stratégie », que nous citions plus haut et dans lequel le camarade Mao Tsé-toung compare les conditions de la lutte des communistes en Chine et dans les pays capitalistes avancés, il dit que dans ces derniers, il s’agit de soutenir « une longue lutte légale » et notamment « de recourir aux grèves économiques politiques, d’organiser des syndicats et d’éduquer les ouvriers ».
Le président Mao ne nous dit pas de suivre les syndicats jaunes, d’essayer de les redresser, il nous demande d’organiser des syndicats de lutte de classe.
Ces enseignements nous permettent de répondre à ceux qui, tout en se réclamant du marxisme-léninisme, de la pensée de Mao Tsé-toung (ou encore du « maoïsme ») versent dans l’opportunisme de gauche ou de droite.
Les gauchistes qui disent que les syndicats ne doivent plus exister parce qu’Ils sont un écran entre le Parti et les travailleurs, se trompent lourdement, renient les enseignements de Lénine, de Staline, de Mao.
Les droitiers qui disent qu’il est impossible de construire un syndicat révolutionnaire parce qu’il ne serait pas reconnu, prouvent ainsi qu’ils ne comprennent rien au combat révolutionnaire : les syndicats du dix-neuvième siècle n’étaient pas reconnus, ils étaient persécutés. L’Opposition Syndicale Ouvrière, animée par nos camarades marxistes-léninistes d’Espagne n’est pas reconnue ; elle est persécutée ; elle conduit de nombreuses luttes. Nos glorieux Comités de lutte syndicale, sous l’occupation, n’étaient pas reconnus. Et pourtant, n’étaient-ce pas de vrais syndicats, des syndicats de combat ? Et c’est bien pour cela que les dirigeants révisionnistes n’ont rien eu de plus pressé que de les liquider.
Ceux qui, comme le camarade Trifaux naguère dans « l’Exploité » (septembre – octobre 1971), disent que parler de « syndicat rouge », « c’est le propre des impuissants, à cause d’une ligne de division et non d’unité, n’ayant aucune confiance dans les masses, ni dans le Parti », renient ou ignorent l’enseignement de Lénine ou de Mao Tsé-toung.
Nos positions sont claires.
Les syndicats jaunes, rouages de l’impérialisme, au service de l’exploitation capitaliste, gendarmes de la paix sociale, sont nos ennemis. Notre perspective, c’est de les détruire et de construire une centrale syndicale révolutionnaire.
Certains feignent de croire que nous voulons construire cette centrale révolutionnaire immédiatement, artificiellement. C’est faux. C’est une perspective à longue échéance.
Certains disent que ce n’est pas possible, qu’il ne peut y avoir de syndicat révolutionnaire qu’après la prise du pouvoir. C’est faux ! Et la CGTU en France ? Et les CLS sous l’occupation en Belgique ?
Mais il est évident que cette centrale révolutionnaire ne se construira qu’à travers la lutte, que dans la mesure où les marxistes-léninistes entraîneront les travailleurs. Et la condition pour que cette nécessaire centrale syndicale de lutte voie le jour, c’est d’abord de poursuivre la construction du Parti, d’organiser les cellules d’entreprises et de lier les marxistes-léninistes à tous les travailleurs.
Nous estimons que dès à présent, il est possible de pratiquer un syndicalisme révolutionnaire, dont la tactique peut varier selon les régions et les entreprises, mais qui vise progressivement à créer les conditions de la destruction des syndicats jaunes et de la construction du syndicat de lutte de classe. Les principes suivants doivent être appliqués :
– dénonciation des trois syndicats jaunes comme rouages de l’Impérialisme ;
– soutien critique et fraternel des délégués honnêtes ;
– vis-à-vis des revendications justes posées par les syndicats, des grèves organisées par les syndicats, soutien sans restriction en visant à développer la lutte plus loin et à souligner la duplicité et les trahisons des dirigeant syndicaux ;
– profiter au maximum des contradictions et de la concurrence entre les syndicats du régime comme de celles qui peuvent exister au sein de ce syndicats ;
– si on se trouve dans une région ou une entreprise où l’activité syndicale existe dans les faits en non sur le papier, aller aux réunions syndicales, s’y montrer les meilleurs défenseurs des revendications des travailleurs, dénoncer le rôle des conventions ;
montrer le véritable caractère des référendums, armes privilégiées des briseurs de grève.
51.
Un processus important est apparu au cours des deux dernières années Au cours des luttes, il s’est créé des Comités d’Action, des Comités de Défense, des Comités de Grève, des Comités Ouvriers, etc.
Quelle doit être notre attitude ?
Ici encore nous devons examiner le double aspect des choses. Ces Co mités, formés plus ou moins spontanément, sont nés de la prise de conscience du rôle et de la trahison des syndicats jaunes. Ils constituent une tentative de direction de la lutte ouvrière par les travailleurs eux-mêmes.
Et en cela, nous devons les saluer comme un élément très positif.
Mais trop souvent, faute d’une avant-garde, ces comités n’ont fonctionné qu’un temps et se sont effondrés. Quand les trotskystes de l’une ou l’autre secte s’en sont mêlés, et ont fait valoir leurs vues, ils se sont même parfois transformés en officines de recrutement pour les syndicats afin de les redresser ! Et l’échec a été encore plus marquant.
Dans le Limbourg, le Comité Permanent à base ouvrière mais à direction petite-bourgeoise, malgré le noyautage trotskyste et actuellement d’un groupe gauchiste à direction étudiante, n’a pas été et n’est pas autre chose qu’une courroie de transmission de la Volksunie en direction des mineurs.
A la vérité, une série de positions ont été et sont développées.
Par exemple, des groupes, tels « Alle macht aan de Arbeiders » (Amada), qui se réclament du marxisme-léninisme, du « maoïsme », mais ont une direction petite-bourgeoise, ont vu dans ces Comités d’Action le point de départ du parti révolutionnaire. Certains groupes moins importants persévèrent dans cette conception. Il est évident que c’est là vouloir marcher sur la tête avec les pieds en l’air. C’est l’avant-garde ouvrière qui entraîne le mouvement de masse. Il faut construire le Parti et c’est celui-ci qui organise et dirige les organisations de masse.
Ce sont les mêmes qui ont dirigé l’important mouvement « Mijnwerkersmacht », lequel après avoir eu longtemps une grosse influence dans la classe ouvrière des mines du Limbourg, s’est effondré parce que ses initiateurs se sont obstinés à lui garder une direction étudiante et à ne pas appliquer le seul principe valable : la direction de la lutte des mineurs par les mineurs eux-mêmes. Aujourd’hui ils se sont rabattus sur le Comité Permanent et y appliquent la même tactique « entriste » que les trotskystes.
D’autres s’opposent tout à fait aux Comités d’Action. C’est logique, puisque ce sont les mêmes qui sont pour la régénération des syndicats existants grâce aux délégués honnêtes ! Par exemple, le camarade Trifaux écrivait une série d’articles de « l’Exploité » (septembre – octobre 1971) que
« ces comités d’action constituent une nouvelle soupape de sûreté pour le capitalisme ; ils constituent dans les faits un frein dans la prise de conscience politique des travailleurs ».
Il imagine qu’il suffit que son organisation prenne une décision juste pour qu’aussitôt elle soit suivie ! Il prétend même que « les exemples foisonnent à l’heure actuelle ».
C’est à la fois se payer de mots et faire bon marché des « courroies de transmission » dont parle Lénine comme des organes de front unique que recommande le camarade Mao Tsé-toung.
Nous croyons que quand les travailleurs créent un Comité d’Action, ils ne pas, loin s’en faut, « à maintenir le prolétariat rivé à ses chaines ».
Si un tel comité naît à un endroit où les marxistes-léninistes ne sont pas organisés, notre devoir est de soutenir ce comité, de viser par tous les moyens possibles à ce qu’il ait une bonne position. Nous ne devons guère nous faire d’illusion à ce sujet, mais nous devons aider ces travailleurs à aller plus loin. Des travailleurs qui font un pas en avant dans la bonne direction, on ne les rabroue pas, on ne les injurie pas, on les aide à faire un second pas dans la bonne direction.
Mais là où les marxistes-léninistes sont présents, organisés, ils doivent s’efforcer de créer et ils peuvent créer de telles organisations de masse.
C’est le rôle de l’avant-garde d’organiser l’ensemble des travailleurs. Il ne faut pas d’avoir une juste position et d’inviter les autres à nous suivre. Il faut permettre aux masses de s’organiser, de donner leur avis et de se faire écouter.
A ce sujet, il faut souligner l’importance du travail de masse accompli par nos camarades du Limbourg avec l’organisation « Arbeiders Unie » qui constitue le noyau d’un syndicat rouge. Le devoir de tous les marxistes-léninistes est de s’inspirer de cet exemple positif.
52.
Dans son rapport au Sixième Congrès du Parti du Travail d’Albanie, évoquant le renouveau des luttes populaires en Europe occidentale, le camarade Enver Hodja a dit :
« La lutte de classe du prolétariat et des autres classes exploitées a pris une telle ampleur par le nombre des participants comme par son âpreté, que la période actuelle peut être comparée, pour la bourgeoisie capitaliste aux périodes les plus critiques qu’elle ait traversées. Les brillantes victoires des travailleurs français, italiens, espagnols, anglais, belges, etc., l’expérience positive et négative qu’ils ont acquise, laisseront des empreintes ineffaçables dans leur conscience ».
De fait, il y a eu en Belgique au cours des dernières années une recrudescence remarquable des luttes de classe et des grèves. Selon les données fournies par l’Institut National des Statistiques, le nombre des travailleurs en grève a évolué comme suit :
1963 17.722
1964 40.682
1965 18.774
1966 41.629
1967 37.621
1968 29.338
1969 24.691
1970 107.670
En 1970, il y a eu plus de travailleurs en grève que pour l’ensemble des trois années précédentes. Nous ne possédons pas encore les chiffres complets pour 1971, mais pour les six premiers mois de l’année, on comptait déjà 53.821 travailleurs en grève, ce qui laisse penser que le chiffre total a été analogue à celui de 1970. Et cela est important si on a à l’esprit que le chiffre de 1970 est fortement influencé par la longue grève du Limbourg.
Beaucoup de ces grèves et de plus en plus sont des grèves sauvages, déclenchées sans et contre le syndicat, en violation des conventions signées par le syndicat, en violation de la légalité bourgeoise. Nous devons soutenir à fond les grèves sauvages et populariser leur exemple : elles offrent l’avantage de surprendre le patron qui, dans ces conditions, peut difficilement proposer des compromis boiteux et voit entraver ses possibilités de préparer le transfert des commandes. Elles surprennent les syndicats qui, au moins un temps, perdent la direction du mouvement, manœuvrant plus difficilement. Elles témoignent d’un éveil de la conscience de classe qui est portée à un niveau supérieur.
Cependant, ce serait tomber dans le subjectivisme que de croire que la révolution est pour demain. C’est faux. Il faut aller à la révolution, créer les conditions de la révolution.
Certains groupements révolutionnaires à direction petite-bourgeoise disent que pour lutter pour des revendications économiques, c’est faire de l’économisme. C’est faux.
A travers la lutte conséquente pour les revendications immédiates, les marxistes-léninistes se doivent d’élever la conscience de classe des ouvriers et de l’ensemble des travailleurs.
La lutte gréviste est un puissant moyen de combat. Même les grèves pour des revendications immédiates ont un caractère politique. Toute grève est toujours une partie de la grande lutte politique et idéologique contre la bourgeoisie capitaliste. Quelle que soit sa nature, toute grève fait partie intégrante de la préparation à la révolution prolétarienne. Il faut participer à toutes les grèves pour les revendications économiques et politiques de la classe ouvrière.
En participant aux grèves, en soutenant les revendications des travailleurs, on marchant côte à côte avec eux, avec courage et détermination, nous montrons notre clairvoyance politique à la classe. A travers toute grève, avec souplesse, nous montrons son caractère fondamentalement politique. Nous dénonçons les manœuvres et les trahisons des syndicats jaunes. Nous dénonçons leurs manœuvres et celles du patron pour briser la grève, pour donner le minimum de satisfaction aux revendications des ouvriers.
La lutte pour les revendications immédiates, le soutien aux grèves doivent permettre aux marxistes-léninistes de prouver qu’ils sont les véritables défenseurs des intérêts du prolétariat, que les sociaux-démocrates et les révisionnistes sont des traîtres. C’est de cette façon qu’ils gagneront la confiance du prolétariat, ce qui mènera à l’ébranlement de l’emprise réformiste et à la cristallisation, progressivement, des syndicats révolutionnaires. C’est à travers cette lutte aussi que nous renforcerons les cellules existantes et que nous en créerons d’autres.
En se liant à la classe ouvrière, le Parti la rend consciente qu’elle est la classe dirigeante de la révolution. Il ne s’agit pas seulement de lutter pour les revendications immédiates, mais d’aller à la révolution, pour renverser le pouvoir des monopoles capitalistes, pour instaurer la dictature du prolétariat, édifier le socialisme et le communisme.
C’est pourquoi, dans les articles de « Clarté », dans nos tracts, par voie d’affiches et de chaulages, nous reposons constamment les données de cette lutte.
Il faut à tout prix se garder de recommencer les erreurs des directions du temps de Lalmand et de Grippa qui présentaient de mirifiques revendications sorties tout armées de leurs bureaux coupés de la réalité sociale. Les revendications que nous reprenons sont celles émises par les travailleurs au cours de leurs luttes et particulièrement des grèves qu’ils ont déclenchées.
1. – A TRAVAIL EGAL, SALAIRE EGAL
Nous devons combattre tout ce qui divise les travailleurs par l’inégalité des conditions de vie, la conception de la promotion individuelle, la discrimination à l’égard des femmes et des jeunes.
Nous luttons pour la suppression des catégories d’âge et de zones, contre les contrats spéciaux pour les immigrés, contre les augmentations de salaires hiérarchiques et contre la hiérarchie des salaires.
Nous dénonçons les augmentations en pour cent qui creusent l’écart entre travailleurs. Nous réclamons des augmentations en chiffres absolus. Ces chiffres peuvent varier selon les entreprises et les régions mais nous popularisons la revendication d’une augmentation de 10 francs de l’heure qui a été mise en avant dans de nombreux combats de classe au cours des deux dernières années.
2. – LUTTE POUR LA SANTE DES TRAVAILLEURS
Les primes de sécurité, pour travaux pénibles ou insalubres, etc. coûtent moins cher aux capitalistes qu’une véritable sécurité. Mais une prime ne rend pas la santé aux travailleurs. Nous sommes pour des améliorations effectives de la sécurité dans le travail, pour l’augmentation du temps de repos.
Nous préconisons les 40 heures tout de suite, sans diminution des salaires et la quatrième semaine de vacances. Nous luttons pour les soins de santé gratuits (honoraires médicaux, frais d’hospitalisation et médicaments), pour l’intégralité des salaires en cas de maladie, d’accident dans le travail ou en dehors du travail ; il faut que les travailleurs reçoivent les remboursements de la mutualité dès les premiers jours.
Lutte énergique contre les cadences, pour des salaires suffisants permettant de mettre fin à la pratique des heures supplémentaires.
3. – CONTRE LE CHOMAGE ET LES LICENCIEMENTS
Nous exigeons l’intégralité du salaire jusqu’à ce que le chômeur trouve un travail équivalent à celui qu’il a perdu.
4. – POUR LES VIEUX TRAVAILLEURS
Logements et transports gratuits. Retraite à 60 ans d’un montant égal au salaire minimum de la catégorie. Intégralité de la retraite pour toute personne qui n’a pas travaillé et dont l’existence a été assurée par son conjoint avant la mort de celui-ci.
5. – CONTRE LA PAIX SOCIALE
Suppression des amendes dans le travail ou pour faits de grève. Suppression des lois et conventions anti-grèves. Suppression de la programmation sociale et des clauses de paix sociale qui ligotent les travailleurs.
53.
Le travail de masse parmi les femmes
Dans un article de la « Pravda », le 7 mars 1920, Lénine écrivait :
« Le mouvement ouvrier féminin, ne se contentant pas d’une égalité de pure forme, se donne pour tâche principale la lutte pour l’égalité économique et sociale de la femme. Faire participer la femme au travail productif social, l’arracher à l’esclavage domestique », la libérer du joug abrutissant et humiliant, éternel et exclusif de la cuisine et de la chambre des enfants, voilà la tâche principale.
Cette lutte sera longue, elle exige une transformation radicale de la technique et des mœurs. Mais elle prendra fin par la victoire du communisme ».
La population féminine représente la moitié de la population du pays, une moitié de la population où se retrouve la partie la plus exploitée des travailleurs. Toutes les sociétés d’oppression et d’exploitation, depuis la société esclavagiste jusqu’à la société capitaliste au stade de l’impérialisme ont imposé le concept de la femme vouée à la cuisine, aux enfants et à l’église allant de pair avec le concept de femme objet sexuel.
Pourtant, c’est le capitalisme qui a lancé la femme dans la production sociale mais par l’utilisation de ces concepts, il donnait une justification à a pratique des bas salaires féminins. En même temps, la main d’œuvre féminine concurrençait la main d’œuvre masculine et faisait pression sur l’ensemble des salaires, vers le bas. Ainsi la femme prolétaire est doublement exploitée exploitation capitaliste à l’usine ou à l’atelier, exploitation domestique dans la famille. La femme qui a travaillé au service du patron, est astreinte à une seconde journée consacrée aux soins des enfants, aux repas, aux lessives. Malgré cette double exploitation, l’entrée de la femme dans la production industrielle fut un phénomène historique de progrès, car elle donne à la femme une certaine indépendance économique, l’arrachant à l’autorité du mari et du père ; elle l’amène à acquérir une conscience de classe.
Tant que subsiste la société capitaliste, la libération de la femme ne sera pas possible. Elle ne pourra survenir sans la libération du prolétariat, tout comme la révolution ne sera possible qu’avec une large participation des femmes travailleuses.
Seule l’abolition de la propriété privée et de l’exploitation de l’homme par l’homme crée les conditions pour réaliser les conditions de l’égalité entre l’homme et la femme, l’épanouissement de la famille. Le socialisme est le seul ordre social qui crée les conditions nécessaires pour réaliser l’émancipation complète de la femme et qui est en mesure de la réaliser.
54.
D’après les statistiques officielles, en Belgique, entre 14 et 65 ans, une femme sur trois travaille en dehors de chez elle. Parmi ces femmes dites « actives », 28,8 pour cent sont ouvrières ; 64,4 pour cent sont employées dans les « services » ; 6,4 pour cent sont paysannes ou ouvrières agricoles.
Les salaires féminins sont toujours inférieurs à ceux des hommes. Pourtant, en 1920, dans le cadre de la fondation de l’Organisation Internationale du Travail, l’Etat belge signait l’engagement d’appliquer le principe « à travail égal, salaire égal ». Cet engagement a été renouvelé lors de la signature du Traité de Rome, mais tout cela est resté lettre morte.
Très peu de femmes font des études techniques. Celles qui ont un diplôme, le plus souvent n’ont pas l’occasion de l’utiliser. Même en cas de qualification, le salaire masculin est beaucoup plus élevé. La bourgeoisie a aussi créé le mythe des professions « typiquement féminines » (infirmières, secrétaires, sténodactylos, vendeuses, etc.) qui sont très mal payées même quand la qualification est élevée. Les femmes sont toujours une armée de réserve pour les capitalistes qui les appellent à la production puis les licencient suivant les fluctuations de la conjoncture. Elles sont d’ailleurs souvent embauchées dans les secteurs les moins vivants de l’économie (tabac, textile, habillement, chaussures).
Bien malgré lui, le capitalisme, en appelant la femme au travail a préparé le terrain de son égalité économique, de sa participation à la société et à la lutte des classes. Mais toutes les femmes n’ont pas les mêmes conceptions ni les mêmes attitudes.
Dans la couche intermédiaire de la bourgeoisie, certaines femmes exercent une profession libérale, d’autres sont agrégées de l’enseignement supérieur, d’autres encore ont des professions artistiques et littéraires. Parmi elles, certaines dirigent des mouvements féminins faussement progressistes. En effet, leur appartenance à la bourgeoisie ne peut leur faire accepter le renversement de l’ordre établi dont elles profitent.
Dans la petite bourgeoisie, certaines femmes travaillent comme « indépendantes », d’autres comme femmes d’« indépendants », le plus souvent dans le commerce. Le travail acharné qu’elles fournissent ne leur laisse pas le temps du s’intéresser ni au combat politique ni aux mouvements féminins ; elles ont accrochées à leur petite propriété privée, d’autant plus qu’elles la volent souvent condamnée à disparaître.
Dans le même secteur, issues de la petite bourgeoisie ou du prolétariat, des femmes travaillent comme aidantes ou apprenties. Elles sont terriblement exploitées.
Certaines ne perçoivent même aucun salaire sous prétexte qu’elles « apprennent » un métier.
Dans les « services », les femmes sont souvent les instruments de la propagande bourgeoise visant à renforcer l’image de la femme objet sexuel par la mode, les soins de beauté, la coiffure, etc. − quand elles ne sont pas elles-mêmes employées comme tel dans les bars, les dancings, les bordels.
Issues elles aussi de la petite bourgeoisie ou du prolétariat, les employées des grands magasins, des bureaux, des usines ont dans leur majorité, de basses rémunérations − parfois même inférieures à celles des ouvrières, bien sûr, la bourgeoisie fait tout pour propager son idéologie parmi elles, les écarter de la classe ouvrière, et leur faire aspirer au mode de vie de la bourgeoisie. Cependant, nombreuses sont celles qui se sentent concernées par les combats de classe et comprennent la nécessité de s’organiser pour défendre leurs intérêts.
Les ouvrières sont évidemment les plus conscientes de l’exploitation capitaliste. La bourgeoisie, avec l’aide des syndicats jaunes, déploie des efforts considérables pour diffuser ses poisons idéologiques parmi elles. Ce ont elles qu’il nous appartient avant tout d’organiser en menant une lutte mort contre tout ce qui détourne les ouvrières de la lutte de classe.
Le personnel domestique, les « femmes de ménage », les « femmes de charge » sont souvent les femmes les plus exploitées et les moins conscientes. Elles acceptent que les seuls travaux pour une femme sont les travaux ménagers. Il y a quinze ou vingt ans, elles étaient recrutées principalement parmi les familles paysannes. Actuellement, certaines, surtout dans les vielles régions industrielles en décadence, sont des femmes d’ouvriers qui « font des ménages » comme appoint au salaire insuffisant du mari. Bien souvent, Il s’agit d’un travail non déclaré, sans sécurité sociale ce qui accroît encore son aspect de travail déclassé, occasionnel. Mais aujourd’hui, c’est souvent parmi les étrangères que se recrute le personnel domestique. Cela est possible étant donné l’idéologie rétrograde qui sévit dans leur pays d’origine et les difficultés pour elles d’avoir un permis de travail et d’être embauchées dans une usine quand on ne connaît pas la langue utilisée.
55.
Diverses organisations féminines existent en Belgique. Les plus réactionnaires, surtout en Flandre, sont dirigées par des prêtres. Reflétant entièrement l’esprit bourgeois et même féodal, ces mouvements sont différenciés selon les classes sociales. Pour eux, pas question d’émancipation de la femme ; au contraire, ils visent à perpétuer son asservissement et à maintenir la bourgeoisie dans sa position de classe dirigeante.
Il existe ainsi une organisation des femmes catholiques « des classes moyennes et de la bourgeoisie ». Son journal loue la mère de famille nombreuse qui soigne bien sa maison, seconde avec diligence son mari dans son entreprise, ambitionne pour lui les plus hauts postes d’exploiteur.
L’organisation des femmes catholiques ouvrières est aux mains d’assistantes sociales qui persuadent les femmes de rester à la maison et de faire des économies en réalisant une multitude de travaux domestiques. C’est là faire le jeu des capitalistes car ces économies diminuent d’autant plus le prix de la force de travail et poussent aux bas salaires. De plus, un tel groupement enseigne à la femme la résignation et la pousse à freiner son mari dans la lutte classe contre classe. La religion catholique ne fait-elle pas obligation d’aimer son patron ?
Cette organisation pour les femmes ouvrières et d’ailleurs aussi la ligue des paysannes catholiques donnent des cours de couture, de cuisine, d’aménagement de la maison tout en faisant de la publicité pour divers produits commerciaux. Tout est mis en œuvre pour que la femme reste dans sa position d’être inférieur et qu’elle veille à la propriété privée, cause même de son aliénation.
Notons que cette idéologie réactionnaire est diffusée par d’autres groupements religieux (protestants, témoins de Jéhovah).
En réaction contre l’idéologie rétrograde ont surgi différents courants idéologiques sur l’émancipation de la femme ; ils ont fait fausse route les uns pour ignorer la lutte de classe, les autres pour l’avoir trahie. Tous servent objectivement la bourgeoisie.
Les premiers mouvements féministes réclamaient le droit de vote pour les femmes ; ils l’ont obtenu. Mais ce faisant, ils sont restés sur le terrain de la bourgeoisie. Les élections en régime bourgeois sont une duperie pour les femmes aussi bien que pour les hommes.
Le mouvement féminin social-démocrate (femmes prévoyantes socialistes) reprend le mot d’ordre « à travail égal, salaire égal », disserte sur le « planning familial » mais soutien toute la politique du PSB et de la FGTB de trahison de la classe ouvrière. Tout consiste en l’organisation de colonies de vacances pour les enfants, de goûters et de participations à des manifestations du parti.
Le révisionnisme est le courant anti-marxiste le plus dangereux. En URSS et dans les pays d’ex-démocratie populaire, il a ramené la femme à une condition inférieure. Une discrimination à l’embauche est exercée envers les femmes, surtout quand elles sont mères de famille. La nécessité des crèches est mise en doute parce que le personnel qui y est employé ne rapporte rien et on retourne à la politique de la femme au foyer. La femme citée en exemple, c’est la vedette.
Dans les pays capitalistes, les révisionnistes aident les capitalistes à maintenir la femme dans la sujétion en répandant le culte de la vedette (voir le « Drapeau rouge » et « l’Humanité »), en faisant croire que tout dépend des élections, en envoyant les militantes dans de prétendues organisations de masse sans adhérentes, véritables voies de garage, comme si on voulait se débarrasser d’elles au nom de la fumisterie des « tâches spécifiques ». D’ailleurs en Belgique, l’organisation révisionniste des femmes calque ses activités sur les organisations social-démocrates et petites-bourgeoises, mais avec moins de moyens !
Certains groupements féminins voient dans l’homme le principal ennemi et veulent retourner au matriarcat. Ils n’ont pas compris que toute femme appartient à une classe et que pour abolir l’exploitation de l’homme par l’homme, et la subordination de la femme à l’homme, il faut lutter contre la société capitaliste qui maintient cette exploitation et cette subordination.
Les mouvements les plus en vogue pour le moment sont ceux qui sont axés sur l’émancipation sexuelle (ils parlent même de « révolution » sexuelle !). Ils réagissent contre le mariage bourgeois basé sur l’argent, la propriété privée où l’homme est maître du corps de sa femme. Ils réagissent contre la femme « juste bonne à faire des enfants » écrasée par le travail domestique. Mais, comme dit Lénine,
« au mariage bourgeois sans amour ils opposent l’amour libre au lieu du mariage prolétarien basé sur l’amour ; ils méprisent la maternité, au lieu d’élever des enfants forts et conscients de la lutte à mener contre l’exploitation capitaliste ».
Ces femmes veulent jouir de la vie et non améliorer la vie de l’immense majorité des femmes. Ces mouvements, au lieu de libérer la femme, l’enchaînent encore plus, ne sortant pas de l’image bourgeoise de la femme objet sexuel.
Des mouvements comme ceux qui ont participé au mois de mai 1972 à Paris, à la « journée de dénonciation des crimes contre la femme » ne veulent rien changer à la société capitaliste. Au contraire, ils veulent libérer les femmes des tâches domestiques, leur apporter une meilleure formation scolaire pour qu’elles aillent renforcer et apporter de nouvelles intelligences l’industrie capitaliste − laquelle a d’ailleurs besoin d’écouler toujours plus d’appareils ménagers et autres « gadgets » dont les prix sont inaccessible pour un salaire ouvrier sauf en s’endettant irrémédiablement. Mais toute la démagogie sur le rôle des femmes, sur leurs capacités ne pourra jamais changer le concept de la femme être inférieur tant qu’existera la base qui engendre ces idées : la propriété privée.
L’idéologie prolétarienne proclame l’égalité de l’homme et de la femme. Elle enseigne à la femme que sa libération sera son œuvre propre, mais qu’elle ne se réalisera que par la participation des femmes à la révolution ni à l’édification de la société socialiste. La femme pour se libérer doit participer à la lutte de classe. Une grande tâche du parti marxiste-léniniste est celle d’organiser et d’éduquer les femmes du prolétariat. Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique défend les justes revendications des femmes et avant tout des ouvrières. Mais il est certain que le nombre de femmes militantes du Parti est insuffisant. Nous avons un grand effort faire dans ce domaine.
L’ensemble du Parti aura à étudier la question du travail de masse parmi les femmes − non pas un travail calqué sur le modèle des rassemblements de femmes patronnesses révisionnistes ni des mouvements féministes bourgeois et petits-bourgeois, mais un travail mû par une idéologie prolétarienne, pour faire pénétrer l’idéologie prolétarienne. Il faut employer les méthodes adéquates pour apporter une conscience de classe aux femmes.
Un travail de masse efficace exige de tenir compte des conditions spécifiques selon les régions, les nationalités, les formations. Il ne s’agit pas de copier mécaniquement les expériences. Mais il nous plait de souligner les résultats positifs acquis par les camarades militantes dans le Limbourg. Au sein de l’organisation de masse des travailleurs Arbeiders Unie, les camarades organisent les ouvrières et les femmes d’ouvriers qui ne travaillent plus à l’entreprise, les éduquent dans l’esprit de la lutte de classe, mènent un travail d’agitation pour les revendications féminines et aussi pour les revendications qui unissent la classe ouvrière. Elles démasquent les syndicats jaunes. Elles ne se limitent jamais aux problèmes réputés « spécifiquement féminins » ; elles les relient au but général, à la lutte classe contre classe. Elles écoutent la voix des femmes, leurs désirs, leurs idées, leurs revendications. L’expérience est positive.
Le Parti veillera à ce que cette expérience soit connue et étudiée. Une des tâches importantes sera, tenant compte de toutes les conditions spécifiques qui peuvent exister, de propulser partout, dans les formes les plus adéquates, le travail de masse parmi les femmes.
Le travail de masse parmi les jeunes
56.
Une des caractéristiques les plus marquantes de notre époque, c’est l’extraordinaire participation des jeunes au combat révolutionnaire, aux luttes anti-impérialistes et ouvrières. Que l’on mesure quel a été le poids de la jeunesse chinoise dans le déclenchement et l’essor victorieux de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne ! Quelle n’est pas l’impétuosité de la merveilleuse jeunesse albanaise prenant une part essentielle dans la transformation socialiste du pays et la naissance de l’homme nouveau ! Quel n’est pas l’apport des jeunes dans les combats de libération des peuples du Vietnam, du Cambodge, du Laos, dans les exploits héroïques des combattants palestiniens ! Ils sont innombrables les jeunes qui rejoignent le combat armé révolutionnaire, sous la direction du Parti marxiste-léniniste aux Philippines, en Malaisie, en Indonésie, en Birmanie, en Thaïlande, au Dhofar, en Colombie, en Inde, etc. Ils sont innombrables les jeunes qui, même sans voir trouvé la juste voie prolétarienne, veulent la révolution et combattent pour elle.
Même en Europe occidentale, l’éveil des luttes populaires se fait avec la participation décisive de la jeunesse. Ainsi, en France, le prodigieux mois de mai 1968 a été fondamentalement le fait des étudiants et des jeunes ouvriers. Mai 1968 a été le printemps révolutionnaire, non seulement pour la France, mais pour toute l’Europe occidentale. Partout, en Espagne, en Allemagne occidentale, en Italie, en Campine lors des grèves en janvier 1970, c’est la jeunesse ouvrière et étudiante que l’on trouve à l’avant-plan. Jamais n’est apparu plus vivant ce que le camarade Mao Tsé-toung a dit à la jeunesse :
« Le monde est autant le vôtre que le nôtre, mais au fond, c’est à vous qu’il appartient. Vous les jeunes, vous êtes dynamiques, en plein épanouissement, comme le soleil à huit ou neuf heures du matin. C’est en vous que réside l’espoir ». (17 novembre 1957).
57.
La jeunesse n’est évidemment pas une classe sociale. Il y a des jeunes dans toutes les classes de la société. Tous les jeunes ne sont pas des révolutionnaires, ni des révoltés ni même des progressistes. Il faut cependant trouver les formes de lutte particulière car il est des aspects nouveaux importants dans la jeunesse.
Il faut tenir compte que de nombreux jeunes qui appartiennent à la bourgeoisie sont en révolte contre la bourgeoisie, sa morale, son oppression, sa mesquinerie.
Par contre, la prolongation de la scolarité est en fait aussi une prolongation de la diffusion de l’idéologie bourgeoise parmi les jeunes de la classe ouvrière.
La bourgeoisie essaie de canaliser la révolte des jeunes à son profit. Elle tolère une certaine révolte mais elle fait tout pour qu’ils ne deviennent pas révolutionnaires. Par la diffusion de la musique pop, du phénomène hippie, de la drogue, de la pornographie, elle vise à ce que la révolte des jeun soit utilisée pour la destruction de la jeunesse tout en apportant de nouveaux profits. L’Eglise en particulier déploie un effort prodigieux en direction de la jeunesse, car elle sait bien que si la jeunesse comprend son rôle, c’en sera fini de son influence. L’offensive de l’Eglise se fait certes sou les formes traditionnelles car c’est depuis longtemps qu’elle essaie d s’emparer de la conscience des jeunes, surtout de la jeunesse ouvrière, par la voie des loisirs et de l’étude. Mais elle se fait aussi sous des formes nouvelles, car l’Eglise a compris que les temps sont changés, que les jeunes se révoltent, vont au combat anti-impérialiste et révolutionnaire. Aussi a-t-elle employé ses prêtres et ses fonctionnaires dans toutes les directions elle a ses chanteurs pop, ses hippies ; elle constitue de prétendus mouvements anti-impérialistes ; en certains endroits, elle patronne et finance des mouvements gauchistes et « maoïste » pour mieux contrôler les jeunes, pour mieux casser leur lutte.
58.
Tout cela prouve l’ampleur de notre tâche. Car la place de la jeunesse est évidemment dans nos rangs le communisme, c’est la jeunesse du monde.
Si la jeunesse nous boude, cela ne prouve rien contre elle, cela prouve contre nous. C’est que nous n’avons pas rompu entièrement avec les vieilles méthodes, les vieilles habitudes qui n’attirent pas les jeunes mais les rebutent. Il y a trop de camarades qui se sont servis du « drapeau » de leur expérience contre les impétuosités des jeunes. Quand des jeunes se trompent, comment les convaincre de leurs erreurs si on les aborde au nom d’une expérience qui a abouti à l’échec, même si elle a connu des moments glorieux ? Quand des jeunes débordant d’enthousiasme tombent dans les outrances du spontanéisme et de l’anarchisme, comment les convaincre si la discipline se confond avec l’obéissance aveugle, le centralisme avec le bureaucratisme ? Le jeune qui s’enthousiasme pour la révolution n’a perdu aucune des leçons de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne. La révolution ne s’arrête pas à huit heures du soir pour regarder les émission de télévision ; la révolution ne s’arrête pas le samedi midi pour s’assoupir au coin du feu, dans un dancing ou autour d’un terrain de football. Un révolutionnaire l’est en tout domaine, y compris en soi-même.
Il faut que le visage que le Parti offre à la jeunesse soit un visage nouveau, enthousiasmant, accueillant de camarades qui savent totalement servir le peuple.
Les jeunes sont audacieux ; ils savent faire sauter les liens familiaux, d’éducation ; ils n’ont pas peur du lendemain ; c’est pour cela qu’ils vont volontiers à la révolution.
Nous devons considérer comme la preuve d’un travail positif que plus que la moitié des militants du Parti ait moins de 35 ans, que plus d’un tiers ait moins de 25 ans, la naissance à Mons avec extension dans diverses régions du Hainaut, sous la direction de jeunes militants de notre Parti, de l’équipe du journal « Barricades » ; la naissance à Hasselt, dans un même esprit, avec de plus jeunes camarades, de l’équipe du journal « De nieuwe student ».
Le camarade Mao Tsé-toung dit :
« Les jeunes constituent la force la plus active, la plus dynamique. Ils sont les plus ardents à l’étude, les moins attachés aux idées conservatrices » (1955).
C’est vrai. Qui mieux que la jeunesse est capable d’étudier la science de la révolution, le marxisme-léninisme ? Qui mieux que la jeunesse est capable de rompre avec une société sénile, à bout de souffle ? Que l’on ait bien conscience qu’un critère de la juste orientation du Parti se trouve dans l’attrait que nous exerçons et que nous exercerons sur la jeunesse.
59.
Bien sûr, tous les jeunes ne deviennent pas révolutionnaires du premier coup, ni même des révoltés. Il faut construire les courroies de transmission vers la jeunesse. Il faut attirer les jeunes à la révolution sans sectarisme, être largement ouvert aux jeunes qui ne sont pas communistes. Il faut lutter contre l’influence de l’Eglise, contre l’éducation bourgeoise diffusée par l’école et la famille; il faut dénoncer ce qui corrompt la jeunesse. à travers lus loisirs, les arts, le cinéma, les fausses révoltes. Il ne s’agit pas de vitupérer mais d’expliquer. Si un jeune se lance dans des formes de révolte qui sont contrôlées par la bourgeoisie et qui visent en fait à le corrompre, n’est par une discussion patiente, en considérant sa révolte comme un fait positif, que nous devons nous efforcer de l’amener à nous. Pour gagner les jeunes, il faut les aimer, les connaitre, ne pas s’en tenir uniquement aux revendications économiques mais aborder les loisirs et la culture. Il ne fait pas de doute à ce sujet que l’expérience de nos jeunes camarades de « Barricades » est positive. Elle commence à peine, il est trop tôt pour la juger, mais elle est prometteuse.
Il nous appartiendra, avec les jeunes révolutionnaires, membres ou non du Parti, d’amplifier ces résultats et de multiplier les initiatives.
CHAPITRE X
LA QUESTION NATIONALE
60.
Une juste ligne de masse postule une juste position dans la question nationale. Il est faux de dire que c’est un problème artificiel, créé pour diviser les travailleurs et qu’il n’y a pas à s’en occuper. Rappelons-nous que le camarade Mao Tsé-toung a montré que « la lutte nationale est en dernière analyse une lutte de classes ». Toute la question nationale en Belgique est marquée par l’esprit de classe.
Dans « Le marxisme et la question nationale » (1913), Staline caractérise ainsi la nation :
« La nation est une communauté stable, historiquement constituée, de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique qui se traduit dans la communauté de culture ».
Tous les tours de passe-passe des historiens bourgeois, y compris le plus grands comme Pirenne, n’ont pas réussi à prouver l’existence d’une nation belge, même en privilégiant et en faussant l’œuvre des ducs de Bourgogne, même en négligeant l’histoire si captivante d’un peuple de lutteurs, celui de la principauté de Liège qui couvrait une grande partie de la Wallonie, s’étendant de Liège par Dinant jusqu’à l’entrée de Charleroi.
Les révisionnistes ont nié l’existence d’une nation flamande et d’une nation wallonne au non d’une prétendue interdépendance économique. Staline n’a pas dit que la condition de la nation c’était la vie en autarcie. En vérité, la Flandre et la Wallonie auraient pu et peuvent vivre en pays économiquement indépendants. En ce domaine comme en d’autres, il faut rompre avec les slogans révisionnistes qui sont autant de concessions à la bourgeoisie. Si l’on s’en réfère aux cinq caractères de la nation mis en lumière par Staline, il y a en Belgique une nation flamande et une nation wallonne. Il y a aussi à l’est du pays, une minorité nationale allemande. Il n’y a jamais eu, Il n’y a pas de nation belge.
61.
La Belgique s’est constituée en 1830, à la suite d’une révolution populaire dirigée contre l’œuvre réactionnaire du Congrès de Vienne. La bourgeoisie a détourné cette révolution à son profit. Cette bourgeoisie était exclusivement de langue française, même si elle était de Flandre. En effet, pour des raisons historiques, les classes exploiteuses en Flandre ont toujours fait de la langue une barrière de classe. Les féodaux, vassaux du roi de France, étaient de langue française. Quand la bourgeoisie marchande flamande est devenue la plus puissante d’Europe, elle a adopté ce qui était à l’époque la langue internationale des affaires, le français et elle en a fait le signe de sa distinction des couches populaires d’artisans et de paysans-serfs qui parlaient le flamand.
La bourgeoisie belge de 1830 lorgnait vers ce qui était son idéal, le royaume de France, avec son roi-bourgeois Louis-Philippe. La constituante fut élue au suffrage censitaire très restreint (40.000 électeurs sur 3 millions et demi d’habitants). Seule l’intervention de la Grande-Bretagne dans les affaires intérieures de la Belgique empêcha la montée sur le trône du fils du roi de France et imposa un Saxe-Cobourg, neveu de la reine d’Angleterre.
Mais tous les rouages de l’Etat étaient français. Dans les écoles, on ne parlait que le français. A l’armée, les soldats flamands étaient commandés on français par des officiers qui ne parlaient que le français. Devant les tribunaux, dans les administrations publiques, la seule langue admise était le français.
Il faut ajouter que la Belgique est devenue une grande puissance industrielle en fonction de sa richesse charbonnière. Comme le bassin de Campine était inconnu, toute la grande industrie fut bâtie en Wallonie. Cependant que la bourgeoisie belge exploitait les travailleurs wallons pour édifier des fortunes considérables, elle laissait la Flandre (sauf le port d’Anvers dont elle avait besoin et la région de Gand qui disposait d’une vieille industrie drapière) dans un état total de sous-développement.
Le mouvement national flamand était donc juste, profondément lié aux aspirations populaires. C’est une faute impardonnable du socialisme en Flandre de l’avoir pratiquement ignoré et d’avoir repris le slogan imbécile d’Anseele qui estimait que pour la classe ouvrière, seul comptait le bifteck. L’incompréhension totale du mouvement ouvrier en Flandre, malgré l’effort réel de la poignée de communistes flamands, a laissé le mouvement national flamand dans les mains de petits vicaires, d’origine paysanne pauvre, qui avaient subi l’oppression culturelle, qui la comprenaient et qui se sont fait les leviers du nationalisme flamand. Celui-ci devenait clérical, chauvin, démagogique, anti-socialiste, anti-communiste, fourrier du fascisme. L’essor du VNV nettement pro-hitlérien avant la guerre et l’influence certaine qu’il garda pendant l’occupation trouve son origine notamment dans le refus des leaders du mouvement ouvrier de comprendre, de conduire le mouvement national flamand et de l’expliquer aux travailleurs wallons.
Après la deuxième guerre mondiale, le déclin de l’importance économique du charbon amena les monopoles à liquider l’industrie charbonnière qui n’apportait plus assez de profits. L’industrie wallonne souffrit beaucoup de son vieillissement et l’on vit des secteurs remarquablement prospères dépérir brutalement (comme, par exemple, de l’industrie du matériel roulant), cependant que les monopoles préféraient installer les nouvelles entreprises en Flandre près de la mer, dans des régions où les terrains étaient moins chers et où la main-d’œuvre, restée jusqu’alors essentiellement paysanne, était meilleur marché. Ainsi s’établissait un bouleversement de l’édifice économique de la Belgique. La Flandre est devenue à son tour industrielle et l’industrie qui y est installée est moderne ; elle couvre des secteurs de pointe.
Cependant il y subsiste un certain déséquilibre de région à région. Par contre, la Wallonie, surtout le Borinage et le Centre (mais presque toutes les régions sont touchées) subissaient un déclin économique. La Wallonie avait seule intéressé les capitalistes quand elle possédait la richesse naturelle essentielle pour leurs profits. Maintenant, ils la laissent crever. Et c’est sur cette base que les Wallons ont pris conscience, à travers les grandes batailles contre la fermeture des mines, à travers les grandes grèves ouvrières de l’après-guerre, de l’existence d’un problème national wallon.
A la base de la lutte nationale flamande et de la lutte nationale wallonne se trouve fondamentalement un problème de classe.
62.
L’Etat belge est un Etat de dictature bourgeoise. Il revêt la forme d’une monarchie démocratique unitaire. Jusqu’à présent, c’est cette forme étroitement centralisée qui a le mieux servi les intérêts du capital, garanti son pouvoir. Cette centralisation étroite a causé le phénomène bruxellois. Au centre du pays, mais en territoire flamand, est apparu une agglomération surpeuplée où l’élément bourgeois et petit-bourgeois domine, où la langue française est considérée comme la langue de promotion sociale. La bourgeoisie a créé un chauvinisme bruxellois qui coupe le travailleur exilé à Bruxelles de son milieu d’origine, wallon ou flamand.
Ainsi la bourgeoisie belge se sert de la question nationale, y compris de l’existence du « meltingpot » de l’agglomération bruxelloise pour diviser les travailleurs flamands, les travailleurs wallons et les travailleurs bruxellois. Le chauvinisme est devenu une arme de diversion.
Il importe donc que la position des marxistes-léninistes dans la question nationale soit clairement précisée.
Il n’y a qu’une seule position juste : la nation flamande, la nation wallonne, la minorité allemande ont les mêmes droits. Lénine a défendu comme un droit absolu le droit des nations à disposer d’elles-mêmes et il a précisé qu’il faut entendre par là « leur droit à l’indépendance politique, à la libre séparation politique ».
Ce point de vue est le seul juste. C’est la seule position qui unit les travailleurs et non qui les divise. Il n’y a aucune contradiction antagonique entre les travailleurs wallons, flamands, allemands et bruxellois ; de même il n’y a pas de contradiction antagonique entre les travailleurs qui ont la citoyenneté belge et les travailleurs immigrés. Mais il y a contradiction antagonique entre les travailleurs de diverses nationalités de Belgique et le capital. Lénine, tout en insistant sur le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, ajoutait qu’il y a
« nécessité de subordonner la lutte pour cette revendication, comme pour toutes les revendications fondamentales de la démocratie politique, à la lutte révolutionnaire de masse directement orientée vers le renversement des gouvernements bourgeois et la réalisation du socialisme ».
Staline insiste sur un point important :
« Le prolétariat se rangera-t-il sous le drapeau du nationalisme bourgeois, cela dépend du degré de développement des contradictions de classe, de la conscience et de l’organisation du prolétariat. Le prolétariat conscient possède son propre drapeau éprouvé, et point n’est besoin pour lui de se ranger sous le drapeau de la bourgeoisie ».
Il est donc nécessaire d’avoir une ligne correcte. Si le problème national ne pourra être résolu concrètement en Belgique que par la révolution prolétarienne, il serait faux de nous en désintéresser d’ici là et de laisser cette lutte entre les mains des formations bourgeoises chauvines de la Volksunie, du Rassemblement Wallon et du Front des Francophones bruxellois.
Lénine observe qu’en ce qui concerne les revendications nationales, il y a la nécessité
« de les faire aboutir, non pas en réformistes, mais en révolutionnaires ; non pas en restant dans le cadre de la légalité bourgeoise, mais en la brisant ; non pas en se contentant d’interventions parlementaires et de protestations verbales, mais en entraînant les masses à l’action, en élargissant et en attisant la lutte autour de chaque revendication démocratique, fondamentale jusqu’à l’assaut direct du prolétariat contre la bourgeoisie, c’est-à-dire jusqu’à la révolution socialiste qui exproprie la bourgeoisie ».
Il disait qu’il ne faut pas renoncer à la lutte pour la liberté de séparation des nations
« mais au contraire, utiliser au mieux les conflits qui surgissent également sur ce terrain, comme prétexte à une action de masse et à des manifestations révolutionnaires contre la bourgeoisie ».
63.
Tant que la bourgeoisie pourra garder la forme actuelle de son Etat, elle la gardera parce qu’elle a fait ses preuves. Mais la dictature de la bourgeoisie peut s’exercer sous d’autres formes : république démocratique, république présidentielle, Etat fédéral, dictature fasciste et même « démocratie populaire » révisionniste, etc. Si la bourgeoisie estime que c’est nécessaire au maintien de sa dictature, elle changera la forme de son Etat. Dès le début de 1968, nous avons dit que devant la crise du régime, pas mal de leaders de la bourgeoisie se rallieraient au fédéralisme, même s’ils avaient été auparavant ultra-unitaristes. Cela s’est révélé exact. Cela s’est vu avec Duvieusart, qui est lié à la Banque de Bruxelles ; avec Spaak, administrateur de l’ITT – Bell Telephone ; d’autres ralliements sont possibles : Simonet a déclaré déjà qu’il ne craignait pas le fédéralisme, qu’il pouvait devenir une solution.
Le spectacle pitoyable offert par la mise en place des conseils culturels et des conseils d’agglomération montre l’impuissance de la bourgeoisie belge à mener à bien son essai d’unitarisme à masque fédéral. Le personnel politique du régime va faire et fait surenchère de chauvinisme. On en est à l’heure où l’on brandit des carcans, où l’on badigeonne des inscriptions bilingues, où l’on arrache des poteaux indicateurs. On en est juste au stade de « lutte » nationale dont Staline se gaussait en parlant de « lutte pour les enseignes de boutique ». Mais cela ne masquera pas la réalité des mines de Campine qui ferment vingt ans après celles de Wallonie, du déclin de l’industrie wallonne, du déséquilibre économique des régions flamandes.
Le fédéralisme sera introduit en Belgique dès que le grand capital sera convaincu que c’est la seule façon de maintenir son pouvoir en retardant la prise de conscience populaire. L’Etat fédéral, s’il est un Etat bourgeois, reste un Etat d’oppression nationale. Les Etats-Unis sont de forme fédérale et n’en persécutent pas moins les Noirs et les autres minorités nationales. La Yougoslavie titiste malgré son Etat de forme fédérale est plongé dans le plus échevelé des délires chauvins. Le Canada fédéral opprime la nation québécoise. La Suisse fédérale opprime les Jurassiens. L’oppression grand russe est restaurée en URSS fédérale en même temps que le capitalisme.
Dans les conditions de la crise du régime en Belgique, le fédéralisme est un mot d’ordre faux. Le seul mot d’ordre juste, c’est le droit des nations de Belgique à disposer d’elles-mêmes, leur droit à l’indépendance politique, la libre séparation.
Ce droit implique l’union des travailleurs de toutes les nationalités, exploités en Belgique, contre la bourgeoisie impérialiste. Il implique le combat uni contre l’Etat belge, instrument du capitalisme monopoliste belge, sa destruction par voie révolutionnaire.
Staline écrit :
« ‘Diviser pour régner’ , tel est le but de la politique d’excitation (des nations l’une contre l’autre). Et dans la mesure où telle politique réussit, elle constitue le plus grand mal pour le prolétariat, un obstacle des plus sérieux à l’œuvre de rassemblement des ouvriers de toutes les nationalités composant l’Etat. Mais les ouvriers sont intéressés à la fusion complète de tous leurs camarades en une seule armée internationale, à leur prompte et définitive libération de la servitude morale à l’égard de la bourgeoisie, au total et libre développement des forces morales de leurs compagnons, à quelque nation qu’ils appartiennent ».
Seule la révolution prolétarienne permettra la résolution totale de la question nationale. C’est pour cela qu’il ne peut y avoir un parti révolutionnaire wallon et un parti révolutionnaire flamand, mais un seul Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique, commun à l’avant-garde révolutionnaire des deux nations et de la minorité nationale allemande de Belgique, instrument visant à détruire l’Etat belge de dictature bourgeoise et à instaurer la dictature du prolétariat. A ce moment seulement, le prolétariat victorieux décidera si les nations doivent se séparer dans des Etats différents, se fédérer ou adopter des structures étatiques plus centralisées.
« Le droit de disposer de soi-même, c’est-à-dire que la nation peut s’organiser comme bon lui semble. Elle a le droit d’organiser sa vie suivant les principes d’autonomie. Elle a le droit de lier avec d’autres nations des rapports fédératifs. Elle a le droit de se séparer complètement. La nation est souveraine, et toutes les nations sont égales en droits ».(Staline)
64.
Notre analyse de la question nationale en Belgique ne serait pas complète si nous ne tenions pas compte du fait que les travailleurs immigrés représentent 8 pour cent de la population de notre pays ; dans certaines régions cette proportion est de l’ordre de 20 pour cent. Ces travailleurs va· nus de pays ou de régions à économie retardataire sont dans leur grande majorité des travailleurs surexploités, voués aux travaux les plus durs, les plus insalubres, les plus mal payés. Ils sont dépourvus de droits, coupés de toute racine nationale. Le capitalisme belge, dans sa basse besogne de division ouvrière, vise à opposer travailleurs belges et travailleurs immigrés, ainsi que travailleurs immigrés en eux. Par les moyens les plus divers, il suscite le chauvinisme, la xénophobie, le racisme.
Objectivement, par leur nombre élevé, les travailleurs immigrés constituent en fait une minorité nationale ou plus exactement des minorités nationales opprimées. Les communistes marxistes-léninistes luttent pour tous les droits de ces minorités notamment pour que les travailleurs immigrés disposent de tous les droits civils et politiques : droit d’aller et de venir, liberté absolue de travail avec abrogation du permis de travail, logements décents, égalité des salaires, acquisition rapide et gratuite de la nationalité belge s’ils le jugent utile.
CHAPITRE XI
LA CONSTRUCTION DU PARTI COMMUNISTE MARXISTE-LENINISTE DE BELGIQUE, PARTI DE LA REVOLUTION PROLETARIENNE
65.
S’il est une citation du camarade Mao Tsé-toung que nous devons quotidiennement avoir à l’esprit dans notre activité révolutionnaire, c’est celle qui insiste sur la nécessité du parti ouvrier prolétarien :
« Pour faire la révolution, il faut qu’il y ait un parti révolutionnaire. Sans un parti révolutionnaire, sans un parti fondé sur la théorie révolutionnaire marxiste-léniniste et le style révolutionnaire marxiste-léniniste, il est impossible de conduire la classe ouvrière et les grandes masses populaires à la victoire dans leur lutté contre l’impérialisme et ses valets ». (Novembre 1948 – Œuvres choisies, tome IV).
Dans le sixième chapitre de son rapport au Sixième Congrès du Parti du Travail d’Albanie − chapitre qui est un apport capital à la théorie du marxisme-léninisme − le camarade Enver Hodja met en évidence quelque principes essentiels :
« Il a été historiquement démontré que sans son parti, la classe ouvrière, quelles que soient les conditions dans lesquelles elle vit et agit, ne peut acquérir d’elle-même la conscience d classe. Ce qui transforme la classe ouvrière de «classe en sol» en « classe pour soi », c’est le parti. Bien entendu, la lutte, l’action, trempent et mettent à l’épreuve les masses et les révolutionnaires, elles leur enseignent bien des choses.
Mais tant qu’un parti politique doté d’un programme clair, d’une stratégie et d’une tactique scientifiques, fait défaut, la lutte soit demeure à mi-chemin, soit échoue. C’est ce qu’enseigne aussi l’expérience du mouvement révolutionnaire actuel et des nombreuses luttes des divers continents ».
Polémiquant avec les théories liquidatrices que répandent les révisionnistes, le camarade Enver Hodja souligne avec force :
« Le Parti est non seulement l’avant-garde consciente de la classe ouvrière, mais aussi sa forme d’organisation la plus élevée, qui se caractérise par une unité de pensée et d’action, et à laquelle revient le rôle dirigeant dans l’ensemble de l’activité révolutionnaire dans tout domaine où elle se déploie ».
Le camarade Enver Hodja, contre toutes les déformations liquidatrices, opportunistes, spontanéistes, insiste sur le rôle dirigeant du Parti :
« Le rôle dirigeant du parti de la classe ouvrière dans la lutte pour le socialisme, qu’il existe un seul ou plusieurs partis, est une loi objective. La transformation révolutionnaire de la société capitaliste sur des bases socialistes ne peut se réaliser qu’à travers une lutte de grande ampleur et très complexe menée sous des formes multiples et dans tous les domaines, économique, politique, idéologique et militaire. De là découle la nécessité d’un parti comme centre unique de direction et d’organisation.
La lutte pour le socialisme a pour base théorique l’idéologie de la classe ouvrière, le marxisme-léninisme, la doctrine scientifique qui, seule, donne une juste définition du socialisme et des voies menant à sa réalisation. Aucun autre parti ou organisation ne peut se faire le porteur de cette théorie, l’élaborer et la mettre en pratique, si ce n’est le parti communiste du prolétariat, le parti de la classe à laquelle appartient l’avenir socialiste et communiste, qui défend les intérêts fondamentaux des travailleurs et toutes les forces progressistes de la société et se bat pour eux, le parti de la classe qui, comme l’a dit Marx, ne peut se libérer elle-même sans libérer l’humanité entière. Si le sort de la révolution est laissé aux mains d’un centre d’orientation générale, à une organisation purement coordinatrice ou à la guérilla, la révolution s’engagera dans une impasse et elle subira un échec ».
66.
C’est il y a plus de 50 ans, les 3 et 4 septembre 1921, qu’a été fondé à Bruxelles le Parti Communiste de Belgique. Les révisionnistes qui ont gardé l’appellation de ce parti ont célébré l’événement à leur manière qui ne pouvait être qu’une manière révisionniste.
Le magazine qui a subsisté à la déconfiture de leur presse a même employé beaucoup de rouge, a reproduit le dessin d’un drapeau avec des tas de petits bonshommes dedans. Les sages affiches éditées à cette occasion disent « 50 années au service du mouvement ouvrier ». Le parti des révisionnistes ne prétend plus diriger la classe ouvrière, la conduire à la révolution. Il suit le mouvement ouvrier tel qu’il est. Il ne veut plus qu’être une simple annexe au PSB, au front commun syndical FGTB-CSC, aux mutualités, à la Prévoyance Sociale à qui il « rend service ». Son suprême espoir, c’est le Iront des progressistes, avec la bénédiction de Collard, ex-président du PSB et de Suenens, cardinal − primat de Belgique.
Cinquante ans et en arriver là où ils en sont, il n’y a pas de quoi pavoiser. Ils ont donc organisé une fête sage avec des acrobates, des danseurs, un accordéoniste, un orchestre « pop » et quelques chanteurs de second plan. Cela s’est fait évidemment sous le signe de la voie électorale vers le socialisme et quand les élections sont venues, quelques mois plus tard, les révisionnistes ont enregistré un nouveau recul.
Mais il est trop commode de se contenter d’ironiser. Il faut pousser à fond l’analyse des causes de cet échec retentissant. Pourquoi a-t-il été possible ? Pourquoi ce parti créé voici cinquante ans par des révolutionnaires enthousiasmés par la Révolution d’Octobre n’a-t-il pu jamais prétendre à la direction de la classe ouvrière en Belgique, sauf pendant les quatre années où il a pratiqué la lutte armée, sous l’occupation hitlérienne ? Pourquoi malgré l’héroïsme et le dévouement de ses militants, malgré, à ses meilleurs périodes, des dirigeants liés aux masses, pourquoi ce bilan catastrophique ?
Il serait faux politiquement de répondre à cela avec des slogans, sans aucune analyse − et d’imiter ceux qui font commencer la dégénérescence du parti au moment où on ne veut plus d’eux comme partenaires.
Il est faux aussi de dire comme nous l’avons dit parfois avec légèreté que tout commence lorsque la clique Lalmand-Terfve s’empare du Parti. Il n’y a pas de génération spontanée. Si effectivement dès la fin de la guerre, les pions du révisionnisme sont en place ; si effectivement la liquidation de la résistance armée, la participation ministérielle, l’action pour briser des grèves, la liquidation du syndicat unique suivies, les années suivantes, du sectarisme imbécile le plus déssèchant qui soit, sont de véritables CRIMES de la clique Lalmand-Terfve et de leurs suivistes, il n’en reste pas moins qu’un tel cours contre-révolutionnaire n’est possible que parce que les conditions existent à sa naissance et à son développement.
Quand on étudie les œuvres du camarade Mao Tsé-toung, quand on considère l’histoire de la révolution chinoise, on est frappé d’un fait : à chaque étape, le président Mao fait un bilan des étapes antérieures. Il analyse les raisons des victoires et des échecs. Il met à nu les erreurs commises, comment et pourquoi elles ont été possibles. Et c’est à la lumière de cette étude, qu’il trace les perspectives pour l’étape suivante. C’est là la seule façon correcte de procéder.
Ce que nous disons ici est également valable pour la période de direction de Grippa. Les révolutionnaires qui, fin 1963, avaient voulu reconstruire le Parti Communiste, marxiste-léniniste, étaient certes animés des meilleures intentions. Mais comment cette entreprise a-t-elle pu être détournée par un aventurier révisionniste ? Comment le calamiteux Bureau Politique qui a secondé Grippa quotidiennement a-t-il pu persévérer en allant de catastrophe en catastrophe ? Si cela n’est pas analysé à fond, nous ne pourrons pas construire et édifier le Parti marxiste-léniniste.
Nous construisons le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique ; nous voulons réaliser sur la base des principes l’unité des marxistes-léninistes. Mais cela ne sera pas possible sans une analyse complète des périodes précédentes, sans une analyse par les méthodes du matérialisme dialectique des points positifs et des points négatifs de l’action communiste depuis 50 ans.
Ce travail, nous l’avons amorcé et nous devons le poursuivre avec persévérance. Mais cette étude, pour être valable, ne peut être conduite par des « spécialistes » en chambre mais à travers notre action révolutionnaire quotidienne.
Dès à présent, certaines données doivent être soulignées :
1. – La naissance du Parti résulte de la fusion de plusieurs groupes révolutionnaires dont les deux principaux étaient ceux de « L’Ouvrier Communiste» (Van Overstraeten) et des « Amis de !’Exploité » (Jacquemotte). Ce fut le type même de l’unification mal faite.
L’« Ouvrier Communiste » était un groupe ultra-gauche, maniant le radicalisme verbal et le triomphalisme, habile à l’injure et à l’invective, sectaire. Les « Amis de l’Exploité » constituaient en fait la gauche du parti social-démocrate et n’étaient pas débarrassés des pratiques opportunistes et des illusions électoralistes.
La fusion se fit par ordre de l’Internationale Communiste et le plus incroyable et qui en dit long sur l’opportunisme de Zinoviev, secrétaire de l’Internationale, c’est que la seule perspective tracée, la seule condition imposée, fut la participation aux élections quelques semaines plus tard ! Si l’on en croit ce qu’a révélé récemment le révisionniste Claude Renard en s’appuyant sur les archives d’époque, Zinoviev évita soigneusement de faire appliquer les fameuses « 21 conditions » qui constituaient un barrage contre le gauchisme et le social-démocratisme.
La fusion se fit de groupes que n’avait uni aucune pratique convergente dans les masses, sans aucune préparation idéologique en profondeur. De fait, dès le lendemain du premier Congrès, les divergences éclatèrent. Il y eut au sein du Parti simple coexistence de deux groupes − coexistence qui n’était même pas pacifique. Cela aboutit à des situations ridicules : par exemple, à ce que des militants issus de l’« Ouvrier Communiste » interdisent à Jacquemotte de parler dans certaines sections de base qu’ils contrôlaient ; par exemple encore, à un moment donné, il y avait alternance au sein même de l’organe central d’équipes rédactionnelles opposées. Un jour on défendait une ligne et le lendemain une autre. Cela dura jusqu’à la scission trotskyste, le groupe de Van Overstraeten s’en faisant le tenant − en ayant soin d’ailleurs de laisser dans le Parti un pétard à retardement (groupe De Boeck). On comprend dans ces conditions que la classe ouvrière ne pouvait faire confiance à un parti sans unité, instable dans sa ligne et sans organisation.
2. – Jacquemotte fut un grand dirigeant révolutionnaire − le plus grand que notre pays ait connu. Intègre, se sacrifiant totalement à son parti, lié aux masses, il était un remarquable animateur. Travaillant dans des conditions pénibles, il sut être clairvoyant à l’égard de menées contre-révolutionnaires ; il a été un dénonciateur impitoyable de la social-démocratie. Ecrits au jour le jour, au fil de l’évènement, ses articles sont pour la plupart de bonne valeur, gardant une incontestable actualité.
Cependant, le Parti n’a pas fait un effort d’analyse satisfaisant ; il y a eu de graves insuffisances dans l’analyse des classes, dans l’analyse de l’économie belge ou du rôle des syndicats.
Jacquemotte, et d’ailleurs l’ensemble des dirigeants de son époque, ont mésestimé l’importance de l’éducation idéologique et des problèmes d’organisation. Ce mal s’est amplifié de façon catastrophique après la seconde guerre mondiale.
Si du temps de Jacquemotte et jusqu’en 1944, le Parti avait compris l’importance des cellules d’entreprises, leur rôle fut toujours minimisé dans la suite dans les faits si pas en paroles. Comme la seule perspective était les élections, les cellules locales seules étaient considérées comme importantes ; les cellules d’entreprises ont été transformées en exécutrices de la ligne tracée par la FGTB, dont elles sont devenues l’appendice.
3. – Durant la guerre, le Parti a su diriger la résistance à l’occupant, pratiquer la lutte armée sur une grande échelle, organiser des syndicats. Sa politique de front uni fut correcte. Mais si on analyse les documents de cette époque, on remarque qu’il y manque la perspective révolutionnaire pour l’époque suivante. Si la guerre fut un épisode glorieux pour le Parti Communiste, on ne peut manquer de déceler cette grave lacune, qui facilitera la trahison des révisionnistes, lesquels vont s’emparer du Parti à la faveur de l’arrestation de ses dirigeants.
4. – Quand le Parti a été reconstitué en décembre 1963, on s’est trouvé dans une certaine mesure devant les mêmes erreurs qu’en 1921. Il n’y avait aucune unité idéologique. La fédération bruxelloise était un colosse aux pieds d’argile : des militants nombreux mais dans leur quasi-totalité faibles idéologiquement. Ailleurs, le combat contre le révisionnisme n’était le fait que de petits noyaux isolés. Grippa qui avait des ambitions à l’échelle planétaire, pressé de disposer d’un parti (en fait d’une façade de parti) n’avait pas laissé s’achever le processus de différenciation entre révisionnistes et révolutionnaires. On se trouva donc devant une conjonction de courants divers : trotskystes, révisionnistes de la variante Togliatti, nostalgiques de la direction Lalmand, aventuristes, carriéristes etc. à côté bien entendu de véritables marxistes-léninistes. Encore une fois, on s’était contenté d’une unité de façade. Le Bureau Politique, composé de permanents qui étaient ses lieutenants, aida Grippa à court-circuiter le Comité Central qui commit d’ailleurs l’erreur grave de tolérer cette situation, de ne pas se révolter.
Ce qui portait le nom de Parti Communiste Wallon (fédération wallonne du Parti) n’était qu’un bien frêle esquif, sans parler du Parti Communiste Flamand qui se résumait en tout et pour tout à deux permanents. Nulle part, il n’y eut de cellules d’entreprise, sinon sur le papier.
Ainsi étaient concentrés sous la houlette d’un homme qui devait être plus tard démasqué comme un agent révisionniste, tous les maux dont, sauf à de rares moments, avait souffert le Parti Communiste depuis sa création : unité de façade mais pas dans les faits ; faiblesse organisationnelle, misère idéologique.
Voilà quelques données qu’il nous faudra analyser, approfondir. Il reste d’autres points à aborder comme les conceptions fausses dans la pratique du front populaire, dans la discipline à l’égard de l’Internationale, dans les relations avec le Parti Communiste de l’Union Soviétique. Nous sommes décidés à poursuivre cette analyse à fond. Etant bien entendu d’ailleurs qu’il serait faux de ne voir que les points d’ombre. Il y eut de grands moments dans l’action du Parti. Sa lutte antifasciste, la direction des grèves des années 30, la résistance à l’occupant, l’organisation d’un syndicat de lutte de classe, les Comités de Lutte Syndicale devenus les Syndicats Uniques.
S’il est normal que les communistes soient fiers de telles actions, aient une reconnaissance sans borne pour leurs grands militants − et avant tout pour l’inoubliable Joseph Jacquemotte − la seule garantie contre un nouvel échec dans la construction et l’édification du Parti, c’est de faire en profondeur, selon les méthodes du matérialisme dialectique, l’analyse critique de ses cinquante années.
67.
Si l’on examine les événements qui se trouvent à la base de la constitution du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique, on remarquera que les équivoques abondent.
C’est la 30 décembre qu’artificiellement, Grippa et ceux qui étaient ses fidèles lieutenants (Massoz-Raindorf-Delogne) convoquaient à Bruxelles une Conférence dont nous avons rappelé plus haut les principales faiblesses. Une des plus caractéristiques fut de se proclamer le véritable Parti Communiste de Belgique qu’on continuait comme si de rien n’était, comme si le PCB n’avait commencé à être mauvais qu’à partir du moment où il excluait le quatuor en question. Il est vrai que certains faisaient commencer la dégénérescence au XIème Congrès, en novembre 1954, quand Lalmand et quelques-uns de ses fidèles furent réduits à un rôle secondaire avant d’être éliminés.
En fait, il n’y eut aucune analyse de la dégénérescence révisionniste du PCB, parce que, comme nous l’avons montré plus haut, il n’existait aucune unité idéologique dans le Parti. La Conférence de Bruxelles avait suscité de grands espoirs parmi les révolutionnaires de Belgique et du monde entier. Il s’est révélé que c’était une immense duperie. Le parti « reconstitué » n’avait rien d’un parti, c’était un groupe à prépondérance révisionniste, dont les cadres principaux étaient des mercenaires qui suivaient le maître et parfois Intriguaient contre lui.
Quelle qu’ait été la faiblesse coupable du Comité Central à l’égard des manœuvres de 1964 à 1967 de Grippa et de ses serviteurs du Bureau Politique, il a eu l’immense mérite de se révolter contre Grippa, de le démasquer comme un ennemi du Parti Communiste Chinois, de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, du Parti du Travail d’Albanie, comme un scissionniste, comme un agent stipendié du révisionnisme. La majorité du Comité Central a porté le débat dans les organisations existantes dans le pays et partout Grippa et ses deux complices furent battus.
En même temps, à Bruxelles, une fraction de la Jeunesse Communiste et lies Etudiants Communistes se révoltait avec un dynamisme révolutionnaire spectaculaire.
Le Comité Central a convoqué en novembre 1967, la Conférence du Parti, et pour nous démarquer totalement des révisionnistes de tout acabit, il fut décidé d’ajouter l’appellation marxiste-léniniste après le mot communiste. Cette Conférence eut un aspect capital : celui de mettre en accusation l’agent révisionniste Grippa, de le battre totalement. Vis-à-vis du mouvement ouvrier belge, des révolutionnaires de Belgique, vis-à-vis des Partis et organisations marxistes-léninistes du monde entier, elle a été un acte historique.
Dans notre volonté de faire vite, de dénoncer solennellement Grippa, nous avons commis une grave erreur : nous n’avons pas approfondi certains problèmes qui allaient se poser avec acuité puisqu’il s’agissait en fait de la nécessité du Parti et du contenu marxiste-léniniste du Parti. L’erreur a été de ne pas aller au fond de la discussion, de ne pas analyser les divergences, de vouloir une unité à tout prix. Cela a nui considérablement à notre tâche de construction du Parti.
68.
Les décisions capitales adoptées à La Louvière étaient les suivantes : il faut maintenir le Parti, en continuer la construction ; pour cela, il importe de mener un mouvement de rectification en profondeur, de pratiquer la critique et l’autocritique, de construire le Parti en créant les conditions de l’unité des marxistes-léninistes.
D’emblée, il apparut de graves divergences à ce sujet et au moins deux fractions étaient bien décidées à ce que ces décisions restent lettre morte.
Une fraction était essentiellement petite-bourgeoise, presque exclusivement étudiante. Elle avait fait sienne les positions d’un expert américain en Chine, qui envoyait ses documents un peu partout dans le monde, qui masquait d’un langage ultra-gauchiste un travail de sape contre la notion de Parti ouvrier prolétarien. Il devait être démasqué dans la suite comme un membre du groupe dit d’extrême-gauche qui, au cours de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, s’est servi du drapeau rouge pour attaquer le drapeau rouge et était manipulé par Liou Chao-chi.
Les camarades étudiants avaient été séduits par le spontanéisme, le refus du Parti, du centralisme. Dénonçant les erreurs incontestables d’ordre bureaucratique commises par certains responsables du Parti, ils en profitaient pour pratiquer l’amalgame, pour vouloir tout détruire. Ils avaient constitué un centre parallèle, en relation d’ailleurs avec un groupe gauchiste français (UJCML) hostile à la notion de Parti et c’est d’ailleurs là qu’ils discutaient de leur attitude dans le Parti.
Il était juste de combattre ces positions et pratiques fausses et de les combattre sans faiblesse, sans concessions. Mais cela n’a pas toujours été fait de façon correcte. La discussion ne se faisait pas selon les méthodes de l’approfondissement idéologique. Beaucoup de camarades ont fait preuve d’un esprit non fraternel. Nous nous sommes trop braqués sur les erreurs .de ces camarades plutôt que de voir leur jeunesse, leur enthousiasme, leur volonté d’apporter un souffle nouveau dans notre lutte. La scission ne s’est pas faite à l’issue d’un large débat idéologique, mais s’est faite de façon bureaucratique. Si les positions de ces camarades étaient fausses, si certaines de leurs pratiques étaient blâmables, les méthodes qui ont été employées contre eux ont été incorrectes. Elles n’ont pas visé à unir mais au contraire à accentuer la division.
Ce qui est plus grave, c’est que les marxistes-léninistes authentiques qui ont participé à cette erreur n’ont pas vu qu’ils faisaient le jeu d’une fraction droitière beaucoup plus nocive parce que composée de camarades expérimentés, qui ne niaient pas l’idée du Parti, qui la soutenaient mais qui, on fait, n’avaient pas d’autres perspectives que de constituer un parti révisionniste-bis.
Les camarades étudiants et apparentés qui avaient adopté des positions spontanéistes et anarchistes étaient dans leur immense majorité des camarades sincères qui voulaient la révolution et qu’il valait la peine de convaincre et, en tout cas, dont il ne fallait se séparer que lorsqu’il était prouvé qu’une unité idéologique était impossible. Ceux qui constituaient la fraction droitière du Parti représentaient une tendance fondamentalement pernicieuse et objectivement liquidatrice.
La vérité, c’est que s’est développé au sein du Parti une lutte entre deux lignes et dès qu’il fut devenu clair qu’il existait une aile droitière opportuniste, les marxistes-léninistes au sein du Parti ont mené une lutte sans faiblesse, patiente mais ferme, pour écraser politiquement cette aile qui mettait en danger l’existence du Parti.
On a vu cette tendance se manifester tour à tour sur les points suivants :
– proposition d’adopter dans notre programme la supercherie du contrôle ouvrier en régime capitaliste, celui-ci ne pouvant évidemment exister qu’on régime socialiste ;
– proposition d’adhésion au Front des Progressistes, slogan lancé par Collard ;
– proposition d’institutionnaliser la participation électorale ;
– opposition à la lutte pour l’unité des marxistes-léninistes avec chantage à la scission ;
– défense envers et contre tous, avec exigence de développer cette ligne dans « Clarté », de l’idée de ménager les syndicats de collaboration de classe et de les récupérer de l’intérieur ;
– opposition à la ligne visant à donner la priorité à la constitution de cellules d’entreprise avec chantage au refus de vendre « Clarté » s’il continuait à défendre cette position.
La lutte contre la tendance de droite a été longue et difficile. Elle a été victorieuse. Comment l’existence de cette tendance a-t-elle été possible ? Comment des camarades qui ont eu d’immenses mérites ont-ils pu défendre des positions erronées et le faire en employant des procédés anti-communistes comme la scission, le refus de vendre la presse, l’injure haineuse à l’égard des militants du Parti ? Pourquoi cette peur du nouveau ? Pourquoi l’esprit « chasse gardée » de tout ce qui est vieux, dépassé par la lutte, ancré dans des habitudes révisionnistes ?
En Belgique, plus qu’ailleurs, l’idéologie de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie a fortement imprégné la classe ouvrière. Il est caractéristique que le courant marxiste n’a jamais été qu’un courant très minoritaire ; que les illusions réformistes, parlementaristes, syndicalistes, anarchistes, mutuellistes, coopérativistes y ont toujours largement fleuri.
Nous ne devons pas perdre de vue que bien des camarades honnêtes qui ont vu l’immonde trahison du PCB, qui ont rompu organiquement avec lui, n’ont pas rompu idéologiquement. Quand on dit que le PCB a trahi, c’est vrai. Mais on n’a pas tout dit. Vouloir créer un PCB – bis qui ne trahirait pas est une illusion. Reprendre le même style, la même organisation, les mêmes façons de travailler (ou de ne pas travailler) même en gauchissant les slogans et les attitudes, c’est reprendre le même chemin vers le marais de l’opportunisme et du révisionnisme.
La lutte entre deux lignes est une réalité quotidienne. Il ne peut en être autrement. C’est un principe de la dialectique matérialiste. S’il y a vie, il y a lutte. L’absence de lutte, c’est la mort. Un parti où il n’y a pas de lutte, c’est un parti mort.
Dans notre petit Parti, il y a donc une lutte entre la ligne prolétarienne, marxiste-léniniste et la ligne révisionniste. Celle-ci est défaite, mais ce serait se faire des illusions que de croire que tout est pour autant réglé. Cela ne veut pas dire que les camarades qui parfois se font porteurs de conceptions erronées sont des ennemis et doivent être rejetés. La lutte ne signifie pas qu’il faut les chasser, car quels ne sont pas leurs mérites, leur dévouement, leurs initiatives ! Ce n’est pas lutter contre eux qu’il faut faire mais avec eux, contre l’idéologie de l’ennemi dont ils se font objectivement porteurs.
Ce serait d’ailleurs une autre conception fausse de croire qu’il y a une ligne de démarcation bien nette. Tel peut se tromper au sujet des élections et voir clair au sujet des syndicats. En outre, il n’y a pas de camarade qui puisse se vanter d’avoir toujours raison. Seuls les petits-bourgeois vaniteux peuvent croire que ce qu’ils font et disent est seul valable, qu’eux seuls sont sans reproche. La lutte entre deux lignes concerne aussi les individus et elle ne peut être conçue que collectivement.
69.
Nous nous sommes mis à la tâche de construire le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique. Cette tâche est immense et elle est de longue durée. Il est certain qu’à cette construction d’autres qui se tiennent encore à l’écart du Parti participeront. Même des camarades qui nous sont aujourd’hui hostiles en seront. Ils nous sont hostiles aujourd’hui parce qu’ils ne comprennent pas vraiment ce que doit être un Parti marxiste-léniniste, c’est une possibilité ; ou bien, et c’est une autre possibilité, parce que ce que nous leur avons montré du Parti n’est pas toujours engageant : les erreurs bureaucratiques des uns, le goût des cancans des autres ou bien encore le tir de barrage contre ce qui est jeune, cela peut expliquer beaucoup de choses aussi. Les deux raisons peuvent d’ailleurs se chevaucher. Quand il y a des divergences avec d’autres, il ne faut pas commencer par en chercher d’abord la cause chez les autres. Il faut commencer par la chercher en soi-même.
La lutte entre deux lignes doit être menée à fond. Il faut écraser totalement radicalement toute séquelle du révisionnisme. Respecter le camarade qui se trompe, c’est d’abord être sans faiblesse aucune envers ses idées erronées. Il faut appliquer totalement le principe du camarade Mao Tsé-toung :
«… tirer la leçon des erreurs passées pour en éviter le retour et guérir la maladie pour sauver l’homme, afin d’atteindre le double but d’éclaircir les idées et d’unir les camarades ». (Pour un style correct de travail dans le Parti − 1er février 1942).
On ne sauve l’homme qu’en tuant la maladie. Si on ne tue pas la maladie, elle se répand. Elle gagne tout le groupe et cela devient une épidémie. Il faut employer les outils du chirurgien pour extirper la gangrène. Le révisionnisme, c’est la pire gangrène.
Si on ne traque pas le révisionnisme à chaque instant, il revient à la charge. Si on le chasse par la porte, il rentre par la fenêtre, éventuellement par le trou de la serrure. C’est lui et lui seul le danger principal à l’heure actuelle dans nos rangs parce que tant qu’on n’aura pas écrasé les manifestations de l’idéologie révisionniste, on ne pourra construire un véritable Parti marxiste-léniniste.
Ce n’est pas parce qu’il y a eu dans notre Parti à certains moments, quelques manifestations d’impatience sectaires venant de quelques éléments petits-bourgeois que la nature de la lutte pouvait changer.
Le camarade Mao Tsé-toung souligne :
« Le révisionnisme ou opportunisme de droite est un courant idéologique bourgeois ; il est encore plus dangereux que le dogmatisme. Les révisionnistes ou opportunistes de droite approuvent le marxisme du bout des lèvres et attaquent eux aussi le « dogmatisme ». Mais leur attaque vise en fait la substance même du marxisme ». (De la juste solution des contradictions au sein du peuple – 27 février 1957).
Nous savons quelle herbe vénéneuse peut cacher à certains moments un bavardage ultra-gauche. On l’a vu avec Trotsky et ses partisans. On l’a vu durant la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine où certains « lançaient des mots d’ordre de « gauche » en apparence mais de droite en réalité, tels que : il faut « se métier de tout » et « tout abattre ».
Mais ce serait tomber dans le piège de l’ennemi que de ne pas frapper la cible principale à l’intérieur du mouvement ouvrier : l’opportunisme et le révisionnisme.
70.
Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique est un parti ouvrier. La majorité de ses militants sont des ouvriers. Dire qu’il est un parti ouvrier ne veut pas dire qu’il refuse les autres travailleurs, qu’il refuse les intellectuels révolutionnaires. Ce serait tourner le dos au marxisme-léninisme, oublier que Marx, Engels, Lénine, Mao Tsé-toung, Enver Hodja étaient ou sont des intellectuels révolutionnaires.
Mais dans un parti marxiste-léniniste, c’est la classe ouvrière qui dirige − nous disons bien la classe ouvrière, les prolétaires modernes et non des intellectuels ou des étudiants déguisés en ouvriers. Les intellectuels et étudiants révolutionnaires qui rejoignent le Parti ont absolument tous les droits des autres membres, sans aucune restriction, à condition qu’ils respectent la discipline prolétarienne et les règles du centralisme démocratique. Cela vaut la peine d’être rappelé et souligné au moment où beaucoup d’étudiants sont attirés par le Parti.
Une autre conception essentielle de la construction du Parti, c’est son organisation léniniste. Etre membre du Parti, ce n’est pas adhérer, c’est être admis. C’est un honneur. Chaque membre fait partie d’une cellule de base.
Il est évident que c’est à l’entreprise, au cœur même de la lutte de classe, que les cellules doivent être organisées. Cela ne veut pas dire que nous devons liquider les cellules locales ni refuser d’en former, mais celles-ci doivent avoir pour souci premier d’aider à constituer des cellules d’entreprise.
Nous avons insisté sur l’importance de « Clarté » comme organisateur, comme éducateur, comme agitateur. « Clarté » est vendu de façon militante aux entreprises, mais cette vente reste insuffisante en maints endroits.
Il faut souligner le net apport des travailleurs vers « Clarté ». Le volume d nouvelles consacrées aux entreprises dans « Clarté » est important. Notre organe central est de très loin le journal qui apporte de plus d’information consacrées aux entreprises. Cela vient de lettres d’ouvriers ou d’informations apportées oralement. Dans ce domaine, le progrès est remarquable.
Un des enseignements fondamentaux de l’organisation léniniste, c’est la nécessité de combiner le travail légal et le travail illégal.
Il faut employer toutes les possibilités de travail légal, ouvert. Mais il ne faut pas découvrir la structure d’organisation du Parti ni ses méthodes de travail. Nos cellules partout doivent être clandestines. Nous ne devons donner aucun renseignement public, parce que ce serait fatalement un renseignement à l’ennemi, sur la composition de nos organes dirigeants à quelque niveau que ce soit. Cela ne regarde que les militants. Il faut strictement limiter toutes les données vers l’extérieur − rien que le strict minimum. C’est pour cela qu’il n’y a plus de signatures dans « Clarté ». Ce qui paraît dans l’organe central du Parti, engage le Parti tout entier.
Ceci doit être pris très au sérieux. Nous sommes un parti révolutionnaire. Nous voulons détruire l’Etat, anéantir la classe capitaliste, instaurer la dictature du prolétariat. Cela ne se fera pas en participant à des élections ni on signant des conventions paritaires. La bourgeoisie, ses flics, ses cognes, ses paras, ses services secrets le savent. S’il est juste d’utiliser au maximum les possibilités légales, il faut être conscient que la bourgeoisie ne tolère l’existence d’un parti marxiste-léniniste que pour mieux connaître et surveiller son activité et sa structure d’organisation. Si l’essentiel de notre activité n’obéit pas aux règles de la clandestinité, nous nous offrirons aux coups de l’ennemi. La disparition de valises de camarades qui vont en délégation en Chine et en Albanie ; les interrogatoires de militants à propos de l’organisation du Parti et de ses dirigeants ; le vol de serviettes ; le fait que le téléphone de certains militants se trouve soudainement branché sur la ligne du SHAPE, tout cela n’est pas le fruit du hasard. L’ennemi sait ce que nous voulons et il ne reculera devant rien, même pas devant l’assassinat, s’il le juge utile. Que chacun de nos militants ait cela à l’esprit ; que chacun de nous se garde de ce qu’il dit au téléphone, de ce qu’il écrit dans ses lettres. Le secret doit être total. Ni tapage, ni fanfaronnade ; une responsabilité de communiste.
71.
Il existe en Belgique divers groupes ou des camarades isolés qui se réclament du marxisme-léninisme, de la pensée de Mao Tsé-toung. La plupart de ces militants sont des révolutionnaires sincères. Partant de cette constatation, en sa séance du 6 septembre 1969, le Comité Central a mis au point un important document intitulé : « Contribution à l’unité des révolutionnaires ». On y lisait notamment :
« Il existe dans notre pays des groupes qui se réclament du marxisme-léninisme, de la pensée de Mao Tsé-toung et se tiennent à l’écart du Parti. Il arrive même que certains militants de ces groupes attaquent le Parti.
Cette situation nuit au développement du Parti. Elle s’explique à la fois par la prépondérance des pratiques et des théories révisionnistes dans le Parti Communiste depuis la fin de guerre ce qui allait entraîner sa totale dégénérescence, par l’esprit de fraction de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie dont l’idéologie a fortement imprégné le mouvement ouvrier en Belgique.
Le Comité Central est résolu à tout faire pour mette fin aux manifestations de l’esprit de fraction en mettant en application le principe suivant : unir tout ce qui peut être uni, faire preuve du maximum de compréhension à l’égard des militants révolutionnaires qui appartiennent à des groupes étrangers au Parti mais aussi démasquer et combattre ceux qui se servent du drapeau rouge pour attaquer le drapeau rouge. Le Comité Central désignerait une délégation pour engager la discussion avec tout groupe qui désirerait entrer en contact avec lui ». (« Clarté », numéro 79, du 19 septembre 1969).
Cette résolution reste entièrement valable.
Nous avons eu des contacts avec divers groupes marxistes-léninistes. Dans deux cas, au Borinage et au Limbourg, ils ont été positifs et ont abouti au renforcement dans la construction du Parti marxiste-léniniste.
Dans d’autres cas, ils n’ont pas abouti à des résultats concrets. Mais rien ne dit qu’il en sera toujours ainsi dans l’avenir.
Le Parti se devra au cours des prochains mois d’analyser en profondeur les divers groupes qui se proclament révolutionnaires, voire marxistes-léninistes, d’examiner leur nature de classe, d’examiner les contradictions qui existent entre eux et en eux.
Il est un principe certain qu’il faut mettre en avant, c’est que les camarades qui se réclament du marxisme-léninisme, qui veulent la révolution, même s’ils se trompent lourdement, même si leur attitude à l’égard du Parti peut être inamicale jusqu’à se faire haineuse, nous ne les traiterons jamais en ennemis. Cela ne nous empêchera nullement d’être impitoyables envers les aventuriers qui se servent du drapeau rouge pour attaquer le drapeau rouge.
Si l’étude complète et scientifique des groupes qui se réclament du marxisme-léninisme, de la pensée de Mao Tsé-toung (voire du maoïsme) est nécessaire nous devons acter qu’il y a parmi eux une distinction fondamentale à faire, liée en général à leur composition sociale.
La première catégorie comprend des groupes à direction petite-bourgeoise, essentiellement étudiante. Le plus important d’entre eux est assurément « Alle macht aan de aarbeiders » (AMADA), autour duquel les autres, parfois fort réduits, font en quelque sorte figure de satellites : longtemps le journal de l’un d’eux n’a pas été autre chose qu’une traduction de celui d’AMADA.
Ces groupes qui ont entre eux maintes contradictions se caractérisent cependant par une identique théorisation de leur composition de classe. Après avoir beaucoup varié de position sur la constitution du parti qu’ils remettent sans cesse à plus tard, ils ont émis la théorie selon laquelle le parti ouvrier prolétarien doit être constitué à partir d’un centre dirigeant composé uniquement d’intellectuels et d’étudiants auxquels viendront s’agglomérer les ouvriers d’avant-garde. Comme ceux-ci tardent à venir ou lorsqu’ils viennent ne restent pas bien longtemps, on compense cet échec en déguisant des étudiants en ouvriers, donc en renouvelant les erreurs populistes dénoncées par Lénine. Il est certain, et plus encore dans un pays industriel avancé nomme le nôtre, avec un prolétariat majoritaire, aux riches traditions de lutte de classe, que le parti doit être construit autour de l’avant-garde ouvrière.
Cette idée très simple, à cent pour cent marxiste-léniniste, ces groupes gauchistes la rejettent. Les intellectuels, les étudiants seuls peuvent construire le Parti. Eux seuls sont capables d’analyses scientifiques. Eux seuls sont marxistes-léninistes. Ceux qui veulent construire le Parti autour de l’avant-garde ouvrière sont des opportunistes.
Un de ces groupes a repris contre notre Parti l’injure que Grippa nous lançait dès le mois de septembre 1967 : nous serions des « néo-révisionnistes ! ».
Certains se devraient de suivre le conseil du président Mao et d’être plus modestes, de se demander si eux-mêmes ne baignent pas dans l’opportunisme :
– Combien de fois n’a-t-on pas vu ces groupes, d’ailleurs chacun de leur côté, lancer des « campagnes », développer des mots d’ordre, lancer l’anathème contre qui n’est pas d’accord, échouer, faire une « autocritique » et lancer autre chose aussitôt ?
– N’a-t-on pas vu un de ces groupes organisateur d’une « campagne Vietnam » qui se voulait sensationnelle inviter une assemblée de grévistes de cesser de discuter de leur grève pour se consacrer au Vietnam, réussissant ainsi une magistrale démonstration de leur incapacité de comprendre la liaison des luttes ouvrières en Belgique et du combat anti-impérialiste ?
– N’a-t-on pas vu certains de ces groupes dénoncer la trahison des syndicats avec toutes les marques du sectarisme le plus insolent avant d’adopter la tactique trotskyste de noyautage des syndicats ?
– N’a-t-on pas vu un de ces groupes tour à tour dénoncer le Comité Permanent des mineurs du Limbourg comme un cheval de Troie de la Volksunie et de la Société Générale, nous invectiver parce que nous tenions compte de l’influence réelle sur les mineurs de ce Comité Permanent durant la grève du Limbourg, puis aujourd’hui inviter les mineurs à rejoindre le dit Comité Permanent, reprenant une fois encore la tactique trotskyste ?
– N’a-t-on pas vu les dirigeants de ce groupe s’allier avec des notables de la Volksunie ?
– N’a-t-on pas vu les principaux dirigeants de ce groupe tenter de lancer une revue « progressiste » bourgeoise style « Nouvel Observateur » où se trouvaient l’éloge de politiciens du PSB, de la Volksunie, des communiqués des jeunesses PLP, du mouvement anversois des homosexuels, etc.
– Ne voit-on pas aujourd’hui, certains de ces groupes, sous prétexte de défense de l’Indochine, s’allier avec des organisations trotskystes et révisionnistes ?
Certains camarades qui aiment de parler haut et de donner des leçons, pourraient utilement se contempler dans leur miroir. Ajoutons que nous n’avons pas l’impression que le plus important de ces groupes, formé par des étudiants de l’Université Catholique de Louvain, ait totalement rompu avec l’Eglise.
Il existe un autre type d’organisations. Elles veulent construire le Parti autour de l’avant-garde ouvrière. En certaines régions et en certaines occasions, nous avons pratiqué avec elles une unité d’action. Il est souhaitable que dans un effort commun de clarification et de renforcement idéologique, nous portions cette unité à un niveau plus élevé.
A cette catégorie appartient l’organisation de « l’Exploité », dont le centre d’activité principal se trouve à Charleroi. Cette organisation qui est à composante essentiellement ouvrière, semble avoir des conceptions juste en ce qui concerne la construction du Parti autour de l’avant-garde ouvrière, le centralisme démocratique et la discipline prolétarienne. Mais il existe de graves divergences dans une série de domaines. Nous considérons comme secondaires actuellement le fait que les camarades de « l’Exploité » aient le front de se présenter en vieux champions de la lutte pour démasquer Grippa alors que deux de leurs dirigeants ont été membres du Bureau Politique qui a secondé Grippa ; le fait aussi que ces camarades aient longtemps affectionné à notre égard des procédés douteux (emploi de l’injure et de l’invective dans leur journal, travail de sape auprès de certains de nos militants).
Ce qui est important outre ce qui nous rapproche, c’est qu’il existe entre notre Parti et les camarades de « l’Exploité» d’importantes divergences en ce qui concerne l’analyse du rôle des syndicats, de l’économie de la Belgique, des classes sociales en Belgique, de l’impérialisme belge, des contradictions inter-impérialistes. Sur ces sujets, ils ont repris pour l’essentiel les positions qui étaient défendues dans le parti révisionniste (surtout du temps de la direction de Lalmand) et dans le parti de Grippa.
De plus les camarades de « l’Exploité» ont défendu une conception de l’unité à tout prix, immédiate, que nous ne pouvons admettre et dont ils paraissent d’ailleurs être les victimes aujourd’hui. Car si leur organisation eut actuellement en crise et connaît une scission au point d’avoir dû, semble-t-il, expulser celui qui était leur premier dirigeant, il est possible qu’elle paie les conséquences de sa politique d’unité à tout prix qui l’a conduite à accepter dans ses rangs des résidus de groupes gauchistes ; ceux-ci ne paraissent pas avoir joué dans leurs rangs un rôle positif.
Dès le mois de juin 1970, nous disions :
« Il est évident que le problème de l’unité des marxistes-léninistes est un problème sérieux, qui demande un réel approfondissement idéologique. Il faut bien avoir à l’esprit que l’addition d’unités diverses ne produit pas une unité nouvelle. Il est taux de dire que 1 + 1 = 1.
Il est certain que 1 + 1 = 2. Et le camarade Mao Tsé-toung nous enseigne même que un se divise en deux.
Si l’unité totale, d’action, idéologique, organique se réalise un jour avec le groupe de « l’Exploité», c’est parce qu’ensemble nous aurons créé des conditions telles que l’unité nous paraîtra une évidence à tous et que préalablement, Je processus, chacun chez soi, de lutte entre l’ancien et le nouveau aura abouti à l’élimination des déchets dont parle le camarade Mao Tsé-toung.
Opérer dans la hâte, courir à une unification à tout prix en dehors des principes, sans unité idéologique, serait courir à l’échec. L’histoire du mouvement communiste mondial offre trop d’exemples d’unifications mal faites qui ont abouti à des catastrophes ».
Cela nous l’avons répété en substance dans une lettre que nous avons envoyée à la direction de l’organisation de « l’Exploité» en date du 15 septembre 1971 et que nous avons reproduite dans le numéro 163 de « Clarté ».
Nous avons insisté sur la nécessité de préparer les conditions de l’unité par une convergence dans l’action, par une recherche de l’unité idéologique. Nous n’avons jamais reçu de réponse à cette lettre.
Peut-être la crise que vivent en ce moment les camarades de « l’Exploité » les amènera-t-elle à remettre en question certaines de leurs positions et de leurs attitudes et à poser correctement les problèmes de l’unité.
Répétons que nous désirons l’unité des marxistes-léninistes sans aucune exclusive et qu’à côté des groupes qui se réclament du marxisme-léninisme, Il existe des camarades isolés qui sont de véritables révolutionnaires et qui ont place à nos côtés pour construire le Parti qu’ils souhaitent. Mais c’est dans l’action qu’il faut aller à l’unité, par l’approfondissement idéologique. Cette unité doit se réaliser dans la construction du Parti.
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CHAPITRE XII
L’INTERNATIONALISME PROLETARIEN
72.
Face à la collusion soviéto-yankee, aux complots contre les peuples, nu dangers d’une troisième guerre mondiale, les marxistes-léninistes doivent renforcer leur unité internationale. Les Partis et les organisations qui préparent dans leurs pays la reconstruction des partis marxistes-léninistes doivent s’unir, renforcer leur unité, démasquer le révisionnisme quelle que soit la forme qu’il revêt, enrichir de leurs expériences particulières, le trésor commun du marxisme-léninisme.
Les révisionnistes font tout pour diviser les Partis et organisations marxistes-léninistes, parce que cette unité leur fait peur. Ils veulent faire croire qu’il n’y a que des groupuscules gauchistes, isolés. Les trotskystes aussi redoutent cette unité parce que eux aussi, qui ont retrouvé un certain crédit dans les milieux d’étudiants et d’intellectuels petits bourgeois du fait de la trahison révisionniste, ont intérêt à faire croire que les « maoïstes », comme ils disent, sont des sectes divisées, sans liens internationaux. Enfin divers groupes révolutionnaires d’origine petite bourgeoise, qui se réclament du marxisme-léninisme, de la pensée de Mao Tsé-toung, mais charrient toute sortes de conceptions erronées sont contre de tels liens parce qu’ils ne se font autour d’eux ou bien certains s’en tiennent à des liaisons « internationales » avec toutes sortes de groupes scissionnistes, liquidateurs ou provocateurs.
Nous estimons que les liens entre les Partis et organisations marxistes-léninistes échanges d’expériences contribuent à renforcer chaque Parti ou organisation et à lutter contre les confusions volontairement entretenues par l’ennemi.
Tous les Partis, grands ou petits, sont égaux en droits, totalement indépendants. Chaque Parti établit sa ligne, en toute indépendance, en appliquant aux conditions particulières de son pays et du moment les enseignements universels du marxisme-léninisme, de la pensée de Mao Tsé-toung.
73.
Les marxistes-léninistes du monde entier vouent une admiration sans bornes aux Partis marxistes-léninistes qui sont les bastions de la révolution mondiale, le Parti Communiste Chinois et le Parti du Travail d’Albanie.
Parti Communiste Chinois, ayant à sa tête le plus grand marxiste-léniniste de notre époque, celui qui a enrichi de nouveaux apports la science de la révolution, le camarade Mao Tsé-toung, est un parti glorieux, expérimenté qui a rendu les services les plus précieux à la cause de la révolution mondiale. Mais son apport le plus précieux est certainement celui de la théorie et de la pratique de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, cette irruption sans précédent des masses de centaines de millions d’hommes et de femmes dans la vie politique pour arracher les pouvoirs usurpés par une poignée de responsables engagés dans la voie capitaliste, et à leur tête le sinistre chef révisionniste Liou Chao-chi ; c’est l’entrée en action de centaines de millions d’hommes et de femmes qui se trempent dans une dure lutte de classe, qui s’éduquent dans un combat héroïque contre le révisionnisme. La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, c’est le pouvoir aux Comités Révolutionnaires à tous les échelons, c’est la continuation ininterrompue de la révolution sous la dictature du prolétariat.
Le Parti du Travail d’Albanie, ayant à sa tête le camarade Enver Hodja, théoricien éminent du marxisme-léninisme, peut paraître petit parce qu’il est le parti d’un petit pays par la superficie, mais c’est un grand Parti par l’apport capital qui a été le sien depuis sa fondation à la lutte pour la révolution et contre le révisionnisme. Le discours du camarade Enver Hodja à la réunion des 81 Partis Communistes et Ouvriers à Moscou, le 16 novembre 1960, est dès à présent un classique de la littérature marxiste-léniniste qu’il importe de lire et d’étudier pour mieux combattre le révisionnisme. Le grand mouvement entrepris par le peuple albanais, sous la direction de son Parti marxiste-léniniste, pour la révolutionnarisation générale et la trempe de l’homme nouveau se place également sous le signe de la révolution ininterrompue sous la dictature du prolétariat.
Dans la lutte contre l’impérialisme et le révisionnisme, l’unité totale du Parti Communiste Chinois et du Parti du Travail d’Albanie, du camarade Mao Tsé-toung et du camarade Enver Hodja, constitue le bien le plus précieux du prolétariat mondial.
Nous estimons que tous les Partis et organisations marxistes-léninistes du monde entier, égaux et indépendants, doivent s’unir étroitement au Parti Communiste Chinois et au Parti du Travail d’Albanie en un bloc solide, invincible.
Nous marxistes-léninistes, repoussons avec mépris la calomnie impérialiste et révisionniste qui en nous réservant l’appellation de « maoïstes » de « chinois », tentent à faire croire que nous sommes des satellites et des fantoches du Parti Communiste Chinois.
Comme il est évident que sous Lénine et sous Staline, la pierre de touche de l’internationalisme prolétarien était la défense inconditionnelle de l’URSS, aujourd’hui, la pierre de touche de l’internationalisme prolétarien, c’est défense inconditionnelle de la République Populaire de Chine, de la République Populaire d’Albanie et de leur unité totale.
74.
Au cours des années, nous avons eu de fructueuses entrevues avec les camarades du Parti Communiste (marxiste-léniniste) d’Italie, du Parti Communiste d’Allemagne (marxiste-léniniste), du Parti Communiste d’Espagne (marxiste-léniniste), du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France, du Parti Marxiste-Léniniste des Pays-Bas, de l’Organisation Communiste de Suisse (qui depuis a donné naissance au Parti Communiste de Suisse marxiste-léniniste), de l’Organisation des marxistes-léninistes d’Iran (Toufan) de l’Organisation des marxistes-léninistes de Turquie (Ayndilik), de l’Association des Marxistes-Léninistes d’Helsinki (Finlande), de l’Organisation Marxistes-Léninistes de Grèce à l’étranger.
En 1971, le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique a eu le grand honneur d’être invité par le Comité Central du Parti Communiste Chinois à envoyer une délégation en Chine pour avoir des entretiens et des échanges d’expériences avec une délégation du Comité Central du Parti Communiste Chinois. Cette rencontre a eu lieu au mois d’août. Auparavant, au mois d’avril, dans des conditions analogues, une délégation du Comité Central de notre Parti a rencontré à Tirana une délégation du Comité Central du Parti du Travail d’Albanie. Ces entretiens et échanges d’expériences avec les deux grands Partis frères ont été pour notre Parti d’un prodigieux enrichissement.
Au mois de novembre 1971, une délégation a représenté notre Parti au Sixième Congrès du Parti du Travail d’Albanie, à l’invitation du Comité Central de ce Parti. Ce Congrès d’une importance historique nous a apporté maints enrichissements et nous a permis d’entrer en contact, d’échanger des expériences avec les Partis marxistes-léninistes de tous les continents qui avaient envoyé des délégations.
Toutes ces rencontres ont montré la grande unité de vue des véritables Partis marxistes-léninistes que rien ne pourra abattre. Nous sommes pour la continuation et la multiplication de ces contacts dans l’esprit du plus total internationalisme prolétarien. Plus particulièrement il nous paraît que la constitution de l’Europe des monopoles fait obligation de contacts plus étroits et plus fréquents entre Partis et organisations marxistes-léninistes d’Europe occidentale pour dégager une stratégie et une tactique communes. Cela pourrait rester pendant un temps aussi bref que possible au niveau des rencontres bilatérales pour dégager finalement une rencontre de tous les Partis Communistes Marxistes-Léninistes d’Europe occidentale.
Prolétaires de tous les pays, nations et peuples opprimés, unissez-vous !
I.
La Belgique est un pays capitaliste avancé. Dans un pays capitaliste, bourgeoisie dispose de toutes les richesses et exploite les travailleurs. Les marchandises sont produites par l’ouvrier qui perçoit un salaire que le capitaliste veut toujours le plus bas possible. Durant son temps de travail, l’ouvrier crée une valeur supplémentaire que le capitalisme empoche : c’est la plus-value, le profit capitaliste.
Le capitalisme belge est un capitalisme au stade de l’impérialisme. En Belgique, les investissements de capitaux étrangers ne cessent de croitre, facilités par la politique gouvernementale de cadeaux multiples aux investisseurs ; ils se font essentiellement dans les secteurs nouveaux en pleine expansion. Depuis quelques années, le rythme des investissements étrangers dans l’industrie belge est plus rapide que celui des investissements belge dans certains secteurs, le montant des investissements étrangers est déjà supérieur à celui des investissements de capitaux belges. De tous les investissements étrangers, ce sont les investissements américains qui sont les plus importants. Mais bien que restant très minoritaires, les investisements japonais croissent à un rythme supérieur à tous les autres.
Cependant la Belgique n’est pas une colonie, ni une semi-colonie. Dans notre pays, la concentration de la production et du capital est parvenu à un développement si élevée que se sont constitués des monopoles, qui contrôlent la vie économique. Il y a fusion du capital bancaire et du capital industriel pour former un capital financier ; la vie du pays est dominée par une oligarchie financière toute puissante. Le capitalisme belge pratique sur une grande échelle l’exportation de capitaux qui prend de plus en plus d’importance par rapport à l’exportation de marchandises. Il participe à des unions internationales capitalistes monopolistes pour le partage du monde ; les monopoles belges n’exploitent pas uniquement les travailleurs de Belgique, mais en outre des millions de travailleurs sur tous les continents, non seulement dans les pays du tiers monde, mais encore dans les pays capitalistes avancés.
La bourgeoisie belge est une bourgeoisie impérialiste ; elle appartient au camp impérialiste.
II.
Le capitalisme est le pire de tous les maux,
– parce qu’il exploite quotidiennement les travailleurs ;
– parce que les salaires sont insuffisants et que les prix ne cessent d’augmenter ;
– parce que les salaires insuffisants amènent les travailleurs à faire des heures supplémentaires ;
– parce que dans les usines, les cadences sont sans cesse accélérées ; parce que comme conséquence du mépris patronal pour la vie et la santé des travailleurs, des cadences infernales, des journées interminables, le nombre d’accidents de travail ne cesse d’augmenter ;
– parce qu’il y a toujours plus de fermetures d’usine, de licenciements, de chômage ;
– parce que les paysans-travailleurs, les petits commerçants, les artisans sont ruinés en nombre toujours plus grand et que ceux qui subsistent ont des conditions de vie de plus en plus difficiles ;
– parce que la production se faisant selon la seule loi du profit et non des besoins de la population, les travailleurs étant toujours payés au plus bas, Il en résulte des déséquilibres, des récessions, des crises économiques ;
– parce qu’il y a par les monopoles capitalistes des pays avancés, exploitation féroce des pays dits du tiers monde et qu’il en découle la misère atroce de ces peuples ;
– parce que le développement du capitalisme se fait de façon inégale ; que les monopoles et les gouvernements à leur service reposent sans cesse l’exigence d’un nouveau partage du monde, qu’il en résulte des politiques agressives et des guerres impérialistes.
III.
Mais le capitalisme crée également les conditions de sa propre fin.
Dans les pays de l’Afrique, de l’Amérique latine, de l’Asie, les vastes masses populaires se lèvent pour leur libération, pour leur indépendance nationale ; Ils prennent les armes contre le colonialisme et l’impérialisme.
Dans les pays industriels avancés, chaque jour, dans les entreprises capitalistes, la classe ouvrière affronte la classe capitaliste pour de petites choses et pour de grandes choses. Dans les vastes usines concentrées, la conscience de classe naît et s’avive.
La révolution intéresse d’autres classes et couches que la classe ouvrière : les employés, les paysans-travailleurs, les petits commerçants et les artisans, les intellectuels et étudiants révolutionnaires. Mais c’est la classe ouvrière qui est la seule classe révolutionnaire jusqu’au bout. L’exploitation capitaliste groupe, unit et organise le prolétariat qui de ce fait est le guide de toutes les masses exploitées.
Les exploiteurs sont une minorité et ont besoin de se défendre contre la majorité, contre les peuples. Ce qui maintient le pouvoir des exploiteurs c’est l’Etat avec ses lois, son administration, son parlement, ses juges, gendarmes, ses polices, son armée, ses prisons. Les capitalistes ont avantage à donner à l’Etat une forme démocratique car celle-ci réussit dans une certaine mesure à apporter à la classe ouvrière et aux autres travailleurs l’illusion qu’ils participent au pouvoir. Mais quand la bourgeoisie se sent menacée, elle n’hésite pas à violer sa propre légalité, à fasciser son Etat, et s’il le faut, à instaurer une tyrannie fasciste.
IV.
La lutte de la classe ouvrière est nécessairement une lutte politique. Mais cette lutte ne peut se mener par voie de réformes. L’expérience de la lutte de classe prouve que chaque fois que sous le poids de la lutte de classe, les capitalistes ont dû céder la moindre chose, ils ont toujours trouvé la parade nécessaire pour annuler la conquête ouvrière, voire pour la transformer en un nouvel instrument d’oppression.
Quand la classe ouvrière conquiert une hausse de salaire, la bourgeoisie la lui reprend et au-delà par la hausse des prix, des taxes et des impôts.
Quand la classe ouvrière a conquis et conquiert une réduction de la journée de travail, la bourgeoisie apporte une exploitation plus grande par « l’organisation scientifique du travail », les cadences à l’américaine et par la pratique des heures supplémentaires.
Quand la classe ouvrière a conquis le droit à l’instruction, la bourgeoisie a organisé un enseignement au travers duquel elle diffuse son idéologie ; elle vise à former la main d’œuvre qualifiée dont elle a besoin, les cadres de l’exploitation ouvrière et tout au sommet, les cadres du régime.
Quand la classe ouvrière a imposé la liberté syndicale, la bourgeois a intégré les syndicats socialistes et chrétiens dans les rouages du régime (jusqu’au sein de la Banque Nationale, de la Société Nationale de Crédit l’industrie, de l’Office Belge pour l’Accroissement de la Productivité) et par le jeu de la programmation sociale et des conventions paritaires, elle en fait les chiens de garde de la paix sociale.
V.
Il est vain d’espérer instaurer le socialisme par la voie des élections par l’action parlementaire. Dans un régime bourgeois, même le plus démocratique, les libertés sont purement formelles ; la radio, la T. V., les quotidiens et les grands hebdomadaires sont aux mains de la bourgeoisie. L’enseignement, le cinéma, les disques, la radio, la T. V., tous les loisirs diffusent une idéologie bourgeoise. Dès lors, une élection libre n’existe que de façon formelle. Il est d’ailleurs certain que si les révolutionnaires conquéraient malgré tout la majorité aux élections, s’en prenaient à la propriété privée et au profit, les capitalistes n’hésiteraient pas à déclencher la violence réactionnaire. Il faut d’ailleurs rappeler que dès qu’elle se trouve devant une grève un peu dure, la bourgeoisie n’hésite pas à assassiner des ouvriers, comme cela a eu lieu à d’innombrables reprises au cours de notre histoire – et les dernières fois à Grâce-Berleur en 1950, à Bruxelles et à Liège en 1961, à Zwartberg en 1966.
VI.
La seule façon de mettre fin au régime capitaliste, c’est de faire la révolution.
Par la révolution, la classe ouvrière et ses alliés, c’est-à-dire les petits paysans – travailleurs, les employés, les intellectuels et étudiants révolutionnaires, s’emparent du pouvoir, détruisent l’appareil d’Etat des classes exploiteuses et ils n’en laissent pas pierre sur pierre.
Mais il est impossible de supprimer immédiatement tout Etat, toute autorité. Il est évident que les classes renversées vont essayer de reprendre le pouvoir, au besoin avec l’appui des armées étrangères ; elles vont essayer de corrompre des révolutionnaires, de monter des provocations, d’envoyer dans les rangs des révolutionnaires des éléments désagrégateurs.
La classe ouvrière et ses alliés victorieux créent donc tout ce qui est nécessaire pour maintenir le pouvoir rouge, empêcher le retour au pouvoir des capitalistes : des lois populaires, des tribunaux populaires, des organes de vigilance révolutionnaire, une milice du peuple, une armée rouge. Tout cela est contrôlé par le peuple au sein de larges organes où s’affrontent toutes Idées, toutes les propositions, où se prennent démocratiquement toutes décisions, comme c’était le cas jadis en Union Soviétique avec les soviets d’ouvriers et de paysans, comme c’est le cas en Chine avec les comités révolutionnaires ou en Albanie avec les conseils populaires et le contrôle ouvrier.
C’est cela la dictature du prolétariat.
Il faut comprendre le mot dictature dans son sens scientifique, qui est celui de pouvoir absolu. La monarchie démocratique qui existe en Belgique, c’est le pouvoir absolu, c’est la dictature des monopoles capitalistes. Dans un régime socialiste, c’est la dictature du prolétariat, c’est-à-dire le pouvoir absolu de la classe ouvrière et des autres travailleurs qui décident souverainement après de larges et profondes discussions mais qui prennent toutes les mesures nécessaires, même les plus dures, pour empêcher le retour au pouvoir des fauteurs d’exploitation, des fauteurs de misère, des fauteurs de guerre impérialiste.
Dans un régime de dictature du prolétariat, existe le danger de voir former des couches privilégiées de bureaucrates, de technocrates, d’intellectuels et à partir de là d’assister à la renaissance d’une nouvelle bourgeoisie exploiteuse comme cela s’est vu en URSS et dans d’autres pays de démocratie populaire. C’est pour cela que la vigilance des masses est nécessaire, ainsi que leur mobilisation permanente pour arracher le pouvoir aux dirigeants indignes ou pour empêcher ce processus. C’est cela qui fait en République Populaire de Chine avec la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne et en République Populaire d’Albanie, grâce au mouvement de révolutionnarisation générale.
Quand les classes exploiteuses seront définitivement vaincues dans le monde entier, qu’il y aura abondance de biens partout, qu’un homme nouveau sera né, l’Etat disparaîtra, chacun donnera selon ses capacités et recevra selon ses besoins, ce sera le communisme.
VII.
Pour que la classe ouvrière mène la révolution avec succès, il lui faut un Etat-Major expérimenté qui soit à la fois démocratique et centralisé, le parti révolutionnaire prolétarien.
Les expériences négatives de la Commune de Paris, de la révolution spartakiste en Allemagne, de mai 1968 en France prouvent que sans un tel parti il est impossible de vaincre.
Les expériences victorieuses de la révolution russe, de la révolution chinoise, de la révolution albanaise prouvent qu’avec un tel parti expérimenté, lié aux masses, la victoire est certaine.
Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique a pour but de renverser la classe des capitalistes et toutes les autres classes exploiteuses, de substituer la dictature du prolétariat à la dictature de la bourgeoisie. Ainsi pourra être réalisé le socialisme, étape vers la société communiste.
Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique a pour fondement théorique le marxisme, le léninisme, la pensée de Mao Tsé-toung. Il se donne pour tâche d’en appliquer les enseignements universels aux conditions concrètes de notre pays.
Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique ne peut se construire qu’à partir des éléments d’avant-garde de la classe ouvrière. La conception que ce Parti ne peut se construire qu’à partir de noyaux petits bourgeois intellectuels et étudiants, qu’eux seuls sont capables d’éclairer la classe ouvrière est une conception foncièrement révisionniste de mépris de la classe ouvrière ; de cette façon, on ne peut que construire un parti petit-bourgeois oscillant constamment entre l’opportunisme et l’aventurisme. C’est une conception étrangère au marxisme-léninisme, à la pensée de Mao Tsé-toung et elle doit être combattue avec fermeté.
La révolution est l’œuvre des masses et elle ne se fera pas si celles-ci ne sont pas convaincues de sa nécessité. Pour conduire la révolution, le Parti doit se lier aux masses. Le travail parmi les masses, en utilisant toutes les formes de lutte, légales et illégales, est absolument nécessaire.
Le Parti, ses organisations, ses militants doivent bien faire comprendre aux masses la contradiction fondamentale, irrémédiablement antagonique qui existe entre exploiteurs et exploités, la nécessité de mener le combat classe contre classe. Il faut constamment montrer pourquoi la révolution est nécessaire et pourquoi elle est possible.
L’organisation du Parti au sein de la classe ouvrière implique comme tâche fondamentale la constitution et le développement de cellules d’entreprise, la propagande en direction des entreprises.
Le travail parmi les masses travailleuses exige la construction d’une centrale syndicale révolutionnaire. Mais il est évident que cette centrale syndicale révolutionnaire ne se construira qu’à travers la lutte. Dès à présent il est possible de pratiquer un syndicalisme révolutionnaire, dont la tactique peut varier selon les régions et les entreprises, mais qui vise à longue échéance, à créer les conditions de la construction du syndicat de lutte de classe.
Le Parti doit souligner l’importance du travail de masse parmi les femmes et parmi les jeunes.
Toujours et partout, les militants communistes marxistes-léninistes œuvrent à réaliser l’unité de la classe ouvrière et l’unité autour de la classe ouvrière. Cette unité ne peut se réaliser que par l’action et pour l’action. Elle exige la dénonciation des partis du régime et en premier lieu des partis qui se disent ouvriers mais sont en fait des agents de la bourgeoisie en secteur ouvrier : le PSB, le PCB révisionniste, les diverses formations trotskystes. Ce n’est que de cette façon que l’unité à la base et dans l’action peut se faire de la façon la plus large et sans exclusive.
VIII.
Il y a en Belgique une nation flamande et une nation wallonne. Il y a aussi, à l’est du pays, une minorité nationale allemande. La bourgeoisie se sert de la question nationale pour diviser les travailleurs.
Le seul mot d’ordre juste, c’est le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, leur droit à l’indépendance politique, à la libre séparation. Ce droit implique le combat uni contre l’Etat belge, instrument du capitalisme monopoliste belge, sa destruction par voie révolutionnaire. Seule la révolution prolétarienne permettra la résolution totale de la question nationale. C’est pour cela qu’il ne peut y avoir un parti révolutionnaire wallon et un parti révolutionnaire flamand, mais un seul Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique, commun à l’avant-garde révolutionnaire quelles que soient les nationalités, visant à détruire l’Etat belge de dictature bourgeoise et à instaurer la dictature du prolétariat. A ce moment, le prolétariat victorieux décidera si les nations doivent se séparer dans des Etats différents, se fédérer ou adopter des structures étatiques plus centralisées.
Le capitalisme au stade de l’impérialisme fait largement appel à la main d’œuvre immigrée. En Belgique, il y a actuellement des dizaines de milliers de travailleurs venant essentiellement de pays ou régions à économie retardataire (Espagne, Italie du midi, Yougoslavie, Grèce, Turquie, Afrique du Nord). Il s’agit de travailleurs surexploités, voués aux travaux les plus durs, les plus insalubres, les plus mal payés. Ils sont dépourvus de droits, coupés de toute racine nationale. Le capitalisme belge, dans sa basse besogne de division ouvrière, vise à opposer travailleurs belges et travailleurs immigrés, ainsi que travailleurs immigrés entre eux. Par tous les moyens, il suscite le chauvinisme, la xénophobie, le racisme.
Les travailleurs immigrés représentent 8 pour cent du total de la population en Belgique. Dans certaines régions cette proportion est de l’ordre de 20 pour cent. Objectivement, il s’agit donc d’une minorité nationale ou plus exactement de minorités nationales opprimées. Il va de soi que les communistes marxistes-léninistes luttent également pour tous les droits de ces minorités − notamment pour que les travailleurs immigrés disposent de tous les droits civils et politiques : droit d’aller et de venir, liberté absolue de travail avec abrogation du permis de travail, logements décents, égalité des salaires, acquisition rapide et gratuite de la nationalité belge s’ils le jugent utile.
IX.
A travers la lutte conséquente pour les revendications immédiates, les marxistes-léninistes se doivent d’élever la conscience de la classe ouvrière et de l’ensemble des travailleurs. La lutte pour les revendications immédiates, le soutien aux grèves doivent permettre aux marxistes-léninistes de prouver qu’ils sont les véritables défenseurs des intérêts du prolétariat. A travers la lutte pour les revendications immédiates, la classe ouvrière prend conscience de sa force ; elle prend conscience de la nécessité d’aller plus loin que les réformes, d’aller à la révolution pour renverser le pouvoir des monopoles, pour instaurer la dictature du prolétariat, édifier le socialisme et le communisme.
Les revendications que nous reprenons et que nous reprendrons sont les émises par les travailleurs.
1. – A TRAVAIL EGAL, SALAIRE EGAL
Nous devons combattre tout ce qui divise les travailleurs par l’inégalité des conditions de vie, la conception de la promotion industrielle, la discrimination à l’égard des femmes et des jeunes.
Nous luttons pour la suppression des catégories d’âge et de zones, contre les contrats spéciaux pour les immigrés, contre les augmentations de hiérarchiques et contre la hiérarchie des salaires.
Nous dénonçons les augmentations en pour cent qui creusent l’écart entre les travailleurs. Nous réclamons des augmentations en chiffres absolus. Ces chiffres peuvent varier selon les entreprises et les régions mais nous popularisons la revendication d’une augmentation de dix francs de l’heure qui a été mise en avant dans de nombreux combats de classe au cours des dix dernières années.
2. – LUTTE POUR LA SANTE DES TRAVAILLEURS
Les primes de sécurité, pour travaux pénibles ou insalubres, etc. coûtent moins cher aux capitalistes qu’une véritable sécurité. Mais une prime ne rend pas la santé aux travailleurs. Nous sommes pour des améliorations effectives de la sécurité dans le travail, pour l’augmentation du temps de repos.
Nous préconisons les 40 heures tout de suite, sans diminution de salaires et la quatrième semaine de vacances.
Nous luttons pour les soins de santé gratuits (honoraires médicaux, frais d’hospitalisation et médicaments), pour l’intégralité des salaires en cas de maladie, d’accident dans le travail ou en dehors du travail ; il faut que les travailleurs reçoivent les remboursements de la mutualité dès les premiers jours.
Lutte énergique contre les cadences, pour des salaires suffisants permettant de mettre fin à la pratique des heures supplémentaires.
3. – CONTRE LE CHOMAGE ET LES LICENCIEMENTS
Nous exigeons l’intégralité du salaire jusqu’à ce que le chômeur trouve un travail équivalent à celui qu’il a perdu.
4. – POUR LES VIEUX TRAVAILLEURS
Logements et transports gratuits. Retraite à 60 ans d’un montant égal au salaire minimum de la catégorie. Intégralité de la retraite pour toute personne qui n’a pas travaillé et dont l’existence a été assurée par son conjoint avant la mort de celui-ci.
5. – CONTRE LA PAIX SOCIALE
Suppression des amendes dans le travail ou pour faits de grève. Suppression des lois et conventions anti-grèves. Suppression de la programmation sociale et des clauses de paix sociale qui ligotent les travailleurs.
X.
Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique est inébranlablement fidèle à l’internationalisme prolétarien. Il dénonce et il lutte contre l’exploitation des peuples d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine par les grands monopoles belges. Il dénonce et il lutte contre les manœuvres néo-colonialistes de l’impérialisme belge au Congo-Kinshasa, au Burundi et au Ruanda.
Il soutient la lutte des peuples opprimés pour leur libération, contre l’impérialisme et en particulier contre le chef de file du camp impérialiste, l’impérialisme américain. Ainsi apporte-t-il son soutien politique total aux peuples du Vietnam, du Laos et du Cambodge en lutte directe contre l’impérialisme américain et ses complices ; au peuple palestinien en lutte armée contre l’agresseur sioniste israélien, instrument docile de l’impérialisme américain.
Il soutient la lutte des peuples sous domination du social-impérialisme soviétique et ses valets révisionnistes de tous pays.
Il soutient la lutte de tous les peuples qui prennent les armes pour leur libération.
Il dénonce les accords impérialistes économiques, politiques et militaires. Il combat l’Europe des monopoles. Il lutte pour que le Shape soit chassé du territoire belge, pour que la Belgique quitte l’OTAN. Il lutte contre l’organisation agressive du Pacte de Varsovie au service du social-impérialisme.
Il développera tous ses efforts pour renforcer les liens entre tous les partis et organisations marxistes-léninistes du monde entier, pour faire mieux connaître et apprécier les grandes réalisations de la République Populaire de Chine et de la République Populaire d’Albanie. Il est le défenseur inconditionnel du Parti Communiste de Chine, du Parti du Travail d’Albanie et de leur unité totale car ces deux partis sont les bastions de la révolution mondiale.
Vive la révolution prolétarienne mondiale !
Prolétaires de tous les pays, nations et peuples opprimés, unissez-vous !
1. – BUT DU PARTI
ARTICLE 1. – Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique est un Parti prolétarien révolutionnaire.
ARTICLE 2. – Il a pour tâche de renverser la classe des capitalistes et toutes les autres classes exploiteuses, de substituer la dictature du prolétariat à la dictature de la bourgeoisie qui, dans notre pays, revêt la forme d’une démocratie parlementaire. Ainsi pourra être réalisé le socialisme étape vers la société communiste.
ARTICLE 3. – Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique a pour fondement théorique le marxisme, le léninisme, la pensée de Mao Tsé-toung.
Il se donne pour tâche d’en appliquer les enseignements universels aux conditions concrètes de la Belgique.
ARTICLE 4. – Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique est composé d’éléments avancés de la classe ouvrière auxquels se joignent éléments révolutionnaires animés par l’idéologie prolétarienne issus d’autres couches travailleuses.
ARTICLE 5. – L’attitude à l’égard de la classe ouvrière et son rôle dirigeant est la pierre de touche pour tous les révolutionnaires. Le Parti révolutionnaire prolétarien ne peut se construire qu’à partir des éléments d’avant-garde de la classe ouvrière. La conception que ce Parti ne peut être construit qu’à partir de noyaux petits-bourgeois intellectuels et étudiants, qu’eux seuls sont capables d’éclairer la classe ouvrière est une conception foncièrement révisionniste de mépris de la classe ouvrière ; de cette façon, on ne peut construire qu’un parti petit-bourgeois oscillant constamment entre l’opportunisme et l’aventurisme.
Cette conception est étrangère au marxisme-léninisme, à la pensée de Mao Tsé-toung et doit être combattue avec fermeté.
ARTICLE 6. – La révolution est l’œuvre des masses et elle ne se fera si celles-ci ne sont pas convaincues de sa nécessité. Pour conduire la révolution, le Parti doit se lier aux masses. Le travail parmi les masses, utilisant toutes les formes de luttes, légales et illégales, est la condition essentielle de la vie du Parti.
ARTICLE 7. – Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique est fermement attaché à l’internationalisme prolétarien. Il est indissolublement uni aux partis et aux organisations communistes marxistes-léninistes du monde entier et en premier lieu au Parti Communiste Chinois et au Parti du Travail d’Albanie, bastions de la révolution mondiale. Il est solidaire du prolétariat mondial, de tous les peuples et nations opprimés du monde entier contre l’impérialisme, le révisionnisme et toute la réaction.
2. – LES MEMBRES DU PARTI
ARTICLE 8. – Peut être membre du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique tout ouvrier, paysan, travailleur, employé, intellectuel révolutionnaire, ou tout autre travailleur qui reconnaît le programme du Parti, en accepte les statuts, adhère à une organisation de base (cellule) et y milite activement, applique les décisions du Parti, en observe la discipline et acquitte ses cotisations.
ARTICLE 9. – Le travailleur qui demande à entrer au Parti doit suivre la procédure d’admission individuelle. La cellule s’assurera que ce candidat, par sa vie privée et professionnelle et par son esprit de solidarité, est digne d’être membre du Parti. Sa demande devra être acceptée par l’assemblée générale de la cellule.
L’admission se fait d’abord comme membre stagiaire. La période de stage est de six mois. Elle peut être prolongée par décision de la cellule. Durant cette période, le stagiaire est associé aux activités de la cellule. A l’issue de cette période, la cellule se prononce sur l’admission effective dans les rangs du Parti avec l’accord du Comité Central.
ARTICLE 10. – Tout membre du Parti a pour devoir :
a) d’étudier et d’appliquer de façon vivante le marxisme, le léninisme, la pensée de Mao Tsé-toung.
b) de lutter pour les intérêts de la classe ouvrière et de l’immense majorité des travailleurs.
c) de s’unir aux masses, notamment de militer, sous la direction du Parti, dans une organisation de masse.
d) de respecter la discipline du Parti.
e) de pratiquer à tout moment avec courage la critique et l’autocritique.
3 – LE CENTRALISME DEMOCRATIQUE
ARTICLE 11. – Le principe d’organisation du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique est le centralisme démocratique :
a) Tous les organes de direction, à tous les échelons sont élus par voie de consultation, soit au sein d’assemblées générales, soit au sein des congrès.
b) Tous les membres du Parti, quelle que soit la fonction qu’ils remplissent, doivent respecter la discipline du Parti :
Le membre doit se soumettre à l’assemblée de sa cellule de base ; la minorité à la majorité, l’échelon inférieur à l’échelon supérieur et l’ensemble du Parti au Comité Central.
c) Les organes de direction à tous les échelons doivent régulièrement rendre compte de leur activité aux Congrès et aux assemblées générales recueillir constamment l’opinion des masses là où ils travaillent, où ils vivent, où ils militent.
d) Tout membre du Parti a le droit et le devoir de soumettre à l’assemblée de sa cellule et à tous les échelons du Parti des suggestions et des critiques.
e) Tout membre qui est en désaccord avec les décisions ou l’activité d’organisations du Parti est autorisé à réserver son opinion, il a le droit il s’adresser directement aux échelons supérieurs.
4. – L’ORGANISATION DE BASE
ARTICLE 12 – La cellule est l’organisation de base du Parti. Elle constituée de préférence sur la base de l’entreprise mais aussi des quartiers, des écoles, à l’armée.
ARTICLE 13. – La cellule se réunit régulièrement et chaque fois qu’il est nécessaire. L’assemblée de la cellule désigne un responsable politique. Si la cellule atteint un nombre de membres suffisant, elle désigne un comité. Il appartient au responsable ou au comité de proposer l’ordre du jour de la réunion ; celui-ci sera fixé définitivement par l’assemblée de la cellule au début de la séance.
ARTICLE 14. – Les cellules ont pour tâche fondamentale la réalisation d la politique du Parti, elles développent dans ce sens les actions de propagande, d’agitation et d’organisation.
Il appartient à la cellule de veiller avec un soin attentif à l’éducation politique de ses membres ; de se lier étroitement aux masses, de discuter de la vie du Parti, de faire des suggestions et des critiques.
La cellule recrute de nouveaux membres et les entraîne dans la lutte du Parti.
5. – LA STRUCTURE DU PARTI
ARTICLE 15. – Le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique est un Parti en construction. Dans l’application des règles du centralisme démocratique, il doit faire preuve d’une grande souplesse. Le Comité Central veille à établir, au fur et à mesure des nécessités, les organismes indispensables simples et efficaces, qui règlent les affaires courantes du Parti. Là où le développement du Parti a atteint un niveau suffisant, il est constitué une organisation régionale. L’assemblée générale de la régionale désigne le comité régional.
L’assemblée générale de la régionale se réunit au moins une fois tous les trois mois.
Le comité régional et l’assemblée générale de la régionale veillent à la constitution, au bon fonctionnement des cellules de base à construire les organisations de masse correspondant aux conditions de la région. Ils dirigent la réalisation de la politique du Parti, les actions de propagande, d’agitation, d’organisation sur le territoire de la région.
Dans les régions où le développement du Parti n’a pas atteint un degré suffisant, les cellules sont rattachées directement au Comité Central.
6. – LE CONGRES DU PARTI
ARTICLE 16. – L’organe suprême de direction est le Congrès du Parti. Il prend des décisions obligatoires pour tous les membres du Parti dans toutes les questions politiques et d’organisation. Il élit le Comité Central ainsi que les organes de contrôle qu’il juge utiles.
ARTICLE 17. – Le Congrès du Parti est convoqué tous les trois ans. Dans des cas exceptionnels, sa convocation pourra être retardée ou avancée sur décision du Comité Central.
ARTICLE 18. – Les modalités de représentation des organisations de base et des organisations régionales au Congrès du Parti sont fixées par le Comité Central.
ARTICLE 19. – L’ordre du jour du Congrès est proposé par le Comité Central qui désigne les rapporteurs pour les différents sujets à l’ordre du jour. Le Congrès fixe son ordre du jour définitif.
7. – LE COMITE CENTRAL DU PARTI
ARTICLE 20. – Le Comité Central est l’organe dirigeant du Parti dans l’intervalle des Congrès. Il dirige le travail politique et d’organisation.
ARTICLE 21. – Nul ne pourra être élu au Comité Central s’il n’est membre effectif depuis un an au moins.
ARTICLE 22. – Le Comité Central élit dans son sein le Bureau Politique et le Secrétariat. Il désigne les collaborateurs de la presse, des éditions, des librairies. Il fixe le montant des cotisations et est responsable de la gestion financière du Parti et de toutes ses organisations.
Si le Parti utilise des militants permanents, le comité central fixe leur rémunération en prenant pour base le salaire d’un ouvrier.
ARTICLE 23. – Dans l’intervalle des sessions du Comité Central, la direction du Parti est assurée par le Bureau Politique et le Secrétariat.
8. – LA VIGILANCE
ARTICLE 24. – La vigilance révolutionnaire est un devoir fondamental pour tout membre du Parti. Nul ne doit oublier qu’en maintes occasions l’ennemi ne se présente pas à visage découvert mais qu’il est habile à utiliser le drapeau rouge pour combattre le drapeau rouge. Il importe toutefois de ne pas confondre l’ennemi et l’ami qui se trompe.
Si un membre commet une infraction à la discipline du Parti, ou si son comportement privé nuit au Parti, l’organisation intéressée lui appliquera une des sanctions suivantes : rappel à l’ordre, blâme, destitution des fonctions au sein du Parti, exclusion des rangs du Parti.
Le membre contre lequel une sanction est proposée doit obligatoirement être convoqué afin de présenter sa défense.
Le membre qui subit une sanction a droit d’appel devant tout organe supérieur jusque y compris le Congrès du Parti.
Toute sanction d’exclusion, sauf si elle est prise par le Congrès, doit être ratifiée par le Comité Central.
ARTICLE 25. – Il est souhaitable que des sanctions ne soient pas appliquées là où une discussion fraternelle et une autocritique sincère et en profondeur sont suffisantes. Il faut, ainsi que l’enseigne le camarade Mao Tsé-toung,
« tirer les leçons des erreurs passées pour en éviter le retour et guérir la maladie pour sauver l’homme, afin d’atteindre le double but d’éclaircir les idées et d’unir les camarades ».
9. – CAS PARTICULIERS
ARTICLE 26. – Les cas non prévus par les statuts sont réglés par le Comité Central.
Au Comité Central du Parti Communiste Chinois
Chers Camarades,
Le Premier Congrès du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique réuni le 1er et le 2 juillet 1972 salue chaleureusement le Comité Central du Parti Communiste Chinois.
Le Parti Communiste Chinois est le bataillon de choc de la Révolution mondiale. Il a rendu les services les plus précieux à la cause du prolétariat mondial et à la cause de la libération des peuples.
A la tête du Parti Communiste Chinois se trouve le plus grand marxiste-léniniste de notre époque, le camarade Mao Tsé-toung. Celui-ci a enrichi de nouveaux apports capitaux la science de la révolution notamment dans la théorie de l’analyse des classes, de la stratégie et de la tactique de la lutte de classe, dans la conception de la lutte révolutionnaire, dans les domaines de la philosophie, de l’histoire, de la littérature et de l’art, dans bien d’autres domaines encore.
Mais son apport le plus précieux est celui de la théorie et de la pratique de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, cette irruption de centaines de millions d’hommes et de femmes, de jeunes et de vétérans dans la vie politique pour arracher les pouvoirs usurpés par la poignée de responsables engagés dans la voie capitaliste et par leur chef de file, le renégat Liou Chao Chi. Les masses innombrables à l’appel et sous la direction du Parti, se mobilisent, se trempent dans une dure lutte de classe, s’éduquent dans le combat contre le révisionnisme.
La Chine entière est devenue une grande école pour l’étude et l’application vivantes du marxisme, du léninisme, de la pensée de Mao Tsé-toung.
Nous saluons ces organes populaires, les Comités révolutionnaires, expressions à tous les échelons de la volonté des masses en lutte, organes de la dictature du prolétariat.
Nous saluons les immenses victoires économiques de la République Populaire de Chine tant dans le domaine de l’agriculture que dans le domaine ne de l’industrie. La Chine jadis retardataire, humiliée, opprimée, proie de puissances impérialistes, connaît un essor considérable. Elle va de l’avant de façon impétueuse.
Le prestige de la République Populaire de Chine, bastion de la révolution mondiale, est considérable. C’est un pays infiniment cher aux peuples du monde entier, au prolétariat international. Si les impérialistes américains, les social-impérialistes soviétiques, les militaristes japonais ou tout autre puissance réactionnaire osaient s’en prendre à la Chine, non seulement. ils devraient affronter un peuple indomptable menant une guerre révolutionnaire longue et finalement victorieuse mais encore ils se heurteraient à la solidarité active pleine et entière de tous les peuples, de tous les travailleurs du monde.
Camarades,
Le Premier Congrès du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique proclame sa solidarité internationaliste avec la République Populaire de Chine, avec le Parti Communiste Chinois. Il dit sa volonté d’appliquer aux conditions concrètes de la Belgique les enseignements immortels du marxisme, du léninisme, de la pensée de Mao Tsé-toung.
Il vous remercie de la sollicitude et de la fraternité dont vous témoignez notre Parti.
Vive le grand, glorieux et juste Parti Communiste Chinois !
Vivent l’amitié et l’unité entre le Parti Communiste Chinois et le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique !
Longue vie au plus grand marxiste-léniniste de notre époque, notre grand camarade, le président Mao Tsé-toung !
Au Comité Central du Parti du Travail d’Albanie
Chers Camarades,
Réuni le 1er et le 2 juillet 1972, le Premier Congrès du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique adresse son plus cordial salut au Comité du Parti du Travail d’Albanie, phare du socialisme en Europe.
S’il est le Parti marxiste-léniniste d’un petit pays par la superficie et par le nombre d’habitants, le Parti du Travail d’Albanie est un grand Parti par l’enrichissement qu’il a apporté au marxisme-léninisme.
Par la juste ligne de son Parti marxiste-léniniste et sous la direction de celui-ci, le peuple albanais qui ne comptait à l’époque qu’un million d’habitants a pu, par ses propres forces, se libérer de l’occupation fasciste hitlérienne et libérer également une partie du territoire yougoslave.
Le Parti du Travail d’Albanie a joué un rôle immense dans la lutte contre le révisionnisme à l’intérieur de ses rangs et sur le plan international. Il d’emblée marqué au fer rouge de l’infamie les trahisons de Tito, de Khrouchtchev, de leurs émules et de leurs successeurs. Notre Parti attache une particulière importance dans la lutte contre le révisionnisme et pour la pureté du marxisme-léninisme, au capital discours prononcé par le camarade Enver Hodja à la réunion des 81 Partis communistes et ouvriers à Moscou, le 16 novembre 1960.
De même, notre Parti souligne la portée universelle du sixième chapitre du rapport du camarade Enver Hodja au Sixième Congrès du Parti du Travail d’Albanie, intitulé : « Le marxisme-léninisme, doctrine toujours jeune et scientifique ». C’est une analyse en profondeur de toutes les falsifications du marxisme, des déviations petites-bourgeoises qui entravent le développement du combat révolutionnaire.
Nous saluons le grand mouvement entrepris par le peuple albanais, sous la direction de son Parti marxiste-léniniste, pour la révolutionnarisation générale et pour la trempe de l’homme nouveau ; il se déroule sous le signe de la révolution ininterrompue dans un régime de dictature du prolétariat.
Nous saluons les grandes victoires remportées dans la construction socialiste, l’édification d’une industrie avancée, le développement d’une agriculture moderne − victoires dues à l’effort d’un peuple courageux qui compte avant tout sur ses propres forces, bénéficiant de l’aide internationaliste de la République Populaire de Chine.
La République Populaire d’Albanie, son Parti du Travail sont partout au premier rang de la lutte contre l’impérialisme, le social-impérialisme et toute la réaction. Ils sont indomptables. Nous sommes fiers d’être les frères de combat de nos camarades albanais dont nous sommes entièrement solidaires.
Nous vous remercions, chers camarades, de votre sollicitude fraternelle.
Vivent le Parti du Travail d’Albanie, son Comité Central, son premier secrétaire, notre cher camarade Enver Hodja.
Vivent l’amitié et l’unité entre le Parti du Travail d’Albanie et le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique !
Vive l’internationalisme prolétarien ! Gloire au marxisme-léninisme !
A tous les Partis et Organisations marxistes-léninistes du monde entier
Chers Camarades,
Le premier Congrès du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique, réuni le 1er et le 2 juillet, vous adresse ses salutations révolutionnaires.
C’est avec fierté que nous nous adressons à vous puisque presque partout vous êtes de nouveaux partis et que vous relevez le drapeau rouge que les révisionnistes ont piétiné et foulé aux pieds. Certes nos Partis et organisations sont encore souvent faibles et inexpérimentés ; l’ennemi de classe, y compris les formations social-démocrates et révisionnistes, peut paraître puissant. Pourtant il est ce qui dégénère et va à la mort ; nos jeunes Partis et organisations sont ce qui naît et se développe, qui vit et qui grandit. L’avenir nous appartient.
C’est pourquoi, malgré toutes sortes d’attaques ouvertes ou perfides, nous faisons front et nous nous développons. Nous surmontons les difficultés, nous bravons la haine et les coups des réactionnaires ouverts, des révisionnistes, des sociaux-démocrates et des trotskystes. Tout en critiquant les positions gauchistes, nous traitons en amis tous ceux qui veulent la révolution même s’ils se trompent, mais nous repoussons les attaques des aventuriers et éléments désagrégateurs qui se font donneurs de leçons et n’arrivent pas à cacher leur opportunisme foncier.
Nos Partis et organisations croissent et s’organisent ; dans de nombreux pays déjà, ils impulsent les luttes de masses et même, dans quelques pays, la lutte armée. Dans le feu des grandes batailles, nous dégageons une juste ligne, l’application aux conditions concrètes de nos pays respectifs des enseignements universels du marxisme, du léninisme, de la pensée de Mao Tsé-toung. Nous renforcerons nos liens d’amitié et de solidarité internationaliste, nous multiplierons nos contacts pour renforcer notre unité idéologique et notre unité d’action.
Vive l’unité toujours plus grande des Partis et organisations communistes du monde entier !
Vive l’internationalisme prolétarien !
Aux camarades d’Indochine
Au Parti des Travailleurs du Vietnam
Au Front National de Libération du Sud-Vietnam Au Front Patriotique Lao
Au Front Uni National du Kampuchéa
Chers Camarades,
Le premier Congrès du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique se proclame entièrement solidaire de votre héroïque combat. Il salue la résistance des trois peuples d’Indochine affrontant avec détermination, avec esprit de sacrifice, le pire ennemi des peuples, l’impérialisme américain et ses laquais.
En persévérant dans une guerre populaire de longue durée, les peuples d’Indochine vont à la victoire et déjà, ils infligent à l’ennemi des défaites cinglantes. Il en résulte pour ce dernier des difficultés inextricables sur le plan économique et politique, y compris des contradictions aiguës avec son propre peuple.
Jamais les révolutionnaires du monde entier ne diront assez ce qu’ils doivent aux combattants indochinois qui ont osé lutter contre l’impérialisme le plus puissant et qui le vainquent. Le camarade Mao Tsé-toung a raison de souligner :
« Un pays faible est à même de vaincre un pays fort, et un petit pays, de vaincre un grand pays. Le peuple d’un petit pays triomphera à coup sûr de l’agression d’un grand pays, s’il ose se dresser pour la lutte, recourir aux armes et prendre en main le destin de son pays. C’est là une loi de l’histoire ».
Nous sommes persuadés que les trois peuples d’Indochine persévèreront dans la lutte jusqu’au départ total des agresseurs impérialistes américains, jusqu’à ce que ceux-ci mettent fin à leur agression par fantoches interposés.
Nous nous engageons à accroitre notre action de solidarité avec les peuples en armes du Vietnam, du Laos, du Cambodge ; à faire connaître l’héroïsme des combattants, les crimes des envahisseurs ; à contribuer à démasquer les faux amis qui s’abritent derrière une aide totalement insuffisante, complotent pour freiner la lutte des peuples et essayer de sauver leurs complices de la déroute.
Solidarité totale avec les peuples du Vietnam, du Cambodge, du Laos ! Hors des territoires qu’ils occupent partout dans le monde, les impérialistes américains et leurs complices
Vive l’internationalisme prolétarien !
Chers Camarades,
Le Premier Congrès du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique s’achève.
Avons-nous bien travaillé ? Nous pouvons dire que oui.
Nous avons adopté le programme de notre Parti ; nous avons insisté sur l’importance du travail parmi les masses, du travail aux entreprises, de la construction des cellules d’entreprise, des organisations de masse.
Nous avons adopté les statuts du Parti.
Nous avons élu notre organe dirigeant, le Comité Central − ce Comité Central qui doit être une équipe unie de camarades dont le rôle est d’animer et de diriger la construction du Parti, une équipe dirigeante, solidement unie sur la ligne du Parti.
Nous avons pratiqué l’autocritique. Nous n’avons pas eu peur de dire quand, comment, pourquoi nous nous sommes trompés mais nous avons dit aussi ce que nous avons fait, ce que nous faisons pour corriger nos erreurs. Nous avons dit aussi ce que nous avons fait pour assurer la victoire de la ligne prolétarienne et ce qui a été positif dans notre action.
Il s’agit maintenant d’aller au travail, d’expliquer la ligne du Parti aux travailleurs et de l’appliquer. Et aussi, dans la pratique et par la pratique, de développer cette ligne, de la préciser, d’y faire de nouveaux apports.
Que chacun de nous ait bien à l’esprit que ce qu’il faut faire, c’est conduire les masses populaires sous la direction de la classe ouvrière, à la révolution. Ce n’est pas une petite affaire. Et la tâche peut paraître tellement énorme que certains laissent tomber les bras.
Pourtant, l’avenir appartient à la révolution. L’avenir est rouge.
Relisons souvent le texte admirable de Mao Tsé-toung : « Comment Yukong déplaça les montagnes ». Nous y trouvons le passage suivant :
« Dans la Chine antique, il y avait une fable intitulée : « Comment Yukong déplaça les montagnes». On y raconte qu’il était une fois, en Chine septentrioriale, un vieillard appelé Yukong des Montagnes du Nord. Sa maison donnait, au sud, sur deux grandes montagnes, le Taihang et le Wangwou, qui en barraient les abords. Yukong décida d’enlever, avec l’aide de ses fils, ces deux montagnes, à coups de pioche. Un autre vieillard, nommé Tcheseou, les voyant à l’œuvre, éclata de rire et leur dit : « Quelle sottise faites-vous là ! Vous n’arriverez jamais, à vous seuls, à enlever ces deux montagnes ! », Yukong lui répondit : « Quand je mourrai, il y aura mes fils ; quand ils mourront à leur tour, il y aura les petits-enfants, ainsi les générations se succéderont sans fin. Si hautes que soient ces montagnes, elles ne pourront plus grandir ; à chaque coup de pioche, elles diminueront d’autant; pourquoi donc ne parviendrions-nous pas à les aplanir ? ». Après avoir ainsi réfuté les vues erronées de Tcheseou, Yukong, inébranlable, continua de piocher jour après jour. Le ciel en fut ému et envoya sur terre deux génies célestes qui emportèrent ces montagnes sur leur dos. Aujourd’hui, il y a également deux grosses montagnes qui pèsent lourdement sur le peuple chinois : l’une est l’impérialisme, l’autre le féodalisme. Le Parti Communiste Chinois a décidé depuis longtemps et de les enlever. Nous devons persévérer dans notre tâche et y travailler sans relâche, nous aussi nous arriverons à émouvoir le ciel. Notre ciel à nous n’est autre que la masse du peuple chinois. Si elle se dresse tout entière pour enlever avec nous ces deux montagnes, comment ne pourrions-nous pas les aplanir ? ».
Camarades,
Nous aussi, nous devons déplacer des montagnes :
– abattre l’Etat de dictature des monopoles, le capitalisme, l’impérialisme ;
– abattre l’influence de la social-démocratie et du révisionnisme, de l’idéologie bourgeoise dans la classe ouvrière, pour mieux l’organiser, pour qu’elle joue effectivement son rôle de fossoyeur du vieux monde.
En nous liant aux masses, constamment, patiemment, avec ténacité, nous aussi, nous aurons notre ciel. Pour cela, construisons le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique.
Dans le local d’une de nos organisations régionales, les camarades ont placé une photo : la pièce où, en 1921, se tint le Premier Congrès du Parti Communiste Chinois − une pièce bien petite.
Je pense à cette simple maison d’un quartier populaire de Tirana où, en 1941, fut fondé le Parti du Travail d’Albanie.
Voyons ces débuts modestes. Et voyons l’exaltante réalité d’aujourd’hui : la Chine et l’Albanie rouges !
Avons-nous avancé ? Oui. Nous n’avons pas peur de dire que notre Parti est petit. Les droitiers qui nous ont fait tant de mal m’ont plusieurs fois fait le reproche de trop le répéter. Que voulaient-ils ? Les rodomontades sous Lalmand, sous Grippa qui en a été le champion, ont été suffisamment nuisibles que pour recommencer. Mais ce que nous disons, c’est que le Parti s’est renforcé idéologiquement et qu’il en est résulté un apport de sang nouveau. Voyez la proportion d’ouvriers et de jeunes qui sont parmi nous ! Il en est encore près de nous, prêts à entrer au Parti et qui travaillent déjà avec le Parti. Nous pouvons mieux déterminer notre chemin, avancer en évitant de suivre des chemins boueux ou des chemins qui s’effondrent sous les pieds. Nous pouvons avancer plus vite et mieux.
Camarades, le Premier Congrès du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique est terminé. Nous devons être confiants. Nous devons être satisfaits du travail accompli. Nous allons continuer à piocher pour abattre les montagnes. Nous en aurons raison.
L’Internationale sera le genre humain.
(Les délégués applaudissent longuement le bon travail qu’ils viennent d’accomplir puis ils chantent l’Internationale).