Dans la nuit du 16 au 17 mai 2018, Mawda Shwari, une fillette âgée 2 ans et demi, était victime d’un tir policier sur l’autoroute Liège-Mons.

Hier, vendredi 12 février, le Tribunal correctionnel de Mons prononçait son verdict dans ce dossier et condamnait le policier auteur du tir meurtrier à un an de prison avec sursis, alors que le conducteur de la camionnette à bord de laquelle circulaient les migrants était quant à lui condamné à 4 ans de prison ferme.

Mawda Shwari

Le petite Mawda Shwari

Cette affaire qui a connu nombre de versions officielles aussi contradictoires que mensongères et autant de zones d’ombre, à également suscité de multiples interventions venant de personnalités politiques.

On se souviendra notamment des déclarations de Bart De Wever qui avait dénoncé, au moment des faits, une forme d’irresponsabilité/culpabilité de la part des parents de Mawda qui « entrainent leurs enfants sur les routes de l’exil dans des camions frigos. ». Celui qui, à la suite de son passage dans un jeu télévisé fut appelé « De Slimste Mens ter Wereld » (L’homme le plus malin du monde) oubliant un peu vite que la minorité nationale kurde d’Irak à laquelle appartient la famille de Mawda, a été inlassablement réprimée militairement depuis des décennies.

Nous voulons ici souligner sans ambiguïté que l’on doit bien sûr exiger plus de dignité dans l’accueil des migrants. Cela est une nécessité, un devoir d’Humanité élémentaire qui ne se discute pas. Sauf si on est un réactionnaire ou un raciste.

Mais il y a aussi dans cette tragédie une question plus profonde que les communistes ont le devoir de politiser. Ils doivent dire que les migrations ne sont pas un phénomène positif. Elles relèvent de la pure logique d’exploitation capitaliste de notre planète et de ses peuples.

Poser le problème comme une question de morale abstraite voire comme une affirmation de la liberté individuelle comme le font les trotskystes, le PTB ainsi que les libéraux postmodernes, c’est admettre le capitalisme, c’est ne pas voir l’effroyable destruction des peuples et de la nature dans des pans entiers de notre planète dont le fonctionnement même du capitalisme de notre époque est responsable.

Les matières premières comme les peuples sont perçus comme de pures ressources, libres pour les personnes de pouvoir « décider » de l’endroit où vivre. Les migrants ne sont bien sûr que des ressources à exploiter dans cette logique, ou bien des Jesus à sauver pour mieux se racheter, mais cela va dans le même sens.

Considérer les migrants comme des réfugiés c’est encore même penser que nous sommes ici le refuge, alors que rien n’est moins simple, le cœur même du capitalisme mondial se situant dans des pays comme la Belgique, dans des métropoles comme Bruxelles, Anvers…

Centre 127Bis de Steenokkerzeel

Mawda était une petite fille d’origine kurde, sa mort est une tragédie criminelle qui malheureusement se répète partout en Europe et sur Terre à mesure que le capitalisme étend sa logique. Il n’y a pas de moralisation possible du capitalisme, car à la base même de la migration d’une personne comme Mawda il y a la destruction, il y a une injustice qu’aucun sens de l’accueil, qu’aucune intégration même, ne peut faire accepter sinon par la résignation individuelle.

Les migrations telles que nous les connaissons sont un phénomène historique produit par l’extension de l’exploitation capitaliste, comme exode rural massif, qui a pu prendre les traits d’une pure et simple traite commerciale, voire esclavagiste.

Nier cette dimension historique des migrations, c’est soit ne pas comprendre ce qu’est le capitalisme, soit penser que les migrations seraient un phénomène « naturel » qu’il faudrait gérer « humainement ». C’est à dire capituler.

La seule issue digne face à ces tragédies est la révolte.

Nombreux sont les habitants de Belgique à se rendre aux grilles des centres de détention pour migrants comme le 127Bis de Steenokkerzeel, ou celui de Vottem en région liégeoise. Parfois pour échanger un mot, écouter les terribles histoires des uns et des autres, la dignité dans les épreuves pour certains, la dépression pour d’autres, donner un objet, un conseil, tenter d’organiser quelque chose. Mais que dire à sa conscience ? Que dire à ses enfants qui ne peuvent que naturellement être heurtés par la mort brutale de la petite Mawda ? Pouvons-nous vraiment accepter cette situation, dans sa détresse formelle comme sur le fond même du problème ?

Nous devons dire que la vie de Mawda n’aurait jamais dû être brisée, un tel drame se déroulant dans notre pays doit nécessairement révolter toute personne communiste ou progressiste, Mawda et sa famille se sont heurtés à la brutalité du capitalisme qui produit la situation qui les a anéantis, et qui anéanti chaque jour des milliers de personnes, y compris malheureusement des enfants.

Cela ne peut être accepté !

Le capitalisme doit donc être brisé et il le sera avec l’esprit de l’internationalisme prolétarien et le socialisme répondant au chaos bourgeois par l’établissement d’un nouvel ordre, entièrement administré et planifié.

Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste de Belgique
13 février 2021


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