1er_mai.jpgTRAVAILLEURS DE TOUS LES PAYS !

Le 1er mai 1922, les exploités de toute la terre manifesteront leur volonté d’émancipation dans une phase particulièrement intense de te lutte des classes.

Le capital qui avait, au lendemain de la guerre impérialiste, accordé aux travailleurs la satisfaction de quelques-unes de leurs revendications les plus urgentes, a déjà entrepris de leur arracher ce qu’il avait concédé. Dans tous les pays où la peur de l’agitation populaire avait incité la bourgeoisie à consentir momentanément quelques concessions au prolétariat, celui-ci voit ses insuffisantes conquêtes menacées.

Le patronat veut faire abréger la journée de huit heures, dont il n’avait cessé de saboter la réalisation. Il veut prolonger la journée de travail alors que le chômage a pris en Angleterre et aux États-Unis d’immenses proportions et s’étend chaque jour en France, en Italie, en Suisse. En même temps, il réduit partout les salaires alors que l’élévation du coût de la vie et des charges fiscales se poursuit sans discontinuer.

Excès de travail, insuffisance de salaire, menace permanente de chômage, telles sont les conditions de la grande masse des travailleurs. Répression violente, telle est l’unique perspective qui s’offre à ceux qui réclament la possibilité de vivre.

Mais l’offensive du capital contre la classe ouvrière ne peut masquer le désarroi des gouvernements bourgeois, réunis à Gênes pour tenter de réparer les irréparables suites du grand massacre, cherchant une issue à la crise qui paralyse l’économie capitaliste et plonge dans la misère des masses de plus en plus nombreuses acculées à la révolte.

Tous les travailleurs comprennent que la Conférence de Gênes ne tire son importance que de la seule présence des délégués de la République Soviétiste de Russie. Pour la première fois, les gouvernants bourgeois sont contraints de traiter avec ceux qu’ils avaient juré de faire disparaître de la surface du monde.

Cependant, le prolétariat ne peut pas se faire d’illusions quant aux résultats de la Conférence. La faillite de celle-ci est certaine parce que les représentants du capitalisme n’admettent pas la condition primordiale de la reconstruction économique de l’Europe, c’est-à-dire la suppression du régime capitaliste. Ce n’est pas l’asservissement de l’immense majorité dès producteurs à une infime minorité d’exploitants, la concurrence, et les guerres qui en sont l’inévitable conséquence qui permettront de reconstruire le monde dévasté.

Le prolétariat, après les défaites qu’il a éprouvées depuis 1918, a pu ressentir quelque lassitude dans sa lutte contre les exploiteurs, mais il n’a pas renoncé à défendre ses intérêts vitaux et à faire triompher l’intégralité de ses droits. Si la bourgeoisie a pris l’initiative de l’offensive, prétendant trouver dans une oppression accentuée du prolétariat des compensations aux pertes qu’elle a subi du fait de la crise économique, le prolétariat ne peut pas et ne veut pas laisser faire.

La résistance prolétarienne s’est activement manifestée dans les pays les plus importants par des grèves d’une ampleur significative. En Angleterre, ce fut la grève sans précédent des mineurs, en France, la longue grève du textile, en Italie, les grèves générales dans plusieurs provinces, en Allemagne, la récente grève des cheminots. Partout, ces grands mouvements de masses, trahis par les chefs réformistes, ont échoué dans leur but immédiat.

Mais nulle part, la volonté révolutionnaire du prolétariat n’a été brisée. La recrudescence d’activité revendicatrice et combative des exploités est générale. Le prolétariat défend ses conquêtes et veut lutter pour les étendre davantage.

Ses tragiques expériences de chaque jour lui ont donné pleine conscience de la nécessité de former, contre la bourgeoisie implacable, le front unique des forces ouvrières. Sous la pression des exigences de la lutte, l’unité de classe des exploités se constitue, malgré les divisions politiques que de multiples trahisons des chefs ont engendrées.

La puissance bourgeoise décline irrésistiblement. De quelque côté que l’on se tourne, on n’aperçoit que crises politiques, instabilité générale des gouvernements, grèves et lock-out, révoltes des peuples coloniaux.

L’édifice de l’empire britannique craque de toutes parts. Après avoir subi les exigences essentielles de l’Irlande insurgée, Londres fait des concessions à l’Egypte insoumise, cependant que l’insurrection met en jeu le Transvaal et que de terribles menaces s’accumulent aux Indes. Le gouvernement britannique et la coalition conservatrice-libérale qui le soutient sont travaillés par les divisions intestines.

En France, tandis que la crise économique arrête le trafic des ports et provoque la faillite de grandes banques, la corruption gouvernementale et parlementaire s’étale au grand jour, les scandales se suivent, et la politique du Bloc National prépare la banqueroute de l’Etat.

L’Italie est en état de crise ministérielle quasi-permanente et subit les exploits sanglants des fascistes, prélude de guerre civile dont la classe ouvrière fait les frais en attendant l’inéluctable renversement des rôles. Le Japon lui-même, le grand profiteur de la guerre, n’est pas épargné par la crise qui agite les deux continents, et son gouvernement dirige des mitrailleuses sur les foules qui réclament modestement le suffrage universel.

Tel est l’aspect que présentent les pays vainqueurs. Quant aux pays vaincus, les souffrances des masses travailleuses y forment un saisissant contraste avec l’opulence de l’oligarchie régnante des potentats de la finance et de l’industrie.

Et la Russie, pratiquement isolée du reste du monde depuis sept années, ruinée par la guerre impérialiste et la guerre civile, affamée par un blocus inexorable et par une calamité naturelle, est obligée de vouer tous ses efforts à la sauvegarde d’une partie de ses millions d’affamés, auxquels la civilisation bourgeoise refuse le salut, représenté selon la parole du docteur Nansen par la moitié du prix d’un cuirassé.

Parmi tant de ruines, de misères et de douleurs, un seul espoir reste à l’humanité martyrisée : c’est la force libératrice du prolétariat. Seule, la dictature prolétarienne aura raison de la dictature capitaliste.

TRAVAILLEURS DE TOUS LES PAYS !

Vous ne resterez pas inactifs, tandis que vos maîtres vous imposent de nouvelles charges, exigent de vous de nouveaux sacrifices, alourdissent votre asservissement.

Le 1er mai prochain vous manifesterez, dans une grandiose démonstration de votre conscience de classe, votre volonté de combat.

Dressez bien haut le programme de vos revendications pressantes, entrez en lutte pour les faire triompher. Unissez-vous, formez le front unique des exploités opposé au front unique des exploiteurs. Quelles que soient vos divergences politiques, vous n’avez tous que des intérêts communs, vous ne formez qu’une seule classe, et si vous en constituez le bloc, aucune force ne pourra y résister.

Pour le maintien de la journée de huit heures, pour l’amélioration des conditions d’existence des salariés, pour la suppression des impôts qui pèsent sur les non-possédants et des charges militaires, pour l’annulation des dettes capitalistes, pour la libération des peuples opprimés par l’impérialisme, pour l’établissement d’une véritable paix dans le monde, pour la reconnaissance de la République des Soviets, manifestez le 1er mai par une grève générale de vingt-quatre heures dans tous les pays.

Entendez les mots d’ordre de l’Internationale Communiste ! Soutenez dans leur lutte intrépide les Partis Communistes, qui vous tracent la voie de l’émancipation et vous y précèdent en s’exposant les premiers aux fureurs, aux représailles de la bourgeoisie ! Rappelez-vous l’exemple de sacrifice et de dévouement à la cause du prolétariat donné par les communistes de Russie, de Finlande, d’Ukraine, de Sibérie, du Caucase, par les communistes d’Allemagne et de Hongrie, par les communistes de Pologne et des Balkans, par les communistes d’Italie et d’Espagne, dont le sang a coulé pour votre cause ! Proclamez les fiers mot d’ordre :

GRÉVE GÉNÉRALE LE 1er MAI !

PAIX ET LIBERTÉ A TOUS LES PEUPLES !

TOUT LE POUVOIR AU PROLÉTARIAT !

VIVE LA RÉPUBLIQUE DES SOVIETS DE RUSSIE !

VIVE LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE UNIVERSELLE !


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