[Cet éditorial du Hongqi (organe théorique du Comité central du Parti communiste de Chine) n°11, de 1967, est un large commentaire de deux documents du Bureau Politique du Comité Central du Parti Communiste d’Indonésie : la déclaration du 17 août 1966 et l’Autocritique adoptée en septembre 1966, documents publiés respectivement dans la Tribune de l’Indonésie n°1 et 3.]

Dipa Nusantara Aidit principal dirigeant du parti Communiste d’Indonésie-1955

Dipa Nusantara Aidit principal dirigeant du parti Communiste d’Indonésie-1955

Après son coup d’Etat contre-révolutionnaire déclenché en 1965, la clique militaire de droite Suharto-Nasution, laquais fidèle de l’impérialisme américain et alliée anticommuniste des révisionnistes soviétiques, a instauré en Indonésie une dictature fasciste d’une atrocité sans précédent.

Depuis plus d’un an, cette clique a pratiqué une politique totalement contre-révolutionnaire, traître à la patrie, dictatoriale, anticommuniste, antichinoise et antipopulaire.

Elle a semé partout en Indonésie une terreur blanche qui n’a pas d’analogue dans l’Histoire, massacré des centaines de milliers de communistes et de révolutionnaires et jeté en prison autant de fils et de filles éminents du peuple indonésien. L’Indonésie n’est plus qu’un vaste enfer. Cette clique a tenté, vainement, d’éliminer par une répression sanglante le Parti communiste d’Indonésie et de juguler la révolution indonésienne.

Elle voue une haine mortelle à la Chine socialiste qui soutient fermement la lutte révolutionnaire du peuple indonésien. Elle a lancé à maintes et maintes reprises des provocations graves contre le peuple chinois, déclenché une campagne contre la Chine et les ressortissants chinois et soumis ces derniers à des persécutions racistes inhumaines en vue de saboter l’amitié traditionnelle existant entre le peuple chinois, les ressortissants chinois en Indonésie, d’une part, et le peuple indonésien de l’autre, et de contrecarrer le soutien du peuple chinois à la révolution du peuple indonésien.

Les persécutions de toutes sortes que la clique militaire de droite Suharto-Nasution exerce contre le Parti communiste et le peuple indonésiens ne peuvent, en fin de compte, que hâter le plein essor de la révolution indonésienne et la ruine de cette clique. Les héroïques communistes et peuple indonésiens ne se laisseront nullement intimider, soumettre, ni exterminer. Le peuple indonésien veut la révolution, et sa détermination est inébranlable. Le peuple chinois tient à le soutenir dans sa révolution et sa détermination est également inébranlable. Aucune force réactionnaire ne parviendra jamais à les empêcher d’agir de la sorte.

A présent, les communistes et les autres révolutionnaires indonésiens regroupent leurs forces en vue de livrer un nouveau combat. Il n’y a pas longtemps, la Tribune de l’Indonésie a publié successivement une déclaration du Bureau politique du Comité central du Parti communiste d’Indonésie, en date du 17 août 1966, et une autocritique qu’il fit en septembre de la même année ; ces deux documents constituent une proclamation appelant les communistes, la classe ouvrière, la paysannerie, les intellectuels révolutionnaires et toutes les autres forces révolutionnaires anti-impérialistes et antiféodales en Indonésie à s’unir en vue de livrer un nouveau combat.

Ces deux documents portent de rudes coups à l’impérialisme américain, à son valet, la dictature fasciste militaire Suharto-Nasution, et à la clique dirigeante révisionniste du Parti communiste de l’Union soviétique. Ils encouragent puissamment le peuple révolutionnaire indonésien.

Dans ces deux documents, le Bureau politique du Parti communiste d’Indonésie a fait le bilan des expériences et des leçons à tirer de la lutte révolutionnaire menée par le peuple indonésien sous la direction de ce Parti, stigmatisé les erreurs d’opportunisme de droite commises dans le passé par la direction du Parti, indiqué la voie que doit emprunter la révolution indonésienne et fixé les principes de la lutte ultérieure.

Le Bureau politique du Comité central du Parti communiste d’Indonésie estime dans ces documents que l’Indonésie est un pays semi-colonial et semi-féodal. La dictature fasciste militaire Suharto-Nasution est le régime des classes les plus réactionnaires d’Indonésie − la bourgeoisie compradore, les capitalistes bureaucratiques et les propriétaires fonciers. A l’étape actuelle, la tâche primordiale de la révolution est de renverser ce régime contre-révolutionnaire, de mettre fin à la domination réactionnaire de l’impérialisme et du féodalisme en Indonésie, de réaliser la dictature démocratique populaire et de fonder une Indonésie nouvelle, démocratique et entièrement indépendante.

Ces documents soulignent :

« Pour remporter la victoire totale, la révolution indonésienne doit suivre la voie de la révolution chinoise. Cela revient à dire qu’elle doit nécessairement adopter comme principale forme de lutte, la lutte populaire armée opposée à la contre-révolution armée, qui est, en essence, la révolution agraire armée des paysans sous la direction du prolétariat. »

Le Bureau politique du Parti communiste, d’Indonésie stigmatise la ligne révisionniste du XXe, congrès du P.C.U.S. Il indique que cette ligne contre-révolutionnaire a causé au Parti communiste d’Indonésie de graves préjudices et au mouvement révolutionnaire du peuple indonésien d’immenses pertes. Le révisionnisme moderne, ayant pour centre la direction du P.C.U.S., constitue le plus grand danger aussi bien pour le mouvement communiste international que pour le Parti communiste d’Indonésie. La leçon sanglante qu’est le massacre de milliers et de milliers d’Indonésiens a prouvé, une fois de plus, que la voie révisionniste du « passage pacifique », prônée par la direction du P.C.U.S., est la voie conduisant à enterrer la révolution, la voie gui signifie la mort pour le Parti et ses militants.

Les documents considèrent que dans le passé, la direction du Parti est allée à l’encontre de la théorie marxiste-léniniste sur l’Etat, en soulignant unilatéralement la possibilité de la prétendue voie pacifique et parlementaire. Elle prétendait que le pouvoir d’Etat bourgeois de l’Indonésie avait un double aspect, « pro-populaire » et « anti-populaire ». Elle espérait réaliser pacifiquement la transformation fondamentale du pouvoir en développant l’aspect « pro-populaire ». C’était là une pure illusion du « passage pacifique ».

Les documents critiquent la théorie de la « combinaison de trois formes de lutte », à savoir la combinaison de la guerre de partisans à la campagne, du mouvement ouvrier dans les villes et du travail d’agitation dans l’armée ennemie. Ils indiquent que dans le passé, la direction du Parti « a conduit chacune des ‘trois formes de lutte’ en suivant la ‘voie pacifique’ et non la voie révolutionnaire ». En réalité, elle a abandonné la lutte armée. Les documents soulignent que les marxistes-léninistes indonésiens doivent rejeter résolument cette théorie erronée, porter haut levé l’étendard de la révolution populaire armée, et installer des bases d’appui révolutionnaires, selon l’expérience de la révolution, chinoise, pour transformer la campagne arriérée en un puissant et solide bastion révolutionnaire sur les plans militaire, politique et culturel.

Le Bureau politique du Parti communiste d’Indonésie estime qu’une tâche importante du Parti est l’établissement d’un large front uni anti-impérialiste et antiféodal dirigé par la classe ouvrière et basé sur l’alliance des ouvriers et des paysans. Pour établir un tel front uni, le Parti doit avoir un programme, des principes et des tactiques corrects et, notamment, il doit acquérir la maîtrise à la lutte armée où les combattants font corps avec les paysans et jouissent de leur soutien.

Les documents critiquent le mot d’ordre de « coopération et assistance mutuelle de la nation ayant le ‘Nasakom’ pour noyau », estimant que cette formule a estompé le contenu de classe du front uni. Dans le passé, la direction du Parti a supprimé l’indépendance du prolétariat et a fait de ce dernier un prolongement de la bourgeoisie nationale dans le front uni qu’elle a établi avec celle-ci.

Auparavant, la direction du Parti a placé trois composantes du marxisme et « trois composantes de la doctrine du frère Sukarno » sur le même plan, reconnaissant, sans principe que Sukarno était un grand dirigeant révolutionnaire. L’attitude erronée du Parti à l’égard de Sukarno est une expression importante du fait que le Parti a perdu son indépendance dans le front uni.

Ces documents soulignent que le Parti communiste d’Indonésie, dans son édification, est confronté à une tâche ardue. Du Parti il faut faire un parti marxiste-léniniste qui rejette l’opportunisme de tout acabit et s’oppose résolument au légalisme, au subjectivisme et au révisionnisme moderne.

Les documents indiquent que les principales erreurs que le Parti a commises dans son édification sont « le libéralisme et le légalisme ». Ils critiquent la tendance à rechercher, de manière aveugle la quantité dans le recrutement des membres du Parti, et soulignent que le caractère de masse du Parti ne se manifeste pas en premier lieu dans la quantité de ses membres, mais s’exprime dans sa liaison étroite avec les masses, dans la ligne politique qui sauvegarde les intérêts de ces dernières et dans l’application conséquente et intégral de la ligne de masse.

Pour édifier un parti révolutionnaire marxiste-léniniste, le Bureau politique du Parti communiste d’Indonésie appelle le Parti tout entier à renforcer l’éducation dans l’esprit du marxisme-léninisme, de la pensée de Mao Tsé-toung, à faire le bilan des expériences historiques du Parti et à déclencher un mouvement de rectification.

Les documents font ressortir ceci :

« Les expériences de lutte acquises par le Parti aux différentes étapes du passé montrent combien il est important pour les marxistes-léninistes indonésiens déterminés à défendre le marxisme-léninisme et à combattre le révisionnisme moderne, d’étudier les enseignements de Marx, Engels, Lénine et Staline et tout particulièrement la pensée du camarade Mao Tsé-toung qui a continué, sauvegardé et développé brillamment le marxisme-léninisme et l’a fait accéder au plus haut sommet de l’époque actuelle. »

Après avoir dressé le bilan de l’expérience historique de la révolution indonésienne, la déclaration et l’autocritique du Bureau politique du Comité central du Parti communiste d’Indonésie aboutissent à une conclusion aussi importante que celle-ci :

« Pour remporter la victoire dans la révolution démocratique populaire, les marxistes-léninistes indonésiens doivent porter haut levés les trois drapeaux du Parti à savoir :

– Le premier drapeau, l’édification d’un parti marxiste-léniniste débarrassé du subjectivisme, de l’opportunisme et du révisionnisme moderne.

– Le deuxième drapeau, la lutte armée populaire qui est dans son essence une lutte armée des paysans dans une révolution agraire antiféodale sous la direction de la classe ouvrière.

– Le troisième drapeau, l’établissement d’un front uni révolutionnaire dirigé par la classe ouvrière et basé sur l’alliance des ouvriers et des paysans. »

Cette conclusion est conforme au marxisme-léninisme, à la pensée de Mao Tsé-toung, et jouera un rôle directeur important dans la révolution indonésienne.

La voie frayée par le camarade Mao Tsé-toung à la révolution chinoise se résume en ces termes : « le pouvoir est au bout du fusil » ; c’est celle de l’appui sur les paysans, de l’établissement de bases révolutionnaires rurales pour encercler les villes à partir des campagnes et conquérir finalement les villes.

Faisant le bilan des expériences de la révolution chinoise, le camarade Mao Tsé-toung a dit :

« Nous avons acquis beaucoup d’expériences précieuses. Un parti discipliné, armé de la théorie marxiste-léniniste, pratiquant l’autocritique et lié aux masses populaires ; une armée dirigée par un tel parti ; un front uni de toutes les classes révolutionnaires et de tous les groupements révolutionnaires placés sous la direction d’un tel parti ; voilà les trois armes principales avec lesquelles nous avons vaincu l’ennemi. Et c’est ce qui nous distingue de nos prédécesseurs. Nous avons remporté la victoire fondamentale en comptant sur ces trois armes. »

Alors qu’il dirigeait le peuple chinois dans sa lutte pour la prise du pouvoir, le Parti communiste chinois a connu, au cours de la révolution, aussi bien de grandes victoires que de sérieux revers. La défaite ou la victoire du Parti, son recul ou son progrès, le rétrécissement ou le grossissement de ses rangs, son développement et sa consolidation sont étroitement liés au fait que sa ligne politique permet de résoudre correctement ou non le problème de la lutte armée et celui du front uni. La lutte armée et le front uni sont les deux armes fondamentales pour vaincre l’ennemi. Le front uni doit être celui qui mène une lutte armée. Les organisations du Parti sont de vaillants combattants qui tiennent en main ces deux armes. Voilà les relations entre lutte armée, front uni et organisation du Parti.

Le camarade Mao Tsé-toung a dit :

« Avoir une juste compréhension de ces trois questions et de leurs relations réciproques, c’est donner une direction juste à toute la révolution chinoise. »

A présent, une grave terreur blanche continue à régner en Indonésie. Au Parti communiste d’Indonésie incombent des tâches extrêmement difficiles et complexes. Sa lutte se trouve à un tournant critique : de la ville à la campagne, de la lutte pacifique à la lutte armée, de la lutte légale à la lutte illégale, de la lutte ouverte à la lutte clandestine. Opérer un tel changement n’est pas une tâche aisée pour un parti qui s’est livré pendant une longue période principalement à des activités ouvertes et légales dans les villes. Il est possible qu’il rencontre de nombreuses difficultés. On est forcé par la réalité de la lutte révolutionnaire d’opérer ce changement, d’apprendre la lutte armée et de la maîtriser à tout prix. En réalité, si on prend sa résolution, surmonte toutes les difficultés, on y parviendra.

Le camarade Mao Tsé-toung a indiqué :

« La guerre révolutionnaire est l’affaire du peuple ; dans cette guerre, le plus souvent, on ne se bat pas seulement après avoir appris à combattre, on commence par combattre et ensuite on apprend ; car combattre, c’est apprendre. Entre, le civil et le militaire, il existe une certaine distance, mais il n’y a pas entre eux de Grande Muraille, et cette distance peut être rapidement franchie. Faire la révolution, faire la guerre, voilà le moyen qui permet de la franchir. »

Nous sommes convaincus que les marxistes-léninistes indonésiens, guidés par le marxisme-léninisme, la pensée de Mao Tsé-toung, toujours victorieux, surmonteront d’innombrables obstacles pour réaliser ce changement historique et conduire le peuple indonésien dans la voie qui mènera la révolution à la victoire.

Le Parti communiste et le peuple chinois suivent avec une attention soutenue la lutte menée par le Parti communiste et le peuple indonésiens. Nos cœurs sont avec nos frères de classe d’Indonésie. Nous nous tenons fermement du côté du Parti communiste· d’Indonésie, du peuple révolutionnaire indonésien et soutenons, sans défaillance la lutte que celui-ci mène sous la direction du Parti communiste pour renverser le pouvoir fasciste de Suharto-Nasution et établir une· Indonésie nouvelle, démocratique et complètement indépendante.

Le camarade Mao Tsé-toung disait :

« Le déchaînement furieux des forces ténébreuses de l’intérieur et de l’extérieur a certes plongé la nation dans le malheur, mais ce déchaînement, s’il montre la puissance qui reste encore aux forces ténébreuses, indique aussi que ce sont leurs dernières convulsions et que les masses populaires approchent peu à peu de la victoire. »

Les documents du Bureau politique du Parti communiste d’Indonésie indiquent à juste titre que l’actuelle dictature militaire des généraux de droite de l’armée de terre et l’impérialisme américain qui la soutient sont tous des tigres en papier. En apparence, ils sont terribles, mais en réalité ils sont faibles.

Les nuages ne sauraient cacher le soleil dont les rayons lumineux éclaireront toute l’Indonésie. La victoire finale appartiendra au Parti communiste d’Indonésie et au peuple indonésien.


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