PARTI COMMUNISTE MARXISTE-LÉNINISTE DE BELGIQUE
VIVE LA DICTATURE DU PROLÉTARIAT

CAHIER ROUGE N° 2
« CLARTÉ-L’EXPLOITÉ »
SUPPLÉMENT

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La présente brochure : « Vive la dictature du prolétariat » est réalisée d’après l’enregistrement d’une conférence-débat qui a été organisée à l’Université Libre de Bruxelles, le 15 mars 1976, par la cellule U.L.B. du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique. Les sous-titres ont été ajoutés par les camarades responsables de l’édition.

Cette brochure n’est évidemment qu’un élément partiel dans une étude d’un concept fondamental du marxisme-léninisme. Pour une étude plus approfondie et plus systématique, nous proposons de recourir à la bibliographie que nous publions en fin de brochure.

PRÉSENTATION

Ce soir, camarades, la cellule de l’U.L.B. du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique organise une conférence-débat sur la dictature du prolétariat. Nous souhaitons que le débat donne lieu à de nombreuses interventions.

Pourquoi avons-nous choisi ce sujet ? Nous voulons contribuer à faire connaître la position de notre Parti sur le concept essentiel du marxisme-léninisme. Il se fait que l’on a beaucoup parlé de la dictature du prolétariat à la suite du reniement officiel de ce concept par le parti communiste français (parti révisionniste). En pratique, le P.C.F. avait fait ce reniement depuis longtemps comme tous les partis révisionnistes en Europe et dans le monde.

Aussi, nous présentons cette conférence parce que lors de notre précédente séance, au mois de février, sur la rivalité entre les deux superpuissances, leur marche à une troisième guerre mondiale devenue inévitable et la politique d’indépendance nationale, plusieurs auditeurs avaient demandé qu’on aborde ce sujet qui est d’ailleurs un vieux débat dans le mouvement ouvrier.

Le camarade qui va intervenir au nom de notre Parti va aborder l’analyse marxiste de l’Etat, ce qu’est la dictature du prolétariat, la différence de ligne politique à ce sujet entre les partis révisionnistes et les partis véritablement marxistes-léninistes ; cela permettra d’aborder certaines des raisons pour lesquelles l’U.R.S.S. est devenu un Etat de dictature social-fasciste et aussi pourquoi actuellement, en République Populaire de Chine, le Parti Communiste Chinois lutte à la tête des masses populaires pour restreindre le droit bourgeois et renforcer la dictature du prolétariat.

Je ne vais pas entamer moi-même ce débat, je laisse ce soin à notre camarade à qui je passe immédiatement la parole.

LA CAUSERIE

Camarades,

Déjà quand j’avais fait l’exposé, on l’a rappelé tout à l’heure, sur les deux superpuissances et leur course à la guerre, un auditeur avait posé des problèmes sur la dictature du prolétariat et d’ailleurs dans l’échange de vues que j’avais eu avec un militant d’Amada qui était dans la salle, nous avions été amenés à y toucher à propos de la question de l’armée, de l’armement du prolétariat.

La question de la dictature du prolétariat est d’actualité à plusieurs titres, et je crois qu’il est intéressant que nous y venions ; d’ailleurs, d’autres régionales de notre Parti, au cours des semaines et des mois prochains, vont organiser des réunions et des débats sur ce thème qui est quelque chose d’essentiel.

L’IGNORANCE DU PRÉSIDENT DU P.C.B.

Ce qui a frappé, ce qui a fait que la presse en a beaucoup parlé, la presse et la R.T.B. (qui est aussi un organe de la dictature de la bourgeoisie, soit dit en passant), c’est qu’une série de dirigeants de partis « communistes » révisionnistes ont tour à tour liquidé, abandonné la notion de dictature du prolétariat. En l’année 1975 et au début de 1976, on a vu tour à tour Cunhal, puis Berlinguer, puis Marchais, puis Carillo liquider le concept de dictature du prolétariat. Ensuite, évidemment, Van Geyt est entré en scène. Et lui, il ne lui a fallu que vingt lignes du « Drapeau Rouge » pour bazarder cette théorie.

Vingt lignes en tout. Il n’y a pas eu d’exposé théorique ; il n’y a rien eu : en vingt lignes, le Président du Parti « communiste » révisionniste de Belgique, Van Geyt a liquidé la dictature du prolétariat. Et ces vingt lignes, les voici :

« En 1954, déjà, nous avions compris, nous communistes belges, que cette terminologie était une autre façon d’exprimer, dans la langue de Marx et de son temps, le concept de « l’exercice du pouvoir politique par la classe ouvrière ». Du fait que cette expression est prise trop au pied de la lettre, elle donne lieu aujourd’hui à des malentendus.

Depuis le temps de Marx, les choses ont changé et la classe ouvrière et ses alliés sont la majorité dans cette région d’Europe ? Nous sommes dès lors en mesure d’assurer le pouvoir politique par les moyens démocratiques, dans le respect et même dans l’extension des droits existants et des droits acquis, y compris le système électoral et le respect de la majorité.

Nous pensons qu’à notre époque et dans notre pays il est plus équitable et plus raisonnable que la classe ouvrière et ses alliés accèdent au pouvoir politique et l’exercent par la voie démocratique ».

Voilà, en vingt lignes qu’un quotidien, on a liquidé un concept essentiel du marxisme-léninisme et au bout du compte, c’est fait d’une façon assez peu élégante. Pourquoi ? Parce qu’il n’est pas vrai que c’est Marx seulement qui a parlé de dictature du prolétariat. En parlant uniquement de Marx, qui a écrit dans les années 1848-1880, Van Geyt pense que cela fait vraiment vieillot. Mais au bout du compte, qu’est-ce qui est vieillot ?

Au cours des années, au cours de décennies, pas mal de gens ont essayé de liquider le concept de la dictature du prolétariat. Cela a commencé par Bernstein pour qui le terme révisionnisme a été inventé ; cela a été Kautsky, cela a été De Man qui a tellement dépassé le marxisme qu’il a fini dans la collaboration avec l’hitlérisme. Mais aujourd’hui, Bernstein, Kautsky, De Man, on en parle à titre de leçons par la négative et Marx est toujours jeune et plus jeune que jamais.

Ce qui frappe, c’est que Van Geyt ne rien là-dedans de Lénine. Or, les paroles de Van Geyt, je les ai reprises du « Drapeau Rouge » ; c’est dans l’organe officiel du parti de Van Geyt qu’on liquide la dictature du prolétariat en ignorant Lénine ! Van Geyt ignore-t-il que Lénine a beaucoup écrit, qu’il a écrit de nombreux volumes sur la dictature du prolétariat ; ignore-t-il que le concept de dictature du prolétariat a précisément été une ligne e démarcation dans le mouvement révolutionnaire, dans le mouvement socialiste ?

C’est en fonction du concept de la dictature du prolétariat que la séparation s’est faite entre ceux qui ont pris le nom de communistes et ceux qui ont gardé le nom de social-démocrates ou de socialistes. Est-ce que Van Geyt est vraiment ignorant ? Il faut s’attendre à tout maintenant, puisqu’on a vu à la tribune du pseudo XXVème Congrès du Parti social-fasciste soviétique, Fidel Castro appeler à l’orthodoxie marxiste alors qu’il y a encore quelques mois, il se vantait de ne jamais avoir lu un livre de Marx !

Ces Messieurs ont beau dire et beau faire, il est difficilement contestable que la théorie de la dictature du prolétariat a été une préoccupation majeure de Lénine. Lénine a écrit « L’Etat et la Révolution », « La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky » ; il a rédigé les thèses de l’historique deuxième Congrès de l’Internationale Communiste et les conditions d’adhésion à cette Internationale, d’innombrables autres articles et livres à ce sujet et le Président du parti « communiste » de Belgique, quand il vient liquider ce concept, fait comme si Lénine n’avait jamais existé. C’est déjà assez extraordinaire !

LES ARGUMENTS D’UN VIEUX MANDARIN

Bien entendu, il y a tout de même dans le P.C.B. des gens qui ont un plus grand bagage idéologique et qui peuvent, qui ont essayé, d’aller un peu plus loin que Van Geyt. Et c’est ainsi que j’ai sous les yeux un article de Pierre Joye qui est membre du Comité Central du parti révisionniste, c’est un petit tiers de page du « Drapeau Rouge » pour liquider la dictature du prolétariat. Voici encore un autre article du même Pierre Joye dans « Les Cahiers marxistes » où il bazarde la dictature du prolétariat en une page et demi. Et tout cela ne fait pas grand chose ! Et quels sont ses arguments ? Et bien le P.C.B. veut arriver au socialisme « en développant la démocratie jusqu’au bout ». Evidemment Joye a des références, il connaît bien Lénine, il l’a lu et il dit :

« Certains textes de Lénine – et a fortiori de Marx et d’Engels – écrits en d’autres circonstances, envisagent par contre la possibilité d’un passage pacifique au socialisme et l’utilisation des institutions de l’Etat bourgeois là où celles-ci ont un caractère démocratique ». Les socialistes veulent utiliser l’Etat moderne et ses institutions dans la lutte pour la libération de la classe ouvrière », écrit-il en 1916 ».

Joye donne la référence. Cela est extrait d’un article intitulé : « L’Internationale de la Jeunesse ».

Il est vrai que les communistes ne disent pas qu’il ne faut pas utiliser les organes de la dictature bourgeoise, particulièrement de la démocratie bourgeoise, pour la lutte ouvrière. Si on peut le faire, on doit le faire et ce serait stupide, ce serait du gauchisme de ne pas le faire. Mais Joye veut montrer par là que Lénine concevait d’aller pacifiquement au socialisme en utilisant l’Etat bourgeois et qu’ainsi on pouvait se passer de la dictature du prolétariat.

Et bien, camarades, allons voir le texte exact. On s’aperçoit que Joye a purement et simplement tronqué Lénine. Voici la citation compète :

« Les socialistes veulent utiliser l’Etat moderne et ses institutions dans la lutte pour la libération de la classe ouvrière ; ils affirment également la nécessité d’utiliser l’Etat sous une forme de transition particulière correspondant au passage du capitalisme au socialisme. Cette forme de transition qui est aussi un Etat, c’est la dictature du prolétariat ».

On pourrait trouver difficilement exemple plus remarquable de caviardise et d’escroquerie.

En citant une phrase hors de son contexte, Joye veut faire de Lénine un anti-léniniste ! Beau procédé ! Procédé révisionniste !

Deuxième argument de Pierre Joye, de Van Geyt aussi, d’ailleurs : la signification du mot dictature. Le mot dictature a mauvaise presse parce que depuis qu’il y a eu Lénine, dit Pierre Joye, Marx dit Van Geyt (qui n’a pas lu Lénine, ou qui paraît ne l’avoir pas lu), on s’est trouvé devant des dictatures en Allemagne hitlérienne, en Italie fasciste, en Espagne, au Portugal, en Grèce, au Chili : le mot est impopulaire, on risque d’être mal compris et il vaut mieux le liquider.

Or, ce mot « dictature » qui gêne ceux qui revisitent la doctrine marxiste, il a toujours gêné. C’était déjà un reproche que Bernstein et Kautsky lui faisaient. C’est un reproche que Vandervelde, le leader de la deuxième Internationale socialiste qui était le leader du Parti Ouvrier Belge (parti socialiste belge) lui faisait aussi. Il est vrai que le mot dictature a mauvaise presse à cause des dictatures fascistes, à cause de tout ce que nous connaissons de ces dictatures terroristes. Mais si nous devons abandonner un concept scientifique parce que les fascistes l’ont employé, nous risquons d’aller loin ! Hitler s’est dit socialiste ; il s’est dit national-socialiste.

Aujourd’hui nous disons que nous sommes pour le socialisme et que nous sommes pour l’indépendance nationale. Est-ce que, parce qu’Hitler s’est dit national-socialiste, nous allons abandonner ces concepts scientifiques ? Non, l’argument est mauvais. En réalité, les révisionnistes bazardent la dictature du prolétariat non parce que le mot « dictature » est gênant, parce qu’il peut prêter à confusion, mais parce que la chose est gênante pour eux.

Troisième argument de Pierre Joye, c’est la signification du mot prolétariat. Il dit :

« Les ouvriers ne sont plus comme au temps de Marx des prolétaires qui n’ont rien à sauvegarder qui leur appartienne, rien à perdre que leurs chaînes ».

Il le répète dans l’article du « Drapeau Rouge » où il insiste assez longuement d’ailleurs sur le fait qu’au stade actuel de l’évolution du capitalisme, la quantité d’ouvriers tend à diminuer cependant que les services ne cessent d’augmenter.

Je voudrais rencontrer ces deux arguments. D’abord, je voudrais, et peut-être un jour serons-nous à même de le faire, qu’on examine un peu sérieusement cette affirmation de la bourgeoisie disant que dans nos pays industriels avancés, le nombre d’ouvriers tend à diminuer et aussi qu’on analyse cette notion de « service » qui en serait l’origine.

D’abord, il faut s’entendre sur les mots. A l’heure actuelle, par exemple, il est bien connu que dans l’industrie belge, on tend à faire d’un certain nombre d’ouvriers ce qu’on appelle des appointés. Quel est l’avantage que les ouvriers deviennent des appointés ? C’est évidemment que les préavis de licenciements quand ils surviennent sont plus longs, que le régime des pensions est meilleur …

L’ouvrier a un statut juridique d’employé. Mais s’il ne change pas de fonction dans l’entreprise, il est évident qu’il reste un ouvrier même si on lui donne le statut d’appointé, parce qu’il produit de la plus-value et c’est cela, c’est la production de plus-value qui distingue l’ouvrier.

Deuxième notion qui mériterait d’être analysée, c’est cette question d’augmentation des services. Or qu’est-ce qu’on met dans les services ? Eh bien, on va mettre par exemple tout le transport. Mais lisez Marx, camarades ! Pour Marx, le transport fait partie de la production de plus-value.

Si la marchandise est ici, dans un atelier, sur un établi et qu’on ne la déplace pas pour aller la porter là où le consommateur va l’acheter, cette marchandise n’est pas une marchandise complète. Le phénomène de transport est aussi un phénomène producteur de plus-value. Donc les ouvriers du transport, on ne doit pas le sortir de leur condition ouvrière par un jeu de la statistique bourgeoise. Les ouvriers du transport restent des ouvriers, restent des prolétaires, ce ne sont pas des fonctionnaires comme certains le disent, même si leur patron est l’Etat.

Cela ne change rien à leur état de prolétaires. Qu’on se serve de tels arguments qui sont puisés dans les statistiques et dans la sociologie bourgeoise pour proclamer la disparition de la classe ouvrière, c’est déjà faux.

Alors, abordons la question de la condition de la classe ouvrière. Je crois qu’il est vrai et c’est une chose que Lénine a d’ailleurs analysée, que dans les pays impérialistes, dans les pays capitalistes avancés, il y a un niveau de vie plus élevé des travailleurs. Lénine a consacré des pages là-dessus, à ce phénomène. Dans « L’impérialisme stade suprême du capitalisme », il montre comment dans les pays industriels avancés, la classe ouvrière bénéficie des miettes de l’impérialisme et ainsi, à des conditions de vie meilleure ; il montre que c’est même utilisé par les chefs sociaux-démocrates pour corrompre la classe ouvrière. Donc se servir de cela pour renier l’enseignement de Lénine, c’est une malhonnêteté.

Mais cet argument de Pierre Joye a déjà été employé par des révisionnistes. Au Deuxième Congrès de l’Internationale, Lénine polémique avec un certain Crispien. Il dit :

« Crispien a parlé des hauts salaires. En Allemagne, voyez-vous, les circonstances sont telles que comparativement aux ouvriers russes et en général aux ouvriers d’Europe orientale, les ouvriers vivent assez bien. D’après lui, on ne pourrait faire la révolution que dans le cas où elle n’aggraverait «pas trop» la situation des ouvriers. Je pose la question : est-il admissible de tenir un tel langage dans un parti communiste ? C’est un langage contre-révolutionnaire ! »

Eh bien, voilà, c’est Lénine qui dit cela. Se servir du fait que dans quelques pays industriels avancés le niveau de vie de la classe ouvrière est assez élevé, pour pouvoir abandonner la conception de dictature du prolétariat, c’est resservir les «arguments» de Crispien que Lénine dénonce en disant qu’il s’agit d’un langage contre-révolutionnaire !

ILS PRÉSENTENT COMME NEUFS DE VIEUX ORIPEAUX

La vérité, camarades, c’est que cette vague de révisionnisme moderne dont on a parlé, autour desquelles la bourgeoisie a fait quelque bruit ces derniers temps, n’est pas nouvelle. Elle est déjà apparue très tôt d’ailleurs après la deuxième guerre mondiale. Je crois qu’il y a une date cruciale : c’est 19466. En novembre 1946, c’est la fameuse interview au « Times » dans laquelle Thorez déclare :

« Les progrès de la démocratie à travers le monde, en dépit de rares exceptions qui confirment la règle, permettent d’envisager pour la marche au socialisme, d’autres chemins que celui suivi par les communistes russes ».

Apparemment c’est anodin, parce qu’il est vrai que dans chaque pays, ou groupe de pays, on peut concevoir d’autres façons d’arriver à la révolution, à la prise du pouvoir qu’on ne l’a fait en Russie. Mais ce n’est pas cela que Thorez voulait dire et personne ne s’y est trompé : Thorez voulait arriver au pouvoir par l’usage du parlement et par la participation ministérielle. C’est cela qu’il défendait.

« La démocratie populaire n’est ni socialiste, ni soviétique. Elle est le passage de la démocratie au socialisme. Elle crée les conditions favorables au développement du socialisme par un processus de lutte et de travail. Chaque pays passera au socialisme par sa propre voie. L’avantage de la démocratie populaire c’est que ce passage est rendu possible sans dictature du prolétariat. Un tel résultat est dû à l’exemple de l’Union Soviétique et aux leçons de toutes les luttes menées dans le monde par le prolétariat ».

Voilà donc une conception révisionniste qui a été d’ailleurs celle de tas de dirigeants à l’époque. Les Italiens s’en sont donné à cœur joie, les Français, bien entendu, les Yougoslaves avec Tito, aussi Varga et quelques autres en Union Soviétique. Cela n’est pas resté sans réplique. Il y a d’ailleurs eu, à ce moment-là, une chaude discussion dans le mouvement communiste international, et cette discussion est notamment passée par la constitution du Bureau d’Information qui a été un coup d’arrêt à ce cours révisionniste. Certains communistes qui s’étaient trompés à ce sujet ont été critiqués, ont fait leur autocritique. Evidemment Dimitrov a compris qu’il avait fait erreur et il a écrit notamment :

« La transition vers le socialisme ne peut s’accomplir sans dictature du prolétariat afin d’étouffer les éléments capitalistes et afin d’organiser l’économie socialiste ».

Tout cela est le point de vue historique et je crois qu’il est assez important. Mais en fait, si aujourd’hui les partis révisionnistes renient ouvertement la dictature du prolétariat, c’est dans des buts très précis. Dans certains pays, comme l’Italie, comme la France, ils sont à la veille ou à l’avant-veille, du moins ils le crient, de participer au pouvoir avec les socialistes, avec les démocrates-chrétiens. Et puisqu’il n’est pas question (et pour cause) de le faire par la voie révolutionnaire, qu’ils veulent le faire par la voie légale, il faut que la bourgeoisie tolère qu’ils le fassent. Il faut que l’armée française ne fasse pas un putsh, il faut que l’armée italienne ne fasse pas un coup d’Etat au moment où les révisionnistes seront au pouvoir. Alors il faut donner des gages ; on renie la dictature du prolétariat et on fait mine de se distancier de la répression fasciste en U.R.S.S. C’est de bonne tactique.

LE RENIEMENT DE LA THÉORIE MARXISTE DE L’ETAT

Mais, en fait, ce que font les révisionnistes, et ce qu’ils ont toujours fait, quels qu’ils soient, c’est liquider fondamentalement toute la théorie marxiste de l’Etat. Et c’est cela qui est important. La théorie marxiste montre que l’Etat apparaît dès qu’il y a division de la société en classes, et dans la mesure où les contradictions entre les classes deviennent inconciliables.

L’Etat, dit Marx, c’est l’organe d’oppression d’une classe par une autre, et même parfois d’un groupe de classes quand il y a des alliances de classes à la tête de l’Etat, non seulement sur une autre, particulièrement sur la classe la plus opprimée, mais parfois aussi domination sur plusieurs classes comme par exemple la classe ouvrière et la paysannerie, et la petite bourgeoisie.

Le raisonnement est d’ailleurs assez simple : imaginons la société esclavagiste. Il est évident que s’il n’y avait pas eu un appareil étatique, un droit, une police, enfin l’équivalent d’une police, des prisons, etc., s’il n’y avait pas eu tout cela, il est évident que la masse des esclaves se serait révoltée et que les maîtres d’esclaves n’auraient pas tenu longtemps.

Il y a eu dans l’Antiquité de nombreuses révoltes d’esclaves qui ont été écrasées dans le sang. L’appareil d’Etat a eu pour but de maintenir la primauté des maîtres d’esclaves et la soumission des esclaves. De même dans la société féodale, s’il n’y avait pas eu un Etat, un appareil d’Etat, des prisons, des juges, un droit, etc.. et le clergé par-dessus le marché, les serfs ne seraient pas restés des serfs, ils se seraient révoltés et auraient renversé les féodaux.

D’ailleurs ils se sont soulevés à plusieurs reprises. Il y a eu des jacqueries : les paysans serfs se révoltaient : on les massacrait et il n’en restait plus rien. C’était l’appareil d’Etat qui défendait évidemment l’ordre social existant. De même, aujourd’hui, s’il n’y avait pas l’appareil d’Etat, il y aurait déjà longtemps que les ouvriers auraient renversé la bourgeoisie. Engels parle de l’Etat avec ses détachements spéciaux d’hommes armés, ses lois, ses juges, ses prisons.

Il est bien entendu que l’Etat peut avoir des formes diverses. Dans le vocabulaire marxiste, le mot dictature veut dire pouvoir absolu. Bon, prenons l’Etat esclavagiste, mais nous savons tous qu’il y a eu des Etats esclavagistes de forme démocratique à Athènes, par exemple et des Etats de forme autocratique, mettons Babylone. Mais dans un cas comme dans l’autre, c’étaient des Etats esclavagistes, c’étaient des Etats qui étaient la dictature des maîtres d’esclaves, exercée contre la grande masse des esclaves. Et il est évident que la forme démocratique qu’il y avait à Athènes, était une démocratie qui jouait pour les maîtres d’esclaves.

De même aujourd’hui, la dictature de la bourgeoisie et plus particulièrement de sa fraction la plus puissante, la bourgeoisie monopoliste, peut revêtir plusieurs formes : monarchie, république présidentielle, république parlementaire, Etat fasciste, etc. Mais il s’agit toujours d’Etats de dictature bourgeoise.

Cela ne veut pas dire que nous sommes indifférents devant la forme de l’Etat. Il est évident que nous, communistes, nous défendrons toujours une démocratie bourgeoise contre un danger fasciste : il est évident qu’une démocratie bourgeoise est préférable, parce qu’elle permet une activité politique de la classe ouvrière dans des conditions plus favorables qu’une dictature fasciste. Je crois que cela ne fait aucun doute pour personne.

LA VOIE PLUS CERTAINE VERS LA DÉFAITE

Alors la grande question évidemment est la question des élections. Je vous ai lu le texte de Van Geyt :

« Nous sommes dès lors en mesure d’assumer le pouvoir politique par les moyens démocratiques dans le respect et même l’extension des droits existants et des droits acquis y compris le système électoral et le respect de la majorité ».

Si je voulais me mettre à faire des citations sur ce que Lénine a écrit sur les élections, j’en aurais pour des heures à lire des extraits. Rappelons que Marx, dans « Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte », dénonce le « crétinisme parlementaire ». Marx a dit que les élections consistaient à « décider une fois pour les trois ou six ans quel membre de la classe dirigeante devait représenter et fouler aux pieds le peuple au parlement ».

Engels a même dit que « le suffrage universel est l’instrument de domination de la bourgeoisie ». Lénine déclare :

« Seuls des misérables ou des imbéciles peuvent croire que le prolétariat doit d’abord conquérir la majorité en participant aux votes effectués sous le joug de la bourgeoisie, sous le joug de l’esclavage salarié et après seulement conquérir le pouvoir ».

Il ajoute :

« c’est le comble de la stupidité ou de l’hypocrisie ».

Il est évident que Van Geyt en disant ce qu’il dit, répète ce que disait Khrouchtchev, il répète la fameuse analyse de Khrouchtchev. Khrouchtchev a introduit au nom du parti communiste de l’Union Soviétique, parti qui se réclamait encore de Lénine, cette idée d’aller aux élections et de conquérir le pouvoir par les élections.

« Dès lors la classe ouvrière ralliant autour de soi la paysannerie travailleuse, les intellectuels, toutes les forces patriotiques, infligeant une riposte décisive aux éléments opportunistes incapables de renoncer à la politique d’entente avec les capitalistes et les grands propriétaires fonciers, est en mesure d’infliger la défaite aux forces réactionnaires et antipopulaires, de conquérir une solide majorité au parlement et de le transformer d’organe de démocratie bourgeoise en instrument d’une volonté populaire véritable. »

Eh bien, cela, et ce que Van Geyt dit, c’est un écho de Kautsky. Celui-ci disait :

« Le but de notre politique reste donc, comme par le passé, la conquête du pouvoir par l’acquisition de la majorité au parlement et la transformation de ce dernier en maître du gouvernement ».

Les trouvailles des révisionnistes d’aujourd’hui, de Van Geyt ou de Marchais, ou de Berlinguer ou de n’importe qui, ne sont pas des trouvailles, ce sont des trucs que Kautsky disait déjà, ce sont des trucs que Bernstein disait déjà. Ils ne suivent plus Lénine. Lénine disait : c’est le comble de la stupidité ou de l’hypocrisie. Et Khrouchtchev dit, et Kautsky disait : il y a moyen. Et que dit Van Geyt, et que dit Marchais, et que dit Khrouchtchev ? Ils disent : il y a moyen d’aller au socialisme par la voie électorale. C’est de l’anti-Lénine.

Alors, camarades, il faut parler de certaines expériences. Il y a eu un premier exemple, celui du Parti Communiste d’Indonésie, parti communiste qui après avoir défendu en paroles le marxisme-léninisme s’est imaginé que dans un Etat de dictature bourgeoise, il pouvait participer au pouvoir. Il a même pratiqué l’armement du prolétariat et de la paysannerie en régime bourgeois.

Et puis, un jour la C.I.A. a comploté en Indonésie, elle a organisé un coup d’Etat, et en une nuit et une demi-journée, un million de communistes et d’anti-impérialistes ont été assassinés. C’est le plus grand massacre de l’histoire.

Je fais une petite parenthèse ici pour dire que ceux qui s’indignent que la Chine ait des relations diplomatiques avec le Chili, ne s’indignent jamais que l’Union Soviétique ait des relations diplomatiques avec l’Indonésie et lui fournisse même une aide matérielle. Ce qui met à nu certaines hypocrisies.

Voilà le premier cas. Mais pour être complet, il faut ajouter que le Parti Communiste d’Indonésie a fait une autocritique profonde sur les erreurs révisionnistes commises sous la direction d’Aïdit.

Le second exemple est celui du Chili. Il faudra un jour faire une petite anthologie de ce que le « Drapeau Rouge » a écrit au sujet du Chili après la victoire électorale d’Allende. En substance, il a dit des choses comme le Chili n’est pas comme les autres pays d’Amérique latine, c’est un Etat d’Amérique latine où on a le respect de la démocratie ; il a dit encore que l’armée n’a jamais fait un putsh au Chili, qu’elle respecte la démocratie. Cela a été écrit dans le « Drapeau Rouge », camarades, des choses pareilles.

Quand les ouvriers et les paysans chiliens ont manifesté contre les menées factieuses, ont réclamé de mettre à la raison les fascistes et les factieux, ont réclamé des armes, c’est contre eux qu’Allende a sévi et pour donner le change, il a créé une commission d’enquête sur les menées factieuses, et qui a-t-il pris comme président de cette commission ? Pinochet ! Voilà, c’est cela l’histoire de la conquête pacifique du pouvoir par la voie parlementaire. C’est la voie de la défaite.

LE RENFORCEMENT DU CAPITALISME D’ÉTAT

Aujourd’hui, le P.C.B. répand une autre illusion. Ce sont les fameuses réformes de structure. On nous invite à aller au socialisme par les réformes de structures ; on parle de holding public, de mise en régie et de nationalisations. Mais quand y a-t-il nationalisation ? Jusqu’ici dans deux cas. Je n’en vois pas d’autres. Il y a nationalisation, d’une part quand les services ou les entreprises exigent un énorme investissement qui est hors de portée d’un capitalisme ou même d’un groupe monopoliste particulier, et quand ce service, cette entreprises nécessite une unité de « politique », une unité de direction.

Par exemple les transports. Il est clair qu’on ne pourrait pas avoir des transports appartenant à une société privée dans la Flandre Orientale, et dans la province de Liège, une autre société privée, etc. Il faut une unité de gestion : alors on nationalise. Donc la tendance à nationaliser prévaut quand cela sert l’ensemble des capitalistes : les routes, les autoroutes, la poste, le téléphone, les divers moyens de communications, la banque d’émission, tout cela appartient à l’Etat qui est en quelque sorte le capitaliste collectif.

D’autre part, on nationalise quand cela va mal, les entreprises qui périclitent ; l’Etat vole au secours et il restaure l’entreprise avec des capitaux qui en dernière analyse, par le jeu des taxes et des impôts proviennent pour l’essentiel de la poche des travailleurs. Or, l’Etat patron, c’est un patron comme un autre. Dans les secteurs qu’il gère, les rapports de production sont inchangés. Les nationalisations, ce n’est pas du nationalisme parce que l’Etat reste l’Etat de la bourgeoisie, et particulièrement l’Etat des monopoles capitalistes. C’est le renforcement du capitalisme d’Etat.

Lénine a montré dans « L’impérialisme stade suprême du capitalisme » que l’aboutissement du capitalisme de monopole, c’est le capitalisme d’Etat. Le capitalisme de monopole va vers le capitalisme d’Etat comme un fleuve va vers la mer. Et l’analyse marxiste montre que le capitalisme d’Etat s’est amplifié considérablement. Quand ? Quand il y a eu la première crise mondiale, celle des années ’30 où l’Etat est intervenu pour secourir les sociétés qui périclitaient pour faire des droits préférentiels en faveur des sociétés capitalistes, pour donner des primes à l’exportation. Même aux Etats-Unis, cela s’est fait.

L’Etat est intervenu pour remettre les chômeurs au travail, par le biais des grands travaux, de la construction de routes, d’autoroutes, de canaux qui bénéficiaient aux capitalistes, aux monopoles capitalistes. Donc il y a eu avec la première grande crise économique mondiale, une très grande expansion du capitalisme d’Etat. Et à l’heure actuelle, avec la seconde grande crise économique mondiale, voyez ce qui se passe : les entreprises qu’on nationalise : AKZO, le Val St. Lambert, peut-être demain les ACEC…

On fait passer cela pour du socialisme ou pour une marche au socialisme ! Mais en fait, il s’agit simplement d’une extension du capitalisme d’Etat. Et on fait beaucoup de foin à propos du holding public, mais connaissez-vous les deux pays qui ont réussi le mieux les holdings publics ? Ce sont l’Italie et c’est une création de Mussolini, et l’Espagne et c’est une création de Franco. Qu’est-ce que cela a de socialiste ?

Les charbonnages espagnols sont nationalisés, ils sont nationalisés par Franco. Est-ce que c’est du socialisme cela, ou est-ce que c’est au contraire le renforcement de l’appareil d’Etat dans l’intérêt des monopoles capitalistes ? Mais à partir du moment, évidemment, où on accepte de conquérir l’Etat par les moyens légaux, sans changer le contenu de classe de l’Etat, où on accepte d’aller au pouvoir à travers des élections, où on accepte de ne pas remettre en cause le contenu de classe de l’Etat, et bien, on en arrive évidemment à prôner des solutions qui ne sont rien d’autre qu’un renforcement du capitalisme et de l’Etat de dictature bourgeoise.

La seule voie du socialisme, a montré Lénine, c’est la voie révolutionnaire, et jusqu’à présent il n’y en a pas eu d’autres et il n’y en aura pas d’autres.

LES RÉVISIONNISTES TRAVESTISSENT LA NOTION DE PROLÉTARIAT

Dans son texte, Van Geyt dit que « la dictature du prolétariat est le concept de l’exercice du pouvoir politique par la classe ouvrière ». C’est exactement reprendre la définition mystificatrice que Lénine dénonçait. Lénine, au moment du deuxième Congrès de l’Internationale Communiste polémique avec Crispien et il dit :

« Quand le camarade Crispien dit maintenant que la dictature du prolétariat n’est pas une nouveauté et qu’il ajoute ‘nous avons toujours été pour la conquête du pouvoir politique’, cela signifie éluder le fond du problème. On admet la conquête du pouvoir politique mais pas la dictature ».

Comme c’est curieux. Van Geyt reprend presque mot pour mot une conception que Lénine fustigeait. Van Geyt renie Lénine.

Pierre Joye va un peu plus fort, lui : « Le pouvoir socialiste sera le pouvoir de tous les travailleurs ». Et cela c’est encore beaucoup plus révisionniste que ce que Van Geyt dit ; parce que « tous les travailleurs », qu’est-ce que c’est ? Marx, dans le « Manifeste du Parti Communiste » montre que la classe ouvrière est la seule classe révolutionnaire jusqu’au bout. D’autres classes peuvent être révolutionnaires, mais pas jusqu’au bout. Le prolétariat c’est la classe sur laquelle les rapports d’oppression sont les plus directs, les plus complets ; la bourgeoisie opprime d’autres classes, opprime la petite paysannerie, mais la petite paysannerie a des aspirations petite-bourgeoises.

Lénine a montré cela très bien et il montrait la nécessité de lutter contre les aspirations petites bourgeoises de la paysannerie. De même certains fonctionnaires, certains technocrates peuvent se trouver en conflit d’intérêt avec les monopoles capitalistes, la petite bourgeoisie aussi, et de ce fait lutter contre les monopoles capitalistes et même participer à leur renversement.

Mais il est évident que la dictature du prolétariat, c’est la dictature de la classe ouvrière et qu’on va devoir lutter contre toutes les racines de la bourgeoisie. Cela ne veut pas dire qu’on élimine les gens physiquement (j’y reviendrai tout à l’heure), cela veut dire qu’on lutte contre une idéologie, contre une mentalité qui existent chez ces petits-bourgeois, ces fonctionnaires, ces technocrates, ces petits contremaîtres, ces petits chefs, ces boutiquiers, ces artisans qui à un moment donné sont entraînés dans le tourbillon révolutionnaire.

Pierre Joye reprend cette idée que j’ai entendue d’ailleurs chez Marchais aussi, le prolétariat cela n’existe plus, ce sont les travailleurs, la masse des travailleurs. C’est évident qu’il y a d’autres travailleurs que la classe ouvrière mais pour un marxiste, il est clair que la classe ouvrière est la seule qui est révolutionnaire jusqu’au bout.

LES RÉVISIONNISTES AU POUVOIR SERVIRONT LES MONOPOLES

Une conquête par des voies pacifiques est impossible. Ce qui peut se poser demain, et cela s’est déjà posé, c’est l’entrée des socialistes ou des grands partis « communistes » occidentaux au gouvernement. C’est le rêve de Marchais, c’est le rêve de Berlinguer, c’est le rêve de Carillo et de Cunhal, ils ne s’en cachent pas.

Quand la bourgeoisie a peur, elle prend ses précautions pour que cela n’arrive pas. Jadis, avant la première guerre mondiale, il y avait le suffrage restreint. Là au moins, on était sûr avec le suffrage restreint, suffrage censitaire, suffrage capacitaire qu’on doublait quelque fois l’un par l’autre, on était sûr au moins de ne pas être embêté à partir du moment où le P.O.B. s’en tenait au légalisme bourgeois.

Mais, à un moment donné, c’est la bourgeoisie elle-même qui a fait entrer les socialistes au gouvernement, cela s’est fait sous le signe de l’union sacrée, avec la première guerre mondiale. Les socialistes ont été portés au gouvernement, invités à y entrer, et à y rester après la guerre d’ailleurs, parce qu’on avait peur de ce qui allait se passer en Europe occidentale avec le vent qui soufflait de l’est, qui soufflait de la Russie. La bourgeoisie avait peur, alors, les socialistes ont été appelés au gouvernement. Quand on n’a plus eu besoin d’eux, on les a flanqués dehors.

En 1926, il y a eu une victoire électorale des socialistes. Il s’est formé au gouvernement Poullet-Vandervelde. Poullet était un chef démocrate-chrétien, Vandervelde c’était le leader du Parti socialiste. Et, bien, la bourgeoisie a craint ce gouvernement qui n’était pourtant que réformiste. Elle a organisé l’évasion des capitaux et elle a entraîné une dévaluation du franc pour faire échec au gouvernement Poullet-Vandervelde. Donc un simple gouvernement réformiste, elle l’a liquidé de cette façon.

En 1935, neuf ans plus tard, c’est la grande crise qui fait relâche, ce sont les troubles sociaux, ce sont des grèves assez remarquables, notamment en 1936. Quels vont être les sauveurs à ce moment-là : les socialistes qu’on va faire entrer dans le gouvernement du banquier Van Zeeland. C’est Spaak, c’est De Man, c’est l’ancien ministre Achille Delatttre qui deviennent ministres.

Nouvelle étape en 1944 : on fait appel aux communistes. Il y a eu des dirigeants communistes qui sont devenus ministres : c’était la tendance dominante dans les partis communistes de l’époque, et comme il y avait déjà une bonne couche de révisionnisme pour ne pas dire plus, on a dit que c’était une façon d’aller au socialisme.

Mais pourquoi ces dirigeants du Parti Communiste devaient-ils être ministres ? Mais pour faire remettre les armes de la résistance, pour briser les grèves, pour liquider un syndicat révolutionnaire, les Comités de lutte Syndicale, pour rénover l’économie au service des capitalistes, et puis quand ils ont fait cela, on les a éjectés. Ils ne sont plus revenus, on n’avait plus besoin d’eux. Cela s’est fait en France, en Italie, en Belgique.

En 1950, qui a sauvé la monarchie sinon Spaak, l’homme qui était tête de liste socialiste avec un nombre de voix de préférence record ? Qui a fait liquider les charbonnages en Belgique sinon les socialistes, Evalenko. Quand on fait entrer les socialistes au gouvernement, c’est pour faire la politique des monopoles et si demain les révisionnistes français, italiens entrent au gouvernement ce sera pour faire la politique des monopoles. Et dans la mesure où pressés par les masses, ils porteraient des chiquenaudes aux monopoles, ils seraient vite liquidés, comme Allende a été liquidé, comme Aïdit a été liquidé. Cela ne fait pas l’ombre d’un doute.

QUEL EST LE CONTENU DE CLASSE DE LA DÉMOCRATIE ?

« Élargir la démocratie » dit Pierre Joye, « Élargir la démocratie » dit Van Geyt, mais quelle démocratie ? Quel est le contenu de classe de cette démocratie ? C’est cela qui est important. Lisez « La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky », voyez ce que dit Lénine de cette conception de la « démocratie pure ».

La « démocratie pure » cela n’existe pas. Il y a un contenu de classe à la démocratie. Ou bien la démocratie est bourgeoise, elle joue d’une façon ou d’une autre contre le prolétariat. Et, camarades, jamais la bourgeoisie n’hésite à violer sa propre légalité quand elle se sent prise à la gorge. Que l’on fasse le compte à travers les livres et les journaux de l’époque du nombre d’ouvriers qui ont été assassinés au cours de la lutte des classes en Belgique, depuis qu’il y a une classe ouvrière, depuis le milieu du 19ème siècle.

Mais c’est par centaines que les ouvriers ont été assassinés dans le cadre de la démocratie bourgeoise, et ce n’est pas une vieille histoire, loin s’en faut. Parce qu’en 1950, il y a eu des ouvriers assassinés à Grâce-Berleur. En janvier 1961, à Bruxelles et à Liège il y a eu des ouvriers assassinés. Et en 1966 à Zwartberg, il y a eu des ouvriers assassinés. Il y a encore un ouvrier à l’heure actuelle (notre journal en a parlé) qui vit avec une balle dans la colonne vertébrale et qui est un impotent permanent. Et c’est d’ailleurs un dirigeant socialiste qui était ministre de l’Intérieur, qui était le chef de la Gendarmerie à l’époque : Vrancks, membre du Bureau National du P.S.B.

Et en 1971, un autre ministre de l’Intérieur, dirigeant socialiste, qui passe pour être « à gauche », Harmegnies a fait tirer sur la manifestation paysanne dans les rues de Bruxelles. C’est une constante que la bourgeoisie tue les ouvriers, assassine quand les ouvriers se mobilisent, quand les ouvriers sont en lutte. Ce n’est pas un hasard, c’est une constante à travers l’histoire.

Ecoutez, j’ai trouvé encore ceci remarquable : c’est le jugement du Tribunal de Nivelles dans l’Affaire Havaux. Franchement on y dit les raisons pour lesquelles on a condamné ces grévistes qui ont empêché le « Parisien libéré » de paraître à Nivelles et de briser la grève des ouvriers français. Les condamnations sont prononcées, dit le Tribunal, parce que les prévenus se sont livrés à des atteintes graves à l’inviolabilité du domicile, au droit de propriété, à la liberté du travail (à la liberté du travail des jaunes d’ailleurs !), à l’intégrité physique des personnes, et voilà l’aveu :

« et il appartient aux tribunaux, gardiens de l’ordre social, de veiller au respect des principes fondamentaux énoncés ci-dessus ».

On y dit encore :

« le droit de grève défendu par les prévenus n’est pas une institution politique, mais un simple « usage » basé sur la liberté d’association ».

D’une part, il y a le droit à la propriété, c’est-à-dire le droit des capitalistes d’exploiter ; il y a la liberté du travail des jaunes de briser une grève, tout cela existe, mais le droit de grève, ce n’est pas un simple usage. Un tribunal le dit. Bien sûr quand l’affaire ira en appel, il est probable qu’on trouvera un juge plus habile qui rédigera cela autrement. Mais n’empêche que la fonction est avouée ; la justice est un organe de classe. C’est cela le contenu de la démocratie bourgeoise.

Imaginons un seul instant ici qu’en Belgique – et je vais dire même que je crois que s’il y avait des combats sociaux d’une grande envergue, si le régime était remis en question, en cause, s’il y avait un grand mouvement révolutionnaire, je crois que cela ne s’arrêterait pas à la Belgique, ce serait sans doute un groupe de pays d’Europe occidentale – imaginons donc un seul instant qu’une dictature du prolétariat soit instaurée en Belgique et dans les pays voisins.

Mais d’abord, croyez-vous que la bourgeoisie va se laisser déposséder comme cela ? Mais elle serait bien bête. Ce ne sont pas des sœurs de charité, les bourgeois ; ils tiennent à leur pouvoir, ils tiennent à leurs privilèges. Il ne fait pas de doute qu’immédiatement, la réplique serait organisée et qu’elle serait sanglante en Belgique comme elle l’a été en Allemagne avec les Spartakistes, comme elle l’a été en Russie avec la guerre civile, comme elle l’a été avec la Commune à Paris, qu’il y aurait des morts et qu’il faudrait se battre.

Croire le contraire c’est se leurrer. Mais en plus, les deux superpuissances sont tout de même sur le sol européen, et les uns chez nous et les autres tout à côté de chez nous ; elles ne toléreraient pas l’instauration d’une dictature du prolétariat. Il est certain que nous aurions à nous battre contre les superpuissances, que nous aurions à nous battre contre l’appareil de l’OTAN et que nous aurions à nous battre bien plus sûrement encore contre l’intervention du social-impérialisme soviétique. Quand on pense d’ailleurs à la façon dont les dirigeants soviétiques ont déjà hurlé à propos des événements de mai 68, qu’est-ce qu’ils ne feraient pas si c’était la prise du pouvoir par le prolétariat !

LA RÉPRESSION DES EXPLOITEURS COMME CLASSE

Je voudrais maintenant aborder un point important. Comment s’exerce la dictature du prolétariat, quelle est la base, quel est le contenu de la dictature du prolétariat ? Je crois que c’est avant tout, sous la direction du Parti Communiste la mobilisation des masses, c’est la plus large démocratie prolétarienne.

Je voudrais en venir à ce que Lénine dit. Lénine dit que le but de la dictature du prolétariat est de réprimer l’ennemi de classe, les exploiteurs. Il montre, notamment dans « L’Etat et la Révolution » et dans « La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky » que si le pouvoir bourgeois est abattu, si le prolétariat vient au pouvoir, même à ce moment-là, la bourgeoisie reste puissante et la plus forte.

D’abord parce que ces gens ont énormément d’expérience et que le prolétariat en manque totalement ; les révolutionnaires qui vont exercer des fonctions peuvent être inexpérimentés, peu formés, etc., et faire des fautes.

Deuxièmement, ces exploiteurs défaits ont encore des biens, ont encore des possibilités d’exploiter. Dès la prise du pouvoir, il est impossible d’exproprier en même temps toute la bourgeoisie, ou tous les propriétaires terriens. Donc les exploiteurs auront encore des bases matérielles ; en plus ils ont des biens mobiliers, ils ont des possibilités d’agir et donc des possibilités de corrompre.

Ils ont en plus des relations internationales et si la révolution ne se produit pas dans un grand nombre de pays à la fois, les pays où la révolution se poursuivra vont être assiégés, il y aura contre eux des intrigues, des immixtions, des interventions militaires.

En plus, montre Lénine, il va encore y avoir dans les différents pays, des inégalités, des tendances à reformer des classes privilégiées, etc…, et le but de la dictature du prolétariat est d’abattre tout cela par une lutte longue et sans ménagement.

Il s’est passé que le premier pays de dictature du prolétariat a été la Russie et dans ce pays il y a eu des éliminations assez violentes des ennemis de la révolution. Cela ne peut étonner personne. Lénine a dit :

« L’indice nécessaire, la condition expresse de la dictature, c’est la répression violente des exploiteurs comme classe et par suite la violation de la ‘démocratie pure’, c’est-à-dire de la légalité et de la liberté à l’égard de cette classe ».

Mais Pierre Joye a une autre vision de l’histoire. Tout cela s’explique, dit-il, parce que la Russie a été un pays autocratique, le pays de Nicolas II et de Raspoutine, un pays arriéré, il était un peu normal en quelque sorte qu’il y ait de la violence.

Nous qui sommes des « civilisés » en Europe occidentale, avec la bonne vieille démocratie, nous aurons assez ; c’est en substance ce qu’il dit. Mais écoutez, l’Europe, on peut en parle, mais c’est en Italie qu’est apparu le fascisme, le fascisme s’est répandu au Portugal, en Allemagne, en Autriche, en Espagne, avec la torture de la Gestapo et de la Pide, avec les camps de concentration et les fours crématoires.

En France c’est un parlement élu selon les lois de la démocratie bourgeoise, à gauche, c’est la chambre du Front populaire qui en 1939 a porté Pétain au pouvoir ! Le fascisme est un produit de l’Europe, ce n’est pas un produit du tiers monde, c’est un produit de notre bonne vieille Europe, bien civilisée et bien raffinée.

Lénine montre qu’il est normal, indispensable que le prolétariat une fois au pouvoir exerce une répression contre l’ennemi de classe et veille à la disparition de la bourgeoisie en tant que classe, de l’idéologie bourgeoise, de la culture bourgeoise.

RESTREINDRE LE DROIT BOURGEOIS

Mais il y a deux façons de voir l’élimination de l’ennemi de classe. La façon bureaucratique, sans s’appuyer sur les masses, et on en vient à ne voir qu’une répression contre des individus. Ou bien la façon juste, le Parti mobilisant les masses et celles-ci politisées, en action permanente, portant le fer de lance contre la bourgeoisie en tant que classe, contre ses intrigues, contre l’idéologie, la culture bourgeoises partout elles se manifestent.

C’est évidemment à ce sujet que les marxistes-léninistes, qui portent une grande admiration à Staline et à tout ce qu’il a apporté la révolution, critiquent ce qui a été chez lui une conception erronée. Staline était un homme qui avait les masses soviétiques avec lui. Et il suffit de voir d’ailleurs l’enthousiasme de la population soviétique dans la guerre anti-hitlérienne, l’enthousiasme de la population soviétique dans la reconstruction après la guerre.

Il est vrai aussi qu’il y a eu chez Staline une certaine peur des masses ; il a eu tendance à croire qu’on pouvait régler les choses bureaucratiquement. Il est certain que des gens comme Trotsky, Zinoviev, Kamenev, Boukharine, etc, étaient des contre-révolutionnaires, mais quand on a eu envoyé le premier en exil et quand on a eu éliminé physiquement les autres, le problème n’était pas résolu. Et qu’ils soient en vie ou qu’ils soient morts n’avait aucune importance.

Ce qui avait de l’importance, c’était de voir si les racines qui avaient donné naissance à cette déviation droitière, ces conceptions révisionnistes, bourgeoises, existaient ou n’existaient plus. Elles existaient encore, et à ces racines, est-ce qu’on peut dire qu’on s’est attaqué ? Eh bien, je ne le crois pas. Parce qu’il serait enfantin, non-scientifique de croire que Staline meurt en 1953 et qu’en 1956, le révisionnisme puisse triompher sur toute la ligne, au XXème Congrès sans qu’il y ait dans le pays de solides racines du révisionnisme.

C’est cela la grande leçon à tirer de ce qui s’est passé en URSS et que nos camarades Chinois ont tirée. La théorie de la dictature du prolétariat a été extraordinairement approfondie par le camarade Mao Tsé-toung. Il est impossible aujourd’hui de comprendre la dictature du prolétariat si à Marx et Engels, Lénine et Staline, on n’ajoute pas l’apport du Président Mao.

Et le mouvement de critique et de dénonciation du déviationnisme de droite qui se déroule à l’heure actuelle en Chine est facile à comprendre, et pour les communistes, une grande raison d’enthousiasme, si on comprend la dictature du prolétariat telle que l’expose le Président Mao.

La dictature du prolétariat, le régime socialiste ne fait pas disparaître les inégalités Dans un régime de dictature du prolétariat, de socialisme, il y a des inégalités et on va vers le communisme dans lequel les inégalités auront disparu, seront liquidées.

Les inégalités subsistent. Par exemple, il y a des secteurs de pointe, il est évident que l’industrie de Changhaï, c’est autre chose que certaines entreprises de caractère artisanal qu’il peut y avoir à gauche et à droite. Il fait plus agréable, on gagne mieux sa vie dans les usines de Changhaï que dans un petit atelier arriéré. Il y a ces inégalités entre le travail ouvrier et le travail paysan.

Dans le travail paysan, il y a des inégalités entre ceux qui travaillent sur de bonnes terres dans des communes populaires qui sont établies sur de bonnes terres et ceux qui travaillent dans les communes populaires qui sont perdues dans les montagnes.

Il y a des inégalités entre la ville et la campagne, entre le travail manuel et le travail intellectuel, tout cela subsiste et si on ne fait rien pour lutter contre ces inégalités pour les restreindre, il y a évidemment des privilèges qui naissent. Si on ne lutte pas à tout instant de façon tenace contre des privilèges, celui qui en bénéficie ne demandera qu’une chose, c’est de rester privilégié et même de ménager ce privilège pour ses enfants un peu plus tard.

De même, la monnaie, on ne la supprime pas du premier coup, elle subsiste, elle est nécessaire, par conséquent subsiste aussi le désir d’acquérir cette monnaie puisque c’est elle qui permet d’acquérir des marchandises. Cela entretient et fortifie la mentalité bourgeoise, petite bourgeoise, etc.

Il y a des différences de salaires qui ne sont d’ailleurs pas énormes en Chine. Le Président Mao parle des salaires à huit niveaux, cela ne veut pas dire que le plus haut niveau c’est huit fois le plus bas. Non, mais il y a tout de même huit catégories de salaires et il est évident que celui qui est classé dans la plus haute catégorie est privilégiés par rapport à celui qui est dans la catégorie la plus basse.

Il y a les stimulants matériels aussi qui existent. Dès lors, de deux choses l’une. Ou bien on accepte cela, on l’érige même en principe, on trouve que c’est bien, qu’il faut améliorer cela , ce sont les réformes de Lieberman, les entreprises autonomes, le profit au poste de commandement et les bénéfices répartis entre le directeur, les cadres et les ouvriers, ça c’est la voie révisionniste, la voie qui a triomphé en URSS, la voie du retour au capitalisme, de la transformation de l’Etat de dictature du prolétariat en état de dictature de la bourgeoisie.

Ou bien on dit : ces inégalités sont inévitables en régime socialiste, on ne peut pas les empêcher. Mais on peut les limiter, les réduire. On lutte contre, on lutte pour restreindre le droit bourgeois, droit bourgeois qui vient de ces inégalités qui sont héritées de l’ancienne société, on mène une lutte active et ininterrompue. Comment ? A coups de décrets bureaucratiques ? Mais non, parce que les décrets bureaucratiques ne mènent nulle part, et nous ne savons pas si le bureaucrate qui est chargé de les appliquer, lui-même tient à les faire disparaître, parce que le bureaucrate en question est un privilégié dans le système.

LA MOBILISATION DES MASSES SOUS LA DIRECTION DU PARTI

La seule façon de lutter contre ces inégalités, c’est pour le Parti, de mettre les masses en mouvement. Et les masses sont en mouvement en Chine !

A l’heure actuelle, je crois que plus personne ne pourrait les arrêter. Les masses critiquent, les masses mettent en accusation. Et alors, quoi, il y a des sanctions ? Mais oui, il y a des sanctions. Essentiellement critiquer sans frein, obliger à faire une autocritique. C’est cela l’essentiel, la critique et l’autocritique.

Et alors les ennemis de classe, est-ce qu’on les élimine physiquement ? Est-ce qu’on envoie en prison, est-ce qu’on tue ? La répression violente, la répression décisive ne s’exerce que contre des débris, des saboteurs, des tueurs, des agents de l’ennemi envoyés dans le pays.

Et encore, vous avez lu comme moi qu’en Chine, à l’heure actuelle, on vient de libérer toute une série d’agents de Tchang Kai-chek qui avaient été envoyés sur le continent pour faire du sabotage ; on les avait pris, on les avait condamnés ; ils ont été travailler dans des usines et dans des communes populaires et au bout d’un certain nombre d’années, on leur a dit : voilà vous êtes libres ; si vous voulez rester ici, vous avez un passeport, vous êtes réhabilités et on vous donne du travail, mais si vous préférez retourner à Taïwan, vous pouvez le faire, vous êtes libres.

C’est cela, c’est faire confiance aux hommes mais ce n’est possible que si les masses sont vigilantes. C’est possible aussi si sous la direction du Parti, les masses sont éduquées. Et en Chine, c’est cela qui est formidable et qui émerveille les camarades qui y vont, c’est le niveau idéologique et politique extrêmement élevé des masses, des ouvriers, des paysans que l’on rencontre, des paysans encore illettrés qui viennent vous parler de la « Critique du programme de Gotha » comme j’ai eu moi-même l’occasion de l’entendre, ou des paysans qui viennent vous parler de la tactique du front uni, l’importance que cela a d’appliquer correctement la tactique du front uni.

Ce sont les choses qu’on trouve en Chine où le Parti éduque les masses. La seule façon d’appliquer correctement la dictature du prolétariat c’est cela, ce sont les masses en mouvement. C’est un rapport dialectique qui existe entre la dictature et la démocratie, une dictature qui sait être impitoyable, qui sait être intraitable vis-à-vis de l’idéologie bourgeoise, vis-à-vis des masses exploiteuses qu’il faut faire disparaître en tant que classes, et cette large démocratie des masses qui est la condition de l’exercice de la dictature du prolétariat dans un sens qui soit favorable aux larges masses précisément, au peuple tout entier.


LE DÉBAT

Question : Je voudrais savoir ce que vous entendez par la notion de travailleur productif et la notion d‘ouvrier que vous avez définies au début de la conférence. Vous avez parlé d’ouvriers qui créent la plus-value. Alors, je voudrais savoir si par ouvrier vous entendez les travailleurs productifs.

Réponse : Oui, le prolétaire moderne, comme dit Marx, c’est celui qui est producteur de plus-value. Et pour les autres, il y a la notion de travailleurs. Un travailleur est exploité, une demoiselle de magasin est exploitée, une sténo-dactylo est exploitée, un enseignant est exploité, un cadre est exploité. Ils sont des travailleurs. Pour un marxiste, l’ouvrier, c’est le producteur de plus-value. C’est pour cela, par exemple, que les ouvriers du transport, que certains classent comme des fonctionnaires sont des ouvriers (ce ne sont pas des fonctionnaires, leur patron est l’Etat mais le rapport d’exploiteur à exploité est le même).

Question : Mais alors, dans ce cas, il y a augmentation du nombre de la population ouvrière ?

Réponse : Mais, écoutez, moi je connais les statistiques bourgeoises. Mao a d’ailleurs dit dans sa « Préface et postface aux enquêtes à la campagne », que, dans les pays avancés, on a de la chance d’avoir les statistiques bourgeoises et qu’on peut s’en servir par exemple pour une analyse de classe. Mais il est clair qu’on ne peut les accepter sans les passer au crible de la critique. Telles quelles, elles indiquent que 50 % de la population belge est ouvrière et que dans des régions comme le Borinage, le Centre, Charleroi et Liège cela va à deux tiers. Maintenant les sociologues bourgeois assurent que le nombre d’ouvriers diminue. Qu’est-ce que cela couvre ? J’en ai parlé tout à l’heure. Dans certaines usines on accorde un statut d’appointé à un certain nombre d’ouvriers – statut qui comporte certains avantages. Il est évident que c’est un moyen de diviser, qu’on essaie de leur faire croire qu’ils ne sont plus des ouvriers, qu’ils sont « autre chose », mais objectivement ils restent des ouvriers.

Puis on disserte beaucoup sur l’importance croissante des services. Il faudrait examiner cette notion d’un peu plus près, car on classe dans les services, les transports qui, Marx l’a montré, sont producteurs de plus-value. Et puis il y a aussi une série d’activités nouvelles, bien peu productives que l’on baptise « services » et dont on dit qu’elles ont de plus en plus d’importance. Je crois qu’on se trouve là devant un phénomène de parasitisme ; Lénine montre d’ailleurs que l’impérialisme tend à créer des activités parasitaires, des couches de travailleurs parasites. Il est évident que si nous voulons songer un petit peu aux activités de la publicité par exemple, c’est du parasitisme, voyons les choses telles qu’elles sont. Alors que les travailleurs de la publicité sont des travailleurs qui sont exploités, cela ne fait pas de doute, mais dans une activité parasitaire. Evidemment on les classe dans les services, mais cela ne veut pas dire que certains ne peuvent pas avoir une condition ouvrière.

Question : Mais est-ce qu’on pourrait dire que les travailleurs de la publicité permettent dans une certaine mesure de créer de la plus-value ?

Réponse : Oui, ce sont des justifications du régime. J’ai lu des traités de publicité dans lesquels on dit que la publicité permet aux gens de vivre, parce que s’il n’y avait pas de publicité, on n’achèterait sans doute pas de produits ! C’est ce que certaines personnes très intéressées racontent. Mais soyons sérieux …

Question : D’après le Parti, la Commune de Paris est-elle une dictature du prolétariat ?

Réponse : Oui, la Commune de Paris est une dictature du prolétariat. Je crois que pendant quelques mois glorieux, le prolétariat parisien, d’ailleurs avec les artisans, avec les petits boutiquiers de Paris, a détenu le pouvoir, a exercé sa dictature sur la bourgeoisie de l’époque, et parfois d’ailleurs sans aucun ménagement, en quoi il a eu raison. Mais justement il y a eu dans cette dictature certaines faiblesses. Marx a analysé cela très bien. Par exemple, il a montré comment, en ne s’emparant pas des avoirs de la banque, en ne poursuivant pas les ennemis, en ayant au contraire un certain libéralisme devant les ennemis, la Commune avait en quelque sorte créé les conditions de la répression dans la suite.

Il y a toute l’analyse de Marx là-dessus, que Lénine reprend dans « L’Etat et la Révolution ». Il montre d’abord que cela a été une dictature du prolétariat, ensuite qu’elle n’a pas été jusqu’au bout et qu’il a manqué à la dictature du prolétariat l’élément d’avant-garde absolument nécessaire qui était l’existence d’un Parti prolétarien. Sans un parti prolétarien marxiste-léniniste, il est impossible de vaincre.

Question : Quelle forme, grosso modo, pourrait prendre la dictature du prolétariat en Belgique ?

Réponse : Je n’en sais rien. Etant donné que, tout de même, prenons l’exemple de la Russie, jamais Lénine n’a dit dans un de ses écrits (prenons d’avant 1905, parce qu’en 1905, cela existait) que les ouvriers et les paysans devaient former des Soviets. Qui a formé des Soviets ? Ils ont été une création spontanée des masses. Et sur cette création spontanée des masses, Lénine et le Parti bolchevik se sont appuyés. De même, les comités révolutionnaires qui se sont formés pendant la révolution culturelle en Chine. Il n’y a pas eu une directive du Parti disant : il faut former des Comités révolutionnaires.

Il s’est formé des Comités révolutionnaires. Il s’est d’abord formé la Commune de Changhaï, avec les camarades Wang Hong-wen, Tchang Tchouen-kiao, Yao Wen-yuan, etc., tout ce fameux « groupe de Changaï » qui a l’air de faire si peur à la bourgeoisie belge, n’est-ce pas. Bon, cela a été une création des masses sur lesquelles le Parti s’est appuyé. Alors, comment cela va-t-il se passer ici en Belgique ? Moi, je n’en sais rien. Il est évident que les masses ne mouvement créeront des organes, créeront des moyens de défense, etc.

Par exemple, j’ai connu un événement ayant certains caractères révolutionnaires. J’ai fort bien connu la grève de décembre 1960-janvier 1961. Cela n’a pas été la révolution, loin de là, mais disons qu’il y avait une remise en cause du pouvoir bourgeois. Dans ma région, qui est le Borinage, en janvier 61, il était impossible de se déplacer si on n’avait pas l’accord des Comités de grève. Les bourgmestres, les échevins n’exerçaient plus le pouvoir. Le pouvoir était aux mains des Comités de grève. Je me souviens qu’un jaune qui avait été heurté par une de nos barricades gueulait parce qu’il avait abîmé son aile de voiture, il faisait beaucoup de bruit, avait une attitude provocatrice.

On a appelé la police et on a fait procéder à l’arrestation du jaune en question. C’était une question de rapport de force. Il s’était créé des Comités de grève qui avaient un pouvoir de fait. Cala tout de suite été remis en question, bien sûr. Mais on imagine que dans un processus révolutionnaire long et continu, il y aurait des organes qui se constitueraient et sur lesquels il faudrait prendre appui, en tenant compte des autres expériences, les expériences qui se sont passées, la Commune de Paris, plus récemment la révolution russe ou la révolution chinoise.

Il est évident que nous devrions avoir le souci dans les localités, dans les régions, dans les usines, de pousser à la création de ces comités ouvriers, ces comités révolutionnaires, ces comités de grévistes, etc.

Il est certain que devant une gendarmerie, une armée qui ne manqueraient pas d’intervenir, nous aurions à penser d’emblée à l’armement du prolétariat qui se ferait sans doute spontanément lui aussi ; mais dire d’avance que cela se passera comme ceci : A.B.C.D.E., je crois que c’est risqué d’avoir un cruel démenti des faits. J’ai beau lire les textes de Lénine dans les années qui ont précédé la révolution, je ne vois pas de recette qui avait prévu comment tout allait se passer. Lénine a fait une analyse d’une situation générale ; il a compris que c’était mûr pour la prise du pouvoir.

S’appuyant sur les masses et les organisations spontanées des masses, Lénine et le Parti bolchevik ont pris le pouvoir. Les masses ont agi. Elles étaient dirigées par le Parti et elles ont en quelque sorte porté le Parti au pouvoir. C’est tout ce que je peux dire. Bon, s’il en est qui ont des recettes…

L’auditeur qui a posé la question précise sa pensée :

« Ce que je voulais dire c’est que la base du pouvoir de la dictature du prolétariat en U.R.S.S. à l’époque, c’était précisément le pouvoir des Soviets…

(Oui, cela ne fait pas de doute)

… Ce qui signifie qu’il fallait pendant la période révolutionnaire, avant la prise du pouvoir par les Soviets, il fallait d’abord voir que ces derniers, justement, pouvaient jouer ce rôle…

(Voilà, je crois que c’est cela)

… Maintenant, quand on fait une analyse de la situation, la théorie c’est la synthèse de cette situation, elle doit devancer cette pratique. C’est pour cela que je dis, disons j’ai posé la question : dans quelle mesure ne pourrait-on pas regarder certains phénomènes actuels comme pouvant être une forme de dictature du prolétariat ? »

Réponse : Oui, mais enfin, pour le moment il y a la dictature de la bourgeoisie. Je ne crois pas à des éléments de dictature du prolétariat dans une dictature de la bourgeoisie. Mais il est évident que chaque fois, et singulièrement depuis quelques années, où la pratique des grèves sauvages s’est de plus en plus répandue, ne serait-ce qu’à cause de l’intégration des syndicats dans l’appareil d’Etat, y compris dans l’appareil répressif à certains moments, des phénomènes nouveaux sont apparus.

Je dis l’appareil répressif, parce que si en ce moment dans l’industrie pétrolière on fait une grève pour la réintégration d’un délégué combatif, il y a eu auparavant, le cas des Forges de Clabecq où ce sont les syndicats qui ont suspendu deux délégués pour que les patrons puissent les frapper ; il y les cas de Caterpillar, de Cockerill pour sept délégués, il n’y pas longtemps. Donc, devant de tels phénomènes, il est évident que les grèves sauvages sont de plus en plus nombreuses.

D’après les statistiques officielles, c’était 80 % l’année passée. Et il se produit, à travers ces grèves sauvages souvent, la constitution de comités, de comités d’ouvriers, de comités de grève qui malheureusement souvent disparaissent parce qu’il leur manque l’apport et la direction d’un parti révolutionnaire ; il leur manque une certaine continuité.

Mais il semble qu’il y ait là un élément auquel nous devons être attentifs, et si nous pensons aux comités de grévistes qui se sont formés dans des régions à forte densité industrielle lors de la grève de décembre 60-janvier 61 cela a été le cas au Borinage, dans le Centre, dans la région de Charleroi ou à Liège ; nous avons là des éléments politiques de grève politique et au moins de contestation du pouvoir bourgeois.

Il y avait là aussi, des embryons de pouvoir prolétarien. Cela ne fait pas de doute. Il y a là une expérience très riche. Il y a une leçon de plus en ce qui concerne le thème que nous examinons ce soir. Parce que quand je pense à la grève de 60-61, je pense à certaines situations qui surgissent après la révolution. Je me souviens avoir vu dans cette grève des socialistes ou des révisionnistes qui ont été très actifs, qui ont été d’admirables lutteurs.

Et puis une fois la grève terminée, ils ont pris celle-ci comme marche-pied pour devenir députés, ministres, attachés de cabinet, chefs de gare, préfets des études et des histoires pareilles… Dans un processus révolutionnaire, ces gens pourraient être entraînés et participer au pouvoir un temps et alors on crie quand ils disparaissent, quand les masses les éliminent. Or tout cela est logique.

Excusez-moi pour cette parenthèse, mais il est évident qu’à un phénomène comme les grèves, il faut être extrêmement attentif. D’ailleurs la bourgeoisie y est attentive. Si le Collège de l’Europe a consacré toute une semaine d’étude à ce phénomène des grèves sauvages, il est étudié par de nombreux sociologues bourgeois. Il y a là des leçons importantes et la bourgeoisie le sait bien.

Question : Je suis arrivé un peu en retard. Je ne sais pas si vous avez parlé de la forme de la dictature du prolétariat qu’est la dictature démocratique populaire.

Réponse : Je n’en ai pas parlé parce qu’il faut bien limiter et que j’ai parlé et je parle en fonction d’un pays qui est le nôtre et qui est un pays industriel avancé dans lequel la dictature démocratique bourgeoise est faite et bien faite, on n’en doute pas, et dans lequel nous sommes donc au stade de la révolution prolétarienne.

Il est certain que pour des pays du tiers monde, le phénomène de la démocratie nouvelle tel que Mao Tsé-toung l’expose dans son livre de 1940 et qui est une dictature conjointe de plusieurs classes, etc.., ce serait un phénomène extrêmement intéressant. Seulement (je sais qu’il y a des étudiants du tiers-monde dans la salle et que pour eux c’est important), je crois que j’ai été fort long. Si j’avais encore un paragraphe là-dessus cela aurait été encore plus long. C’est très important, ne serait-ce que pour comprendre notamment certains problèmes de politique internationale à l’heure actuelle.

Question : Je voudrais poser certaines questions très graves. Dans votre exposé vous n’avez pas parlé de l’organisation de la classe ouvrière et en premier lieu du Parti communiste. Le Parti communiste, c’est l’avant-garde organisée de la classe ouvrière et c’est elle qui dirige toutes les luttes de la classe ouvrière. Vous n’avez pas parlé du Parti communiste dans la prise de pouvoir, vous n’avez pas parlé du Parti communiste dans la dictature du prolétariat, dans l’exercice de cette dictature, vous n’en avez pas parlé quand vous avez parlé de l’organisation des masses et l’éducation de celles-ci.

Vous n’en avez pas parlé non plus quand vous parlez de la restauration du capitalisme. Quand on parle de la bourgeoisie qui veut reprendre le pouvoir et essaie de le prendre dans un pays de dictature du prolétariat comme par exemple elle l’a fait en Russie, elle commence en s’attaquant au Parti communiste, à l’avant-garde organisée de la classe ouvrière en essayant de changer le caractère de cette organisation. Le Parti communiste en tant qu’avant-garde organisée de la classe ouvrière est le point clé. Si on ne parle pas des multiples formes et rôles des organisations de la classe ouvrière et des autres couches de la population travailleuse qui sont dirigés par ce Parti communiste, je me pose de graves questions et je trouve cela anarchiste.

Un auditeur intervient et dit : Est-ce que je pourrais répondre ? Parce tantôt j’ai posé une question à l’orateur. Il a dit qu’il considérait la Commune de Paris comme une dictature du prolétariat. A l’époque, il n’y avait pas de Parti communiste tel qu’on le conçoit maintenant : un parti de type léniniste. Néanmoins, c’était une dictature du prolétariat. Cela ne fait pas de doute.

Celui qui a posé la question : Justement dans le bilan que tous les marxistes-léninistes ont fait de la Commune de Paris, ils soulignent que la cause principale pour laquelle la dictature du prolétariat n’a pas pu continuer, c’est le manque d’un parti.

Un auditeur : Justement, c’est ce qu’il a dit !

L’orateur : Ecoute, camarade, nous nous trouvons là devant un procès qu’Amada s’escrime de faire depuis un certain temps : que « Clarté » comme vous dites, est anarcho-syndicaliste. Je crois que c’est la grande erreur que notre Parti a faite à ce sujet, c’est de ne pas vous avoir répondu, parce qu’il était très facile de vous répondre.

Facile parce que pour nous faire ce procès, vous n’avez pas toujours utilisé des procédés honnêtes. Vous avez utilisé des citations tronquées et pratiqué l’amalgame de phrases prises dans des articles ou chapitres différents. Aujourd’hui encore, le procédé que tu emploies ne me paraît pas correct.

Tu nous reproches de ne pas avoir dit des choses alors que nous les avons dites. Je n’ai pas parlé du Parti ? Mais, j’ai parlé du Parti. J’ai parlé tout au long de ma causerie et dans le débat au nom de notre Parti et c’est de ce point-là constamment que j’ai abordé les problèmes, notamment dans la critique des thèses révisionnistes. J’ai montré les erreurs d’Aïdit, j’ai montré à travers ces erreurs, à travers les erreurs des révisionnistes, aussi cette liquidation du Parti.

Je pense que j’ai terminé en parlant de la Chine, j’ai montré l’importance de l’éducation des masses. Je l’ai dit, quand j’ai cherché à aborder la dégénérescence révisionniste en U.R.S.S., j’ai parlé de cette question. Il est évident, et en répondant au camarade qui m’a parlé de cette question concernant la Commune de Paris, j’ai bien dit précisément ce qui avait fait que la dictature du prolétariat avait finalement échoué : c’est principalement l’absence du Parti. Je pourrais dire la même chose au sujet des spartakistes en Allemagne dont le soulèvement a échoué par spontanéisme.

Certes, il y a eu d’autres raisons à leur échec. Mais la cause fondamentale, c’est l’absence du Parti. Certes la Ligue spartakiste existait mais ce n’était pas un parti léniniste centralisé. Moi, je veux bien que tu viennes me dire que je ne l’ai pas dit assez, parce c’est vrai qu’on ne parle jamais assez du Parti, je peux encore l’admettre ; mais si tu me dis que je n’en ai pas parlé, je dis que c’est inexact.

Question : Je voudrais savoir quelle est la position du Parti communiste-marxiste-léniniste de Belgique à l’égard de la participation aux élections.

Réponse : Et bien, écoutez camarades, je crois que la question de la participation aux élections est à la fois un problème très simple et très complexe. Très simple en ce sens que tout marxiste-léniniste, tout révolutionnaire estime tout à fait normal d’employer toutes les possibilités de la démocratie bourgeoise, quand c‘est bien entendu dans l’intérêt du prolétariat. Mais quand ces moyens risquent de faire du tort au prolétariat, il ne faut surtout pas les employer.

Dans son livre « La maladie infantile du communisme », qui date de 1920, ne l’oublions pas, Lénine insiste beaucoup, contre les théories gauchistes, sur la nécessité, pour les communistes, de participer aux élections et au parlement bourgeois. Il fait remarquer qu’à cette époque seuls les communistes sont convaincus que le parlement a fait son temps mais les ouvriers n’en sont pas encore convaincus. Et même aujourd’hui, certains « communistes » ont tellement dégénéré qu’ils n’en sont plus du tout convaincus, mais enfin, ils ne sont plus communistes non plus.

Lénine ajoute aussi qu’il ne faut pas aller aux élections simplement pour y participer mais il faut s’en servir comme d’une tribune pour attaquer le régime et l’électoralisme (ce qui peut d’ailleurs se faire sans présenter de candidats). Il ajoutait qu’il y avait des moments où les bolcheviks ont participé à des élections et des moments où ils n’ont pas participé.

Quelle est la situation en Belgique aujourd’hui, en 1976 ? Un immense crétinisme parlementaire, généralisé, profond et comme une lèpre. Permettez-moi une anecdote. J’ai eu l’honneur, avec toue ma cellule, d’être exclu du Parti communiste, déjà largement gangrené par le révisionnisme, en 1958.

En 1963, je suis de ceux qui ont estimé qu’il fallait reconstruire le Parti. A ce moment j’ai repris contact avec des camarades restés dans le Parti, devenu totalement révisionniste. Je me souviens que l’un d’eux (et qui n’avait pas mal de mérites ; je suis allé lui montrer qu’il fallait reconstruire le Parti ; je pensais l’avoir convaincu) m’a dit à ce moment : « Mais alors, aux prochaines élections on va être divisés ? ». Cela m’est tombé dessus comme une douche froide. Sa pensée, finalement, se ramenait aux élections !

Parfois, on vient nous dire : « Nos pères se sont battus pour le suffrage universel et maintenant, vous dites qu’il faut s’abstenir aux élections ! « Et bien, quand on va gratter au fond de cela, c’est le vieil opportunisme qui surgit, qui veut faire croire qu’on peut changer quelque chose par les élections.

Je crois profondément que pour le moment prôner la participation aux élections, c’est nourrir l’opportunisme.

Je n’ai jamais dit qu’il ne fallait pas participer aux élections. J’ai même en tête en ce moment deux exemples d’élections auxquelles le Parti communiste a participé avant la guerre et qui ont été l’utilisation des élections dans un sens correct. Le premier, c’est les élections de 1934 quand à Charleroi, la classe ouvrière, en votant massivement pour un dirigeant communiste qui avait été arrêté pour fait de grève, l’a fait sortir de prison. Des ouvriers socialistes ont voté pour lui, et même des ouvriers chrétiens ; on l’a fait sortir de prison en utilisation l’immunité parlementaire et on a fait un effort de mobilisation dans l’atmosphère des grèves de l’époque.

C’est un cas. Un autre cas, qui va paraître peut-être plus extraordinaire : la tactique que je trouve formidable, employée par les communistes en 1937, lors des élections partielles de Bruxelles, quand ils ont fait voter pour Van Zeeland (même si celui-ci était banquier) contre Degrelle, parachevant ainsi une extraordinaire mobilisation quotidienne qu’ils avaient faite contre le fascisme. En complément, ils ont pratiqué dans le secteur électoral une politique de front uni contre le fascisme qui était extrêmement menaçant et qui préparait d’ailleurs la deuxième guerre mondiale.

Mais aujourd’hui, il importe de se rendre compte que, sous le poids de l’idéologie bourgeoise, il existe dans la classe ouvrière une gangrène électoraliste, diffusée par les socialistes et plus encore par les révisionnistes. Cela marque terriblement.

Nous avons fait une expérience de participation électorale dans le Borinage rouge, à Pâturages, où nous avons obtenu 24 % des voix. Amada a participé aux élections à Anvers, a récolté 3 % des voix et a dit que c’était une victoire révolutionnaire. Je ne considère pas les 24 % de voix au Borinage comme révolutionnaires, car il y a eu à l’occasion des élections de nombreuses fautes opportunistes que notre Parti a d’ailleurs condamnées. Et la participation d’Amada a été marquée aussi d’opportunisme comme par exemple la présentation de l’ingénieur et haut fonctionnaire De Maegt ou de Goosens qui, à Ninove, du jour au lendemain est reparti chez les révisionnistes, après avoir fait un séjour chez Amada juste le temps de se trouver tête de liste ! C’est de l’opportunisme.

Il faut encore ajouter un élément qui est très important : depuis plusieurs élections, le nombre d’abstentions, de bulletins blancs et nuls ne cesse d’augmenter. Au cours des deux dernières élections législatives, cela a dépassé un million d’électeurs. Cela fait un pourcentage d’abstentions supérieur à celui des élections législatives françaises où le vote n’est pas obligatoire ! Il est clair qu’il y a là un début de prise de conscience que non seulement le parlement c’est de la blague, qu’avec le parlement, on ne peut arriver nulle part, mais même que le parlement est un rouage de la dictature du capital.

Nous ne disons pas que nous ne participerons plus aux élections mais nous disons que dans les circonstances actuelles, participer aux élections, c’est nourrir l’opportunisme. Le réformisme et le révisionnisme ont fait tellement de mal que nous estimons que la classe ouvrière et l’ensemble des travailleurs ont besoin d’une cure de désintoxication !

Un auditeur intervient pour dire :

Je voudrais ajouter à ce qu’a dit l’orateur que je suis d’accord avec lui sur la non-participation aux élections.

Ensuite, je crois que Lénine a défini les conditions de la participation aux élections en 1903. Il a dit que quand il y avait une période d’essor révolutionnaire, comme c’est le cas dans le monde actuel, on ne participe pas aux élections, car ce serait donner l’impression aux masses que c’est grâce aux élections qu’on va pouvoir changer quelque chose.

Par contre, quand il a critiqué en 1920 les camarades allemands, c’était précisément parce qu’on était dans une période de reflux révolutionnaire. Il avait défini deux conditions : la première c’est que ces élections puissent aboutir à des changements vraiment révolutionnaires comme dans le cas des deux exemples que vous avez cités (on a libéré le camarade qui était emprisonné) et le deuxième, c’est qu’on soit en période de reflux et non pas en période d’essor où les masses commencent à passer à l’action à travers des grèves sauvages.

Question : Est-ce que vous croyez que tout travailleur ne produit pas de plus-value ?

Réponse : Non, camarade. Je crois que là nous devons quand même nous référer à ce que Marx écrit. Le producteur de plus-value c’est l’ouvrier. Les autres travailleurs sont des travailleurs utiles ayant un travail utile ; il est évident que l’employé dans une entreprise a un travail utile, nécessaire à la production, mais le seul producteur de plus-value c’est l’ouvrier, c’est le prolétaire moderne. Marx définit le prolétaire moderne comme étant le producteur de plus-value, c’est le producteur de marchandises. Et vous connaissez le processus que Marx définit : dans une partie de la journée, c’est le temps de travail nécessaire pendant lequel l’ouvrier rembourse le prix de sa force de travail, donc le prix du salaire et l’autre partie c’est le temps de travail supplémentaire qui est au bout du compte le profit capitaliste. Bien sûr il y a des questions de moyenne, etc. Il est évident que ce n’est pas aussi simple que cela, mais enfin c’est cela la définition.

Celui qui a posé la question ajoute : Je veux dire que les autres travailleurs sont aussi exploités.

Réponse : Ah, mais cela c’est autre chose. Tout travailleur est exploité. Il est évident que la demoiselle de magasin qui vend la marchandise ne produit pas de plus-value, la marchandise est faite. Mais en la vendant elle rend un service. Il faudrait alors entrer dans toute l’économie marxiste. Marx montre que le capitaliste doit liquider la marchandise, il doit la vendre ; il la fait vendre par une tierce personne ; il cède une partie de la plus-value au commerçant pour vendre la marchandise. Et si le commerçant prend une certaine ampleur, il va prendre des gens pour l’aider et il va les exploiter, il va essayer de payer le moins cher possible, évidemment. Il y a donc là un processus d’exploitation. Même le garde-chiourme dans une entreprise est exploité, cela ne fait pas de doute.

Un auditeur intervient : Je voudrais ajouter un point à la définition de l’ouvrier, donc du prolétaire, c’est qu’il est le produit le plus authentique, comme disait Marx, de la grande industrie, y compris l’industrie agricole, c’est-à-dire les ouvriers agricoles.

Réponse : Oui, l’ouvrier agricole, est un prolétaire bien sûr. Mais pour Marx la classe révolutionnaire, c’est le prolétariat moderne, c’est le produit des grandes industries, des grandes concentrations. Il montre l’importance de la concentration comme phénomène de force de la classe ouvrière et de prise de conscience de l’oppression. Il montre aussi dans le « Manifeste » comment la résistance a commencé par être un fait d’isolés, puis ceux-ci se sont regroupés, etc… Et les rassemblements d’ouvriers dans de grandes usines, dans les quartiers ouvriers font que les communications entre prolétaires sont rapides, mais ici nous entrons dans les détails ! C’est tout un cours d’économie politique qui devrait être fait…

Question : Vous avez souligné l’importance de l’autocréation des masses. Je voudrais connaître votre point de vue à l’égard du centralisme démocratique.

Réponse : Oui, c’est une question importante et qui demanderait tout un développement, et un jour il faudra qu’on en discute, qu’on organise une discussion sur le Parti, ne fût-ce que pour rencontrer la critique que faisait le camarade d’Amada. On fera, si la cellule de l’U.L.B. est d’accord, une discussion sur le Parti et on verra bien que nous n’oublions pas le parti et cela nous donnera l’occasion de parler à fond du centralisme démocratique. Mais je vais essayer de résumer, de donner quelques premiers éléments.

Dans un Parti communiste, il y a évidemment un double échange : du bas vers le haut et du haut vers le bas. Démocratie, cela veut dire que tous les membres d’un Parti, tous les militants d’un Parti discutent librement de deux choses. D’abord pour faire des propositions qui viennent d’eux-mêmes ou même qui viennent de non-communistes avec qui ils ont discuté, etc. ; ils font des propositions, c’est discuté, c’est transmis à l’échelon supérieur. Il y a une deuxième démarche dans l’organisation de base, ce sont les directives qui viennent de l’échelon supérieur : comment les appliquer dans les cas concrets d’une usine donnée, d’une localité donnée, d’une circonstance donnée.

Il y a cette double discussion qui est une discussion largement démocratique où il est normal qu’il y ait des idées divergentes. Evidemment on lutte pour obtenir une unité d’action, une unité politique, une unité idéologique. Il peut y avoir des camarades qui ne sont pas convaincus sur une position.

Ils s’inclinent devant la majorité, mais ils ont le droit de réserver leur avis et s’ils ne sont pas convaincus de reposer le problème la fois suivante, une fois, dix fois, quinze fois, même si cela peut paraître gênant parfois, mais enfin, ils ont ce droit. Je souris parce que j’ai en ce moment dans ma cellule un camarade qui n’arrive pas à comprendre un problème qu’il nous repose à chaque fois, et certains camarades sont agacés.

Je leur dit : non, vous avez tort, tant que le camarade ne sera pas convaincu, il a le droit de reposer la question. C’est tout à fait normal. Puis cela passe vers le haut et cela arrive finalement à la direction, au Comité Central et entre les sessions du Comité Central, au Bureau Politique, etc. Le Comité Central est élu par le Congrès qui est l’émanation de la base.

Le Congrès se prononce d’abord sur des thèses qui ont été préparées par le Comité Central, ces thèses sont discutées, il y a des propositions de modifications, il y a des modifications, etc. On adopte les thèses. Puis on fait un bilan organisationnel. Enfin le Congrès élit un Comité Central qui est l’organisme dirigeant entre deux cessions du Congrès ; cet organisme est dirigeant, il a été élu démocratiquement et il dirige le Parti. Il centralise les idées qui viennent de la base, même du dehors, même de sympathisants. Il les centralise et c’est comme cela que se trace la ligne du Parti et cela redescend vers la base.

Mais il est certain qu’il peut toujours, à certains moments, y avoir un conflit, il peut y avoir des contradictions. Je dois dire, par exemple, que dans notre Parti nous avons approfondi notre ligne du Premier Congrès sur les problèmes de politique étrangère en fonction des événements nouveaux dans le monde ; notamment que le social-impérialisme américain, que la rivalité entre le deux super-puissances conduit inévitablement à une troisième guerre mondiale et que l’U.R.S.S. est de loin la plus agressive, il y a des camarades qui n’ont pas admis cela facilement, qui ne l’ont pas admis du premier coup, etc..

La seule chose à faire dans ce cas, c’est de relancer la discussion jusqu’au moment où elle est suffisamment mûre. Je vous assure que chez nous, cela a duré quelques mois. Alors, le comité Central s’est prononcé. Mais comme la discussion a été vive et qu’il s’agissait d’un problème important, le Comité central a convoqué une Conférence Nationale qui a fait en quelque sorte une synthèse. La Conférence Nationale, nous aurions pu nous en passer, mais nous avons voulu associer l’ensemble des militants du Parti à l’élaboration de cette ligne.

S’il reste dans le Parti des éléments qui ne sont pas tout à fait convaincus ou bien qui ont des restrictions, ils doivent appliquer la ligne du Parti quitte à reposer le problème dans les réunions régulières. Et si il y a quelque chose qu’ils ne comprennent pas ou qu’ils n’admettent pas, ils ont le droit et le devoir de le dire et de lutter en réunion, pas en dehors, pas dans les coins avec les petits copains, ou des copains d’un autre groupe (parce qu’en Belgique, il y a une vocation groupusculaire pour le moment mais c’est toutefois en recul).

On ne va pas discuter en dehors, c’est dans le Parti qu’on discute, quel que soit le problème posé, nulle part ailleurs et on vise à arriver à une unité de pensée et d’action. Mais il est évident que le Parti étant un organisme vivant, il est normal qu’il y ait toujours lutte entre les deux lignes, c’est fatal. Nous vivons en régime bourgeois, il y a donc une influence bourgeoise sur la classe ouvrière et même sur les militants révolutionnaires. Il est normal qu’il y ait une influence de la bourgeoise même dans nos cellules ouvrières. Et sur les camarades d’origine non prolétarienne, c’est encore plus inévitable. Il est donc normal qu’il y ait lutte entre les deux lignes.

Nous savons d’ailleurs, nos camarades chinois insistent à ce sujet, que même en dictature du prolétariat, il y ait lutte entre la ligne prolétarienne et la ligne bourgeoise. Mais dans le fonctionnement du Parti le centralisme exige qu’à un moment donné, le Comité Central qui est l’organe dirigeant du Parti ayant déterminé la ligne comme une synthèse des discussions qu’il y a eu partout, cette ligne devienne obligatoire pour tous. Voilà, je crois ce qu’est le centralisme démocratique et nous en sommes rigoureusement partisans sans quoi nous ne serions pas des communistes.

Question : Que faut-il donc répondre alors à l’objection que, en fait, le centralisme démocratique serait seulement un procédé pédagogique où les dirigeants du Parti seraient les seuls maîtres, les seuls à pouvoir administrer les doses correctes, comme disait Staline lui-même, des coryphées du marxisme-léninisme.

Réponse : Que répondre à cela ? J’ai bien connu le P.C.B. et ceux qui se sont emparés de sa direction à la faveur de l’arrestation, suite à une trahison, de la direction qui avait conduit le Parti, le Front de l’Indépendance et l’Armée Belge des Partisans pendant la presque totalité de l’occupation hitlérienne.

Cette direction de 1944 qui a fait remettre les armes de la résistance, qui a dissous le Syndicat Unique issu des Comités de Lutte Syndicale de l’occupation, qui a couru après les postes ministériels, participé à la rénovation capitaliste du pays, brisé des grèves, etc., avait une façon caporale, ultra-sectaire de concevoir la direction du Parti.

Par exemple, j’ai vu en 1944, au moment de la participation ministérielle et du désarmement de la résistance, des camarades poser des questions, critiquer cette politique et le secrétaire général de l’époque, « engueuler », injurier ceux qui n’étaient pas au garde-à-vous, les menacer d’exclusion J’ai entendu son plus proche compagnon, lorsqu’il parlait des rédacteurs du « Drapeau Rouge » parler de son « cheptel » ou dire des militants borains : « Les Borains sont tous des corniauds ». On pourrait multiplier les exemples. Ces gens étaient des révisionnistes, des bourgeois carriéristes qui méprisaient profondément les travailleurs, la classe ouvrière, les militants et ils ont rapidement engagé le Parti dans la voie révisionniste. Tout cela évidemment, c’est la caricature du centralisme.

Un dirigeant communiste, ce n’est pas un aboyeur, un mandarin, un pion. C’est un camarde et son rôle aussi est de discuter avec un camarade qui se trompe ou qui se pose des questions, d’expliquer, de montrer pourquoi une position défendue par le camarade est faussée, de convaincre et d’écouter les critiques de ce camarade si elles sont justes et même si elles ne sont pas justes.

Alors, si vous voulez, c’est vrai de cette façon qu’il y a en quelque sorte un rôle de pédagogue. Mais je crois que fondamentalement le dirigeant c’est un camarade qui a de l’expérience, une pratique, une formation idéologique, qui aime les militants, qui les aide en frère de combat. Il les écoute aussi et il apprend auprès d’eux autant qu’il leur apprend.

Il est bien connu, par exemple, que le Président Mao a toujours aimé rencontrer de simples militants ouvriers et paysans. Il est connu aussi que durant la Révolution culturelle, le Président Mao, le premier ministre Chou En-laï, d’autres dirigeants, au moment où certains groupes de gardes rouges s’agitaient sur des positions ultra-gauches, allant jusqu’à l’affrontement, ont reçu des délégations, ont discuté avec elles, les ont critiquées tout en écoutant leurs doléances, les ont convaincues.

Je vous dis : le centralisme, ce n’est pas l’exigence d’une discipline passive. Il y a à la fois centralisme et démocratie. Mais il faut une direction, sinon quoi, on devient un groupe d’anarchistes petits bourgeois et on est tout, sauf une direction.

Et pour le reste, laissons dire l’ennemi. Quand il aura fini avec cela, il trouvera bien autre chose.

Le président de séance : Y a-t-il encore des questions ? Non. Et bien, si vous le voulez, l’heure est tardive, nous suspendrons la discussion. Je dis bien suspendre car le problème est vaste et il faut toujours discuter. Merci, camarades et amis !


BIBLIOGRAPHIE

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Sur la dictature du prolétariat, Recueil d’articles de « Pékin information » réalisé par l’Association Belgique-Chine, F. 30.

Les articles de « Pékin Information » sur la lutte contre le déviationnisme de droite et la destitution de Ten Siao-ping. Chaque numéro F. 5.

La Chine renforce la dictature du prolétariat (Compte rendu de la visite et des entretiens de la délégation des cadres du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique en République Populaire de Chine, F. 60.

Premier Congrès du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique, Recueil de documents (juillet 1972), F. 80.
Recueil de documents (juillet 1972), F. 80.
Conférence nationale de réunification (février 1974), F. 50.

Contre les deux superpuissances, pour l’indépendance nationale (Résolution et commentaires sur la Conférence nationale du 8 novembre 1975 du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Belgique), F. 40.


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