Il y a différentes manières de comprendre notre époque. On peut être pessimiste, penser qu’il y a d’un côté l’impérialisme invincible, stable dans ses arrières où les gens sont lobotomisés par la consommation, et de l’autre des pays du « tiers-monde » fanatisés par les fondamentalismes religieux et obnubilés par l’Islam.
Où l’on peut être réaliste, et voir que notre époque est celle du début de la nouvelle vague de la révolution mondiale. Il suffit de regarder l’Inde pour comprendre le caractère réactionnaire des thèses comme quoi « l’EZLN est la dernière guérilla du monde », « le communisme c’est fini », « l’heure est à l’altermondialisme », etc.
A l’opposé de ces thèses visant à empêcher la révolution, ce qui se passe en Inde montre que la guerre populaire est invincible; elle fait vaciller les Etats réactionnaire de l’Andhra Pradesh, du Chhattisgarh, du Maharashtra, du Madhya Pradesh, du Jharkhand, de l’Orissa et du Bihar.
Des centaines de millions de personnes vivent avec comme actualité le communisme, car les révolutionnaires ont compris que le maoïsme était la troisième étape du marxisme, qu’il fallait construire des Partis Communistes et mener la guerre populaire.
« Naxalbari Zindabad! », « Vive le Naxalbari! », voilà le slogan révolutionnaire. Car en 1967, la révolution indienne prenait sa source dans la révolte de la région du Naxalbari, au Bengale occidental, où les masses paysannes se soulevaient non seulement pour rejeter l’oppression, mais pour assumer le pouvoir.
Un saut qualitatif qui fait que depuis cette révolte, les maoïstes sont connuEs de manière populaire sous le nom de « naxalites », et aujourd’hui, après avoir traversé les vicissitudes, la révolution indienne reprend l’ampleur qu’elle a eu au début des années 1970, et elle revient ainsi au Bengale occidental.
En 1970-1971 en effet, les dirigeants « communistes » du Bengale occidental, inféodés à l’URSS social-impérialiste, écrasaient dans le sang la révolte des masses, pourchassant pendant deux années l’ensemble de la jeunesse urbaine, allant jusqu’à l’exterminer en masse.
Le Bengale occidental pacifié par les sociaux fascistes du Parti Communiste d’Inde (marxiste) au pouvoir, la révolution indienne s’était développée ailleurs, mais aujourd’hui elle atteint une telle ampleur qu’elle revient à sa source, au point que l’état d’urgence est ainsi de nouveau en vigueur au Bengale occidental.
Les dominants sont terrorisés en raison des actions de la guerre populaire, comme début décembre où une unité de 80 révolutionnaires en armes, dirigée par une femme, ont attaqué pendant deux heures un camp militaire à Chhurimara (à 250km de la capitale Calcutta) à partir duquel la contre-guérilla gère la construction de routes pour faciliter ses basses besognes.
Les dominants sont terrorisés par la résistance générale des masses en Inde, qui ne cesse de grandir, son développement au Bengale occidental se rajoutant à la longue liste d’Etats vacillant sous les coups de boutoir de la guerre populaire.
Les dominants tremblent en parlant du « corridor rouge », qui va du Népal jusqu’à la région du Dandakaranya dans l’Etat de l’Andhra Pradesh.
Dans l’Etat du Chhattisgarh, la guerre populaire écrase la gigantesque campagne de contre-guérilla appelée « Salwa Judum » (voir le document « La campagne de contre-guérilla « Salwa Judum » en Inde, expression de la contre-révolution mondiale »).
De janvier à octobre 2006, il y a eu dans cet Etat, selon l’Etat central réactionnaire, officiellement 627 actions naxalites, contre 319 l’année précédente; cette fin décembre, une opération naxalite rassemblant 1,000 révolutionnaires en armes a été mené contre une base de la contre-guérilla.
Dans l’Etat du Maharashtra, l’ancien pouvoir donne 300,000 roupies par village à 125 villages (122 du district Gadchiroli et trois du district Gondia) afin qu’ils rejettent les naxalites: telles sont les méthodes des dominants.
Mais les actions de la guerre populaire ne se limitent pas aux campagnes; dans la ville ouvrière de Bokaro, dans l’Etat du Jharkhand, une dizaine de policiers ont été tué par une mine ce début décembre; à la mi-décembre, dans le même Etat, la police ferroviaire d’un train se faisant prendre ses armes, ses talkies-walkies et l’argent qu’elle protégeait, pendant que les révolutionnaires faisaient de la propagande révolutionnaire dans les wagons.
Au Bengale occidental, l’actualité est également toute centrée sur la question révolutionnaire. L’entreprise Tata Motors, possédée par la famille Tata, qui comme la famille Mittal s’est enrichie énormément en servant les impérialistes, possédant chacune des centaines d’entreprises plus ou moins monopolistes, s’est appropriée 400 hectares de terres agraires pour la construction d’une usine de petites voitures à Singur, à 50 km de la capitale Calcutta.
La réaction populaire a consisté en trois grèves générales au Bengale Occidental ainsi que des affrontements; car la réaction des « communistes » du PC d’Inde (marxiste) a été à la mesure de leur nature contre-révolutionnaire : la répression tous azimuts contre les milliers de manifestants, une police ultra-violente brisant les os des opposants.
Même la pseudo-opposition et même les fascistes du BJP sont obligés d’affirmer soutenir les masses, alors que les étudiants partisans des Naxalites ont détruit le hall d’exposition de Tata Motors à Calcutta et les 400 hectares sont entourées de fils barbelés, telle une forteresse.
L’écrivain progressiste Arundhati Roy a expliqué à ce sujet que de telles politique forçaient les personnes marginalisées à prendre les armes, et que Singur n’était pas un cas isolé.
Elle a de fait raison, la revue bourgeoise impérialiste française « L’usine nouvelle » s’inquiétait fin novembre 2006 de cette résistance populaire :
« Si tous les affrontements générés par l’irruption de la sidérurgie ne se sont pas terminées par un bilan aussi sanglant qu’en Orissa, où une douzaine de manifestants ont été tués par la police sur le site du projet d’aciérie de Tata Steel, il n’en demeure pas moins que le climat ne leur est pas favorable.
Le coréen Posco, incapable de s’approcher du site en Orissa où il compte ériger une aciérie de 12 millions de tonnes de capacité, doit utiliser des photos satellitaires pour étudier le terrain.
Choisissant la voie de la conciliation, Posco s’est engagé à acquérir des terrains pour compenser les producteurs de bétel qu’il devra exproprier pour construire son unité, ceux-ci refusant une indemnisation monétaire.
Dans l’Etat de Chhattisgarh une guérilla maoïste s’en est prise à plusieurs reprises aux installations de National Mineral Development qui exploite un gisement de fer dans l’Est, détruisant des convoyeurs et endommageant un train.
Des milliers de militaires et de policiers ont été déployés pour protéger des installations menacées suite à l’autorisation donnée à Tata Steel et à Essar Steel d’exploiter le gisement de Bailadila, qui détient 1,2 milliard de tonnes de minerai de fer à haute teneur. »
On comprend que l’Inde soit le pays recevant le plus de visites de délégations militaires US : 50 rien que pour 2005!
La question des 125 millions d’« intouchables » prend également une forme révolutionnaire.
L’acquittement début décembre des 46 accusés du massacre du village de Kambalapalli, où 7 intouchables ont été brûlés vifs par des membres de hautes castes, tout comme le massacre d’une famille d’« intouchables » de Vidarbha dans le Maharashtra en novembre, qui a provoqué une série d’émeutes, montre l’actualité de la question, et les dominants ont tremblé lorsque tout le monde en Inde a parlé de l’appel aux intouchables effectué par le Parti Communiste d’Inde (maoïste).
Les dominants ont été obligé de focaliser l’attention sur une poignée de militants fascistes ayant abîmé la statue d’Ambedkar (1891-1956), dirigeant historique intouchable qui prônait non pas la révolution mais la conversion des intouchables au bouddhisme en raison de l’absence de castes dans cette religion.
De la même manière, les dominants ont diffusé l’information (par exemple dans le Times of India du 21 octobre 2006) qu’il y aurait un document à usage interne, intitulé New Challenges : Our Perspectives, qui prônerait de remettre en cause la stratégie de la guerre populaire.
Une telle information fait partie de la guerre psychologique; il y a également la promotion du film « Pothe Poni », dirigé par Tammareddy Bharadwaja, ayant gagné le prix Nandi du meilleur film et consistant en une attaque haineuse contre les « crimes gratuits » des Naxalites.
A ce titre, il y a également la claire tentative d’utiliser le Parti Communiste du Népal (maoïste) et son dirigeant Prachanda pour « modifier » la ligne du Parti Communiste d’Inde (maoïste).
Prachanda fait souvent des déclarations pour se distancer des pratiques naxalites et prôner une autre approche; des remarques qui ont largement été critiqué par le secrétaire général du Parti Communiste d’Inde (maoïste), Azad, par exemple dans l’interview à la revue « People’s March » en juin 2006.
Celui-ci y affirme entre autres :
« C’est vraiment une question très inquiétante de voir que le camarade Prachanda, au lieu d’exiger des classes dominantes indiennes expansionnistes l’arrêt de toute interférence et de cesser se mêler dans les affaires internes du Népal, ait seulement parlé de la façon dont leur tactique provoquerait un changement des perspectives des maoïstes en Inde.
Inutile de dire, ces remarques ont non seulement été profondément mal vécues par les masses révolutionnaires de notre pays qui connaissent le misérable système de la démocratie parlementaire en Inde, mais elles seront également montrées comme totalement fausses par leur pratique révolutionnaire.»
Tel est bien le cas. Le Parti Communiste d’Inde (maoïste) mène une guerre populaire victorieuse; cette guerre populaire, aux côtés d’autres guerres populaires comme celle menée par le Parti Communiste du Pérou, est la preuve que la nouvelle vague révolutionnaire rejoint et dépasse l’ancienne vague révolutionnaire des années 1970, en parfaite adéquation avec la théorie marxiste-léniniste-maoïste de la révolution mondiale.
Vive la guerre populaire en Inde!
Vive la guerre populaire mondiale!
Naxalbari Zindabad!