Le soulèvement arabe d’août 1929 a placé le mouvement révolutionnaire palestinien devant toute une série de problèmes très importants, en premier lieu celui des rapports de la question nationale avec le mouvement d’émancipation révolutionnaire des masses arabes. Le noyau de la question nationale en Palestine consiste dans la position toute particulière de la minorité juive de Palestine.
La compréhension insuffisante de cette question et une façon abstraite de la traiter, telles furent sans aucun doute les raisons principales des erreurs commises par le P.C. de Palestine, tant en ce qui concerne le travail parmi les masses que dans ses propres rangs.
En Palestine, comme dans tout pays colonial, la minorité juive, qui est sous l’influence sioniste, joue le rôle d’un agent de l’impérialisme anglais pour la répression du mouvement d’émancipation nationale du peuple arabe.
Le sionisme n’est pas seulement un instrument de l’impérialisme anglais, mais une avant-garde devant servir à l’oppression et à l’exploitation des masses arabes.
Le rôle du sionisme peut être prouvé par les faits suivants :
1° Après la défaite de l’impérialisme allemand, l’impérialisme anglais s’installa en Palestine pour utiliser les immigrés juifs dans la lutte contre le mouvement d’émancipation arabe ;
2° Les capitalistes juifs, qui sont à la recherche d’un territoire à eux pour y édifier un Etat indépendant, concentrèrent leurs efforts sur la Palestine et utilisèrent la situation misérable des masses de la population juive, des pays de l’Europe orientale pour réaliser leurs plans avec l’aide de l’impérialisme anglais ;
3° Le processus de la colonisation juive de la Palestine est lié à une expropriation en masse des petits paysans arabes.
Jusqu’à présent les sionistes ont réussi à arracher aux arabes plus de 1,25 million de dunams (1 dunam = 1000 m2) et exproprié des milliers de familles paysannes.
A leur place, on installe des colonies sionistes.
Par là, la lutte contre le sionisme devint la base de la révolution agraire en Palestine ;
4° L’immigration juive en Palestine provoque l’exclusion des ouvriers arabes.
Ainsi, grâce aux sommes considérables envoyées par la bourgeoisie juive du monde entier, l’ouvrier juif est privilégié par rapport aux ouvriers arabes.
La bourgeoisie juive est intéressée à maintenir cette position privilégiée de l’ouvrier juif pour empêcher toute organisation internationale et approfondir le fossé qui sépare l’ouvrier juif de l’ouvrier arabe.
Cependant, la crise économique provoque un processus de différenciation au sein même du mouvement sioniste.
Une partie des ouvriers juifs se détournent du sionisme et voient leur propre salut, non plus dans l’Etat sioniste juif, mais dans la lutte contre leur propre, bourgeoisie.
Mais il serait aussi faux de considérer le mouvement national arabe comme Un tout non différencié.
Il s’y produit également un processus de différenciation.
Ses éléments féodaux et semi-féodaux se détournent du mouvement d’émancipation nationale et font alliance avec l’impérialisme.
Le passage de la bourgeoisie arabe dans le camp de l’impérialisme a été précipité par le congrès arabe, qui s’est tenu en été 1928.
Depuis cette époque, la bourgeoisie arabe s’est efforcée de plus en plus de conclure un compromis avec l’impérialisme britannique.
Certes, le Comité exécutif arabe a été obligé après la dernière insurrection, de faire des gestes révolutionnaires et même de proclamer des grèves générales, mais en réalité les chefs arabes n’ont cessé de négocier avec la Grande-Bretagne.
La délégation arabe qui était à Londres il y a quelques mois a réussi à conclure un accord avec le gouvernement britannique.
S’il n’a pas été publié, c’est que le gouvernement de Macdonald, qui a besoin de la bourgeoisie arabe comme de la bourgeoisie sioniste, n’a pas voulu la discréditer devant les masses.
Entre la bourgeoisie arabe et le mouvement révolutionnaire des ouvriers et paysans arabes, il existe un groupe intermédiaire, représenté par le courant révolutionnaire petit-bourgeois d’Hamdi Husseinis.
Quoique ce groupe ne puisse être considéré comme nettement révolutionnaire, il représente cependant une force hostile à l’impérialisme, qu’on peut utiliser contre l’impérialisme et le sionisme, contre le féodalisme arabe et la bourgeoisie juive. Ce sont ces considérations qui ont inspiré la résolution adoptée par le VII Congrès du Parti.
Mobilisation des ouvriers et des paysans pour la lutte contre l’impérialisme britannique et contre le sionisme, son instrument.
Lutte contre la bourgeoisie arabe et son attitude de trahison du mouvement d’émancipation nationale.
Favoriser par tous les moyens le processus de la révolution agraire en Palestine.
Telles sont les principales tâches qui se posent actuellement devant le Parti communiste de Palestine.