MORALE, MORALITE. Règles de la vie en société et de la conduite des hommes, déterminant leurs devoirs les uns envers les autres et envers la société ; la morale est une des formes de la conscience sociale.

Pour les idéalistes, la morale est absolument indépendante des conditions matérielles de la vie des hommes. Le marxisme-léninisme, au contraire, fonde sa conception de la morale et de ses exigences non pas sur des définitions générales et abstraites, mais sur des conditions historiques concrètes. Il n’existe pas de morale en dehors de la société humaine : une telle notion est un leurre.

Dans une société de classes, la morale a un caractère de classe. Elle n’est pas une catégorie abstraite, mais une catégorie historique. A mesure que les formes de l’ordre social et la base économique évoluent, la morale évolue elle aussi.

Ainsi, après la victoire de l’ordre bourgeois, la morale de la société féodale a fait place à la morale bourgeoise. « Le système d’appropriation du surtravail des serfs attachés à la glèbe, a engendré une morale féodale ; le système de « travail libre », de travail « pour le compte d’autrui », pour celui qui détient l’argent, lui a substitué une morale bourgeoise » (Lénine : Œuvres, t. 1, éd. russe, p. 363).

La victoire de la révolution prolétarienne a eu pour conséquence la victoire d’une morale nouvelle : celle de la société communiste.

La morale communiste est subordonnée aux intérêts de la lutte de classe du prolétariat. N’est conforme à la morale communiste que ce qui contribue à détruire l’exploitation et la misère, que ce qui consolide le régime nouveau, socialiste.

La victoire remportée au pays des Soviets par la morale nouvelle, socialiste, sur la morale bourgeoise est un fait d’une portée historique mondiale. Les idéologues bourgeois s’efforcent de faire passer pour « éternels », « immuables » les principes d’une « morale » mercantile, capitaliste, qui correspondraient d’après eux à la nature même de l’homme.

L’expérience acquise en Union Soviétique prouve que ces principes sont passagers, tout comme le régime capitaliste lui-même. L’abolition de la propriété privée des moyens de production et la victoire de la propriété socialiste en U.R.S.S., l’instauration de nouvelles formes de travail, de nouveaux rapports entre les hommes, tout cela aboutit à former les nouvelles qualités morales du Soviétique.

A l’opposé de l’individualisme petit bourgeois, qui place au-dessus de tout les intérêts égoïstes, personnels, le régime soviétique apprend à l’homme à saisir l’importance primordiale des intérêts sociaux, la nécessité d’accorder les intérêts privés avec ceux de la société.

Le Soviétique adopte une attitude nouvelle envers la propriété sociale et le travail. Le principe socialiste : « Celui qui ne travaille pas ne doit pas manger », et les formes socialistes du travail sont à l’origine d’une morale nouvelle, affranchie du parasitisme bourgeois.

Le régime soviétique éduque le citoyen, le patriote soviétique, le combattant pour le communisme, pour le bonheur de l’humanité. Le patriotisme soviétique (V.) qui est une des manifestations les plus frappantes de la morale nouvelle, communiste, de la nouvelle psychologie de l’homme au pays du socialisme, est un puissant stimulant qui permet aux Soviétiques d’accomplir des prodiges.

En épurant la conscience de l’homme des survivances de la morale capitaliste, le régime socialiste soviétique forme et développe l’attitude communiste envers le travail, envers la propriété collective, le dévouement à la patrie socialiste, l’esprit novateur, la persévérance, la volonté, etc.

Le régime soviétique affranchit la morale d’un des traits les plus répugnants que le capitalisme inculque à l’homme : la haine nationaliste envers les autres peuples, envers les hommes d’autres races et nationalités.

La conscience des Soviétiques est pénétrée d’internationalisme prolétarien (V.), de respect envers les autres peuples. Ce trait de la conscience et de la morale socialistes s’est manifesté d’une manière éclatante pendant la Grande guerre nationale, quand les Soviétiques accomplirent leur mission émancipatrice en aidant les peuples européens à se délivrer du joug fasciste.

Ce trait apparaît aujourd’hui également, à l’heure où le peuple soviétique est à la pointe du front commun des peuples du monde dans la lutte pour la paix.

Les traits de la nouvelle morale communiste se manifestent également dans la vie quotidienne des Soviétiques, dans la famille, dans leur attitude envers la femme. Pour réaliser pratiquement l’égalité de la femme, le pouvoir soviétique a accompli ce que fut incapable d’accomplir la société bourgeoise.

Le parti communiste enseigne que la nouvelle morale ne se développe que dans la lutte du nouveau contre l’ancien, dans la lutte contre les vestiges de l’ancienne morale bourgeoise. On trouve encore en U.R.S.S. des survivances de la mentalité et de la morale engendrées par la propriété privée, ainsi que des porteurs de ces survivances.

Le parti apprend à lutter sans pitié contre les survivances de l’ancien, qui freinent le développement de la société soviétique. Le parti exige de ses membres qu’ils soient des citoyens avancés, qu’ils donnent l’exemple dans l’accomplissement des devoirs que comporte la morale communiste.

Les principes essentiels de la morale communiste sont formulés dans les Statuts du Parti communiste de l’Union Soviétique approuvés par le XIXe congrès du parti, au chapitre relatif aux devoirs des membres du parti.

Le parti exige que ses membres soient des combattants actifs pour la réalisation des décisions du parti, qu’ils servent d’exemple dans le travail, qu’ils sauvegardent et consolident la propriété collective, socialiste, base sacrée et inviolable du régime soviétique ; qu’ils affermissent continuellement leurs liens avec les masses, travaillent à élever leur conscience, s’assimilent les principes du marxisme-léninisme, respectent la discipline du parti et de l’Etat, développent la critique venant d’en bas et l’autocritique, soient loyaux et honnêtes à l’égard du parti, etc. (V. également Education communiste des travailleurs ; Survivances du capitalisme dans la conscience des hommes.)

MORE Thomas (1478-1535). Un des fondateurs du socialisme utopique, humaniste renommé. Né à Londres dans une famille de robe, il fit ses études à l’Université d’Oxford. Sous Henri VIII, il exerça d’importantes fonctions publiques. Accusé de « haute trahison », il fut décapité.

Il est l’auteur d’un ouvrage remarquable, paru en 1516 sous le titre : « De optimo reipublicae statu, deque nova insula Utopia ». Dans ce livre, qui date de l’époque de l’accumulation capitaliste primitive, More critique les rapports capitalistes naissants, montre les souffrances du peuple.

On lui doit la sentence bien connue : « les moutons ont dévoré les hommes », qui caractérise les méthodes barbares de l’instauration du capitalisme en Angleterre : les propriétaires fonciers chassaient les paysans de leurs terres, clôturaient les champs et les transformaient en pâturages pour les moutons.

D’après More, l’origine de tous les maux sociaux est la propriété privée. A l’ordre social fondé sur la propriété privée, il oppose le régime idéal d’un pays fantastique, l’Utopie, reposant sur la propriété, la production et la répartition collectives, c’est-à-dire le régime socialiste.

More fut le premier à imaginer une société socialiste idéale. Il donna à son île bienheureuse le nom d’« Utopie », ce qui signifie littéralement « lieu qui n’existe nulle part » (de là l’épithète « utopique » désignant le socialisme primitif, non scientifique).

L’Etat d’Utopie réunit 54 villes, dont chacune possède des domaines réservés à l’agriculture. Tous les adultes, hommes et femmes, sauf les savants et les fonctionnaires, sont occupés à un travail productif.

La cellule fondamentale de la production est la famille dont le nombre des membres varie suivant le caractère de son activité. Chaque famille exerce un métier. En Utopie il n’y a pas de population rurale proprement dite ; tous les Utopiens, à tour de rôle, sont tenus de travailler deux années dans l’agriculture.

Ainsi More s’efforce d’éliminer l’opposition entre la ville et la campagne (V.). Tout ce qui est produit par les Utopiens appartient à la société. Grâce à l’absence de parasitisme, il y règne l’abondance de produits de toute sorte, répartis selon les besoins des citoyens ; la journée de travail est réduite à 6 heures.

Aux heures de loisir, les Utopiens s’adonnent aux sciences et aux arts. L’Utopie est gouvernée selon des principes démocratiques.

Bien que dans son tableau de la société future More ait émis des conjectures géniales, ses conceptions n’en restent pas moins extrêmement primitives et inconsistantes.

Ainsi, l’économie en Utopie est fondée sur la production artisanale.

L’idée que pour édifier le socialisme on aura besoin d’une technique hautement perfectionnée, est étrangère à More. La satisfaction des besoins des habitants, en Utopie, implique une certaine limitation de ces besoins, notamment en ce qui concerne l’habitation et le vêtement. Ignorant les machines, qui pourraient remplacer l’homme dans les travaux pénibles.

More admet l’esclavage en Utopie, ce qui viole le principe de l’égalité. Dans le rêve de More, le passage au nouvel ordre social se réalisait pacifiquement, et non par la voie révolutionnaire, — ce qui s’explique par l’étroitesse historique et l’étroitesse de classe de son utopisme.

Le livre de More exerça une grande influence sur le développement des idées socialistes.


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