Affiche du film "Mitchourine", de Alexandre Dovjenko - Union Soviétique 1949

Affiche du film « Mitchourine », de Alexandre Dovjenko – Union Soviétique 1949

MITCHOURINE Ivan Vladimirovitch (1855-1935). Remarquable biologiste qui contribua puissamment au développement du darwinisme, de la biologie scientifique, et dont le nom évoque une nouvelle époque dans le développement de la science matérialiste de la nature vivante.

La vie de Mitchourine se divise en deux périodes séparées par la révolution et qui diffèrent fortement l’une de l’autre.

Avant la Grande Révolution d’Octobre, Mitchourine a effectué tous ses travaux à ses propres frais sans recevoir le moindre subside. Il accomplissait sa tâche d’une portée nationale — la création de nouvelles sortes de plantes — à ses risques et périls, dans un jardin minuscule.

Ses idées géniales restaient méconnues. Ayant appris l’existence de nouvelles sortes d’arbres fruitiers créées par lui, des hommes d’affaires américains lui avaient proposé de se rendre dans leur pays. Mais le grand patriote avait refusé celte offre.

Seule la Révolution socialiste d’Octobre lui permit de déployer son activité scientifique et pratique.

Le jardin de Mitchourine fut transformé en une vaste pépinière. Des instituts de recherches scientifiques furent nouvellement fondés pour développer et introduire dans la pratique agricole les idées de Mitchourine.

En 1934, Mitchourine a écrit : « Le rêve de ma vie est en train de se réaliser : les nouvelles variétés précieuses de plantes fruitières créées par moi passent des terrains d’essais non pas chez tel ou tel riche koulak, mais dans les vergers des kolkhoz et des sovkhoz où elles remplacent les vieilles variétés de qualité inférieure et de faible rendement. »

Darwin (V.) ne faisait qu’expliquer les lois du monde organique, Mitchourine a par contre fondé la théorie matérialiste des moyens de transformer le monde végétal. L’activité scientifique et la conception du monde de Mitchourine d’avant 1917, s’appuyaient sur le matérialisme militant et les conceptions démocratiques des grands matérialistes et démocrates révolutionnaires russes du milieu du XIXe siècle.

Après 1917, Mitchourine prit connaissance des œuvres des classiques du marxisme-léninisme et devint un matérialiste dialecticien convaincu, un champion du socialisme et du communisme, un adversaire du capitalisme.

Il a éclairé et tranché les problèmes de l’agrobiologie à partir des positions du matérialisme dialectique. Selon Mitchourine, c’est dans la nature même que plongent les racines de l’histoire naturelle et celle-ci tend spontanément vers la dialectique.

Dans son avant-propos à la troisième édition de son livre « Principes et méthodes de travail », il écrivait : « Pour la dialectique « il n’est rien de définitif, d’absolu, de sacré ; elle montre la caducité de toutes choses, et rien n’existe pour elle que le processus ininterrompu du devenir et du périr, de l’ascension sans fin de l’inférieur au supérieur » (Engels).

Je m’en suis toujours tenu à ce principe dans mon travail et il m’a inspiré dans toutes les nombreuses expériences que j’ai entreprises tant pour améliorer les variétés existantes que pour obtenir de nouvelles variétés de plantes à fruits. »

Dans tous ses travaux, Mitchourine s’est inspiré de l’idée du développement. Chaque individu, écrivait-il, se développe jusqu’à l’éclosion complète de ses qualités spécifiques, puis commence à les perdre peu à peu, vieillit et enfin meurt. De même que tout dans la nature, l’espèce change, « tout s’écoule, tout change ».

Mitchourine était convaincu de la puissance de la science et de la pratique, de la possibilité de connaître la nature et de percer le mystère de la formation des espèces. Il a établi sa théorie sur des fondements matérialistes conséquents, sans faire jamais de concession à l’idéalisme.

Mitchourine considérait l’organisme en relation étroite avec les conditions de son existence ; il reconnaissait le rôle décisif joué par les échanges de matières entre l’organisme et la nature. Il a beaucoup fait pour réfuter les assertions idéalistes des weismanistes-morganistes-mendélistes, leurs « choses en soi » inconnaissables, leurs gènes mystiques, leur conception du rôle du hasard dans la science et dans la vie pratique. (V. weismanisme-morganisme ; Mendélisme.)

Véritable révolutionnaire dans le domaine de la science, il n’a pas craint de souligner les côtés faibles et erronés du darwinisme.

Grand expérimentateur, Mitchourine élabora des méthodes scientifiques permettant de diriger la vie des plantes et de transformer la nature vivante.

La doctrine de Mitchourine traite : 1° de la théorie et des méthodes d’hybridation artificielle (sexuelle, végétative, intra-spécifique et éloignée), 2° de la théorie et des méthodes d’éducation dirigée des organismes, 3° de la théorie et des méthodes de la sélection artificielle.

Ces trois aspects de la doctrine mitchourinienne sont inséparables ; ils constituent un modèle d’application du matérialisme dialectique à l’étude de l’hérédité et de la variabilité des formes organiques, à la création pratique de nouvelles sortes de plantes.

Mitchourine consacra toute sa vie au peuple travailleur. Il considérait sa pépinière comme un atelier où l’on forgeait de nouvelles variétés répondant mieux « aux besoins vitaux des travailleurs ». « Toutes mes acquisitions appartiennent à la société socialiste sans classes », écrivait-il en 1932. Il disait : « Notre but est de transformer les propriétés des plantes dans un sens profitable aux travailleurs. »

Partant de la thèse fameuse de Marx : « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter différemment le monde, mais il s’agit de le transformer », Mitchourine formula ainsi la tâche de la biologie : « Nous ne pouvons attendre les bonnes grâces de la nature ; les lui arracher : voilà notre tâche. »

La vie de Mitchourine est un effort constant en vue de transformer les propriétés des plantes La création de nouvelles variétés coûta à Mitchourine des dizaines d’années d’un travail systématique et acharné.

Comme il le reconnaissait lui-même, sa méthode principale « consistait à aller sans cesse de l’avant, à vérifier rigoureusement et à refaire ses expériences… ». On doit au grand savant plus de trois cents sortes de nouvelles plantes à fruits. Mais son héritage le plus précieux est sa théorie, la doctrine mitchourinienne (V.).

Les œuvres choisies de I. Mitchourine en un volume ont paru en français, en 1949 et 1951 (Editions en langues étrangères. Moscou).

MODE. Terme en usage dans la philosophie prémarxiste et désignant un caractère propre à un objet dans certains de ses états, alors que l’attribut (V.) est une propriété imprescriptible d’un objet, quel que soit son état.

La philosophie de Spinoza (V.) qualifie de modes tous les états passagers d’une substance et dont l’origine ne réside pas en eux-mêmes, mais dans la substance et ses attributs.

Les modes expriment la pluralité infinie des choses et leurs qualités temporaires, dans lesquelles se manifeste la substance (V.) matérielle une, éternelle et infinie.

MODE DE PRODUCTION DES BIENS MATERIELS. Mode d’obtention des moyens d’existence (nourriture, vêtements, logement, instruments de production, etc.), nécessaires à la vie des hommes, à la vie et au développement de la société.

Le mode de production constitue la base du régime social dont il détermine le caractère. Tel mode de production, telle société elle-même. Chaque mode de production nouveau, supérieur, marque un degré nouveau, supérieur de l’histoire humaine.

Depuis l’origine de la société, différents modes de production se sont succédé : commune primitive (V.), esclavage V.), féodalisme (V.), capitalisme (V.). A notre époque au mode de production capitaliste, qui a fait son temps, se substitue un nouveau mode de production, socialiste qui a déjà vaincu en U.R.S.S. (V. Socialisme).

Le mode de production présente deux aspects. L’un est constitué par les forces productives (V.) de la société qui expriment le comportement des hommes à l’égard des objets et des forces de la nature utilisés pour produire les biens matériels indispensables.

L’autre aspect, ce sont les rapports de production (V.) entre les hommes au cours de la production sociale.

L’état de ces rapports montre à qui appartiennent les moyens de production, à la société entière ou bien à certains individus, groupes ou classes qui s’en servent pour exploiter d’autres individus, groupes, classes.

Le marxisme critique sévèrement la thèse suivant laquelle le mode de production se réduit aux forces productives, qui pourraient soi-disant exister sans rapports de production. Telle est par exemple la conception de Bogdanov et de Boukharine qui ramènent le mode de production aux forces productives, à la technologie, et les lois du développement de la société à l’« organisation » des forces productives.

En réalité les deux aspects du mode de production sont indissolublement liés ; ils ne peuvent pas exister l’un sans l’autre. Chaque mode de production historiquement déterminé est une unité des forces productives et des rapports de production.

Mais cette unité est dialectique. Après avoir surgi sur la base des forces productives, les rapports de production exercent une grande influence en retour. Ils entravent le développement des forces productives ou le favorisent. Au cours de l’évolution du mode de production, les rapports de production retardent nécessairement sur les forces productives qui sont l’élément le plus mobile.

Ainsi à une certaine phase du développement du mode de production, une contradiction surgit entre ses deux aspects.

Les rapports de production périmés commencent à entraver l’essor des forces productives. La contradiction entre le niveau atteint par les forces productives et les rapports de production caducs ne peut être surmontée que par la substitution aux rapports de production surannés de nouveaux rapports qui correspondent aux nouvelles forces productives.

Les nouveaux rapports de production deviennent le facteur principal, décisif d’un nouvel et puissant essor des forces productives.

Le conflit entre les forces productives et les rapports de production dans le cadre d’un seul et même mode de production constitue la base fondamentale des révolutions sociales dans les formations antagoniques.

Sous le socialisme, la contradiction entre les deux aspects du mode de production ne dégénère pas en opposition, n’aboutit pas à un conflit.

S’appuyant sur les lois économiques objectives du développement, l’Etat socialiste et le parti communiste ont la possibilité d’éliminer à temps les contradictions mûrissantes entre les anciens rapports de production et les nouvelles forces productives en mettant les rapports de production en correspondance avec le nouveau caractère des forces productives et leur niveau (V. également Loi de la correspondance nécessaire entre les rapports de production et le caractère des forces productives.)


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