MIKHAILOVSKI Nikolaï Konstantinovitch (1842-1904). Sociologue et publiciste russe, chef du populisme (V.) libéral, ennemi du marxisme. Dans les revues « Otétchestvennyé Zapiski » [Annales de la Patrie] et « Rousskoïé Bogatstvo » [Richesse russe] dont il était le rédacteur en chef, Mikhaïlovski combattait avec acharnement le marxisme.

Partisan de la méthode subjective en sociologie (V.), il démontrait que la société n’est qu’une « foule » aux conceptions uniformes, grises et banales. L’« individu héroïque » organise la foule, en fait une masse cohérente pour un certain temps, l’entraîne à la lutte.

La théorie idéaliste des « héros » et de la « foule » servait de fondement à la tactique populiste de terrorisme individuel. Lénine et Plékhanov menèrent une lutte sans merci contre la tactique et les théories idéalistes réactionnaires des populistes (Lénine dans son livre « Ce que sont les « amis du peuple » et comment ils luttent contre les social-démocrates » — V., et dans d’autres ouvrages, Plékhanov dans son livre « Essai sur le développement de la conception moniste de l’histoire » — V.).

Lénine s’élevait contre les libéraux et les démocrates bourgeois qui s’attachaient à « faire passer Mikhaïlovski pour un socialiste et à démontrer qu’il est possible de concilier sa philosophie et sa sociologie bourgeoises avec le marxisme » (Lénine : Œuvres, t. 20, éd. russe, p. 99).

En fait, écrivait Lénine, les conceptions de Mikhaïlovski — non seulement dans le domaine économique, mais aussi en philosophie et en sociologie, — étaient des conceptions démocratiques bourgeoises, voilées de phrases « socialistes ». La caractéristique de l’essence du populisme et de la fausseté des conceptions populistes est également donnée dans le « Précis d’Histoire du P.C.(b) de l’U.R.S.S. ».

MILIEU GEOGRAPHIQUE. Nature environnante, conditions extérieures de la vie sociale : le climat, le sol, les richesses du sous-sol, etc. Le milieu géographique, qui est une des conditions nécessaires et permanentes de la vie matérielle de la société (V. Conditions de la vie matérielle de la société) influe sur le développement social.

Il accélère ce développement si la situation géographique du pays considéré est favorable, si le pays possède des ressources naturelles ; il l’entrave, si les conditions favorables font défaut.

Mais le milieu géographique ne joue nullement un rôle déterminant dans l’évolution de la société ; il reste relativement identique au cours d’une longue période, ses modifications s’effectuent très lentement, tandis que la vie sociale évolue beaucoup plus vite.

Le milieu géographique ne peut être la cause principale du développement de la société. L’influence du milieu géographique sur la société dépend elle-même du niveau de développement de la production matérielle. Elle varie selon l’état des forces productives de la société.

Au cours des premiers stades du développement de la société, les fleuves et les mers, par exemple, séparaient les hommes, mais la construction de navires et la navigation les transformèrent en voie de communication et en firent un moyen de rapprochement, de liaison entre les peuples.

Autrefois, beaucoup de minéraux (charbon, pétrole, minerais, etc.) n’avaient pas d’importance pour la société alors que le niveau actuel du développement de l’industrie et de la technique leur assigne un grand rôle dans la production des biens matériels.

La possibilité d’utiliser les richesses naturelles est déterminée par le caractère du régime social.

Sous le régime capitaliste la nature est l’objet d’une exploitation forcenée. Les brasseurs d’affaires ne s’inquiètent pas du fait qu’une telle exploitation diminue les possibilités d’utiliser ces ressources dans l’intérêt de la société.

Le socialisme, au contraire, crée de larges possibilités d’exploiter les richesses de la nature dans l’intérêt des travailleurs.

« MISERE DE LA PHILOSOPHIE ». L’un des premiers ouvrages de Marx, où sont exposés les principes du socialisme scientifique. Rédigé en français au début de 1847, il attaque les conceptions de l’anarchiste Proudhon (V.), philosophe et économiste petit-bourgeois français.

En 1846 avait paru « Le Système des contradictions économiques ou la Philosophie de la Misère » de Proudhon, qui idéalise la petite propriété et qui, pour la perpétuer, préconise non pas la destruction du capitalisme et de sa base, la production marchande, mais l’amélioration, le perfectionnement, la réforme du capitalisme.

Proudhon considère la propriété privée des moyens de production et l’échange comme les fondements immuables, éternels de toute société, et les proclame « institutions de justice». En éliminant les « mauvais » côtés et conséquences de la production capitaliste et en gardant ses « bons » côtés, ses côtés « utiles » (utiles pour le petit bourgeois) on pourrait, selon Proudhon, assurer la prospérité de tous, mettre fin à la misère par une voie pacifique, réformiste, sans lutte de classes, sans révolution sociale.

Dans « Misère de la Philosophie » Marx soumet à une critique impitoyable cette utopie réactionnaire, profondément fausse et philistine.

Il dévoile le caractère antiscientifique, inepte de la phraséologie « dialectique » de Proudhon, et montre que celui-ci ne s’est pas élevé au-dessus de l’horizon bourgeois, que sa « méthode » d’analyse et sa prétendue « solution » des contradictions économiques du capitalisme ne sont rien d’autre que du « charlatanisme scientifique et accommodements politiques… » (« Misère de la Philosophie », P. 1947, p. 143).

La critique que fait Marx dans cet ouvrage de la dialectique idéaliste de Hegel ne laisse pas d’être intéressante. Il oppose à la dialectique idéaliste sa propre méthode dialectique, fondée sur la conception matérialiste de la réalité.

Proudhon ignorait tout du rôle et de l’importance du prolétariat dans la société moderne. Marx écrivait que Proudhon et ses partisans « ne voient dans la misère que la misère, sans y voir le côté révolutionnaire subversif, qui renversera la société ancienne » (Ibid., p. 100).

Fort de la méthode dialectique matérialiste, Marx fournit dans « Misère de la Philosophie » une analyse scientifique du caractère antagonique du mode de production capitaliste. Il montre la cause véritable de l’oppression, de la misère et des calamités que subissent les travailleurs : l’exploitation du Travail par le Capital.

Mais au sein de la société capitaliste grandit, s’organise, s’instruit et se trempe une classe nouvelle, le prolétariat, fossoyeur du capitalisme, bâtisseur de la société nouvelle.

« La condition d’affranchissement de la classe laborieuse c’est l’abolition de toute classe… En attendant, l’antagonisme entre le prolétariat et la bourgeoisie est une lutte de classe à classe, lutte qui, portée à sa plus haute expression, est une révolution totale…

Ce n’est que dans un ordre de choses, où il n’y aura plus de classes et d’antagonisme de classes, que les évolutions sociales cesseront d’être des révolutions politiques. Jusque-là, à la veille de chaque remaniement général de la société, le dernier mot de la science sociale sera toujours : « Le combat ou la mort, la lutte sanguinaire ou le néant. C’est ainsi que la question est invinciblement posée » (Ibid., pp. 135-136), conclut Marx.

L’ouvrage « Misère de la Philosophie » a amplement éclairé le rôle et les tâches historiques de la lutte de classe du prolétariat. L’œuvre de Marx n’a rien perdu de son actualité, c’est une arme dans la lutte contre les réformistes qui s’inspirent des idées proudhoniennes.


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