METHODE DIALECTIQUE MARXISTE. La seule méthode scientifique de connaissance. Créée par Marx et Engels et développée dans des conditions historiques nouvelles par Lénine et Staline, elle est la science des lois les plus générales du développement de la nature, de la société et de la pensée.
Partie intégrante de la philosophie marxiste — le matérialisme dialectique et historique — (V. Matérialisme dialectique ; Matérialisme historique), cette méthode est un guide pour l’action révolutionnaire du parti prolétarien.
Dans son article « La correspondance de Marx et d’Engels », Lénine souligne la portée de la dialectique matérialiste pour la théorie du communisme scientifique, la stratégie et la tactique du parti communiste, la synthèse des découvertes scientifiques :
« Si l’on essaye d’un seul mot de définir, pour ainsi dire, le foyer de toute la correspondance, — le point central vers lequel converge tout le faisceau des idées émises et étudiées, ce mot sera la dialectique.
L’application de la dialectique matérialiste à l’économie politique, en vue de la remanier de fond en comble, à l’histoire, aux sciences naturelles, à la philosophie, à la politique et à la tactique de la classe ouvrière, — voilà ce qui intéresse le plus Marx et Engels ; c’est là qu’ils apportent ce qu’il y a de plus essentiel et de nouveau ; c’est en cela que consiste leur marche géniale en avant dans l’histoire de la pensée révolutionnaire » (Lénine : Marx-Engels-marxisme, M. 1954, pp. 67-68).
La méthode dialectique marxiste est née et s’est développée dans la lutte contre la méthode métaphysique, méthode antiscientifique (V. Métaphysique) et contre la dialectique idéaliste de Hegel (V.).
En utilisant le noyau rationnel de la dialectique hégélienne, la théorie du développement, Marx et Engels ont fondé une méthode dialectique nouvelle, diamétralement opposée à la dialectique idéaliste de Hegel.
L’opposition de la méthode dialectique marxiste et de la méthode de Hegel exprime l’opposition entre les conceptions du monde prolétarienne et bourgeoise. La dialectique de Hegel est idéaliste et mystificatrice, puisqu’elle affirme que ce n’est pas le monde réel qui se développe, mais l’« idée absolue ».
La nature est envisagée comme une substance « inférieure » par rapport à l’esprit, et le développement du monde matériel est méconnu. Appliquée à l’histoire de la société, la dialectique de Hegel ne reconnaît le devenir que dans le passé, et le nie dans le présent et dans le futur.
A une certaine étape, l’évolution de la société s’arrêterait ; le degré suprême de toute l’évolution, son couronnement, était, pour la philosophie hégélienne, l’Etat réactionnaire des hobereaux prussiens de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle.
A l’encontre de la dialectique hégélienne, la dialectique marxiste est matérialiste : la base du développement, c’est le monde objectif réel, la nature matérielle ; la conscience, les idées ne sont que des reflets de la nature. En conformité avec la réalité elle-même, la dialectique matérialiste étend les principes du développement à la nature.
Dans leurs ouvrages, les classiques du marxisme ont montré le caractère dialectique de la nature, en se basant sur les grandes réalisations des sciences. A l’opposé de la dialectique hégélienne, la méthode dialectique marxiste est essentiellement révolutionnaire et embrasse le présent et l’avenir de la société humaine.
Elle rejette comme absurde l’affirmation selon laquelle le développement de la société s’arrête à une certaine étape. En appliquant la dialectique révolutionnaire à l’analyse du mode de production capitaliste, Marx a démontré dans « Le Capital » (V.), son œuvre maîtresse, que la fin du capitalisme et le passage de l’humanité au communisme sont inévitables.
Les principaux traits caractéristiques de la méthode dialectique marxiste sont les suivants :
1. La nature est considérée comme un tout cohérent, où les objets et les phénomènes dépendent les uns des autres, se conditionnent réciproquement ; tout est en liaison et en interaction.
2. La nature est dans un état de mouvement perpétuel, de changement, de rénovation, où constamment quelque chose naît et se développe, quelque chose meurt et disparaît ; tout est en mouvement, tout change.
3. Le développement de la nature est un processus dans lequel s’effectue, faisant suite à une accumulation graduelle de petits changements latents, quantitatifs, le passage par bonds à des changements apparents, radicaux, qualitatifs ; les changements quantitatifs se transforment en changements qualitatifs. Le développement n’est pas une simple répétition du passé, mais un mouvement progressif du degré inférieur au degré supérieur, un mouvement dont la courbe n’est pas circulaire mais ascendante.
4. Les contradictions internes sont inhérentes aux objets et aux phénomènes, toute chose a un côté positif et un côté négatif, comprend des éléments qui dépérissent et d’autres qui se développent ; la lutte entre ce qui dépérit et ce qui se développe constitue le contenu interne du développement, de la transformation des changements quantitatifs en changements qualitatifs ; la lutte des contraires fait avancer.
Ces principes de la méthode dialectique s’appliquent intégralement au développement de la société. Chaque formation économique et sociale (par exemple l’esclavage, le féodalisme, le capitalisme, le socialisme) constitue un tout, où les différents aspects et phénomènes (mode de production des biens matériels — V., régime politique, vie spirituelle) s’enchaînent et agissent les uns sur les autres.
Les idées sociales, les institutions politiques, dont les racines plongent dans le régime économique, base de la société, exercent une action en retour sur le régime économique, fondement de cette action réciproque. La succession des formations économiques et sociales dans l’histoire de la société témoigne du mouvement continuel qui règne dans la vie sociale.
Dans la société comme dans la nature, seul est invincible ce qui naît et se développe.
La substitution d’une formation économique et sociale à une autre représente un bond, une transition révolutionnaire, d’un état qualitatif de la société à un autre, par suite de l’accumulation des changements quantitatifs.
C’est ainsi que l’accumulation graduelle des forces du prolétariat (accroissement numérique, meilleure organisation, progrès de sa conscience de classe, affermissement de ses liens avec tous les travailleurs et exploités) aboutit à la victoire de la révolution socialiste et à la transformation du prolétariat, de classe opprimée et exploitée qu’il était sous le capitalisme en classe dominante qui oriente le développement de la société vers le communisme.
Cette victoire implique des conditions objectives engendrées par l’évolution économique sous le capitalisme. Toute formation historique nouvelle représente un progrès, un degré supérieur par rapport à la formation sociale antérieure : le capitalisme est un régime social supérieur au féodalisme, le socialisme marque, par rapport au capitalisme, un degré infiniment supérieur de l’évolution sociale.
Le moteur de ce processus, c’est la lutte de classes qui se poursuit dans toutes les formations sociales antagoniques, et qui traduit la contradiction existant dans le mode de production lui-même, la contradiction entre les forces productives (V.) et les rapports de production (V.).
L’histoire de la société, comme celle de la nature, atteste donc que tout se développe dialectiquement dans le monde.
Un des principes essentiels de la dialectique marxiste, seule méthode scientifique d’aborder les phénomènes de la nature et de la société, proclame la nécessité de vérifier par la pratique les vérités acquises, de tenir compte des nouvelles conditions historiques, des changements dus à l’activité pratique des hommes.
La dialectique marxiste ne se limite pas à ces traits principaux, essentiels. Elle trouve également son expression dans certaines autres catégories importantes. (V. Essence et phénomène ; Forme et contenu ; Historique et logique ; Nécessité et hasard ; Possibilité et réalité, etc.)
La dialectique matérialiste est en même temps la théorie de la connaissance ; seule la théorie dialectique du développement permet de comprendre la connaissance en tant que processus, de voir comment la connaissance humaine se développe historiquement et logiquement, de révéler la nature dialectique des concepts, etc. La dialectique est aussi la logique — doctrine du caractère dialectique des lois et des formes de la pensée.
Lénine appelle la dialectique matérialiste « l’âme du marxisme ». En appliquant la dialectique à l’analyse des nouvelles conditions historiques de l’époque de l’impérialisme et des révolutions prolétariennes, à l’analyse de l’édification de la société socialiste, Lénine et Staline ont défendu la dialectique marxiste contre les attaques des opportunistes et des réformistes, ils l’ont enrichie, l’ont élevée à un degré nouveau, supérieur.
Les nouvelles conditions historiques de l’époque de l’impérialisme et des révolutions prolétariennes, ainsi que celles de la construction du socialisme ont mis au premier plan les problèmes de la dialectique.
Sans l’enrichissement de la méthode dialectique, il était impossible de voir clair dans le brusque tournant que l’histoire a opéré à notre époque, de définir nettement les tâches incombant au prolétariat et à son parti révolutionnaire au cours de celte période nouvelle, de mettre au point la tactique et la stratégie de leur lutte.
Toute l’activité héroïque du Parti communiste de l’Union Soviétique est un modèle d’application créatrice de la dialectique matérialiste, de la philosophie marxiste dans son ensemble, à la stratégie et à la tactique de la classe ouvrière dans sa lutte pour la révolution socialiste, pour le socialisme.
Contrairement à la métaphysique, base méthodologique des théories bourgeoises qui postulent l’existence éternelle du capitalisme et des théories réformistes de l’« intégration pacifique » du capitalisme au socialisme, la dialectique marxiste arme les révolutionnaires prolétariens, les combattants du communisme, d’une connaissance exacte des lois objectives régissant le développement et la transformation révolutionnaire de la société.
Elle enseigne que pour pratiquer une politique révolutionnaire juste il faut s’orienter sur les couches de la société qui se développent et qui ont de l’avenir, qu’il faut regarder en avant et non en arrière, qu’il faut être révolutionnaire et non réformiste, qu’il ne faut pas estomper les contradictions, mais les mettre à jour et les surmonter, qu’il faut pratiquer une politique prolétarienne implacable de lutte de classe.
La dialectique marxiste établit la nécessité et la légitimité des révolutions des classes opprimées et enseigne que seul un bond révolutionnaire, une révolution sociale est capable de détruire les assises de la société exploiteuse et d’assurer la construction de la société socialiste.
Les travaux de Lénine et de Staline, de leurs disciples et compagnons d’armes, ainsi que les décisions du parti communiste, ont révélé les nouveaux traits, les nouvelles formes sous lesquelles se manifestent les lois générales du développement dialectique après la victoire de la révolution prolétarienne en U.R.S.S.
Si Marx, dans son « Capital », a analysé la dialectique de la société capitaliste, Lénine et Staline ont, dans leurs travaux sur la construction du socialisme en U.R.S.S., étudié la dialectique de la transition du capitalisme au socialisme, la dialectique du développement du socialisme lui-même.
Pour construire le communisme, le parti communiste s’appuie dans toute son activité sur la connaissance des lois dialectiques objectives du développement. La généralisation théorique de l’expérience pratique du parti est d’une portée inappréciable pour le développement de la méthode marxiste.
La méthode dialectique marxiste revêt une importance énorme pour les sciences de la nature. La dialectique est la seule méthode valable, l’instrument irremplaçable de l’investigation scientifique.
Les données les plus récentes de toutes les sciences de la nature confirment pleinement la justesse de la méthode dialectique marxiste, qui devient l’apanage de milieux de plus en plus larges de savants progressistes non seulement en Union Soviétique, mais dans le monde entier.
(V. également Bond ; Connexion et interaction des phénomènes ; Conversion des changements quantitatifs en changements qualitatifs ; Lutte des contraires ; Mouvement ; Nouveau et ancien.)
METHODE SUBJECTIVE EN SOCIOLOGIE. Conception antiscientifique, idéaliste de l’histoire : elle envisage celle-ci comme le résultat de l’activité arbitraire de personnalités éminentes.
Suivant cette conception, les masses populaires ne peuvent jouer un rôle décisif dans l’histoire. Cette méthode ignore les lois objectives du développement de la société : l’histoire représente, pour elle, un ensemble chaotique d’événements fortuits.
En opposition directe avec le matérialisme historique (V.), elle est utilisée depuis longtemps par les idéologues bourgeois et petits-bourgeois dans leur lutte contre le marxisme.
En Russie, avant la révolution, les populistes (V. Populisme) adoptaient cette position réactionnaire ; leurs porte- parole : Lavrov (V.), Mikhaïlovski (V.), etc., déclaraient que les individus doués d’un « esprit critique » étaient les démiurges de l’histoire. De là leur négation de l’initiative révolutionnaire des masses et leur tactique de terrorisme individuel.
Niant que la succession des formations sociales repose sur des lois objectives, les partisans de la méthode subjective affirmaient que le capitalisme en Russie était un fait du « hasard », qu’il ne devait pas se développer, et que par conséquent, le prolétariat ne se développerait pas non plus. La critique de G. Plékhanov (V.) porta un coup sérieux à cette méthode réactionnaire.
Lénine dans « Ce que sont les « amis du peuple » et comment ils luttent contre les social-démocrates » (V.) infligea une défaite idéologique définitive au populisme.
On trouve aussi une profonde critique scientifique de là méthode subjective en sociologie dans l’ouvrage de J. Staline « Anarchisme ou socialisme ? » (V.), où est dénoncé le point de vue idéaliste et réactionnaire des anarchistes qui considèrent l’individu comme la force décisive du développement historique.
La méthode subjective de la sociologie bourgeoise actuelle est une arme au service de l’impérialisme. Au moyen de cette méthode, les idéologues de l’impérialisme, en niant les lois de l’histoire et en présentant l’individu comme le créateur de l’histoire, s’efforcent de justifier la domination des banquiers et des ploutocrates sur l’humanité éprise de liberté.
Le matérialisme historique, seule théorie scientifique des lois du développement de la société, s’oppose à la méthode subjective en sociologie ainsi qu’aux autres conceptions idéalistes.
METHODOLOGIE. a) Science de la méthode (V.), des moyens d’investigation ; b) ensemble des procédés, des méthodes de recherche employés dans une science.
MIGNET François Auguste (1796-1884). V. Historiens français de la Restauration.