METAPHYSIQUE. Méthode antiscientifique d’aborder les phénomènes de la nature, de les étudier isolément l’un de l’autre et de les considérer comme invariables ; méthode diamétralement opposée à la dialectique qui envisage les phénomènes dans leur développement, leur changement et leur enchaînement.

La méthode métaphysique marque un échelon historiquement nécessaire du progrès de la connaissance humaine. L’analyse et la classification des phénomènes et des objets de la nature ont rendu possibles les immenses succès réalisés par les sciences du XVe au XVIIIe siècle.

Mais cette méthode a légué l’habitude de considérer séparément les objets, sans tenir compte de leur changement et de leur devenir. « Pour le métaphysicien, les choses et leurs reflets dans la pensée, les concepts, sont des objets d’étude isolés, à considérer l’un après l’autre et l’un sans l’autre, fixes, rigides, donnés une fois pour toutes.

Il ne pense que par antithèse sans moyen terme : il dit oui, oui, non, non ; ce qui va au-delà ne vaut rien » (Engels : « Anti-Dühring », P. 1950, p. 53). I es métaphysiciens ne voyaient dans la nature qu’une accumulation accidentelle d’objets, de phénomènes, indépendants et isolés les uns des autres.

Pour eux, la nature est en état de repos, elle est immobile, stagnante et immuable. Ils considèrent l’évolution comme une simple croissance où les changements quantitatifs n’impliquent pas de changements qualitatifs. La métaphysique nie les contradictions internes des objets ; la rencontre des forces opposées extérieures serait la source du développement.

La démarche métaphysique a été battue en brèche par le matérialisme dialectique, dont les fondateurs sont Marx et Engels, et par le progrès des sciences de la nature. Mais les réactionnaires continuent à s’y cramponner, dans l’espoir illusoire de maintenir l’ancien, de faire tourner à rebours la roue de l’histoire. La méthode métaphysique est une arme au service du capitalisme contemporain dans sa lutte contre le mouvement révolutionnaire des masses, contre le socialisme.

C’est pourquoi les idéologues déclarés de la bourgeoisie, de même que les valets réformistes du capitalisme, sont des métaphysiciens. Les théoriciens bourgeois ne se lassent pas de « démontrer » le caractère « naturel » du capitalisme, le caractère « éternel » de la société capitaliste actuelle, déchirée par des contradictions irréductibles.

La victoire du socialisme en U.R.S.S., l’essor des pays de démocratie populaire, engagés dans la voie du socialisme, témoignent, on ne peut mieux, de l’affaiblissement sensible du système capitaliste. A l’aide de la méthode métaphysique, les leaders des socialistes de droite visent à estomper les contradictions flagrantes du régime capitaliste, à démontrer que la transition du capitalisme au socialisme (qu’ils reconnaissent en paroles pour tromper les masses) doit s’accomplir sans bonds, sans révolution prolétarienne, par « l’intégration pacifique du capitalisme au socialisme ».

La méthode métaphysique entièrement réfutée par la dialectique marxiste, est au service des milieux réactionnaires de la société capitaliste actuelle.

Avant Marx, on entendait par métaphysique la partie de la philosophie consacrée aux questions qui dépassent les limites de l’expérience (le problème de Dieu, de l’âme, du libre arbitre, etc.). Le terme « métaphysique », qui signifie « après (meta) la physique », a été donné à l’ouvrage philosophique d’Aristote (V.), parce qu’il faisait suite à la physique dans la collection de ses œuvres.

METCHNIKOV Ilia Ilitch (1845-1916). Célèbre biologiste russe, un des fondateurs de la microbiologie, de la pathologie et de l’embryologie comparée ; théoricien et continuateur du darwinisme.

Sa conception du monde s’est formée sous l’influence des tendances révolutionnaires, hostiles au régime du servage, et sous l’influence des idées avancées des grands démocrates révolutionnaires des années 60 du siècle dernier. Metchnikov a été un champion de la science progressiste matérialiste russe et de la lutte contre la réaction idéologique dans la science.

Il a apporté une contribution éminente à la zoologie, l’embryologie, la microbiologie, la pathologie, l’anthropologie et le darwinisme. Dans le domaine de la zoologie, on lui doit la description de nouvelles espèces d’annélides et d’infusoires suceurs, des méthodes biologiques de lutte contre les insectes nuisibles pour l’agriculture (anisoplies) en contaminant leurs larves par un champignon du blé (la muscardine verte).

Metchnikov est, avec A. Kovalevski, le fondateur de l’embryologie évolutive. Il est l’auteur de travaux remarquables sur le développement embryonnaire de divers groupes d’animaux (éponges, méduses, insectes et autres).

Ces recherches ont permis d’établir les lois générales du développement embryonnaire de divers groupes d’animaux et ont démontré leur parenté génétique et l’unité de leur origine. Par là même un grand apport était fait à la théorie de Darwin (V.).

Metchnikov développa la doctrine de Darwin de façon créatrice en l’appliquant au problème de l’inflammation et de l’immunité. Il a travaillé vingt ans pour créer sa théorie des phagocytes.

Avant Metchnikov, l’inflammation était expliquée métaphysiquement par la théorie de la pathologie cellulaire de Virchow. Virchow était l’adversaire du darwinisme et il s’opposait à sa propagation dans la science.

Metchnikov, au contraire, montra combien les idées du darwinisme et sa méthode historique étaient fructueuses dans leur application aux problèmes de la pathologie. Propagandiste et défenseur ardent du darwinisme, Metchnikov ne faisait pas preuve de dogmatisme.

Il critiqua la doctrine réactionnaire de Malthus (V. Malthusianisme) sur le surpeuplement, qui avait été adoptée par Darwin pour expliquer la lutte pour la vie et la sélection. En ce qui concerne la théorie de la connaissance, Metchnikov se prononçait contre l’idéalisme et la métaphysique. Il réfutait les théories religieuses de l’immortalité de l’âme.

« La science, écrivait-il, ne peut admettre l’immortalité de l’âme consciente, car la conscience résulte de l’activité des éléments de notre corps qui ne sont pas immortels. » Tout en ripostant aux attaques des ennemis de la science — vitalistes, spiritualistes (V. Spiritualisme ; Vitalisme), télépathes — Metchnikov combattit les philosophes réactionnaires à la mode : James (V.) Bergson (V.), Hartmann, Nietzsche (V.).

Des conditions de travail extrêmement défavorables, les brimades continuelles des milieux réactionnaires dirigeants de la Russie tsariste obligèrent Metchnikov à émigrer. Il passa vingt-huit années de sa vie à l’étranger. Loin de sa patrie, il resta un patriote ardent et garda des relations étroites avec ses amis de Russie.

Il a été un partisan fervent de l’émancipation des femmes, de leur instruction et de leurs droits sociaux. Metchnikov avait cependant une conception erronée des questions politiques et sociales. Il croyait à tort que seule la science est capable de mettre fin au mal et à l’injustice dans la société.

Tout en luttant contre la réaction politique et idéologique il n’a pas remarqué les forces réelles du développement social ni compris les lois qui régissent la société. Il est resté idéaliste et positiviste dans l’interprétation des problèmes sociaux.

Les œuvres principales de Metchnikov sont : « Etudes sur la nature de l’homme » (1903), « Etudes de l’optimisme » (1907), « Quarante ans de recherches pour une conception rationnelle du monde » (1912), le recueil « Sur le darwinisme »

METHODE. Manière d’aborder la réalité, d’étudier les phénomènes de la nature et de la société. La conception marxiste de la méthode diffère foncièrement de la conception idéaliste. Pour les idéalistes, la méthode est un ensemble de règles, établies arbitrairement par l’esprit humain, pour les « commodités » de la connaissance.

C’est pourquoi la méthode est envisagée par les idéalistes comme une catégorie purement subjective. Par exemple les machistes (V. Mach ; Empiriocriticisme) ont conçu le « principe de l’économie de la pensée », d’après lequel l’homme doit penser « économiquement ». De leur point de vue, il est « économique », par exemple, de considérer que la matière n’existe pas, puisque l’homme, paraît-il, ne connaît que ses propres sensations.

Reconnaître que seules les sensations existent est plus « économique » que de reconnaître l’existence de la matière, disent les machistes.

Dans « Matérialisme et empiriocriticisme » (V.). Lénine a mis en lumière le subjectivisme d’une telle démarche.

« Est-il plus « économique » de « penser » que l’atome est indivisible ou qu’il est composé d’électrons positifs et négatifs ?

Est-il plus « économique » de penser que la révolution bourgeoise russe est faite en Russie par les libéraux ou contre les libéraux ? Il n’est que de poser la question pour voir à quel point il est absurde et subjectif d’appliquer ici la catégorie de l’ « économie de la pensée ».

La pensée de l’homme est « économique » quand elle reflète exactement la vérité objective : la pratique, l’expérience, l’industrie fournissent alors le critère de son exactitude » (Lénine : « Matérialisme et empiriocriticisme », M. 1952, p. 190).

Il en résulte que la manière d’aborder la réalité, la méthode d’investigation ne peut être une création arbitraire de l’esprit humain. La conception idéaliste de la méthode permet aux idéologues bourgeois de déformer la réalité pour les besoins de leur cause.

Ainsi, le pragmatisme (V.), répandu dans la philosophie bourgeoise de nos jours, impose à l’étude de la réalité le critère suivant : tel phénomène est-il utile ou non ? Une méthode semblable est antiscientifique car elle ne tient pas compte des lois objectives de la nature et de la société.

Pour le marxisme, la méthode n’est juste que lorsqu’elle reflète les lois objectives de la réalité même. Seule la connaissance de ces lois permet d’étudier scientifiquement les phénomènes de la nature et de la société. C’est pourquoi la philosophie marxiste conçoit la méthode non comme un ensemble de règles créées à volonté par l’esprit humain, mais comme la science des lois les plus générales de la nature, de la société et de la pensée.

Les principes de la méthode scientifique, les catégories de la pensée « ne sont pas un auxiliaire pour l’homme, mais l’expression des lois qui régissent la nature et l’homme » (Lénine : « Cahiers philosophiques », éd. russe, p. 65). Les lois de la logique reflètent le monde objectif dans la conscience de l’homme.

Telle est précisément la méthode dialectique marxiste. Elle nous apprend à considérer les phénomènes dans leur développement et leur transformation, non parce que c’est « utile » ou « économique », mais parce que le devenir est une loi objective de la nature de la société et de la pensée.

Elle exige que l’on considère le développement comme une lutte des contraires pour la seule raison que telle est la loi objective de la réalité. Ce qui fait la force de cette méthode, c’est qu’en reflétant fidèlement les lois objectives du monde, elle dote la science et la pratique d’un instrument efficace pour l’étude du monde réel et pour l’activité quotidienne.

La suprématie de telle ou telle méthode aux diverses périodes de l’histoire est conditionnée par le niveau des connaissances

Ainsi, la prédominance de la méthode métaphysique au XVIIe et au XVIIIe siècle s’explique par un niveau insuffisant du savoir, par le caractère et les objectifs de la science à cette époque, quand la tâche la plus urgente était l’analyse de la nature, sa décomposition par la pensée en parties distinctes, et la connaissance de ces parties en dehors de leur liaison et de leur conditionnement réciproque.

L’apparition de la méthode dialectique marxiste vers les années 40 du XIXe siècle devint possible grâce à un niveau beaucoup plus élevé de la science, grâce aux grandes découvertes qui montrèrent qu’il n’y a rien d’immuable dans la nature, rien qui soit donné une fois pour toutes, que tout dans la nature est en état de développement, de changement et de liaison réciproque, etc.

La conception de la méthode a aussi ses racines de classe. La science moderne n’offre aucune justification objective de la méthode métaphysique qui entrave le progrès scientifique. Néanmoins, c’est la méthode métaphysique surannée qui domine dans les pays du capital.

Cela s’explique par le fait que la méthode métaphysique antiscientifique permet aux idéologues bourgeois et aux dirigeants des socialistes de droite de défendre le régime de l’esclavage capitaliste, de « démontrer » que le capitalisme est éternel et immuable, de déformer la science de la nature, etc.

La dialectique marxiste qui est, par son essence même, critique et révolutionnaire, réduit à néant les théories de l’« éternité » et de l’ « immutabilité » du capitalisme. La méthode dialectique marxiste est l’expression de la conception du monde prolétarienne qui allie indissolublement l’esprit de parti communiste à la connaissance scientifique de la réalité.


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