Mao Zedong
Sur la grande victoire dans le nord-ouest et le mouvement d’éducation idéologique de type nouveau dans l’armée de libération1
7 mars 1948
Commentant la grande victoire que vient de remporter l’Armée populaire de Libération du Nord-Ouest, un porte-parole du Grand Quartier général de l’Armée populaire de Libération a déclaré : Cette victoire a changé la situation dans le Nord-Ouest et aura des répercussions sur la situation dans les Plaines centrales. Elle a prouvé que l’Armée populaire de Libération peut se rendre invincible en poursuivant le mouvement d’éducation idéologique de type nouveau dont les méthodes sont “l’expression des griefs” et “les trois vérifications”.
Le porte-parole a dit : Lors de cette campagne, l’Armée populaire de Libération du Nord-Ouest a encerclé par surprise une brigade ennemie à Yitchouan. Hou Tsong-nan a alors ordonné à Lieou Kan, commandant de son 29e corps d’armée, de se porter, de la ligne Louotchouan-Yikiun, au secours de la ville, avec 4 brigades appartenant à 2 divisions réorganisées, c’est-à-dire les 31e et 47e brigades de la 27e division réorganisée et les 53e et 61e brigades de la 90e division réorganisée, soit au total plus de 24.000 hommes ; ces brigades sont parvenues au sud-ouest de Yitchouan le 28 février. L’Armée populaire de Libération du Nord-Ouest a déclenché une bataille d’anéantissement et, en trente heures de combats, les 29 février et 1er mars, elle a détruit complètement ces renforts, sans laisser personne échapper du flet. Plus de 18.000 hommes ont été faits prisonniers, plus de 5.000 tués ou blessés ; Lieou Kan lui-même, Yen Ming, commandant de la 90e division et d’autres officiers ont été tués. Le 3 mars, nous avons pris Yitchouan, détruisant encore une unité de plus de 5.000 hommes, la 24e brigade de la 76e division réorganisée, qui défendait la ville. Au cours de cette campagne, l’ennemi a perdu un quartier général de corps d’armée, 2 quartiers généraux de division et 5 brigades, au total 30.000 hommes. C’est notre première grande victoire sur le théâtre d’opérations du Nord-Ouest.
Analysant la situation sur ce théâtre d’opérations, le porte-parole a déclaré : Des 28 brigades de “l’Armée centrale”2 placées sous les ordres directs de Hou Tsong-nan, 8 appartenaient à ses 3 divisions d’élite, les 1ère, 36e et 90e divisions réorganisées. Parmi ces troupes, la 1ère brigade de la 1ère division réorganisée avait déjà été détruite une première fois en septembre 1946 à Fouchan, dans le Chansi du Sud ; l’année dernière, en mai, le gros de la 167e brigade de la même division avait subi le même sort au bourg de Panlong, dans le Chensi du Nord et, la même année, en août, les 123e et 165e brigades de la 36e division réorganisée avaient été à leur tour détruites une première fois à Chakiatien, district de Mitche, dans le Chensi du Nord; cette fois-ci, c’est la 90e division réorganisée qui a été complètement anéantie. Parmi les forces principales qui restent encore à Hou Tsong-nan, seules la 78e brigade de la 1ère division réorganisée et la 28e brigade de la 36e division réorganisée n’ont pas encore subi de coups destructeurs. On peut donc dire que l’Armée de Hou Tsong-nan est pratiquement dépourvue d’unités d’élite. Après la bataille d’anéantissement de Yitchouan, il ne reste, des 28 brigades régulières placées directement sous les ordres de Hou Tsong-nan, que 23 brigades, réparties dans les régions suivantes: à Linfen dans le Chansi du Sud, une brigade qui est condamnée; à la frontière Chensi-Honan et le long de la ligne Louoyang-Tongkouan, 9 brigades qui font face à notre armée de campagne commandée par Tchen Keng et Sié Fou-tche ; dans le Chensi du Sud, une brigade qui surveille la région de Hantchong3 ; les 12 autres brigades sont réparties le long des voies de communication en forme de T reliant Tongkouan à Paoki et Hsienyang à Yenan. Parmi ces dernières, 3 sont des “brigades retirées du front4” entièrement formées de nouvelles recrues, 2 ont été récemment reconstituées après avoir été complètement détruites par notre armée, 2 autres ont essuyé des coups écrasants de notre part et 5 ont reçu relativement peu de coups. On peut en déduire que ces troupes sont non seulement très affaiblies, mais encore occupées pour la plupart à un service de garnison. A l’Armée de Hou Tsong-nan, il faut ajouter 2 brigades, sous les ordres de Teng Pao-chan, qui défendent Yulin, et 9 autres, commandées par Ma Hong-kouei de la province du Ninghsia et Ma Pou-fang de la province du Tsinghai, qui sont réparties dans les régions de Sanpien et de Longtong5. Les troupes régulières mentionnées ci-dessus, placées respectivement sous les ordres de Hou Tsong-nan, Teng Pao-chan, Ma Hong-kouei et Ma Pou-fang, y compris les unités reconstituées après avoir été anéanties une ou deux fois, totalisent maintenant 34 brigades.
Telle est la situation de l’ennemi dans le Nord-Ouest. Pour revenir aux brigades disposées sur les voies de communication en forme de T, des 5 qui ont reçu relativement peu de coups, 2 sont bloquées à Yenan et 3 se trouvent dans la région du Grand Kouantchong6. Les autres sont pour la plupart des unités nouvellement reconstituées et, pour quelques-unes d’entre elles, des unités qui ont essuyé des coups écrasants. En d’autres termes, les forces ennemies dans toute la région du Grand Kouantchong et en particulier dans la province du Kansou sont très affaiblies ; elles sont incapables d’arrêter l’offensive de l’Armée populaire de Libération. Cette situation ne peut manquer d’affecter quelques-unes des dispositions de l’armée de Tchiang Kaï-chek sur le front sud, avant tout ses dispositions sur la frontière Honan-Chensi face à notre armée de campagne commandée par Tchen Keng et Sié Fou-tche. Dans sa poussée actuelle vers le sud, l’Armée populaire de Libération du Nord-Ouest a remporté la victoire dès qu’elle a déployé son drapeau et s’est acquis une renommée retentissante, ce qui a changé le rapport de force entre l’ennemi et nous dans le Nord-Ouest ; désormais, elle combattra avec encore plus d’efficacité, en coordination avec les troupes de l’Armée populaire de Libération opérant sur les théâtres de guerre du front sud.
Le porte-parole a dit : Depuis l’été et l’automne derniers, nos 3 armées de campagne, commandées respectivement par Lieou Po-tcheng et Teng Siao-ping, par Tchen Yi et Sou Yu, et par Tchen Keng et Sié Fou-tche, ont avancé vers le sud après avoir traversé le fleuve Jaune et ont parcouru en tous sens les territoires situés entre le Yangtsé, le Houaiho, le fleuve Jaune et la rivière Hanchouei ; elles ont anéanti d’importantes troupes ennemies, ont manœuvré, en les attirant autour d’elles, environ 90 des 160 et quelques brigades dont Tchiang Kaï-chek disposait sur le front sud, ont réduit ses armées à une position passive et joué ainsi un rôle stratégique décisif, aux acclamations du peuple tout entier7. Durant son offensive d’hiver, notre Armée de Campagne du Nord-Est, bravant un froid rigoureux de 30° au-dessous de zéro, a anéanti une grande partie des troupes ennemies, s’est emparée successivement de villes importantes et s’est acquis une renommée retentissante dans tout le pays8. Après avoir anéanti l’année passée de nombreuses troupes ennemies au cours de batailles héroïques9, nos armées de campagne dans la région du Chansi-Tchahar-Hopei, dans le Chantong, le Kiangsou du Nord et la région du Chansi-Hopei-Chantong-Honan ont terminé leur tâche d’instruction et de consolidation de l’hiver dernier et elles lanceront bientôt leur offensive de printemps10. L’examen de l’ensemble de la situation prouve la vérité suivante : Tant que nous combattrons résolument le conservatisme et la peur de l’ennemi et des difficultés, tant que nous suivrons la ligne stratégique générale établie par le Comité central du Parti et sa directive sur les dix grands principes militaires11, nous pourrons déployer nos offensives, anéantir les troupes ennemies en quantité et infliger aux forces de la bande de Tchiang Kaï-chek de tels coups qu’elles ne pourront y parer que momentanément, sans être en état de prendre leur revanche, ou même qu’elles seront incapables d’y parer et seront complètement anéanties l’une après l’autre.
Le porte-parole a souligné : La puissance de combat de notre Armée de Campagne du Nord-Ouest est bien plus grande qu’à aucun moment de l’année dernière12. Dans les combats de l’an dernier, l’Armée de Campagne du Nord-Ouest pouvait anéantir au plus 2 brigades ennemies à la fois, alors que maintenant, au cours de la bataille de Yitchouan, elle a été capable d’anéantir 5 brigades d’un seul coup. Si cette victoire a été aussi éclatante, c’est pour de nombreuses raisons ; notons le commandement à la fois ferme et souple de nos camarades dirigeants au front, le soutien énergique de nos camarades dirigeants et des larges masses de l’arrière, l’isolement relatif des troupes ennemies et un terrain qui nous était favorable. Cependant, la raison la plus digne d’attention, c’est le mouvement d’éducation idéologique de type nouveau dans l’armée, poursuivi pendant plus de deux mois l’hiver dernier au moyen de “l’expression des griefs” et des “trois vérifications”. En conduisant correctement le mouvement de l’expression des griefs (dénonciation des souffrances infligées aux masses laborieuses par l’ancienne société et par les réactionnaires) et des trois vérifications (relatives à l’appartenance de classe, à l’accomplissement du travail et à la volonté de combat), on a développé considérablement la conscience politique des commandants et des combattants de toute l’armée dans leur lutte pour l’émancipation des masses laborieuses exploitées, pour l’accomplissement de la réforme agraire dans tout le pays et pour l’anéantissement de l’ennemi de tout le peuple, la bande de Tchiang Kaï-chek. En même temps, ce mouvement a considérablement renforcé l’étroite cohésion de tous les commandants et combattants sous la direction du Parti communiste. Sur cette base, l’armée a assaini encore davantage ses rangs, elle a raffermi la discipline, donné essor à un mouvement de masse pour l’instruction militaire et continué à développer, sous une direction judicieuse et en bon ordre, sa démocratie politique, économique et militaire. Aussi l’armée est-elle aujourd’hui unie comme un seul homme, chacun apportant sa part d’idées et d’énergie ; elle ne craint aucun sacrifice, elle sait surmonter les difficultés matérielles et fait preuve d’intrépidité et d’héroïsme collectifs dans la destruction de l’ennemi. Une telle armée sera invincible.
Le porte-parole a dit : Ce n’est pas seulement dans le Nord-Ouest que ce mouvement d’éducation idéologique de type nouveau dans l’armée a été entrepris, il l’a été ou il l’est dans toute l’Armée populaire de Libération. Effectué dans les intervalles des batailles, il n’entrave pas les opérations militaires. Il est lié au mouvement pour la consolidation du Parti et au mouvement de réforme agraire développés en ce moment de façon correcte par notre Parti; il est coordonné à notre politique juste qui consiste à limiter le secteur de l’attaque en combattant seulement l’impérialisme, le féodalisme et le capitalisme bureaucratique, et en interdisant rigoureusement de frapper et de tuer sans discrimination (moins on tue, mieux cela vaut), ainsi qu’à nous unir résolument avec les masses populaires, qui représentent plus de 90 pour cent de la population du pays; il est coordonné enfin à l’application de la politique juste de notre Parti pour les villes, à la politique visant à protéger et à développer fermement l’industrie et le commerce de la bourgeoisie nationale. Ainsi, il ne peut que donner à l’Armée populaire de Libération une puissance invincible. Quels que soient les efforts que feront la bande de Tchiang Kaï-chek et ses maîtres, les impérialistes américains, contre la grande lutte du peuple chinois pour la révolution démocratique, la victoire sera certainement à nous.