[Umkhonto we Sizwe, (Lance de la Nation), l’alliance armée de l’African National Congress (ANC) et du South Africa Communist Party (SACP), fut créé en 1961. Réfutant le modèle de Gandhi d’une lutte pacifiste de désobéissance civile, Umkhonto décida par conséquent de passer à la lutte armée.]

umkhonto_we_sizwe.pngMANIFESTE D’UMKHONTO WE SIZWE
16 décembre 1961

Des unités de UMKHONTO WE SIZWE ont aujourd’hui mené des attaques planifiées contre des installations gouvernementales, en particulier celles qui mettent en œuvre la politique d’apartheid et la discrimination raciale.

UMKHONTO WE SIZWE est un organisme nouveau, indépendant, formé d’Africains.

Il a dans ses rangs des Sud-Africains de toutes races. Il n’est nullement lié à un prétendu « Comité de Libération Nationale » dont l’existence a été annoncée dans la presse.

UMKHONTO WE SIZWE poursuivra la lutte pour la liberté et la démocratie en utilisant des méthodes nouvelles, complément nécessaire aux actions du mouvement de libération nationale existant déjà, et nos membres, individuellement et conjointement, se placent sous la direction politique de ce mouvement.

Il est cependant bien connu que les principales organisations de libération nationale dans ce pays ont suivi une politique de non-violence.

Elles se sont conduites à tout moment de façon pacifique, sans se laisser détourner par les attaques du Gouvernement et les persécutions dont elles furent les victimes, et malgré les provocations encouragées par le gouvernement pour les entraîner à la violence.

Elles ont agi de la sorte parce que le peuple préfère les méthodes de changement pacifiques pour la réalisation de ses aspirations sans les souffrances et l’amertume d’une guerre civile. Mais la patience du peuple n’est pas infinie.

IL ARRIVE TOUJOURS, DANS LA VIE D’UNE NATION, UN MOMENT OÙ IL NE RESTE QUE DEUX CHOIX : SE SOUMETTRE OU COMBATTRE. CE MOMENT EST ARRIVE EN AFRIQUE DU SUD.

NOUS NE NOUS SOUMETTRONS PAS ET NOUS N’AVONS D’AUTRE CHOIX QUE DE RIPOSTER PAR TOUS LES MOYENS DONT NOUS DISPOSONS POUR DÉFENDRE NOTRE PEUPLE, NOTRE A VENIR ET NOTRE LIBERTÉ.

Le gouvernement a interprété le pacifisme du mouvement comme une faiblesse; la politique non-violente du peuple a été comprise comme un feu vert à la violence gouvernementale.

Le refus de recourir à la force a été interprété par le gouvernement comme une invitation à employer la force armée contre le peuple sans aucune crainte de représailles.

Les méthodes de UMKHONTO WE SIZWE marquent une rupture avec ce passé. Nous ouvrons un nouveau chemin à la libération du peuple de ce pays.

La politique de force du gouvernement, la répression et la violence n’affronteront plus uniquement une résistance non-violente !

Ce choix n’est pas le nôtre; il a été celui du gouvernement Nationaliste qui a rejeté toute revendication pacifique du peuple pour ses droits et sa liberté et a répondu à chaque fois par la force et encore plus de force !

Deux fois dans les dix-huit derniers mois la loi martiale a été imposée, afin d’empêcher l’action de grève pacifique et non-violente du peuple menée pour la défense de ses droits.

Il se prépare maintenant − en élargissant et en réarmant ses forces armées et entraînant la population civile blanche dans des commandos et des clubs de tir − à des actions militaires antipopulaires de grande échelle.

Le gouvernement Nationaliste a choisi le recours à la force et au massacre, maintenant, délibérément, comme il le fit à Sharpeville.

UMKHONTO WE SIZWE sera sur la ligne de front pour la défense du peuple. Il sera l’arme combattante du peuple contre le gouvernement et sa politique d’oppression raciale.

Il sera la force de frappe du peuple pour sa liberté, ses droits et sa libération finale !

Que le gouvernement, ses supporters qui l’ont mis au pouvoir, et ceux dont la tolérance passive à l’égard de la réaction lui permettent de rester au pouvoir, voient où le gouvernement Nationaliste est en train de mener le pays !

Nous, UMKHONTO WE SIZWE, avons toujours cherché − comme le mouvement de libération l’a fait − à parvenir à la libération sans effusion de sang ni heurt civil. Nous le faisons encore.

Nous espérons − même à cette dernière heure − que nos premières actions éveilleront chacun pour qu’il réalise jusqu’à quelle situation désastreuse mène la politique Nationaliste.

Nous espérons que nous ferons retrouver leur bon sens au gouvernement et à ses supporters avant qu’il ne soit trop tard, de telle sorte que l’on puisse changer le gouvernement et sa politique avant que la situation n’atteigne l’étape désespérée de la guerre civile.

Nous pensons que nos actions portent un coup aux préparations Nationalistes de guerre civile et de gouvernement militaire.

Par ces actions, nous travaillons pour les meilleurs intérêts du peuple tout entier de ce pays − Noirs, Métis et Blancs − dont le bonheur futur et le bien-être ne peuvent être atteints sans la chute du gouvernement Nationaliste, l’abolition de la suprématie blanche et l’acquisition de la liberté, de la démocratie, des pleins droits nationaux et de l’égalité pour tous les peuples de ce pays.

Nous faisons appel au soutien et à l’encouragement de tous les Sud-Africains qui veulent le bonheur et la liberté du peuple de ce pays.

AFRIKA MA YIBUYE !

LE COMMANDEMENT DE UMKHONTO WE SIZWE.


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