A la fin des années 1960 et au début des années 1970 en Europe occidentale et aux États-Unis, il était clair que le processus révolutionnaire n’arriverait pas à un point où les masses viendraient à se joindre aux structures révolutionnaires.
En France, à cause de cela, la Gauche Prolétarienne se dissout, après avoir théorisé les luttes partisanes dans un pays capitaliste. Mais d’autres organisations ayant appris de la Gauche prolétarienne ont décidé de poursuivre le processus.
La Fraction Armée Rouge, en Allemagne de l’Ouest, a commencé la lutte mais l’a bientôt orienté principalement dans le domaine de l’anti-impérialisme, considérant que l’aspect principal était la lutte des masses de l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine.
Un nouveau mot a été utilisé pour parler de ces trois continents : « TRIKONT » (« tricontinent » parfois en France, notamment par les prisonnierEs d’Action Directe) et la scène « anti-impérialiste » a estimé que son but était d’affaiblir l’impérialisme « dans son arrière-cour », pour ainsi dire.
La ligne de la RAF était que l’URSS jouait un rôle passif positif, que le fondement « d’États nationaux » était un événement progressiste, et que les luttes armées de front de libération (FPLP, le FSLN, le FMLN…) jouaient le rôle le plus positif .
Les Brigades Rouges en Italie ont été surtout basées dans les usines, mais la ligne était aussi « anti-impérialiste », parce que l’Etat italien a été considéré comme un « État impérialiste des multinationales » (Stato Imperialista delle Multinazionali ).
Les Brigades rouges ne considéraient pas que le processus révolutionnaire pourrait arriver en Italie seulement. Néanmoins, l’Italie a été considéré comme l’élément le plus faible de la chaîne impérialiste, et ainsi la lutte armée présentait un contenu anti-impérialiste.
Après la « retraite stratégique » au début des années 1980, les Brigades Rouges pour la construction du parti communiste combattant (br-pcc) n’ont pas soutenu la thèse du Stato Imperialista delle Multinazionali, mais ont rejoint la RAF sur la considération que l’URSS a joué un rôle positif passif (avant, elle était considérée comme social-impérialiste) et que la contradiction « Nord-Sud » était très importante.
De nombreuses actions des br-pcc se situaient dans la lutte pour la construction d’un « front anti-impérialiste combattant », la RAF a utilisé le même concept de « front anti-impérialiste » dans son fameux document de 1982.
En France, le groupe de guérilla Action Directe a rejoint cette ligne dans le milieu des années 1980.
Mais elle a reçu une forte critique de l’Espagne (du PCE (r) avec le fameux document « Deux lignes »), qui a attaqué la ligne anti-impérialiste comme une forme de radicalisme petit-bourgeois.
En Belgique, les Cellules Communistes Combattantes (CCC) ont pratiqué une ligne « urgentiste » comme cela a été appelé en Turquie, avec des actions très nombreuses comme propagande armée,, mais elles ont elles aussi critiqué la ligne anti-impérialiste comme oubliant les points les plus fondamentaux de la construction du Parti.
En effet, si les CCC ont produit de nombreux documents faciles à comprendre et touchant tous les points classiques de la construction du parti révolutionnaire, les documents de la RAF et des BR-PCC étaient extrêmement techniques et absolument non compréhensible par quelqu’un qui n’est pas déjà engagé dans leurs « scènes. »
La ligne anti-impérialiste n’a pas eu beaucoup d’adeptes. Il y a eu de nombreux adeptes en Allemagne de l’Ouest, malgré la répression, par exemple de l’article 129a : rien que parler de la RAF pouvait être considéré comme un soutien. Mais la scène anti-impérialiste disparut d’un jour à l’autre en 1988-1989.
En Italie, malgré la répression totale, les BR-PCC ont porté une tradition jusqu’à la fin des années 1990, mais il est vrai que leur ligne n’était pas seulement « anti-impérialiste » et que leur conception de « l’attaque au cœur de l’Etat » était uniquement fondé sur la compréhension de la société italienne et son équilibre social.
En France, il n’y avait absolument aucune scène anti-impérialiste, à l’exception de la revue « l’Internationale », et après que Action Directe ait été détruite par l’État, les revues « Guérilla » et « Front social », totalement marginalisés par une gauche et une extrême gauche qui ne voulaient avoir totalement rien à voir avec Action Directe.
Il est important de souligner ici que des pseudo groupes « maoïstes » existaient en Allemagne de l’Ouest, en Italie, en France, en Belgique, pendant cette période, mais que tous considéraient les structures de guérilla urbaine comme « terroristes », petit-bourgeoises, etc.
Un dernier étrange avatar de cette position « ML » a été créé aux États-Unis, avec le MIM – Maoist Internationalist Movement, qui a eu en apparence une « ligne anti-impérialiste », mais avec le total rejet de la guérilla urbaine et, en fait, étant totalement linpiaoistes.
Les anti-impérialistes ne rejetaient pas la classe ouvrière dans leurs propres pays impérialistes, ils l’ont considéré seulement comme étant paralysée en raison de la situation internationale. La lutte anti-impérialiste armée était censé débloquer la situation et libérer les forces de la rébellion.
Ce n’était pas la position du MIM, qui a considéré que la classe ouvrière blanche des États-Unis avait été intégrée dans le capitalisme, et que seules comptaient les luttes en Amérique latine, en Asie et en Afrique. La révolution allait se dérouler aux États-Unis à la fin du processus, et les révolutionnaires aux États-Unis devaient « attendre », construisant un noyau jusqu’à ce moment, parce que tout a été « gelé » dans leur propre pays.
Ce point de vue anti-dialectique – le MIM rejetait le matérialisme dialectique – est maintenant soutenu par la « Leading Light Communist Organisation » (Organisation Communiste Lumière Guide), sur la même ligne que le MIM, mais ne prétendant pas être marxiste-léniniste-maoïste, mais plus marxiste-léniniste-maoïste tiers-mondiste.